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Kitagawa Utamaro 喜多川 歌麿 LE RHIPIDURE HOCHEQUEUE 鶺鴒 & LE FAISAN CUIVRE 山鳥

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日本のアート
POESIE JAPONAISE & ART DU JAPON
詩歌

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Kitagawa Utamaro
喜多川 歌麿

TRADUCTION JACKY LAVAUZELLE

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KITAGAWA UTAMARO
V 1753 – 31 octobre 1806




Kyrielle d’oiseaux

Le Rhipidure Hochequeue 鶺鴒
&
Le Faisan Cuivré 山鳥

POEMES DE
まんとくさい
Mantokusai
&
もなかのつきまろ
Monaka no Tsukimaro

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Le Rhipidure hochequeue
[Rhipidura leucophrys]
鶺鴒 Sekirei

まんとくさい
Man to Kusai

 あふた夜にむねのおどりはなほりても
A futa yoru ni mune no odori wana horite mo
Mon cœur enfin se calme depuis la nuit de nos premiers feux
いまに人目のせきれいはうし
ima ni hitome no sekirei wa ushi
Mais comme le hochequeue, je ne supporte pas les autres yeux

 




 

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LE FAISAN CUIVRE
[Phasianus soemmerringii]
山鳥
Yamadori

もなかのつきまろ
Mo Naka no Tsuki Maro

山鳥のほろほろなみだせきわびぬ
Yamadori no horohoro namidaseki wabinu
Criaille le faisan cuivré en pleurs
 いく夜かがみのかげもみせねば
 iku yoru kagami no kage mo miseneba
Le miroir désormais a effacé ton reflet

[Le faisan cuivré ou Phasianus soemmerringii ne se trouve qu’au Japon]

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Des poèmes de forme et de couleur

« Toutes les qualités de vision et d’exécution qui font les grands peintres classiques, ces maîtres japonais les ont possédées à un degré égal. Ils nous ont laissé du monde une image personnelle, vivante, variée. Ils ont eu pour les guider des principes qui nous sont étrangers ; mais leurs yeux n’étaient pas si différents des nôtres qu’il nous soit impossible de recréer les visions qu’ils nous ont si honnêtement traduites. Ils ont compris comme nous la pureté des lignes, l’harmonie des couleurs, les secrets du mouvement. Le dernier élève de nos collèges s’entend mieux qu’ils ne faisaient à tout ce qui est scientifique dans la peinture, l’anatomie, le clair-obscur, la perspective ; mais c’est à peine si les plus grands de nos peintres les égalent pour saisir la fugitive impression d’un moment, pour varier à l’infini les détails d’une composition, pour mettre au service de leurs yeux une main sûre et leste. Ajoutons que, autant que les plus grands d’entre nous, ces maîtres japonais, les Meïcho, les Motonobou, les Itchô et les Hokousaï, ont animé leurs figures d’expressions vivantes et concilié dans leurs paysages la vérité avec le sentiment. L’amour de la nature était si fort dans leurs âmes qu’il y faisait naître une adorable musique ; leurs peintures sont ce que devaient être, suivant un de leurs philosophes, tous les tableaux japonais : « des poèmes de forme et de couleur. » Certes, ces maîtres sont des exceptions et il ne faut pas moins que tout leur génie pour donner du prix à un art si empêtré dans les traditions.




Mais leur génie est l’épanouissement suprême du génie de la race ; c’est par eux que s’est le plus complètement exprimée l’âme du Japon
. »

Théodore de Wyzewa
La Peinture japonaise
Revue des Deux Mondes
 Troisième période
Tome 100 – 

**

UTAMARO
OUTAMARO
dans le journal
des Frères Goncourt
Année 1891

« Mardi 10 mars. — Hayashi m’apporte aujourd’hui une traduction des passages importants des MAISONS VERTES d’Outamaro.

