Archives par mot-clé : Sri Anjaneyar temple

BATU CAVES 黑风洞 பத்துமலை – MALAISIE – MALAYSIA

Pelancongan di Malaysia

Voyage en Malaisie
PHOTOS JACKY LAVAUZELLE
Texte sur la légende de Krishna par Édouard Schuré (1888)
Texte sur la légende de Murugan dans le Mahâbharata par L. Ballin (1899)
Texte sur les singes et Hanuman par Jules Bois (1903)




Kuala Lumpur – 吉隆坡
ETAT : SELANGOR

  BATU CAVES
黑风洞 
பத்துமலை

Escalier de 272 marches
Fête de Thaipusam – Thaippoosam
தைப்பூசம்
Pendant cette fête, Murugan est porté par des fidèles. Murugan est entouré de plume de paon.
La fête se déroule au dixième mois du calendrier hindou (entre la mi-janvier et le début du mois de février)
En 2017 : le 9 février
En 2018 : le 31 janvier
En 2019 : 21 janvier
Des fidèles portent à cette occasion des gros pots de lait et des cadres ornés, les kavadi.
Date de construction du temple
கட்டப்பட்ட நாள்
1891
Murugan
முருகன்
La plus grande statue de Murugan au monde
World’s tallest Murugan statue
Kârttikeya, Kumara ou Skanda
உலகிலேயே உயரமான 140 அடி முருகன் சிலை. Statue dorée de plus de 42 mètres – 140 pieds (=42,672m)
fils de Shiva சிவன்
Coût de construction : 25 millions de ringgit malaisien.
Durée 3 ans

Janvier 2006
Symboles de Murugan : la lance et la plume de paon (மயில்)
La paon – Paranî – lui sert de monture









Le char de Krishna
பத்துமலை கிருஷ்ணா சிலை








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Le Sri Anjaneyar temple
ஸ்ரீ ஆஞ்சநேயர் கோவில்

Le premier temple de l’ensemble sur la gauche dès la sortie du métro

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HANUMAN
அனுமன்

La sortie de métro à gauche et à droite la monumentale statue de Hanuman et Sri Anjenayar Temple au fond.

Lord Hanuman trône devant le Sri Anjaneyar Temple
Le dieu-singe, fils de Pavana, dieu du vent, et de la déesse Anjanâ

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Sri Venkatachalapathi Swami Sannadhi Temple
பத்துமலை நுழைவாயிலில் அமைந்துள்ள தலைக் கோபுரம்

c’est le second temple sur la gauche après celui de Sri Anjaneyar Temple

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Le Temple au sommet de Batu Caves
பத்துமலையின் ஆக உச்சியில் இருக்கும் ஆலயம்
La grotte

Et les 272 marches
272 பேரணிகள் டி பத்துமலை

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Les macaques de Batu Caves
குட்டைவால் குரங்குகளுக்கு

LES SINGES ET HANUMAN LE PREMIER ALLIE DE RAMA
par Jules Bois en 1903

« Les singes sont ici innombrables, et ces souples individus, pareils comme taille à de petits hommes, forment une population originale aux cuisses peintes. Ils marchent dans les rues, affairés comme des marchands, et, quand ils sont malades, la main tendue, le regard implorateur comme des mendiants. Il jouent avec les enfants qui sont plus singes queux ; et que de disputes fraternelles pour un gâteau ou un fruit qu’on se vole ! Généralement c’est la bête qui l’emporte. L’anthropomorphe, avec un cri de triomphe, s’enfuit vers quelque balcon ou se réfugie au sommet d’un arbre voisin. Il y a des singes partout où il y a des hommes, mais il n’y a pas des hommes partout où il y a des singes… Dans les maisons, ils sont encore chez eux, on ne les trouble pas, ce serait un péché de les frapper. Ils sont les incarnations du dieu Hanuman, le premier allié de Rama, qui fut le premier Hindou ; ils sont Hanuman lui-même !« 

Jules Bois
Visions de l’Inde
CHAPITRE VIII
La cité des singes et des tortues
III  Les singes-citoyens.
Société d’Editions Littéraires et Artistiques
1903

