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LE TIGRE ET LA PIE – 호랑이와 까치 -ART COREEN -한국 미술

LE TIGRE ET LA PIE
호랑이와 까치
한국의 미술


Paris – Парис – 巴黎
파리
기메 박물관
Musée national des arts asiatiques – Guimet
National Museum of Asian Arts – Guimet
亚洲艺术国家博物馆 – 集美
Национальный музей восточных искусств – Гиме

ART COREEN

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Musée Guimet Paris Artgitato

Photos Artgitato
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 Musée Guimet Paris Artgitato La Chaussée des géants Angkor


Musée national des arts asiatiques – Guimet
뮤제 기메 파리
National Museum of Asian Arts
亚洲艺术国家博物馆 – 集美
Национальный музей восточных искусств – Гиме




LE MUSEE GUIMET
吉梅博物馆巴黎
музей Гиме Париж
LE TIGRE ET LA PIE
호랑이와 까치

 

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ART COREEN
한국 미술
Dynastie Choseon, Choson ou Chosŏn

COREE Période Joseon
대조선국
1392-1910

Les Masques

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Le Tigre et la Pie
호랑이와 까치

鵲虎圖
XIXe siècle
Couleurs sur papier
Don Lee Ufan 2001

Mythologie Taoïste

Image d’Art Populaire Coréen

종이에 채색
Peinture sur papier

Minhwa  민화
民畵  – 民畫 – 民画

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Le tigre et la pie Art Coréen Musée Guimet Paris Artgitato

Le Tigre et la Pie
전통채색화(민화)
Illustration traditionnelle (folklorique)
까치와 호랑이는 민화에 자주 등장하는 단골이다
Nombreuses apparitions du Tigre et de la Pie dans les contes traditionnels
등장하는 호랑이와 까치는 한국의 민속신앙과 깊은 관련이 있어 가장 한국적인 그림이라 할 수 있다
Images ancrées profondément dans l’iconographie et  la symbolique de la Corée
호랑이는 산중의 왕을 뜻한다
Le tigre fait référence au Roi de la Montagne
소나무를 배경으로 가치와 호랑이를
arbres et sapins en arrière plan du Tigre
로 장수를 상징한
Le sapin toujours vert symbolise la longévité
어리숙하고 해학적으로 그려진다
Description humoristique
보통은 까치가 기쁜 소식
Habituellement, la Pie porte des bonnes nouvelles
까치는 민초, 민중을 상징한다
La Pie symbolise  ici le peuple
위엄 있는 군주와 할 말을 하는 민초가 한 화면에 담겨 있다
Le peuple et le souverain sont représentés dans le même cadre

La Pie peut se permettre d’avertir et d’informer le Tigre sans redouter un quelconque châtiment (les griffes, les crocs du Tigre)
La Pie est représentée au-dessus du Tigre

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Le Tigre et la Pie
Autres représentations traditionnelles
까치.호랑이 그림

Tigre et Pie art Coréen

Tigre et Pie art Coréen 4 Tigre et Pie art Coréen 3 Tigre et Pie art Coréen 2Tigre et Pie art Coréen 5Le Tigre et la Pie

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Charles Chaillé-Long
La Corée ou Tchösen
Ernest Leroux, 1894
Tome 26e, pp. 5-13
II SA MAJESTÉ LI-HI, ROI DE TCHÖSEN.

