AINSI SOIENT ILS : LE COURAGE A HAUTEUR DE LA VOLONTE – L’ENERGIE REBELLE DE JOSE

Série
Ainsi soient ils
Rodolphe TISSOT – Elizabeth MARRE – Olivier PONT

 SaAinsi soient-ils samuel jouy génériquemuel JOUY,

 L’énergie rebelle
Comme Augustin, José Del Sarte (Samuel Jouy) a compris qu’il y a quelque chose qui passe l’homme, qui le dépasse. Il veut comprendre et tout faire pour arriver à saisir un peu de cette vérité. Et ce, malgré son parcours. Mais Augustin, n’était-il pas loin de Dieu avant sa conversion, lui aussi : « C’est quoi, le problème ? – Ton profil ! Aide sociale à l’enfance, foyers, casier, ta vie, les trafics, les stupéfiants, le meurtre du russe. Tu sors à peine de prison. On la savait, que ça ne serait pas simple. »

LA VERITE DES HOMMES ET DU MONDE



Pourtant José va associer l’instinct du cœur et la maîtrise de la parole au service de son combat et de sa quête continuelle de la vérité des hommes et du monde. L’esprit de Dieu ne s’est-il pas reposé au premier jour sur des eaux bourbeuses et informes. C’est pour cela que le Père Etienne Fromenger (Jean-Luc Bideau), le directeur du Séminaire, refusera de lui qu’il utilise la violence. Il est la force. Il doit la canaliser au travers de sa foi, pour qu’elle se transforme en pure énergie : « pas de violence ici ! Je ne le tolérerai jamais … de personne, et surtout pas de toi…Tu as du cœur et du courage. Et ta foi, elle est unique ! Tu t’es battu pour qu’elle existe en toi et pour la préserver. Quand cesseras-tu de te comporter comme un coupable ? Allez ! Va ! »



 José est l’Augustin du XXIème siècle. Comme lui, il se retrouve dans une période troublée. Si Augustin passe par Cicéron, les manichéens, Ambroise et les prières de Monique, sa mère, José reçoit la révélation directement comme un coup de poing : « Je m’appelle José Del Sarte et j’ai rencontré Dieu en prison. Enfin, pas exactement en prison. J’ai rencontré Dieu, le jour où j’ai tué un homme. Je m’en souviens comme si c’était hier. Je me souviens du sang du russe sur mon visage, son sang tiède. Je me souviens de la sueur qui me brûlait les yeux, les gyrophares de la police…j’ai couru, j’ai couru et je suis arrivé devant une église, alors, je me suis planqué là, derrière l’autel et j’ai retenu ma respiration. C’est là que je l’ai senti pour la première fois. Un regard posé sur moi : le Christ ! Il y avait un grand crucifix de bois accroché dans mon dos ; alors, je suis tombé à genoux. J’ai demandé pardon et j’ai pleuré, j’ai pleuré. C’est là que j’ai senti dieu en moi, pour la première fois. »



TOLLE ET LEGE ! PRENDS ET LIS !

Mais Augustin, dans ses Confessions, parle d’une voix qui répète à plusieurs reprises « Prends et lis ! Prends et lis ! » En prenant les épîtres de Saint Paul, il lit : « Ne passez pas votre vie dans les festins et les plaisirs de la table… mais revêtez-vous de votre seigneur Jésus-Christ, et gardez-vous de satisfaire les désirs déréglés de la chair. »

Ils se retrouvent dans la  même lumière et le même contentement. Augustin continue : « à peine, avais-je achevé la lecture de cette phrase qu’une sorte de lumière rassurante s’était répandue en mon cœur, en y dissipant toutes les ténèbres de l’incertitude. »



DIEU VOMIT LES TIEDES !

José a une illumination. Sa découverte de Dieu est moins intellectuelle qu’Augustin. Pour autant, il se rattrape en prison. Il aura la culture et l’énergie. Lors de l’examen de son dossiers aux Capucins, il y a l’évidence de sa force intérieure : « Il semble avoir acquis une énorme culture pendant sa détention, mais la base ?…Qu’est-ce que la base nous cherchons si ce n’est la passion, l’engagement, l’énergie… « Dieu vomit les tièdes », cette phrase est choquante, mais elle est plus vraie que jamais ! « 

Mais juste avant, c’est avec Augustin qu’il rentre en contact avec le Père Fromenger : « Tolle et lege. Prends et lis. Avant sa conversion, Augustin, il était athée, et l’église l’a accepté à l’époque. Pourquoi ? Parce qu’il avait la foi, l’énergie. Vous, aujourd’hui, tout ce que vous acceptez c’est l’ordre des choses. Les vrais paris, les vrais risques, vous ne les prenez jamais ! Ça, la brebis égarée, vous n’allez jamais la chercher, vous ! Vous préférez nous laisser seuls avec les loups ! »



José va droit. Tout droit. Même si les autres pensent qu’il se trompe, que la direction vraie est de l’autre côté, sur l’autre rive. La vérité sera au bout. L’essentiel est d’avancer, de mettre un pied devant l’autre, sans tourner en rond : « en taule, on ne marche pas, on tourne en rond ! On fait les cent pas. Je vais y aller à pieds, c’est cool !
-Toulouse… c’est pas de ce côté ! « 

L’ESPRIT PLUTÔT QUE LA FORCE

Augustin posait le problème de la connaissance vraie dans l’âme. Comment l’expliquer ? La vérité se trouve dans la raison et au-dessus de la raison. José cherche à rentrer aussi dans la vérité, la vérité du monde et des êtres : « Si nous sommes parmi vous, c’est parce qu’ici c’est le monde vrai, le lieu de tous et de chacun, et parce que le monde, c’est vous, c’est nous aussi. Avant d’être ici, moi, je suis passé par d’autres espaces collectifs, la cité, la prison. Ce ne sont pas les espaces de tous et de chacun. Vous savez pourquoi ? Parce que c’est la force qui règne ! Ça c’est une autre vision de la vie ! C’est ça que vous préférez ? Le lieu de la relégation des pauvres, le lieu de l’arbitraire de la loi. Et moi, vous me mettez où ? Quelle place vous m’accordez ? Nous sommes venus ici justement pour ne pas nous exclure du monde, de sa réalité. Pour être à son écoute, pour nous laisser envahir par elle. Qu’est-ce qui va nous arriver si la réalité se retire dès que nous tentons de l’approcher. Nous aussi nous sommes le monde, avec nos erreurs, nos peurs. »



A FORCE D’ANGELISME, ON NE SUPPORTE PLUS LA REALITE !

Tout devient extraordinaire. Il repense le geste simple, le plaisir d’étaler une confiture, mais si celle-ci est à moitié pourrie et qu’il n’y a pas de chauffage : « Vous vous attendiez à quoi ? A un quatre étoiles ? Excusez-moi, mais ça fait huit ans que moi, mes Noëls, je les passe entre quatre murs et une barquette plastifiée et un petit colis de la Croix-Rouge. Le seul cadeau que j’ai reçu, c’est une balle, une petite balle de 9 mm, cadeau de la femme du russe, pour me dire qu’elle ne m’oubliait pas. Là, c’est le premier Noël que je peux passer dehors, libre, depuis huit ans. Avec votre caprice d’enfant gâté, vous êtes en train de tout gâcher. .. – José a raison. A force d’angélisme, on ne supporte plus la réalité. »  

Jacky Lavauzelle