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GUIMET TANG -亚洲艺术国家博物馆 – VIIIe siècle – JOUEUSES DE POLO

JOUEUSES DE POLO
   Guimet Tang
Dynastie Tang
   


Musée national des arts asiatiques – Guimet
National Museum of Asian Arts – Guimet
亚洲艺术国家博物馆 – 集美
Guimet Tang

 

——

Musée Guimet Paris Artgitato

Photos Artgitato
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 Musée Guimet Paris Artgitato La Chaussée des géants Angkor


 Guimet Tang
Musée national des arts asiatiques – Guimet
National Museum of Asian Arts
亚洲艺术国家博物馆 – 集美
Национальный музей восточных искусств – Гиме




 GUIMET TANG
TREIZIEME DYNASTIE
吉梅博物馆巴黎
музей Гиме Париж
Musée Guimet Dynastie Tang

***********

GUIMET TANG
唐代艺术
CHINE DYNASTIE TANG
唐朝
618-690 & 705-907

Chine du Nord
中国北方
Joueuses de Polo
1ère moitié du VIIIe siècle
公元八世纪
Terre cuite rouge engobe – Polychromie

GUIMET TANG

Joueuses de Polo Musée Guimet Paris Art Tang Artgitato 0

Guimet TangJoueuses de Polo Musée Guimet Paris Art Tang Artgitato 7 Joueuses de Polo Musée Guimet Paris Art Tang Artgitato 6

Guimet Tang

Joueuses de Polo Musée Guimet Paris Art Tang Artgitato 5 Joueuses de Polo Musée Guimet Paris Art Tang Artgitato 4

Guimet Tang

Joueuses de Polo Musée Guimet Paris Art Tang Artgitato 3 Joueuses de Polo Musée Guimet Paris Art Tang Artgitato 2

Guimet Tang

Joueuses de Polo Musée Guimet Paris Art Tang Artgitato 1 Joueuses de Polo Musée Guimet Paris Art Tang Artgitato

 

 

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FIN DU VIIe siècle
IMPERATRICE WU
[Ou-Heou 684-705]
UN REGNE CRUEL DE VINGT-ET-UN ANS

Cette princesse, aussi artificieuse qu’elle était cruelle, voulut se maintenir dans toute l’autorité que le défunt empereur avait eu la lâcheté de lui confier. Pour y réussir, elle chassa son fils, qui avait été déclaré héritier de la couronne, et lui donna une petite souveraineté dans la province de Hou quang. Elle mit à sa place son troisième fils, qui était fort jeune, et qui n’eut que le titre d’empereur. Elle commença d’abord par se défaire de tous ceux qu’elle soupçonnait de n’être pas dans ses intérêts, et dans un seul jour elle fit mourir quantité de seigneurs des premières familles de l’empire.
L’année quinzième de ce règne, il s’éleva une persécution contre la religion chrétienne, qui dura environ quinze ans. La même année le colao nommé Tié, eut le courage de presser vivement la reine en faveur de son fils, qui avait été nommé héritier de la couronne par Kao tsong, et qu’elle avait exilé depuis quatorze ans. La raison qu’il apporta, c’est qu’il était inouï qu’on mît dans la salle des ancêtres, un nom qui ne serait pas de la famille, et que les descendants ne voudraient jamais le reconnaître.
On rappela donc ce prince de son exil, et il demeura pendant sept ans dans le palais oriental jusqu’à la mort de Vou heou, qu’il monta sur le trône. C’est ce qui arriva l’année quarante-unième du cycle, que mourut cette princesse, âgée de quatre-vingt-un ans.

Jean-Baptiste Du Halde
Description de la Chine
Scheuerleer, 1736
Tome Premier, pp. 392-411
Treizième Dynastie : Tang

****
Tang Xuanzong
唐玄宗
685 – 762
règne de 712 à 756
Un des plus longs règnes
Enterré au mausolée de Tai
泰山
Empereur Tang Minghuang Tang Xuanzong

HIUEN TSONG. Sixième empereur.
A régné quarante-quatre ans.

Le beau naturel de ce prince, sa retenue, sa rare modération, et son zèle pour le bien public, donnèrent d’abord une grande idée du bonheur qu’on espérait goûter sous son règne. Il devint le restaurateur de sa famille, qui était sur le penchant de sa ruine. Mais il fit une faute presque irréparable, en confiant à un des eunuques nommé Kao lie se la charge de maître du palais. Sans doute qu’il ne prévoyait pas les malheurs que la puissance des eunuques attirerait un jour à sa personne et à ses successeurs. La loi chrétienne commença à respirer, et à devenir florissante sous le règne de ce prince, et sous les trois empereurs qui lui succédèrent.
Cycle LII. Année de J. C. 724.
Hiuen tsong regardait le luxe comme la perte des bonnes mœurs, et il lui déclara une guerre ouverte. Il porta un édit, qui interdisait la pêche des perles. Un jour il se fit apporter tous les vases d’or et d’argent, avec tous les habits brodés d’or, et les fit brûler devant la porte de son palais, afin de réprimer par son exemple la cupidité de ses peuples, qui se ruinaient par les inutiles dépenses qu’ils faisaient en des somptuosités superflues.
Il établit dans son palais un collège, composé des quarante plus habiles docteurs de l’empire, qui s’appelle encore aujourd’hui Han lin yuen. C’est ce corps qui fournit les historiographes, les visiteurs des provinces, les gouverneurs, les vicerois etc. Il fit chercher de tous côtés les anciens livres qui traitaient de la science militaire, et il en fit composer de nouveaux pour l’instruction des gens de guerre. Il visita un jour la maison où est né Confucius, et il honora ce grand homme du titre de roi de la littérature.
Il eût été à souhaiter que ce prince eût eu plus de déférence pour les conseils que Yuen tchao son premier ministre lui donna. Dans un mémorial qu’il lui présenta, il lui conseillait entr’autres choses de ne confier aucune charge publique aux eunuques, de ne point donner d’autorité à ses parents, d’abolir les sectes idolâtriques de Fo et de Tao, etc. De si sages avis ne furent point écoutés.
Ce fut cet empereur, qui le premier honora du titre de petit roi ou de souverain, les généraux de ses armées, qui s’étaient le plus distingués, ou qui avaient rendu de plus grands services à l’État, quoiqu’ils ne fussent pas du sang impérial. En visitant son empire, il le partagea en quinze provinces.
Il avait fait placer dans son palais avec beaucoup de pompe, la statue de Lao kiun, auteur d’une des sectes qui se trouvent à la Chine. Les disciples de ce sectaire, de même que les bonzes, avaient accoutumé de brûler aux obsèques, des étoffes de soie, et des lingots d’argent. L’empereur, de l’avis de son frère, nommé Van yu, changea cette coutume, et ordonna que désormais on ne brûlerait que des étoffes ou des habits faits de papier. C’est ce qui est encore en usage parmi les bonzes.
Il y avait près de trente ans que l’empire jouissait d’une paix profonde : mais elle fut enfin troublée par de nouvelles révoltes, et l’armée impériale fut entièrement défaite avec perte de soixante-dix mille hommes. Tout cela se passait à l’insu de l’empereur, parce que toutes les avenues du trône étaient fermées par les eunuques.
Le chef des révoltés était un prince étranger nommé Ngan lo chan, que l’empereur, malgré l’opposition de ses ministres, avait élevé aux premières charges, et à qui il avait même confié le commandement de ses troupes. Ce perfide, enhardi par ses succès, et devenu le maître d’une grande partie du nord, eut l’insolence de prendre le titre d’empereur.
Le dedans du palais n’était guère plus tranquille : l’empereur répudia sa femme, fit mourir trois de ses enfants sans beaucoup de sujet, et épousa sa belle-fille.
Un malheur en attire souvent un autre : les pertes qu’on venait de faire, encouragèrent une foule de brigands qui se rassemblèrent, et qui ayant attaqué l’armée impériale, la défirent et tuèrent quarante mille hommes. L’empereur fut contraint de prendre la fuite, et de se retirer dans la province de Se tchuen.

Jean-Baptiste Du Halde
Description de la Chine
Scheuerleer, 1736
Tome Premier, pp. 392-411
Treizième Dynastie : Tang

*******

LA DYNASTIE TANG
PAR ELISEE RECLUS

« Les Tang régnèrent de 619 à 906; leur plus illustre représentant fut Taï-Tsang, 627−650, qui recula les limites de l’empire jusqu’à la Caspienne et aux solitudes glacées du Nord, conquit la Corée et menaça l’Inde. De 907 à 960, cinq dynasties se succédèrent au milieu de bouleversements auxquels se mêlèrent les Khitan de la Terre des herbes ; puis la régularité des successions fut rétablie par les Sung, 960−1280, restreints, depuis 1127, aux provinces méridionales de la Chine. »

Élisée Reclus
L’Homme et la Terre
Librairie universelle, 1905
Tome quatrième – pp. 161-212
Livre Troisième
TURCS, TARTARES, MONGOLS ET CHINOIS
NOTICE HISTORIQUE

**********************
Guimet Tang

**********************

LE MUSEE GUIMET EN 1894

« Il m’a été donné de parcourir plusieurs fois au musée Guimet les salles silencieuses où s’entassèrent les trésors de l’Inde, de la Chine et du Japon afin de commémorer en plein Paris les légendes du plus grand d’entre les hommes, de celui qui, autant que le Christ, illumina Tolstoï, et qui triomphe aujourd’hui dans les âmes intellectuelles et curieuses autant peut-être qu’a Bénarès, il y a plus de deux mille ans. La raison de cette victoire du Bouddhisme au fond de nos intelligences blasées de notre époque, M. Guimet l’a découverte, je crois, en nous racontant dans ses Promenades Japonaises ce que lui avoua un vieux prêtre de là-bas : « Le Bouddhisme accepte dans les autres croyances tout ce qui est grand, moral et bon, car le bien est toujours inspiré par le sacré cœur de Bouddha. Nous trouvons souvent chez les autres plus de vérités que nous n’en apportons, mais tout ce qui est bien émane du sacré cœur de Bouddha, » — salutaire tolérance, qu’ignorèrent toujours les sectes despotiques d’Occident.
J’ai visité d’abord M. de Milloué, le conservateur du musée Guimet, rue Mazarine, dans son logis tranquille et laborieux.
— Mon Dieu, m’a-t-il avoué, je ne crois pas beaucoup au sérieux des bouddhistes parisiens. Je crois au bouddhisme qui nous vient des terres autochtones ; en ce moment, nous avons la chance inespérée de posséder chez nous un des plus remarquables pontifes de cette religion, M. Horiou-Toki, bouddhiste ésotérique. Vous l’avez vu officier au musée Guimet. Qu’il fut supérieure en gravité et en science aux deux autres prêtres qui le précédèrent, de cette secte Sin-Siou, qu’un prince de la famille impériale déforma, selon ses goûts, en supprimant l’abstinence de la viande et le célibat ! M. Horiou-Toki, qui nous arrive du Congrès de Chicago, travaille pour le musée Guimet à l’explication dos quatre cents gestes, « ésotériques », c’est-à-dire inexpliqués pour les profanes, gestes qu’il accomplit pendant son office sous cette sorte de chasuble qui le voile. Je ne veux vous parler que d’un seul. Grâce à ce geste invisible, le Bouddha descend dans son prêtre. De même que l’hostie, aux paroles du sacrificateur catholique, devient le corps de Jésus-Christ, — à cette prière muette, le prêtre bouddhique devient une sorte de dieu, et il peut, par sa volonté ardente, faire communier tous les assistants à sa divinité… Bien plus, les vrais croyants aperçoivent, à ce moment, sur le front de l’officiant, cinq flammes de couleurs différentes qui sont son âme délivrée… »

Jules Bois
Les Petites Religions de Paris
Léon Chailley, 1894 -pp. 45-57
I -LE BOUDDHISME ORTHODOXE

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Guimet Tang
LE MUSEE GUIMET
Paris – Парис – 巴黎
Musée national des arts asiatiques – Guimet
National Museum of Asian Arts – Guimet
亚洲艺术国家博物馆 – 集美
Национальный музей восточных искусств – Гиме

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ART TANG
MATCH DE POLO SOUS LES TANG

Tang court playing Polo Courtisans chinois jouant un match de polo, dynastie Tang 706

Courtisans chinois jouant un match de polo
Dynastie Tang
706

 

ART TANG – MUSEE GUIMET 亚洲艺术国家博物馆 CHEVAL BONDISSANT – VIIIe siècle

CHEVAL BONDISSANT
  Art Tang
Dynastie Tang
   


Musée national des arts asiatiques – Guimet
National Museum of Asian Arts – Guimet
亚洲艺术国家博物馆 – 集美

 

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Musée Guimet Paris Artgitato

Photos Artgitato
*

 Musée Guimet Paris Artgitato La Chaussée des géants Angkor


 Art Dynastie Tang
Musée national des arts asiatiques – Guimet
National Museum of Asian Arts
亚洲艺术国家博物馆 – 集美
Национальный музей восточных искусств – Гиме




LE MUSEE GUIMET DYNASTIE TANG
TREIZIEME DYNASTIE
吉梅博物馆巴黎
музей Гиме Париж
Musée Guimet Dynastie Tang

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ART TANG
唐代艺术
CHINE DYNASTIE TANG
唐朝
618-690 & 705-907

Chine du Nord
中国北方
Cheval bondissant
VIIIe siècle
公元八世纪
Terre cuite polychrome

 

Cheval Bondissant Art Tang Dynastie Tang Musée Guimet Paris Artgitato 2 Cheval Bondissant Art Tang Dynastie Tang Musée Guimet Paris Artgitato

 

 

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FIN DU VIIe siècle
IMPERATRICE WU
[Ou-Heou 684-705]
UN REGNE CRUEL DE VINGT-ET-UN ANS

Cette princesse, aussi artificieuse qu’elle était cruelle, voulut se maintenir dans toute l’autorité que le défunt empereur avait eu la lâcheté de lui confier. Pour y réussir, elle chassa son fils, qui avait été déclaré héritier de la couronne, et lui donna une petite souveraineté dans la province de Hou quang. Elle mit à sa place son troisième fils, qui était fort jeune, et qui n’eut que le titre d’empereur. Elle commença d’abord par se défaire de tous ceux qu’elle soupçonnait de n’être pas dans ses intérêts, et dans un seul jour elle fit mourir quantité de seigneurs des premières familles de l’empire.
L’année quinzième de ce règne, il s’éleva une persécution contre la religion chrétienne, qui dura environ quinze ans. La même année le colao nommé Tié, eut le courage de presser vivement la reine en faveur de son fils, qui avait été nommé héritier de la couronne par Kao tsong, et qu’elle avait exilé depuis quatorze ans. La raison qu’il apporta, c’est qu’il était inouï qu’on mît dans la salle des ancêtres, un nom qui ne serait pas de la famille, et que les descendants ne voudraient jamais le reconnaître.
On rappela donc ce prince de son exil, et il demeura pendant sept ans dans le palais oriental jusqu’à la mort de Vou heou, qu’il monta sur le trône. C’est ce qui arriva l’année quarante-unième du cycle, que mourut cette princesse, âgée de quatre-vingt-un ans.

Jean-Baptiste Du Halde
Description de la Chine
Scheuerleer, 1736
Tome Premier, pp. 392-411
Treizième Dynastie : Tang

****
Tang Xuanzong
唐玄宗
685 – 762
règne de 712 à 756
Un des plus longs règnes
Enterré au mausolée de Tai
泰山
Empereur Tang Minghuang Tang Xuanzong

HIUEN TSONG. Sixième empereur.
A régné quarante-quatre ans.

Le beau naturel de ce prince, sa retenue, sa rare modération, et son zèle pour le bien public, donnèrent d’abord une grande idée du bonheur qu’on espérait goûter sous son règne. Il devint le restaurateur de sa famille, qui était sur le penchant de sa ruine. Mais il fit une faute presque irréparable, en confiant à un des eunuques nommé Kao lie se la charge de maître du palais. Sans doute qu’il ne prévoyait pas les malheurs que la puissance des eunuques attirerait un jour à sa personne et à ses successeurs. La loi chrétienne commença à respirer, et à devenir florissante sous le règne de ce prince, et sous les trois empereurs qui lui succédèrent.
Cycle LII. Année de J. C. 724.
Hiuen tsong regardait le luxe comme la perte des bonnes mœurs, et il lui déclara une guerre ouverte. Il porta un édit, qui interdisait la pêche des perles. Un jour il se fit apporter tous les vases d’or et d’argent, avec tous les habits brodés d’or, et les fit brûler devant la porte de son palais, afin de réprimer par son exemple la cupidité de ses peuples, qui se ruinaient par les inutiles dépenses qu’ils faisaient en des somptuosités superflues.
Il établit dans son palais un collège, composé des quarante plus habiles docteurs de l’empire, qui s’appelle encore aujourd’hui Han lin yuen. C’est ce corps qui fournit les historiographes, les visiteurs des provinces, les gouverneurs, les vicerois etc. Il fit chercher de tous côtés les anciens livres qui traitaient de la science militaire, et il en fit composer de nouveaux pour l’instruction des gens de guerre. Il visita un jour la maison où est né Confucius, et il honora ce grand homme du titre de roi de la littérature.
Il eût été à souhaiter que ce prince eût eu plus de déférence pour les conseils que Yuen tchao son premier ministre lui donna. Dans un mémorial qu’il lui présenta, il lui conseillait entr’autres choses de ne confier aucune charge publique aux eunuques, de ne point donner d’autorité à ses parents, d’abolir les sectes idolâtriques de Fo et de Tao, etc. De si sages avis ne furent point écoutés.
Ce fut cet empereur, qui le premier honora du titre de petit roi ou de souverain, les généraux de ses armées, qui s’étaient le plus distingués, ou qui avaient rendu de plus grands services à l’État, quoiqu’ils ne fussent pas du sang impérial. En visitant son empire, il le partagea en quinze provinces.
Il avait fait placer dans son palais avec beaucoup de pompe, la statue de Lao kiun, auteur d’une des sectes qui se trouvent à la Chine. Les disciples de ce sectaire, de même que les bonzes, avaient accoutumé de brûler aux obsèques, des étoffes de soie, et des lingots d’argent. L’empereur, de l’avis de son frère, nommé Van yu, changea cette coutume, et ordonna que désormais on ne brûlerait que des étoffes ou des habits faits de papier. C’est ce qui est encore en usage parmi les bonzes.
Il y avait près de trente ans que l’empire jouissait d’une paix profonde : mais elle fut enfin troublée par de nouvelles révoltes, et l’armée impériale fut entièrement défaite avec perte de soixante-dix mille hommes. Tout cela se passait à l’insu de l’empereur, parce que toutes les avenues du trône étaient fermées par les eunuques.
Le chef des révoltés était un prince étranger nommé Ngan lo chan, que l’empereur, malgré l’opposition de ses ministres, avait élevé aux premières charges, et à qui il avait même confié le commandement de ses troupes. Ce perfide, enhardi par ses succès, et devenu le maître d’une grande partie du nord, eut l’insolence de prendre le titre d’empereur.
Le dedans du palais n’était guère plus tranquille : l’empereur répudia sa femme, fit mourir trois de ses enfants sans beaucoup de sujet, et épousa sa belle-fille.
Un malheur en attire souvent un autre : les pertes qu’on venait de faire, encouragèrent une foule de brigands qui se rassemblèrent, et qui ayant attaqué l’armée impériale, la défirent et tuèrent quarante mille hommes. L’empereur fut contraint de prendre la fuite, et de se retirer dans la province de Se tchuen.

