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YEATS – LA TRAVERSEE VERS BYZANCE IV SAILING TO BYZANTIUM – Once out of nature I shall never take

*

YEATS
**************

William Butler Yeats
Irish poet – Poète Irlandais
English literature English poetry


SAILING TO BYZANTIUM

 

WILLIAM BUTTLER YEATS
1865-1939


LA TRAVERSEE DE BYZANCE
SAILING TO BYZANTIUM
***********
IV
*************

Once out of nature I shall never take
********

Hors de la nature

 

*********



Once out of nature I shall never take
Une fois hors de la nature, je ne prendrai jamais
My bodily form from any natural thing,
Ma forme corporelle d’une chose naturelle,
But such a form as Grecian goldsmiths make
Mais d’une forme comme celles que les orfèvres grecs
Of hammered gold and gold enamelling
Emaillent et martèlent d’or
To keep a drowsy Emperor awake;
Pour garder un empereur alangui éveillé ;
Or set upon a golden bough to sing
Ou qu’ils incrustent sur un rameau doré pour chanter
To lords and ladies of Byzantium
Aux seigneurs et aux dames de Byzance
Of what is past, or passing, or to come.
Ce qui fut, ou ce qui est, ou ce qui adviendra.



.

*********************
Traduction Jacky Lavauzelle
ARTGITATO
*********************

LA POESIE DE YEATS
VUE
PAR OSCAR WILDE

Les livres de poésie des jeunes écrivains sont d’ordinaire des billets qui ne sont jamais payés.
Néanmoins, on rencontre de temps en temps un volume si supérieur à la moyenne, qu’on résiste à grand’peine à la tentation attrayante de prophétiser étourdîment un bel avenir pour son auteur.
Le livre de M. Yeats : Les Voyages d’Oisin est certainement un de ceux-là.
Ici nous trouvons un noble sujet noblement traité, la délicatesse de l’instinct poétique, et la richesse d’imagination.
Une bonne partie de l’œuvre est inégale, peu soutenue, il faut le reconnaître.
M. Yeats n’essaie pas de dépasser Wordworth en enfance, nous sommes heureux de le dire, mais de temps à autre il réussit à « surpasser Keats en brillant » et il y a, çà et là, dans son livre des choses d’une étrange crudité, des endroits d’une recherche irritante. Mais dans les meilleurs passages, il est excellent.
S’il n’a pas la grandiose simplicité de la facture épique, il a au moins quelque chose de la largeur de vision qui appartient au caractère épique.
Il ne diminue point la stature des grands héros de la mythologie celtique.
Il est très naïf, très primitif et parle de ses géants de l’air d’un enfant.
Voici un passage caractéristique du récit où Oisin revient de l’Île de l’oubli.
  Et je suivis les bords de la mer, où tout est nu et gris,
    sable gris sur le vert des gazons, et sur les arbres imprégnés d’eau,
    qui suintent et penchent du côté de la terre, comme s’ils avaient hâte de partir,
    comme une armée de vieillards soupirant après le repos loin de la
      plainte des mers.
    Les flocons d’écume fuirent longtemps autour de moi ; les vents fuirent loin de l’étendue
    emportant l’oiseau dans leurs plis, et je ne sus point, plongé dans mes
      pensées à l’écart,
    quand ils gelèrent l’étoffe sur mon corps comme une cuirasse fortement rivée,
    Car la Souvenance, dressant sa maigreur, gémit dans les portes de mon cœur,
    jusqu’à ce que chargeant les vents du matin, une odeur de foin fraîchement coupé,
    arriva, mon front s’inclina très bas, et mes larmes tombèrent comme des baies.
    Plus tard ce fut un son, à demi perdu dans le son d’un rivage lointain.
    C’était la grande barnacle qui appelait, et plus tard les bruns vents de la côte.
    Si j’étais comme je fus jadis, les fers d’or écrasant le sable et les coquillages,
venant de la mer, comme le matin avec des lèvres rouges murmurant un chant,
    ne toussant pas, ma tête sur les genoux, et priant, et irrité contre les cloches,
    je ne laisserais à aucun saint sa tête sur son corps, lors même que ses terres seraient grandes et fortes.
     M’éloignant des houles qui s’allumaient, je suivis un sentier de cheval,
    m’étonnant beaucoup de voir de tous côtés, faites de roseaux et de charpentes
    des églises surmontées d’une cloche, et le cairn sacré et la terre sans gardiens,
    et une petite et faible populace courbée, le pic et la bêche à la main.

Dans un ou deux endroits, la mélodie est fautive, la construction est parfois trop embrouillée, et le mot de populace du dernier vers est mal choisi, mais quand tout cela est dit, il est impossible de ne pas sentir dans ces stances la présence du véritable esprit poétique.

Oscar Wilde
Derniers essais de littérature et d’esthétique
Trois Nouveaux Poètes
1913

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YEATS SAILING TO BYZANTIUM
LA TRAVERSEE VERS BYZANCE

YEATS SAILING TO BYZANTIUM III- LA TRAVERSEE VERS BYZANCE – O sages standing in God’s holy fire

*

YEATS
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William Butler Yeats
Irish poet – Poète Irlandais
English literature English poetry


SAILING TO BYZANTIUM

 

WILLIAM BUTTLER YEATS
1865-1939


LA TRAVERSEE DE BYZANCE
SAILING TO BYZANTIUM
***********
III
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O sages standing in God’s holy fire
********

O sages, debout devant le saint feu de Dieu
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O sages standing in God’s holy fire
O sages, debout devant le saint feu de Dieu
As in the gold mosaic of a wall,
Comme une mosaïque d’or sur un mur,
Come from the holy fire, perne in a gyre,
Sortez du feu sanctifié, rentrez dans le gyre océanique ,
And be the singing-masters of my soul.
Et soyez les maîtres-chanteurs de mon âme.
Consume my heart away; sick with desire
Consumez mon cœur ; malade par le désir
And fastened to a dying animal
Et attaché à un animal mourant
It knows not what it is; and gather me
Il ne sait pas ce que qu’il est ; et prenez-moi
Into the artifice of eternity.
Dans l’artifice de l’éternité.



