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LA POESIE D’ALPHONSUS DE GUIMARAENS – A POESIA DE ALPHONSUS DE GUIMARAENS

La Poésie de Alphonsus de Guimaraens
A POESIA de Alphonsus de Guimaraens




Littérature Brésilienne
Literatura Brasileira

Alphonsus de Guimaraens
1823 – 1864
Alphonsus_de_Guimaraens_(facing_left)




 

A Poesia de Alphonsus de Guimaraens

LA POESIE d’Alphonsus de Guimaraens

Traduction

 

 

Traduction Jacky Lavauzelle

A Catedral
LA CATHEDRALE

Entre brumas ao longe surge a aurora,
Parmi la brume au loin surgit l’aurore,
O hialino orvalho aos poucos se evapora,
La rosée hyaline s’évapore lentement,

A Catedral A Poema de Alphonsus de Guimaraens Un poème d'Alphonsus de Guimaraens La Cathédrale Artgitato

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ISMÁLIA

Quando Ismália enlouqueceu,
Quand Ismalia devint folle,
Pôs-se na torre a sonhar…
Elle grimpa rêver en haut de la tour …

ISMÁLIA poeme d'Alphonsus de GuimaraensLa chute de l'ange Chagall Artgitato

****

SECONDE DOULEUR
Sete Dores de Nossa Senhora
Les Sept Douleurs de Notre-Dame
SEGUNDA DOR

José, filho de Reis, o Carpinteiro
Joseph, fils de rois, le Charpentier
 Descendente da Casa do Salmista,
Descendant de la Maison du Psalmiste,

SECONDE DOULEUR D'ALPHONSUS DE GUIMARAENS - Sete Dores de Nossa Senhora SEGUNDA DOR Artgitato Saint Joseph charpentier Georges de La Tour

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SONETO LXXV
SONNET LXXV

Como se moço e não bem velho eu fosse
 Quand j’étais jeune et pas encore très vieux
 Uma nova ilusão veio animar-me.
Une nouvelle illusion m’anima.

Sonnet LXXV Sonet LXXV poema poème d'alfonsus de guimaraens artgitato Miro

*****

SONNET – SONETO
ENCONTREI-TE

Encontrei-te. Era o mês… Que importa o mês? Agosto,
Je t’ai rencontrée. C’était le mois … Qu’importe le mois ? Août
Setembro, outubro, maio, abril, janeiro ou março,
Septembre, octobre, mai, avril, janvier ou mars,

Je t'ai rencontré Encontrei-te Soneto Sonnet d'Alphonsus de Guimaraens Artgitato Van Gogh Nuit Etoilée

LA CATHEDRALE Poème d’Alphonsus de Guimaraens A Catedral

La Poésie de Alphonsus de Guimaraens
Poema de Alphonsus de Guimaraens




Littérature Brésilienne
Literatura Brasileira

Alphonsus de Guimaraens
1823 – 1864
Alphonsus_de_Guimaraens_(facing_left)




A Catedral

um poema d’Alphonsus de Guimaraens

un poème d’Alphonsus de Guimaraens

LA CATHEDRALE

 

Traduction Jacky Lavauzelle

A Catedral A Poema de Alphonsus de Guimaraens Un poème d'Alphonsus de Guimaraens La Cathédrale Artgitato

 

Entre brumas ao longe surge a aurora,
Parmi la brume au loin surgit l’aurore,
O hialino orvalho aos poucos se evapora,
La rosée hyaline s’évapore lentement,
Agoniza o arrebol.
Agonise le dernier reflet.
A catedral ebúrnea do meu sonho
La cathédrale d’ivoire de mon rêve
Aparece na paz do céu risonho
Apparaît dans la paix du ciel radieux
  Toda branca de sol.
Toute blanche de soleil. 

E o sino canta em lúgubres responsos:
Et la cloche chante en répons lugubres:
 « Pobre Alphonsus! Pobre Alphonsus! »
«Pauvre Alphonsus ! Pauvre Alphonsus ! »  

O astro glorioso segue a eterna estrada.
L’étoile glorieuse suit la route éternelle.
Uma áurea seta lhe cintila em cada
Une flèche d’or scintille en chaque
Refulgente raio de luz.
Rayon de lumière éclatant.
A catedral ebúrnea do meu sonho,
La cathédrale d’ivoire de mon rêve,
Onde os meus olhos tão cansados ponho,
Où mes yeux si fatigués se posent,
Recebe a benção de Jesus.
Recevant la bénédiction de Jésus.

E o sino canta em lúgubres responsos:
Et la cloche chante en répons lugubres:
 « Pobre Alphonsus! Pobre Alphonsus! »
«Pauvre Alphonsus ! Pauvre Alphonsus ! »  

Por entre lírios e lilases desce
Parmi les lys, les lilas, descend
A tarde esquiva: amargurada prece
La journée qui s’esquive : en une prière amère
  Poe-se a luz a rezar.
La lumière se pose.
A catedral ebúrnea do meu sonho
La cathédrale d’ivoire de mon rêve
Aparece na paz do céu tristonho
Apparaît dans la paix du triste ciel
Toda branca de luar.
Toute blanche de lune. 