La dynastie qui règne actuellement en Corée date de l’année 1392. Elle eut pour fondateur Li-Tadjo, jeune guerrier dont le courage égalait l’ambition, et qui réussit à s’emparer du trône.
Sa Majesté Li-Hi est le 28e souverain de cette famille ; il s’intitule Tai-Tchösen-Tai-Koun-Tchou (grand roi du grand Tchösen). Il a, pour l’aider à supporter le fardeau du gouvernement, trois premiers ministres, et six autres qui sont à la tête d’autant de départements : Intérieur, Guerre, Cérémonies et Rites, Finances, Justice et Travaux publics ; à chaque ministère est attaché un nombre considérable de hauts fonctionnaires portant les titres de pansa, tchampan, tchamivie et tchousa. Ces derniers sont employés comme interprètes et intermédiaires entre Sa Majesté et les représentants des puissances étrangères.
Sous les apparences d’une monarchie absolue, le gouvernement de Tchösen est une véritable féodalité. Lors de sa conquête, Ghenkis-Khàn établit un système dont le fonctionnement rend toute révolution presque impossible ; les emplois publics, même les plus élevés, sont ouverts, au moyen d’examens successifs, à tout Coréen, depuis le pansa jusqu’au simple coolie ou laboureur.
Grâce à ce système, il s’est créé une hiérarchie administrative et civile, dont tous les degrés sont liés entre eux comme les anneaux d’une chaîne. À chaque grade est attaché un titre dont l’obtention est l’objet des désirs et le but principal de l’existence de tout Coréen. La classe la plus élevée porte le nom de Yang-Ban et la dernière s’appelle Song-Nom.
Retenu par un lien si puissant, le Coréen ne cherchera jamais à renverser un ordre de choses dont la disparition lui serait préjudiciable, et si parfois des troubles se sont produits ce n’a été que par haine de l’étranger, contre les Japonais surtout, qui ont laissé d’ineffaçables souvenirs de leurs invasions, contre les missionnaires qui essayèrent de le détourner du culte des ancêtres.

Fig. 1. — Type d’étudiant. (D’après le croquis d’un artiste coréen.)

Tels ont été par le fait le mobile des émeutes de 1882, 1884 et 1888. Changer le gouvernement, cela ne vaut pas la peine dans l’esprit du Coréen.
En dehors des classes attachées au gouvernement se trouvent celles des guilds ou corporations nommées Pusang et Posang ; organisée sur le modèle de celle de la Chine, cette classe de la population s’adonne au commerce. Par une union étroite, ces guilds font la loi dans les foires et marchés de l’intérieur, et savent également se mettre à l’abri des exactions auxquelles seraient tentées de les soumettre les castes officielles.

Fig. 2. — Type d’étudiant. (D’après le croquis d’un artiste coréen.)

La population de la Corée est estimée à 12 ou 13 millions d’habitants. Le climat est très rigoureux en hiver ; en été, il fait une chaleur excessive, rendue même plus insupportable par l’humidité que produisent les pluies continuelles qui tombent en juin et en juillet. Le printemps est tardif ; l’automne est la saison la plus agréable de l’année, la flore est très abondante ; la faune a, comme principaux sujets, le tigre, le léopard, l’ours, le sanglier et le cerf. La présence du tigre est un fait à noter ; cet animal, originaire des pays chauds, habite de préférence les jungles qui font pourtant complètement défaut en Corée. Il est de grande taille, sa robe est très belle et son poil long et fourni. Il est la terreur du pays, et il suffit de jeter le cri de horang pour causer un sauve-qui-peut général.
Le gibier de toute espèce est en grande quantité : cygnes blancs, cygnes noirs, oies et canards sauvages, outardes, faisans, perdrix, cailles, bécasses, lièvres se lèvent à chaque instant sous les pas du promeneur.
La principale récolte est celle du riz ; il est d’une qualité supérieure ; on en exporte fort peu ; il arrive même assez souvent que la récolte est insuffisante et que le gouvernement est obligé de venir en aide aux cultivateurs auxquels il fait des distributions de grains. Cette disette provient du manque de pluie dans la saison convenable, et de la sécheresse qui fait périr la plante sur pied.
Le ginseng, tenu en si haute estime en Corée comme en Chine, est un végétal auquel on attribue les vertus du chanvre indien, et ses qualités régénératrices lui donnent une très grande valeur.
Les montagnes de la Corée renferment des mines d’or, mais les quelques essais d’exploitation qui ont été faits n’ont pas encore donné de résultats appréciables. Dès le début, les entrepreneurs se sont heurtés contre les superstitions absurdes du peuple qui sont partagées par le gouvernement même. Le Coréen voit de mauvais œil la moindre tentative faite pour toucher à ces montagnes ; il craint d’irriter le dragon qui, pour se venger du trouble apporté dans son séjour de prédilection, ferait pleuvoir sur le pays les plus grandes calamités.
L’impôt est perçu en nature. Les ressources du trésor proviennent des dîmes prélevées sur les produits du sol, et principalement du ginseng, dont le roi a le monopole. Un système de douane, sur le modèle de celui qui a été établi en Chine par des étrangers, donne une autre source de revenu, celle-là en espèce, mais peu considérable, un million de francs environ, qui sert à payer les employés européens qui forment le corps des douaniers dans les ports de Fousan, Guensan ou Wonsan et Tchemulpo.
L’armée se compose de six bataillons (si l’on peut leur donner ce nom) placés sous le commandement d’autant de généraux qui partagent avec le roi le pouvoir et les revenus de l’État, moins celui du ginseng.
Ces troupes ressemblent assez aux bandes armées que les anciens barons féodaux fournissaient autrefois, en temps de guerre, à leur suzerain ; le soldat jouit d’immunités et de privilèges qui lui font rechercher le service militaire ; souvent même il paye pour y être admis ; une fois enrôlé, il ne travaille plus, reçoit deux habillements complets par an et une ration quotidienne de riz.

