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LE CAFÉ – Pièce (1694) en un acte de Jean-Baptiste Rousseau (1670-1741)

Portrait de Jean-Baptiste Rousseau
par Nicolas de Largillière

Représentée pour la première fois par les comédiens français le 2 février 1694.

PRÉFACE

Les comédies d’un acte sont aussi anciennes que le théâtre. Celles des Grecs se représentaient tout de suite ; et la méthode de les partager en cinq actes est une pratique ingénieuse, inconnue aux premiers poètes, et dont l’honneur n’est proprement dû qu’à leurs scholiastes. Le chant des chœurs, dont les derniers se sont servis pour marquer le repos de l’action, et qui faisaient une des plus grandes beautés de l’ancienne comédie, n’y fut d’abord conservé que par respect pour l’origine du poème dramatique, qui, comme tout le monde sait, n’était autre chose, dans ses commencements, qu’une ou plusieurs chansons rustiques à l’honneur de Bacchus, auxquelles on joignit avec le temps des épisodes, qui, en se perfectionnant peu à peu, y introduisirent l’action qui y manquait.
Nos petites comédies ont commencé en France à peu près de la même manière. Ce n’était d’abord qu’une chanson grossière, dont quelque acteur enfariné venait régaler le peuple après la représentation d’une pièce sérieuse. Les Gros-Guillaume, les Jodelet, les Guillot-Gorjus y mêlèrent leurs bouffonneries et il se trouva des auteurs complaisants qui voulurent bien y mettre la main, en les liant par une espèce d’action exprimée le plus souvent en petits vers. C’est ce qu’on appelait la farce. L’impression en conserve encore quelques-unes qui, à dire le vrai, méritaient fort peu de nous être conservées.
Molière, que nous pouvons regarder comme le créateur de la comédie moderne, s’avisa le premier de faire de ces petites pièces un spectacle digne des honnêtes gens, et le grand succès des comédies qu’il fit, en un acte et en trois actes, justifia bientôt qu’il ne manquait à celles qu’on avait faites avant lui, que de la noblesse et de la régularité, pour être d’excellentes pièces de théâtre. Car c’est une pure imagination de croire que le temps d’une comédie doive être déterminé par autre chose que par le temps de son action ; et si on regarde comme une faute de donner vingt quatre heures de durée à une action qui se représente en deux heures et demie, c’en serait une bien plus grande de donner deux heures et demie de représentation à une action qui ne doit durer qu’une demi-heure. Il n’est donc pas question de savoir si une comédie d’un acte peut être parfaite ; il ne s’agit que de distraire celles qui sont parfaites, d’avec celles qui ne le sont pas ; et comme ce qui constitue le poème n’est autre chose que l’instruction qui en est la fin, et le plaisir qui en est le moyen, on peut dire que ceux en qui ces deux conditions se rencontrent sont des poèmes parfaits, et que ceux à qui l’une des deux manque, ne le sont point car il est inutile de parler des poèmes à qui elles manquent toutes deux, puisqu’ils ne peuvent jamais rien valoir. Or, il est certain que l’imitation vive et naturelle d’une chose qui mérite d’être imitée, ne saurait manquer de plaire et d’instruire ; et sur ce principe, je ne craindrai point de dire que de petites comédies, comme les Précieuses ou la Comtesse de d’Escarbagnas, et quelques autres qui représentent dans un tableau achevé des ridicules dignes de correction, méritent autant de louanges que les plus grandes pièces du même genre, quoiqu’il y ait peut-être plus de travail dans celles-ci que dans les premières.
J’ai cru devoir cet éclaircissement au public, en faveur de plusieurs pièces auxquelles quelques savants semblent ne refuser la justice qui leur est due, que parce qu’elles n’ont point leurs cinq actes bien comptés. Je n’ai point eu d’autre vue en écrivant ces réflexions ; et, bien loin d’en vouloir tirer quelque avantage pour moi même, j’avouerai de bonne foi que si j’avais été capable de les faire dans l’âge où j’ai composé la petite comédie suivante, j’aurais choisi un sujet plus digne, de l’attention du public. Car quoiqu’elle représente assez naturellement les personnages qui hantaient les cafés de ce temps-là, il est toujours vrai qu’elle peint une chose qui ne mérite pas d’être peinte ; et que quand même elle n’aurait d’autre défaut, on ne pourrait la ranger tout au plus que dans la seconde classe des petites pièces, puisqu’il ne suffit pas, dans la comédie, de faire rire le public, mais qu’il faut encore, si on peut, le faire rire utilement. C’est tout ce que j’ai à dire de ce petit ouvrage. J’ajouterai seulement qu’en établissant ici des règles qui sont plus anciennes que moi, je n’ai pas prétendu ôter à toutes les pièces qui n’instruisent point le mérite de leur agrément et de leur vivacité. Ce serait faire un trop grand tort à quantité de bonnes comédies anciennes et modernes. Ce que je veux dire, c’est que pour les rendre absolument parfaites il serait à souhaiter qu’elles fussent aussi utiles qu’agréables ; et qu’en faisant rire leurs lecteurs, elles eussent encore l’avantage de leur apprendre quelque chose qui fût digne de leur être appris.
Ergo, non satis est diducere rictum
Auditoris ; et est in hoc quoedam quoque virtus.

LES PERSONNAGES

MADAME JÉROME,
marchande de café.

LOUISON,
sa fille.

DORANTE,
amant de Louison.

MONSIEUR JOBELIN,
notaire.

LA SOURDIÈRE,
ami de Monsieur Jobelin.

LE CHEVALIER,
ami de Dorante.

CORONIS,
gascon, ami de Dorante.

L’ABBÉ,
ami de Dorante.

CARONDAS,
poète.

LA FLÈCHE,
valet de Dorante.

PREMIER JOUEUR de dames.

SECOND JOUEUR de dames.

****

Scène I

La Sourdière, Coronis, Carondas, L’Abbé, Deux joueurs.

Le théâtre représente une salle de café, meublée de plusieurs tables. Le Poète paraît rêvant d’un côté auprès de deux joueurs de dames. L’Abbé dort dans le fond ; et de l’autre côté, Coronis et La Sourdière disputent ensemble assis, en prenant leur café.

LA SOURDIÈRE
Oh parbleu ! Je vous soutiens que si.

CORONIS
Et moi, mordi, je vous soutiens que non et je mets cent pistoles que nous n’aurons rien cette année en Hongrie.

LA SOURDIÈRE
Vous me feriez enrager, monsieur Coronis. Vous voulez savoir cela mieux que moi qui vois tous les jours aux Tuileries un homme qui reçoit toutes les semaines la gazette de Constantinople.

CORONIS
Quand ce serait celle de Babylone.

LA SOURDIÈRE
C’est être bien têtu. Et moi, je vous dis que je vis hier, entre ses mains, une lettre de l’aumônier d’un des principaux bâchas, qui marque expressément que le grand vizir est en marche avec deux cent mille hommes, et qu’il va droit à Belgrade, pour l’assiéger par terre et par mer.

CORONIS
Belgrade par mer et par terre ! Où avez-vous appris la géographie, s’il vous plaît ?

LA SOURDIÈRE
Comment, Belgrade n’est pas un port de mer ?

CORONIS
Non pas, que je sache ou bien c’est depuis fort peu de temps.

LA SOURDIÈRE
Morbleu, je sais la carte, et j’ai voyagé. Je parie que monsieur Carondas sera de mon avis. Monsieur, holà ! Monsieur Carondas, réveillez-vous.

CARONDAS
Ah morbleu ! Que la peste soit de votre babil ! Est-il possible qu’on ne puisse faire ici quatre vers en repos, et que les plus belles pensées du monde y soient sans cesse immolées à la pétulante loquacité du premier importun !

CORONIS
Quoi ! Vous faites des vers au café ? Voilà un plaisant Parnasse !

CARONDAS
Je revois a l’épithalame (1) de monsieur Jobelin le notaire et de la fille du logis. Ils attendent qu’elle soit faite pour se marier ; et j’ai bien voulu y donner un de ces quarts d’heure précieux que j’emploie à chanter les louanges des dieux et des héros.



CORONIS
Comment ! La petite Louison se marie ! Et que deviendra le pauvre Dorante ?

LA SOURDIÈRE
Il prendra la peine de s’en passer. Monsieur Jobelin est mon ancien ami, et je dois prendre part à tout ce qui regarde ce mariage. Monsieur Carondas, peut-on voir votre épithalame ?

CARONDAS.
Je n’en ai fait encore que la première strophe. La voici :
Hymen ïo, ô Hyménée !
Célébrons la douce journée,
Où deux amants heureux s’unissent pour toujours.
Venez, tendres Amours, combler la destinée
De cette épouse fortunée.
Que de ses flancs féconds, puisse dans peu de jours
Sortir une heureuse lignée
Hymen ïo, ô Hyménée
!

LA SOURDIÈRE
Diable, voilà du sublime, et cela s’appelle un début magnifique.

CORONIS
Et très avantageux pour le futur époux.

CARONDAS
Vous verrez bien autre chose, si je puis obtenir des libraires qu’ils impriment mon incomparable traduction de la Batrachomyomachie (2) d’Homère, car j’excelle dans les traductions des anciens auteurs, et je travaille actuellement à mettre en vers grecs l’Énéide de Virgile, pour la commodité de ceux qui n’entendent point la langue latine. Mais laissez-moi songer à ma seconde strophe.

LA SOURDIÈRE
C’est bien dit ; aussi bien notre café refroidit.

CARONDAS
Du flambeau de l’hymen.

LE SECOND JOUEUR
Attendez, monsieur, ce n’est pas cela ; vous dérangez le jeu.

LE PREMIER JOUEUR
Pardonnez-moi. J’ai joué là vous avez jouez ici ; je vous ai donné à prendre ; vous avez mis dans le coin ; et je vous souffle.

LE SECOND JOUEUR
Ah ventrebleu ! On n’a jamais joué du malheur dont je joue.

CARONDAS.
Eh quoi toujours du bruit ?

Scène II

Le Chevalier, Coronis, La Sourdière, L’Abbé, Carodas, Les Joueurs.

LE CHEVALIER
entre en chantant et dansant.
La, la, la, la, ra, ré. Allons hé du café.

CARONDAS
Encore, de tous côtés ?

LE CHEVALIER
chante.
Que chacun me suive.
Trinquons hardiment,
Point de ménagement ;
Je ne bois jamais autrement.
Je hais un convive
Qui dans un repas
Ne boit que par compas,
Et craindrait de faire un faux pas.
Que chacun me suive.
Trinquons hardiment,
Point de ménagement ;
Je ne bois jamais autrement.

CARONDAS.
Ah ! Je n’y puis plus tenir. Sortons, fuyons : ultra sauromatas hinc libet (3).

LE CHEVALIER
Adieu donc, monsieur Carondas.
À Coronis.
Bonjour, mon ami.
À la Sourdière.
Eh, te voilà, vieux pécheur !

L’ABBÉ
se réveillant et bâillant tout haut.
Ahi ! Ouf !

LE CHEVALIER
Ah parbleu ! Petit Abbé, mon mignon, je ne vous voyais pas. Comment te portes-tu ?

L’ABBÉ
Quelle heure est-il ?

LE CHEVALIER
brouillant le jeu.
Ah ! Ah ! Messieurs, vous jouez aux dames.

LE PREMIER JOUEUR
Morbleu, monsieur, cela ne se fait point ; vous avez tort. Attendez, Monsieur, j’avais gagné. Vous me devez une tasse de café au moins.

LE SECOND JOUEUR
Oui ! Tarare.

Scène III

L’Abbé, Le Chevalier, Coronis, La Sourdière.


L’ABBÉ
Dites-moi un peu, jeunes gens, Dorante n’est-il point venu ici pendant que je dormais ? En cas qu’il vienne, je vous prie monsieur Coronis, de lui dire que je me suis informé de son monsieur Jobelin, et que je suis instruit à fond de tout ce qui regarde cet homme-là.

LA SOURDIÈRE
à part.
Oh, oh ! voici bien d’autres affaires. Malepeste ! Ceci ne vaut pas le diable. Allons l’avertir de ce qui se passe.

Il s’en va.

L’ABBÉ
Pour moi j’ai rendez-vous chez Forel. Il est tard, et j’ai peur qu’on ne soupe sans moi. Je n’ai point dîné.

CORONIS
Comment, monsieur l’Abbé, à dix heures du soir n’avoir point dîné, et être ivre ! Quelle bénédiction !

L’ABBÉ
Je me suis mis à table ce matin entre sept et huit, et nous avons déjeuné jusqu’à l’heure qu’il est.

LE CHEVALIER
Voilà un pauvre garçon qui me fait pitié.