Jean-Baptiste Du Halde
Description de la Chine
Scheuerleer, 1736
Tome Premier, pp. 392-411
Treizième Dynastie : Tang

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LA DYNASTIE TANG
PAR ELISEE RECLUS

« Les Tang régnèrent de 619 à 906; leur plus illustre représentant fut Taï-Tsang, 627−650, qui recula les limites de l’empire jusqu’à la Caspienne et aux solitudes glacées du Nord, conquit la Corée et menaça l’Inde. De 907 à 960, cinq dynasties se succédèrent au milieu de bouleversements auxquels se mêlèrent les Khitan de la Terre des herbes ; puis la régularité des successions fut rétablie par les Sung, 960−1280, restreints, depuis 1127, aux provinces méridionales de la Chine. »

Élisée Reclus
L’Homme et la Terre
Librairie universelle, 1905
Tome quatrième – pp. 161-212
Livre Troisième
TURCS, TARTARES, MONGOLS ET CHINOIS
NOTICE HISTORIQUE

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Art Tang

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LE MUSEE GUIMET EN 1894

« Il m’a été donné de parcourir plusieurs fois au musée Guimet les salles silencieuses où s’entassèrent les trésors de l’Inde, de la Chine et du Japon afin de commémorer en plein Paris les légendes du plus grand d’entre les hommes, de celui qui, autant que le Christ, illumina Tolstoï, et qui triomphe aujourd’hui dans les âmes intellectuelles et curieuses autant peut-être qu’a Bénarès, il y a plus de deux mille ans. La raison de cette victoire du Bouddhisme au fond de nos intelligences blasées de notre époque, M. Guimet l’a découverte, je crois, en nous racontant dans ses Promenades Japonaises ce que lui avoua un vieux prêtre de là-bas : « Le Bouddhisme accepte dans les autres croyances tout ce qui est grand, moral et bon, car le bien est toujours inspiré par le sacré cœur de Bouddha. Nous trouvons souvent chez les autres plus de vérités que nous n’en apportons, mais tout ce qui est bien émane du sacré cœur de Bouddha, » — salutaire tolérance, qu’ignorèrent toujours les sectes despotiques d’Occident.
J’ai visité d’abord M. de Milloué, le conservateur du musée Guimet, rue Mazarine, dans son logis tranquille et laborieux.
— Mon Dieu, m’a-t-il avoué, je ne crois pas beaucoup au sérieux des bouddhistes parisiens. Je crois au bouddhisme qui nous vient des terres autochtones ; en ce moment, nous avons la chance inespérée de posséder chez nous un des plus remarquables pontifes de cette religion, M. Horiou-Toki, bouddhiste ésotérique. Vous l’avez vu officier au musée Guimet. Qu’il fut supérieure en gravité et en science aux deux autres prêtres qui le précédèrent, de cette secte Sin-Siou, qu’un prince de la famille impériale déforma, selon ses goûts, en supprimant l’abstinence de la viande et le célibat ! M. Horiou-Toki, qui nous arrive du Congrès de Chicago, travaille pour le musée Guimet à l’explication dos quatre cents gestes, « ésotériques », c’est-à-dire inexpliqués pour les profanes, gestes qu’il accomplit pendant son office sous cette sorte de chasuble qui le voile. Je ne veux vous parler que d’un seul. Grâce à ce geste invisible, le Bouddha descend dans son prêtre. De même que l’hostie, aux paroles du sacrificateur catholique, devient le corps de Jésus-Christ, — à cette prière muette, le prêtre bouddhique devient une sorte de dieu, et il peut, par sa volonté ardente, faire communier tous les assistants à sa divinité… Bien plus, les vrais croyants aperçoivent, à ce moment, sur le front de l’officiant, cinq flammes de couleurs différentes qui sont son âme délivrée… »

Jules Bois
Les Petites Religions de Paris
Léon Chailley, 1894 -pp. 45-57
I -LE BOUDDHISME ORTHODOXE

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Art Tang
LE MUSEE GUIMET
Paris – Парис – 巴黎
Musée national des arts asiatiques – Guimet
National Museum of Asian Arts – Guimet
亚洲艺术国家博物馆 – 集美
Национальный музей восточных искусств – Гиме

ART TANG

TROIS MUSICIENNES ASSISES -ART DYNASTIE TANG – MUSEE GUIMET 亚洲艺术国家博物馆 – 集美

TROIS MUSICIENNES ASSISES
 Art Dynastie Tang
Dynastie Tang
   


Musée national des arts asiatiques – Guimet
National Museum of Asian Arts – Guimet
亚洲艺术国家博物馆 – 集美

 

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Musée Guimet Paris Artgitato

Photos Artgitato
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 Musée Guimet Paris Artgitato La Chaussée des géants Angkor


 Art Dynastie Tang
Musée national des arts asiatiques – Guimet
National Museum of Asian Arts
亚洲艺术国家博物馆 – 集美
Национальный музей восточных искусств – Гиме




LE MUSEE GUIMET DYNASTIE TANG
TREIZIEME DYNASTIE
吉梅博物馆巴黎
музей Гиме Париж
Musée Guimet Dynastie Tang

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ART DYNASTIE TANG
唐代艺术
CHINE DYNASTIE TANG
唐朝
618-690 & 705-907

Chine du Nord
中国北方

Trois musiciennes assises
Milieu du
VIIe siècle
公元七世纪

Terre cuite engobée et peinte
Collection Robert Rousset 1978

 Trois Musiciennes Assises Dynastie Tang Musée Guimet Paris Artgitato 2

Art DYNASTIE TANG

Trois Musiciennes Assises Dynastie Tang Musée Guimet Paris Artgitato 1

ART DYNASTIE TANG

Trois Musiciennes Assises Dynastie Tang Musée Guimet Paris Artgitato

 

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FIN DU VIIe siècle
IMPERATRICE WU
[Ou-Heou 684-705]
UN REGNE CRUEL DE VINGT-ET-UN ANS

Cette princesse, aussi artificieuse qu’elle était cruelle, voulut se maintenir dans toute l’autorité que le défunt empereur avait eu la lâcheté de lui confier. Pour y réussir, elle chassa son fils, qui avait été déclaré héritier de la couronne, et lui donna une petite souveraineté dans la province de Hou quang. Elle mit à sa place son troisième fils, qui était fort jeune, et qui n’eut que le titre d’empereur. Elle commença d’abord par se défaire de tous ceux qu’elle soupçonnait de n’être pas dans ses intérêts, et dans un seul jour elle fit mourir quantité de seigneurs des premières familles de l’empire.
L’année quinzième de ce règne, il s’éleva une persécution contre la religion chrétienne, qui dura environ quinze ans. La même année le colao nommé Tié, eut le courage de presser vivement la reine en faveur de son fils, qui avait été nommé héritier de la couronne par Kao tsong, et qu’elle avait exilé depuis quatorze ans. La raison qu’il apporta, c’est qu’il était inouï qu’on mît dans la salle des ancêtres, un nom qui ne serait pas de la famille, et que les descendants ne voudraient jamais le reconnaître.
On rappela donc ce prince de son exil, et il demeura pendant sept ans dans le palais oriental jusqu’à la mort de Vou heou, qu’il monta sur le trône. C’est ce qui arriva l’année quarante-unième du cycle, que mourut cette princesse, âgée de quatre-vingt-un ans.

Jean-Baptiste Du Halde
Description de la Chine
Scheuerleer, 1736
Tome Premier, pp. 392-411
Treizième Dynastie : Tang

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SECOND EMPEREUR DE LA DYNASTIE TANG
TANG TAIZONG
Le restaurateur des sciences et des lettres
唐太宗
600-649
Règne de 629-649
TangTaizong Tông-thài-tsong Lí Sè-bîn

Ce fut la vingt-quatrième année du cycle que Tai tsong gouverna l’empire ; il est regardé des Chinois comme un des plus grands empereurs que la Chine ait jamais eu. Ils louent surtout sa sagesse, le favorable accès que trouvaient auprès de sa personne tous ceux qui étaient capables de lui donner de sages conseils, ou qui étaient assez courageux pour l’avertir de ses défauts ; sa modération et sa frugalité, qui étaient si grandes, qu’il ne permit jamais qu’on servît plus de huit mets à sa table, et qu’il chassa presque toutes les concubines de son palais. Mais ce qu’il y a eu de plus heureux pour ce prince, c’est que sous son règne la religion chrétienne ait pénétré dans son empire, comme on le verra dans la suite.
Il fit venir de tous côtés les meilleurs livres, et il devint en quelque sorte le restaurateur des sciences par le soin qu’il prit de rétablir dans son palais une académie pour les lettres. On y comptait huit mille disciples, parmi lesquels il y avait plusieurs enfants des princes étrangers. Il leur donna d’habiles maîtres, et entre ceux-là il y en avait dix-huit des plus excellents, qui présidaient aux études, et qu’on appelait Che pa hio sseë.
Il établit pareillement une académie militaire, où l’on s’exerçait à tirer de l’arc et il assistait lui-même très souvent à ces exercices. C’est ce qui ne fut pas du goût des ministres, qui ne pouvaient approuver que l’empereur parût dans cette académie. Ils lui en représentèrent l’indécence, et le danger qu’il y avait pour sa personne. « Je me regarde dans mon empire, répondit Tai tsong, comme un père dans sa famille, et je porte dans mon sein tous mes sujets, comme s’ils étaient mes enfants : qu’aurais-je à craindre ? »
Cette affection pour les sujets, lui faisait dire qu’il voulait que son peuple eût abondamment tout ce qui était nécessaire à la vie. « Le salut de l’empire ajouta-t-il, dépend du peuple. Un empereur qui foule et épuise son peuple pour s’enrichir est semblable à un homme qui couperait sa chair en petits morceaux pour s’en remplir l’estomac : il se remplit, il est vrai, mais il faut qu’en peu de temps tout le corps périsse. Combien d’empereurs dont la cupidité a causé leur perte ! Que de dépenses pour la satisfaire ! Pour fournir à ces dépenses, que d’impôts dont on surcharge le pauvre peuple ! Le peuple étant vexé et opprimé, que devient l’empire ? N’est-il pas sur le penchant de sa ruine ? Et l’empire périssant, quel est le sort de l’empereur ? Ce sont ces réflexions ajouta-t-il, qui me servent de frein pour modérer mes désirs. »
Il avait défendu aux magistrats, sous peine de la vie, de recevoir des présents. Pour s’assurer de l’exécution de ses ordres, il fit tenter un mandarin par un homme qu’il aposta pour lui faire un présent : ce mandarin le reçut, et l’empereur en étant informé, le condamna à mort.
Sur quoi son colao lui dit : « Grand prince, votre arrêt est juste, et le mandarin mérite la mort : mais vous, qui lui avez tendu un piège pour le faire tomber dans la faute qu’il a commise, êtes-vous tout à fait innocent, et ne participez-vous pas à son crime ? » Cette remontrance eut son effet, et l’empereur pardonna au coupable.
L’année suivante un des plus grands mandarins de guerre, reçut pareillement un habit de soie, dont on lui fit présent. L’empereur, qui en fut averti, lui envoya aussitôt quantité d’étoffes de soie. Ceux de la cour qui en furent témoins, ne purent retenir leur indignation et s’écrièrent que ce mandarin méritait le châtiment porté par la loi, et non pas une récompense. « La confusion dont il sera couvert, répondit l’empereur, sera pour lui une peine plus sensible, que le plus cruel supplice : ces étoffes que je lui envoie, loin de l’honorer, lui reprocheront continuellement sa faute. »
Toutes les fois qu’on était menacé de disette, ou par la sécheresse, ou par des pluies trop abondantes, à l’exemple des anciens empereurs, il publiait un édit, par lequel il ordonnait qu’on l’avertît des fautes dans lesquelles il aurait pu tomber, afin qu’il pût s’en corriger, et apaiser le courroux du Ciel.
Il n’ajoutait aucune foi aux augures. Un jour que des cigognes faisant leur nid en sa présence, s’arrêtèrent, et battirent des ailes, ses courtisans lui en témoignèrent leur joie, sur ce que ce battement des ailes pronostiquait quelque bonheur auquel il ne s’attendait pas. L’empereur ayant souri à leur discours flatteur, Choui tsai te hien, dit-il, ce qui signifie : un présage heureux pour moi, c’est d’être environné de sages ; et à l’instant il fit abattre le nid.
La seconde année de son règne, les campagnes furent couvertes de sauterelles, qui, par le ravage qu’elles faisaient, menaçaient d’une grande famine. « Malheureux insectes, s’écria l’empereur avec un profond soupir, en ruinant les moissons, vous ôtez la vie à mon peuple ; ah ! j’aimerais beaucoup mieux que vous dévorassiez mes entrailles ; » et en disant ces paroles, il avala une sauterelle toute vive.
En lisant les livres de médecine, composés par l’empereur Hoang ti, il y trouva que quand on meurtrit ou qu’on blesse les épaules d’un homme, les parties nobles du dedans en sont offensées. Dès lors il fit une loi, qui ordonnait de ne plus donner la bastonnade sur le dos des coupables : mais plus bas, et de la manière qu’elle se pratique encore aujourd’hui dans tout l’empire.
Il avait coutume de dire, qu’un empereur est semblable à un architecte : quand un édifice est bien construit, et appuyé sur de solides fondements, si l’architecte s’avisait d’y faire de nouveaux changements, il l’exposerait à une ruine certaine. Il en est de même de l’empire : quand il est une fois bien établi, et gouverné par de sages lois, il faut bien se donner de garde d’y introduire aucune nouveauté.
« C’est un commun proverbe, dit-il une autre fois, qu’un empereur est craint de tout le monde, et qu’il n’a rien à craindre. Ce n’est pas là mon sentiment : je crains sans cesse, et la providence de l’empereur du Ciel, à qui rien n’échappe, et les yeux de mes sujets, qui sont continuellement attachés sur moi ; c’est pour cela que je veille à tout moment sur moi-même, pour ne rien faire qui ne soit conforme aux volontés du Ciel et aux désirs de mes peuples. »
Pour consoler son peuple dans un temps de sécheresse, il donna la liberté aux prisonniers, et accorda une amnistie générale, en ajoutant néanmoins que c’était une indulgence dont un prince devait user sobrement, de crainte que l’impunité des méchants ne fut préjudiciable aux gens de bien, et qu’il fallait arracher l’ivraie, de peur qu’elle ne nuisît au bon grain.
L’année septième de son règne, il visita en personne les prisons publiques. Il y avait trois cent quatre-vingt-dix prisonniers, qui tous méritaient la mort : il leur fit ouvrir les prisons, avec ordre d’y revenir aussitôt après la récolte. Tous, sans qu’un seul y manquât, s’y rendirent au temps marqué.
L’empereur fut tellement surpris de leur fidélité à garder leur parole, la joie qu’il en eut, fut si grande, qu’il leur accorda à tous la vie et la liberté.
Les annales chinoises rapportent, que la huitième année de ce règne, on vit arriver à la Chine des ambassadeurs des nations éloignées, dont l’air, la figure, et les habillements étaient tout à fait étrangers aux Chinois, qui n’en avaient jamais vu de semblables ; que l’empereur même s’applaudit, de ce que sous son règne, des hommes qui avaient les cheveux blonds et les yeux bleus, eussent pénétré dans son empire. Il paraît certain que ces étrangers sont ceux, dont on lit les noms sur le monument de pierre trouvé en 1625 à Si ngan fou dans la province de Chen si. On y voit la croix, un abrégé de la loi chrétienne, les noms de soixante-douze prédicateurs de cette loi, gravés en caractères syriaques, et la date qui marque l’année huitième du règne de Tai tsong.
On conserve dans la bibliothèque du roi un vieux manuscrit arabe, où on lit que c’est en ce même temps qu’un patriarche catholique des Indes envoya à la Chine des prédicateurs de l’Évangile. On les reçut avec honneur dans la ville impériale, où ils furent introduits par Fan hiuen ling, colao de l’empire.
Ce fut vers ce temps-là que l’empereur fît choix de treize personnes les plus distinguées par leur mérite, et par leur intégrité, pour visiter toutes les parties de son empire ; et en les envoyant, il leur donna plein pouvoir d’exercer souverainement la justice, et de punir sévèrement les gouverneurs des villes, et les vicerois des provinces, dont la conduite serait répréhensible.
Il fut sensiblement affligé l’année dixième de son règne par la perte qu’il fit de l’impératrice nommée Tchang sun. C’était une princesse, qui joignait à une rare prudence, une capacité peu ordinaire aux personnes de son sexe. On a remarqué que tant qu’elle vécut, de cette multitude d’officiers qui servent dans le palais, il n’y en eut aucun qu’on ait puni avec sévérité, ce qui est presque sans exemple.
L’empereur s’étant lassé des avis fréquents et importuns que lui donnait son colao nommé Guei tching lui défendit de paraître en sa présence. L’impératrice, qui en fut informée, prit aussitôt ses plus riches parures, et alla trouver son mari. « Prince, lui dit-elle, j’ai souvent ouï dire que quand un empereur a de la sagesse et de la pénétration, ses sujets ont de la droiture, et ne craignent point de dire la vérité. Vous avez un colao d’un esprit droit et incapable de dissimuler ; c’est ce qui me fait juger quelle est votre sagesse, et combien elle mérite d’être applaudie ; et c’est pourquoi je viens vous en féliciter, et vous en témoigner ma joie. » Ce compliment apaisa l’empereur, et le ministre fut rétabli dans sa première faveur.
Cette princesse avait composé un livre divisé en trente chapitres, sur la manière dont on doit se gouverner dans l’appartement intérieur des femmes. L’empereur le tenant entre ses mains, et fondant en larmes : « Voilà, dit-il, des règlements qui devraient s’observer dans tous les siècles. Je sais, ajouta-t-il, que l’affliction où je suis, m’est venue du Ciel, et qu’il n’y a point de remède. Mais quand je pense à la perte que j’ai faite d’une compagne si fidèle et si accomplie, que je me vois privé pour toujours de ses sages conseils, m’est-il possible de retenir mes larmes ? » Il voulut laisser un monument éternel de sa douleur, et pour cela il lui fit élever un mausolée, beaucoup plus magnifique que celui qu’il avait ordonné pour son père, qui était mort l’année précédente.
Un jour se trouvant avec son colao sur une éminence, d’où l’on apercevait ce mausolée, et le lui ayant fait remarquer, le colao fit semblant de ne pas l’apercevoir. « Prince, lui dit-il, je croyais que vous me montriez le sépulcre de votre père ; car pour celui de votre épouse, il y a longtemps que je l’ai vu. »
A ce discours, le prince ne put s’empêcher de pleurer, et touché du secret reproche que lui faisait son ministre, il fit abattre le mausolée. Tant il est vrai que parmi les Chinois la piété filiale l’emporte sur l’amour conjugal.
L’année onzième de son règne, il admit dans le palais une jeune fille de quatorze ans, nommée Vou chi, qui était d’une rare beauté, et qui brillait encore davantage par les agréments de son esprit. C’est cette fille qu’on verra dans la suite usurper la souveraine puissance, et gouverner tyranniquement l’empire.
L’année douzième l’empereur permit de publier la loi chrétienne dans son empire ; il accorda même un emplacement dans la ville impériale, pour y élever un temple au vrai Dieu.
Guei tching, colao de l’empire, mourut l’année 17e extrêmement regretté de l’empereur. Ce prince écrivit lui-même son éloge, et le fit graver sur son tombeau. Ensuite se tournant vers ses courtisans : « Nous avons, dit-il, trois sortes de miroirs, l’un est d’acier qui sert aux dames à orner leur tête et à se parer. Le second que j’appelle ainsi sont les anciens livres où on lit la naissance, le progrès et la décadence des empires. Enfin le troisième, ce sont les hommes mêmes : pour peu qu’on étudie leurs actions, on voit ce qu’il faut éviter et ce qu’il faut pratiquer. J’avais ce dernier miroir dans la personne de mon colao, et malheureusement je l’ai perdu, sans que j’espère en retrouver un semblable. »
Une autre fois qu’il entretenait ses courtisans : « Un prince, leur dit-il, n’a qu’un cœur, et ce cœur est continuellement assiégé par ceux qui l’environnent. Il y en a qui l’attaquent par l’amour de la vaine gloire qu’ils s’efforcent de lui inspirer ; d’autres par la mollesse et les délices ; quelques-uns par les caresses et la flatterie ; quelques autres ont recours à la ruse et au mensonge pour le surprendre ; et toutes ces machines qu’ils font jouer, n’ont d’autre but que de s’insinuer dans les bonnes grâces du prince, de gagner sa faveur, et de s’élever aux charges et aux dignités de l’empire. Pour peu qu’un prince cesse de veiller sur son cœur, que n’a-t-il pas à craindre ? »
L’année vingt-unième il épousa la fille de son colao, nommée Sin hoei, et lui donna le titre de sage. Cette princesse était célèbre par la beauté de son génie, et par son habileté dans les sciences chinoises. On raconte qu’à cinq mois elle commença à parler ; qu’à quatre ans elle avait appris par cœur les livres de Confucius ; et qu’à huit ans elle faisait des compositions savantes sur toutes sortes de sujets. Ce qu’il y a de certain, c’est qu’elle ne quittait pas les livres, et qu’elle employait presque tout son temps à la lecture.
L’empereur se disposait à envoyer une armée formidable pour réduire les Coréens, qui s’étaient révoltés : mais sa mort étant survenue, cette expédition fut différée à un autre temps.
On aurait peine à croire l’attention et le soin que prenait ce prince de l’éducation de ses enfants. Tout ce qui se présentait à ses yeux, servait de matière à ses instructions. Si par exemple il mangeait du riz, il leur faisait sentir combien ce riz avait coûté de sueurs et de fatigues aux pauvres laboureurs. Un jour qu’il se promenait avec eux sur l’eau : « Vous le voyez, mes enfants, leur disait-il, c’est l’eau qui porte cette barque, et qui peut en même temps la submerger. Songez que le peuple ressemble à cette eau, et l’empereur à cette barque. »
Un an avant sa mort, il donna à celui de ses enfants qu’il avait déclaré son héritier, les douze avis suivants, qui étaient exprimés en vingt-quatre caractères. « Rendez vous le maître de votre cœur et de ses mouvements. N’élevez aux charges et aux dignités que des gens de mérite. Faites venir les sages à votre cour. Veillez sur la conduite des magistrats. Chassez loin de votre présence les langues médisantes. Soyez ennemi de tout faste. Vivez avec économie. Que vos récompenses et vos châtiments soient proportionnés au mérite ou à la faute de celui que vous récompensez, ou que vous punissez. Ayez un soin particulier de faire fleurir l’agriculture, l’art militaire, les lois, et les sciences. Cherchez dans les anciens empereurs des modèles sur lesquels vous vous formiez au gouvernement ; car je ne mérite pas que vous jetiez les yeux sur moi, j’ai fait trop de fautes depuis que je gouverne l’empire. Visez toujours à ce qu’il y a de plus parfait, sans quoi vous n’atteindrez jamais à ce juste milieu en quoi consiste la vertu. Enfin prenez garde que l’éclat de votre rang ne vous enfle d’orgueil, ou ne vous amollisse par les délices d’une vie voluptueuse, car si cela était vous perdriez l’empire, et vous vous perdriez vous-même. »
Tai tsong mourut la quarante-sixième année du cycle à la cinquante-troisième année de son âge, et l’année suivante son fils Kao tsong fut reconnu empereur.