 

L

Fig. 3. — Soldat coréen. (D’après le croquis d’un artiste coréen.)

Il lui arrive fréquemment de se livrer à des actes de maraude et même de pillage, sans qu’il ait a craindre la moindre répression. C’est au nom de son chef qu’il agit et il n’est jamais désavoué.
Cet état de choses met presque tout le pouvoir entre les mains des six généraux. Le roi a fait, il y a sept ans, des tentatives pour se créer une armée à lui et s’affranchir ainsi de la tutelle de ses généraux ; mais les chefs de l’armée coréenne, prévoyant le danger qui menaçait leur position, ont soulevé de tels obstacles sous les pas des officiers américains, engagés comme instructeurs, que le souverain ne réussit pas dans son entreprise. Sa Majesté m’a engagé à plusieurs reprises à quitter mon poste pour accepter le commandement en chef de l’armée. Mais la situation qui m’était offerte n’eut pas le don de me séduire ; aussi, avec force remerciements, je déclinai l’honneur insigne qui m’était fait.
Une école militaire a été fondée à Séoul, depuis, par les instructeurs militaires, où ne sont admis que les fils des Yang-bans ou nobles. Mais l’esprit de ceux-ci comme celui du peuple, du reste, laisse peu d’espoir qu’on arrive au résultat cherché par le roi. Depuis près d’un siècle, les missionnaires français se sont introduits dans la Corée, pénétrant dans le pays par la Chine ; ces apôtres infatigables sont parvenus à faire un certain nombre de prosélytes malgré l’hostilité du gouvernement et les massacres que leur propagande a provoqués à différentes reprises. Le récit intéressant, mais douloureux, des efforts de ces courageux propagateurs de la foi, et des persécutions auxquelles ils ont été en butte, se trouve relaté dans un ouvrage intitulé : Histoire de l’Église de Corée, par le R. P. Dallet.
En 1866, l’attention du gouvernement français fut attirée par l’un de ces massacres. L’amiral Roze, n’ayant pu obtenir réparation, bombarda la forteresse de Kang-Hoa ; mais ne se trouvant pas en force suffisante pour appuyer cette démonstration, il se vit obligé de se retirer, et l’affaire en resta là.
Au commencement de l’année 1867, une expédition fut dirigée sur la Corée par les nommés Oppert et Jenkins, ayant pour objectif d’enlever les cercueils de plusieurs rois du pays que l’on disait être tout en or massif et d’un poids considérable.
Les Américains-Allemands maraudeurs trouvèrent les cercueils convoités bien gardés, et l’entreprise en fut pour ses frais.
Quelque temps après, l’équipage entier d’un voilier américain, le Général Sherman, se trouvant dans les eaux coréennes, dans le même but, fut massacré par les indigènes ; et plus tard, en 1871, une flotte américaine, sous le commandement de l’amiral Rogers, partit pour en demander réparation.
Profitant de l’expérience que leur avait donnée l’expédition française, les Américains, après avoir, eux aussi, bombardé Kang-Hoa, débarquèrent un nombre d’hommes suffisant pour infliger une rude leçon à l’armée coréenne. Néanmoins, le chef de l’escadre recevait du gouvernement de Séoul la note suivante, qui est reproduite ici pour donner une idée de l’esprit de ce peuple et des dispositions dont il est animé à l’égard des étrangers :
« La nation coréenne a vécu quatre mille ans, satisfaite de sa civilisation propre et sans éprouver aucun besoin d’en changer. Nous restons paisiblement chez nous et ne sommes jamais allés déranger les autres peuples : pourquoi venez-vous troubler notre tranquillité ? Votre pays est situé à l’Occident, le nôtre se trouve à l’Extrême-Orient ; des milliers de milles nous séparent ; quelle est la raison qui vous a fait franchir sur l’Océan une distance aussi considérable ? Si c’est au sujet du vaisseau le Général Sherman, nous vous répondrons que les hommes de son équipage se sont livrés sur nos côtes à la piraterie et au meurtre, et qu’ils ont été punis de mort. Si vous désirez vous emparer d’une partie de notre territoire, sachez que nous ne le souffrirons pas ; n’auriez-vous même que l’intention de vous mettre en relation avec nous, cela ne peut pas être non plus. »
Que ce soit l’effet des deux bombardements ou toute autre cause, en 1876, la Corée concluait un traité de commerce avec le Japon, puis, successivement, avec les États-Unis, la France, l’Angleterre, l’Allemagne et la Russie, et ouvrait quelques-uns de ses ports à ces mêmes puissances.