Lundi 20 avril. — Les Japonais même intelligents très intelligents, n’ont pas le sentiment de la construction, de la composition d’un livre historique. Ainsi pour mon travail sur Outamaro, quand j’ai demandé pour la première fois à Hayashi : « Est-ce qu’il existe un portrait d’Outamaro ? — Non, » m’a-t-il répondu tout d’abord. Ce n’est que lorsque je suis revenu à ma demande, qu’une fois il m’a dit : « Mais je crois en avoir vu chez vous, dans un recueil que vous avez. » Et c’est comme cela, que j’arrivais à faire connaître ce fameux portrait de l’artiste, authentiqué par son nom sur sa robe, et par l’inscription du poteau auquel il est adossé et qui porte : Sur une demande, Outamaro a peint lui-même son élégant visage. Dans le livre des MAISONS VERTES, je voyais une planche représentant des femmes du Yoshiwara, en contemplation devant la lune, par une belle nuit d’été, et l’écrivain du livre affirmait que ces femmes avaient un très remarquable sentiment poétique. Cette affirmation m’amenait à demander à Hayashi, si par hasard il n’existerait pas quelque part des poésies imprimées de ces femmes : à quoi il me répondait que si, qu’il y avait un gros recueil très connu, et sur ma demande m’en traduisait quatre ou cinq caractéristiques, — ce qu’il n’aurait jamais songé à faire, si c’était lui qui avait fait le travail que j’ai fait, et ainsi de tout.

Lundi 27 avril – C’est amusant ce travail japonais d’Outamaro, ce transport de votre cervelle, au milieu d’êtres, aux habitudes d’esprit, aux histoires, aux légendes d’une autre planète : du travail ressemblant un peu à un travail fait dans l’hallucination d’un breuvage opiacé.

Mardi 16 juin – Aujourd’hui a paru Outamaro, le peintre des MAISONS VERTES.« 

Edmond de Goncourt et Jules de Goncourt
Journal des Goncourt  : Mémoires de la vie littéraire
Année 1891
Bibliothèque-Charpentier, 1895 (5e mille)
Huitième Tome – 1889-1891

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Kitagawa Utamaro 喜多川 歌麿 LA CAILLE 鶉 (Tsuburi Hikaru) et L’ALOUETTE DES CHAMPS 雲雀 (Zeniya Kinrachi)

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日本のアート
POESIE JAPONAISE & ART DU JAPON
詩歌

**

Kitagawa Utamaro
喜多川 歌麿

TRADUCTION JACKY LAVAUZELLE

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KITAGAWA UTAMARO
V 1753 – 31 octobre 1806




Kyrielle d’oiseaux

La Caille  鶉
&
L’Alouette des champs  雲雀

POEMES DE
Tsuburi Hikaru
& Zeniya Kinrachi

 

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L’ALOUETTE DES CHAMPS 雲雀

 銭屋金埓
Zeniya Kinrachi
1751-1808
江戸時代中期 Epoque Edo (1603-1868)

大空におもひあがれるひばりさへ
Ōzora ni o mo hiagareru hibari-sa e
Si au firmament l’alouette se glisse
ゆふべは落ちるならひこそあれ
Yu fu be wa ochirunara hi koso are
Elle revient à la nuit sur les plis de la terre




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LA CAILLE

Tsuburi Hikaru
つぶりひかる
Tsuburi-kō
つぶり光
Tsuburi no Hikaru
1754-1796
Fin de la période Edo

 うずらふのまだらまだらとくどけども
Uzura fu no madara madara to kudokedomo
Mélancolique, comme une caille diaprée, majestueux
栗の初穂のおちかぬる君
Kuri no hatsuho no o Chika nuru kimi
Mais vous, altière, ne me jetez qu’un seul air dédaigneux

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Des poèmes de forme et de couleur