Jean-Baptiste Du Halde
Description de la Chine
Scheuerleer, 1736
Tome Premier, pp. 392-411
Treizième Dynastie : Tang

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LA DYNASTIE TANG
PAR ELISEE RECLUS

« Les Tang régnèrent de 619 à 906; leur plus illustre représentant fut Taï-Tsang, 627−650, qui recula les limites de l’empire jusqu’à la Caspienne et aux solitudes glacées du Nord, conquit la Corée et menaça l’Inde. De 907 à 960, cinq dynasties se succédèrent au milieu de bouleversements auxquels se mêlèrent les Khitan de la Terre des herbes ; puis la régularité des successions fut rétablie par les Sung, 960−1280, restreints, depuis 1127, aux provinces méridionales de la Chine. »

Élisée Reclus
L’Homme et la Terre
Librairie universelle, 1905
Tome quatrième – pp. 161-212
Livre Troisième
TURCS, TARTARES, MONGOLS ET CHINOIS
NOTICE HISTORIQUE

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Art Dynastie Tang

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LE MUSEE GUIMET EN 1894

« Il m’a été donné de parcourir plusieurs fois au musée Guimet les salles silencieuses où s’entassèrent les trésors de l’Inde, de la Chine et du Japon afin de commémorer en plein Paris les légendes du plus grand d’entre les hommes, de celui qui, autant que le Christ, illumina Tolstoï, et qui triomphe aujourd’hui dans les âmes intellectuelles et curieuses autant peut-être qu’a Bénarès, il y a plus de deux mille ans. La raison de cette victoire du Bouddhisme au fond de nos intelligences blasées de notre époque, M. Guimet l’a découverte, je crois, en nous racontant dans ses Promenades Japonaises ce que lui avoua un vieux prêtre de là-bas : « Le Bouddhisme accepte dans les autres croyances tout ce qui est grand, moral et bon, car le bien est toujours inspiré par le sacré cœur de Bouddha. Nous trouvons souvent chez les autres plus de vérités que nous n’en apportons, mais tout ce qui est bien émane du sacré cœur de Bouddha, » — salutaire tolérance, qu’ignorèrent toujours les sectes despotiques d’Occident.
J’ai visité d’abord M. de Milloué, le conservateur du musée Guimet, rue Mazarine, dans son logis tranquille et laborieux.
— Mon Dieu, m’a-t-il avoué, je ne crois pas beaucoup au sérieux des bouddhistes parisiens. Je crois au bouddhisme qui nous vient des terres autochtones ; en ce moment, nous avons la chance inespérée de posséder chez nous un des plus remarquables pontifes de cette religion, M. Horiou-Toki, bouddhiste ésotérique. Vous l’avez vu officier au musée Guimet. Qu’il fut supérieure en gravité et en science aux deux autres prêtres qui le précédèrent, de cette secte Sin-Siou, qu’un prince de la famille impériale déforma, selon ses goûts, en supprimant l’abstinence de la viande et le célibat ! M. Horiou-Toki, qui nous arrive du Congrès de Chicago, travaille pour le musée Guimet à l’explication dos quatre cents gestes, « ésotériques », c’est-à-dire inexpliqués pour les profanes, gestes qu’il accomplit pendant son office sous cette sorte de chasuble qui le voile. Je ne veux vous parler que d’un seul. Grâce à ce geste invisible, le Bouddha descend dans son prêtre. De même que l’hostie, aux paroles du sacrificateur catholique, devient le corps de Jésus-Christ, — à cette prière muette, le prêtre bouddhique devient une sorte de dieu, et il peut, par sa volonté ardente, faire communier tous les assistants à sa divinité… Bien plus, les vrais croyants aperçoivent, à ce moment, sur le front de l’officiant, cinq flammes de couleurs différentes qui sont son âme délivrée… »

Jules Bois
Les Petites Religions de Paris
Léon Chailley, 1894 -pp. 45-57
I -LE BOUDDHISME ORTHODOXE

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Art Dynastie Tang
LE MUSEE GUIMET
Paris – Парис – 巴黎
Musée national des arts asiatiques – Guimet
National Museum of Asian Arts – Guimet
亚洲艺术国家博物馆 – 集美
Национальный музей восточных искусств – Гиме

ART DYNASTIE TANG

Musée Guimet DYNASTIE TANG : DEUX PERSONNAGES DE LA COUR- 唐朝- 唐代艺术- PARIS

DEUX PERSONNAGES DE LA COUR
Musée Guimet Dynastie Tang
Dynastie Tang
   


Musée national des arts asiatiques – Guimet
National Museum of Asian Arts – Guimet
亚洲艺术国家博物馆 – 集美

 

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Musée Guimet Paris Artgitato

Photos Artgitato
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 Musée Guimet Paris Artgitato La Chaussée des géants Angkor


 Musée Guimet Dynastie Tang
Musée national des arts asiatiques – Guimet
National Museum of Asian Arts
亚洲艺术国家博物馆 – 集美
Национальный музей восточных искусств – Гиме




LE MUSEE GUIMET DYNASTIE TANG
TREIZIEME DYNASTIE
吉梅博物馆巴黎
музей Гиме Париж
Musée Guimet Dynastie Tang

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Guimet DYNASTIE TANG
唐代艺术
CHINE DYNASTIE TANG
唐朝
618-690 & 705-907

Chine du Nord
中国北方

Chine de Nord
Deux Personnages de la Cour
Fin du VIIe siècle
公元七世纪

Terre cuite engobée et peinte
Collection Robert Rousset 1978

Guimet Dynastie Tang Deux Personnages de Cour VIIe siècle Musée Guimet Paris Artgitato

 

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FIN DU VIIe siècle
IMPERATRICE WU
[Ou-Heou 684-705]
UN REGNE CRUEL DE VINGT-ET-UN ANS

Cette princesse, aussi artificieuse qu’elle était cruelle, voulut se maintenir dans toute l’autorité que le défunt empereur avait eu la lâcheté de lui confier. Pour y réussir, elle chassa son fils, qui avait été déclaré héritier de la couronne, et lui donna une petite souveraineté dans la province de Hou quang. Elle mit à sa place son troisième fils, qui était fort jeune, et qui n’eut que le titre d’empereur. Elle commença d’abord par se défaire de tous ceux qu’elle soupçonnait de n’être pas dans ses intérêts, et dans un seul jour elle fit mourir quantité de seigneurs des premières familles de l’empire.
L’année quinzième de ce règne, il s’éleva une persécution contre la religion chrétienne, qui dura environ quinze ans. La même année le colao nommé Tié, eut le courage de presser vivement la reine en faveur de son fils, qui avait été nommé héritier de la couronne par Kao tsong, et qu’elle avait exilé depuis quatorze ans. La raison qu’il apporta, c’est qu’il était inouï qu’on mît dans la salle des ancêtres, un nom qui ne serait pas de la famille, et que les descendants ne voudraient jamais le reconnaître.
On rappela donc ce prince de son exil, et il demeura pendant sept ans dans le palais oriental jusqu’à la mort de Vou heou, qu’il monta sur le trône. C’est ce qui arriva l’année quarante-unième du cycle, que mourut cette princesse, âgée de quatre-vingt-un ans.

Jean-Baptiste Du Halde
Description de la Chine
Scheuerleer, 1736
Tome Premier, pp. 392-411
Treizième Dynastie : Tang

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SECOND EMPEREUR DE LA DYNASTIE TANG
TANG TAIZONG
Le restaurateur des sciences et des lettres
唐太宗
600-649
Règne de 629-649
TangTaizong Tông-thài-tsong Lí Sè-bîn

Ce fut la vingt-quatrième année du cycle que Tai tsong gouverna l’empire ; il est regardé des Chinois comme un des plus grands empereurs que la Chine ait jamais eu. Ils louent surtout sa sagesse, le favorable accès que trouvaient auprès de sa personne tous ceux qui étaient capables de lui donner de sages conseils, ou qui étaient assez courageux pour l’avertir de ses défauts ; sa modération et sa frugalité, qui étaient si grandes, qu’il ne permit jamais qu’on servît plus de huit mets à sa table, et qu’il chassa presque toutes les concubines de son palais. Mais ce qu’il y a eu de plus heureux pour ce prince, c’est que sous son règne la religion chrétienne ait pénétré dans son empire, comme on le verra dans la suite.
Il fit venir de tous côtés les meilleurs livres, et il devint en quelque sorte le restaurateur des sciences par le soin qu’il prit de rétablir dans son palais une académie pour les lettres. On y comptait huit mille disciples, parmi lesquels il y avait plusieurs enfants des princes étrangers. Il leur donna d’habiles maîtres, et entre ceux-là il y en avait dix-huit des plus excellents, qui présidaient aux études, et qu’on appelait Che pa hio sseë.
Il établit pareillement une académie militaire, où l’on s’exerçait à tirer de l’arc et il assistait lui-même très souvent à ces exercices. C’est ce qui ne fut pas du goût des ministres, qui ne pouvaient approuver que l’empereur parût dans cette académie. Ils lui en représentèrent l’indécence, et le danger qu’il y avait pour sa personne. « Je me regarde dans mon empire, répondit Tai tsong, comme un père dans sa famille, et je porte dans mon sein tous mes sujets, comme s’ils étaient mes enfants : qu’aurais-je à craindre ? »
Cette affection pour les sujets, lui faisait dire qu’il voulait que son peuple eût abondamment tout ce qui était nécessaire à la vie. « Le salut de l’empire ajouta-t-il, dépend du peuple. Un empereur qui foule et épuise son peuple pour s’enrichir est semblable à un homme qui couperait sa chair en petits morceaux pour s’en remplir l’estomac : il se remplit, il est vrai, mais il faut qu’en peu de temps tout le corps périsse. Combien d’empereurs dont la cupidité a causé leur perte ! Que de dépenses pour la satisfaire ! Pour fournir à ces dépenses, que d’impôts dont on surcharge le pauvre peuple ! Le peuple étant vexé et opprimé, que devient l’empire ? N’est-il pas sur le penchant de sa ruine ? Et l’empire périssant, quel est le sort de l’empereur ? Ce sont ces réflexions ajouta-t-il, qui me servent de frein pour modérer mes désirs. »
Il avait défendu aux magistrats, sous peine de la vie, de recevoir des présents. Pour s’assurer de l’exécution de ses ordres, il fit tenter un mandarin par un homme qu’il aposta pour lui faire un présent : ce mandarin le reçut, et l’empereur en étant informé, le condamna à mort.
Sur quoi son colao lui dit : « Grand prince, votre arrêt est juste, et le mandarin mérite la mort : mais vous, qui lui avez tendu un piège pour le faire tomber dans la faute qu’il a commise, êtes-vous tout à fait innocent, et ne participez-vous pas à son crime ? » Cette remontrance eut son effet, et l’empereur pardonna au coupable.
L’année suivante un des plus grands mandarins de guerre, reçut pareillement un habit de soie, dont on lui fit présent. L’empereur, qui en fut averti, lui envoya aussitôt quantité d’étoffes de soie. Ceux de la cour qui en furent témoins, ne purent retenir leur indignation et s’écrièrent que ce mandarin méritait le châtiment porté par la loi, et non pas une récompense. « La confusion dont il sera couvert, répondit l’empereur, sera pour lui une peine plus sensible, que le plus cruel supplice : ces étoffes que je lui envoie, loin de l’honorer, lui reprocheront continuellement sa faute. »
Toutes les fois qu’on était menacé de disette, ou par la sécheresse, ou par des pluies trop abondantes, à l’exemple des anciens empereurs, il publiait un édit, par lequel il ordonnait qu’on l’avertît des fautes dans lesquelles il aurait pu tomber, afin qu’il pût s’en corriger, et apaiser le courroux du Ciel.
Il n’ajoutait aucune foi aux augures. Un jour que des cigognes faisant leur nid en sa présence, s’arrêtèrent, et battirent des ailes, ses courtisans lui en témoignèrent leur joie, sur ce que ce battement des ailes pronostiquait quelque bonheur auquel il ne s’attendait pas. L’empereur ayant souri à leur discours flatteur, Choui tsai te hien, dit-il, ce qui signifie : un présage heureux pour moi, c’est d’être environné de sages ; et à l’instant il fit abattre le nid.
La seconde année de son règne, les campagnes furent couvertes de sauterelles, qui, par le ravage qu’elles faisaient, menaçaient d’une grande famine. « Malheureux insectes, s’écria l’empereur avec un profond soupir, en ruinant les moissons, vous ôtez la vie à mon peuple ; ah ! j’aimerais beaucoup mieux que vous dévorassiez mes entrailles ; » et en disant ces paroles, il avala une sauterelle toute vive.
En lisant les livres de médecine, composés par l’empereur Hoang ti, il y trouva que quand on meurtrit ou qu’on blesse les épaules d’un homme, les parties nobles du dedans en sont offensées. Dès lors il fit une loi, qui ordonnait de ne plus donner la bastonnade sur le dos des coupables : mais plus bas, et de la manière qu’elle se pratique encore aujourd’hui dans tout l’empire.
Il avait coutume de dire, qu’un empereur est semblable à un architecte : quand un édifice est bien construit, et appuyé sur de solides fondements, si l’architecte s’avisait d’y faire de nouveaux changements, il l’exposerait à une ruine certaine. Il en est de même de l’empire : quand il est une fois bien établi, et gouverné par de sages lois, il faut bien se donner de garde d’y introduire aucune nouveauté.
« C’est un commun proverbe, dit-il une autre fois, qu’un empereur est craint de tout le monde, et qu’il n’a rien à craindre. Ce n’est pas là mon sentiment : je crains sans cesse, et la providence de l’empereur du Ciel, à qui rien n’échappe, et les yeux de mes sujets, qui sont continuellement attachés sur moi ; c’est pour cela que je veille à tout moment sur moi-même, pour ne rien faire qui ne soit conforme aux volontés du Ciel et aux désirs de mes peuples. »
Pour consoler son peuple dans un temps de sécheresse, il donna la liberté aux prisonniers, et accorda une amnistie générale, en ajoutant néanmoins que c’était une indulgence dont un prince devait user sobrement, de crainte que l’impunité des méchants ne fut préjudiciable aux gens de bien, et qu’il fallait arracher l’ivraie, de peur qu’elle ne nuisît au bon grain.
L’année septième de son règne, il visita en personne les prisons publiques. Il y avait trois cent quatre-vingt-dix prisonniers, qui tous méritaient la mort : il leur fit ouvrir les prisons, avec ordre d’y revenir aussitôt après la récolte. Tous, sans qu’un seul y manquât, s’y rendirent au temps marqué.
L’empereur fut tellement surpris de leur fidélité à garder leur parole, la joie qu’il en eut, fut si grande, qu’il leur accorda à tous la vie et la liberté.
Les annales chinoises rapportent, que la huitième année de ce règne, on vit arriver à la Chine des ambassadeurs des nations éloignées, dont l’air, la figure, et les habillements étaient tout à fait étrangers aux Chinois, qui n’en avaient jamais vu de semblables ; que l’empereur même s’applaudit, de ce que sous son règne, des hommes qui avaient les cheveux blonds et les yeux bleus, eussent pénétré dans son empire. Il paraît certain que ces étrangers sont ceux, dont on lit les noms sur le monument de pierre trouvé en 1625 à Si ngan fou dans la province de Chen si. On y voit la croix, un abrégé de la loi chrétienne, les noms de soixante-douze prédicateurs de cette loi, gravés en caractères syriaques, et la date qui marque l’année huitième du règne de Tai tsong.
On conserve dans la bibliothèque du roi un vieux manuscrit arabe, où on lit que c’est en ce même temps qu’un patriarche catholique des Indes envoya à la Chine des prédicateurs de l’Évangile. On les reçut avec honneur dans la ville impériale, où ils furent introduits par Fan hiuen ling, colao de l’empire.
Ce fut vers ce temps-là que l’empereur fît choix de treize personnes les plus distinguées par leur mérite, et par leur intégrité, pour visiter toutes les parties de son empire ; et en les envoyant, il leur donna plein pouvoir d’exercer souverainement la justice, et de punir sévèrement les gouverneurs des villes, et les vicerois des provinces, dont la conduite serait répréhensible.
Il fut sensiblement affligé l’année dixième de son règne par la perte qu’il fit de l’impératrice nommée Tchang sun. C’était une princesse, qui joignait à une rare prudence, une capacité peu ordinaire aux personnes de son sexe. On a remarqué que tant qu’elle vécut, de cette multitude d’officiers qui servent dans le palais, il n’y en eut aucun qu’on ait puni avec sévérité, ce qui est presque sans exemple.
L’empereur s’étant lassé des avis fréquents et importuns que lui donnait son colao nommé Guei tching lui défendit de paraître en sa présence. L’impératrice, qui en fut informée, prit aussitôt ses plus riches parures, et alla trouver son mari. « Prince, lui dit-elle, j’ai souvent ouï dire que quand un empereur a de la sagesse et de la pénétration, ses sujets ont de la droiture, et ne craignent point de dire la vérité. Vous avez un colao d’un esprit droit et incapable de dissimuler ; c’est ce qui me fait juger quelle est votre sagesse, et combien elle mérite d’être applaudie ; et c’est pourquoi je viens vous en féliciter, et vous en témoigner ma joie. » Ce compliment apaisa l’empereur, et le ministre fut rétabli dans sa première faveur.
Cette princesse avait composé un livre divisé en trente chapitres, sur la manière dont on doit se gouverner dans l’appartement intérieur des femmes. L’empereur le tenant entre ses mains, et fondant en larmes : « Voilà, dit-il, des règlements qui devraient s’observer dans tous les siècles. Je sais, ajouta-t-il, que l’affliction où je suis, m’est venue du Ciel, et qu’il n’y a point de remède. Mais quand je pense à la perte que j’ai faite d’une compagne si fidèle et si accomplie, que je me vois privé pour toujours de ses sages conseils, m’est-il possible de retenir mes larmes ? » Il voulut laisser un monument éternel de sa douleur, et pour cela il lui fit élever un mausolée, beaucoup plus magnifique que celui qu’il avait ordonné pour son père, qui était mort l’année précédente.
Un jour se trouvant avec son colao sur une éminence, d’où l’on apercevait ce mausolée, et le lui ayant fait remarquer, le colao fit semblant de ne pas l’apercevoir. « Prince, lui dit-il, je croyais que vous me montriez le sépulcre de votre père ; car pour celui de votre épouse, il y a longtemps que je l’ai vu. »
A ce discours, le prince ne put s’empêcher de pleurer, et touché du secret reproche que lui faisait son ministre, il fit abattre le mausolée. Tant il est vrai que parmi les Chinois la piété filiale l’emporte sur l’amour conjugal.
L’année onzième de son règne, il admit dans le palais une jeune fille de quatorze ans, nommée Vou chi, qui était d’une rare beauté, et qui brillait encore davantage par les agréments de son esprit. C’est cette fille qu’on verra dans la suite usurper la souveraine puissance, et gouverner tyranniquement l’empire.
L’année douzième l’empereur permit de publier la loi chrétienne dans son empire ; il accorda même un emplacement dans la ville impériale, pour y élever un temple au vrai Dieu.
Guei tching, colao de l’empire, mourut l’année 17e extrêmement regretté de l’empereur. Ce prince écrivit lui-même son éloge, et le fit graver sur son tombeau. Ensuite se tournant vers ses courtisans : « Nous avons, dit-il, trois sortes de miroirs, l’un est d’acier qui sert aux dames à orner leur tête et à se parer. Le second que j’appelle ainsi sont les anciens livres où on lit la naissance, le progrès et la décadence des empires. Enfin le troisième, ce sont les hommes mêmes : pour peu qu’on étudie leurs actions, on voit ce qu’il faut éviter et ce qu’il faut pratiquer. J’avais ce dernier miroir dans la personne de mon colao, et malheureusement je l’ai perdu, sans que j’espère en retrouver un semblable. »
Une autre fois qu’il entretenait ses courtisans : « Un prince, leur dit-il, n’a qu’un cœur, et ce cœur est continuellement assiégé par ceux qui l’environnent. Il y en a qui l’attaquent par l’amour de la vaine gloire qu’ils s’efforcent de lui inspirer ; d’autres par la mollesse et les délices ; quelques-uns par les caresses et la flatterie ; quelques autres ont recours à la ruse et au mensonge pour le surprendre ; et toutes ces machines qu’ils font jouer, n’ont d’autre but que de s’insinuer dans les bonnes grâces du prince, de gagner sa faveur, et de s’élever aux charges et aux dignités de l’empire. Pour peu qu’un prince cesse de veiller sur son cœur, que n’a-t-il pas à craindre ? »
L’année vingt-unième il épousa la fille de son colao, nommée Sin hoei, et lui donna le titre de sage. Cette princesse était célèbre par la beauté de son génie, et par son habileté dans les sciences chinoises. On raconte qu’à cinq mois elle commença à parler ; qu’à quatre ans elle avait appris par cœur les livres de Confucius ; et qu’à huit ans elle faisait des compositions savantes sur toutes sortes de sujets. Ce qu’il y a de certain, c’est qu’elle ne quittait pas les livres, et qu’elle employait presque tout son temps à la lecture.
L’empereur se disposait à envoyer une armée formidable pour réduire les Coréens, qui s’étaient révoltés : mais sa mort étant survenue, cette expédition fut différée à un autre temps.
On aurait peine à croire l’attention et le soin que prenait ce prince de l’éducation de ses enfants. Tout ce qui se présentait à ses yeux, servait de matière à ses instructions. Si par exemple il mangeait du riz, il leur faisait sentir combien ce riz avait coûté de sueurs et de fatigues aux pauvres laboureurs. Un jour qu’il se promenait avec eux sur l’eau : « Vous le voyez, mes enfants, leur disait-il, c’est l’eau qui porte cette barque, et qui peut en même temps la submerger. Songez que le peuple ressemble à cette eau, et l’empereur à cette barque. »
Un an avant sa mort, il donna à celui de ses enfants qu’il avait déclaré son héritier, les douze avis suivants, qui étaient exprimés en vingt-quatre caractères. « Rendez vous le maître de votre cœur et de ses mouvements. N’élevez aux charges et aux dignités que des gens de mérite. Faites venir les sages à votre cour. Veillez sur la conduite des magistrats. Chassez loin de votre présence les langues médisantes. Soyez ennemi de tout faste. Vivez avec économie. Que vos récompenses et vos châtiments soient proportionnés au mérite ou à la faute de celui que vous récompensez, ou que vous punissez. Ayez un soin particulier de faire fleurir l’agriculture, l’art militaire, les lois, et les sciences. Cherchez dans les anciens empereurs des modèles sur lesquels vous vous formiez au gouvernement ; car je ne mérite pas que vous jetiez les yeux sur moi, j’ai fait trop de fautes depuis que je gouverne l’empire. Visez toujours à ce qu’il y a de plus parfait, sans quoi vous n’atteindrez jamais à ce juste milieu en quoi consiste la vertu. Enfin prenez garde que l’éclat de votre rang ne vous enfle d’orgueil, ou ne vous amollisse par les délices d’une vie voluptueuse, car si cela était vous perdriez l’empire, et vous vous perdriez vous-même. »
Tai tsong mourut la quarante-sixième année du cycle à la cinquante-troisième année de son âge, et l’année suivante son fils Kao tsong fut reconnu empereur.