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  BATU CAVES
黑风洞
பத்துமலை

L’INITIATION de KRISNA

Les guerriers, les gardes, les serviteurs s’étaient prosternés devant le saint centenaire, qui ressortit, conduit par sa gazelle, sans que personne eût osé le toucher. Mais, à partir de ce jour, Kansa et Nysoumba songèrent aux moyens de faire périr secrètement le roi des anachorètes. Dévaki était morte, et nul, hormis Vasichta, ne savait que Krishna était son fils. Cependant, le bruit de ses exploits avait retenti aux oreilles du roi. Kansa pensa : « J’ai besoin d’un homme fort pour me défendre. Celui qui a tué le grand serpent de Kalayéni n’aura pas peur de l’anachorète. » Ayant pensé cela, Kansa fit dire au patriarche Nanda : « Envoie-moi le jeune héros Krishna pour que j’en fasse le conducteur de mon char et mon premier conseiller. » Nanda fit part à Krishna de l’ordre du roi, et Krishna répondit : « J’irai. » À part lui il pensait : « Le roi de Madoura serait-il celui qui ne change jamais ? Par lui je saurai où est ma mère. »

Kansa, voyant la force, l’adresse et l’intelligence de Krishna, prit plaisir à lui et lui confia la garde de son royaume. Cependant, Nysoumba, en voyant le héros du mont Mérou, tressaillit dans sa chair d’un désir impur, et son esprit subtil trama un projet ténébreux à la lueur d’une pensée criminelle. À l’insu du roi, elle fit appeler le conducteur du char dans son gynécée. Magicienne, elle possédait l’art de se rajeunir momentanément par des philtres puissants. Le fils de Dévaki trouva Nysoumba aux seins d’ébène presque nue sur un lit de pourpre ; des anneaux d’or serraient ses chevilles et ses bras ; un diadème de pierres précieuses étincelait sur sa tête. À ses pieds, une cassolette de cuivre d’où s’échappait un nuage de parfums.

Krishna, dit la fille du roi des serpents, ton front est plus calme que la neige de l’Himavat et ton cœur est comme la pointe de la foudre. Dans ton innocence, tu resplendis au-dessus des rois de la terre. Ici, personne ne t’a reconnu ; tu t’ignores toi-même. Moi seule je sais qui tu es ; les Dévas ont fait de toi le maître des hommes ; moi seule je puis faire de toi le maître du monde. Veux-tu ?

Si c’est Mahadéva qui parle par ta bouche, dit Krishna d’un air grave, tu me diras où est ma mère et où je trouverai le grand vieillard qui m’a parlé sous les cèdres du mont Mérou.

Ta mère ? dit Nysoumba avec un sourire dédaigneux, ce n’est certes pas moi qui te l’apprendrai ; quant à ton vieillard, je ne le connais pas. Insensé ! tu poursuis des songes et tu ne vois pas les trésors de la terre que je t’offre. Il y a des rois qui portent la couronne et qui ne sont pas des rois. Il y a des fils de pâtres qui portent la royauté sur leur front et qui ne connaissent pas leur force. Tu es fort, tu es jeune, tu es beau ; les cœurs sont à toi. Tue le roi dans son sommeil et je mettrai la couronne sur ta tête, et tu seras le maître du monde. Car je t’aime et tu m’es prédestiné. Je le veux, je l’ordonne !

En parlant ainsi, la reine s’était soulevée impérieuse, fascinante, terrible comme un beau serpent. Dressée sur sa couche, elle lança de ses yeux noirs un jet de flamme si sombre dans les yeux limpides de Krishna, qu’il frémit épouvanté. Dans ce regard, l’enfer lui apparut. Il vit le gouffre du temple de Kali, déesse du Désir et de la Mort, et des serpents qui s’y tordaient comme dans une agonie éternelle. Alors, soudainement, les yeux de Krishna parurent comme deux glaives. Ils transpercèrent la reine de part en part, et le héros du mont Mérou s’écria :

Je suis fidèle au roi qui m’a pris pour défenseur ; mais toi, sache que tu mourras !

