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LA DIVINE COMEDIE – Divina Commedia
Traduction – Texte Bilingue
LITTERATURE ITALIENNE
Letteratura Italiana
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DANTE ALIGHIERI
Firenze 1265 Florence – Ravenna 1321 Ravenne
Portrait de Dante de la Chapelle du Palais de Bargello Florence
Cappella del Podestà Firenze
attribué à Giotto di Bondone
Il ritratto di Dante in un’elaborazione grafica
Détail
& Representación artística del purgatorio
Représentation artistique du purgatoire
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Traduction Traduzione Jacky Lavauzelle
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DANTE ALIGHIERI
LA DIVINE COMEDIE
Divina Commedia
1303 – 1321
LE PURGATOIRE
PURGATORIO
CANTO 1
CHANT 1
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Per correr miglior acque alza le vele
A la recherche de meilleures eaux, elle hisse les voiles
omai la navicella del mio ingegno,
désormais de la nacelle de mon génie,
che lascia dietro a sé mar sì crudele;
laissant derrière lui une mer si cruelle ;
e canterò di quel secondo regno
et je chanterai ce second royaume
dove l’umano spirito si purga
d’où l’esprit humain se purifie
e di salire al ciel diventa degno.
et monte au ciel plus dignement.
Ma qui la morta poesì resurga,
Mais ici resurgit la poésie morte,
o sante Muse, poi che vostro sono;
ô saintes Muses, car je suis à vous ;
e qui Calïopè alquanto surga,
et que la belle voix Calliope s’entend légèrement,
seguitando il mio canto con quel suono
suivant mon chant avec cet air
di cui le Piche misere sentiro
dont les neuf Pies misérables de Piéros sentirent
lo colpo tal, che disperar perdono.
tant le coup, qu’elles désespérèrent d’être pardonnées.
Dolce color d’orïental zaffiro,
Douce couleur d’oriental saphir
che s’accoglieva nel sereno aspetto
qui s’accueillait dans une apparence sereine
del mezzo, puro infino al primo giro,
de l’air, pur jusqu’au premier tour,
a li occhi miei ricominciò diletto,
à mes yeux recommencera le plaisir,
tosto ch’io usci’ fuor de l’aura morta
dès que je m’extirpai de l’air mort
che m’avea contristati li occhi e ’l petto.
qui m’avait noirci et mes yeux et mon cœur.
Lo bel pianeto che d’amar conforta
La belle planète qui d’aimer réconforte
faceva tutto rider l’orïente,
rendait joyeux la totalité de l’orient,
velando i Pesci ch’erano in sua scorta.
voilant la constellation des Poissons dans son escorte.
I’ mi volsi a man destra, e puosi mente
Je me suis tourné vers la droite, et j’ai fixé mon esprit
a l’altro polo, e vidi quattro stelle
sur l’autre pôle, et je vis quatre étoiles
non viste mai fuor ch’a la prima gente.
jamais vues sauf des premiers regards d’Adam et d’Eve.
Goder pareva ’l ciel di lor fiammelle:
Le ciel de leurs flammes semblait se complaire :
oh settentrïonal vedovo sito,
oh site veuf septentrional,
poi che privato se’ di mirar quelle!
puisque de les admirer tu ne peux !
Com’io da loro sguardo fui partito,
Comme je les quittai du regard,
un poco me volgendo a l’altro polo,
vers l’autre pôle me tournant légèrement,
là onde ’l Carro già era sparito,
là où le chariot de la Grande Ourse avait disparu,
vidi presso di me un veglio solo,
je vis à côté de moi un vieillard seul,
degno di tanta reverenza in vista,
digne de tant de respect dans son regard,
che più non dee a padre alcun figliuolo.
qu’aucun fils ne peut en donner plus à son père.
Lunga la barba e di pel bianco mista
Sa longue barbe légèrement blanchie
portava, a’ suoi capelli simigliante,
portait, comme pour ses cheveux,
de’ quai cadeva al petto doppia lista.
une double vague qui tombait sur sa poitrine.
Li raggi de le quattro luci sante
Les rayons des quatre saintes lumières
fregiavan sì la sua faccia di lume,
ornaient tant son visage de lumière,
ch’i’ ’l vedea come ’l sol fosse davante.
que je le voyais comme s’il faisait face au soleil.