Jean-Baptiste Du Halde
Description de la Chine
Scheuerleer, 1736
Tome Premier, pp. 392-411
Treizième Dynastie : Tang

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LA DYNASTIE TANG
PAR ELISEE RECLUS

« Les Tang régnèrent de 619 à 906; leur plus illustre représentant fut Taï-Tsang, 627−650, qui recula les limites de l’empire jusqu’à la Caspienne et aux solitudes glacées du Nord, conquit la Corée et menaça l’Inde. De 907 à 960, cinq dynasties se succédèrent au milieu de bouleversements auxquels se mêlèrent les Khitan de la Terre des herbes ; puis la régularité des successions fut rétablie par les Sung, 960−1280, restreints, depuis 1127, aux provinces méridionales de la Chine. »

Élisée Reclus
L’Homme et la Terre
Librairie universelle, 1905
Tome quatrième – pp. 161-212
Livre Troisième
TURCS, TARTARES, MONGOLS ET CHINOIS
NOTICE HISTORIQUE

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Musée Guimet Dynastie Tang

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LE MUSEE GUIMET EN 1894

« Il m’a été donné de parcourir plusieurs fois au musée Guimet les salles silencieuses où s’entassèrent les trésors de l’Inde, de la Chine et du Japon afin de commémorer en plein Paris les légendes du plus grand d’entre les hommes, de celui qui, autant que le Christ, illumina Tolstoï, et qui triomphe aujourd’hui dans les âmes intellectuelles et curieuses autant peut-être qu’a Bénarès, il y a plus de deux mille ans. La raison de cette victoire du Bouddhisme au fond de nos intelligences blasées de notre époque, M. Guimet l’a découverte, je crois, en nous racontant dans ses Promenades Japonaises ce que lui avoua un vieux prêtre de là-bas : « Le Bouddhisme accepte dans les autres croyances tout ce qui est grand, moral et bon, car le bien est toujours inspiré par le sacré cœur de Bouddha. Nous trouvons souvent chez les autres plus de vérités que nous n’en apportons, mais tout ce qui est bien émane du sacré cœur de Bouddha, » — salutaire tolérance, qu’ignorèrent toujours les sectes despotiques d’Occident.
J’ai visité d’abord M. de Milloué, le conservateur du musée Guimet, rue Mazarine, dans son logis tranquille et laborieux.
— Mon Dieu, m’a-t-il avoué, je ne crois pas beaucoup au sérieux des bouddhistes parisiens. Je crois au bouddhisme qui nous vient des terres autochtones ; en ce moment, nous avons la chance inespérée de posséder chez nous un des plus remarquables pontifes de cette religion, M. Horiou-Toki, bouddhiste ésotérique. Vous l’avez vu officier au musée Guimet. Qu’il fut supérieure en gravité et en science aux deux autres prêtres qui le précédèrent, de cette secte Sin-Siou, qu’un prince de la famille impériale déforma, selon ses goûts, en supprimant l’abstinence de la viande et le célibat ! M. Horiou-Toki, qui nous arrive du Congrès de Chicago, travaille pour le musée Guimet à l’explication dos quatre cents gestes, « ésotériques », c’est-à-dire inexpliqués pour les profanes, gestes qu’il accomplit pendant son office sous cette sorte de chasuble qui le voile. Je ne veux vous parler que d’un seul. Grâce à ce geste invisible, le Bouddha descend dans son prêtre. De même que l’hostie, aux paroles du sacrificateur catholique, devient le corps de Jésus-Christ, — à cette prière muette, le prêtre bouddhique devient une sorte de dieu, et il peut, par sa volonté ardente, faire communier tous les assistants à sa divinité… Bien plus, les vrais croyants aperçoivent, à ce moment, sur le front de l’officiant, cinq flammes de couleurs différentes qui sont son âme délivrée… »

Jules Bois
Les Petites Religions de Paris
Léon Chailley, 1894 -pp. 45-57
I -LE BOUDDHISME ORTHODOXE

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Musée Guimet Dynastie Tang
LE MUSEE GUIMET
Paris – Парис – 巴黎
Musée national des arts asiatiques – Guimet
National Museum of Asian Arts – Guimet
亚洲艺术国家博物馆 – 集美
Национальный музей восточных искусств – Гиме

GUIMET DYNASTIE TANG

ART CHINOIS DYNASTIE TANG : Dame au chignon « en lame de sabre »

Dame au chignon « en lame de sabre »
ART CHINOIS DYNASTIE TANG
   


Musée national des arts asiatiques – Guimet
National Museum of Asian Arts – Guimet
亚洲艺术国家博物馆 – 集美

 

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Musée Guimet Paris Artgitato

Photos Artgitato
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 Musée Guimet Paris Artgitato La Chaussée des géants Angkor


ART CHINOIS DYNASTIE TANG
Musée national des arts asiatiques – Guimet
National Museum of Asian Arts
亚洲艺术国家博物馆 – 集美
Национальный музей восточных искусств – Гиме




LE MUSEE GUIMET
吉梅博物馆巴黎
музей Гиме Париж
ART CHINOIS MUSEE GUIMET

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ART CHINOIS DYNASTIE TANG
唐代艺术
CHINE DYNASTIE TANG
唐朝
618-690 & 705-907

Chine du Nord
中国北方
Dame au chignon « en lame de sabre »
Moitié du VIIe siècle
公元七世纪

Terre cuite grise 红陶
Engobe blanc – Polychromie

Collection Raymond Koechlin

 Dame au chignon en lame de sabre Dynastie Tang Musée Guimet Artgitato 2 Dame au chignon en lame de sabre Dynastie Tang Musée Guimet Artgitato

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Art Chinois Dynastie Tang

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SECOND EMPEREUR DE LA DYNASTIE TANG
TANG TAIZONG
Le restaurateur des sciences et des lettres
唐太宗
600-649
Règne de 629-649
TangTaizong Tông-thài-tsong Lí Sè-bîn

Ce fut la vingt-quatrième année du cycle que Tai tsong gouverna l’empire ; il est regardé des Chinois comme un des plus grands empereurs que la Chine ait jamais eu. Ils louent surtout sa sagesse, le favorable accès que trouvaient auprès de sa personne tous ceux qui étaient capables de lui donner de sages conseils, ou qui étaient assez courageux pour l’avertir de ses défauts ; sa modération et sa frugalité, qui étaient si grandes, qu’il ne permit jamais qu’on servît plus de huit mets à sa table, et qu’il chassa presque toutes les concubines de son palais. Mais ce qu’il y a eu de plus heureux pour ce prince, c’est que sous son règne la religion chrétienne ait pénétré dans son empire, comme on le verra dans la suite.
Il fit venir de tous côtés les meilleurs livres, et il devint en quelque sorte le restaurateur des sciences par le soin qu’il prit de rétablir dans son palais une académie pour les lettres. On y comptait huit mille disciples, parmi lesquels il y avait plusieurs enfants des princes étrangers. Il leur donna d’habiles maîtres, et entre ceux-là il y en avait dix-huit des plus excellents, qui présidaient aux études, et qu’on appelait Che pa hio sseë.
Il établit pareillement une académie militaire, où l’on s’exerçait à tirer de l’arc et il assistait lui-même très souvent à ces exercices. C’est ce qui ne fut pas du goût des ministres, qui ne pouvaient approuver que l’empereur parût dans cette académie. Ils lui en représentèrent l’indécence, et le danger qu’il y avait pour sa personne. « Je me regarde dans mon empire, répondit Tai tsong, comme un père dans sa famille, et je porte dans mon sein tous mes sujets, comme s’ils étaient mes enfants : qu’aurais-je à craindre ? »
Cette affection pour les sujets, lui faisait dire qu’il voulait que son peuple eût abondamment tout ce qui était nécessaire à la vie. « Le salut de l’empire ajouta-t-il, dépend du peuple. Un empereur qui foule et épuise son peuple pour s’enrichir est semblable à un homme qui couperait sa chair en petits morceaux pour s’en remplir l’estomac : il se remplit, il est vrai, mais il faut qu’en peu de temps tout le corps périsse. Combien d’empereurs dont la cupidité a causé leur perte ! Que de dépenses pour la satisfaire ! Pour fournir à ces dépenses, que d’impôts dont on surcharge le pauvre peuple ! Le peuple étant vexé et opprimé, que devient l’empire ? N’est-il pas sur le penchant de sa ruine ? Et l’empire périssant, quel est le sort de l’empereur ? Ce sont ces réflexions ajouta-t-il, qui me servent de frein pour modérer mes désirs. »
Il avait défendu aux magistrats, sous peine de la vie, de recevoir des présents. Pour s’assurer de l’exécution de ses ordres, il fit tenter un mandarin par un homme qu’il aposta pour lui faire un présent : ce mandarin le reçut, et l’empereur en étant informé, le condamna à mort.
Sur quoi son colao lui dit : « Grand prince, votre arrêt est juste, et le mandarin mérite la mort : mais vous, qui lui avez tendu un piège pour le faire tomber dans la faute qu’il a commise, êtes-vous tout à fait innocent, et ne participez-vous pas à son crime ? » Cette remontrance eut son effet, et l’empereur pardonna au coupable.
L’année suivante un des plus grands mandarins de guerre, reçut pareillement un habit de soie, dont on lui fit présent. L’empereur, qui en fut averti, lui envoya aussitôt quantité d’étoffes de soie. Ceux de la cour qui en furent témoins, ne purent retenir leur indignation et s’écrièrent que ce mandarin méritait le châtiment porté par la loi, et non pas une récompense. « La confusion dont il sera couvert, répondit l’empereur, sera pour lui une peine plus sensible, que le plus cruel supplice : ces étoffes que je lui envoie, loin de l’honorer, lui reprocheront continuellement sa faute. »
Toutes les fois qu’on était menacé de disette, ou par la sécheresse, ou par des pluies trop abondantes, à l’exemple des anciens empereurs, il publiait un édit, par lequel il ordonnait qu’on l’avertît des fautes dans lesquelles il aurait pu tomber, afin qu’il pût s’en corriger, et apaiser le courroux du Ciel.
Il n’ajoutait aucune foi aux augures. Un jour que des cigognes faisant leur nid en sa présence, s’arrêtèrent, et battirent des ailes, ses courtisans lui en témoignèrent leur joie, sur ce que ce battement des ailes pronostiquait quelque bonheur auquel il ne s’attendait pas. L’empereur ayant souri à leur discours flatteur, Choui tsai te hien, dit-il, ce qui signifie : un présage heureux pour moi, c’est d’être environné de sages ; et à l’instant il fit abattre le nid.
La seconde année de son règne, les campagnes furent couvertes de sauterelles, qui, par le ravage qu’elles faisaient, menaçaient d’une grande famine. « Malheureux insectes, s’écria l’empereur avec un profond soupir, en ruinant les moissons, vous ôtez la vie à mon peuple ; ah ! j’aimerais beaucoup mieux que vous dévorassiez mes entrailles ; » et en disant ces paroles, il avala une sauterelle toute vive.
En lisant les livres de médecine, composés par l’empereur Hoang ti, il y trouva que quand on meurtrit ou qu’on blesse les épaules d’un homme, les parties nobles du dedans en sont offensées. Dès lors il fit une loi, qui ordonnait de ne plus donner la bastonnade sur le dos des coupables : mais plus bas, et de la manière qu’elle se pratique encore aujourd’hui dans tout l’empire.
Il avait coutume de dire, qu’un empereur est semblable à un architecte : quand un édifice est bien construit, et appuyé sur de solides fondements, si l’architecte s’avisait d’y faire de nouveaux changements, il l’exposerait à une ruine certaine. Il en est de même de l’empire : quand il est une fois bien établi, et gouverné par de sages lois, il faut bien se donner de garde d’y introduire aucune nouveauté.
« C’est un commun proverbe, dit-il une autre fois, qu’un empereur est craint de tout le monde, et qu’il n’a rien à craindre. Ce n’est pas là mon sentiment : je crains sans cesse, et la providence de l’empereur du Ciel, à qui rien n’échappe, et les yeux de mes sujets, qui sont continuellement attachés sur moi ; c’est pour cela que je veille à tout moment sur moi-même, pour ne rien faire qui ne soit conforme aux volontés du Ciel et aux désirs de mes peuples. »
Pour consoler son peuple dans un temps de sécheresse, il donna la liberté aux prisonniers, et accorda une amnistie générale, en ajoutant néanmoins que c’était une indulgence dont un prince devait user sobrement, de crainte que l’impunité des méchants ne fut préjudiciable aux gens de bien, et qu’il fallait arracher l’ivraie, de peur qu’elle ne nuisît au bon grain.
L’année septième de son règne, il visita en personne les prisons publiques. Il y avait trois cent quatre-vingt-dix prisonniers, qui tous méritaient la mort : il leur fit ouvrir les prisons, avec ordre d’y revenir aussitôt après la récolte. Tous, sans qu’un seul y manquât, s’y rendirent au temps marqué.
L’empereur fut tellement surpris de leur fidélité à garder leur parole, la joie qu’il en eut, fut si grande, qu’il leur accorda à tous la vie et la liberté.
Les annales chinoises rapportent, que la huitième année de ce règne, on vit arriver à la Chine des ambassadeurs des nations éloignées, dont l’air, la figure, et les habillements étaient tout à fait étrangers aux Chinois, qui n’en avaient jamais vu de semblables ; que l’empereur même s’applaudit, de ce que sous son règne, des hommes qui avaient les cheveux blonds et les yeux bleus, eussent pénétré dans son empire. Il paraît certain que ces étrangers sont ceux, dont on lit les noms sur le monument de pierre trouvé en 1625 à Si ngan fou dans la province de Chen si. On y voit la croix, un abrégé de la loi chrétienne, les noms de soixante-douze prédicateurs de cette loi, gravés en caractères syriaques, et la date qui marque l’année huitième du règne de Tai tsong.
On conserve dans la bibliothèque du roi un vieux manuscrit arabe, où on lit que c’est en ce même temps qu’un patriarche catholique des Indes envoya à la Chine des prédicateurs de l’Évangile. On les reçut avec honneur dans la ville impériale, où ils furent introduits par Fan hiuen ling, colao de l’empire.
Ce fut vers ce temps-là que l’empereur fît choix de treize personnes les plus distinguées par leur mérite, et par leur intégrité, pour visiter toutes les parties de son empire ; et en les envoyant, il leur donna plein pouvoir d’exercer souverainement la justice, et de punir sévèrement les gouverneurs des villes, et les vicerois des provinces, dont la conduite serait répréhensible.
Il fut sensiblement affligé l’année dixième de son règne par la perte qu’il fit de l’impératrice nommée Tchang sun. C’était une princesse, qui joignait à une rare prudence, une capacité peu ordinaire aux personnes de son sexe. On a remarqué que tant qu’elle vécut, de cette multitude d’officiers qui servent dans le palais, il n’y en eut aucun qu’on ait puni avec sévérité, ce qui est presque sans exemple.
L’empereur s’étant lassé des avis fréquents et importuns que lui donnait son colao nommé Guei tching lui défendit de paraître en sa présence. L’impératrice, qui en fut informée, prit aussitôt ses plus riches parures, et alla trouver son mari. « Prince, lui dit-elle, j’ai souvent ouï dire que quand un empereur a de la sagesse et de la pénétration, ses sujets ont de la droiture, et ne craignent point de dire la vérité. Vous avez un colao d’un esprit droit et incapable de dissimuler ; c’est ce qui me fait juger quelle est votre sagesse, et combien elle mérite d’être applaudie ; et c’est pourquoi je viens vous en féliciter, et vous en témoigner ma joie. » Ce compliment apaisa l’empereur, et le ministre fut rétabli dans sa première faveur.
Cette princesse avait composé un livre divisé en trente chapitres, sur la manière dont on doit se gouverner dans l’appartement intérieur des femmes. L’empereur le tenant entre ses mains, et fondant en larmes : « Voilà, dit-il, des règlements qui devraient s’observer dans tous les siècles. Je sais, ajouta-t-il, que l’affliction où je suis, m’est venue du Ciel, et qu’il n’y a point de remède. Mais quand je pense à la perte que j’ai faite d’une compagne si fidèle et si accomplie, que je me vois privé pour toujours de ses sages conseils, m’est-il possible de retenir mes larmes ? » Il voulut laisser un monument éternel de sa douleur, et pour cela il lui fit élever un mausolée, beaucoup plus magnifique que celui qu’il avait ordonné pour son père, qui était mort l’année précédente.
Un jour se trouvant avec son colao sur une éminence, d’où l’on apercevait ce mausolée, et le lui ayant fait remarquer, le colao fit semblant de ne pas l’apercevoir. « Prince, lui dit-il, je croyais que vous me montriez le sépulcre de votre père ; car pour celui de votre épouse, il y a longtemps que je l’ai vu. »
A ce discours, le prince ne put s’empêcher de pleurer, et touché du secret reproche que lui faisait son ministre, il fit abattre le mausolée. Tant il est vrai que parmi les Chinois la piété filiale l’emporte sur l’amour conjugal.
L’année onzième de son règne, il admit dans le palais une jeune fille de quatorze ans, nommée Vou chi, qui était d’une rare beauté, et qui brillait encore davantage par les agréments de son esprit. C’est cette fille qu’on verra dans la suite usurper la souveraine puissance, et gouverner tyranniquement l’empire.
L’année douzième l’empereur permit de publier la loi chrétienne dans son empire ; il accorda même un emplacement dans la ville impériale, pour y élever un temple au vrai Dieu.
Guei tching, colao de l’empire, mourut l’année 17e extrêmement regretté de l’empereur. Ce prince écrivit lui-même son éloge, et le fit graver sur son tombeau. Ensuite se tournant vers ses courtisans : « Nous avons, dit-il, trois sortes de miroirs, l’un est d’acier qui sert aux dames à orner leur tête et à se parer. Le second que j’appelle ainsi sont les anciens livres où on lit la naissance, le progrès et la décadence des empires. Enfin le troisième, ce sont les hommes mêmes : pour peu qu’on étudie leurs actions, on voit ce qu’il faut éviter et ce qu’il faut pratiquer. J’avais ce dernier miroir dans la personne de mon colao, et malheureusement je l’ai perdu, sans que j’espère en retrouver un semblable. »
Une autre fois qu’il entretenait ses courtisans : « Un prince, leur dit-il, n’a qu’un cœur, et ce cœur est continuellement assiégé par ceux qui l’environnent. Il y en a qui l’attaquent par l’amour de la vaine gloire qu’ils s’efforcent de lui inspirer ; d’autres par la mollesse et les délices ; quelques-uns par les caresses et la flatterie ; quelques autres ont recours à la ruse et au mensonge pour le surprendre ; et toutes ces machines qu’ils font jouer, n’ont d’autre but que de s’insinuer dans les bonnes grâces du prince, de gagner sa faveur, et de s’élever aux charges et aux dignités de l’empire. Pour peu qu’un prince cesse de veiller sur son cœur, que n’a-t-il pas à craindre ? »
L’année vingt-unième il épousa la fille de son colao, nommée Sin hoei, et lui donna le titre de sage. Cette princesse était célèbre par la beauté de son génie, et par son habileté dans les sciences chinoises. On raconte qu’à cinq mois elle commença à parler ; qu’à quatre ans elle avait appris par cœur les livres de Confucius ; et qu’à huit ans elle faisait des compositions savantes sur toutes sortes de sujets. Ce qu’il y a de certain, c’est qu’elle ne quittait pas les livres, et qu’elle employait presque tout son temps à la lecture.
L’empereur se disposait à envoyer une armée formidable pour réduire les Coréens, qui s’étaient révoltés : mais sa mort étant survenue, cette expédition fut différée à un autre temps.
On aurait peine à croire l’attention et le soin que prenait ce prince de l’éducation de ses enfants. Tout ce qui se présentait à ses yeux, servait de matière à ses instructions. Si par exemple il mangeait du riz, il leur faisait sentir combien ce riz avait coûté de sueurs et de fatigues aux pauvres laboureurs. Un jour qu’il se promenait avec eux sur l’eau : « Vous le voyez, mes enfants, leur disait-il, c’est l’eau qui porte cette barque, et qui peut en même temps la submerger. Songez que le peuple ressemble à cette eau, et l’empereur à cette barque. »
Un an avant sa mort, il donna à celui de ses enfants qu’il avait déclaré son héritier, les douze avis suivants, qui étaient exprimés en vingt-quatre caractères. « Rendez vous le maître de votre cœur et de ses mouvements. N’élevez aux charges et aux dignités que des gens de mérite. Faites venir les sages à votre cour. Veillez sur la conduite des magistrats. Chassez loin de votre présence les langues médisantes. Soyez ennemi de tout faste. Vivez avec économie. Que vos récompenses et vos châtiments soient proportionnés au mérite ou à la faute de celui que vous récompensez, ou que vous punissez. Ayez un soin particulier de faire fleurir l’agriculture, l’art militaire, les lois, et les sciences. Cherchez dans les anciens empereurs des modèles sur lesquels vous vous formiez au gouvernement ; car je ne mérite pas que vous jetiez les yeux sur moi, j’ai fait trop de fautes depuis que je gouverne l’empire. Visez toujours à ce qu’il y a de plus parfait, sans quoi vous n’atteindrez jamais à ce juste milieu en quoi consiste la vertu. Enfin prenez garde que l’éclat de votre rang ne vous enfle d’orgueil, ou ne vous amollisse par les délices d’une vie voluptueuse, car si cela était vous perdriez l’empire, et vous vous perdriez vous-même. »
Tai tsong mourut la quarante-sixième année du cycle à la cinquante-troisième année de son âge, et l’année suivante son fils Kao tsong fut reconnu empereur.