L’ABBÉ
Nous n’avons bu qu’environ vingt-cinq bouteilles de vin à quatre. J’ai fait un petit somme ; me voilà prêt à recommencer.

CORONIS
Quel heureux naturel ! Quel tempérament !

L’ABBÉ
Pour vingt-cinq bouteilles s’enivrer ! Quelle honte est-ce là ? Il n’y a plus d’hommes, mes amis, et le monde va toujours en déclinant. Je soutiens encore un peu noblesse ; mais je m’en irai comme les autres. Bonsoir, messieurs, je m’en vais boire à votre santé.

Scène IV

Coronis, Le Chevalier, Dorante.


LE CHEVALIER
Où diable trouverons-nous Dorante ?

CORONIS
Eh donc ! Le voici, Dieu me damne ! D’où viens tu, grand bélître (4) ? L’Abbé te cherchait tout à l’heure ; il a des nouvelles à t’apprendre.

DORANTE
Où est-il allé ?

CORONIS
Il vient de sortir. Tu le trouveras chez Forel.

DORANTE
Il faut nécessairement que je lui parle ce soir.

LE CHEVALIER
Qu’est-ce, mon ami ; on dit que tu n’épouses plus en ce pays-ci ?

DORANTE
Ma foi, cela m’intrigue un peu, franchement.

CORONIS
Comment tu serais amoureux ? Oh le fat !

DORANTE
Amoureux ou non, je t’assure que la petite personne est fort aimable ; et, sa beauté à part, elle a vingt mille écus. Cela ne messiérait point à un cadet qui n’a que la cape et l’épée.

LE CHEVALIER
Tu n’es pas riche, nous le savons ; mais un gentilhomme se noyer dans une chocolatière ! Il y a de la folie, ma foi ; il y a de la folie.

DORANTE
De la folie ! Va, va, mon pauvre Chevalier, l’intérêt a rapproché les conditions, et nous voyons bien des gentilshommes qui vivraient en roturiers, s’ils n’avaient épousé des roturières.

CORONIS
Sans doute ; et la délicatesse sur les mésalliances ne subsiste plus que chez les Allemands.

DORANTE
Au bout du compte, qu’est-ce que je risque ? Je suis gentilhomme et gueux : elle est roturière et riche ; j’aurai de l’argent pour ma noblesse la compensation ne m’est pas désavantageuse ; Vous êtes tous deux mes amis. Je ne désespère pas encore, et si vous voulez me seconder, avant qu’il soit peu nous ferons bien tourner la chance.

LE CHEVALIER
Oui-da ! De quoi s’agit-il ? Tu sais que je suis à toi, à vendre et à engager.

CORONIS
Tu sais combien je t’aime, et avec quelle fidélité nous avons toujours partagé les émoluments du lansquenet (5).

DORANTE
Voici ce que je veux faire. Vous savez que notre notaire est joueur, et que la confiance qu’il a en son habileté, fait qu’il s’embarque le plus aisément du monde. Or, j’ai un valet, qui assurément est un des plus adroits fripons qu’il y ait à vingt lieues à la ronde. J’ai concerté avec lui qu’il engagerait mon homme au jeu, et que pendant que vous amuseriez ce vieux renard de La Sourdière qui ne le quitte jamais. Mais voici mon valet.

Scène V

La Flèche, Dorante, Le Chevalier, Coronis.


LA FLÈCHE
Monsieur, je n’ai pu trouver votre gros Abbé ; et si, j’ai été dans tous les cabarets de la ville.

DORANTE
Je sais où il est ; il suffit. Va-t’en étudier ton personnage, et reviens quand il sera temps.

LA FLÈCHE
Étudier, dites-vous ? Vraiment, voilà bien de quoi, et j’en ai bien fait d’autres il n’y a que huit jours que j’ai l’honneur de vous servir ; mais quand nous nous connaîtrons mieux, vous verrez qu’en fait de fourberie, personne, Dieu merci, n’est capable de me faire la leçon. S’agit-il de déniaiser quelque étranger nouvellement débarqué de faire mordre un jeune homme à l’hameçon d’une coquette, ou de maquignonner un mariage impromptu c’est moi qu’on vient chercher, j’excelle, je triomphe. Mais surtout pour enfiler une dupe à quelque jeu que ce soit, et lui, tirer par cent moyens ingénieux tout l’argent de sa bourse, je suis le garçon de France le plus en réputation.

LE CHEVALIER
Vertubleu voilà un joli garçon.

DORANTE
Dis-moi ! N’es-tu jamais venu ici ?

LA FLÈCHE
Oh vraiment, monsieur, pardonnez-moi. J’ai été autrefois un des principaux marguilliers du café et j’avais droit de séance à ce banc redoutable, d’où il part tous les jours tant d’arrêts contre la réputation des femmes ; où les mystères du gouvernement sont si bien développés et les intérêts des princes de l’Europe si savamment approfondis. Vous moquez-vous ? Je suis plus connu dans les cafés que Pilot-Bouffi dans les cabarets.

CORONIS
Je gagerais, à l’entendre, qu’il est de quelque province au-delà de la Loire. Il n’est pas permis d’avoir tant d’esprit autrement.

LA FLÈCHE
Je suis de Dauphiné, à vous rendre mes services.

CORONIS
Malepeste ! Joli pays. De l’argent peu, à la vérité mais de l’esprit, beaucoup. C’est l’apanage de la nation.

DORANTE
Mais on te reconnaîtra.

LA FLÈCHE
Point du tout, monsieur ; c’est mon fort que le déguisement, et je suis un petit Protée. Est-il question de représenter un partisan par exemple ; j’ai des secrets pour me noircir la barbe, épaissir ma taille, me rendre l’œil hagard et grossir mon ton de voix. Faut-il faire un jeune abbé ; qui sait mieux que moi rapetisser sa bouche, rire des épaules, marmoter (6) une chanson, faire la main potelée, prendre un visage gai et un ton radouci ? Par cent petites métamorphoses de cette nature, j’avais amassé quelque argent, et je serais à mon aise, sans un revers de fortune qui m’a coulé a fond.

DORANTE
Comment, un revers de fortune ?

LA FLÈCHE
Oui : un fils de famille, à qui j’avais gagné un soir mille écus au jeu s’avisa d éplucher ma conduite dans un procès qu’il me fit ; la justice donna une mauvaise tournure à la chose, et cela m’a ruiné. J’ai été oblige de revenir à la livrée.

DORANTE
Fort bien. Mais voici monsieur Jobelin ; retire-toi, et va te préparer.

Scène VI

Monsieur Jobelin, Le Chevalier, Coronis, Dorante.


JOBELIN
à part.
Il me semble que je suis assez propre, et qu’en cet état je puis aller faire le galant auprès d’une maîtresse.

LE CHEVALIER
à Dorante.
Comme le voilà beau ! Il vient ici pour coqueter. Oh parbleu, il faut que je dérange l’économie de sa parure. Bonsoir, monsieur Jobelin. Vous ne faites pas semblant de nous voir !

JOBELIN
Serviteur, je n’ai pas le temps de m’amuser.

LE CHEVALIER
en l’amusant de son galimatias, lui chiffonne son rabat, le déboutonne, et le met en désordre.
Eh que diable ! Ne saurait-on vous dire un mot ? Je suis bien aise de vous faire compliment sur vos noces ; car enfin il serait fort extraordinaire que dans un café il ne se trouvât pas une fille dont l’esprit pût entrer en concurrence, pour la préférence… de votre indifférence. Vous me direz que quand il s’agit de se marier, il y a peu de conformité entre le douaire de votre affection et le préciput de vos sentiments ; mais aussi vous m’avouerez que quand on veut se retirer dans son ménage, la comédie, le bal et les promenades sont des choses qui divertissent beaucoup. Pour ce qui est de l’opéra, comme je vous dis, je n’aime guère à aller aux Tuileries mais à cela près, je trouve, tout compté, tout rabattu, que c’est fort bien fait à vous de vous marier.

JOBELIN
Que diantre me dit-il là ? J’écoute de toutes mes oreilles, et je n’y comprends rien.

LE CHEVALIER
Mais, à propos de tapisserie, on est quelquefois bien aise de se mettre dans ses meubles. Par exemple, voilà une tabatière qui est assez jolie mais si vous aviez vu les brocatelles de Venise, c’est tout autre chose. Je ne dis pas que Launay ne soit le premier homme que nous ayons en fait de vaisselle ; quoiqu’à le bien prendre, la manufacture des Gobelins ne laisse pas d’avoir son mérite. Mais après tout, depuis que les toiles des Indes sont défendues, je suis pour les bureaux de la Chine.

JOBELIN
Quel coq-à-l’âne est ceci ? Mais à quoi est-ce que je m’amuse ?

Scène VII

Louison, Dorante, Le Chevalier, Coronis, Jobelin.


JOBELIN
Voici ma maîtresse ; il faut la saluer. Mademoiselle…

LOUISON
et les autres.
Ah, ah, ah, ah, ah, ah !

JOBELIN
Qu’est-ce donc que vous avez à rire ? Mais que vois-je ? Comme me voilà débraillé ! Ah ! J’enrage de paraître comme cela. Morbleu, messieurs, je vous enverrai au diable avec vos sottises.

DORANTE
Laissez-moi seul, mes amis. Je vais vous joindre chez Principe et nous achèverons là de régler nos affaires.

Scène VIII

Dorante, Louison.

DORANTE
Hé bien, Louison, vous allez être mariée ; je perds toute espérance d’être à vous et vous avez consenti à un mariage qui me fera mourir.

LOUISON
Mon Dieu ! Pourquoi-me querellez-vous est-ce ma faute à moi ? Ma mère m’a menacée de me renvoyer dans le couvent, si je n’épousais monsieur Jobelin. Je serais bien aise d’être mariée avec vous ; mais je ne veux point retourner au couvent.

DORANTE
Quoi ! Vous verrez vos attraits en proie à un homme haïssable, et qui n’en connaîtra jamais le prix ; et moi, il faudra me résoudre à vous perdre, à ne vous jamais voir ? Ah Louison, je le vois bien, vous ne m’aimez plus.

LOUISON
Allez, allez, laissez faire ma mère, puisqu’elle veut que je me marie. Quand je ne serai plus sous sa conduite, nous nous verrons, et nous nous aimerons tant qu’il vous plaira.

DORANTE
Non, ce n’est pas là de quoi me contenter : et je ne saurais souffrir que votre personne et votre cœur soient partagés. Consentiriez-vous que je fisse en sorte d’empêcher votre mariage ?

LOUISON
Oui, pourvu que ma mère ne sût pas que je vous l’ai conseillé, car elle me querellerait bien fort.

DORANTE
Elle n’en saura rien. Aimez-moi toujours ; c’est tout ce que ma tendresse exige de vous.

LOUISON
Voyez-vous, elle m’a toujours tenue dans la dépendance, et elle ne veut pas seulement que je parle aux messieurs qui viennent ici, parce qu’elle dit que leurs discours font venir l’esprit aux filles. Elle ne veut pas que j’en aie.

DORANTE
Mais, Louison, si ce que je médite allait manquer, que feriez-vous ?

LOUISON
Ce que je ferais ? Dame, je vous l’ai déjà dit ; je ne veux point retourner au couvent. Ah, voilà ma mère. Ne lui dites pas que je vous aime, au moins !

DORANTE
Je vais rassembler les gens dont j’ai besoin pour mon entreprise.

Scène IX

Madame Jérôme, Louison.


MADAME JÉRÔME
Qu’est-ce donc, petite fille, vous parlez à des hommes quand je n’y suis pas ?

LOUISON
Je vous demande pardon, ma mère ; c’est lui qui me parlait.

MADAME JÉRÔME
Monsieur Jobelin est-il ici ?

LOUISON
Oui. Il m’a pensé faire mourir de rire, de la figure dont il était bâti. Apparemment, il est allé se raccommoder et, Dieu merci, il ne m’a point parlé.

MADAME JÉRÔME
Qu’est-ce à dire ? Est-ce ainsi qu’il faut parler d’un homme que vous allez épouser ? Il faut dire Ma mère il ne m’a point parlé j’en suis bien fâchée.

LOUISON
Moi, fâchée de cela ? Je n’aime point à mentir.

MADAME JÉRÔME
Ouais ! Qu’est-ce que tout ceci ? Vous ne l’aimez donc pas, à ce que je vois ?

LOUISON
Moi ma mère ? Hélas ! Non.

MADAME JÉRÔME
Non ?

LOUISON
Non. Vous m’avez dit qu’il ne fallait point qu’une fille aimât les hommes ; je fais ce que vous m’avez dit.

MADAME JÉRÔME
Mais il faut aimer celui-là, puisqu’il sera votre mari.