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Traduction Jacky Lavauzelle
ARTGITATO
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LA POESIE DE YEATS
VUE
PAR OSCAR WILDE

Les livres de poésie des jeunes écrivains sont d’ordinaire des billets qui ne sont jamais payés.
Néanmoins, on rencontre de temps en temps un volume si supérieur à la moyenne, qu’on résiste à grand’peine à la tentation attrayante de prophétiser étourdîment un bel avenir pour son auteur.
Le livre de M. Yeats : Les Voyages d’Oisin est certainement un de ceux-là.
Ici nous trouvons un noble sujet noblement traité, la délicatesse de l’instinct poétique, et la richesse d’imagination.
Une bonne partie de l’œuvre est inégale, peu soutenue, il faut le reconnaître.
M. Yeats n’essaie pas de dépasser Wordworth en enfance, nous sommes heureux de le dire, mais de temps à autre il réussit à « surpasser Keats en brillant » et il y a, çà et là, dans son livre des choses d’une étrange crudité, des endroits d’une recherche irritante. Mais dans les meilleurs passages, il est excellent.
S’il n’a pas la grandiose simplicité de la facture épique, il a au moins quelque chose de la largeur de vision qui appartient au caractère épique.
Il ne diminue point la stature des grands héros de la mythologie celtique.
Il est très naïf, très primitif et parle de ses géants de l’air d’un enfant.
Voici un passage caractéristique du récit où Oisin revient de l’Île de l’oubli.
  Et je suivis les bords de la mer, où tout est nu et gris,
    sable gris sur le vert des gazons, et sur les arbres imprégnés d’eau,
    qui suintent et penchent du côté de la terre, comme s’ils avaient hâte de partir,
    comme une armée de vieillards soupirant après le repos loin de la
      plainte des mers.
    Les flocons d’écume fuirent longtemps autour de moi ; les vents fuirent loin de l’étendue
    emportant l’oiseau dans leurs plis, et je ne sus point, plongé dans mes
      pensées à l’écart,
    quand ils gelèrent l’étoffe sur mon corps comme une cuirasse fortement rivée,
    Car la Souvenance, dressant sa maigreur, gémit dans les portes de mon cœur,
    jusqu’à ce que chargeant les vents du matin, une odeur de foin fraîchement coupé,
    arriva, mon front s’inclina très bas, et mes larmes tombèrent comme des baies.
    Plus tard ce fut un son, à demi perdu dans le son d’un rivage lointain.
    C’était la grande barnacle qui appelait, et plus tard les bruns vents de la côte.
    Si j’étais comme je fus jadis, les fers d’or écrasant le sable et les coquillages,
venant de la mer, comme le matin avec des lèvres rouges murmurant un chant,
    ne toussant pas, ma tête sur les genoux, et priant, et irrité contre les cloches,
    je ne laisserais à aucun saint sa tête sur son corps, lors même que ses terres seraient grandes et fortes.
     M’éloignant des houles qui s’allumaient, je suivis un sentier de cheval,
    m’étonnant beaucoup de voir de tous côtés, faites de roseaux et de charpentes
    des églises surmontées d’une cloche, et le cairn sacré et la terre sans gardiens,
    et une petite et faible populace courbée, le pic et la bêche à la main.

Dans un ou deux endroits, la mélodie est fautive, la construction est parfois trop embrouillée, et le mot de populace du dernier vers est mal choisi, mais quand tout cela est dit, il est impossible de ne pas sentir dans ces stances la présence du véritable esprit poétique.

Oscar Wilde
Derniers essais de littérature et d’esthétique
Trois Nouveaux Poètes
1913

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YEATS SAILING TO BYZANTIUM

YEATS – LA TRAVERSEE VERS BYZANCE – II – An aged man is but a paltry thing – Un vieillard n’est pas qu’une chose insignifiante

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YEATS
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William Butler Yeats
Irish poet – Poète Irlandais
English literature English poetry


SAILING TO BYZANTIUM

 

WILLIAM BUTTLER YEATS
1865-1939


LA TRAVERSEE DE BYZANCE
SAILING TO BYZANTIUM
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II
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An aged man is but a paltry thing

Un vieillard n’est pas qu’une chose insignifiante
*



An aged man is but a paltry thing,
Un vieillard n’est pas qu’une chose insignifiante,
A tattered coat upon a stick, unless
Un manteau en miette posé sur un bâton, sauf si
Soul clap its hands and sing, and louder sing
L’âme applaudit et chante, et chante plus fort
For every tatter in its mortal dress,
Pour chaque décomposition de sa mortelle tenue,
Nor is there singing school but studying
Il n’y a pas non plus d’école de chant, sauf si elle étudie
Monuments of its own magnificence;
Les monuments de sa propre magnificence ;
And therefore I have sailed the seas and come
Ainsi ai-je décidé de prendre la mer et de venir
To the holy city of Byzantium.
A la sainte cité de Byzance.



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Traduction Jacky Lavauzelle
ARTGITATO
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LA POESIE DE YEATS
VUE
PAR OSCAR WILDE