« Chi siete voi che contro al cieco fiume
« Qui êtes-vous, en affrontant l’aveugle rivière
fuggita avete la pregione etterna? »,
avez fui l’éternel cachot ? »
diss’el, movendo quelle oneste piume.
dit-il, en ajustant ces vénérables plumes.
« Chi v’ ha guidati, o che vi fu lucerna,
« Qui vous a donc guidé, qui vous a éclairé de sa lampe,
uscendo fuor de la profonda notte
pour vous extirper de la profonde nuit
che sempre nera fa la valle inferna?
de ce noir qui toujours recouvre la vallée infernale ?
Son le leggi d’abisso così rotte?
Les lois de l’abîme sont-elles brisées ?
o è mutato in ciel novo consiglio,
Ou un nouveau règlement existe-t-il dans le ciel,
che, dannati, venite a le mie grotte? ».
Que, damnés, vous arriviez ainsi à mes grottes ? ».
Lo duca mio allor mi diè di piglio,
Mon guide me saisit alors,
e con parole e con mani e con cenni
Et avec ses paroles, ses mains et ses gestes
reverenti mi fé le gambe e ’l ciglio.
de ma tête à mes genoux me rendit révérencieux.
Poscia rispuose lui: « Da me non venni:
Puis il répondit : « De moi-même, je ne suis pas venu :
donna scese del ciel, per li cui prieghi
une dame [Béatrice] est venue du ciel, m’a supplié
de la mia compagnia costui sovvenni.
de l’aider par ma compagnie.
Ma da ch’è tuo voler che più si spieghi
Mais comme tu veux comprendre
di nostra condizion com’ell’è vera,
notre condition, ce qu’elle est vraiment,
esser non puote il mio che a te si nieghi.
je ne serais te le refuser.
Questi non vide mai l’ultima sera;
Celui-là n’a jamais vu sa nuit dernière ;
ma per la sua follia le fu sì presso,
Mais par sa folie en était si proche,
che molto poco tempo a volger era.
et très peu de temps lui restait.
Sì com’io dissi, fui mandato ad esso
Oui comme je le disais, j’ai été envoyé
per lui campare; e non lì era altra via
afin de le sauver, et il n’y avait pas d’autres chemins
che questa per la quale i’ mi son messo.
que celui dans lequel je me suis engagé.
Mostrata ho lui tutta la gente ria;
Je lui ai montré toute la perdition humaine ;
e ora intendo mostrar quelli spirti
et maintenant j’ai l’intention de montrer les esprits
che purgan sé sotto la tua balìa.
Qui se purifie sous ta tutelle.
Com’io l’ ho tratto, saria lungo a dirti;
Comme je l’ai porté serait long à raconter ;
de l’alto scende virtù che m’aiuta
une vertu des hauteurs descend qui m’aide
conducerlo a vederti e a udirti.
A le conduire à te voir et à t’entendre.
Or ti piaccia gradir la sua venuta:
Que tu veuilles accepter sa venue :
libertà va cercando, ch’è sì cara,
quêtant la liberté, qui lui est si chère,
come sa chi per lei vita rifiuta.
comme sait qui [Caton] refusa la vie pour elle.
Tu ’l sai, ché non ti fu per lei amara
Tu le sais, car elle ne fut pas amère
in Utica la morte, ove lasciasti
ta mort à Utique, où tu quittas
la vesta ch’al gran dì sarà sì chiara.
la veste qui sera brillante au grand jour.
Non son li editti etterni per noi guasti,
Nous ne nous sommes pas détournés des édits éternels,
ché questi vive e Minòs me non lega;
Depuis celui-ci vit, et Minos, le juge aux enfers, ne me lie pas ;
ma son del cerchio ove son li occhi casti
Mais je suis de ce cercle où se trouvent les yeux chastes.
di Marzia tua, che ’n vista ancor ti priega,
de ta conjointe Marcia, qui te regarde encore suppliante,
o santo petto, che per tua la tegni:
o sainte poitrine, pour qu’elle soit tienne :
per lo suo amore adunque a noi ti piega.
pour son amour, laisse-toi succomber.
Lasciane andar per li tuoi sette regni;
Laisse-nous pénétrer dans tes sept royaumes ;
grazie riporterò di te a lei,
je demanderai grâce de toi à elle,
se d’esser mentovato là giù degni ».
s’il te sied d’être mentionné là-bas ».
« Marzïa piacque tanto a li occhi miei
« Marcia si heureuse à mes yeux
mentre ch’i’ fu’ di là », diss’elli allora,
Alors que j’étais sur terre», dit-il,
che quante grazie volse da me, fei.