LOUISON
C’est donc une nécessité qu’il faille aimer son mari ? Si cela est, donnez-m’en un autre, je vous prie.

MADAME JÉRÔME
Comment dites-vous ? Ah, ah ! Petite impertinente, vous êtes entêtée, à ce que je vois ; et quelque colifichet blondin vous aura donné dans la vue. N’est-ce point Narcisse, ce petit fat, qui depuis le matin jusqu’au soir se fait l’amour à lui-même ; qui passe toute la journée à se mirer dans sa perruque, ajuster sa steinkerque, et se faire les yeux doux dans un miroir ?

LOUISON
Oh si ! Ma mère, j’aimerais autant aimer une femme.

MADAME JÉRÔME
Je parie que c’est ce jeune conseiller qui vient ici tous les soirs en épée et en chapeau bordé ?

LOUISON
Qui ? Ce bourgeois qui se croit de qualité, parce qu’il s’enivre avec ceux qui en sont ? Mon Dieu ! Il a mille défauts que je ne saurais souffrir.

MADAME JÉRÔME
Si bien donc que c’est Dorante qui vous tient au cœur ?

LOUISON
Dorante ?

MADAME JÉRÔME
Eh bien Dorante ? Vous ne lui trouvez point de défaut à celui-là ?

LOUISON
Hélas ! Pourquoi lui en trouverais-je ?

MADAME JÉRÔME
Je ne m’embarrasse pas que vous lui en trouviez. Je sais qu’il est assez honnête homme ; mais Monsieur Jobelin a une bonne charge par devers lui, et c’est mieux votre fait qu’un jeune homme qui n’a rien que son esprit et sa bonne mine. En un mot, c’est lui que je veux qui soit votre époux. Le voici qu’on lui fasse civilité, et qu’on réponde comme il faut à tout ce qu’il dira.

Scène X

Monsieur Jobelin, Madame Jérôme, Louison.


MADAME JÉRÔME
Monsieur, voilà ma fille, qui est ravie de vous voir, et qui se dispose le plus agréablement du monde à vous épouser.

LOUISON
Oui, voilà un beau magot, pour être ravie de l’épouser !

JOBELIN.
Mademoiselle, tout ainsi qu’ès-pays coutumiers, le vassal est tenu de prêter serment de foi et d’hommage-lige entre les mains de son seigneur féodal, avant qu’entrer en possession des terres acquises dans sa mouvance ; de même viens-je en qualité de votre vassal indigne, vous promettre foi et loyauté perpétuelle, avant qu’entrer en possession du fief seigneurial de vos beautés, à moi acquis par la cession de madame votre mère, et le contrat qui sera incessamment passé par-devant les notaires au Châtelet de Paris.

MADAME JÉRÔME
Allons, petite fille, répondez.

LOUISON
Moi, je ne sais ce qu’il me veut dire ; qu’il se réponde lui-même, s’il s’entend.

MADAME JÉRÔME
Impertinente ! Elle dit, monsieur, qu’elle vous est fort obligée, et que le don de votre cœur lui est extrêmement cher.

JOBELIN
Mon cœur, mademoiselle, est un immeuble qui vous appartient, et sur lequel vous avez hypothèque, depuis que j’ai eu l’honneur de vous voir.

MADAME JÉRÔME
Eh bien vous voilà muette ?

LOUISON
J’ai bien affaire à son hypothèque ! Je n’en bois jamais.

MADAME JÉRÔME
Ah ! monsieur, il faut l’excuser si elle ne répond pas aux choses que vous dites ; elle est un peu honteuse. Le mariage l’enhardira ; et demain à l’heure qu’il vous plaira nous ferons dresser le contrat. Allons, petite fille. Monsieur, je vous donne le bonsoir.

JOBELIN
après avoir salué Louison, qui détourne la tête.
Voilà ! Les affaires en bon train. La mère prévenue, la fille charmée de moi, le mariage prêt à se conclure, et vingt mille écus qui vont me sauter au collet. Oh parbleu je ne craindrai plus la persécution de mes créanciers, et j’aurai enfin de quoi payer ma charge. Ma foi, les habiles gens se tirent toujours d’intrigue, et l’esprit est le vrai passe-partout de la fortune.

Scène XI

La Sourdière, Jobelin.


LA SOURDIÈRE
Ah ! Vous voilà, à la fin ; il y a deux heures que je vous cherche.

JOBELIN
Ah ! Serviteur je suis bien aise de vous rencontrer.

LA SOURDIÈRE
J’ai bien des choses à vous dire.

JOBELIN
J’ai de bonnes nouvelles à vous apprendre.

LA SOURDIÈRE
La mine est éventée, et Dorante est instruit de toutes vos affaires.

JOBELIN
La bécasse est bridée, et demain le mariage doit être conclu.

LA SOURDIÈRE
Je vous dis encore une fois de prendre garde à vous, et qu’on songe à vous jouer un mauvais tour.

JOBELIN
Un mauvais tour, a moi ? Et qui cela, s’il vous plaît ?

LA SOURDIÈRE
Dorante.

JOBELIN
Dorante ? Ah parbleu c’est bien d’un novice comme lui que je m’embarrasse. Allez, allez, Monsieur de La Sourdière, nous sommes un peu Grecs ; et on ne prend pas des chats comme nous sans mitaines. J’ai mis ordre à tout ; ayez l’esprit en repos.

LA SOURDIÈRE
Vous me faites mourir, avec votre confiance imprudente, et… Mais quelle figure est ceci ?

Scène XII

Jobelin, La Sourdière, La Flèche.


LA FLÈCHE
à part.
Voici mes gens. Jouons bien notre rôle, et faisons les donner dans le panneau. Ah ! Messieurs, serviteur. J’interromps votre conversation, peut-être : mais tout coup vaille. On m’a dit que vous étiez Monsieur Jobelin. Est-il vrai ?

JOBELIN
Oui, c’est moi. Que me veut cet ivrogne-là ?

LA FLÈCHE
Je vous en sais bon gré car j’ai besoin de vous. Je vous ai tantôt été chercher dans votre étude ; mais comme vous n’y étiez pas, je ne vous y ai point trouvé, et je suis allé de là à l’Alliance, prendre un peu de nourriture, modérément pourtant.

JOBELIN
Je le vois bien.

LA FLÈCHE
La modération est une belle chose !

JOBELIN
De quoi s’agit-il ?

LA FLÈCHE
Attendez, que je rappelle mes idées. Ah ! m’y voici. Je voudrais que vous me fissiez un petit plaisir. Je vous demande pardon monsieur, si je parle de mes affaires devant vous. Vous le voulez bien ?

LA SOURDIÈRE
Ah ! Monsieur, de tout mon cœur.

LA FLÈCHE
De tout mon cœur fort bien. Vous êtes un brave homme. Or, comme vous savez, ou comme vous ne savez pas, je suis capitaine dans le régiment de Limoges.

JOBELIN
Vous êtes capitaine ? Et que faites-vous à Paris, pendant que tout le monde est en campagne ?

LA FLÈCHE
J’y suis venu pour faire une recrue ; et en attendant, je passe le temps au cabaret à faire mes observations sur la guerre présente.

JOBELIN
Voilà des observations d’un grand secours à la république !

LA FLÈCHE
D’un grand secours ? Je me donne au diable, si j’étais général d’armée et qu’on me laissât faire, j’ai un plan dans ma tête pour conquérir toute l’Europe en une campagne. Écoutez bien ce raisonnement-ci. Je voudrais avoir deux armées, l’une au midi, et l’autre au septentrion. Avec celle-ci, je marche en Allemagne et je commence par m’emparer de toutes les vignes qui bordent le Rhin. Les Allemands n’ayant plus de vin. Il faut qu’ils crèvent ; la mortalité se met dans leur armée, et par conséquent, me voilà maître de tout ce pays-là. J’y fais rafraîchir mes troupes, et de là je passe en Hollande. Allons, me voilà en Hollande ; qui m’aime me suive. Je vais d’abord… Attendez je crois que nous ferions mieux de conquérir auparavant la Turquie. Qu’en croyez-vous ? Oui, c’est bien dit. Allons, enfants, ne nous rebutons point nous arriverons bientôt. Nous voici déjà dans la Grèce. Ah, le beau pays ! Dieu sait comme nous allons souffler de ce bon vin grec ! Mais messieurs ne vous enivrez pas, au moins. Tudieu ! nous avons besoin de notre cervelle. Buvons seulement chacun notre bouteille, en chantant une petite chanson. Et brin, bron, brac, donnez-moi du tabac, la relera, etc.

JOBELIN
Voilà un pauvre diable qui est bien ivre !

LA SOURDIÈRE
Prenez haleine, monsieur, vous avez fait une assez belle campagne.

JOBELIN
Oui, mais voilà bien du pays battu et pour faire tout ce chemin-là, il faudrait donner des chevaux de poste à toute votre armée. Revenons à votre affaire s’il vous plaît. Que souhaitez-vous de moi ?

LA FLÈCHE
Je m’en vais vous le dire. J’ai quinze hommes à refaire à ma compagnie, avant de retourner à notre garnison ; et comme je n’ai point d’argent, voilà un diamant de cinq cents écus, que je vous prie de me faire mettre en gage pour deux ou trois cents pistoles.

JOBELIN
Pour deux ou trois cents pistoles ! Vous voulez dire deux ou trois cents écus ?

LA FLÈCHE
Eh oui, quelque chose comme cela.

JOBELIN
à part.
Peste voilà un fort beau diamant. Ce serait un vrai présent à faire à ma maîtresse. Tâchons d’empaumer cet ivrogne-là. Monsieur, vous ne trouverez guère que quatre cents francs là-dessus.

LA FLÈCHE
Quatre cents francs ? J’aimerais mieux que le diamant fût au fin fond de la mer Méditerranée. Allons, je m’en vais te jouer au piquet pour cent pistoles contre le premier venu. Je n’aime point à lanterner, moi.

JOBELIN
Parbleu ! Il ne faut point manquer l’occasion ; il est soûl comme une grive, embarquons-le dans le jeu. Monsieur, si vous êtes homme à jouer, je ferai votre affaire.

LA FLÈCHE
Oui ? Parbleu ! J’aime les gens d’accommodement ; touchez là. Je veux vous procurer la pratique du régiment, pour tous les contrats de mariage et d’acquisition de rente que feront nos officiers.

JOBELIN
Je vous remercie. Je crois que les acquisitions aussi bien que les mariages de ces messieurs-là se font aisément sans contrat.

LA FLÈCHE
Allons-nous-en là-dedans boire une bouteille de persicot.

JOBELIN
Volontiers.
À part.
Je tiens l’âne par la bride, et le diamant est bien aventuré.

LA FLÈCHE
Le poisson est dans la nasse, et nous allons voir beau jeu. Allons, mon ami lara, lera, lera.

LA SOURDIÈRE
Il faut que je conduise ceci de l’œil. Je serai bien aise de lui aider à gagner le diamant, afin d’être de moitié.

Scène XIII

Le Chevalier, Coronis, La Sourdière.


LE CHEVALIER. et CORONIS
Ah, ah, ah, ah, ah, ah !

LE CHEVALIER
Parbleu, cela est trop plaisant, ah, ah, ah ! Hé, bonsoir, La Sourdière, où vas-tu ?

LA SOURDIÈRE
Laisse-moi aller, j’ai affaire.

LE CHEVALIER
Je suis ton serviteur. Tu ne t’en iras pas que je ne t’aie conté ce qui vient de nous arriver ; cela mérite bien ton attention. Nous étions chez Principe.

LA SOURDIÈRE
Je n’ai pas le temps de t’entendre.

CORONIS
Oh ! Cadédis, vous nous écouterez, ou nous aurons du bruit.

LE CHEVALIER
Un de nos amis, qui se désennuyait à casser des vitres et des lanternes dans la rue Saint-Honoré, a été poursuivi par une compagnie du guet à pied. Les archers ont passé par devant la boutique. Nous les avons arrêtés en leur présentant du rossolis et de l’eau-de-vie. Ils y ont pris goût ; et pendant qu’ils buvaient, nous leur avons escamoté leurs armes. Ils s’en sont aperçus ; recours à la rasade. Ils ont voulu se fâcher, autre rasade si bien que de rasade en rasade, nous les avons tellement enivrés, qu’ils ont pris querelle ensemble, et se sont donné je ne sais combien de coups de poing. Le sergent, plus ivre qu’eux, les a tous menés au Chatelet, comme perturbateurs du repos public. Ne trouves-tu pas cela plaisant ?

LA SOURDIÈRE
Oui, fort plaisant. Vous jouez à vous faire de jolies affaires. Boire le jour, courir la nuit, casser des vitres, arracher des enseignes enivrer le guet : voilà le secret d’attraper un jour quelques bons coups de mousquet sur les oreilles.