Les livres de poésie des jeunes écrivains sont d’ordinaire des billets qui ne sont jamais payés.
Néanmoins, on rencontre de temps en temps un volume si supérieur à la moyenne, qu’on résiste à grand’peine à la tentation attrayante de prophétiser étourdîment un bel avenir pour son auteur.
Le livre de M. Yeats : Les Voyages d’Oisin est certainement un de ceux-là.
Ici nous trouvons un noble sujet noblement traité, la délicatesse de l’instinct poétique, et la richesse d’imagination.
Une bonne partie de l’œuvre est inégale, peu soutenue, il faut le reconnaître.
M. Yeats n’essaie pas de dépasser Wordworth en enfance, nous sommes heureux de le dire, mais de temps à autre il réussit à « surpasser Keats en brillant » et il y a, çà et là, dans son livre des choses d’une étrange crudité, des endroits d’une recherche irritante. Mais dans les meilleurs passages, il est excellent.
S’il n’a pas la grandiose simplicité de la facture épique, il a au moins quelque chose de la largeur de vision qui appartient au caractère épique.
Il ne diminue point la stature des grands héros de la mythologie celtique.
Il est très naïf, très primitif et parle de ses géants de l’air d’un enfant.
Voici un passage caractéristique du récit où Oisin revient de l’Île de l’oubli.
  Et je suivis les bords de la mer, où tout est nu et gris,
    sable gris sur le vert des gazons, et sur les arbres imprégnés d’eau,
    qui suintent et penchent du côté de la terre, comme s’ils avaient hâte de partir,
    comme une armée de vieillards soupirant après le repos loin de la
      plainte des mers.
    Les flocons d’écume fuirent longtemps autour de moi ; les vents fuirent loin de l’étendue
    emportant l’oiseau dans leurs plis, et je ne sus point, plongé dans mes
      pensées à l’écart,
    quand ils gelèrent l’étoffe sur mon corps comme une cuirasse fortement rivée,
    Car la Souvenance, dressant sa maigreur, gémit dans les portes de mon cœur,
    jusqu’à ce que chargeant les vents du matin, une odeur de foin fraîchement coupé,
    arriva, mon front s’inclina très bas, et mes larmes tombèrent comme des baies.
    Plus tard ce fut un son, à demi perdu dans le son d’un rivage lointain.
    C’était la grande barnacle qui appelait, et plus tard les bruns vents de la côte.
    Si j’étais comme je fus jadis, les fers d’or écrasant le sable et les coquillages,
venant de la mer, comme le matin avec des lèvres rouges murmurant un chant,
    ne toussant pas, ma tête sur les genoux, et priant, et irrité contre les cloches,
    je ne laisserais à aucun saint sa tête sur son corps, lors même que ses terres seraient grandes et fortes.
     M’éloignant des houles qui s’allumaient, je suivis un sentier de cheval,
    m’étonnant beaucoup de voir de tous côtés, faites de roseaux et de charpentes
    des églises surmontées d’une cloche, et le cairn sacré et la terre sans gardiens,
    et une petite et faible populace courbée, le pic et la bêche à la main.

Dans un ou deux endroits, la mélodie est fautive, la construction est parfois trop embrouillée, et le mot de populace du dernier vers est mal choisi, mais quand tout cela est dit, il est impossible de ne pas sentir dans ces stances la présence du véritable esprit poétique.

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Trois Nouveaux Poètes
1913

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SAILING TO BYZANTIUM

YEATS : LA TRAVERSEE VERS BYZANCE – SAILING TO BYZANTIUM – I – CE N’EST PAS UN PAYS POUR LES VIEILLARDS

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YEATS
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William Butler Yeats
Irish poet – Poète Irlandais
English literature English poetry


SAILING TO BYZANTIUM

 

WILLIAM BUTTLER YEATS
1865-1939


LA TRAVERSEE DE BYZANCE
SAILING TO BYZANTIUM
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I
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That is no country for old man

Ce n’est pas un pays pour les vieillards



That is no country for old men. The young
Ce n’est pas un pays pour les vieillards. Les jeunes,
In one another’s arms, birds in the trees,
Dans les bras les uns les autres, les oiseaux dans les arbres,
 —Those dying generations—at their song,
-Ces générations qui meurent – sont à leur chant,
The salmon-falls, the mackerel-crowded seas,
Les frétillants saumons, les bancs de maquereaux,
Fish, flesh, or fowl, commend all summer long
Poisson, carnassier ou volatile, ils honorent tous l’été,
Whatever is begotten, born, and dies.
Tout ce qui est engendré, naît et meurt.
Caught in that sensual music all neglect
Pris dans cette musique sensuelle, tous négligent
Monuments of unageing intellect.
Les monuments de l’intelligence sans âge.



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Traduction Jacky Lavauzelle
ARTGITATO
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LA POESIE DE YEATS
VUE
PAR OSCAR WILDE

Les livres de poésie des jeunes écrivains sont d’ordinaire des billets qui ne sont jamais payés.
Néanmoins, on rencontre de temps en temps un volume si supérieur à la moyenne, qu’on résiste à grand’peine à la tentation attrayante de prophétiser étourdîment un bel avenir pour son auteur.
Le livre de M. Yeats : Les Voyages d’Oisin est certainement un de ceux-là.
Ici nous trouvons un noble sujet noblement traité, la délicatesse de l’instinct poétique, et la richesse d’imagination.
Une bonne partie de l’œuvre est inégale, peu soutenue, il faut le reconnaître.
M. Yeats n’essaie pas de dépasser Wordworth en enfance, nous sommes heureux de le dire, mais de temps à autre il réussit à « surpasser Keats en brillant » et il y a, çà et là, dans son livre des choses d’une étrange crudité, des endroits d’une recherche irritante. Mais dans les meilleurs passages, il est excellent.
S’il n’a pas la grandiose simplicité de la facture épique, il a au moins quelque chose de la largeur de vision qui appartient au caractère épique.
Il ne diminue point la stature des grands héros de la mythologie celtique.
Il est très naïf, très primitif et parle de ses géants de l’air d’un enfant.
Voici un passage caractéristique du récit où Oisin revient de l’Île de l’oubli.
  Et je suivis les bords de la mer, où tout est nu et gris,
    sable gris sur le vert des gazons, et sur les arbres imprégnés d’eau,
    qui suintent et penchent du côté de la terre, comme s’ils avaient hâte de partir,
    comme une armée de vieillards soupirant après le repos loin de la
      plainte des mers.
    Les flocons d’écume fuirent longtemps autour de moi ; les vents fuirent loin de l’étendue
    emportant l’oiseau dans leurs plis, et je ne sus point, plongé dans mes
      pensées à l’écart,
    quand ils gelèrent l’étoffe sur mon corps comme une cuirasse fortement rivée,
    Car la Souvenance, dressant sa maigreur, gémit dans les portes de mon cœur,
    jusqu’à ce que chargeant les vents du matin, une odeur de foin fraîchement coupé,
    arriva, mon front s’inclina très bas, et mes larmes tombèrent comme des baies.
    Plus tard ce fut un son, à demi perdu dans le son d’un rivage lointain.
    C’était la grande barnacle qui appelait, et plus tard les bruns vents de la côte.
    Si j’étais comme je fus jadis, les fers d’or écrasant le sable et les coquillages,
venant de la mer, comme le matin avec des lèvres rouges murmurant un chant,
    ne toussant pas, ma tête sur les genoux, et priant, et irrité contre les cloches,
    je ne laisserais à aucun saint sa tête sur son corps, lors même que ses terres seraient grandes et fortes.
     M’éloignant des houles qui s’allumaient, je suivis un sentier de cheval,
    m’étonnant beaucoup de voir de tous côtés, faites de roseaux et de charpentes
    des églises surmontées d’une cloche, et le cairn sacré et la terre sans gardiens,
    et une petite et faible populace courbée, le pic et la bêche à la main.