E o sino canta em lúgubres responsos:
Et la cloche chante en répons lugubres:
 « Pobre Alphonsus! Pobre Alphonsus! »
«Pauvre Alphonsus ! Pauvre Alphonsus ! »  

O céu é todo trevas: o vento uiva.
Le ciel est tout obscur : le vent hurle !
Do relâmpago a cabeleira ruiva
De la foudre, les cheveux rougeoyants
Vem acoitar o rosto meu.
Viennent me frapper le visage.
A catedral ebúrnea do meu sonho
La cathédrale d’ivoire de mon rêve
Afunda-se no caos do céu medonho
Se noie dans le chaos de ce ciel hideux
Como um astro que já morreu.
Comme une étoile déjà morte.  

E o sino canta em lúgubres responsos:
Et la cloche chante en répons lugubres:
 « Pobre Alphonsus! Pobre Alphonsus! »
«Pauvre Alphonsus ! Pauvre Alphonsus ! »  

um poema d’Alphonsus de Guimaraens
un poème d’Alphonsus de Guimaraens

SOUMISSION HOUELLEBECQ : EUROPE, ANNEE ZERO

Michel HOUELLEBECQ
CRITIQUE

SOUMISSION
2015

Soumission Michel Houellebecq Artgitato Jacky Lavauzelle

EUROPE,

ANNÉE ZERO

« L‘imagination est une bien belle chose ; elle permet de prêter aux gens des idées encore plus sottes que celles qu’ils ont eues sans doute. » Cette citation que l’on retrouve dans les Croquis Parisiens de Joris-Karl Huysmans éclaire tout-à-fait les énormités que l’on retrouve sur Houellebecq, dans la suite de « Madame Bovary, c’est moi ! » Du moins, auraient-ils de l’imagination. Mais, paraît-il, certains batraciens n’en seraient pas, non plus, totalement dépourvus. Nous les entendons clâmer que le livre va trop loin, eux qui n’ont rien vu arriver, ni le 11 septembre, ni les krachs boursiers, ni la chute du mur… Rien… « Les journalistes avaient une tendance bien naturelle à ignorer les informations qu’ils ne comprennent pas » souligne notre héros dans Soumission. C’est dire.

Il n’y a pas, pour autant, de fumées sans feu. Dans un de ses éditos dans Charlie Hebdo (n°913 du 16 décembre 2009), Bernard Maris rapporte les propos de Yazid Sebag, Commissaire à la Diversité et à l’Egalité des chances, qui « demande « d’accepter qu’elle (la France) est aussi un pays musulman« , qui se positionne « sur le refus d’une loi sur la burqa, et le regret à peine dissimulé de la loi sur le voile. » Et de poursuivre, Bernard Maris, pas Yazid Sebag, « mais qu’on sorte la religion des têtes ! Et le braillard des minarets, dans les pays musulmans, est là pour clouer la religion dans les têtes. »



Il n’y a pas de fumées sans feu, comme le souligne l’ensemble des médias : à Toulouse : « Les plus radicaux des islamistes peuvent se mêler aux musulmans modérés qui pratiquent leur culte à Toulouse, dans les quartiers d’Empalot, Bagatelle, les Izards. «Le quartier du Mirail est plutôt proche des Frères musulmans», estime Boris. Un islam réputé plutôt rigoriste. Chaque vendredi après-midi, le parking de Basso-Cambo se remplit. Les voitures débordent sur les ronds-points avoisinants. Des centaines de fidèles sont là pour la prière. » (La Dépêche du Midi, 24 septembre 2014). Le politologue Gilles Kepel, dans une enquête sur les jeunes de Montfermeil et Clichy-sous-Bois : » le grand récit fondateur de la France moderne selon lequel la nation était toujours capable d’intégrer a été mis à mal. La colère et l’islam se sont développés partout où la République a échoué.« …

C’est le paradoxe de ne nos peuples. Être arrivé à tant de libertés individuelles et risquer tout perdre aussitôt. « Oui, dit Cyprien dans En Ménage de Huysman, c’est amusant d’allumer des paradoxes, mais il est un moment où les feux de Bengale sont mouillés et ratent ! On ne rit plus alors. » Le voile s’est posé sur les caricatures, sur le rire, sur les femmes, sur la joie de vivre. Tout est devenu trop sérieux !

Mais revenons sur notre livre d’anticipation.