LE CHEVALIER
Oh ! vous voilà, monsieur le Caton, qui parlez par sentences. Parbleu, vous ne le prenez pas mal. Sais-tu bien qu’il n y a rien de meilleur pour la santé, que de berner de temps en temps les gens qui nous déplaisent ? Demande aux médecins cela éclaircit les humeurs, cela rafraîchit le sang, et cela aide à la digestion.

CORONIS
Sans doute. Comment, mordi des coquins s’érigeront en perturbateurs des divertissements de tune, et nous ne réformerions pas cet abus ?

LA SOURDIÈRE
Ma foi, ce sont vos affaires. Serviteur.

LE CHEVALIER
Que diantre, tu es bien pressé ! Parlons un peu d’affaires. As-tu vu le nouvel opéra ?

LA SOURDIÈRE
Non, et n’ai nulle envie de le voir.

LE CHEVALIER
Et toi, l’as-tu vu ?

CORONIS
Oui, certes, je l’ai vu.

LE CHEVALIER
Hé bien ! Dis-nous un peu comment le trouves-tu ?

CORONIS
Cadédis ! Comment je le trouve ? Ravissant, merveilleux. Tout ce qui s’appelle opéra, voyez-vous, ne peut être que bon et agréable ; et la raison, la voici c’est que dans un opéra, vous trouvez de tout, vers, musique, ballets, machines, symphonies ; c’est une variété surprenante, il y a de quoi contenter tout le monde. Voulez-vous du grand, du tragique, du pathétique ?
Le perfide Renaud me fuit.
Tout perfide qu’il est, mon lâche cœur le suit.
Aimez-vous le tendre, le doux, le passionné ?
Non, je ne voudrais pas encor
Quitter mon berger pour Médor.
Voulez-vous du burlesque ?
Mes pauvres compagnons, hélas !
Le dragon n’en a fait qu’un fort léger repas.
Voulez-vous de la morale ?
Les dieux punissent la fierté ;
Il n’est point de grandeur que le ciel irrité
N’abaisse quand il veut, et ne réduise en poudre.
Et le reste. On y trouve jusqu’à des vaudevilles et des imitations naïves des airs du Pont-Neuf, si vous voulez.
Les rossignols, dès que le jour commence,
Chantent l’amour qui les anime tous.
En un mot, c’est un enchantement ; et ce serait une chose accomplie, si l’on pouvait faire encore que le chant fût fait pour les vers, et les vers pour le chant.

LE CHEVALIER
Pour moi, je ne me divertis point à l’Opéra ; et je n’y vais jamais que pour folâtrer dans les coulisses avec quelque danseuse.

CORONIS
Il est vrai que bien des gens y vont présentement pour tout autre plaisir que celui des oreilles.

Scène XIV

Madame Jérome, Le Chevalier, Coronis, La Sourdière.


MADAME JÉRÔME
Messieurs, il est minuit sonné ; faites-moi la grâce de vous retirer.

LA SOURDIÈRE
Volontiers.

LE CHEVALIER
Attends, attends. Et par quelle raison nous retirer, madame Jérôme ?

MADAME JÉRÔME
Par la raison, monsieur, que voici l’heure des femmes ; et puisqu’elles ne viennent pas vous incommoder le jour, il est bien juste que vous leur laissiez la nuit chacun le sien n’est pas trop.

LE CHEVALIER
Vous êtes pour les récréations nocturnes, madame Jérôme.

MADAME JÉRÔME
Oh vraiment, si on n’avait d’autres rentes que la dépense qui se fait ici de jour, et sans le casuel de la nuit, on courrait risque d’avoir les dents bien longues. Vous êtes cinq ou six, qui, pourvu que vous soyez toute une après-dînée ici à chanter des chansons, dire des fadaises, conter une histoire de celui-ci, une aventure de celle-là, et faire la chronique scandaleuse du genre humain, ne vous embarrassez pas du reste. Cependant ce n’est pas là mon compte, et je ne dîne pas de vos conversations. Vous voilà trois, par exemple, qui me devez de l’argent depuis longtemps, et qui ne me parlez non plus de payer, que si vous étiez ici logés par étape.

CORONIS
Quant à moi, madame Jérôme, je vous dois, je pense, trois écus mais j’attends ma lettre de change.

LE CHEVALIER
Pour moi je suis brouillé avec ma petite marchande de dorure, et je ne saurais vous payer qu’à la paix.

LA SOURDIÈRE
Et moi, je vous proteste que le premier argent que je gagnerai à trois dés, sera pour vous.

MADAME JÉRÔME
Voilà des dettes bien assurées.

Scène XV

Jobelin, La Flèche, Mme Jérôme, Coronis, Le Chevalier, La Sourdière.

CORONIS
au chevalier.
Voici nos gens. Songeons à ce que nous a recommandé Dorante.

LA FLÈCHE
Vous me devez six-vingts pistoles ; payez-moi, je ne joue plus.

JOBELIN
Comment vous ne me donnez pas ma revanche ?

LA FLÈCHE
De quoi vous plaignez-vous ? Je vous ai gagné au piquet vous me demandez votre revanche à pair et non, je vous la donne ; je ne vous gagne que douze cents livres ; et j’ai hasardé mon diamant, qui en vaut quinze cents c’est cent écus que je perds clairement. Il me semble que je fais assez bien les choses.

JOBELIN
Tudieu vous avez la parole bien libre, pour un homme qui était ivre il n’y a qu’un moment.

LA FLÈCHE
C’est que je me suis désenivre en gagnant votre argent. Allons, les bons comptes font les bons amis ; payez-moi tout à l’heure ou je vous passe mon épée au travers du corps.

JOBELIN
Messieurs séparez-nous, je vous prie.

LE CHEVALIER
Comment, morbleu, on insulte monsieur Jobelin.

CORONIS
Allons, sandis, coupons les oreilles à ce maraud.

LA SOURDIÈRE
Des épées tirées. Allons-nous-en d’ici.

MADAME JÉRÔME
Messieurs quel désordre je suis perdue.

LA FLÈCHE
Comment, canailles, deux contre un ? Ah, j’ai le corps percé ! Je suis mort ! Un chirurgien !

MADAME JÉRÔME
Miséricorde ! Un homme tué dans ma maison. Me voilà ruinée.

CORONIS
Sauvons-nous, messieurs.

Scène XVI

Dorante, L’Abbé, Mr Jérôme, Jobelin, La Flèche.


DORANTE
Quel bruit ai-je entendu ? Mais que vois-je ? Ah, ciel monsieur de Boisclair, qui vous a mis en cet état ?

LA FLÈCHE
 Ah, mon cousin je me meurs. Trois coquins viennent de m’assassiner, et c’est ce scélérat de notaire qui les a fait agir. Eh, de grâce, qu’on me fasse venir le suceur du régiment.

Scène XVII

Dorante, Jobelin, L’Abbé, Madame Jérôme.

DORANTE
Un de mes parents assassinée. Ah ! Je vous apprendrai à qui vous vous jouez. Holà, laquais, qu’on m’aille quérir le commissaire.

JOBELIN
Ah ! Je tremble, et je voudrais être bien loin.

L’ABBÉ
Vous voilà dans un vilain cas, madame Jérôme, et j’en suis fâché pour l’amour de vous.

MADAME JÉRÔME
Monsieur Dorante, ne me perdez pas, je vous conjure.

DORANTE.
Non, non, cela ne passera pas ainsi. C’est mon cousin-germain on l’a assassiné chez vous ; c’est à vous à m’en répondre, et je prétends que justice soit faite.

MADAME JÉRÔME
Eh monsieur, voudriez-vous me ruiner ?

DORANTE
Vous n’en serez, pas quitte à si bon marché et je veux vous faire punir corporellement. 

L’ABBÉ
Corporellement cela ne vaut pas le diable madame Jérôme.

Scène XVIII

Dorante, L’Abbé, Madame Jérôme, Jobelin, La Flèche, en commissaire avec un faux nez.

DORANTE
Voici, fort à propos, monsieur le commissaire. Monsieur, on vient de tuer ici un officier qui est de mes parents. Je vous prie de faire votre charge.

LA FLÈCHE
prenant une voix enrouée.
Votre laquais m’a informé de la chose, et j’amène des archers pour conduire les délinquants au Châtelet.

MADAME JÉRÔME
Au Chatelet !

JOBELIN
Monsieur, je suis notaire royal, et conseiller du roi.

LA FLÈCHE
N’importe ; le délit est flagrant il y a mort d’homme et vous viendrez au Châtelet.

MADAME JÉRÔME
Ah ! Je suis au désespoir. Monsieur l’Abbé, faites en sorte que je n’aille point au Châtetet.

L’ABBÉ
Attendez, je viens de trouver un moyen d’ajuster ceci. Dorante il faut accommoder cette affaire-là mon enfant. Il ne tient qu’à toi de ruiner madame Jérôme, mais en seras-tu mieux ? Elle a une jeune fille il faut qu’elle te la donne en mariage, et qu’il ne soit plus parlé de rien.

DORANTE
Non non, madame l’a promise à monsieur Jobelin il faut la laisser faire. Elle le croit riche, et je vois bien.

L’ABBÉ
Lui riche ! Il n’a point d’autre patrimoine que son industrie, et il y a actuellement une sentence contre lui pour le paiement de sa charge n’est-il pas vrai, monsieur Jobelin ?

JOBELIN
Ah ! Tout est découvert ; j’enrage.

MADAME JÉRÔME
Qu’entends-je ? Vous devez votre charge, monsieur ? Vraiment, un jour plus tard j’allais faire un joli marché !

L’ABBÉ
Eh bien madame, êtes-vous dans le goût de ma proposition ?

MADAME JÉRÔME
Oui, monsieur, puisque je suis détrompée, je serai ravie de donner ma fille à monsieur Dorante, pourvu qu’il apaise l’affaire qui vient d’arriver.

L’ABBÉ
Oh, pour cela, madame, il en est le maître, je vous assure. Çà, il n’y a qu’a dresser le contrat tout à l’heure. Monsieur Jobelin se trouve ici fort à propos.

JOBELIN
Moi dresser le contrat ?

DORANTE
Tout beau, ne vous faites pas tirer l’oreille ou je vais faire entrer les archers.

LA FLÈCHE
Et l’on vous mènera au Châtelet.

JOBELIN
Quoi j’aurais encore la mortification de faire le contrat de mariage de mon rival ? Ah maudit pair et non.

DORANTE
Allons, monsieur l’Abbé, et monsieur le Commissaire, venez servir de témoins et signer au contrat que nous allons passer tout à 1’heure.

LA FLÈCHE
Ma foi, voilà une véritable aventure de café.

**

Fin de la pièce.

**

Jean-Baptiste ROUSSEAU : OEUVRES.
Nouvelle édition, revuë, corrigée & augmentée sur les manuscrits de l’auteur, & conforme à l’édition in-quarto, donnée par M. SEGUY. Amsterdam, chez Marc-Michel Rey, 1759.
Tome 2 : Pièces de théâtre : les ayeux chimériques, le capricieux, le flateur, le caffé, la ceinture magique, la dupe de soi-mesme, la mandragore, Jupiter et Semele, l’héliotrope, Faune et Omphale, Ariane et Bacchus.

***


NOTES


(1)
L’épithalame, poème lyrique composé chez les Anciens à l’occasion d’un mariage et à la louange des nouveaux époux. En Grèce antique, il était chanté par un chœur avec accompagnement de danses.

(2)
La Batrachomyomachia, épopée comique parodiant l’Iliade, de 303 hexamètres dactyliques. Les vers 9 à 88 présentent des similitudes fortes avec la fable d’Ésope : Le Rat et la grenouille. Elle fut largement attribuée, dans l’Antiquité, à Homère.
« En commençant, et avant tout, je supplie le chœur des Muses de descendre du Hélikôn en mon esprit, à cause d’un chant que j’ai mis dans mes tablettes, récemment, sur mes genoux ; guerre immense, œuvre pleine du tumulte guerrier d’Arès, me flattant de faire entrer dans les oreilles de tous les hommes comment les Rats, combattants intrépides, se ruèrent sur les Grenouilles, imitant les travaux des Géants nés de Gaia, ainsi qu’on le rapporte parmi les mortels. Et cette guerre eut cette origine. » (Batrakhomyomakhia – Homère -Traduction Leconte de Lisle)

(3)
Début de la seconde satire de Juvénal
« Ultra Sauromatas fugere hinc libet, et glacialem
Oceanum, quoties aliquid de moribus audent
Qui Curios simulant, et Bacchanalia vivent…
Je fuirais volontiers dans le fond des déserts,
Sur les monts de la Thrace et par delà les mers,
Quand j’entends ces Scaurus, effrontés sycophantes,
Qui prêchent la pudeur et vivent en bacchantes..
. »
(SATURA II / SATIRE II. (Traduction de L. V. RAOUL, 1812)

(4)
Bélître ou bélitre
Terme injurieux
« C’est un misérable, un homme vil. Ce mot, qu’on croit formé du latin balatro, qui signifie gueux, coquin, parasite, s’employait autrefois pour mendiant, dans une acception qui n’avait rien de reprochable. Les pèlerins de la confrérie de Saint-Jacques, à Pontoise, avaient pris le titre de Bélistres, et les quatre ordres mendiants s’appelaient les quatre ordres de Bélistres. Montaigne a donné un féminin au mot bélître dans cette phrase remarquable (Essais, liv. iii, chap. 10) : « Desdaignons cette faim de renommée et d’honneur, basse et bélistresse, qui nous le fait coquiner de toute sorte de gens par des moyens abjects et à quelque prix que ce soit. C’est déshonneur d’estre ainsi honoré. »
Pierre-Marie Quitard, Dictionnaire étymologique, historique et anecdotique des proverbes et des locutions proverbiales de la langue française – P. Bertrand, 1842 (p. 131).