Dans un ou deux endroits, la mélodie est fautive, la construction est parfois trop embrouillée, et le mot de populace du dernier vers est mal choisi, mais quand tout cela est dit, il est impossible de ne pas sentir dans ces stances la présence du véritable esprit poétique.

Oscar Wilde
Derniers essais de littérature et d’esthétique
Trois Nouveaux Poètes
1913

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SAILING TO BYZANTIUM

THEATRE DE YEATS : THE ONLY JEALOUSY OF EMER L’UNIQUE RIVALE D’EMER (VI)

*








*

LE THEÂTRE DE YEATS
WILLIAM BUTTLER YEATS

Plays for Dancers
Pièces pour Danseurs


Traduction Jacky Lavauzelle

IMG_4840




WILLIAM BUTTLER YEATS
(1865–1939)

THE ONLY JEALOUSY OF EMER
(VI)

L’Unique Rivale d’Emer
(VI)

*****

THE ONLY JEALOUSY OF EMER

*

Women of the Sidhe
La Femme des Sidhes
I am ashamed
J’ai honte
That being of the deathless shades I chose
Comme être immortel d’avoir choisi
A man so knotted to impurity.
Un homme débordant d’impureté

The Ghost of Cuchulain goes out
Le Fantôme de Cûchulainn sort

Woman of the Sidhe
La Femme des Sidhes
 to figure of Cuchulain
à la Forme de Cûchulainn
To you that
A toi qui
have no living light, but dropped
Ne possède pas le feu de la vie, mais qui vient
From a last leprous crescent of the moon
D’un dernier croissant de lune lépreux,
I owe it all.
Je dois tout ça.

Figure of Cuchulain
La Forme de Cûchulainn
 Because you have failed
Parce que tu as échoué
I must forego your thanks, I that took pity
Je ne devrais attendre aucun de tes remerciements, j’ai, par pitié
Upon your love and carried out your plan
Pour ton amour et pour réaliser mon plan,
To tangle all his life and make it nothing
Enroulé toute sa vie et je l’ai anéanti
That he might turn to you.
Afin qu’il se tourne vers toi.

Woman of the Sidhe:
La Femme des Sidhes
Was it from pity
Était-ce par pitié
You taught the woman to prevail against me ?
Que tu appris à cette femme comment agir contre moi ?

*




*

 Figure of Cuchulain
La Forme de Cûchulainn
You know my nature — by what
Tu connais ma nature – et par quel
name I am called.
Nom  je suis appelée.

Woman of the Sidhe
La Femme des Sidhes
Was it from pity that you hid the truth
Est-ce par pitié que tu as caché la vérité
That men are bound to women by the wrongs
 Que les hommes sont liés aux femmes par les mensonges
They do or suffer?

Qu’ils font et qu’ils endurent ?

Figure of Cuchulain
La Forme de Cûchulainn
You know what being I am.
Tu sais ce que je suis.

Woman of the Sidhe
La Femme des Sidhes
I have been mocked and disobeyed —  your power
J’ai été trompée et l’on m’a désobéi – ton pouvoir
Was more to you than my good-will, and now
A été mis au-dessus de ma bonne volonté, et maintenant
I’ll have you learn what my ill-will can do:
Je vais t’apprendre ce que ma mauvaise volonté peut faire :
I lay you under bonds upon the instant
Je te lie à cet instant
To stand before our King and face the charge
Pour comparaître devant notre Roi et subir la charge
  And take the punishment.
Et le poids du châtiment.

Figure of Cuchulain
La Forme de Cûchulainn
I »ll stand there first,
J’irai moi-même là-bas le premier,
 
And tell my story first ; and Mananan
Et je raconterai  mon histoire d’abord ; Et Mananan
Knows that his own harsh sea made my heart cold.
Sait que sa propre et sévère mer a rendu mon cœur froid.

Woman of the Sidhe
La Femme des Sidhes
My horse is there and shall outrun  your horse.
Ma monture est là qui dépassera ton cheval.

*








*

 

The Figure of Cuchulain falls back, the Woman of the Sidhe goes out. Drum taps, music resembling horse hoofs.
La Forme de Cûchulainn retombe, la Femme des Sidhes sort. Roulement de batterie, musique imitant les sabots de cheval.

Eithne Inguba
Entering quickly
Entrant en se précipitant
I heard the beat of hoofs, but saw no horse ;
J’ai entendu le fracas des sabots, mais je n’ai vu aucun cheval ;
And then came other hoofs, and after that
Et encore des bruits de sabots et ensuite
I heard low angry cries, and thereupon
J’entendis de profonds cris de colère et brutalement
I ceased to be afraid.

J’ai cessé d’avoir peur.

Erner
Cuchulain wakes.
Cûchulainn se réveille !

The figure turns round. It once more wears the heroic mask.
La Forme se retourne portant encore le masque héroïque

Cuchulain
Eithne Inguba, take me in your arms —
Eithne Inguba, prends-moi dans tes bras –
I have been in some strange place and am afraid.
J’arrive d’un lieu étrange et j’ai peur.

The First Musician comes to the front of the stage, the others from each side. They unfold the cloth, singing.
Le premier musicien se poste à l’avant de la scène, les autres de chaque côté. Ils déploient le tissu et chantent.