Jean-Baptiste Du Halde
Description de la Chine
Scheuerleer, 1736
Tome Premier, pp. 392-411
Treizième Dynastie : Tang

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LA DYNASTIE TANG
PAR ELISEE RECLUS

« Les Tang régnèrent de 619 à 906; leur plus illustre représentant fut Taï-Tsang, 627−650, qui recula les limites de l’empire jusqu’à la Caspienne et aux solitudes glacées du Nord, conquit la Corée et menaça l’Inde. De 907 à 960, cinq dynasties se succédèrent au milieu de bouleversements auxquels se mêlèrent les Khitan de la Terre des herbes ; puis la régularité des successions fut rétablie par les Sung, 960−1280, restreints, depuis 1127, aux provinces méridionales de la Chine. »

Élisée Reclus
L’Homme et la Terre
Librairie universelle, 1905
Tome quatrième – pp. 161-212
Livre Troisième
TURCS, TARTARES, MONGOLS ET CHINOIS
NOTICE HISTORIQUE

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ART CHINOIS MUSEE GUIMET

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LE MUSEE GUIMET EN 1894

« Il m’a été donné de parcourir plusieurs fois au musée Guimet les salles silencieuses où s’entassèrent les trésors de l’Inde, de la Chine et du Japon afin de commémorer en plein Paris les légendes du plus grand d’entre les hommes, de celui qui, autant que le Christ, illumina Tolstoï, et qui triomphe aujourd’hui dans les âmes intellectuelles et curieuses autant peut-être qu’a Bénarès, il y a plus de deux mille ans. La raison de cette victoire du Bouddhisme au fond de nos intelligences blasées de notre époque, M. Guimet l’a découverte, je crois, en nous racontant dans ses Promenades Japonaises ce que lui avoua un vieux prêtre de là-bas : « Le Bouddhisme accepte dans les autres croyances tout ce qui est grand, moral et bon, car le bien est toujours inspiré par le sacré cœur de Bouddha. Nous trouvons souvent chez les autres plus de vérités que nous n’en apportons, mais tout ce qui est bien émane du sacré cœur de Bouddha, » — salutaire tolérance, qu’ignorèrent toujours les sectes despotiques d’Occident.
J’ai visité d’abord M. de Milloué, le conservateur du musée Guimet, rue Mazarine, dans son logis tranquille et laborieux.
— Mon Dieu, m’a-t-il avoué, je ne crois pas beaucoup au sérieux des bouddhistes parisiens. Je crois au bouddhisme qui nous vient des terres autochtones ; en ce moment, nous avons la chance inespérée de posséder chez nous un des plus remarquables pontifes de cette religion, M. Horiou-Toki, bouddhiste ésotérique. Vous l’avez vu officier au musée Guimet. Qu’il fut supérieure en gravité et en science aux deux autres prêtres qui le précédèrent, de cette secte Sin-Siou, qu’un prince de la famille impériale déforma, selon ses goûts, en supprimant l’abstinence de la viande et le célibat ! M. Horiou-Toki, qui nous arrive du Congrès de Chicago, travaille pour le musée Guimet à l’explication dos quatre cents gestes, « ésotériques », c’est-à-dire inexpliqués pour les profanes, gestes qu’il accomplit pendant son office sous cette sorte de chasuble qui le voile. Je ne veux vous parler que d’un seul. Grâce à ce geste invisible, le Bouddha descend dans son prêtre. De même que l’hostie, aux paroles du sacrificateur catholique, devient le corps de Jésus-Christ, — à cette prière muette, le prêtre bouddhique devient une sorte de dieu, et il peut, par sa volonté ardente, faire communier tous les assistants à sa divinité… Bien plus, les vrais croyants aperçoivent, à ce moment, sur le front de l’officiant, cinq flammes de couleurs différentes qui sont son âme délivrée… »

Jules Bois
Les Petites Religions de Paris
Léon Chailley, 1894 -pp. 45-57
I -LE BOUDDHISME ORTHODOXE

********

Art Chinois Dynastie Tang
LE MUSEE GUIMET
Paris – Парис – 巴黎
Musée national des arts asiatiques – Guimet
National Museum of Asian Arts – Guimet
亚洲艺术国家博物馆 – 集美
Национальный музей восточных искусств – Гиме

ART CHINOIS DYNASTIE TANG

DEUX DANSEUSES -两个舞者- DYNASTIE TANG MUSEE GUIMET-唐朝- 唐代艺术- PARIS

DEUX DANSEUSES
两个舞者
 Dynastie Tang Musée Guimet
  


Musée national des arts asiatiques – Guimet
National Museum of Asian Arts – Guimet
亚洲艺术国家博物馆 – 集美

 

——

Musée Guimet Paris Artgitato

Photos Artgitato
*

 Musée Guimet Paris Artgitato La Chaussée des géants Angkor


Dynastie Tang Musée Guimet
Musée national des arts asiatiques – Guimet
National Museum of Asian Arts
亚洲艺术国家博物馆 – 集美
Национальный музей восточных искусств – Гиме




LE MUSEE GUIMET
吉梅博物馆巴黎
музей Гиме Париж
ART TANG

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ART DYNASTIE TANG
唐代艺术
CHINE DYNASTIE TANG
唐朝
618-690 & 705-907

Chine du Nord
中国北方

Chine de Nord
Deux danseuses
两个舞者
Milieu VIIe siècle
公元七世纪

Terre cuite blanche 红陶
Glaçure plombifère

Collection Jacques Polain 1993

Deux danseuses Dynastie Tang Musée Guimet Paris Artgitato

**

****
SECOND EMPEREUR DE LA DYNASTIE TANG
TANG TAIZONG
Le restaurateur des sciences et des lettres
唐太宗
600-649
Règne de 629-649
TangTaizong Tông-thài-tsong Lí Sè-bîn

Ce fut la vingt-quatrième année du cycle que Tai tsong gouverna l’empire ; il est regardé des Chinois comme un des plus grands empereurs que la Chine ait jamais eu. Ils louent surtout sa sagesse, le favorable accès que trouvaient auprès de sa personne tous ceux qui étaient capables de lui donner de sages conseils, ou qui étaient assez courageux pour l’avertir de ses défauts ; sa modération et sa frugalité, qui étaient si grandes, qu’il ne permit jamais qu’on servît plus de huit mets à sa table, et qu’il chassa presque toutes les concubines de son palais. Mais ce qu’il y a eu de plus heureux pour ce prince, c’est que sous son règne la religion chrétienne ait pénétré dans son empire, comme on le verra dans la suite.
Il fit venir de tous côtés les meilleurs livres, et il devint en quelque sorte le restaurateur des sciences par le soin qu’il prit de rétablir dans son palais une académie pour les lettres. On y comptait huit mille disciples, parmi lesquels il y avait plusieurs enfants des princes étrangers. Il leur donna d’habiles maîtres, et entre ceux-là il y en avait dix-huit des plus excellents, qui présidaient aux études, et qu’on appelait Che pa hio sseë.
Il établit pareillement une académie militaire, où l’on s’exerçait à tirer de l’arc et il assistait lui-même très souvent à ces exercices. C’est ce qui ne fut pas du goût des ministres, qui ne pouvaient approuver que l’empereur parût dans cette académie. Ils lui en représentèrent l’indécence, et le danger qu’il y avait pour sa personne. « Je me regarde dans mon empire, répondit Tai tsong, comme un père dans sa famille, et je porte dans mon sein tous mes sujets, comme s’ils étaient mes enfants : qu’aurais-je à craindre ? »
Cette affection pour les sujets, lui faisait dire qu’il voulait que son peuple eût abondamment tout ce qui était nécessaire à la vie. « Le salut de l’empire ajouta-t-il, dépend du peuple. Un empereur qui foule et épuise son peuple pour s’enrichir est semblable à un homme qui couperait sa chair en petits morceaux pour s’en remplir l’estomac : il se remplit, il est vrai, mais il faut qu’en peu de temps tout le corps périsse. Combien d’empereurs dont la cupidité a causé leur perte ! Que de dépenses pour la satisfaire ! Pour fournir à ces dépenses, que d’impôts dont on surcharge le pauvre peuple ! Le peuple étant vexé et opprimé, que devient l’empire ? N’est-il pas sur le penchant de sa ruine ? Et l’empire périssant, quel est le sort de l’empereur ? Ce sont ces réflexions ajouta-t-il, qui me servent de frein pour modérer mes désirs. »
Il avait défendu aux magistrats, sous peine de la vie, de recevoir des présents. Pour s’assurer de l’exécution de ses ordres, il fit tenter un mandarin par un homme qu’il aposta pour lui faire un présent : ce mandarin le reçut, et l’empereur en étant informé, le condamna à mort.
Sur quoi son colao lui dit : « Grand prince, votre arrêt est juste, et le mandarin mérite la mort : mais vous, qui lui avez tendu un piège pour le faire tomber dans la faute qu’il a commise, êtes-vous tout à fait innocent, et ne participez-vous pas à son crime ? » Cette remontrance eut son effet, et l’empereur pardonna au coupable.
L’année suivante un des plus grands mandarins de guerre, reçut pareillement un habit de soie, dont on lui fit présent. L’empereur, qui en fut averti, lui envoya aussitôt quantité d’étoffes de soie. Ceux de la cour qui en furent témoins, ne purent retenir leur indignation et s’écrièrent que ce mandarin méritait le châtiment porté par la loi, et non pas une récompense. « La confusion dont il sera couvert, répondit l’empereur, sera pour lui une peine plus sensible, que le plus cruel supplice : ces étoffes que je lui envoie, loin de l’honorer, lui reprocheront continuellement sa faute. »
Toutes les fois qu’on était menacé de disette, ou par la sécheresse, ou par des pluies trop abondantes, à l’exemple des anciens empereurs, il publiait un édit, par lequel il ordonnait qu’on l’avertît des fautes dans lesquelles il aurait pu tomber, afin qu’il pût s’en corriger, et apaiser le courroux du Ciel.
Il n’ajoutait aucune foi aux augures. Un jour que des cigognes faisant leur nid en sa présence, s’arrêtèrent, et battirent des ailes, ses courtisans lui en témoignèrent leur joie, sur ce que ce battement des ailes pronostiquait quelque bonheur auquel il ne s’attendait pas. L’empereur ayant souri à leur discours flatteur, Choui tsai te hien, dit-il, ce qui signifie : un présage heureux pour moi, c’est d’être environné de sages ; et à l’instant il fit abattre le nid.
La seconde année de son règne, les campagnes furent couvertes de sauterelles, qui, par le ravage qu’elles faisaient, menaçaient d’une grande famine. « Malheureux insectes, s’écria l’empereur avec un profond soupir, en ruinant les moissons, vous ôtez la vie à mon peuple ; ah ! j’aimerais beaucoup mieux que vous dévorassiez mes entrailles ; » et en disant ces paroles, il avala une sauterelle toute vive.
En lisant les livres de médecine, composés par l’empereur Hoang ti, il y trouva que quand on meurtrit ou qu’on blesse les épaules d’un homme, les parties nobles du dedans en sont offensées. Dès lors il fit une loi, qui ordonnait de ne plus donner la bastonnade sur le dos des coupables : mais plus bas, et de la manière qu’elle se pratique encore aujourd’hui dans tout l’empire.
Il avait coutume de dire, qu’un empereur est semblable à un architecte : quand un édifice est bien construit, et appuyé sur de solides fondements, si l’architecte s’avisait d’y faire de nouveaux changements, il l’exposerait à une ruine certaine. Il en est de même de l’empire : quand il est une fois bien établi, et gouverné par de sages lois, il faut bien se donner de garde d’y introduire aucune nouveauté.
« C’est un commun proverbe, dit-il une autre fois, qu’un empereur est craint de tout le monde, et qu’il n’a rien à craindre. Ce n’est pas là mon sentiment : je crains sans cesse, et la providence de l’empereur du Ciel, à qui rien n’échappe, et les yeux de mes sujets, qui sont continuellement attachés sur moi ; c’est pour cela que je veille à tout moment sur moi-même, pour ne rien faire qui ne soit conforme aux volontés du Ciel et aux désirs de mes peuples. »
Pour consoler son peuple dans un temps de sécheresse, il donna la liberté aux prisonniers, et accorda une amnistie générale, en ajoutant néanmoins que c’était une indulgence dont un prince devait user sobrement, de crainte que l’impunité des méchants ne fut préjudiciable aux gens de bien, et qu’il fallait arracher l’ivraie, de peur qu’elle ne nuisît au bon grain.
L’année septième de son règne, il visita en personne les prisons publiques. Il y avait trois cent quatre-vingt-dix prisonniers, qui tous méritaient la mort : il leur fit ouvrir les prisons, avec ordre d’y revenir aussitôt après la récolte. Tous, sans qu’un seul y manquât, s’y rendirent au temps marqué.
L’empereur fut tellement surpris de leur fidélité à garder leur parole, la joie qu’il en eut, fut si grande, qu’il leur accorda à tous la vie et la liberté.
Les annales chinoises rapportent, que la huitième année de ce règne, on vit arriver à la Chine des ambassadeurs des nations éloignées, dont l’air, la figure, et les habillements étaient tout à fait étrangers aux Chinois, qui n’en avaient jamais vu de semblables ; que l’empereur même s’applaudit, de ce que sous son règne, des hommes qui avaient les cheveux blonds et les yeux bleus, eussent pénétré dans son empire. Il paraît certain que ces étrangers sont ceux, dont on lit les noms sur le monument de pierre trouvé en 1625 à Si ngan fou dans la province de Chen si. On y voit la croix, un abrégé de la loi chrétienne, les noms de soixante-douze prédicateurs de cette loi, gravés en caractères syriaques, et la date qui marque l’année huitième du règne de Tai tsong.
On conserve dans la bibliothèque du roi un vieux manuscrit arabe, où on lit que c’est en ce même temps qu’un patriarche catholique des Indes envoya à la Chine des prédicateurs de l’Évangile. On les reçut avec honneur dans la ville impériale, où ils furent introduits par Fan hiuen ling, colao de l’empire.
Ce fut vers ce temps-là que l’empereur fît choix de treize personnes les plus distinguées par leur mérite, et par leur intégrité, pour visiter toutes les parties de son empire ; et en les envoyant, il leur donna plein pouvoir d’exercer souverainement la justice, et de punir sévèrement les gouverneurs des villes, et les vicerois des provinces, dont la conduite serait répréhensible.
Il fut sensiblement affligé l’année dixième de son règne par la perte qu’il fit de l’impératrice nommée Tchang sun. C’était une princesse, qui joignait à une rare prudence, une capacité peu ordinaire aux personnes de son sexe. On a remarqué que tant qu’elle vécut, de cette multitude d’officiers qui servent dans le palais, il n’y en eut aucun qu’on ait puni avec sévérité, ce qui est presque sans exemple.
L’empereur s’étant lassé des avis fréquents et importuns que lui donnait son colao nommé Guei tching lui défendit de paraître en sa présence. L’impératrice, qui en fut informée, prit aussitôt ses plus riches parures, et alla trouver son mari. « Prince, lui dit-elle, j’ai souvent ouï dire que quand un empereur a de la sagesse et de la pénétration, ses sujets ont de la droiture, et ne craignent point de dire la vérité. Vous avez un colao d’un esprit droit et incapable de dissimuler ; c’est ce qui me fait juger quelle est votre sagesse, et combien elle mérite d’être applaudie ; et c’est pourquoi je viens vous en féliciter, et vous en témoigner ma joie. » Ce compliment apaisa l’empereur, et le ministre fut rétabli dans sa première faveur.
Cette princesse avait composé un livre divisé en trente chapitres, sur la manière dont on doit se gouverner dans l’appartement intérieur des femmes. L’empereur le tenant entre ses mains, et fondant en larmes : « Voilà, dit-il, des règlements qui devraient s’observer dans tous les siècles. Je sais, ajouta-t-il, que l’affliction où je suis, m’est venue du Ciel, et qu’il n’y a point de remède. Mais quand je pense à la perte que j’ai faite d’une compagne si fidèle et si accomplie, que je me vois privé pour toujours de ses sages conseils, m’est-il possible de retenir mes larmes ? » Il voulut laisser un monument éternel de sa douleur, et pour cela il lui fit élever un mausolée, beaucoup plus magnifique que celui qu’il avait ordonné pour son père, qui était mort l’année précédente.
Un jour se trouvant avec son colao sur une éminence, d’où l’on apercevait ce mausolée, et le lui ayant fait remarquer, le colao fit semblant de ne pas l’apercevoir. « Prince, lui dit-il, je croyais que vous me montriez le sépulcre de votre père ; car pour celui de votre épouse, il y a longtemps que je l’ai vu. »
A ce discours, le prince ne put s’empêcher de pleurer, et touché du secret reproche que lui faisait son ministre, il fit abattre le mausolée. Tant il est vrai que parmi les Chinois la piété filiale l’emporte sur l’amour conjugal.
L’année onzième de son règne, il admit dans le palais une jeune fille de quatorze ans, nommée Vou chi, qui était d’une rare beauté, et qui brillait encore davantage par les agréments de son esprit. C’est cette fille qu’on verra dans la suite usurper la souveraine puissance, et gouverner tyranniquement l’empire.
L’année douzième l’empereur permit de publier la loi chrétienne dans son empire ; il accorda même un emplacement dans la ville impériale, pour y élever un temple au vrai Dieu.
Guei tching, colao de l’empire, mourut l’année 17e extrêmement regretté de l’empereur. Ce prince écrivit lui-même son éloge, et le fit graver sur son tombeau. Ensuite se tournant vers ses courtisans : « Nous avons, dit-il, trois sortes de miroirs, l’un est d’acier qui sert aux dames à orner leur tête et à se parer. Le second que j’appelle ainsi sont les anciens livres où on lit la naissance, le progrès et la décadence des empires. Enfin le troisième, ce sont les hommes mêmes : pour peu qu’on étudie leurs actions, on voit ce qu’il faut éviter et ce qu’il faut pratiquer. J’avais ce dernier miroir dans la personne de mon colao, et malheureusement je l’ai perdu, sans que j’espère en retrouver un semblable. »
Une autre fois qu’il entretenait ses courtisans : « Un prince, leur dit-il, n’a qu’un cœur, et ce cœur est continuellement assiégé par ceux qui l’environnent. Il y en a qui l’attaquent par l’amour de la vaine gloire qu’ils s’efforcent de lui inspirer ; d’autres par la mollesse et les délices ; quelques-uns par les caresses et la flatterie ; quelques autres ont recours à la ruse et au mensonge pour le surprendre ; et toutes ces machines qu’ils font jouer, n’ont d’autre but que de s’insinuer dans les bonnes grâces du prince, de gagner sa faveur, et de s’élever aux charges et aux dignités de l’empire. Pour peu qu’un prince cesse de veiller sur son cœur, que n’a-t-il pas à craindre ? »
L’année vingt-unième il épousa la fille de son colao, nommée Sin hoei, et lui donna le titre de sage. Cette princesse était célèbre par la beauté de son génie, et par son habileté dans les sciences chinoises. On raconte qu’à cinq mois elle commença à parler ; qu’à quatre ans elle avait appris par cœur les livres de Confucius ; et qu’à huit ans elle faisait des compositions savantes sur toutes sortes de sujets. Ce qu’il y a de certain, c’est qu’elle ne quittait pas les livres, et qu’elle employait presque tout son temps à la lecture.
L’empereur se disposait à envoyer une armée formidable pour réduire les Coréens, qui s’étaient révoltés : mais sa mort étant survenue, cette expédition fut différée à un autre temps.
On aurait peine à croire l’attention et le soin que prenait ce prince de l’éducation de ses enfants. Tout ce qui se présentait à ses yeux, servait de matière à ses instructions. Si par exemple il mangeait du riz, il leur faisait sentir combien ce riz avait coûté de sueurs et de fatigues aux pauvres laboureurs. Un jour qu’il se promenait avec eux sur l’eau : « Vous le voyez, mes enfants, leur disait-il, c’est l’eau qui porte cette barque, et qui peut en même temps la submerger. Songez que le peuple ressemble à cette eau, et l’empereur à cette barque. »
Un an avant sa mort, il donna à celui de ses enfants qu’il avait déclaré son héritier, les douze avis suivants, qui étaient exprimés en vingt-quatre caractères. « Rendez vous le maître de votre cœur et de ses mouvements. N’élevez aux charges et aux dignités que des gens de mérite. Faites venir les sages à votre cour. Veillez sur la conduite des magistrats. Chassez loin de votre présence les langues médisantes. Soyez ennemi de tout faste. Vivez avec économie. Que vos récompenses et vos châtiments soient proportionnés au mérite ou à la faute de celui que vous récompensez, ou que vous punissez. Ayez un soin particulier de faire fleurir l’agriculture, l’art militaire, les lois, et les sciences. Cherchez dans les anciens empereurs des modèles sur lesquels vous vous formiez au gouvernement ; car je ne mérite pas que vous jetiez les yeux sur moi, j’ai fait trop de fautes depuis que je gouverne l’empire. Visez toujours à ce qu’il y a de plus parfait, sans quoi vous n’atteindrez jamais à ce juste milieu en quoi consiste la vertu. Enfin prenez garde que l’éclat de votre rang ne vous enfle d’orgueil, ou ne vous amollisse par les délices d’une vie voluptueuse, car si cela était vous perdriez l’empire, et vous vous perdriez vous-même. »
Tai tsong mourut la quarante-sixième année du cycle à la cinquante-troisième année de son âge, et l’année suivante son fils Kao tsong fut reconnu empereur.

Jean-Baptiste Du Halde
Description de la Chine
Scheuerleer, 1736
Tome Premier, pp. 392-411
Treizième Dynastie : Tang

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LA DYNASTIE TANG
PAR ELISEE RECLUS

« Les Tang régnèrent de 619 à 906; leur plus illustre représentant fut Taï-Tsang, 627−650, qui recula les limites de l’empire jusqu’à la Caspienne et aux solitudes glacées du Nord, conquit la Corée et menaça l’Inde. De 907 à 960, cinq dynasties se succédèrent au milieu de bouleversements auxquels se mêlèrent les Khitan de la Terre des herbes ; puis la régularité des successions fut rétablie par les Sung, 960−1280, restreints, depuis 1127, aux provinces méridionales de la Chine. »

Élisée Reclus
L’Homme et la Terre
Librairie universelle, 1905
Tome quatrième – pp. 161-212
Livre Troisième
TURCS, TARTARES, MONGOLS ET CHINOIS
NOTICE HISTORIQUE

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ART DYNASTIE TANG

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LE MUSEE GUIMET EN 1894

« Il m’a été donné de parcourir plusieurs fois au musée Guimet les salles silencieuses où s’entassèrent les trésors de l’Inde, de la Chine et du Japon afin de commémorer en plein Paris les légendes du plus grand d’entre les hommes, de celui qui, autant que le Christ, illumina Tolstoï, et qui triomphe aujourd’hui dans les âmes intellectuelles et curieuses autant peut-être qu’a Bénarès, il y a plus de deux mille ans. La raison de cette victoire du Bouddhisme au fond de nos intelligences blasées de notre époque, M. Guimet l’a découverte, je crois, en nous racontant dans ses Promenades Japonaises ce que lui avoua un vieux prêtre de là-bas : « Le Bouddhisme accepte dans les autres croyances tout ce qui est grand, moral et bon, car le bien est toujours inspiré par le sacré cœur de Bouddha. Nous trouvons souvent chez les autres plus de vérités que nous n’en apportons, mais tout ce qui est bien émane du sacré cœur de Bouddha, » — salutaire tolérance, qu’ignorèrent toujours les sectes despotiques d’Occident.
J’ai visité d’abord M. de Milloué, le conservateur du musée Guimet, rue Mazarine, dans son logis tranquille et laborieux.
— Mon Dieu, m’a-t-il avoué, je ne crois pas beaucoup au sérieux des bouddhistes parisiens. Je crois au bouddhisme qui nous vient des terres autochtones ; en ce moment, nous avons la chance inespérée de posséder chez nous un des plus remarquables pontifes de cette religion, M. Horiou-Toki, bouddhiste ésotérique. Vous l’avez vu officier au musée Guimet. Qu’il fut supérieure en gravité et en science aux deux autres prêtres qui le précédèrent, de cette secte Sin-Siou, qu’un prince de la famille impériale déforma, selon ses goûts, en supprimant l’abstinence de la viande et le célibat ! M. Horiou-Toki, qui nous arrive du Congrès de Chicago, travaille pour le musée Guimet à l’explication dos quatre cents gestes, « ésotériques », c’est-à-dire inexpliqués pour les profanes, gestes qu’il accomplit pendant son office sous cette sorte de chasuble qui le voile. Je ne veux vous parler que d’un seul. Grâce à ce geste invisible, le Bouddha descend dans son prêtre. De même que l’hostie, aux paroles du sacrificateur catholique, devient le corps de Jésus-Christ, — à cette prière muette, le prêtre bouddhique devient une sorte de dieu, et il peut, par sa volonté ardente, faire communier tous les assistants à sa divinité… Bien plus, les vrais croyants aperçoivent, à ce moment, sur le front de l’officiant, cinq flammes de couleurs différentes qui sont son âme délivrée… »

Jules Bois
Les Petites Religions de Paris
Léon Chailley, 1894 -pp. 45-57
I -LE BOUDDHISME ORTHODOXE

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Dynastie Tang Musée Guimet
LE MUSEE GUIMET
Paris – Парис – 巴黎
Musée national des arts asiatiques – Guimet
National Museum of Asian Arts – Guimet
亚洲艺术国家博物馆 – 集美
Национальный музей восточных искусств – Гиме

ART DYNASTIE TANG

ART CHINOIS MUSEE GUIMET – LES CINQ SUIVANTES

LES CINQ SUIVANTES
ART CHINOIS MUSEE GUIMET
  


Musée national des arts asiatiques – Guimet
National Museum of Asian Arts – Guimet
亚洲艺术国家博物馆 – 集美

 

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Musée Guimet Paris Artgitato