Que tout ce qu’elle voulait je le lui fis.
Or che di là dal mal fiume dimora,
Au-delà de la rivière du mal,
più muover non mi può, per quella legge
elle ne peut plus me toucher, par cette loi
forums.che fatta fu quando me n’usci’ fora.
qui a été faite quand de là-bas je suis sorti.
Ma se donna del ciel ti move e regge,
Mais si dame du ciel te meut et te régit,
come tu di’, non c’è mestier lusinghe:
Comme tu dis, la flatterie n’a pas sa place :
bastisi ben che per lei mi richegge.
il suffit que pour elle tu me pries.
Va dunque, e fa che tu costui ricinghe
Va donc, et tu devras le ceindre
d’un giunco schietto e che li lavi ’l viso,
d’un doux jonc, et lui laver le visage,
sì ch’ogne sucidume quindi stinghe;
pour que partent les stigmates ;
ché non si converria, l’occhio sorpriso
il ne conviendrait pas, l’œil surpris
d’alcuna nebbia, andar dinanzi al primo
par quelques nuées, de se trouver au premier
ministro, ch’è di quei di paradiso.
ministère, de ceux du Paradis.
Questa isoletta intorno ad imo ad imo,
Le rivage de cette îlette,
là giù colà dove la batte l’onda,
là où l’onde bat,
porta di giunchi sovra ’l molle limo:
donne des joncs sur sa vase molle :
null’altra pianta che facesse fronda
Aucune autre plante portant frondaison
o indurasse, vi puote aver vita,
ou branchage, ne peut y vivre,
però ch’a le percosse non seconda.
ne pouvant y supporter les chocs.
Poscia non sia di qua vostra reddita;
Par la suite ne faites pas retour ici ;
lo sol vi mosterrà, che surge omai,
Le soleil vous montrera, qui maintenant se lève,
prendere il monte a più lieve salita ».
l’ascension la plus facile de la montagne ».
Così sparì; e io sù mi levai
Il disparu ; Je me suis levé
sanza parlare, e tutto mi ritrassi
Sans un mot, et je me suis rapproché
al duca mio, e li occhi a lui drizzai.
de mon guide et j’ai levé les yeux vers lui.
El cominciò: « Figliuol, segui i miei passi:
Et il commença: « Mon fils, suis mes pas :
volgianci in dietro, ché di qua dichina
Revenons sur nos pas, vois comme elle s’abaisse
questa pianura a’ suoi termini bassi ».
cette plaine sur sa partie inférieure ».
L’alba vinceva l’ora mattutina
L’aube gagnait l’heure matinale
che fuggia innanzi, sì che di lontano
qui fuyait, de sorte que de loin
conobbi il tremolar de la marina.
je reconnus le tremblement de la mer.
Noi andavam per lo solingo piano
Nous marchions dans la plaine solitaire
com’om che torna a la perduta strada,
comme celui qui retrouve la route perdue
che ’nfino ad essa li pare ire in vano.
et qui continue en vain.
Quando noi fummo là ’ve la rugiada
Quand nous nous trouvâmes là où la rosée
pugna col sole, per essere in parte
lutte avec le soleil, pour être en partie
dove, ad orezza, poco si dirada,
là où l’ombre tombe, qui peu à peu s’évapore,
ambo le mani in su l’erbetta sparte
ses deux mains sur l’herbe
soavemente ’l mio maestro pose:
doucement mon maître posa :
ond’io, che fui accorto di sua arte,
en comprenant la signification,
porsi ver’ lui le guance lagrimose;
je dirigeai vers lui mes joues pleines de larmes ;
ivi mi fece tutto discoverto
il me fit découvrir
quel color che l’inferno mi nascose.
cette couleur que l’enfer m’avait cachée.
Venimmo poi in sul lito diserto,
Puis arrivâmes sur le rivage désert,
che mai non vide navicar sue acque
qui n’a jamais encore vu naviguer sur ses eaux
omo, che di tornar sia poscia esperto.
aucun homme qui ne put revenir sur terre.
Quivi mi cinse sì com’altrui piacque:
Là, il me serra comme le souhaitait Caton :
oh maraviglia! ché qual elli scelse
ô merveille ! comme il choisit
l’umile pianta, cotal si rinacque
l’humble plante, et telle elle renaquit,
subitamente là onde l’avelse.
subitement là où il venait de la cueillir.
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