Nysoumba poussa un cri perçant et roula sur sa couche en mordant la pourpre. Toute sa jeunesse factice s’était évanouie ; elle était redevenue vieille et ridée. Krishna, la laissant à sa colère, sortit.

Persécuté nuit et jour par les paroles de l’anachorète, le roi de Madoura dit à son conducteur de char :

Depuis que l’ennemi a mis le pied dans mon palais, je ne dors plus en paix sur mon trône. Un magicien infernal du nom de Vasichta, qui vit dans une forêt profonde, est venu me jeter sa malédiction. Depuis, je ne respire plus ; le vieillard a empoisonné mes jours. Mais avec toi qui ne crains rien, je ne le crains pas. Viens avec moi dans la forêt maudite. Un espion qui connaît tous les sentiers nous conduira jusqu’à lui. Dès que tu le verras, cours à lui et frappe-le sans qu’il ait pu dire une parole ou te lancer un regard. Quand il sera blessé mortellement, demande-lui où est le fils de ma sœur, Dévaki, et quel est son nom. La paix de mon royaume dépend de ce mystère.

Sois tranquille, répondit Krishna, je n’ai pas eu peur de Kalayéni ni du serpent de Kali. Qui pourrait me faire trembler maintenant ? Si puissant que soit cet homme, je saurai ce qu’il te cache.

Déguisés en chasseurs, le roi et son guide roulaient sur un char aux chevaux fougueux, aux roues rapides. L’espion, qui avait exploré la forêt, se tenait derrière eux. On était au début de la saison des pluies. Les rivières s’enflaient, une végétation de plantes recouvrait les chemins, et la ligne blanche des cigognes se montrait sur le dos des nuées. Lorsqu’ils approchèrent de la forêt sacrée, l’horizon s’assombrit, le soleil se voila, l’atmosphère se remplit d’une brume cuivrée. Du ciel orageux, des nuages pendaient comme des trompes sur la chevelure effarée des bois.

Pourquoi, dit Krishna au roi, le ciel s’est-il obscurci tout à coup et pourquoi la forêt devient-elle si noire ?

Je le vois bien, dit le roi de Madoura, c’est Vasichta le méchant solitaire qui assombrit le ciel et hérisse contre moi la forêt maudite. Mais toi, Krishna, as-tu peur ?

Que le ciel change de visage et la terre de couleur, je n’ai pas peur !

Alors, avance !

Krishna fouetta les chevaux, et le char entra sous l’ombre épaisse des baobabs. Il roula quelque temps d’une vitesse merveilleuse. Mais toujours plus sauvage et plus terrible devenait la forêt. Des éclairs jaillirent ; le tonnerre gronda.

Jamais, dit Krishna, je n’ai vu le ciel si noir, ni les arbres se tordre ainsi. Il est puissant, ton magicien !

Krishna, tueur de serpents, héros du mont Mérou, as-tu peur ?

Que la terre tremble et que le ciel s’effondre, je n’ai pas peur !

Alors, poursuis !

De nouveau, le hardi conducteur fouetta les chevaux et le char reprit sa course. Alors la tempête devint si effroyable que les arbres géants ployèrent. La forêt secouée mugit comme du hurlement de mille démons. La foudre tomba à côté des voyageurs ; un baobab fracassé barra la route ; les chevaux s’arrêtèrent et la terre trembla.

C’est donc un dieu que ton ennemi, dit Krishna, puisque Indra lui-même le protège ?








Nous touchons au but, dit l’espion du roi. Regarde cette allée de verdure. Au bout se trouve une cabane misérable. C’est là qu’habite Vasichta, le grand mouni, nourrissant les oiseaux, redouté des fauves et défendu par une gazelle. Mais pas pour une couronne, je ne ferai un pas de plus.

À ces mots, le roi de Madoura était devenu livide : « Il est là ? Vraiment ? derrière ces arbres ? » Et, se cramponnant à Krishna, il chuchota à voix basse, en tremblant de tous ses membres :

Vasichta ! Vasichta, qui médite ma mort, est là. Il me voit du fond de sa retraite… son œil me poursuit… Délivre-moi de lui !