Photos Artgitato
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 Musée Guimet Paris Artgitato La Chaussée des géants Angkor


Musée national des arts asiatiques – Guimet
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LE MUSEE GUIMET
吉梅博物馆巴黎
музей Гиме Париж
ART CHINOIS MUSEE GUIMET

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ART DYNASTIE TANG
唐代艺术
CHINE DYNASTIE TANG
唐朝
618-690 & 705-907

Chine du Nord
中国北方

Cinq suivantes
VIIe siècle
公元七世纪
Terre cuite moulée et peinte sur engobe
红陶

Art Chinois Musée Guimet

cinq suivantes Art dynastie Tang Musée Guimet Paris Artgitato 2

Art Chinois Musée Guimet

cinq suivantes Art dynastie Tang Musée Guimet Paris Artgitato

 

ART CHINOIS MUSEE GUIMET

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SECOND EMPEREUR DE LA DYNASTIE TANG
TANG TAIZONG
Le restaurateur des sciences et des lettres
唐太宗
600-649
Règne de 629-649
TangTaizong Tông-thài-tsong Lí Sè-bîn

Ce fut la vingt-quatrième année du cycle que Tai tsong gouverna l’empire ; il est regardé des Chinois comme un des plus grands empereurs que la Chine ait jamais eu. Ils louent surtout sa sagesse, le favorable accès que trouvaient auprès de sa personne tous ceux qui étaient capables de lui donner de sages conseils, ou qui étaient assez courageux pour l’avertir de ses défauts ; sa modération et sa frugalité, qui étaient si grandes, qu’il ne permit jamais qu’on servît plus de huit mets à sa table, et qu’il chassa presque toutes les concubines de son palais. Mais ce qu’il y a eu de plus heureux pour ce prince, c’est que sous son règne la religion chrétienne ait pénétré dans son empire, comme on le verra dans la suite.
Il fit venir de tous côtés les meilleurs livres, et il devint en quelque sorte le restaurateur des sciences par le soin qu’il prit de rétablir dans son palais une académie pour les lettres. On y comptait huit mille disciples, parmi lesquels il y avait plusieurs enfants des princes étrangers. Il leur donna d’habiles maîtres, et entre ceux-là il y en avait dix-huit des plus excellents, qui présidaient aux études, et qu’on appelait Che pa hio sseë.
Il établit pareillement une académie militaire, où l’on s’exerçait à tirer de l’arc et il assistait lui-même très souvent à ces exercices. C’est ce qui ne fut pas du goût des ministres, qui ne pouvaient approuver que l’empereur parût dans cette académie. Ils lui en représentèrent l’indécence, et le danger qu’il y avait pour sa personne. « Je me regarde dans mon empire, répondit Tai tsong, comme un père dans sa famille, et je porte dans mon sein tous mes sujets, comme s’ils étaient mes enfants : qu’aurais-je à craindre ? »
Cette affection pour les sujets, lui faisait dire qu’il voulait que son peuple eût abondamment tout ce qui était nécessaire à la vie. « Le salut de l’empire ajouta-t-il, dépend du peuple. Un empereur qui foule et épuise son peuple pour s’enrichir est semblable à un homme qui couperait sa chair en petits morceaux pour s’en remplir l’estomac : il se remplit, il est vrai, mais il faut qu’en peu de temps tout le corps périsse. Combien d’empereurs dont la cupidité a causé leur perte ! Que de dépenses pour la satisfaire ! Pour fournir à ces dépenses, que d’impôts dont on surcharge le pauvre peuple ! Le peuple étant vexé et opprimé, que devient l’empire ? N’est-il pas sur le penchant de sa ruine ? Et l’empire périssant, quel est le sort de l’empereur ? Ce sont ces réflexions ajouta-t-il, qui me servent de frein pour modérer mes désirs. »
Il avait défendu aux magistrats, sous peine de la vie, de recevoir des présents. Pour s’assurer de l’exécution de ses ordres, il fit tenter un mandarin par un homme qu’il aposta pour lui faire un présent : ce mandarin le reçut, et l’empereur en étant informé, le condamna à mort.
Sur quoi son colao lui dit : « Grand prince, votre arrêt est juste, et le mandarin mérite la mort : mais vous, qui lui avez tendu un piège pour le faire tomber dans la faute qu’il a commise, êtes-vous tout à fait innocent, et ne participez-vous pas à son crime ? » Cette remontrance eut son effet, et l’empereur pardonna au coupable.
L’année suivante un des plus grands mandarins de guerre, reçut pareillement un habit de soie, dont on lui fit présent. L’empereur, qui en fut averti, lui envoya aussitôt quantité d’étoffes de soie. Ceux de la cour qui en furent témoins, ne purent retenir leur indignation et s’écrièrent que ce mandarin méritait le châtiment porté par la loi, et non pas une récompense. « La confusion dont il sera couvert, répondit l’empereur, sera pour lui une peine plus sensible, que le plus cruel supplice : ces étoffes que je lui envoie, loin de l’honorer, lui reprocheront continuellement sa faute. »
Toutes les fois qu’on était menacé de disette, ou par la sécheresse, ou par des pluies trop abondantes, à l’exemple des anciens empereurs, il publiait un édit, par lequel il ordonnait qu’on l’avertît des fautes dans lesquelles il aurait pu tomber, afin qu’il pût s’en corriger, et apaiser le courroux du Ciel.
Il n’ajoutait aucune foi aux augures. Un jour que des cigognes faisant leur nid en sa présence, s’arrêtèrent, et battirent des ailes, ses courtisans lui en témoignèrent leur joie, sur ce que ce battement des ailes pronostiquait quelque bonheur auquel il ne s’attendait pas. L’empereur ayant souri à leur discours flatteur, Choui tsai te hien, dit-il, ce qui signifie : un présage heureux pour moi, c’est d’être environné de sages ; et à l’instant il fit abattre le nid.
La seconde année de son règne, les campagnes furent couvertes de sauterelles, qui, par le ravage qu’elles faisaient, menaçaient d’une grande famine. « Malheureux insectes, s’écria l’empereur avec un profond soupir, en ruinant les moissons, vous ôtez la vie à mon peuple ; ah ! j’aimerais beaucoup mieux que vous dévorassiez mes entrailles ; » et en disant ces paroles, il avala une sauterelle toute vive.
En lisant les livres de médecine, composés par l’empereur Hoang ti, il y trouva que quand on meurtrit ou qu’on blesse les épaules d’un homme, les parties nobles du dedans en sont offensées. Dès lors il fit une loi, qui ordonnait de ne plus donner la bastonnade sur le dos des coupables : mais plus bas, et de la manière qu’elle se pratique encore aujourd’hui dans tout l’empire.
Il avait coutume de dire, qu’un empereur est semblable à un architecte : quand un édifice est bien construit, et appuyé sur de solides fondements, si l’architecte s’avisait d’y faire de nouveaux changements, il l’exposerait à une ruine certaine. Il en est de même de l’empire : quand il est une fois bien établi, et gouverné par de sages lois, il faut bien se donner de garde d’y introduire aucune nouveauté.
« C’est un commun proverbe, dit-il une autre fois, qu’un empereur est craint de tout le monde, et qu’il n’a rien à craindre. Ce n’est pas là mon sentiment : je crains sans cesse, et la providence de l’empereur du Ciel, à qui rien n’échappe, et les yeux de mes sujets, qui sont continuellement attachés sur moi ; c’est pour cela que je veille à tout moment sur moi-même, pour ne rien faire qui ne soit conforme aux volontés du Ciel et aux désirs de mes peuples. »
Pour consoler son peuple dans un temps de sécheresse, il donna la liberté aux prisonniers, et accorda une amnistie générale, en ajoutant néanmoins que c’était une indulgence dont un prince devait user sobrement, de crainte que l’impunité des méchants ne fut préjudiciable aux gens de bien, et qu’il fallait arracher l’ivraie, de peur qu’elle ne nuisît au bon grain.
L’année septième de son règne, il visita en personne les prisons publiques. Il y avait trois cent quatre-vingt-dix prisonniers, qui tous méritaient la mort : il leur fit ouvrir les prisons, avec ordre d’y revenir aussitôt après la récolte. Tous, sans qu’un seul y manquât, s’y rendirent au temps marqué.
L’empereur fut tellement surpris de leur fidélité à garder leur parole, la joie qu’il en eut, fut si grande, qu’il leur accorda à tous la vie et la liberté.
Les annales chinoises rapportent, que la huitième année de ce règne, on vit arriver à la Chine des ambassadeurs des nations éloignées, dont l’air, la figure, et les habillements étaient tout à fait étrangers aux Chinois, qui n’en avaient jamais vu de semblables ; que l’empereur même s’applaudit, de ce que sous son règne, des hommes qui avaient les cheveux blonds et les yeux bleus, eussent pénétré dans son empire. Il paraît certain que ces étrangers sont ceux, dont on lit les noms sur le monument de pierre trouvé en 1625 à Si ngan fou dans la province de Chen si. On y voit la croix, un abrégé de la loi chrétienne, les noms de soixante-douze prédicateurs de cette loi, gravés en caractères syriaques, et la date qui marque l’année huitième du règne de Tai tsong.
On conserve dans la bibliothèque du roi un vieux manuscrit arabe, où on lit que c’est en ce même temps qu’un patriarche catholique des Indes envoya à la Chine des prédicateurs de l’Évangile. On les reçut avec honneur dans la ville impériale, où ils furent introduits par Fan hiuen ling, colao de l’empire.
Ce fut vers ce temps-là que l’empereur fît choix de treize personnes les plus distinguées par leur mérite, et par leur intégrité, pour visiter toutes les parties de son empire ; et en les envoyant, il leur donna plein pouvoir d’exercer souverainement la justice, et de punir sévèrement les gouverneurs des villes, et les vicerois des provinces, dont la conduite serait répréhensible.
Il fut sensiblement affligé l’année dixième de son règne par la perte qu’il fit de l’impératrice nommée Tchang sun. C’était une princesse, qui joignait à une rare prudence, une capacité peu ordinaire aux personnes de son sexe. On a remarqué que tant qu’elle vécut, de cette multitude d’officiers qui servent dans le palais, il n’y en eut aucun qu’on ait puni avec sévérité, ce qui est presque sans exemple.
L’empereur s’étant lassé des avis fréquents et importuns que lui donnait son colao nommé Guei tching lui défendit de paraître en sa présence. L’impératrice, qui en fut informée, prit aussitôt ses plus riches parures, et alla trouver son mari. « Prince, lui dit-elle, j’ai souvent ouï dire que quand un empereur a de la sagesse et de la pénétration, ses sujets ont de la droiture, et ne craignent point de dire la vérité. Vous avez un colao d’un esprit droit et incapable de dissimuler ; c’est ce qui me fait juger quelle est votre sagesse, et combien elle mérite d’être applaudie ; et c’est pourquoi je viens vous en féliciter, et vous en témoigner ma joie. » Ce compliment apaisa l’empereur, et le ministre fut rétabli dans sa première faveur.
Cette princesse avait composé un livre divisé en trente chapitres, sur la manière dont on doit se gouverner dans l’appartement intérieur des femmes. L’empereur le tenant entre ses mains, et fondant en larmes : « Voilà, dit-il, des règlements qui devraient s’observer dans tous les siècles. Je sais, ajouta-t-il, que l’affliction où je suis, m’est venue du Ciel, et qu’il n’y a point de remède. Mais quand je pense à la perte que j’ai faite d’une compagne si fidèle et si accomplie, que je me vois privé pour toujours de ses sages conseils, m’est-il possible de retenir mes larmes ? » Il voulut laisser un monument éternel de sa douleur, et pour cela il lui fit élever un mausolée, beaucoup plus magnifique que celui qu’il avait ordonné pour son père, qui était mort l’année précédente.
Un jour se trouvant avec son colao sur une éminence, d’où l’on apercevait ce mausolée, et le lui ayant fait remarquer, le colao fit semblant de ne pas l’apercevoir. « Prince, lui dit-il, je croyais que vous me montriez le sépulcre de votre père ; car pour celui de votre épouse, il y a longtemps que je l’ai vu. »
A ce discours, le prince ne put s’empêcher de pleurer, et touché du secret reproche que lui faisait son ministre, il fit abattre le mausolée. Tant il est vrai que parmi les Chinois la piété filiale l’emporte sur l’amour conjugal.
L’année onzième de son règne, il admit dans le palais une jeune fille de quatorze ans, nommée Vou chi, qui était d’une rare beauté, et qui brillait encore davantage par les agréments de son esprit. C’est cette fille qu’on verra dans la suite usurper la souveraine puissance, et gouverner tyranniquement l’empire.
L’année douzième l’empereur permit de publier la loi chrétienne dans son empire ; il accorda même un emplacement dans la ville impériale, pour y élever un temple au vrai Dieu.
Guei tching, colao de l’empire, mourut l’année 17e extrêmement regretté de l’empereur. Ce prince écrivit lui-même son éloge, et le fit graver sur son tombeau. Ensuite se tournant vers ses courtisans : « Nous avons, dit-il, trois sortes de miroirs, l’un est d’acier qui sert aux dames à orner leur tête et à se parer. Le second que j’appelle ainsi sont les anciens livres où on lit la naissance, le progrès et la décadence des empires. Enfin le troisième, ce sont les hommes mêmes : pour peu qu’on étudie leurs actions, on voit ce qu’il faut éviter et ce qu’il faut pratiquer. J’avais ce dernier miroir dans la personne de mon colao, et malheureusement je l’ai perdu, sans que j’espère en retrouver un semblable. »
Une autre fois qu’il entretenait ses courtisans : « Un prince, leur dit-il, n’a qu’un cœur, et ce cœur est continuellement assiégé par ceux qui l’environnent. Il y en a qui l’attaquent par l’amour de la vaine gloire qu’ils s’efforcent de lui inspirer ; d’autres par la mollesse et les délices ; quelques-uns par les caresses et la flatterie ; quelques autres ont recours à la ruse et au mensonge pour le surprendre ; et toutes ces machines qu’ils font jouer, n’ont d’autre but que de s’insinuer dans les bonnes grâces du prince, de gagner sa faveur, et de s’élever aux charges et aux dignités de l’empire. Pour peu qu’un prince cesse de veiller sur son cœur, que n’a-t-il pas à craindre ? »
L’année vingt-unième il épousa la fille de son colao, nommée Sin hoei, et lui donna le titre de sage. Cette princesse était célèbre par la beauté de son génie, et par son habileté dans les sciences chinoises. On raconte qu’à cinq mois elle commença à parler ; qu’à quatre ans elle avait appris par cœur les livres de Confucius ; et qu’à huit ans elle faisait des compositions savantes sur toutes sortes de sujets. Ce qu’il y a de certain, c’est qu’elle ne quittait pas les livres, et qu’elle employait presque tout son temps à la lecture.
L’empereur se disposait à envoyer une armée formidable pour réduire les Coréens, qui s’étaient révoltés : mais sa mort étant survenue, cette expédition fut différée à un autre temps.
On aurait peine à croire l’attention et le soin que prenait ce prince de l’éducation de ses enfants. Tout ce qui se présentait à ses yeux, servait de matière à ses instructions. Si par exemple il mangeait du riz, il leur faisait sentir combien ce riz avait coûté de sueurs et de fatigues aux pauvres laboureurs. Un jour qu’il se promenait avec eux sur l’eau : « Vous le voyez, mes enfants, leur disait-il, c’est l’eau qui porte cette barque, et qui peut en même temps la submerger. Songez que le peuple ressemble à cette eau, et l’empereur à cette barque. »
Un an avant sa mort, il donna à celui de ses enfants qu’il avait déclaré son héritier, les douze avis suivants, qui étaient exprimés en vingt-quatre caractères. « Rendez vous le maître de votre cœur et de ses mouvements. N’élevez aux charges et aux dignités que des gens de mérite. Faites venir les sages à votre cour. Veillez sur la conduite des magistrats. Chassez loin de votre présence les langues médisantes. Soyez ennemi de tout faste. Vivez avec économie. Que vos récompenses et vos châtiments soient proportionnés au mérite ou à la faute de celui que vous récompensez, ou que vous punissez. Ayez un soin particulier de faire fleurir l’agriculture, l’art militaire, les lois, et les sciences. Cherchez dans les anciens empereurs des modèles sur lesquels vous vous formiez au gouvernement ; car je ne mérite pas que vous jetiez les yeux sur moi, j’ai fait trop de fautes depuis que je gouverne l’empire. Visez toujours à ce qu’il y a de plus parfait, sans quoi vous n’atteindrez jamais à ce juste milieu en quoi consiste la vertu. Enfin prenez garde que l’éclat de votre rang ne vous enfle d’orgueil, ou ne vous amollisse par les délices d’une vie voluptueuse, car si cela était vous perdriez l’empire, et vous vous perdriez vous-même. »
Tai tsong mourut la quarante-sixième année du cycle à la cinquante-troisième année de son âge, et l’année suivante son fils Kao tsong fut reconnu empereur.

Jean-Baptiste Du Halde
Description de la Chine
Scheuerleer, 1736
Tome Premier, pp. 392-411
Treizième Dynastie : Tang

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LA DYNASTIE TANG
PAR ELISEE RECLUS

« Les Tang régnèrent de 619 à 906; leur plus illustre représentant fut Taï-Tsang, 627−650, qui recula les limites de l’empire jusqu’à la Caspienne et aux solitudes glacées du Nord, conquit la Corée et menaça l’Inde. De 907 à 960, cinq dynasties se succédèrent au milieu de bouleversements auxquels se mêlèrent les Khitan de la Terre des herbes ; puis la régularité des successions fut rétablie par les Sung, 960−1280, restreints, depuis 1127, aux provinces méridionales de la Chine. »

Élisée Reclus
L’Homme et la Terre
Librairie universelle, 1905
Tome quatrième – pp. 161-212
Livre Troisième
TURCS, TARTARES, MONGOLS ET CHINOIS
NOTICE HISTORIQUE

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ART CHINOIS MUSEE GUIMET

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LE MUSEE GUIMET EN 1894

« Il m’a été donné de parcourir plusieurs fois au musée Guimet les salles silencieuses où s’entassèrent les trésors de l’Inde, de la Chine et du Japon afin de commémorer en plein Paris les légendes du plus grand d’entre les hommes, de celui qui, autant que le Christ, illumina Tolstoï, et qui triomphe aujourd’hui dans les âmes intellectuelles et curieuses autant peut-être qu’a Bénarès, il y a plus de deux mille ans. La raison de cette victoire du Bouddhisme au fond de nos intelligences blasées de notre époque, M. Guimet l’a découverte, je crois, en nous racontant dans ses Promenades Japonaises ce que lui avoua un vieux prêtre de là-bas : « Le Bouddhisme accepte dans les autres croyances tout ce qui est grand, moral et bon, car le bien est toujours inspiré par le sacré cœur de Bouddha. Nous trouvons souvent chez les autres plus de vérités que nous n’en apportons, mais tout ce qui est bien émane du sacré cœur de Bouddha, » — salutaire tolérance, qu’ignorèrent toujours les sectes despotiques d’Occident.
J’ai visité d’abord M. de Milloué, le conservateur du musée Guimet, rue Mazarine, dans son logis tranquille et laborieux.
— Mon Dieu, m’a-t-il avoué, je ne crois pas beaucoup au sérieux des bouddhistes parisiens. Je crois au bouddhisme qui nous vient des terres autochtones ; en ce moment, nous avons la chance inespérée de posséder chez nous un des plus remarquables pontifes de cette religion, M. Horiou-Toki, bouddhiste ésotérique. Vous l’avez vu officier au musée Guimet. Qu’il fut supérieure en gravité et en science aux deux autres prêtres qui le précédèrent, de cette secte Sin-Siou, qu’un prince de la famille impériale déforma, selon ses goûts, en supprimant l’abstinence de la viande et le célibat ! M. Horiou-Toki, qui nous arrive du Congrès de Chicago, travaille pour le musée Guimet à l’explication dos quatre cents gestes, « ésotériques », c’est-à-dire inexpliqués pour les profanes, gestes qu’il accomplit pendant son office sous cette sorte de chasuble qui le voile. Je ne veux vous parler que d’un seul. Grâce à ce geste invisible, le Bouddha descend dans son prêtre. De même que l’hostie, aux paroles du sacrificateur catholique, devient le corps de Jésus-Christ, — à cette prière muette, le prêtre bouddhique devient une sorte de dieu, et il peut, par sa volonté ardente, faire communier tous les assistants à sa divinité… Bien plus, les vrais croyants aperçoivent, à ce moment, sur le front de l’officiant, cinq flammes de couleurs différentes qui sont son âme délivrée… »

Jules Bois
Les Petites Religions de Paris
Léon Chailley, 1894 -pp. 45-57
I -LE BOUDDHISME ORTHODOXE

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Art Chinois Musée Guimet
LE MUSEE GUIMET
Paris – Парис – 巴黎
Musée national des arts asiatiques – Guimet
National Museum of Asian Arts – Guimet
亚洲艺术国家博物馆 – 集美
Национальный музей восточных искусств – Гиме

ART CHINOIS MUSEE GUIMET

DOUBLE COFFRE – ART COREEN -한국 미술- MUSEE GUIMET PARIS – 뮤제 기메 파리




Paris – Парис – 巴黎
파리
기메 박물관
Musée national des arts asiatiques – Guimet
National Museum of Asian Arts – Guimet
亚洲艺术国家博物馆 – 集美
Национальный музей восточных искусств – Гиме

ART COREEN

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Musée Guimet Paris Artgitato

Photos Artgitato
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 Musée Guimet Paris Artgitato La Chaussée des géants Angkor


Musée national des arts asiatiques – Guimet
뮤제 기메 파리
National Museum of Asian Arts
亚洲艺术国家博物馆 – 集美
Национальный музей восточных искусств – Гиме




LE MUSEE GUIMET
吉梅博物馆巴黎
музей Гиме Париж

 

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ART COREEN
한국 미술
Dynastie Choseon, Choson ou Chosŏn

COREE Période Joseon
대조선국
1392-1910

Double coffre
Bois à décor de corne de bœuf peinte
XIXe siècle

Double coffre Bois à décor de corne de bœuf peinte 19e s

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L’ART COREEN DEPUIS LE VIIe SIECLE

Dès le début du VIIe siècle, la Corée avait produit des œuvres d’une extraordinaire qualité. Le reliquaire de bois, dit tabernacle Tamamousi, sur le grand autel de Hô-ryou-zi, révèle, en même temps que de rares aptitudes décoratives dans ses parties purement architecturales, une influence des reliefs Han dans les paysages montagneux peints sur les panneaux et, dans les belles divinités des portes, le souvenir de l’art gréco-bouddhique des Weï. Le grand Bodhisattva du pavillon Youmedono a l’aisance et la dignité paisible des œuvres grecques de la grande époque, avec cette puissance de sentiment religieux qui n’appartient qu’à l’Asie et à l’art français du XIIIe siècle. Au Japon, sous le règne de l’impératrice Soui-Ko, s’élabore un canon esthétique, où la part de la Chine du sud et de la Corée est prépondérante, mais qui annonce déjà l’avenir élégant et robuste de l’art japonais.
C’est dans la seconde moitié du VIIe siècle que le rayonnement du génie grec touche directement la Corée, peut-être à la suite de l’annexion éphémère du pays par les Thang. Comme la Héra de Samos, la Kwannon du pavillon Tô-en-dô, à Nara, est asiatique par le bas, les plis sont étroits, l’étoffe du manteau est traitée dans une matière mince, avec un sentiment nerveux : ce sont là des traces encore de ce style exquis, féminin, nuancé de sécheresse, qui caractérise la Corée à la fin du vie siècle ; mais la plénitude délicate du cou, de la gorge et des épaules, l’ovale parfait du visage, son expression suavement majestueuse, l’élégance des bras et des mains placent cette œuvre au sommet de l’art gréco-bouddhique. Ce n’est pas une pâle et impersonnelle copie de la statuaire gandharienne. Sur les rives de la mer orientale, la pensée asiatique a traité avec personnalité l’enseignement qui lui est venu par le nord de la Chine. Le véritable territoire de cet art grec d’Asie est là, et dans l’archipel volcanique où une élite humaine en recueille et en interprète à son tour les leçons.

