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Remembrance – Souvenir EMILY BRONTË – COLD IN THE EARTH – FROID DANS LA TERRE 1846

LITTERATURE ANGLAISE -English Literature – English poetry

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EMILY BRONTË
30 July 1818 – 19 December 1848
30 Juillet 1818 – 19 décembre 1848

Traduction – Translation

TRADUCTION JACKY LAVAUZELLE

French and English text
texte bilingue français-anglais

 


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Remembrance – Souvenir

COLD IN THE EARTH
FROID DANS LA TERRE

1846

 




Cold in the earth—and the deep snow piled above thee,
Froid dans la terre – et la lourde neige au-dessus de toi,
 Far, far removed, cold in the dreary grave!
Loin, lointain, froid dans la triste tombe !
 Have I forgot, my only Love, to love thee,
Ai-je oublié, mon seul amour, de t’aimer,
Severed at last by Time’s all-severing wave?
Séparés par la vague du Temps qui tout sépare ?

*

Now, when alone, do my thoughts no longer hover
Pourquoi, seule, mes pensées ne chevauchent-elles plus
Over the mountains, on that northern shore,
Sur les montagnes, sur de septentrionales rives,
Resting their wings where heath and fern leaves cover
Reposant leurs ailes là où les bruyères et les fougères recouvrent
Thy noble heart forever, ever more?
Ton coeur noble pour toujours, à tout jamais ?






*
Cold in the earth—and fifteen wild Decembers,
Froid dans la terre – et quinze Décembres sauvages,
From those brown hills, have melted into spring;
De ces collines brunes, ont fondu au printemps ;
 Faithful, indeed, is the spirit that remembers
Fidèle, en effet, l’esprit qui se souvient
After such years of change and suffering!
Après de telles années de changements et de souffrance !

*

Sweet Love of youth, forgive, if I forget thee,
Doux Amour de jeunesse, pardonne, si je t’oublie,
While the world’s tide is bearing me along;
Alors que la marée du monde me saisit ;
Other desires and other hopes beset me,
D’autres désirs et d’autres espoirs me poursuivent,
 Hopes which obscure, but cannot do thee wrong!
Des espoirs qui t’obscurcissent, mais ne peuvent te faire du tort !  

 *

No later light has lightened up my heaven,
Pas une lumière n’a illuminé mon paradis,
No second morn has ever shone for me;
Aucune aube nouvelle n’a jamais plus scintillé pour moi ;
All my life’s bliss from thy dear life was given,
Tout le bonheur de ma vie, de ta précieuse vie m’a été donné,
All my life’s bliss is in the grave with thee.
Tout le bonheur de ma vie est avec toi dans la tombe.
*
But, when the days of golden dreams had perished,
Mais, les jours de rêves dorés ayant péri,
And even Despair was powerless to destroy,
Et même le Désespoir fut impuissant à détruire,
Then did I learn how existence could be cherished,
J’ai appris alors comment l’existence pouvait être chérie,
Strengthened, and fed without the aid of joy.
Renforcée et nourrie sans l’aide de la joie.
*
 





*
 Then did I check the tears of useless passion—
J’ai conservé alors les larmes d’une passion inutile –
Weaned my young soul from yearning after thine;
Épuisé ma jeune âme dans l’absence de la tienne ;
Sternly denied its burning wish to hasten
Refusé sévèrement son vif désir de se hâter
Down to that tomb already more than mine.
Jusqu’à cette tombe déjà plus que la mienne.
 

*

And, even yet, I dare not let it languish,
Et, même là, je n’ose le laisser langoureux,
 Dare not indulge in memory’s rapturous pain;
Ni m’attarder à la délicieuse douleur de la mémoire ;
  Once drinking deep of that divinest anguish,
Jadis, moi qui buvais profondément de cette divine angoisse,
How could I seek the empty world again?
Comment pourrais-je chercher à nouveau la vacuité de ce monde ?





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SUPPLEMENT

LES SOEURS BRONTË
EN 1846
LA CONDUITE DE BRANWELL
LE TERRIBLE HIVER 1846

« 3 mars 1846. J’entrai dans la chambre de Branwell pour lui parler, une heure environ après mon retour : ce fut peine perdue. J’aurais pu m’épargner cet embarras : il ne fit pas attention à moi ; et ne me répondit pas ; il était stupéfié. Mes craintes n’étaient pas vaines. J’apprends que pendant mon absence il s’est procuré un souverain sous prétexte de payer une dette ; il est sorti immédiatement, a fait changer le souverain à la première taverne, et en a fait l’emploi que vous pouvez supposer. *** a conclu son rapport en disant que c’était un être désespéré, ce qui n’est que trop vrai. Dans son état présent, il est presque impossible de rester dans la même chambre que lui. Ce que l’avenir nous réserve, je ne le sais pas. »

« 31 mars 1846. Papa continue d’aller assez bien, sauf les fréquents chagrins que lui cause la misérable conduite de Branwell. Ici il n’y a de changement qu’en pis… »

 






« 19 décembre 1846…… J’espère que vous n’êtes pas complètement gelée ; le froid est ici terrible. Je ne me rappelle pas un tel hiver ; il est digne du pôle. L’Angleterre, dirait-on, a glissé dans la zone arctique ; le ciel semble couvert de glace, la terre est gelée, le vent est pénétrant comme une lame à double tranchant. Nous avons eu, en conséquence de cette température, des rhumes et des toux terribles. La pauvre Anne a souffert cruellement de son asthme ; maintenant elle va beaucoup mieux. Il y a eu deux nuits la semaine dernière où sa toux et sa difficulté de respirer faisaient peine à voir et à entendre, et où elle a dû beaucoup souffrir ; elle supporte cela comme elle supporte toutes les afflictions, sans se plaindre, en se contentant de soupirer de temps à autre, lorsque la douleur est trop vive. Elle a un héroïsme de résignation extraordinaire ; je l’admire, mais je ne saurais l’imiter.