Oui, par Mahadéva, dit Krishna en descendant du char et en sautant par-dessus le tronc du baobab, je veux voir celui qui te fait trembler ainsi.

Le mouni centenaire Vasichta vivait depuis un an dans cette cabane, cachée au plus profond de la forêt sainte, en attendant la mort. Avant la mort du corps, il était délivré de l’esclavage du corps. Ses yeux étaient éteints, mais il voyait par l’âme. Sa peau percevait à peine le chaud et le froid, mais son esprit vivait dans une unité parfaite avec l’esprit souverain. Il ne voyait plus les choses de ce monde qu’à travers la lumière de Brahma, priant, méditant sans cesse. Un disciple fidèle parti de l’ermitage lui apportait tous les jours les grains de riz dont il vivait. La gazelle qui broutait dans sa main l’avertissait en bramant de l’approche des fauves. Alors il les éloignait en murmurant un mantra et en étendant son bâton de bambou à sept nœuds. Quant aux hommes, quels qu’ils fussent, il les voyait venir par le regard intérieur, à plusieurs lieues de distance.

Krishna, marchant dans l’allée obscure, se trouva tout à coup en face de Vasichta. Le roi des anachorètes était assis, les jambes croisées sur une natte, appuyé contre le poteau de sa cabane, dans une paix profonde. De ses yeux d’aveugle sortait une scintillation intérieure de voyant. Dès que Krishna l’eût aperçu, il reconnut — « le vieillard sublime ! » — Il sentit une commotion de joie ; le respect courba son âme tout entière. Oubliant le roi, son char et son royaume, il plia un genou devant le saint, — et l’adora.

Vasichta semblait le voir. Car son corps appuyé à la cabane se dressa par une légère oscillation ; il étendit les deux bras pour bénir son hôte, et ses lèvres murmurèrent la syllabe sainte : AUM.

Cependant le roi Kansa, n’entendant pas un cri et ne voyant pas revenir son conducteur, se glissa d’un pas furtif dans l’allée et resta pétrifié d’étonnement en apercevant Krishna agenouillé devant le saint anachorète. Celui-ci dirigea sur Kansa ses yeux d’aveugle, et levant son bâton, il dit :

Ô roi de Madoura, tu viens pour me tuer ; salut ! Car tu vas me délivrer de la misère de ce corps. Tu veux savoir où est le fils de ta sœur Dévaki, qui doit te détrôner. Le voici courbé devant moi et devant Mahadéva, et c’est Krishna, ton propre conducteur ! Considère combien tu es insensé et maudit, puisque ton ennemi le plus redoutable est celui-là même que tu as envoyé contre moi pour me tuer. Toi-même tu me l’as amené pour que je lui dise qu’il est l’enfant prédestiné. Tremble ! Tu es perdu, car ton âme infernale va être la proie des démons !

Kansa stupéfié écoutait. Il n’osait regarder le vieillard en face ; blême de rage et voyant Krishna toujours à genoux, il prit son arc, et, le tendant de toute sa force, décocha une flèche contre le fils de Dévaki. Mais le bras avait tremblé, le trait dévia et la flèche alla s’enfoncer dans la poitrine de Vasichta, qui, les bras en croix, semblait l’attendre comme en extase.

Un cri partit, un cri terrible, — non pas de la poitrine du vieillard, mais de celle de Krishna. Il avait entendu la flèche vibrer à son oreille, il l’avait vue dans la chair du saint,.. et il lui semblait qu’elle s’était enfoncée dans son propre cœur, tellement son âme, à ce moment, s’était identifiée avec celle du rishi. Avec cette flèche aiguë, toute la douleur du monde transperça l’âme de Krishna, la déchira jusqu’en ses profondeurs.