« Toutes les qualités de vision et d’exécution qui font les grands peintres classiques, ces maîtres japonais les ont possédées à un degré égal. Ils nous ont laissé du monde une image personnelle, vivante, variée. Ils ont eu pour les guider des principes qui nous sont étrangers ; mais leurs yeux n’étaient pas si différents des nôtres qu’il nous soit impossible de recréer les visions qu’ils nous ont si honnêtement traduites. Ils ont compris comme nous la pureté des lignes, l’harmonie des couleurs, les secrets du mouvement. Le dernier élève de nos collèges s’entend mieux qu’ils ne faisaient à tout ce qui est scientifique dans la peinture, l’anatomie, le clair-obscur, la perspective ; mais c’est à peine si les plus grands de nos peintres les égalent pour saisir la fugitive impression d’un moment, pour varier à l’infini les détails d’une composition, pour mettre au service de leurs yeux une main sûre et leste. Ajoutons que, autant que les plus grands d’entre nous, ces maîtres japonais, les Meïcho, les Motonobou, les Itchô et les Hokousaï, ont animé leurs figures d’expressions vivantes et concilié dans leurs paysages la vérité avec le sentiment. L’amour de la nature était si fort dans leurs âmes qu’il y faisait naître une adorable musique ; leurs peintures sont ce que devaient être, suivant un de leurs philosophes, tous les tableaux japonais : « des poèmes de forme et de couleur. » Certes, ces maîtres sont des exceptions et il ne faut pas moins que tout leur génie pour donner du prix à un art si empêtré dans les traditions.




Mais leur génie est l’épanouissement suprême du génie de la race ; c’est par eux que s’est le plus complètement exprimée l’âme du Japon
. »

Théodore de Wyzewa
La Peinture japonaise
Revue des Deux Mondes
 Troisième période
Tome 100 – 

**

UTAMARO
OUTAMARO
dans le journal
des Frères Goncourt
Année 1891

« Mardi 10 mars. — Hayashi m’apporte aujourd’hui une traduction des passages importants des MAISONS VERTES d’Outamaro.

Lundi 20 avril. — Les Japonais même intelligents très intelligents, n’ont pas le sentiment de la construction, de la composition d’un livre historique. Ainsi pour mon travail sur Outamaro, quand j’ai demandé pour la première fois à Hayashi : « Est-ce qu’il existe un portrait d’Outamaro ? — Non, » m’a-t-il répondu tout d’abord. Ce n’est que lorsque je suis revenu à ma demande, qu’une fois il m’a dit : « Mais je crois en avoir vu chez vous, dans un recueil que vous avez. » Et c’est comme cela, que j’arrivais à faire connaître ce fameux portrait de l’artiste, authentiqué par son nom sur sa robe, et par l’inscription du poteau auquel il est adossé et qui porte : Sur une demande, Outamaro a peint lui-même son élégant visage. Dans le livre des MAISONS VERTES, je voyais une planche représentant des femmes du Yoshiwara, en contemplation devant la lune, par une belle nuit d’été, et l’écrivain du livre affirmait que ces femmes avaient un très remarquable sentiment poétique. Cette affirmation m’amenait à demander à Hayashi, si par hasard il n’existerait pas quelque part des poésies imprimées de ces femmes : à quoi il me répondait que si, qu’il y avait un gros recueil très connu, et sur ma demande m’en traduisait quatre ou cinq caractéristiques, — ce qu’il n’aurait jamais songé à faire, si c’était lui qui avait fait le travail que j’ai fait, et ainsi de tout.

Lundi 27 avril – C’est amusant ce travail japonais d’Outamaro, ce transport de votre cervelle, au milieu d’êtres, aux habitudes d’esprit, aux histoires, aux légendes d’une autre planète : du travail ressemblant un peu à un travail fait dans l’hallucination d’un breuvage opiacé.

Mardi 16 juin – Aujourd’hui a paru Outamaro, le peintre des MAISONS VERTES.« 

Edmond de Goncourt et Jules de Goncourt
Journal des Goncourt  : Mémoires de la vie littéraire
Année 1891
Bibliothèque-Charpentier, 1895 (5e mille)
Huitième Tome – 1889-1891

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