(5)
Le Lansquenet
« LANSQUENET, (Jeu de hasard.) voici en général comme il se joue. On y donne à chacun une carte, sur laquelle on met ce qu’on veut ; celui qui a la main se donne la sienne. Il tire ensuite les cartes ; s’il amene la sienne, il perd ; s’il amene celles des autres, il gagne. Mais pour concevoir les avantages & desavantages de ce jeu, il faut expliquer quelques regles particulieres que voici. On nomme coupeurs, ceux qui prennent cartes dans le tour, avant que celui qui a la main se donne la sienne. On nomme carabineurs, ceux qui prennent cartes, après que la carte de celui qui a la main est tirée… » (Diderot, L’Encyclopédie, Première édition – 1765 (Tome 9, p. 275-276)).

(6)
Marmotter : parler confusément, en parlant entre ses dents.

三国志演义 LES TROIS ROYAUMES 羅貫中 Luo Guanzhong – I-6

*


LUO GUANZHONG
[1320年-1400年]

Traduction JACKY LAVAUZELLE

 

**

 三国志演义
I-6

三國志演義
三国志演义
LES TROIS ROYAUMES

Roman Chinois du XIVe siècle
Début dynastie MING
明朝 [
1368-1644]

*

 三国志演义
Sān guó zhì yǎn yì
LES TROIS ROYAUMES
I-6

********

當日見了榜文,慨然長嘆。
Dān grì jiàn le bǎng wén, kǎi rán cháng tàn.
Ce jour de proclamation, il soupira profondément.
隨後一人厲聲言曰:
Suí hòu yī rén lìs hēng yán yuē:
 Un homme alors, derrière lui, déclama :
「大丈夫不與國家出力,何故長嘆?」
`Dà zhàng fū bù yǔ guó jiā chū lì, hé gù cháng tàn?’
« un véritable homme noble qui ne prend pas part à la destinée de son pays, pourquoi soupire-t-il ? »
玄德回視其人:
Xuán dé huí shì qí rén:
 Xuande dévisagea l’homme :
身長八尺,豹頭環眼,燕頷虎鬚,聲若巨雷,勢如奔馬。
Shēn cháng bā chǐ, bào tóu huán yǎn, yàn hàn hǔ xū, shēng ruò jù léi, shì rú bēn mǎ.
huit pieds de longueur, une tête de léopard et des yeux ronds, des moustaches de tigre, un menton d’hirondelle, une voix qui ressemblait au tonnerre, comme une course effrénée de chevaux en plein galop.
玄德見他形貌異常,問其姓名。
Xuán dé jiàn tā xíng mào yì cháng, wèn qí xìng míng.
Devant cette morphologie extraordinaire, Xuande lui demanda son nom.
其人曰:
Qí rén yuē:
L’homme répondit :

*

*

「某姓張,名飛,字翼德。
`Mǒu xìng zhāng, míng fēi, zì yì dé.
« Zhang est mon nom de famille,  mon nom est Fei et l’on m’appelle Yi De.
世居涿郡,頗有莊田,賣酒屠豬,專好結交天下豪傑。
Shì jū zhuō jùn, pō yǒu zhuāng tián, mài jiǔ tú zhū, zhuān hǎo jié jiāo tiān xià háo jié.
Je suis natif de Zhuo et ma famille vend du porc et de l’alcool et j’aime aller à la rencontre de ceux qui souhaitent un monde meilleur.
恰才見公看榜而嘆,故此相問。」
Qià cái jiàn gōng kàn bǎng ér tàn, gù cǐ xiāng wèn.’ 
J’ai regardé le public de la foule et je vous ai vu soupiré devant la proclamation. « 
玄德曰:
Xuán dé yuē: 
Xuande déclara alors : 
「我本漢室宗親,姓劉,名備。
 `Wǒ běn hàn shì zōng qīn, xìng liú, míng bèi. 
« Je suis du clan Han, je me nomme Liu, et Bei est mon surnom.

*





*

今聞黃巾倡亂,有志欲破賊安民;
Jīn wén huángjīn chàng luàn, yǒuzhì yù pò zéi ānmín;
Ces Turbans Jaunes apportent le chaos ;
恨力不能,故長嘆耳。」
 hèn lì bùnéng, gù chángtàn ěr.’ 
La haine ne peut doit pas vaincre, mon manque d’argent pour participer à ce combat, voilà la cause de ce soupir profond. »
飛曰:
Fēi yuē: 
Fei dit alors :
「吾頗有資財,當招募鄉勇,與公同舉大事,如何?」
`Wú pō yǒu zīcái, dàng zhāomù xiāng yǒng, yǔ gōng tóng jǔ dàshì, rúhé?’  
« J’ai quelques moyens, nous pourrions participer au recrutement, et trouver dans ce public quelques braves gars prêts à en découdre ? »
玄德甚喜,遂與同入村店中飲酒。
 Xuán dé shén xǐ, suì yǔ tóng rù cūn diàn zhōng yǐn jiǔ. 
Xuande fou de joie, l’accompagna dans le village afin de trinquer à cette heureuse rencontre.
正飲間,見一大漢,推著一輛車子,到店門首歇了;
Zhèng yǐn jiān, jiàn yī dà hàn, tuī zhe yī liàng chē zi, dào diàn mén shǒu xiē le;
En buvant, ils aperçurent un homme robuste, poussant une voiture, s’arrêtant devant la boutique;
入店坐下,便喚酒保:
rù diàn zuò xià, biàn huàn jiǔ bǎo: 
Celui-ci s’assit et, demanda au serveur :
「快斟酒來吃,我待趕入城去投軍。  」
`Kuài zhēn jiǔ lái chī, wǒ dài gǎn rùchéng qù tóu jūn. ‘
« Je voudrais manger le plus vite possible que je puisse me précipiter à la ville pour rejoindre l’armée qui se monte. »


*




*

 玄德看其人:
Xuán dé kàn qí rén:
Xuande regarda notre homme :
身長九尺,髯長二尺;
Shēn cháng jiǔ chǐ, rán cháng èr chǐ;
neuf pieds de longueur, une longue barbe de deux pieds,
面如重棗,唇如塗脂;
miàn rú zhòng zǎo, chún rú tú zhī;
un visage rouge écarlate, avec de grosses lèvres ;
丹鳳眼,臥蠶眉:
dān fèng yǎn, wò cán méi:
de grands yeux au-dessous de larges sourcils semblables à deux vers à soie :
相貌堂堂,威風凜凜。
Xiàng mào táng táng, wēi fēng lǐn lǐn.
une apparence majestueuse
玄德就邀他同坐,叩其姓名。
Xuán dé jiù yāo tā tóng zuò, kòu qí xìngmíng.
Xuande l’invita à s’asseoir à sa table, lui demanda son nom.
其人曰:
Qí rén yuē:
L’homme répondit :

*

*

「吾姓關,名羽,字長生,後改雲長,河東解良人也。
`Wú xìng guān, míng yǔ, zì cháng shēng, hòu gǎi yún zhǎng, hé dōng jiě liáng rén yě.
« Guan est ma famille, mon nom est Yu, on me surnomme Tchang Sheng, devenu par la suite Yun Tchang, et je suis de la région du Jie Liang. 
因本處勢豪,倚勢凌, 人,被吾殺了;
Yīn běn chù shì háo, yǐ shì líng rén, bèi wú shā le;
Je m’enfuie car j’ai tué le despote de mon pays ;
逃難江湖,五六年矣。
táo nàn jiāng hú, wǔ liù nián yǐ.
et depuis six ans, j’erre dans les campagnes.

*




*

*

今聞此處招軍破賊,特來應募。」
Jīn wén cǐ chù zhāo jūn pò zéi, tè lái yìngmù.’
J’ai entendu parler du recrutement qui se prépare et je souhaite participer au soulèvement. »
玄德遂以己志告之。
Xuán dé suì yǐ jǐ zhì gào zhī.
Xuande ensuite évoqua leurs projets.
雲長大喜。
Yún zhǎng dà xǐ.
Yun Zhang était fou de joie.
同到張飛莊上,共議大事。
Tóng dào zhāng fēi zhuāng shàng, gòng yì dà shì.
Ils partirent vers la ferme de Zhang Fei afin de discuter plus à fond des préparatifs.

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VOCABULAIRE

榜文 bǎng wén l’annonciation – la proclamation
大事 dà shì – les évènements – les « grandes choses »
jūn– l’armée
shā– tuer
Miàn – surface – visage
chún – lèvre
zuò – s’asseoir

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 三国志演义
LES TROIS ROYAUMES

三国志演义 LES TROIS ROYAUMES 羅貫中 Luo Guanzhong – I-5

*


LUO GUANZHONG
[1320年-1400年]

Traduction JACKY LAVAUZELLE

 

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 三国志演义
I-5

三國志演義
三国志演义
LES TROIS ROYAUMES

Roman Chinois du XIVe siècle
Début dynastie MING
明朝 [
1368-1644]

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 三国志演义
Sān guó zhì yǎn yì
LES TROIS ROYAUMES
I-5

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  `且說張角一軍,前犯幽州界分。
Qiě shuō zhāng jiǎo yījūn, qián fàn yōu zhōu jiè fēn.
L’armée de Zhang Jio avait attaqué des aux frontières de État.
‘幽州太守劉焉,乃江夏竟陵人氏,漢魯恭王之後也;
Yōu zhōu tài shǒu liú yān, nǎi jiāng xià jìng líng rén shì, hàn lǔ gōng wáng zhī hòu yě;
Liu Yan, préfet de You Zhou était originaire de Jingling dans la province de Jiangxia et de la famille du prince Gong Lu, un Han lui aussi,
當時聞得賊兵將至,召校尉鄒靖計議。
dāng shí wén de zéi bīng jiāng zhì, zhào xiào wèi zōu jìng jì yì. 
et alors que les rebelles approchaient, il fit appeler le capitaine Zou Jing pour reconsidérer la situation.
靖曰:
Jìng yuē:
Jing  dit:
「賊兵眾,我兵寡,明公宜作速招軍應敵。」
`Zéi bīng zhòng, wǒ bīng guǎ, míng gōng yi zuò sù zhāo jūn yìng dí.
« Les rebelles sont plus nombreux que nos quelques soldats, nous devrions rapidement engager de nouvelles recrues

*

*

 劉焉然其說,隨即出榜招募義兵。
Liú yān rán qí shuō, suíjí chū bǎng zhāo mù yì bīng.
Liu Yan demanda donc un nouveau recrutement de soldats.
榜文行到涿縣,引出涿縣中一個英雄。
Bǎng wén xíng dào zhuō xiàn, yǐn chū zhuō xiàn zhōng yīgè yīng xióng.
Une affiche placardée dans la sous-préfecture de Zhuo qui attira l’attention de l’un de nos héros.

*





*

 那人不甚好讀書;
Nà rén bù shèn hǎo dú shū;
Notre homme ne passait pas ses loisirs à lire;
性寬和,寡言語,喜怒不言於色;
xìng kuān hé, guǎ yán yǔ, xǐ nù bù yán wū sè;
Calme et posé, aucune expression de joie ou de colère ne marquait son visage ;
素有大志,專好結交天下豪傑;
sù yǒu dà zhì, zhuān hǎo jié jiāo tiān xià háo jié;
il avait de nobles ambitions, et agissait pour rendre le monde meilleur ;
生得身長七尺五寸,兩耳垂肩,雙手過膝,目能自顧其耳,面如冠玉,唇如塗脂;
shēng de shēn cháng qī chǐ wǔ cùn, liǎng ěrchuí jiān, shuāng shǒu guò xī, mù néng zì gù qí ěr, miàn rú guān yù, chún rú tú zhī;

d’une très grande taille, des oreilles démesurées, des mains  impressionnantes qui tombaient sous ses genoux, une tête d’où ressortaient des grands yeux qui démontraient une réelle intelligence ;
中山靖王劉勝之後,漢景帝閣下玄孫:
zhōng shān jìng wáng liú shèng zhīhòu, hàn jǐng dì géxià xuán sūn:
Du prince Jing de Zhongshan, il descendait par Liu Sheng, c’était donc un arrière petit enfant des Han:
姓劉,名備,字玄德。
Xìng liú, míng bèi, zì xuán dé.
du nom de Liu, on le surnommait Xuande.