*




*

 

The Musicians
Les Musiciens

What makes her heart beat thus,
Qu’est-ce qui fait battre ainsi son cœur,
Plain to be understood?
Aussi fort pour être comprise ?
I have met in a man’s house
J’ai rencontré, dans une maison d’humain,
A statue of solitude,
Une statue de solitude,
Moving there and walking;
Se déplaçant et marchant ;
Its strange heart beating fast
Son cœur étrange battait vite
 For all our talking.
Couvrant notre conversation.
Oh, still that heart at last!
Calme ce cœur !

O bitter reward!
O amère récompense!
Of many a tragic tomb !
De tant de tombes tragiques !
And we though astonished are dumb
Et nous restons étonnés et stupides
And give but a sigh and a word,
Et ne passe qu’un soupir et un mot,
 A passing word.
Un mot fuyant.
Although the door be shut
Bien que la porte soit fermée
And all seem well enough,
Et que tout semble apaisé,

*




*

 

Although wide world hold not
Bien que, dans le monde entier,
 
A man but will give you his love
Nul homme ne peut te refuser son amour
The moment he has looked at you,
Dès qu’il te voie,
 He that has loved the best
Celui qui t’aimera le plus
  May turn from a statue
Peut détourner de ta statue
His too human breast.
Sa trop humaine poitrine.

O bitter reward!
O amère récompense!
Of many a tragic tomb !
De tant de tombes tragiques !
And we though astonished are dumb
Et nous restons étonnés et stupides
And give but a sigh and a word,
Et ne passe qu’un soupir et un mot,
A passing word.
Un mot fuyant.

*




*

What makes your heart so beat?
Qu’est-ce qui fait battre ainsi ton cœur ?
Some one should stay at her side.
Quelqu’un devrait rester à tes côtés.
When beauty is complete
Quand la beauté est accomplie
 Her own thought will have died
Sa propre pensée devient morte
And danger not be diminished ;
Et le danger n’est pas écarté ;
 Dimmed at three-quarter light,
Diminuant au trois-quart de sa lumière,
 When moon’s round is finished
Quand  se termine la rotation de la lune
 The stars are out of sight.
Les étoiles alors disparaissent.

O bitter reward!
O amère récompense!
Of many a tragic tomb !
De tant de tombes tragiques !
And we though astonished are dumb
Et nous restons étonnés et stupides
Or give but a sigh and a word,
Et ne passe qu’un soupir et un mot,
 A passing word.
Un mot fuyant.
Although the door be shut
Bien que la porte soit fermée
And all seem well enough,
Et que tout semble apaisé,

When the cloth is folded again the stage is bare.
Lorsque la toile est repliée, la scène est redevenue vide.

[THE END
FIN]

Poetry of Yeats La Poésie de Yeats William_Butler_Yeats_by_John_Singer_Sargent_1908

*******

WILLIAM BUTTLER YEATS
THE ONLY JEALOUSY OF EMER
(VI)

*********

LA POESIE DE YEATS

YEATS : THE ONLY JEALOUSY OF EMER L’UNIQUE RIVALE D’EMER (V)

*








*

LE THEÂTRE DE
WILLIAM BUTTLER YEATS

Plays for Dancers
Pièces pour Danseurs


Traduction Jacky Lavauzelle

IMG_4840




WILLIAM BUTTLER YEATS
(1865–1939)

THE ONLY JEALOUSY OF EMER
(V)

L’Unique Rivale d’Emer
(V)

*****

THE ONLY JEALOUSY OF EMER

*

 

Figure of Cuchulain
La forme de Cûchulainn
And so you think to wound her with a knife.
Et alors, tu penses la blesser avec un couteau.
She has an airy body. Look and listen —
Elle a un corps éthéré. Regarde et écoute –
I have not given you eyes and ears for nothing.
Je ne t’ai pas donné les yeux et les oreilles pour rien !

The Woman of the Sidhe moves round the crouching
Ghost of Cuchulain at front of stage in a dance that grows
gradually quicker, as he slowly awakes.
La femme des Sidhes se déplace autour du Fantôme de Cûchulainn, agenouillé au devant de la scène, dans une danse qui va, progressivement, de plus en plus vite, pendant qu’il se réveille lentement.
At moments she 
may drop her hair upon his head, but she does not kiss him.
Parfois, elle laisse tomber ses cheveux sur sa tête, mais jamais elle ne l’embrasse.
She is accompanied by string and flute and drum.
Elle est accompagnée par un ensemble de cordes, d’une flûte et d’un tambour.
Her mask
and clothes must suggest gold or bronze or brass or silver, so
that she seems more an idol than a human being.
Son masque et ses vêtements doivent suggérer de l’or, du bronze, de l’étain ou de l’argent, afin qu’elle ressemble plus à une idole qu’un être humain.
This sug
gestion may be repeated in her movements.
Cet aspect doit se ressentir dans ses mouvements.
Her hair too must keep the metallic suggestion.
Ses cheveux aussi doivent conserver un aspect métallique.

Ghost of Cuchulain
Le Fantôme de Cûchulainn
Who is it stands before me there,
Qui est là avant moi là-bas,
Shedding such light from limb and hair
Qui illumine par ses membres et ses cheveux
As when the moon, complete at last
Comme la lune, quand enfin, se retrouvant complète
With every laboring crescent past,
Avec chacun de ses croissants passés,
And lonely with extreme delight,
Et seule dans un délice extrême,
Flings out upon the fifteenth night ?
Elle éclate à sa quinzième nuit ?

*




*

Woman of the Sidhe
La Femme des Sides
Because I long I am not complete.

Par mon désir, je ne suis pas complète.
What pulled your hands about your feet,
Pourquoi tes mains sur tes pieds,
And your head down upon your knees,
Et ta tête sur tes genoux,
And hid your face?
Et ton visage ainsi caché ?