Cependant, Vasichta, la flèche dans sa poitrine, sans changer de posture, agitait encore les lèvres. Il murmura :

Fils de Mahadéva, pourquoi pousser ce cri ? Tuer est vain. La flèche ne peut atteindre l’âme, et la victime est le vainqueur de l’assassin. Triomphe, Krishna ; le destin s’accomplit : je retourne à celui qui ne change jamais. Que Brahma reçoive mon âme. Mais toi, son élu, sauveur du monde, debout ! Krishna ! Krishna !

Et Krishna se dressa, la main à son épée ; il voulut se retourner contre le roi. Mais Kansa s’était enfui.

Alors une lueur fendit le ciel noir, et Krishna tomba à terre foudroyé sous une lumière éclatante. Tandis que son corps restait insensible, son âme, unie à celle du vieillard par la puissance de la sympathie, monta dans les espaces. La terre avec ses fleuves, ses mers, ses continents, disparut comme une boule noire, et tous deux s’élevèrent au septième ciel des Dévas, vers le Père des êtres, le soleil des soleils, Mahadéva, l’intelligence divine. Ils plongèrent dans un océan de lumière qui s’ouvrait devant eux. Au centre de la sphère, Krishna vit Dévaki, sa mère radieuse, sa mère glorifiée, qui d’un sourire ineffable lui tendait les bras, l’attirait sur son sein. Des milliers de Dévas venaient s’abreuver dans le rayonnement de la Vierge-Mère comme en un foyer incandescent. Et Krishna se sentit résorbé dans un regard d’amour de Dévaki. Alors, du cœur de la mère radieuse, son être rayonna à travers tous les cieux. Il sentit qu’il était le Fils, l’âme divine de tous les êtres, la Parole de vie, le Verbe créateur. Supérieur à la vie universelle, il la pénétrait cependant par l’essence de la douleur, par le feu de la prière et la félicité d’un divin sacrifice.

Quand Krishna revint à lui, le tonnerre roulait encore dans le ciel, la forêt était sombre et des torrents de pluie tombaient sur la cabane. Une gazelle léchait le sang sur le corps de l’ascète transpercé. « Le vieillard sublime » n’était plus qu’un cadavre. Mais Krishna se leva comme ressuscité. Un abîme le séparait du monde et de ses vaines apparences. Il avait vécu la grande vérité et compris sa mission.

Quant au roi Kansa, plein d’épouvante, il fuyait sur son char chassé par la tempête, et ses chevaux se cabraient comme fouettés par mille démons.








Édouard Schuré
La Légende de Krishna et les Origines du Brahmanisme
Chapitre IV INITIATION
Revue des Deux Mondes
Troisième période
Tome 87
1888

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BATU CAVES

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  BATU CAVES
黑风洞
பத்துமலை

LA VIE DE MURUGAN – KÂRTTTIKEYA
LÉGENDES SARASVATIENNES

Argument : Naissance de Kârtikeya. Il a les Pléiades pour nourrices. Sa puissance, son berceau. Les dieux l’entourent. Leur description. Il prend quatre formes, Brahma l’institue souverain de tous les êtres. Les dieux se disposent à le sacrer.

2450. Janamejaya dit : le plus grand des hommes à la double naissance, tu m’as expliqué le pouvoir de la Sarasvatî, mais il faut que tu me racontes le sacre de Koumâra, ô brahmane ;

2451. Dans quel lieu, dans quel temps et de quelle manière (il s’est fait), et par qui et d’après quelles règles l’adorable maître fut sacré ;

2452. Comment Skanda fit un grand massacre des Daityas. Apprends-moi donc toutes ces choses, car ma curiosité est extrême.

2453. Vaiçampâyana dit : La curiosité que tu éprouves sied à un descendant de Kourou. Mes paroles mêmes, ô Janamejaya, vont te satisfaire.

2454. maître suprême des hommes, je vais te raconter, à toi qui m’écoutes, l’inauguration du pouvoir du magnanime Koumâra.

2455. Le fluide séminal du grand maître (Çiva) tomba jadis dans le feu. L’adorable (Agni), qui dévore tout, ne put consumer ce (fluide) impérissable.

