18 avril 1842 – Ponta Delgada (Les Açores)- 11 septembre 1891 Ponta Delgada 18 de abril de 1842 – Ponta Delgada, 11 de setembro de 1891
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Traduction Jacky Lavauzelle
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BEATRIZ _______________________________________
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Bandeirante a sonhar com pedrarias Bandeirante* rêvant de pierres, Com tesouros e minas fabulosas, De trésors et de mines fabuleuses, Do amor entrei, por ínvias e sombrias Par amour, je suis entré à travers les sombres Estradas, as florestas tenebrosas. Routes, et les forêts ténébreuses.
[* aventurier]
* Tive sonhos de louco, à Fernão Dias… J’ai fait des rêves fous, ô Fernão Dias Pais … Vi tesouros sem conta: entre as umbrosas J’ai vu d’innombrables trésors : dans d’épaisses Selvas, o outro encontrei, e o ônix, e as frias Jungles, où j’ai trouvé entre autres l’onyx, les froides Turquesas, e esmeraldas luminosas… Turquoise et les lumineuses émeraudes … * E por eles passei. Vivi sete anos Et je les ai parcourus. J’ai vécu sept ans Na floresta sem fim. Senti ressábios Dans ces forêts sans fin. J’ai ressenti des moments De amarguras, de dor, de desenganos. D’amertume, de douleur, de déceptions. * Mas voltei, afinal, vencendo escolhos, Mais je suis revenu, après tout, surmontant les obstacles, Com o rubi palpitante dos seus lábios Avec le rubis lancinant de tes lèvres E os dois grandes topázios dos seus olhos! Et les deux grandes topazes de tes yeux !
Béatrice , fille de la reine Éléonore Teles de Menezes, mariée au roi Jean Ier de Castille (1358-1390)
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« Beatriz era a filha, que casada « Beatrice était sa fille, mariée Co’o Castelhano está, que o Reino pede, Avec le Castillan, qui, au Royaume du Portugal, prétendait,…
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OS LUSIADAS CANTO IV
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Vasco de Gama par Gregorio Lopes
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LA MORT DU VETERAN CAMOES
Et puis, pour qu’un royaume ait des gens de lettres, il lui faut de l’argent pour les pensionner. Le Portugal, qui épuisait son épargne en flottes, en armées, en constructions de citadelles, ne pouvait avoir dans son budget un chapitre d’encouragemens aux lettres et aux arts. Bientôt même l’état ruiné par ses conquêtes, obéré par la victoire, n’eut plus de quoi suffire aux besoins de ses armées : il finit par ne pouvoir plus nourrir ceux qui l’avaient servi. Camoens mourut à l’hôpital, ou à-peu-près ; mais ce ne fut pas comme poète ; ce ne fut pas comme Gilbert et Maifilâtre à côté d’autres écrivains largement rentes: ce fut comme un vétéran dont la solde manque, ou dont la pension de retraite est suspendue.il mourut comme beaucoup de ses compagnons d’armes, comme mouraient les vice-rois eux-mêmes, qui n’avaient pas toujours (témoin dom Joâo de Castro) de quoi acheter une pouie dans leur dernière maladie. … « Qu’y a-t-il de plus déplorable que de voir un si grand génie si mal récompensé ? Je l’ai vu mourir dans un hôpital de Lisbonne, sans avoir un drap pour se couvrir, lui qui avait si bravement combattu dans l’Inde orientale et qui avait fait cinq mille cinq cents lieues en mer. Grande leçon pour ceux qui se fatiguent à travailler nuit et jour et aussi vainement que l’araignée qui ourdit sa toile pour y prendre des mouches. » Il peut résulter de cette apostille que José Indio a vu Camoens à l’hôpital, sans qu’il faille prendre à la lettre les mots je l’ai vu mourir. Ce fut dans ces circonstances que le désastre d’AIkacer Kébir (4 août 1578) frappa de mort le Portugal. Il restait encore à Camoens une larme pour sa patrie : Ah ! s’écria-t-il, du moins je meurs avec elle ! Il répéta la même pensée dans la dernière lettre qu’il ait écrite. « Enfin, disait-il, je vais sortir de la vie, et il sera manifeste à tous que j’ai tant aimé ma patrie, que non-seulement je me trouve heureux de mourir dans son sein, mais encore de mourir avec elle. » Il ne survécut que peu de mois à ce désastre, et mourut au commencement de 1579, à l’âge de cinquante-cinq ans. Il fut enterré très pauvrement dans l’église de Santa Anna, dit Pedro de Mariz, à gauche en entrant et sans que rien indiquât sa sépulture. Ses malheurs firent une impression si profonde, que personne ne voulut plus occuper la maison qu’il avait habitée. Elle est restée vide depuis sa mort. Les prévisions de Camoens ne tardèrent pas à s’accomplir. Le Portugal, ce royaume né d’une victoire et mort dans une défaite, tomba bientôt sous le joug de Philippe IL Ce monarque visitant ses nouvelles provinces, s’informa du poète, et, en apprenant qu’il n’existait plus, il témoigna un vif regret….
Charles Magnin Luiz de Camoëns Revue des Deux Mondes Période Initiale, tome 6