Ghost of Cuchulain
Le Fantôme de Cûchulainn
Old memories :
Des vieux souvenirs :
A dying boy, with handsome face
Un garçon mourant, avec un beau visage,
Upturned upon a beaten place;
Etendu dans un lieu désert ;
A sacred yew-tree on a strand ;
Un if sacré sur la rive ;
A woman that held in steady hand
Une femme qui lui tient fermement la main
In all the happiness of her youth
Dans toute la plénitude de sa jeunesse
Before her man had broken troth,
Avant que son homme n’ait brisé le serment,
A burning wisp to light the door ;
Une torche pour éclairer la porte ;
And many a round or crescent more ;
Et encore des lunes et encore d’autres croissants ;
Dead men and women. Memories
Des hommes et des femmes mortes. Ces souvenirs
Have pulled my head upon my knees.
Font plier ma tête sur mes genoux.

*








*

 

 Woman of the Sidhe
La Femme des Sidhes
Could you that have loved many a  woman
Pourrais-tu, après avoir aimé autant de femmes,
That did not reach beyond the human,
A qui, pour qu’elles aillent au-delà de l’humain,
Lacking a day to be complete,
Une seule journée manquait pour être complète,
Love one that, though her heart can beat,
N’en aimer qu’une, bien que son cœur batte intensément,
 Lacks it but by an hour or so?
A qui il ne lui manque qu’une heure ?

Ghost of Cuchulain
Le Fantôme de Cûchulainn
I know you now, for long ago
Je te reconnais désormais, il y a longtemps
I met you on the mountain side,
Je t’ai rencontrée du côté de la montagne,
Beside a well that seemed long dry,
A côté d’un puits qui semblait depuis si longtemps sec,
Beside old thorns where the hawk flew.
A côté des vieilles épines où le faucon volait.
I held out arms and hands, but you,
J’ai tendu les bras et les mains, mais toi,
That now seem friendly, fled away
Qui maintenant semble amicale, tu t’es enfuie
Half woman and half bird of prey.
A moitié femme, à moitié oiseau de proie.

Woman of the Sidhe
La Femme des Sidhes
Hold out your arms and hands again.
Tends tes bras et tes mains à nouveau.
You were not so dumbfounded when
Tu n’étais pas aussi surpris quand
I was that bird of prey, and yet
J’étais cet oiseau de proie, et pourtant
I am all woman now.
Je ne suis plus qu’une femme maintenant.

Ghost of Cuchulain
Le Fantôme de Cûchulainn
I am not
Je ne suis plus
The young and passionate man I was,
Cet homme jeune et passionné que j’étais jadis,
And though that brilliant light surpass
Et bien que cette lumière brillante dépasse
All crescent forms, my memories
Toutes les formes croissantes de la lune, mes souvenirs
Weigh down my hands, abash my eyes.
Pèsent dans mes mains et frappent mes yeux.

*




*

 Woman of the Sidhe
La Femme des Sidhes
Then kiss my mouth. Though memory
Alors, embrasse ma bouche. Bien que le souvenir
Be beauty’s bitterest enemy
Soit l’ennemi le plus amer de la beauté
I have no dread, for at my kiss
Je n’ai pas peur, car avec mon baiser
 Memory on the moment vanishes:
La mémoire à l’instant disparaît :
Nothing but beauty can remain.
Il ne reste plus que la beauté.

Ghost of Cuchulain
Le Fantôme de Cûchulainn
And shall I never know again
Et je ne verrais plus jamais
Intricacies of blind remorse?
Les atrocités du remords aveugle ?

Woman of the Sidhe
La Femme des Sidhes
Time shall seem to stay his course,
Le temps semblera arrêter son cours,
 For when your mouth and my mouth meet
  Car quand ta bouche et ma bouche se rencontreront
All my round shall be complete
Tout mon tour sera complet
Imagining all its circles run;
Avec tous ses croissants ;
And there shall be oblivion
Et arrivera l’oubli
Even to quench Cuchulain’s drouth,
Pour étancher la soif de Cûchulainn,
Even to still that heart. 
Pour apaiser ce cœur.

*




*

 Ghost of Cuchulain
Le Fantôme de Cûchulainn
Your mouth.
Tes lèvres
They are about to kiss, he turns away.
Ils sont sur le point de s’embrasser, il se détourne soudain.
O Emer, Emer!
Ô Emer, Emer !

Woman of the Sidhe
La Femme des Sidhes
So then it is she
Alors c’est elle
Made you impure with memory.
Qui te rend impur par le souvenir.

Ghost of Cuchulain
Le Fantôme de Cûchulainn
Still in that dream I see you stand,
Toujours dans ce rêve  je te vois debout,
A burning wisp in your right hand,
Une torche brûlante dans ta main droite,
To wait my coming to the house —
Tu m’attends à la maison –
As when our parents married us.
Comme lorsque nos parents nous marièrent.

Woman of the Sidhe
La Femme des Sidhes
Being among the dead you love her,
Étant parmi les morts, tu l’aimes,
That valued every slut above her
Toi qui mettais n’importe quelle traînée au-dessus d’elle
While you still lived.
Quand tu vivais encore.

Ghost of Cuchulain
Le Fantôme de Cûchulainn
O my lost Emer!
Ô mon Emer perdu !

Woman of the Sidhe
La Femme des Sidhes
And there is not a loose-tongued schemer
Et il n’y avait pas de bavarde intrigante
 
But could draw you if not dead,
Qui pouvait te faire délaisser
From her table and her bed.
Sa table et son lit.
 How could you be fit to wive
Pourquoi vouloir vivre
With flesh and blood, being born to live
Avec des êtres de chair et de sang, alors que tu es fait pour vivre
 Where no one speaks of broken troth —
Là où personne ne parle de serment brisé –
 For all have washed out of their eyes
Car tous ont leurs yeux épargnés
Wind-blown dirt of their memories
Des poussières de leurs souvenirs
To improve their sight ?
Qui dégraderaient leur vision ?

*




*

Ghost of Cuchulain
Your mouth, your mouth.
Ta bouche, ta bouche !
Their lips approach but Cuchulain turns away as Emer speaks.
Leurs lèvres s’approchent, mais Cûchulainn se détourne alors qu’Emer parle.