Vous dites que je dois avoir des masses de choses à vous raconter que voulez-vous que je vous raconte ; il ne se passe rien ici, rien qui soit d’une nature agréable à raconter. Un petit incident est venu la semaine dernière nous rappeler à la vie ; mais s’il ne vous donne pas plus de plaisir qu’il ne nous en a donné, vous n’aurez pas à me remercier de vous en avoir fait part. Cet incident était tout simplement l’arrivée d’un officier du shérif qui était venu rendre une visite à B… pour l’inviter à payer ses dettes, ou à faire un tour à York. Nécessairement il a fallu payer ses dettes. Il n’est pas agréable de perdre ainsi de l’argent de temps à autre ; mais à quoi servirait-il d’insister sur ce sujet ? Cela ne le rendra pas meilleur. »

Émile Montégut
critique français (1825 – 1895)
Miss Brontë, sa Vie et ses Œuvres
II. — La Vie littéraire et la Mort de Miss Brontë
Revue des Deux Mondes
2e, tome 10, 1857






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LES TROIS SOEURS BRONTË
par/by Branwell Brontë
From left to right: Anne, Emily and Charlotte
De gauche à droite : Anne, Emily et Charlotte

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STANZAS – EMILY BRONTË (1840) I’ll not weep – Je ne pleurerai pas !

LITTERATURE ANGLAISE -English Literature – English poetry

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EMILY BRONTË
30 July 1818 – 19 December 1848
30 Juillet 1818 – 19 décembre 1848

Traduction – Translation

TRADUCTION JACKY LAVAUZELLE

French and English text
texte bilingue français-anglais

 


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STANZAS

I’ll not weep
Je ne pleurerai pas !
1840

 




I’ll not weep that thou art going to leave me,
Tu me quittes mais je ne pleurerai pas,
There’s nothing lovely here;
Il n’y a rien de bon ici-bas ;
And doubly will the dark world grieve me,
Et ce sombre monde doublement m’attristera,
While thy heart suffers there.
Tant que ton cœur y souffrira.





*
I’ll not weep, because the summer’s glory
Je ne pleurerai pas, même l’été dans sa gloire
Must always end in gloom;
Toujours se termine dans le noir ;
And, follow out the happiest story—
Et, la plus radieuse des histoires,
It closes with a tomb!
Se termine avec la tombe !
*
And I am weary of the anguish
Et je suis fatiguée de l’angoisse
 Increasing winters bear;
Qui s’accroit avec l’hiver ;
Weary to watch the spirit languish
Déprimée de voir l’esprit languir
Through years of dead despair.
Dans le mortel désespoir du temps.





*
So, if a tear, when thou art dying,
Si une larme, à ta mort,
Should haply fall from me,
De mes yeux se dérobe
It is but that my soul is sighing,
C’est que mon âme soupire
To go and rest with thee.
Du désir de te rejoindre.

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SUPPLEMENT

LES SOEURS BRONTË
DE FIN 1839 à 1841

Charlotte ne resta pas longtemps dans cette maison inhospitalière, où le maître seul avait trouvé grâce à ses yeux. Elle revint à Haworth à la fin de 1839. Deux années s’écoulèrent encore, et ses espérances reculaient sans cesse à l’horizon. Pour tromper les ennuis de sa vie monotone, Charlotte se remit à écrire avec une nouvelle rage. La grande dépense de Charlotte et de ses sœurs semble avoir été celle du papier durant les années qui précédèrent l’apparition de Jane Eyre. La quantité de papier qu’elles achetaient excitait l’étonnement de l’honnête marchand qui le leur vendait.




« Je me demandais ce qu’elles en faisaient, disait-il à Mme Gaskell ; je pensais quelquefois qu’elles devaient collaborer aux magazines. Lorsque mes provisions étaient épuisées, j’avais toujours peur de les voir venir ; elles semblaient si contrariées lorsque j’étais à sec. J’ai bien des fois fait le voyage d’Halifax pour acheter une demi-rame, dans la crainte d’être pris au dépourvu. » Charlotte s’était remise en effet à caresser ses rêves de littérature. Elle commença un roman qui devait avoir la proportion de ceux de Richardson. De temps à autre, elle et son frère Branwell envoyaient des essais à Wordsworth et à Coleridge. Branwell écrivait quelquefois dans un journal de province, Emilie composait ses poèmes. Toutes ces jeunes têtes étaient en fermentation, et ce tumulte intellectuel fait même un singulier contraste avec la vie silencieuse du presbytère. Charlotte n’a pas encore trouvé sa voie ; elle est pleine de maladresse, elle cherche, et s’égare. L’éducation n’est pas complète ; cinq ou six années de malheurs sont encore nécessaires à la formation de ce talent…

Émile Montégut
critique français (1825 – 1895)
Miss Brontë, sa Vie et ses Œuvres
I. — La Vie anglaise, la Famille et la Jeunesse de Miss Brontë
Revue des Deux Mondes
2e, tome 10, 1857






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LES TROIS SOEURS BRONTË
par/by Branwell Brontë
From left to right: Anne, Emily and Charlotte
De gauche à droite : Anne, Emily et Charlotte

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