*

*

 昔劉勝之子劉貞,漢武時封涿鹿亭侯,後坐酌金失侯,因此遺這一支在涿縣。
Xī liú shèng zhīzǐ liú zhēn, hàn wǔ shí fēng zhuō lù tíng hóu, hòu zuò zhuó jīn shī hóu, yīncǐ yí zhè yī zhī zài zhuō xiàn.
Liu Sheng avait un fils, Liu Zhen, gouverneur de Zhuo, pendant le règne de l’Empereur Wu, fils de Xi, mais ayant commis une faute, il fut dépossédé de ses titres et quitta son fief, laissant toutefois quelques membres de sa famille dans le district de Zhuo.
‘玄德祖劉雄,父劉弘。
Xuán dé zǔ liú xióng, fù liú hóng.
Liu Xiong était le grand-père de Xuande, et Liu Hong était son père.
弘曾舉孝廉,亦嘗作吏,早喪。
Hóng céng jǔ xiào lián, yì cháng zuò lì, zǎo sàng.

Hong avait atteint un grade de lettré et travaillé comme fonctionnaire, mais était mort prématurément.
玄德孤幼,事母至孝;
Xuán dé gū yòu, shì mǔ zhì xiào;
Jeune enfant Xuande sans père, se rapprocha de sa mère, lui vouant une grande piété ;
家貧,販屨織席為業。
jiā pín, fàn jù zhī xí wèi yè. 
Très pauvre, il confectionnait des sandales de paille.
家住本縣樓桑村。
Jiāzhù běn xiàn lóu sāngcūn.
Avec sa mère, ils habitaient dans le hameau de Lou Sang.
其家之東南,有一大桑樹,高五丈餘,遙望之,童童如車蓋。
Qí jiā zhī dōng nán, yǒuyī dà sāng shù, gāo wǔ zhàng yú, yáo wàng zhī, tóng tóng rú chē gài.
Au sud-est de la maison se trouvait un grand mûrier, dépassant cinquante pieds, qui, de loin, ressemblait à un char prestigieux,.
相者云:
Xiāng zhě yún:
Ce qui fit dire à un sage :
「此家必出貴人。」
`Cǐ jiā bì chū guì rén.’
« Cette maison sera honorée par une grande personne. »




*

*

 玄德幼時,與鄉中小兒戲於樹下,曰:
Xuán dé yòu shí, yǔ xiāng zhōng xiǎo érxì wū shù xià, yuē:
Xuande, enfant,  jouant à proximité de  l’arbre, déclara :
「我為天子,當乘此車蓋。」
  `Wǒ wéi tiānzǐ, dāng chéng cǐ chē gài.’  
« Je suis le Fils du Ciel, je monterai dans ce char. »
叔父劉元起奇其言,曰:
Shú fù liú yuán qǐ qí qí yán, yuē:
Son oncle Liu Yan Qi à ses paroles, ajouta :
「此兒非常人也!」
`Cǐ er fēi cháng rén yě!’ 
« Cet enfant ne sera pas comme les autres ! »
因見玄德家貧,常資給之。
 Yīn jiàn xuán dé jiā pín, cháng zī gěi zhī.
Pour cette raison, l’oncle aida Xuande financièrement.
年十五歲,母使游學,嘗師事鄭玄、盧植,與公孫瓚等為友。
Nián shí wǔ suì, mǔ shǐ yóu xué, cháng shī shì zhèng xuán, lú zhí, yǔ gōng sūn zàn děng wéi yǒu. 
A quinze ans, sa mère l’envoya faire des voyages d’étude, auprès des professeurs Zheng Xuan et Lu Zhi, et il devint l’ami de Gong Sun Tsan.
 及劉焉發榜招軍時,玄德年已二十八歲矣。
Jí liú yān fā bǎng zhāo jūn shí, xuán dé nián yǐ èr shí bā suì yǐ.
C’est alors que les publications furent placardées pour rejoindre l’armée ; Xuande avait vingt-huit ans.

*





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VOCABULAIRE

之子 zhī zǐ  – le fils
Mǔ – la mère
yòu – enfant
zǔ – ancêtre
you – amical – ami
– jūn- l’armée
Shù – l’arbre
家  Jiā – maison
pín- pauvre
hǎo- bon / bonne
讀書  dú shū- lecture
  Shū – le livre
bīng – les militaires – les soldats

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 三国志演义
LES TROIS ROYAUMES

三国志演义 LES TROIS ROYAUMES 羅貫中 Luo Guanzhong – I-4

 

*


LUO GUANZHONG
[1320年-1400年]

Traduction JACKY LAVAUZELLE

 

**

 三国志演义
I-4

三國志演義
三国志演义
LES TROIS ROYAUMES

Roman Chinois du XIVe siècle
Début dynastie MING
明朝 [
1368-1644]

*

 三国志演义
Sān guó zhì yǎn yì
LES TROIS ROYAUMES
I-4

********

角遣其黨馬元義,暗齎金帛,結交中涓封胥,以為內應。
Jiǎo qiǎn qí dǎng mǎ yuán yì, àn jī jīn bó, jié jiāo zhōng juān fēng xū, yǐ wéi nèi yìng.
Jio demanda à Ma Yuan Yi de porter des présents à l’eunuque Feng Xu, qui avait de l’influence à l’intérieur du palais.
角與二弟商議曰:
Jiǎo yǔ èr dì shān gyì yuē:
Jio dit à son jeune frère :
「至難得者,民心也
  `Zhì nán dé zhě, mín xīn yě.
« Il est difficile de convaincre et d’entraîner le peuple,
今民心已順,若不乘勢取天下,誠為可惜
Jīn mín xīn yǐ shùn, ruò bù chéng shì qǔ tiān xià, chéng wèi kě xí.
Aujourd’hui, le peuple nous suit, nous nous devons de prendre l’Empire, nous en aurions sinon d’éternels regrets. »

*

遂一面私造黃旗,約期舉事;
Suí yī miàn sī zào huáng qí, yuē qí jǔ shì;
Des bannières jaunes furent confectionnées, et ils décidèrent du jour du soulèvement ;
一面使弟子唐周,持書報封諝。
yī miàn shǐ dì zǐ táng zhōu, chí shū bào fēng xū.
Tang Zhou devait porter une missive à Feng Xu afin de l’informer des préparatifs et des dates.
唐周乃徑赴省中告變。
Táng zhōu nǎi jìng fù shěng zhōng gào biàn.
Mais le messager préféra les trahir en informant directement l’Empereur.
帝召大將軍何進調兵擒馬元義,斬之;
 Dì zhào dà jiàng jūn hé jìn diào bīng qín mǎ yuán yì, zhǎn zhī;
Le général He Tsin fut dépêché pour les contrer et les arrêter ;
次收封諝等一干人下獄。
cì shōu fēng xū děng yīgān rén xiàyù.
Feng Xu et d’autres hommes furent alors aussi aussitôt emprisonnés.

*

張角聞知事露,星夜舉兵,自稱「天公將軍」,張寶稱「地公將軍」,張梁稱「人公將軍」;
Zhāngjiǎo wén zhīshì lù, xīngyè jǔ bīng, zìchēng `tiāngōng jiāngjūn’, zhāng bǎo chēng `de gōng jiāngjūn’, zhāng liáng chēng `rén gōng jiāngjūn’;
Zhang Jio, apprenant que le complot était découvert, ne chercha plus à se cacher et se fit nommer le « Général des Cieux », Zhang Bao devint le « Général de la Terre » et Zhang Liang le « Général des Hommes » ;
申言於眾曰:
shēn yán wū zhòng yuē:
Puis il prophétisa les paroles suivantes :
「今漢運將終,大聖人出。
`Jīn hàn yùn jiāng zhōng, dà shèngrén chū.
« ce sera la fin des Han, un grand sage est arrivé.

*

汝等皆宜順天從正,以樂太平。」
Rǔ děng jiē yi shùn tiān cóng zhèng, yǐ lè tài píng.
En suivant la bonne voie nous entendrons la musique de la Grande Paix. « 
四方百姓,裹黃巾從張角反者四五十萬。
‘Sì fāng bǎi xìng, guǒ huáng jīn cóng zhāng jiǎo fǎn zhě sì wǔ shí wàn. 
Tous, venus des quatre coins de l’Empire, s’enroulèrent un turban jaune autour de la tête, qui, autour de Zhang Jio, formaient une armée de quatre ou cinq cent mille hommes.
賊勢浩大,官軍望風而靡。
Zéi shì hào dà, guān jūn wàng fēng ér mí.
Cette armée s’étendait sur une si vaste zone qu’elle fit se disperser l’armée gouvernementale de peur.

*

何進奏帝火速降詔,令各處備禦,討賊立功;
Hé jìn zòu dì huǒ sù jiàng zhào, lìng gè chù bèi yù, tǎo zéi lì gōng;
He Tsin se précipita pour avertir de l’urgence l’Empereur qui diffusa un ordre de réquisition et de mobilisation générale ;
一面遣中郎將盧植、皇甫嵩、朱雋,各引精兵,分三路討之。
yī miàn qiǎn zhōng láng jiāng lú zhí, huáng fǔ sōng, zhū juàn, gè yǐn jīng bīng, fēn sān lù tǎo zhī.
Les troupes impériales furent partagées sous les commandements de Lu Zhi, Huang Fu, Zhu Tsuan, qui formèrent alors trois nouvelles colonnes.

*

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VOCABULAIRE

曰 yuē dire
弟 Dì jeune frère
者 Zhě une personne
民心 mín xīn le peuple
天下 Tiān xià Le monde – l’Empire
黃 Huáng  Jaune
舉事 jǔ shì soulèvement
火速 Huǒ sù pressé – urgence

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 三国志演义
LES TROIS ROYAUMES

三国志演义 LES TROIS ROYAUMES 羅貫中 Luo Guanzhong – I-3


LUO GUANZHONG
[1320年-1400年]

Traduction JACKY LAVAUZELLE

 

**

 三国志演义
I-3

三國志演義
三国志演义
LES TROIS ROYAUMES

Roman Chinois du XIVe siècle
Début dynastie MING
明朝 [
1368-1644]

*

 三国志演义
Sān guó zhì yǎn yì
LES TROIS ROYAUMES
I-3

********

時鉅鹿郡有兄弟三人:
Shí jù lù jùn yǒu xiōng dì sān rén:
Dans le comté, vivaient alors trois frères :
一名張角,一名張寶,一名張梁。
Yī míng zhāng jiǎo, yī míng zhāng bǎo, yī míng zhāng liáng. 
l’aîné se nommait Zhang Jio, le second  Zhang Bao, et Zhang Liang notre dernier.
那張角本是個不第秀才,因入山採藥,遇一老人,碧眼童顏,手執藜杖,喚角至一洞中,以天書三卷授之,曰:
Nà zhāng jiǎo běn shì gè bù dì xiù cái, yīn rù shān cǎi yào, yù yī lǎo rén, bì yǎn tóng yán, shǒu zhí lí zhàng, huàn jiǎo zhì yī dòng zhōng, yǐ tiān shū sān juǎn shòu zhī, yuē: 
le premier était un savant, qui, un jour, partant chercher des herbes dans les montagnes, rencontra un vieil homme, les visages enfantins aux yeux bleus, armé de bâton bien dur, qui, l’invitant dans sa grotte, pris les trois volumes du Livre du Ciel, il déclara alors :
「此名太平要術。
`Cǐ míng tàipíng yào shù. 
«Voici la paix qui répare.
汝得之,當代天宣化,普救世人。若萌異心,必獲惡報。」
Rǔ dé zhī, dāngdài tiān xuānhuà, pǔ jiùshì rén. Ruò méng yìxīn, bì huò è bào.’
Afin qu’avec le Mandat Céleste,  les prochains jours, vous sauviez l’homme. Mais si vous l’utilisez à mauvais escient , vous serez puni en conséquence et lourdement. »
角拜問姓名。
Jiǎo bài wèn xìngmíng.
Jio demanda son nom.