Henri Focillon
L’Art bouddhique
Henri Laurens, 1921
pp. 69-109
Second Chapitre

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Charles Chaillé-Long
La Corée ou Tchösen
Ernest Leroux, 1894
Tome 26e, pp. 5-13
II SA MAJESTÉ LI-HI, ROI DE TCHÖSEN.

La dynastie qui règne actuellement en Corée date de l’année 1392. Elle eut pour fondateur Li-Tadjo, jeune guerrier dont le courage égalait l’ambition, et qui réussit à s’emparer du trône.
Sa Majesté Li-Hi est le 28e souverain de cette famille ; il s’intitule Tai-Tchösen-Tai-Koun-Tchou (grand roi du grand Tchösen). Il a, pour l’aider à supporter le fardeau du gouvernement, trois premiers ministres, et six autres qui sont à la tête d’autant de départements : Intérieur, Guerre, Cérémonies et Rites, Finances, Justice et Travaux publics ; à chaque ministère est attaché un nombre considérable de hauts fonctionnaires portant les titres de pansa, tchampan, tchamivie et tchousa. Ces derniers sont employés comme interprètes et intermédiaires entre Sa Majesté et les représentants des puissances étrangères.
Sous les apparences d’une monarchie absolue, le gouvernement de Tchösen est une véritable féodalité. Lors de sa conquête, Ghenkis-Khàn établit un système dont le fonctionnement rend toute révolution presque impossible ; les emplois publics, même les plus élevés, sont ouverts, au moyen d’examens successifs, à tout Coréen, depuis le pansa jusqu’au simple coolie ou laboureur.
Grâce à ce système, il s’est créé une hiérarchie administrative et civile, dont tous les degrés sont liés entre eux comme les anneaux d’une chaîne. À chaque grade est attaché un titre dont l’obtention est l’objet des désirs et le but principal de l’existence de tout Coréen. La classe la plus élevée porte le nom de Yang-Ban et la dernière s’appelle Song-Nom.
Retenu par un lien si puissant, le Coréen ne cherchera jamais à renverser un ordre de choses dont la disparition lui serait préjudiciable, et si parfois des troubles se sont produits ce n’a été que par haine de l’étranger, contre les Japonais surtout, qui ont laissé d’ineffaçables souvenirs de leurs invasions, contre les missionnaires qui essayèrent de le détourner du culte des ancêtres.

Fig. 1. — Type d’étudiant. (D’après le croquis d’un artiste coréen.)

Tels ont été par le fait le mobile des émeutes de 1882, 1884 et 1888. Changer le gouvernement, cela ne vaut pas la peine dans l’esprit du Coréen.
En dehors des classes attachées au gouvernement se trouvent celles des guilds ou corporations nommées Pusang et Posang ; organisée sur le modèle de celle de la Chine, cette classe de la population s’adonne au commerce. Par une union étroite, ces guilds font la loi dans les foires et marchés de l’intérieur, et savent également se mettre à l’abri des exactions auxquelles seraient tentées de les soumettre les castes officielles.

Fig. 2. — Type d’étudiant. (D’après le croquis d’un artiste coréen.)

La population de la Corée est estimée à 12 ou 13 millions d’habitants. Le climat est très rigoureux en hiver ; en été, il fait une chaleur excessive, rendue même plus insupportable par l’humidité que produisent les pluies continuelles qui tombent en juin et en juillet. Le printemps est tardif ; l’automne est la saison la plus agréable de l’année, la flore est très abondante ; la faune a, comme principaux sujets, le tigre, le léopard, l’ours, le sanglier et le cerf. La présence du tigre est un fait à noter ; cet animal, originaire des pays chauds, habite de préférence les jungles qui font pourtant complètement défaut en Corée. Il est de grande taille, sa robe est très belle et son poil long et fourni. Il est la terreur du pays, et il suffit de jeter le cri de horang pour causer un sauve-qui-peut général.
Le gibier de toute espèce est en grande quantité : cygnes blancs, cygnes noirs, oies et canards sauvages, outardes, faisans, perdrix, cailles, bécasses, lièvres se lèvent à chaque instant sous les pas du promeneur.
La principale récolte est celle du riz ; il est d’une qualité supérieure ; on en exporte fort peu ; il arrive même assez souvent que la récolte est insuffisante et que le gouvernement est obligé de venir en aide aux cultivateurs auxquels il fait des distributions de grains. Cette disette provient du manque de pluie dans la saison convenable, et de la sécheresse qui fait périr la plante sur pied.
Le ginseng, tenu en si haute estime en Corée comme en Chine, est un végétal auquel on attribue les vertus du chanvre indien, et ses qualités régénératrices lui donnent une très grande valeur.
Les montagnes de la Corée renferment des mines d’or, mais les quelques essais d’exploitation qui ont été faits n’ont pas encore donné de résultats appréciables. Dès le début, les entrepreneurs se sont heurtés contre les superstitions absurdes du peuple qui sont partagées par le gouvernement même. Le Coréen voit de mauvais œil la moindre tentative faite pour toucher à ces montagnes ; il craint d’irriter le dragon qui, pour se venger du trouble apporté dans son séjour de prédilection, ferait pleuvoir sur le pays les plus grandes calamités.
L’impôt est perçu en nature. Les ressources du trésor proviennent des dîmes prélevées sur les produits du sol, et principalement du ginseng, dont le roi a le monopole. Un système de douane, sur le modèle de celui qui a été établi en Chine par des étrangers, donne une autre source de revenu, celle-là en espèce, mais peu considérable, un million de francs environ, qui sert à payer les employés européens qui forment le corps des douaniers dans les ports de Fousan, Guensan ou Wonsan et Tchemulpo.
L’armée se compose de six bataillons (si l’on peut leur donner ce nom) placés sous le commandement d’autant de généraux qui partagent avec le roi le pouvoir et les revenus de l’État, moins celui du ginseng.
Ces troupes ressemblent assez aux bandes armées que les anciens barons féodaux fournissaient autrefois, en temps de guerre, à leur suzerain ; le soldat jouit d’immunités et de privilèges qui lui font rechercher le service militaire ; souvent même il paye pour y être admis ; une fois enrôlé, il ne travaille plus, reçoit deux habillements complets par an et une ration quotidienne de riz.

Fig. 3. — Soldat coréen. (D’après le croquis d’un artiste coréen.)

Il lui arrive fréquemment de se livrer à des actes de maraude et même de pillage, sans qu’il ait a craindre la moindre répression. C’est au nom de son chef qu’il agit et il n’est jamais désavoué.
Cet état de choses met presque tout le pouvoir entre les mains des six généraux. Le roi a fait, il y a sept ans, des tentatives pour se créer une armée à lui et s’affranchir ainsi de la tutelle de ses généraux ; mais les chefs de l’armée coréenne, prévoyant le danger qui menaçait leur position, ont soulevé de tels obstacles sous les pas des officiers américains, engagés comme instructeurs, que le souverain ne réussit pas dans son entreprise. Sa Majesté m’a engagé à plusieurs reprises à quitter mon poste pour accepter le commandement en chef de l’armée. Mais la situation qui m’était offerte n’eut pas le don de me séduire ; aussi, avec force remerciements, je déclinai l’honneur insigne qui m’était fait.
Une école militaire a été fondée à Séoul, depuis, par les instructeurs militaires, où ne sont admis que les fils des Yang-bans ou nobles. Mais l’esprit de ceux-ci comme celui du peuple, du reste, laisse peu d’espoir qu’on arrive au résultat cherché par le roi. Depuis près d’un siècle, les missionnaires français se sont introduits dans la Corée, pénétrant dans le pays par la Chine ; ces apôtres infatigables sont parvenus à faire un certain nombre de prosélytes malgré l’hostilité du gouvernement et les massacres que leur propagande a provoqués à différentes reprises. Le récit intéressant, mais douloureux, des efforts de ces courageux propagateurs de la foi, et des persécutions auxquelles ils ont été en butte, se trouve relaté dans un ouvrage intitulé : Histoire de l’Église de Corée, par le R. P. Dallet.
En 1866, l’attention du gouvernement français fut attirée par l’un de ces massacres. L’amiral Roze, n’ayant pu obtenir réparation, bombarda la forteresse de Kang-Hoa ; mais ne se trouvant pas en force suffisante pour appuyer cette démonstration, il se vit obligé de se retirer, et l’affaire en resta là.
Au commencement de l’année 1867, une expédition fut dirigée sur la Corée par les nommés Oppert et Jenkins, ayant pour objectif d’enlever les cercueils de plusieurs rois du pays que l’on disait être tout en or massif et d’un poids considérable.
Les Américains-Allemands maraudeurs trouvèrent les cercueils convoités bien gardés, et l’entreprise en fut pour ses frais.
Quelque temps après, l’équipage entier d’un voilier américain, le Général Sherman, se trouvant dans les eaux coréennes, dans le même but, fut massacré par les indigènes ; et plus tard, en 1871, une flotte américaine, sous le commandement de l’amiral Rogers, partit pour en demander réparation.
Profitant de l’expérience que leur avait donnée l’expédition française, les Américains, après avoir, eux aussi, bombardé Kang-Hoa, débarquèrent un nombre d’hommes suffisant pour infliger une rude leçon à l’armée coréenne. Néanmoins, le chef de l’escadre recevait du gouvernement de Séoul la note suivante, qui est reproduite ici pour donner une idée de l’esprit de ce peuple et des dispositions dont il est animé à l’égard des étrangers :
« La nation coréenne a vécu quatre mille ans, satisfaite de sa civilisation propre et sans éprouver aucun besoin d’en changer. Nous restons paisiblement chez nous et ne sommes jamais allés déranger les autres peuples : pourquoi venez-vous troubler notre tranquillité ? Votre pays est situé à l’Occident, le nôtre se trouve à l’Extrême-Orient ; des milliers de milles nous séparent ; quelle est la raison qui vous a fait franchir sur l’Océan une distance aussi considérable ? Si c’est au sujet du vaisseau le Général Sherman, nous vous répondrons que les hommes de son équipage se sont livrés sur nos côtes à la piraterie et au meurtre, et qu’ils ont été punis de mort. Si vous désirez vous emparer d’une partie de notre territoire, sachez que nous ne le souffrirons pas ; n’auriez-vous même que l’intention de vous mettre en relation avec nous, cela ne peut pas être non plus. »
Que ce soit l’effet des deux bombardements ou toute autre cause, en 1876, la Corée concluait un traité de commerce avec le Japon, puis, successivement, avec les États-Unis, la France, l’Angleterre, l’Allemagne et la Russie, et ouvrait quelques-uns de ses ports à ces mêmes puissances.
En l’année 1888, elle envoya à Washington une ambassade qui excita une vive curiosité, à cause des costumes bizarres portés par ses membres. L’influence de la Chine fit bientôt rappeler l’ambassadeur, Pak, qui fut disgracié pour avoir, par sa mission, porté atteinte à la dignité du Céleste Empire. El cependant, on peut dire que ce fut à son corps défendant que M. Pak s’acquitta de ses hautes fonctions, car, au moment de l’embarquer sur le vaisseau de guerre américain, qui devait le transporter aux États-Unis, le courage lui manqua, et faisant volte-face, il s’enfuit à toutes jambes. Quelques-uns de ses amis s’élancèrent à sa poursuite et le ramenèrent de force à bord, sachant du reste qu’il y allait de sa tête s’il persistait dans ses velléités de résistance. Presque à la même époque une autre ambassade fut envoyée en Europe : instruit par l’expérience de son collègue, le second ambassadeur. Son Excellence Cho, ne fit aucune difficulté pour partir, mais il n’alla pas plus loin que Hong-Kong, où, depuis cette époque, il se trouve encore, me dit-on, dans un hôtel de dernier ordre, ayant pour enseigne : Au perchoir des matelots.
Il doit une somme assez ronde à son hôtelier qui refuse de s’en dessaisir, et le conserve en garantie de sa créance.
Le Coréen, au point de vue ethnique, a peu ou rien de commun avec ses voisins les Chinois et les Japonais. Il est un composé, sans doute, des envahisseurs venus du plateau ; et, en lui, le sang hun, kitan, mongol, tartare et turc se trouve mélangé avec celui des aborigènes.
Dans cet ordre d’idées, je suppose que des races venues des îles Aléoutiennes et des continents polaires ont fourni leur contingent dans la composition du Coréen ; et cette idée, qui m’est venue en Corée même, trouve un certain appui dans un ouvrage que je viens de lire, intitulé Les Grands Esquimaux, par le R. P. Pétitot. L’auteur fait un croquis des mœurs de l’Eskimau, qui pourrait bien servir pour décrire celles du Coréen. Exemple : l’Eskimau, comme le Coréen, ne se nomme qu’avec les plus grands détours, et ne prononce ni n’écrit facilement le nom d’un supérieur ; ce serait, selon son code, de la plus grande impolitesse. Il est d’une vanité illimitée, d’une curiosité sans bornes. Il est ivrogne, glouton, avec un goût passionné du poisson gâté. Il se couche tout nu sur la terre échauffée par les sous-conduits appelés cahns. En visite il se fait suivre par un porteur d’un vase que dans d’autres pays les habitants ont soin de garder chez eux. Et encore, je pourrais dire des Coréens, ce que le Père Pétitot dit des Esquimaux :
« J’étais donc, pour ces civilisés de la mer polaire, une sorte de sauvage ridicule, ou, tout au moins, un curieux barbare, une sorte de talapoin cinghali, voyageant et me montrant pour le plus grand plaisir de leur société. Si, par malheur, il y avait eu par là quelque barnum ambulant, c’en eût été fait de moi ; on m’y eût interné d’urgence à la manière de nos Omahas et de nos Tamouls nomades, sous l’étiquette : Peau blanche, barbare et intraitable venu des pays du soleil brûlant. »
Résoudre la question complexe de l’origine du Coréen ou bien recueillir quelques données qui pourraient servir comme argument sérieux dans la solution de ce problème, voilà ce qui m’engageait à entreprendre un voyage en 1888 à l’Île de Quelpaërt, laquelle, d’après une note trouvée dans les Annales chinoises, fut indiquée comme étant le quartier-général des Khàns conquérants, Ghenkis et Koublai.
Cette note, la voici :
« Dans la sixième année de Tchaoting (1234 de notre ère), sous la dynastie Soung, l’empereur des Mongols, Ogadaï, envoya son général, Sa-li-tha, à l’île de Tchae-Tchiou, le vrai nom de Quelpaërt, pour conquérir la Corée. »
Envoyé comme secrétaire de la légation des États-Unis en Corée, en 1887, j’ai profité d’un congé de deux mois pour mettre à exécution une visite à Quelpaërt ; grâce à mes relations officielles à la cour de Séoul, j’ai pu obtenir une lettre de Sa Majesté Li pour le gouverneur de l’île, et, après maints obstacles, je suis parvenu à pénétrer dans la capitale même de l’île mystérieuse.

Charles Chaillé-Long
La Corée ou Tchösen
Ernest Leroux, 1894
Tome 26e, pp. 5-13

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LE MUSEE GUIMET EN 1894

« Il m’a été donné de parcourir plusieurs fois au musée Guimet les salles silencieuses où s’entassèrent les trésors de l’Inde, de la Chine et du Japon afin de commémorer en plein Paris les légendes du plus grand d’entre les hommes, de celui qui, autant que le Christ, illumina Tolstoï, et qui triomphe aujourd’hui dans les âmes intellectuelles et curieuses autant peut-être qu’a Bénarès, il y a plus de deux mille ans. La raison de cette victoire du Bouddhisme au fond des intelligences blasées de notre époque, M. Guimet l’a découverte, je crois, en nous racontant dans ses Promenades Japonaises ce que lui avoua un vieux prêtre de là-bas : « Le Bouddhisme accepte dans les autres croyances tout ce qui est grand, moral et bon, car le bien est toujours inspiré par le sacré cœur de Bouddha. Nous trouvons souvent chez les autres plus de vérités que nous n’en apportons, mais tout ce qui est bien émane du sacré cœur de Bouddha, » — salutaire tolérance, qu’ignorèrent toujours les sectes despotiques d’Occident.
J’ai visité d’abord M. de Milloué, le conservateur du musée Guimet, rue Mazarine, dans son logis tranquille et laborieux.
— Mon Dieu, m’a-t-il avoué, je ne crois pas beaucoup au sérieux des bouddhistes parisiens. Je crois au bouddhisme qui nous vient des terres autochtones ; en ce moment, nous avons la chance inespérée de posséder chez nous un des plus remarquables pontifes de cette religion, M. Horiou-Toki, bouddhiste ésotérique. Vous l’avez vu officier au musée Guimet. Qu’il fut supérieure en gravité et en science aux deux autres prêtres qui le précédèrent, de cette secte Sin-Siou, qu’un prince de la famille impériale déforma, selon ses goûts, en supprimant l’abstinence de la viande et le célibat ! M. Horiou-Toki, qui nous arrive du Congrès de Chicago, travaille pour le musée Guimet à l’explication dos quatre cents gestes, « ésotériques », c’est-à-dire inexpliqués pour les profanes, gestes qu’il accomplit pendant son office sous cette sorte de chasuble qui le voile. Je ne veux vous parler que d’un seul. Grâce à ce geste invisible, le Bouddha descend dans son prêtre. De même que l’hostie, aux paroles du sacrificateur catholique, devient le corps de Jésus-Christ, — à cette prière muette, le prêtre bouddhique devient une sorte de dieu, et il peut, par sa volonté ardente, faire communier tous les assistants à sa divinité… Bien plus, les vrais croyants aperçoivent, à ce moment, sur le front de l’officiant, cinq flammes de couleurs différentes qui sont son âme délivrée… »

Jules Bois
Les Petites Religions de Paris
Léon Chailley, 1894 -pp. 45-57
I -LE BOUDDHISME ORTHODOXE

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LE MUSEE GUIMET
Paris – Парис – 巴黎
Musée national des arts asiatiques – Guimet
National Museum of Asian Arts – Guimet
亚洲艺术国家博物馆 – 集美
Национальный музей восточных искусств – Гиме

LE TIGRE ET LA PIE – 호랑이와 까치 -ART COREEN -한국 미술

LE TIGRE ET LA PIE
호랑이와 까치
한국의 미술


Paris – Парис – 巴黎
파리
기메 박물관
Musée national des arts asiatiques – Guimet
National Museum of Asian Arts – Guimet
亚洲艺术国家博物馆 – 集美
Национальный музей восточных искусств – Гиме

ART COREEN

——

Musée Guimet Paris Artgitato

Photos Artgitato
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 Musée Guimet Paris Artgitato La Chaussée des géants Angkor


Musée national des arts asiatiques – Guimet
뮤제 기메 파리
National Museum of Asian Arts
亚洲艺术国家博物馆 – 集美
Национальный музей восточных искусств – Гиме




LE MUSEE GUIMET
吉梅博物馆巴黎
музей Гиме Париж
LE TIGRE ET LA PIE
호랑이와 까치

 

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ART COREEN
한국 미술
Dynastie Choseon, Choson ou Chosŏn

COREE Période Joseon
대조선국
1392-1910

Les Masques

*

Le Tigre et la Pie
호랑이와 까치

鵲虎圖
XIXe siècle
Couleurs sur papier
Don Lee Ufan 2001

Mythologie Taoïste

Image d’Art Populaire Coréen

종이에 채색
Peinture sur papier

Minhwa  민화
民畵  – 民畫 – 民画

*

Le tigre et la pie Art Coréen Musée Guimet Paris Artgitato

Le Tigre et la Pie
전통채색화(민화)
Illustration traditionnelle (folklorique)
까치와 호랑이는 민화에 자주 등장하는 단골이다
Nombreuses apparitions du Tigre et de la Pie dans les contes traditionnels
등장하는 호랑이와 까치는 한국의 민속신앙과 깊은 관련이 있어 가장 한국적인 그림이라 할 수 있다
Images ancrées profondément dans l’iconographie et  la symbolique de la Corée
호랑이는 산중의 왕을 뜻한다
Le tigre fait référence au Roi de la Montagne
소나무를 배경으로 가치와 호랑이를
arbres et sapins en arrière plan du Tigre
로 장수를 상징한
Le sapin toujours vert symbolise la longévité
어리숙하고 해학적으로 그려진다
Description humoristique
보통은 까치가 기쁜 소식
Habituellement, la Pie porte des bonnes nouvelles
까치는 민초, 민중을 상징한다
La Pie symbolise  ici le peuple
위엄 있는 군주와 할 말을 하는 민초가 한 화면에 담겨 있다
Le peuple et le souverain sont représentés dans le même cadre

La Pie peut se permettre d’avertir et d’informer le Tigre sans redouter un quelconque châtiment (les griffes, les crocs du Tigre)
La Pie est représentée au-dessus du Tigre

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Le Tigre et la Pie
Autres représentations traditionnelles
까치.호랑이 그림

Tigre et Pie art Coréen

Tigre et Pie art Coréen 4 Tigre et Pie art Coréen 3 Tigre et Pie art Coréen 2Tigre et Pie art Coréen 5Le Tigre et la Pie

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Charles Chaillé-Long
La Corée ou Tchösen
Ernest Leroux, 1894
Tome 26e, pp. 5-13
II SA MAJESTÉ LI-HI, ROI DE TCHÖSEN.