En l’année 1888, elle envoya à Washington une ambassade qui excita une vive curiosité, à cause des costumes bizarres portés par ses membres. L’influence de la Chine fit bientôt rappeler l’ambassadeur, Pak, qui fut disgracié pour avoir, par sa mission, porté atteinte à la dignité du Céleste Empire. El cependant, on peut dire que ce fut à son corps défendant que M. Pak s’acquitta de ses hautes fonctions, car, au moment de l’embarquer sur le vaisseau de guerre américain, qui devait le transporter aux États-Unis, le courage lui manqua, et faisant volte-face, il s’enfuit à toutes jambes. Quelques-uns de ses amis s’élancèrent à sa poursuite et le ramenèrent de force à bord, sachant du reste qu’il y allait de sa tête s’il persistait dans ses velléités de résistance. Presque à la même époque une autre ambassade fut envoyée en Europe : instruit par l’expérience de son collègue, le second ambassadeur. Son Excellence Cho, ne fit aucune difficulté pour partir, mais il n’alla pas plus loin que Hong-Kong, où, depuis cette époque, il se trouve encore, me dit-on, dans un hôtel de dernier ordre, ayant pour enseigne : Au perchoir des matelots.
Il doit une somme assez ronde à son hôtelier qui refuse de s’en dessaisir, et le conserve en garantie de sa créance.
Le Coréen, au point de vue ethnique, a peu ou rien de commun avec ses voisins les Chinois et les Japonais. Il est un composé, sans doute, des envahisseurs venus du plateau ; et, en lui, le sang hun, kitan, mongol, tartare et turc se trouve mélangé avec celui des aborigènes.
Dans cet ordre d’idées, je suppose que des races venues des îles Aléoutiennes et des continents polaires ont fourni leur contingent dans la composition du Coréen ; et cette idée, qui m’est venue en Corée même, trouve un certain appui dans un ouvrage que je viens de lire, intitulé Les Grands Esquimaux, par le R. P. Pétitot. L’auteur fait un croquis des mœurs de l’Eskimau, qui pourrait bien servir pour décrire celles du Coréen. Exemple : l’Eskimau, comme le Coréen, ne se nomme qu’avec les plus grands détours, et ne prononce ni n’écrit facilement le nom d’un supérieur ; ce serait, selon son code, de la plus grande impolitesse. Il est d’une vanité illimitée, d’une curiosité sans bornes. Il est ivrogne, glouton, avec un goût passionné du poisson gâté. Il se couche tout nu sur la terre échauffée par les sous-conduits appelés cahns. En visite il se fait suivre par un porteur d’un vase que dans d’autres pays les habitants ont soin de garder chez eux. Et encore, je pourrais dire des Coréens, ce que le Père Pétitot dit des Esquimaux :
« J’étais donc, pour ces civilisés de la mer polaire, une sorte de sauvage ridicule, ou, tout au moins, un curieux barbare, une sorte de talapoin cinghali, voyageant et me montrant pour le plus grand plaisir de leur société. Si, par malheur, il y avait eu par là quelque barnum ambulant, c’en eût été fait de moi ; on m’y eût interné d’urgence à la manière de nos Omahas et de nos Tamouls nomades, sous l’étiquette : Peau blanche, barbare et intraitable venu des pays du soleil brûlant. »
Résoudre la question complexe de l’origine du Coréen ou bien recueillir quelques données qui pourraient servir comme argument sérieux dans la solution de ce problème, voilà ce qui m’engageait à entreprendre un voyage en 1888 à l’Île de Quelpaërt, laquelle, d’après une note trouvée dans les Annales chinoises, fut indiquée comme étant le quartier-général des Khàns conquérants, Ghenkis et Koublai.
Cette note, la voici :
« Dans la sixième année de Tchaoting (1234 de notre ère), sous la dynastie Soung, l’empereur des Mongols, Ogadaï, envoya son général, Sa-li-tha, à l’île de Tchae-Tchiou, le vrai nom de Quelpaërt, pour conquérir la Corée. »
Envoyé comme secrétaire de la légation des États-Unis en Corée, en 1887, j’ai profité d’un congé de deux mois pour mettre à exécution une visite à Quelpaërt ; grâce à mes relations officielles à la cour de Séoul, j’ai pu obtenir une lettre de Sa Majesté Li pour le gouverneur de l’île, et, après maints obstacles, je suis parvenu à pénétrer dans la capitale même de l’île mystérieuse.