老人曰:
Lǎo rén yuē:
Le vieil homme répondit :
「吾乃南華老仙也。」
`Wú nǎi nán huá lǎo xian yě.’ 
« Je suis le Vieil Immortel du sud»
言訖,化陣清風而去。
Yán qì, huà zhèn qīng fēng ér qù. 
Ces paroles dites, il devint un souffle de vent qui s’en alla au loin.
  角得此書,曉夜功習,能呼風喚雨,號為
Jiǎo de cǐ shū, xiǎo yè gōng xí, néng hū fēng huàn yǔ, hào wèi
Jio garda ces livres, travailla dessus jour et nuit, jusqu’à ce qu’il puisse faire ce qu’il voulait, on l’appelait alors :
「太平道人」。
`tài píng dào ren’.
« Le Maître de la Voie Pacifique ».
中平元年正月內,疫氣流行,張角散施符水,為人治病,自稱
Zhōng píng yuán nián zhēngyuè nèi, yì qì liúxíng, zhāngjiǎo sàn shī fú shuǐ, wéi rén zhì bìng, zìchēng
La première année du règne, au cours du premier mois, la peste tomba sur l’ensemble du territoire, Zhang Jio remit aux malades un traitement médical, et il s’était même auto-proclamé :
「大賢良師」。
`dà xián liáng shī’.
« le grand maître vertueux. »

 

 

角有徒弟五百餘人,雲游四方,皆能書符念咒。
Jiǎo yǒu tú dì wǔ bǎi yú rén, yún yóu sì fāng, jiē néng shū fú niàn zhòu.
Jio attira plus de 500 personnes, qui a leur tour partirent dans le pays, porter la bonne nouvelle à grand renfort de mantras et de formules magiques.
次後徒眾日多,角乃立三十六方,大方萬餘人,小方六七千,各立渠帥,稱為將軍;
Cì hòu tú zhòng rì duō, jiǎo nǎi lì sān shí liù fāng, dà fāng wàn yú rén, xiǎo fāng liù qī qiān, gè lì qú shuài, chēng wèi jiāng jūn;
Les adeptes, qui furent toujours plus nombreux, se constituèrent en trente six groupes, le plus grand se composait de dix mille personnes, six à sept mille pour les plus petits, et, à la tête de chaque groupe, un général,
訛言:
é yán:
et des rumeurs disaient :
「蒼天已死,黃天當立;
`Cāng tiān yǐ sǐ, huáng tiān dāng lì;
« Le ciel est mort, un ciel jaune le remplacera ;
歲在甲子,天下大吉。」
 suì zài jiǎ zǐ, tiān xià dà jí.’
un nouveau cycle de renaissance arrive ».

 

令人各以白土,書「甲子」二字於家中大門上。
Lìng rén gè yǐ bái tǔ, shū `jiǎ zǐ’ èr zì wū jiā zhōng dà mén shàng.
Avec une craie, chacun devait écrire les deux caractère 甲子  à la porte de leur maison.
青、幽、徐、冀、荊、揚、兗、豫八州之人,家家侍奉大賢良師張角名字。
Qīng, yōu, xú, jì, jīng, yáng, yǎn, yù bā zhōu zhī rén, jiā jiā shì fèng dà xián liáng shī zhāng jiǎo míng zì.
A Qing, You, Xu, Ji, Jing, Yang, Yan et Yu, dans les huit provinces, chaque famille adorait Zhang Jio, « le grand maître vertueux. »  .

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 三国志演义
LES TROIS ROYAUMES

三国志演义 LES TROIS ROYAUMES 羅貫中 Luo Guanzhong 罗贯中 PREMIER CHAPITRE – 第一章


LUO GUANZHONG
[1320年-1400年]

Traduction JACKY LAVAUZELLE

 

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 三国志演义
PREMIER CHAPITRE
第一章

三國志演義
三国志演义
LES TROIS ROYAUMES

Roman Chinois du XIVe siècle
Début dynastie MING
明朝 [
1368-1644]

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 三国志演义
Sān guó zhì yǎn yì
LES TROIS ROYAUMES

Premier Chapitre
第一章

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SOMMAIRE

I-1

話說天下大勢,分久必合,合久必分。
Huà shuō tiān xià dà shì, fēn jiǔ bì hé, hé jiǔ bì fēn.
Abordons le mouvement du monde : une longue période de division, une longue unification, suivie d’une nouvelle division. 

******** 

I-2

建寧二年四月望日,帝御溫德殿。
Jiàn níng èr nián sì yuè wàng rì, dì yù wēn dé diàn.
La deuxième année Jian Ning, en l’an 169, [Jian Ning ou Kien Ning= quatre années qui seront suivies par les années Hi-ping et ensuite Kouang-ho, etc.], l’empereur [Han Lingdi 汉灵帝] se trouvait dans son palais impérial [Wen-de ou Wen-tö 溫德].

******** 

I-3

時鉅鹿郡有兄弟三人:
Shí jù lù jùn yǒu xiōng dì sān rén:

Dans le comté, vivaient alors trois frères :
一名張角,一名張寶,一名張梁。
Yī míng zhāng jiǎo, yī míng zhāng bǎo, yī míng zhāng liáng. 
l’aîné se nommait Zhang Jio, le second  Zhang Bao, et Zhang Liang notre dernier.

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I-4

角遣其黨馬元義,暗齎金帛,結交中涓封胥,以為內應。
Jiǎo qiǎn qí dǎng mǎ yuán yì, àn jī jīn bó, jié jiāo zhōng juān fēng xū, yǐ wéi nèi yìng.
Jio demanda à Ma Yuan Yi de porter des présents à l’eunuque Feng Xu, qui avait de l’influence à l’intérieur du palais.

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I-5

`且說張角一軍,前犯幽州界分。
Qiě shuō zhāng jiǎo yījūn, qián fàn yōu zhōu jiè fēn.
L’armée de Zhang Jio avait attaqué des aux frontières de État.
‘幽州太守劉焉,乃江夏竟陵人氏,漢魯恭王之後也;
Yōu zhōu tài shǒu liú yān, nǎi jiāng xià jìng líng rén shì, hàn lǔ gōng wáng zhī hòu yě;
Liu Yan, préfet de You Zhou était originaire de Jingling dans la province de Jiangxia et de la famille du prince Gong Lu, un Han lui aussi,

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I-6

當日見了榜文,慨然長嘆。
Dān grì jiàn le bǎng wén, kǎi rán cháng tàn.
Ce jour de proclamation, il soupira profondément.
隨後一人厲聲言曰:
Suí hòu yī rén lìs hēng yán yuē:
 Un homme alors, derrière lui, déclama :

***********

汉灵帝刘宏
156年(一说157年)-189年5月13日
Empereur Han Lingdi
an 157 – 13 mai 189

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 三国志演义
LES TROIS ROYAUMES

三国志演义 LES TROIS ROYAUMES 羅貫中 Luo Guanzhong – I-2


LUO GUANZHONG
[1320年-1400年]

Traduction JACKY LAVAUZELLE

 

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 三国志演义
I-2

三國志演義
三国志演义
LES TROIS ROYAUMES

Roman Chinois du XIVe siècle
Début dynastie MING
明朝 [
1368-1644]

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 三国志演义
Sān guó zhì yǎn yì
LES TROIS ROYAUMES

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建寧二年四月望日,帝御溫德殿。
Jiàn níng èr nián sì yuè wàng rì, dì yù wēn dé diàn.
La deuxième année Jian Ning, en l’an 169, [Jian Ning ou Kien Ning= quatre années qui seront suivies par les années Hi-ping et ensuite Kouang-ho, etc.], l’empereur [Han Lingdi 汉灵帝] se trouvait dans son palais impérial [Wen-de ou Wen-tö 溫德].
方陞座,殿角狂風驟起,只見一條大青蛇,從梁上飛將下來,蟠於椅上。
Fāng shēng zuò, diàn jiǎo kuáng fēng zhòu qǐ, zhǐ jiàn yītiáo dà qīng shé, cóng liáng shàng fēi jiāng xià lái, pán wū yǐ shàng.
L’empereur trônait, le vent soufflait puissamment, il vit alors un énorme serpent [蛇] vert [青], descendant d’une poutre, et s’enrouler autour du trône impérial.
帝驚倒,左右急救入宮,百官俱奔避。
Dì jīng dào, zuǒyòu jíjiù rù gōng, bǎi guān jù bēn bì. 
L’empereur apeuré, se jeta en arrière, pendant que tous se sauvaient.
須臾,蛇不見了。
Xūyú, shé bùjiànle.
Une minute plus tard, le serpent avait disparu.
忽然大雷大雨,加以冰雹,落到半夜方止,壞卻房屋無數。
Hūrán dà léi dàyǔ, jiāyǐ bīngbáo, luò dào bànyè fāng zhǐ, huài què fángwū wúshù.
Soudain une forte pluie tomba, puis la grêle, jusqu’au milieu de la nuit, mais avec de nombreux et catastrophiques dégâts.

建寧四年二月,洛陽地震;
Jiàn níng sì nián èr yuè, luòyáng dìzhèn;
En l’an 171 de notre ère [quatrième année Jian Ning ] , à Luoyang, la capitale [ 洛阳市, Luoyang fut 4 fois la capitale notamment avec les Han orientaux de 25 à 220]
又海水泛濫,沿海居民,盡被大浪捲入海中。
yòu hǎishuǐ fànlàn, yánhǎi jūmín, jǐn bèi dàlàng juàn rù hǎizhōng.
ce fut un jour d’inondations côtières pour tous les habitants du littoral, tout était balayé par la mer par de gigantesques vagues.
光和元年,雌雞化雄。
Guāng hé yuán nián, cí jī huà xióng.
En 178 [Première année Guang-he ou Kouang-ho], les poulets mâles se transformèrent en poules.
六月朔,黑氣十餘丈,飛入溫德殿中。
Liù yuè shuò, hēi qì shí yú zhàng, fēi rù wēn dé diànzhōng.
A la nouvelle lune du sixième mois, un gaz noir épais enveloppa le Palais impérial.
秋七月,有虹現於玉堂,五原山岸,盡皆崩裂。
Qiū qī yuè, yǒu hóng xiàn wū yù táng, wǔ yuán shān’àn, jǐn jiē bēng liè.
En automne, il y eu un arc-en-ciel au-dessus du palais Yutang, et tout un côté de la montagne Wu-Yuan s’effondra.
種種不祥,非止一端。
Zhǒng zhǒng bù xiáng, fēi zhǐ yī duān.
Et il y eut bien d’autres nombreux sinistres.
帝下詔問群臣以災異之由,議郎蔡邕上疏,以為霓墮雞化,乃婦寺干政之所致,言頗切直。
Dì xià zhào wèn qún chén yǐ zāiyì zhī yóu, yì láng cài yōng shàng shū, yǐ wéi ní duò jī huà, nǎifù sì gān zhèng zhī suǒ zhì, yán pō qiè zhí.
L’empereur publia un édit demandant aux ministres d’analyser les causes de ces malédictions ; Tsai Yong démontra que l’arc en ciel et les changements de sexe des poulets étaient directement liés à l’ingérence dans les affaires intérieures des eunuques du palais.
帝覽奏嘆息,因起更衣。
Dì lǎn zòu tàn xí, yīn qǐ gēng yī.
L’empereur soupira, convaincu par la vérité des allégations.

 

曹節在後竊視,悉宣告左右,遂以他事陷邕於罪,放歸田里。
Cáo jié zài hòu qiè shì, xī xuān gào zuǒ yòu, suí yǐ tā shì xiàn yōng wū zuì, fàng guī tián lǐ.
Tsao Tsié présent, qui écoutait inquiet la démonstration, regarda les notes et les conclusions, et s’empressa d’en informer les eunuques du palais et trouver de quoi inculper en diffamant Tsai Yong et ainsi pouvoir l’écarter en l’exilant.
 後張讓、趙忠、封諝、段圭、曹節、侯覽、蹇碩、程曠、夏惲、郭勝十人朋比為奸,號為「十常侍」。
Hòu zhāng ràng, zhào zhōng, fēng xū, duàn guī, cáo jié, hóu lǎn, jiǎn shuò, chéng kuàng, xià yùn, guō shèng shí rén péng bǐ wéi jiān, hào wèi `shí cháng shì’.
Zhang Jang, Zhao Zhong, Feng Shu, Duan Gui, Tsao Djie, Hou Lan, Jian Shuo, Cheng Kuang, Xia Yun, Kuo Sheng sont les dix eunuques que l’on connait sous le nom des « Dix Préposés » et qui sont responsables de l’exil.