2456. Le brillant porteur des offrandes acquit alors un très grand éclat, mais ne conserva pas (ce) fœtus éclatant.

2457. Par l’ordre de Brahma, il s’unit jadis à la Gangâ, et déposa (en elle) un germe divin, d’un éclat comparable à celui du soleil.

2458. Mais la Gangâ n’ayant pas la patience de porter cet embryon (dans ses flancs), l’abandonna sur le charmant Himalaya, honoré des immortels.

2459. Ce fils du Feu y grandit, remplissant les mondes. Les (six) Krittikâs (Pléiades) virent ce fœtus (brillant) comme le feu,

2460. Magnanime, né du Feu, roi dans Çarastamba. Comme elles désireraient toutes un fils, (chacune d’elles) cria : « il est pour moi. »

2461. L’adorable maître, ayant vu cet amour de ces mères, (les tétant toutes à la fois), buvait par six bouches le lait qu’elles laissaient écouler (de leurs seins).

2462. À la vue du pouvoir de cet enfant, les Pléiades, déesses douées d’une beauté divine, furent extrêmement étonnées.

2463. Le sommet de la montagne où cet adorable (enfant) fut abandonné par la Gangâ, parut tout doré, ô le plus grand des Kourouides.

2464. La terre s’illumina au fur et à mesure que cet enfant grandissait, et toutes les montagnes en devinrent semblables à des mines d’or.

2465. Le très héroïque enfant fut nommé Kârtikeya (enfant des Krittikâs ou Pléiades) ; (il avait) d’abord (été appelé) Gângeya (fils de la Gangâ), et était doué d’une grande force et de grandes facultés,

2466. D’ascétisme, d’héroïsme et d’autorité sur ses sens ô Indra des rois. (Il était) beau à voir, comme la lune et il grandit excessivement.

2467. D’une beauté éclatante, il reposait sur ce doré et divin (sommet) de Çarastamba, loué par les mounis et les Gandharvas.

2468. Par milliers, de charmantes et divines jeunes filles, habiles dans la danse et dans l’art de jouer de divins instruments de musique, dansaient près de lui en le glorifiant.

2469. La rivière Gangâ, le meilleur des fleuves, se tient près du dieu, et la terre qui le supporte a une beauté suprême.

2470. Brihaspati fit en cette occasion les cérémonies, en commençant par celles relatives à la naissance d’un enfant, et le Véda, qui a quatre formes, ayant fait l’añjali, s’approcha de lui.

2471. Le Dhanourveda (la science de l’arc), qui a quatre divisions, le Çastragrâma (réunion des armes), avec le Sangraha (l’enseignement de la manière de ramener les flèches), et le roseau (des traits) seul, se tenaient près de lui .

2472. Le très héroïque (dieu) vit le dieu des dieux, époux d’Ouraâ, avec (cette) fille des montagnes, entouré de plusieurs centaines d’êtres.

2473. Des groupes, très merveilleux à voir, d’êtres déformés, avec des corps déformés, ayant des ornements et des étendards déformés,

2474. Les uns avec des faces de tigre, de lions et d’ours, (les autres) des bouches de monstres marins et de vidâlas (chats), (d’autres) des faces de chats (vrishadamsa), d’éléphants et de chameaux.

2475. Quelques-uns avec des visages de hibou, (ou bien étaient) semblables à des vautours, ou à des chacals. Quelques-uns ressemblaient aux courlis, à l’antilope rankou.

2476. D’autres avaient le corps pareil à celui du çvâvidh, du çalyaka (deux sortes de porc-épic), et du lézard godha, du bélier, de la chèvre, du bœuf.

2477. Quelques-uns ressemblaient à des montagnes et à des nuages, (ou avaient) pour armes des disques et des massues levées. Quelques-uns avaient l’éclat d’épais collyres ; quelques-uns avaient la splendeur de montagnes blanches.

2478. Ô maître des hommes, sept troupes de Mères s’assemblèrent aussi, puis les Viçvedevas, les Sâdhyas, tous les Marouts, les Vasous et les Pères (Pitris).