Charles Chaillé-Long
La Corée ou Tchösen
Ernest Leroux, 1894
Tome 26e, pp. 5-13

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LE MUSEE GUIMET EN 1894

« Il m’a été donné de parcourir plusieurs fois au musée Guimet les salles silencieuses où s’entassèrent les trésors de l’Inde, de la Chine et du Japon afin de commémorer en plein Paris les légendes du plus grand d’entre les hommes, de celui qui, autant que le Christ, illumina Tolstoï, et qui triomphe aujourd’hui dans les âmes intellectuelles et curieuses autant peut-être qu’a Bénarès, il y a plus de deux mille ans. La raison de cette victoire du Bouddhisme au fond des intelligences blasées de notre époque, M. Guimet l’a découverte, je crois, en nous racontant dans ses Promenades Japonaises ce que lui avoua un vieux prêtre de là-bas : « Le Bouddhisme accepte dans les autres croyances tout ce qui est grand, moral et bon, car le bien est toujours inspiré par le sacré cœur de Bouddha. Nous trouvons souvent chez les autres plus de vérités que nous n’en apportons, mais tout ce qui est bien émane du sacré cœur de Bouddha, » — salutaire tolérance, qu’ignorèrent toujours les sectes despotiques d’Occident.
J’ai visité d’abord M. de Milloué, le conservateur du musée Guimet, rue Mazarine, dans son logis tranquille et laborieux.
— Mon Dieu, m’a-t-il avoué, je ne crois pas beaucoup au sérieux des bouddhistes parisiens. Je crois au bouddhisme qui nous vient des terres autochtones ; en ce moment, nous avons la chance inespérée de posséder chez nous un des plus remarquables pontifes de cette religion, M. Horiou-Toki, bouddhiste ésotérique. Vous l’avez vu officier au musée Guimet. Qu’il fut supérieure en gravité et en science aux deux autres prêtres qui le précédèrent, de cette secte Sin-Siou, qu’un prince de la famille impériale déforma, selon ses goûts, en supprimant l’abstinence de la viande et le célibat ! M. Horiou-Toki, qui nous arrive du Congrès de Chicago, travaille pour le musée Guimet à l’explication dos quatre cents gestes, « ésotériques », c’est-à-dire inexpliqués pour les profanes, gestes qu’il accomplit pendant son office sous cette sorte de chasuble qui le voile. Je ne veux vous parler que d’un seul. Grâce à ce geste invisible, le Bouddha descend dans son prêtre. De même que l’hostie, aux paroles du sacrificateur catholique, devient le corps de Jésus-Christ, — à cette prière muette, le prêtre bouddhique devient une sorte de dieu, et il peut, par sa volonté ardente, faire communier tous les assistants à sa divinité… Bien plus, les vrais croyants aperçoivent, à ce moment, sur le front de l’officiant, cinq flammes de couleurs différentes qui sont son âme délivrée… »

Jules Bois
Les Petites Religions de Paris
Léon Chailley, 1894 -pp. 45-57
I -LE BOUDDHISME ORTHODOXE

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LE MUSEE GUIMET
Paris – Парис – 巴黎
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National Museum of Asian Arts – Guimet
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Национальный музей восточных искусств – Гиме

LE TIGRE ET LA PIE