Emer
If he may live I am content,
S’il pouvait vivre, je serai contente,
Content that he shall turn on me —
Qu’il puisse se tourner vers moi –
If but the dead will set him free
Si les morts pouvaient me le rendre
That I may speak with him at whiles —
Pour que je puisse parler avec lui à chaque instant-
Eyes that the cold moon or the harsh sea
Voir ses yeux que la froide lune ou la terrible mer,
Or what I know not’s made indifferent.
Ou que sais-je, ont rendus indifférents.

Ghost of Cuchulain
Le Fantôme de Cûchulainn
What a wise silence has fallen in this dark !
Quel épais silence tombe dans cette obscurité !
I know you now in all your ignorance
Je sais maintenant ton ignorance
Of all whereby a lover’s quiet is rent.
De tout ce qui vient troubler la quiétude d’un amant.
What dread so great as that he should forget
Quelle peur plus grande que de devoir oublier
The least chance sight or sound, or scratch or mark
La plus simple image, le son le plus anodin, un frôlement, une éraflure
On an old door, or frail bird heard and seen
Sur une vieille porte, ou un fragile oiseau entendu et vu
In the incredible clear light love cast
Dans une incroyable lumière claire que l’amour habille
All round about her some forlorn lost day?
Tout autour de lui, en une journée perdue à jamais ?
That face, though fine enough, is a fool’s face
Ce beau visage n’est qu’un visage de folie
And there’s a folly in the deathless Sidhe
Et il y a plus de folie dans les immortels Sidhes
Beyond man’s reach.
Que ne peuvent en concevoir les hommes.

Woman of the Sidhe
La Femme des Sidhes
I told you to forget
Je t’ai dit d’oublier
After my fashion ; you would have none of it ;
A ma façon ; tu n’en as pas tenu compte ;
So now you may forget in a man’s fashion.
Alors maintenant, à la manière des hommes.
There’s an unbridled horse at the sea’s edge.
Il y a un cheval emballé au bord de la mer.
Mount — it will carry you in an eye’s wink
Monte-le,  – il te portera en un clin d’œil
To where the King of Country-Under-wave,
À l’endroit où réside le Roi du Pays-Sous-Les- Ondes,
Old Mananan, nods above the board and moves
Le vieux Mananan, hochant la tête au-dessus de l’échiquier où il déplace
His chessmen in a dream. Demand your life,
Ses pions en rêve. Demande-lui ta vie,
And come again on the unbridled horse.
Et reviens sur le cheval débridé.

Ghost of Cuchulian
Le Fantôme de Cûchulainn
Forgive me those rough words.
Pardonne-moi ces durs mots.
How could you know
Comment pourrais-tu savoir
That man is held to those whom he has loved
Que l’homme tient à ceux qu’il a aimés
By pain they gave, or pain that he has given —
Par la peine qu’ils ont donnée, ou la peine qu’il a donnée –
Intricacies of pain.
Une imbrication de peines.

Poetry of Yeats La Poésie de Yeats William_Butler_Yeats_by_John_Singer_Sargent_1908

*******

WILLIAM BUTTLER YEATS
THE ONLY JEALOUSY OF EMER
(V)

*********

LA POESIE DE YEATS

YEATS : THE ONLY JEALOUSY OF EMER L’UNIQUE RIVALE D’EMER (IV)

*








*

LE THEÂTRE DE
WILLIAM BUTTLER YEATS

Plays for Dancers
Pièces pour Danseurs


Traduction Jacky Lavauzelle

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WILLIAM BUTTLER YEATS
(1865–1939)

THE ONLY JEALOUSY OF EMER
(IV)

L’Unique Rivale d’Emer
(IV)

*****

THE ONLY JEALOUSY OF EMER

*

Emer
You people of the wind
Vous, peuples du vent,
Are full of lying speech and mockery.
Êtes plein de discours mensongers et de moqueries.
 I have not fled your face.
Je n’ai pas fui devant ton visage.

Figure of Cuchulain
La forme de Cûchulainn
You are not loved.
Il ne t’aime pas.

Emer
And therefore have no dread to meet your eyes
Je n’ai pas à craindre ainsi ses yeux
And to demand him of you.
Et te le demander.

Figure of Cuchulain
La forme de Cûchulainn
For that I have come.
C’est pour cela que je suis venu.
You have but to pay the price and he is free.
Tu n’as qu’à payer le prix et il sera alors libre.

Emer
Do the Sidhe bargain?
Est-ce que les Sidhes négocient de la sorte ?

Figure of Cuchulain
La forme de Cûchulainn
When they set free a captive
Quand ils libèrent un captif
They take in ransom a less valued thing.
Ils exigent en rançon une chose ayant moins de valeur.
The fisher, when some knowledgeable man
Le pêcheur, quand celui-ci, par exemple,
  Restores to him his wife, or son, or daughter,
Retrouve sa femme, son fils ou sa fille,
Knows he must lose a boat or net, or it may be
Sait qu’il perdra un bateau ou un filet, ou peut être
The cow that gives his children milk ; and some
La vache qui donne à ses enfants du lait ; et certains
Have offered their own lives. I do not ask
Donnent jusqu’à leur propre vie. Je ne te demande ni
Your life, or any valuable thing.
Ta vie ni quelque autre chose précieuse.
  You spoke but now of the mere chance that some day
Tu as parlé qu’un jour tu espérais
You’d sit together by the hearth again :
Pouvoir être réunis ensemble sous le même foyer :
Renounce that chance, that miserable hour,
Renonce à ce souhait,
  And he shall live again.
Et il revivra.

 

*




*

Emer
I do not question
Je ne pose pas de questions
But you have brought ill luck on all he loves ;
Mais tu as apporté de la malédiction à tout ce qu’il aime ;
And now, because I am thrown beyond your power
Et maintenant, comme je suis au-delà de ton pouvoir,
Unless your words are lies, you come to bargain.
À moins que tes mots ne soient que des mensonges, tu cherches à négocier.

Figure of Cuchulain
La forme de Cûchulainn
You loved your power when but newly married,
Tu aimais ton pouvoir quand tu étais jeune mariée,
 And I love mine although I am old and withered.
Et j’aime le mien, même si je suis vieux et flétri.
You have but to put yourself into that power
Tu n’as qu’a t’en remettre à ce pouvoir,
And he shall live again.
Et il revivra.