 

帝尊信張讓,呼為「阿父」。
Dì zūnxìn zhāng ràng, hū wèi `ā fù’.
L’un des dix, Zhang Yang, était respecté par l’empereur lui-même et qu’il considérait comme un « père » [父]
朝政日非,以致天下人心思亂,盜賊蜂起。
Cháozhèng rì fēi, yǐzhì tiānxià rénxīn sī luàn, dàozéi fēngqǐ.
De ces évènements date le chaos qui s’ensuivit et les soulèvements d’une multitude de voleurs.

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汉灵帝刘宏
156年(一说157年)-189年5月13日
Empereur Han Lingdi
an 157 – 13 mai 189

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 三国志演义
LES TROIS ROYAUMES

三国志演义 LES TROIS ROYAUMES 羅貫中 Luo Guanzhong 罗贯中- I-1


LUO GUANZHONG
罗贯中

[1320年-1400年]

Traduction JACKY LAVAUZELLE

 

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 三国志演义
I-1

三國志演義
三国志演义
LES TROIS ROYAUMES

Roman Chinois du XIVe siècle
Début dynastie MING
明朝 [
1368-1644]

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 三国志演义
Sān guó zhì yǎn yì
LES TROIS ROYAUMES

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話說天下大勢,分久必合,合久必分。
Huà shuō tiān xià dà shì, fēn jiǔ bì hé, hé jiǔ bì fēn.
Abordons le mouvement du monde : une longue période de division, une longue unification, suivie d’une nouvelle division. 
周末七國分爭,併入於秦。
Zhōu mò qī guó fèn zhēng, bìng rù wū qín.
A la fin de la dynastie Zhou [周朝 à partir du XIe siècle avant J.-C.],  les Sept Royaumes Combattants [战国 du Ve au IIIe siècle avant J.-C.] se déchirèrent avant l’unification de la dynastie des Qin [秦  221 à 206 av. J.-C].
及秦滅之後,楚、漢分爭,又併入於漢。
Jí qín miè zhī hòu, chu, hàn fēn zhēng, yòu bìng rù wū hàn.
Et après la dynastie Qin, les Zhou et les Han luttèrent à nouveau et l’unité fut retrouvée ensuite sous les Han.
漢朝自高祖斬白蛇而起義,一統天下。
Hàn cháo zì gāo zǔ zhǎn bái shé ér qǐ yì, yī tǒng tiān xià.
Depuis que Gaozu, le premier empereur Han,  coupa la tête du Serpent Blanc [白蛇 Bai Shé] et, se soulevant, domina le monde.

 


後來光武中興,傳至獻帝,遂分為三國。
Hòu lái guān gwǔ zhōng xìng, chuán zhì xiàn dì, suí fēn wéi sān guó.
Plus tard l’empereur Han Guang Wudi (光武帝 – restauration de la dynastie Han en l’an 25) restaura la dynastie, unification qui dura jusqu’à l’empereur Xiandi [漢獻帝,  汉献帝 – dernier empereur de la dynastie Han], avant une nouvelle division du pays se fit en Trois Royaumes[de 220 à 265 – Royaume de Wei, Cao Wei, 曹魏],

 


推其致亂之由,殆始於桓、靈二帝。
Tuī qí zhì luàn zhī yóu, dài shǐ wū huán, líng èr dì.
Pour trouver l’origine du chaos,  il faut remonter à l’empereur Huan (桓帝 132-168), et à l’empereur Han Lingdi  [ 汉灵帝 ,漢靈帝  156 – 189].
桓帝禁錮善類,崇信宦官。
Huán dì jìn gù shàn lèi, chóng xìn huàn guān.
L’empereur Huan réservait les hautes charges aux eunuques plutôt qu’aux honnêtes gens.
及桓帝崩,靈帝即位,大將軍竇武、太傅陳蕃,共相輔佐。
Jí huán dì bēng, líng dì jí wèi, dà jiàng jūn dòu wǔ, tài fu chén fān, gòng xiāng fǔ zuǒ.
Et au règne de Huan succéda le règne de l’empereur Lingdi accompagné grand général Dou Wu ( 竇武 mort en 168) et du précepteur Chen Fan.

 


時有宦官曹節等弄權,竇武、陳蕃謀誅之,作事不密,反為所害,中涓自此愈橫。
Shí yǒu huàn guān cáo jié děng nòng quán, dòu wǔ, chén fān móu zhū zhī, zuò shì bù mì, fǎn wéi suǒ hài, zhōng juān zì cǐ yù héng.
Alors les eunuques possédaient une grande influence, avec à leur tête Tchao Tsie, Chen Fan et Dou Wu tentèrent de s’y opposer.

 

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 三国志演义

 

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  BUKIT CINA MELAKA
La Montagne Chinoise
Le cimetière Chinois de Malacca

武吉支那

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Photos Jacky Lavauzelle
Textes cités de François-René de Chateaubriand (Génie du christianisme Chapitre III – Tombeaux modernes. — La Chine et la Turquie aux Editions Garnier Frères, 1828) et ensuite de Tcheng Kitong ou Chen Jitong  陳季同 [(1851-1907) Les Chinois peints par eux-mêmes – Le Culte des ancêtres aux Editions Calmann Levy, 1884]

***

« Les Chinois ont une coutume touchante : ils enterrent leurs proches dans leurs jardins. Il est assez doux d’entendre dans les bois la voix des ombres de ses pères et d’avoir toujours quelques souvenirs au désert. »
François-René de Chateaubriand

« Parmi les croyances qui tiennent le plus au cœur des Chinois il faut citer en première ligne celle qui se rattache au culte des ancêtres. C’est la base même de la vie morale en Chine.
Honorer les ancêtres, leur rendre un culte, est un devoir aussi important que celui de la prière chez les chrétiens. Il n’en existe pas de plus grand ni de plus populaire. »
LE CULTE DES ANCÊTRES par TCHENG KITONG – CHEN JITONG








« Chaque famille honore ses ancêtres. Leurs noms sont inscrits sur des tablettes qui portent en même temps la mention des services rendus par chacun d’eux et les titres qu’ils ont obtenus de leur vivant. Ces tablettes sont placées dans l’ordre de la filiation de manière à représenter une sorte d’arbre généalogique et, selon la fortune des familles, le monument des ancêtres peut recevoir les proportions magnifiques d’un temple, où réside éternellement, comme un feu sacré, l’âme de la famille. Ce temple est la demeure des ancêtres, et c’est là qu’à des dates fixes tous les membres de la famille se réunissent pour honorer ceux qui ne sont plus et donner à leur mémoire l’hommage de la reconnaissance. »
LE CULTE DES ANCÊTRES par TCHENG KITONG – CHEN JITONG

« Ce culte existe dans toute la Chine, dans les plus humbles comme dans les plus opulentes familles. Il constitue l’honneur même de la famille. »
LE CULTE DES ANCÊTRES par TCHENG KITONG – CHEN JITONG

« J’éprouve une certaine gêne à faire connaître ces mœurs et à en faire l’éloge dans la société européenne où elles sont absolument opposées à l’idée que l’on se fait des ancêtres ; et je dois m’excuser pour la hardiesse de notre opinion relative à la constitution de la famille qui est considérée comme formée et de ses membres vivants et des âmes de ceux qui sont morts. »
LE CULTE DES ANCÊTRES par TCHENG KITONG – CHEN JITONG

« La mort ne brise pas le pacte de l’amour dans la famille : elle le divinise en quelque sorte ; elle le rend sacré. Les morts ne sont pas oubliés. »
LE CULTE DES ANCÊTRES par TCHENG KITONG – CHEN JITONG

« L’oubli pour les morts c’est une loi en Occident. Peu y contredisent ; et à part les familles où par vanité, dit-on, il faudrait dire par un noble orgueil, on conserve la mémoire de ceux qui ont illustré le nom dans les grandes charges de l’État, on ne sait généralement rien des aïeux au-delà de trois générations. L’aïeul, c’est-à-dire, le père du grand-père est l’X de la famille ; et, quant aux grand’mères, la nuit qui les enveloppe est encore plus obscure. »
LE CULTE DES ANCÊTRES par TCHENG KITONG – CHEN JITONG








« J’ai entendu traiter ce sujet avec une désinvolture qui m’a intéressé : car c’est un côté vraiment intéressant de l’histoire de la civilisation moderne qui use tout, consume tout, ridiculise tout, j’allais dire, même ce qui est sacré ! c’est un reste de simplicité. »
LE CULTE DES ANCÊTRES par TCHENG KITONG – CHEN JITONG

« Les ancêtres s’appellent les vieux, et il faut ajouter à ce mot un sens qui n’est pas dans la grammaire. Pauvres vieux, en effet, moins chers que les tapisseries antiques qui décorent les escaliers somptueux des hôtels neufs ; dont le souvenir a moins de prix qu’un bahut moisi, ou que des faïences fêlées, et dont les noms à demi effacés sur les pierres tombales des cimetières ne sont reconnus par personne. Ils sont entrés dans le néant ! »
LE CULTE DES ANCÊTRES par TCHENG KITONG – CHEN JITONG

« J’ai visité les cimetières, ces villes des morts, tristes comme des lieux maudits. Les immortelles noircies par le temps jonchent les tombes anciennes qui ne connaissent plus les fleurs nouvelles. Ah ! J’exècre ces immortelles, ces fleurs sans parfum et sans fraîcheur, qui ne se fanent pas et qui symbolisent l’hypocrisie du souvenir. Elles dispensent de revenir ! Les roses, elles, ne vivent que l’espace d’un matin… »
LE CULTE DES ANCÊTRES par TCHENG KITONG – CHEN JITONG

« Nous portons nos morts dans les champs, sur les collines qui entourent les villes, aussi haut que nous le pouvons, plus près du ciel ; et les tombes que nous élevons à la mémoire de nos vieux y resteront indéfiniment, au milieu de la nature immortelle. Les morts dorment en paix ! »
LE CULTE DES ANCÊTRES par TCHENG KITONG – CHEN JITONG








« Cependant j’ai lu que les morts étaient honorés en Occident : oui, il est vrai, j’ai vu de somptueuses funérailles et des deuils superbes ; j’ai vu, le jour de la fête des Morts, la foule encombrer les cimetières ; mais qu’ils sont peu nombreux les vivants auprès de la grande foule des morts dont le souvenir n’a pas duré ! Le culte des morts va-t-il plus loin que le bout de l’an ? peut-être pas ! »
LE CULTE DES ANCÊTRES par TCHENG KITONG – CHEN JITONG

« Les cérémonies concernant le culte des ancêtres ont lieu, en Chine, chaque année au printemps et à l’automne. Ces cérémonies ont pour caractère particulier la reconnaissance et se font avec une grande solennité. Ces anniversaires sont l’occasion de réunions de famille et ont déjà cette heureuse influence qui a son bon côté. Dans les familles fortunées, le temple des ancêtres est assez vaste pour contenir des appartements où sont reçus les membres de la famille qui n’habitent pas la même ville. On y voit même des salles disposées pour servir d’école, et comme les temples sont généralement construits à la campagne, ils servent quelquefois, pendant l’été, de villas de plaisance. Dans les familles nombreuses, on s’y réunit souvent ; ainsi aux fêtes du mariage, et à l’époque des examens. »
LE CULTE DES ANCÊTRES par TCHENG KITONG – CHEN JITONG

« Toutes les joies de la famille se passent en famille, c’est-à-dire au milieu de ses ancêtres, et chez eux. Ce sont des absents qui ne sont pas oubliés.
Ces usages sont les mêmes dans toutes les provinces de la Chine. Dans chaque village, où presque tous les habitants sont parents, on voit des chapelles dédiées aux ancêtres. C’est notre clocher. »
LE CULTE DES ANCÊTRES par TCHENG KITONG – CHEN JITONG

« L’empereur honore le fonctionnaire qui a rempli avec dévouement et intelligence les hautes charges qui lui ont été confiées durant sa vie — non pas en lui élevant une statue — mais un temple où sa postérité célébrera le culte des ancêtres. Aux époques anniversaires, ces cérémonies se font non seulement en présence des membres de la famille, mais l’empereur y envoie des délégués qui le représentent. Ce temple porte en inscription le nom et les titres du fonctionnaire défunt et rappelle les services éminents qu’il a rendus à l’État. »
LE CULTE DES ANCÊTRES par TCHENG KITONG – CHEN JITONG

« Cet honneur ne s’accorde que rarement : c’est le bâton de maréchal de la famille. »
LE CULTE DES ANCÊTRES par TCHENG KITONG – CHEN JITONG

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Tcheng Kitong
Chen Jitong
陳季同
1851-1907


Photographié par Nadar

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Bukit Cina
Jalan Puteri Hang Li Poh, Bukit Cina
Melaka – Malacca

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  BUKIT CINA MELAKA
La Montagne Chinoise
Le cimetière Chinois de Malacca
ASJID SELAT MELAKA
武吉支那

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