2479. Les Roudras et les Adityas, les Siddhas, les Serpents, les Dânavas, les Oiseaux, l’adorable Brahma Svayambhou (qui existe par lui-même), avec ses fils et avec Vishnou,

2480. Çakra aussi, s’approchèrent pour voir Acyouta, le meilleur des enfants. Et les plus grands des dieux et des Gandharvas, ayant Nârada à leur tête,

2481. Les Devarshis, les Siddhas (saints) ayant Brihaspati pour conducteur, les Pères du monde, les brahmanes, les dieux des dieux,

2482. Les Yamas et les Dhâmas aussi, (tous) ceux-là se réunirent de toutes parts . Mais le fort enfant, doué d’un grand pouvoir et d’une grande force,

2483, 2484. S’approcha du maître des dieux, qui avait la pique à la main, et portait (l’arc) Pinâka. En le voyant s’approcher, Çiva, Çailapoutrî, la Gangâ, et Pâvaka (le feu), eurent simultanément cette pensée : « Duquel (d’entre nous), cet enfant s’approchera-t-il d’abord, en tenant compte de la dignité (hiérarchique). »

2485. Tous pensaient : « ce sera vers moi. » (Mais) lui, ayant connu cette pensée, (qu’ils avaient tous) quatre,

2486. Recourut à son pouvoir magique, et prit en même temps des corps divers, de sorte qu’en un instant, l’adorable maître offrit quatre formes :

2487. La sienne, et par derrière Çâkha, Viçâkha et Naigameya. L’adorable maître s’étant donc fait quadruple,

2488. Skanda, merveilleux à voir, alla où était Roudra ; puis Viçâkha alla là où était la fille de la meilleure des montagnes,

2489. Et l’adorable Çâkha, qui avait la forme du dieu du vent, alla vers le feu. L’enfant ayant l’éclat du feu (devenu) Naigameya, alla vers la Gangâ.

2490. Ces quatre (personnifications), ayant des corps brillants et des formes semblables, s’approchèrent de ces divinités. C’était comme un prodige.

2491. À la vue de ce grand miracle qui faisait hérisser le poil de (stupeur), les dieux, les Dânavas et les Rakshasas poussèrent un grand cri de : Ah ! Ah !

2492. Alors Roudra, la déesse (Çailapoutrî) et le Feu, avec la Gangâ, s’inclinèrent tous devant Pîtâmaha, maître du monde,

2493. Puis, ô taureau des rois, après s’être inclinés suivant la règle, ils prononcèrent ces paroles, dans le but d’être agréables à Kârtikeya, ô roi :

2494. « Ô adorable maître du monde, tu dois, pour nous être agréable, donner à cet enfant, une souveraineté telle qu’il la désire. »

2495. Alors, cet adorable et sage maître du monde entier, examina dans son esprit ce qu’on lui demandait et dit : « Que (peut-il) obtenir ? »

2496, 2497. Jadis, il avait donné aux diverses classes des magnanimes, toutes les souverainetés des dieux, des Gandharvas, des Rakshasas, des Esprits, des Yakshas, des Oiseaux et des Serpents. Dans sa sagesse, il le jugea digne de la souveraineté (sur eux tous).

2498. Alors, celui qui fait le bonheur de (tous les) dieux, ayant réfléchi un instant, lui confia le poste de généralissime de tous les Êtres, ô Bharatide.

2499. L’ancêtre de tous les êtres lui soumit tous ceux qui sont connus (pour être les) rois de toutes les troupes des dieux.

2500. Puis les dieux, Brahma en tête, réunis dans ce but, ayant pris (avec eux) Koumâra, allèrent, pour le sacrer, vers (l’Himalaya), l’Indra des montagnes,

2501. À Samantapaficaka, vers la salutaire et divine Sarasvatî, la meilleure des rivières, qui descend de l’Himalaya et qui est célébrée dans les trois mondes.

2502. Tous les dieux et les Gandharvas, l’esprit satisfait, s’assirent là sur la rive, salutaire et douée de toutes les qualités, de la Sarasvatî.

Le Mahâbharata
CHAPITRE XLV
LÉGENDES SARASVATIENNES
Traduction par Ballin, L..
Paris E. Leroux, 1899

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