 Mais, avant la polémique, avant les thématiques politico-religieuses, nous sommes dans la littérature. Et, comme pour chaque livre de Houellebecq, il y a d’abord le plaisir. Le plaisir de la lecture fluide. Une lecture de notre époque, comme avec les grands naturalistes. Une lecture qui couvre les siècles en revenant sur cette fin du XIXe. Le curseur se grippe. Une histoire s’achève. Une tentative de comprendre en prenant le recul de l’histoire. De notre littérature. Une autre arrive. Une puissance à la Zola mêlant sciences, politiques, économie, philosophie et toute la prose de notre quotidien. Soumission est une somme. Un tractactus-thélogico-politico-philosophique. Un vrai Houellebecq en somme, avec ce qu’il faut d’érotisme et d’humour. Soumission est un plaisir et un coup de vent dans la nombreuse production soporifique, pléthorique et anesthésiée. Une œuvre qui respire. Un livre qui parle de nous. Enfin.

 Notre héros est un homme soumis. Apolitique, mais soumis. Il est d’abord soumis par les autres, soumis par son corps, soumis par son sexe. Il se soumettra enfin pour retrouver son siège à l’université Paris III en se soumettant au nouveau pouvoir politico-religieux en place en se convertissant à l’Islam, الإسلام, qui désigne une « soumission » volontaire, une allégeance à Dieu.



Il trouve sa vie peu intéressante, « j’aimais prendre le métro un peu avant sept heures, me donner l’illusion fugitive d’appartenir à la ‘France qui se lève tôt… » Plus d’une fois, il voudrait crier, « cette vie est intolérable ! » comme Folantin dans A Vau-l’eau.

 » Le monde qui pendant des siècles avait été en jeu, est devenu une caricature. » (André François)  Mais le jeu est fini. La France aussi. L’Europe se transforme et une mutation s’amorce, la Belgique, des « nouvelles coalitions » en Angleterre, en Allemagne … Le temps des caricatures aussi est fini. Le temps du droit au blasphème aussi…




La grande Europe sera faite, mais dans une autre direction. Plus au sud. Mohammed Ben Abbes s’en occupe. Seuls les pseudos intellectuels parisiens s’en étonnent, n’ayant rien vu venir, pensant si fort que l’Europe c’est la France + l’Allemagne, que la France c’est Paris, et que Paris c’est eux, encore étonnés de la fulgurance des événements, s’associant, en trainant en peu les pieds, afin de s’associer à la Fraternité Musulmane, faisant reculer toutes les idées de laïcités, de liberté, et d’égalité, du droit des femmes plusieurs siècles en arrière. Toutes ces valeurs effacées en une élection. « La contemplation du cul des femmes, minime consolation rêveuse, était elle aussi devenue impossible. »



 En effet, ce nouveau siècle qui débute voit ressurgir des débats sur la religion que connurent nos aînés, fin XIXe, début XXe avec le catholicisme, la place de l’église, la laïcité. A cette époque Charlie Hebdo n’existait pas. Nous avions l’Assiette au beurre, cent fois plus violente et assassine envers les catholiques, le Grelot, le Chambard, le Libertaire ou La Voix du peuple. Rien que çaLe personnage de Houellebecq n’était pas encore converti à l’Islam que Huysmans faisait le pas et entrait en religion Catholique.

Le sujet est digne d’intérêt. Plus que cela, il est pour tout homme, le problème essentiel, celui de nos valeurs. 

Notre héros suit le parcours huysmanien : Marthe, histoire d’une fille (1876) écrit avec du panache et de l’audace correspond à sa thèse sur Huysmans lui-même. Les Croquis parisiens (1880), En ménage (1881), A Vau-l’eau (1882), A Rebours (1884) correspond à sa vie parisienne comme professeur universitaire. La nouvelle Sac à dos dépeint sa vie solitaire et ennuyeuse.  Suivra En Rade, cette évasion qui, pour notre héros, correspond à la fuite vers le Lot, la ville de Martel et le site de Rocamadour. Suivront La Cathédrale (1903) et les Routes de Lourdes (1906), la conversion et l’aboutissement.

Tim disait « un portrait n’est bon que s’il contient une pincée de caricature. Une caricature n’est bonne que si elle contient une pincée de tendresse. » C’est ce que Houellebecq apporte avec cette âme humaine pantelante, presque sans histoires, chancelante dans une existence terne et morne. Apolitique, notre héros suivra le vent de l’histoire. La mort, pensée un instant fait place à la soumission, une autre soumission.



Le vert de l’Islam habille enfin les couleurs de l’Europe aux rythmes des conversions qui s’accélèrent. Nous revoyons Jacques, dans En Rade de Huysmans : « Jacques avançait lentement, écartant les arbustes, enjambant les touffes ; bientôt la route devint impraticable ; des branches basses de pins barraient le sentier, couraient en se retroussant par terre, tuant toute végétation sous elles, semant le sol de milliers d’épingles brunes, tandis que de vieux sarments de vignes sautaient d’un bord de l’allée à l’autre dans le vide et, s’accrochant aux fûts des pins, grimpaient autour d’eux en serpentant jusqu’aux cimes et agitaient tout en haut, dans le ciel, de triomphales grappes de raisin vert. »

Jacky Lavauzelle

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SOUMISSION HOUELLEBECQ