La dynastie qui règne actuellement en Corée date de l’année 1392. Elle eut pour fondateur Li-Tadjo, jeune guerrier dont le courage égalait l’ambition, et qui réussit à s’emparer du trône.
Sa Majesté Li-Hi est le 28e souverain de cette famille ; il s’intitule Tai-Tchösen-Tai-Koun-Tchou (grand roi du grand Tchösen). Il a, pour l’aider à supporter le fardeau du gouvernement, trois premiers ministres, et six autres qui sont à la tête d’autant de départements : Intérieur, Guerre, Cérémonies et Rites, Finances, Justice et Travaux publics ; à chaque ministère est attaché un nombre considérable de hauts fonctionnaires portant les titres de pansa, tchampan, tchamivie et tchousa. Ces derniers sont employés comme interprètes et intermédiaires entre Sa Majesté et les représentants des puissances étrangères.
Sous les apparences d’une monarchie absolue, le gouvernement de Tchösen est une véritable féodalité. Lors de sa conquête, Ghenkis-Khàn établit un système dont le fonctionnement rend toute révolution presque impossible ; les emplois publics, même les plus élevés, sont ouverts, au moyen d’examens successifs, à tout Coréen, depuis le pansa jusqu’au simple coolie ou laboureur.
Grâce à ce système, il s’est créé une hiérarchie administrative et civile, dont tous les degrés sont liés entre eux comme les anneaux d’une chaîne. À chaque grade est attaché un titre dont l’obtention est l’objet des désirs et le but principal de l’existence de tout Coréen. La classe la plus élevée porte le nom de Yang-Ban et la dernière s’appelle Song-Nom.
Retenu par un lien si puissant, le Coréen ne cherchera jamais à renverser un ordre de choses dont la disparition lui serait préjudiciable, et si parfois des troubles se sont produits ce n’a été que par haine de l’étranger, contre les Japonais surtout, qui ont laissé d’ineffaçables souvenirs de leurs invasions, contre les missionnaires qui essayèrent de le détourner du culte des ancêtres.

Fig. 1. — Type d’étudiant. (D’après le croquis d’un artiste coréen.)

Tels ont été par le fait le mobile des émeutes de 1882, 1884 et 1888. Changer le gouvernement, cela ne vaut pas la peine dans l’esprit du Coréen.
En dehors des classes attachées au gouvernement se trouvent celles des guilds ou corporations nommées Pusang et Posang ; organisée sur le modèle de celle de la Chine, cette classe de la population s’adonne au commerce. Par une union étroite, ces guilds font la loi dans les foires et marchés de l’intérieur, et savent également se mettre à l’abri des exactions auxquelles seraient tentées de les soumettre les castes officielles.

Fig. 2. — Type d’étudiant. (D’après le croquis d’un artiste coréen.)

La population de la Corée est estimée à 12 ou 13 millions d’habitants. Le climat est très rigoureux en hiver ; en été, il fait une chaleur excessive, rendue même plus insupportable par l’humidité que produisent les pluies continuelles qui tombent en juin et en juillet. Le printemps est tardif ; l’automne est la saison la plus agréable de l’année, la flore est très abondante ; la faune a, comme principaux sujets, le tigre, le léopard, l’ours, le sanglier et le cerf. La présence du tigre est un fait à noter ; cet animal, originaire des pays chauds, habite de préférence les jungles qui font pourtant complètement défaut en Corée. Il est de grande taille, sa robe est très belle et son poil long et fourni. Il est la terreur du pays, et il suffit de jeter le cri de horang pour causer un sauve-qui-peut général.
Le gibier de toute espèce est en grande quantité : cygnes blancs, cygnes noirs, oies et canards sauvages, outardes, faisans, perdrix, cailles, bécasses, lièvres se lèvent à chaque instant sous les pas du promeneur.
La principale récolte est celle du riz ; il est d’une qualité supérieure ; on en exporte fort peu ; il arrive même assez souvent que la récolte est insuffisante et que le gouvernement est obligé de venir en aide aux cultivateurs auxquels il fait des distributions de grains. Cette disette provient du manque de pluie dans la saison convenable, et de la sécheresse qui fait périr la plante sur pied.
Le ginseng, tenu en si haute estime en Corée comme en Chine, est un végétal auquel on attribue les vertus du chanvre indien, et ses qualités régénératrices lui donnent une très grande valeur.
Les montagnes de la Corée renferment des mines d’or, mais les quelques essais d’exploitation qui ont été faits n’ont pas encore donné de résultats appréciables. Dès le début, les entrepreneurs se sont heurtés contre les superstitions absurdes du peuple qui sont partagées par le gouvernement même. Le Coréen voit de mauvais œil la moindre tentative faite pour toucher à ces montagnes ; il craint d’irriter le dragon qui, pour se venger du trouble apporté dans son séjour de prédilection, ferait pleuvoir sur le pays les plus grandes calamités.
L’impôt est perçu en nature. Les ressources du trésor proviennent des dîmes prélevées sur les produits du sol, et principalement du ginseng, dont le roi a le monopole. Un système de douane, sur le modèle de celui qui a été établi en Chine par des étrangers, donne une autre source de revenu, celle-là en espèce, mais peu considérable, un million de francs environ, qui sert à payer les employés européens qui forment le corps des douaniers dans les ports de Fousan, Guensan ou Wonsan et Tchemulpo.
L’armée se compose de six bataillons (si l’on peut leur donner ce nom) placés sous le commandement d’autant de généraux qui partagent avec le roi le pouvoir et les revenus de l’État, moins celui du ginseng.
Ces troupes ressemblent assez aux bandes armées que les anciens barons féodaux fournissaient autrefois, en temps de guerre, à leur suzerain ; le soldat jouit d’immunités et de privilèges qui lui font rechercher le service militaire ; souvent même il paye pour y être admis ; une fois enrôlé, il ne travaille plus, reçoit deux habillements complets par an et une ration quotidienne de riz.

 

L

Fig. 3. — Soldat coréen. (D’après le croquis d’un artiste coréen.)

Il lui arrive fréquemment de se livrer à des actes de maraude et même de pillage, sans qu’il ait a craindre la moindre répression. C’est au nom de son chef qu’il agit et il n’est jamais désavoué.
Cet état de choses met presque tout le pouvoir entre les mains des six généraux. Le roi a fait, il y a sept ans, des tentatives pour se créer une armée à lui et s’affranchir ainsi de la tutelle de ses généraux ; mais les chefs de l’armée coréenne, prévoyant le danger qui menaçait leur position, ont soulevé de tels obstacles sous les pas des officiers américains, engagés comme instructeurs, que le souverain ne réussit pas dans son entreprise. Sa Majesté m’a engagé à plusieurs reprises à quitter mon poste pour accepter le commandement en chef de l’armée. Mais la situation qui m’était offerte n’eut pas le don de me séduire ; aussi, avec force remerciements, je déclinai l’honneur insigne qui m’était fait.
Une école militaire a été fondée à Séoul, depuis, par les instructeurs militaires, où ne sont admis que les fils des Yang-bans ou nobles. Mais l’esprit de ceux-ci comme celui du peuple, du reste, laisse peu d’espoir qu’on arrive au résultat cherché par le roi. Depuis près d’un siècle, les missionnaires français se sont introduits dans la Corée, pénétrant dans le pays par la Chine ; ces apôtres infatigables sont parvenus à faire un certain nombre de prosélytes malgré l’hostilité du gouvernement et les massacres que leur propagande a provoqués à différentes reprises. Le récit intéressant, mais douloureux, des efforts de ces courageux propagateurs de la foi, et des persécutions auxquelles ils ont été en butte, se trouve relaté dans un ouvrage intitulé : Histoire de l’Église de Corée, par le R. P. Dallet.
En 1866, l’attention du gouvernement français fut attirée par l’un de ces massacres. L’amiral Roze, n’ayant pu obtenir réparation, bombarda la forteresse de Kang-Hoa ; mais ne se trouvant pas en force suffisante pour appuyer cette démonstration, il se vit obligé de se retirer, et l’affaire en resta là.
Au commencement de l’année 1867, une expédition fut dirigée sur la Corée par les nommés Oppert et Jenkins, ayant pour objectif d’enlever les cercueils de plusieurs rois du pays que l’on disait être tout en or massif et d’un poids considérable.
Les Américains-Allemands maraudeurs trouvèrent les cercueils convoités bien gardés, et l’entreprise en fut pour ses frais.
Quelque temps après, l’équipage entier d’un voilier américain, le Général Sherman, se trouvant dans les eaux coréennes, dans le même but, fut massacré par les indigènes ; et plus tard, en 1871, une flotte américaine, sous le commandement de l’amiral Rogers, partit pour en demander réparation.
Profitant de l’expérience que leur avait donnée l’expédition française, les Américains, après avoir, eux aussi, bombardé Kang-Hoa, débarquèrent un nombre d’hommes suffisant pour infliger une rude leçon à l’armée coréenne. Néanmoins, le chef de l’escadre recevait du gouvernement de Séoul la note suivante, qui est reproduite ici pour donner une idée de l’esprit de ce peuple et des dispositions dont il est animé à l’égard des étrangers :
« La nation coréenne a vécu quatre mille ans, satisfaite de sa civilisation propre et sans éprouver aucun besoin d’en changer. Nous restons paisiblement chez nous et ne sommes jamais allés déranger les autres peuples : pourquoi venez-vous troubler notre tranquillité ? Votre pays est situé à l’Occident, le nôtre se trouve à l’Extrême-Orient ; des milliers de milles nous séparent ; quelle est la raison qui vous a fait franchir sur l’Océan une distance aussi considérable ? Si c’est au sujet du vaisseau le Général Sherman, nous vous répondrons que les hommes de son équipage se sont livrés sur nos côtes à la piraterie et au meurtre, et qu’ils ont été punis de mort. Si vous désirez vous emparer d’une partie de notre territoire, sachez que nous ne le souffrirons pas ; n’auriez-vous même que l’intention de vous mettre en relation avec nous, cela ne peut pas être non plus. »
Que ce soit l’effet des deux bombardements ou toute autre cause, en 1876, la Corée concluait un traité de commerce avec le Japon, puis, successivement, avec les États-Unis, la France, l’Angleterre, l’Allemagne et la Russie, et ouvrait quelques-uns de ses ports à ces mêmes puissances.
En l’année 1888, elle envoya à Washington une ambassade qui excita une vive curiosité, à cause des costumes bizarres portés par ses membres. L’influence de la Chine fit bientôt rappeler l’ambassadeur, Pak, qui fut disgracié pour avoir, par sa mission, porté atteinte à la dignité du Céleste Empire. El cependant, on peut dire que ce fut à son corps défendant que M. Pak s’acquitta de ses hautes fonctions, car, au moment de l’embarquer sur le vaisseau de guerre américain, qui devait le transporter aux États-Unis, le courage lui manqua, et faisant volte-face, il s’enfuit à toutes jambes. Quelques-uns de ses amis s’élancèrent à sa poursuite et le ramenèrent de force à bord, sachant du reste qu’il y allait de sa tête s’il persistait dans ses velléités de résistance. Presque à la même époque une autre ambassade fut envoyée en Europe : instruit par l’expérience de son collègue, le second ambassadeur. Son Excellence Cho, ne fit aucune difficulté pour partir, mais il n’alla pas plus loin que Hong-Kong, où, depuis cette époque, il se trouve encore, me dit-on, dans un hôtel de dernier ordre, ayant pour enseigne : Au perchoir des matelots.
Il doit une somme assez ronde à son hôtelier qui refuse de s’en dessaisir, et le conserve en garantie de sa créance.
Le Coréen, au point de vue ethnique, a peu ou rien de commun avec ses voisins les Chinois et les Japonais. Il est un composé, sans doute, des envahisseurs venus du plateau ; et, en lui, le sang hun, kitan, mongol, tartare et turc se trouve mélangé avec celui des aborigènes.
Dans cet ordre d’idées, je suppose que des races venues des îles Aléoutiennes et des continents polaires ont fourni leur contingent dans la composition du Coréen ; et cette idée, qui m’est venue en Corée même, trouve un certain appui dans un ouvrage que je viens de lire, intitulé Les Grands Esquimaux, par le R. P. Pétitot. L’auteur fait un croquis des mœurs de l’Eskimau, qui pourrait bien servir pour décrire celles du Coréen. Exemple : l’Eskimau, comme le Coréen, ne se nomme qu’avec les plus grands détours, et ne prononce ni n’écrit facilement le nom d’un supérieur ; ce serait, selon son code, de la plus grande impolitesse. Il est d’une vanité illimitée, d’une curiosité sans bornes. Il est ivrogne, glouton, avec un goût passionné du poisson gâté. Il se couche tout nu sur la terre échauffée par les sous-conduits appelés cahns. En visite il se fait suivre par un porteur d’un vase que dans d’autres pays les habitants ont soin de garder chez eux. Et encore, je pourrais dire des Coréens, ce que le Père Pétitot dit des Esquimaux :
« J’étais donc, pour ces civilisés de la mer polaire, une sorte de sauvage ridicule, ou, tout au moins, un curieux barbare, une sorte de talapoin cinghali, voyageant et me montrant pour le plus grand plaisir de leur société. Si, par malheur, il y avait eu par là quelque barnum ambulant, c’en eût été fait de moi ; on m’y eût interné d’urgence à la manière de nos Omahas et de nos Tamouls nomades, sous l’étiquette : Peau blanche, barbare et intraitable venu des pays du soleil brûlant. »
Résoudre la question complexe de l’origine du Coréen ou bien recueillir quelques données qui pourraient servir comme argument sérieux dans la solution de ce problème, voilà ce qui m’engageait à entreprendre un voyage en 1888 à l’Île de Quelpaërt, laquelle, d’après une note trouvée dans les Annales chinoises, fut indiquée comme étant le quartier-général des Khàns conquérants, Ghenkis et Koublai.
Cette note, la voici :
« Dans la sixième année de Tchaoting (1234 de notre ère), sous la dynastie Soung, l’empereur des Mongols, Ogadaï, envoya son général, Sa-li-tha, à l’île de Tchae-Tchiou, le vrai nom de Quelpaërt, pour conquérir la Corée. »
Envoyé comme secrétaire de la légation des États-Unis en Corée, en 1887, j’ai profité d’un congé de deux mois pour mettre à exécution une visite à Quelpaërt ; grâce à mes relations officielles à la cour de Séoul, j’ai pu obtenir une lettre de Sa Majesté Li pour le gouverneur de l’île, et, après maints obstacles, je suis parvenu à pénétrer dans la capitale même de l’île mystérieuse.

Charles Chaillé-Long
La Corée ou Tchösen
Ernest Leroux, 1894
Tome 26e, pp. 5-13

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LE MUSEE GUIMET EN 1894

« Il m’a été donné de parcourir plusieurs fois au musée Guimet les salles silencieuses où s’entassèrent les trésors de l’Inde, de la Chine et du Japon afin de commémorer en plein Paris les légendes du plus grand d’entre les hommes, de celui qui, autant que le Christ, illumina Tolstoï, et qui triomphe aujourd’hui dans les âmes intellectuelles et curieuses autant peut-être qu’a Bénarès, il y a plus de deux mille ans. La raison de cette victoire du Bouddhisme au fond des intelligences blasées de notre époque, M. Guimet l’a découverte, je crois, en nous racontant dans ses Promenades Japonaises ce que lui avoua un vieux prêtre de là-bas : « Le Bouddhisme accepte dans les autres croyances tout ce qui est grand, moral et bon, car le bien est toujours inspiré par le sacré cœur de Bouddha. Nous trouvons souvent chez les autres plus de vérités que nous n’en apportons, mais tout ce qui est bien émane du sacré cœur de Bouddha, » — salutaire tolérance, qu’ignorèrent toujours les sectes despotiques d’Occident.
J’ai visité d’abord M. de Milloué, le conservateur du musée Guimet, rue Mazarine, dans son logis tranquille et laborieux.
— Mon Dieu, m’a-t-il avoué, je ne crois pas beaucoup au sérieux des bouddhistes parisiens. Je crois au bouddhisme qui nous vient des terres autochtones ; en ce moment, nous avons la chance inespérée de posséder chez nous un des plus remarquables pontifes de cette religion, M. Horiou-Toki, bouddhiste ésotérique. Vous l’avez vu officier au musée Guimet. Qu’il fut supérieure en gravité et en science aux deux autres prêtres qui le précédèrent, de cette secte Sin-Siou, qu’un prince de la famille impériale déforma, selon ses goûts, en supprimant l’abstinence de la viande et le célibat ! M. Horiou-Toki, qui nous arrive du Congrès de Chicago, travaille pour le musée Guimet à l’explication dos quatre cents gestes, « ésotériques », c’est-à-dire inexpliqués pour les profanes, gestes qu’il accomplit pendant son office sous cette sorte de chasuble qui le voile. Je ne veux vous parler que d’un seul. Grâce à ce geste invisible, le Bouddha descend dans son prêtre. De même que l’hostie, aux paroles du sacrificateur catholique, devient le corps de Jésus-Christ, — à cette prière muette, le prêtre bouddhique devient une sorte de dieu, et il peut, par sa volonté ardente, faire communier tous les assistants à sa divinité… Bien plus, les vrais croyants aperçoivent, à ce moment, sur le front de l’officiant, cinq flammes de couleurs différentes qui sont son âme délivrée… »

Jules Bois
Les Petites Religions de Paris
Léon Chailley, 1894 -pp. 45-57
I -LE BOUDDHISME ORTHODOXE

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LE MUSEE GUIMET
Paris – Парис – 巴黎
Musée national des arts asiatiques – Guimet
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LE TIGRE ET LA PIE

SIX MUSICIENNES CHINOISES ASSISES -六音乐家坐在- ART DYNASTIE TANG -唐朝- 唐代艺术- MUSEE GUIMET – PARIS- 亚洲艺术国家博物馆 – 集美





Musée national des arts asiatiques – Guimet
National Museum of Asian Arts – Guimet
亚洲艺术国家博物馆 – 集美

 

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Musée Guimet Paris Artgitato

Photos Artgitato
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 Musée Guimet Paris Artgitato La Chaussée des géants Angkor


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LE MUSEE GUIMET
吉梅博物馆巴黎
музей Гиме Париж
ART DYNASTIE TANG

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ART DYNASTIE TANG
唐代艺术
CHINE DYNASTIE TANG
唐朝
618-690 & 705-907

Chine du Nord
中国北方

Six musiciennes assises
六音乐家坐在

VIIe siècle
公元七世纪
Terre cuite moulée et peinte sur engobe

Six Musiciennes Assises Art dynastie Tang Musée Guimet Artgitato Paris 1

ART DYNASTIE TANG

Six Musiciennes Assises Art dynastie Tang Musée Guimet Artgitato Paris 2 Six Musiciennes Assises Art dynastie Tang Musée Guimet Artgitato Paris 3 Six Musiciennes Assises Art dynastie Tang Musée Guimet Artgitato Paris 4 Six Musiciennes Assises Art dynastie Tang Musée Guimet Artgitato Paris 5 Six Musiciennes Assises Art dynastie Tang Musée Guimet Artgitato Paris 6

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LA DYNASTIE TANG
PAR ELISEE RECLUS

« Les Tang régnèrent de 619 à 906; leur plus illustre représentant fut Taï-Tsang, 627−650, qui recula les limites de l’empire jusqu’à la Caspienne et aux solitudes glacées du Nord, conquit la Corée et menaça l’Inde. De 907 à 960, cinq dynasties se succédèrent au milieu de bouleversements auxquels se mêlèrent les Khitan de la Terre des herbes ; puis la régularité des successions fut rétablie par les Sung, 960−1280, restreints, depuis 1127, aux provinces méridionales de la Chine. »

Élisée Reclus
L’Homme et la Terre
Librairie universelle, 1905
Tome quatrième – pp. 161-212
Livre Troisième
TURCS, TARTARES, MONGOLS ET CHINOIS
NOTICE HISTORIQUE

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ART DYNASTIE TANG

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LE MUSEE GUIMET EN 1894

« Il m’a été donné de parcourir plusieurs fois au musée Guimet les salles silencieuses où s’entassèrent les trésors de l’Inde, de la Chine et du Japon afin de commémorer en plein Paris les légendes du plus grand d’entre les hommes, de celui qui, autant que le Christ, illumina Tolstoï, et qui triomphe a u jourd’hui dans les âmes intellectuelles et curieuses autant peut-être qu’a Bénarès, il y a plus de deux mille ans. La raison de cette victoire du Bouddhisme au fond dos intelligences blasées de notre époque, M. Guimet l’a découverte, je crois, en nous racontant dans ses Promenades Japonaises ce que lui avona un vieux prêtre de là-bas : « Le Bouddhisme accepte dans les autres croyances tout ce qui est grand, moral et bon, car le bien est toujours inspiré par le sacré cœur de Bouddha. Nous trouvons souvent chez les autres plus de vérités que nous n’en apportons, mais tout ce qui est bien émane du sacré cœur de Bouddha, » — salutaire tolérance, qu’ignorèrent toujours les sectes despotiques d’Occident.
J’ai visité d’abord M. de Milloué, le conservateur du musée Guimet, rue Mazarine, dans son logis tranquille et laborieux.
— Mon Dieu, m’a-t-il avoué, je ne crois pas beaucoup au sérieux des bouddhistes parisiens. Je crois au bouddhisme qui nous vient des terres autochtones ; en ce moment, nous avons la chance inespérée de posséder chez nous un des plus remarquables pontifes de cette religion, M. Horiou-Toki, bouddhiste ésotérique. Vous l’avez vu officier au musée Guimet. Qu’il fut supérieure en gravité et en science aux deux autres prêtres qui le précédèrent, de cette secte Sin-Siou, qu’un prince de la famille impériale déforma, selon ses goûts, en supprimant l’abstinence de la viande et le célibat ! M. Horiou-Toki, qui nous arrive du Congrès de Chicago, travaille pour le musée Guimet à l’explication dos quatre cents gestes, « ésotériques », c’est-à-dire inexpliqués pour les profanes, gestes qu’il accomplit pendant son office sous cette sorte de chasuble qui le voile. Je ne veux vous parler que d’un seul. Grâce à ce geste invisible, le Bouddha descend dans son prêtre. De même que l’hostie, aux paroles du sacrificateur catholique, devient le corps de Jésus-Christ, — à cette prière muette, le prêtre bouddhique devient une sorte de dieu, et il peut, par sa volonté ardente, faire communier tous les assistants à sa divinité… Bien plus, les vrais croyants aperçoivent, à ce moment, sur le front de l’officiant, cinq flammes de couleurs différentes qui sont son âme délivrée… »

Jules Bois
Les Petites Religions de Paris
Léon Chailley, 1894 -pp. 45-57
I -LE BOUDDHISME ORTHODOXE

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LE MUSEE GUIMET
Paris – Парис – 巴黎
Musée national des arts asiatiques – Guimet
National Museum of Asian Arts – Guimet
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