Enter
No, never, never!
Non, jamais, jamais !

Figure of Cuchulain
La forme de Cûchulainn
You dare not be accursed, yet he has dared.
Tu as peur d’être maudite, mais lui a osé.

Enter
I have but two joyous thoughts, two things I prize —
Je n’ai que deux pensées joyeuses, deux choses importantes,
A hope, a memory; and now you claim that hope.
Un espoir, un souvenir ; Et maintenant, tu réclames cet espoir.

 

 

*








*

Figure of Cuchulain
La forme de Cûchulainn
He’ll never sit beside you at the hearth
Il ne sera jamais assis à côté de toi dans ton foyer
Or make old bones, but die of wounds and toil
Ni ne reposera ses vieux os, mais il mourra de blessures et de fatigue
On some far shore or mountain, a strange woman
Sur une lointaine rive ou sur une montagne, une femme étrangère
Beside his mattress.
A côté de lui.

Emer
You ask for my one hope
Tu me demandes mon seul espoir
That you may bring your curse on all about him.
Et que tu apportes ta malédiction tout autour de lui.

Figure of Cuchulain
La forme de Cûchulainn
You’ve watched his loves and you  have not been jealous
Tu as été témoin de ses amours sans être jalouse
 Knowing that he would tire, but do those tire
Sachant qu’il se fatiguerait, mais qui se fatigue
That love the Sidhe?
De l’amour des Sidhes ?

Emer
What dancer of the Sidhe,
Quelle danseuse des Sidhes,
What creature of the reeling moon has pursued him ?
Quelle créature de la lune l’a poursuivi ?

Figure of Cuchulain
I have but to touch your eyes and give them sight;
Je n’ai qu’à toucher tes yeux et leur donner la vue ;
 But stand at my left side.
Mais reste sur mon côté gauche.

He touches her eyes with his left hand, the right being
withered.
Il touche ses yeux avec sa main gauche, le droit étant
flétri.

Emer
My husband there.
Mon mari là-bas !

Figure of Cuchulain
La forme de Cûchulainn
But out of reach — I have dissolved the dark.
Mais hors de portée – j’ai dissous l’obscurité.
That hid him from your eyes, but not that other
Qui le cachait à tes yeux, mais pas celle
That’s hidden you from his.
Qui te cache à lui.

 

*




*

Emer
Husband, husband!
Mon mari, mon mari !

Figure of Cuchulain
La forme de Cûchulainn
Be silent, he is but a phantom now,
Silence ! Ce n’est plus qu’un fantôme maintenant,
 
And he can neither touch, nor hear, nor see.
Qui ne peut ni toucher, ni entendre, ni voir.
The longing and the cries have drawn him hither.
Le désir et les cris l’ont attiré ici.
He heard no sound, heard no articulate sound ;
Il n’entend aucun son ni parole ;
They could but banish rest, and make him dream,
Tu n’as pu que le bannir de son repos et le faire rêver,
 And in that dream, as do all dreaming shades
Et dans ce rêve, comme toutes les esquisses de rêves
Before they are accustomed to their freedom,
Gênées par leur liberté,
 He has taken his familiar form, and yet
Il a pris sa forme familière, et pourtant
He crouches there not knowing where he is
Il s’accroche là-bas sans savoir où il est
Or at whose side he is crouched.
Ni à côté de qui il est agenouillé.

A Woman of the Sidhe has entered, and stands a little
inside the door
Une femme des Sidhes est entrée, et se tient tout à côté de la porte

 

*




*

Emer
Who is this woman?
Qui est cette femme ?

Figure of Cuchulain
La forme de Cûchulainn
She has hurried from the Country-Under-Wave,
Elle est arrivée précipitamment du Royaume des Grands Fonds,
And dreamed herself into that shape that he
Et s’est appropriée cette forme pour
May glitter in her basket ; for the Sidhe
Pouvoir étinceler dans son panier ; les Sidhes
Are fishers also and they fish for men
Sont des pêcheurs aussi et elles pêchent des hommes
With dreams upon the hook.
Avec des rêves sur son crochet.

Emer
And so that woman
Et  cette femme donc
Has hid herself in this disguise and made
Se cache sous un déguisement
Herself into a lie.
Elle est dans le mensonge.

Figure of Cuchulain
La forme de Cûchulainn
A dream is body;
Le rêve prend vie ;
The dead move ever towards a dreamless youth
Les morts se meuvent vers une jeunesse sans rêve
And when they dream no more return no more ;
Et quand ils ne rêvent plus, il n’y a plus de retour possible ;
And those more holy shades that never lived
Tout comme ces saintes ombres qui n’ont jamais vécues
But visit you in dreams.
Mais qui vous rendent visite dans vos rêves.

Emer
I know her sort.
Je connais ces femmes.
They find our men asleep, weary with war,
Elles trouvent nos hommes endormis, fatigués par la guerre,
Or weary with the chase, and kiss their lips
Ou fatigués par la chasse, et embrassent leurs lèvres
And drop their hair upon them. From that hour
Et déposent leurs cheveux sur eux. À partir de cette heure
Our men, who yet knew nothing of it all,
Nos hommes, qui ne savaient rien de ces sentiments,
Are lonely, and when at fall of night we press
Se sentent solitaires, et quand, à l’automne, nous pressons
Their hearts upon our hearts their hearts are cold.
Leurs cœurs sur nos cœurs, leur cœur est devenu froid.

She draws a knife from her girdle.
Elle tire un couteau de sa ceinture.

*




Poetry of Yeats La Poésie de Yeats William_Butler_Yeats_by_John_Singer_Sargent_1908

*******

WILLIAM BUTTLER YEATS
THE ONLY JEALOUSY OF EMER
(IV)

*********

LA POESIE DE YEATS

WILLIAM BUTTLER YEATS : THE ONLY JEALOUSY OF EMER L’UNIQUE RIVALE D’EMER (III)

*








*

LE THEÂTRE DE
WILLIAM BUTTLER YEATS

Plays for Dancers
Pièces pour Danseurs


Traduction Jacky Lavauzelle

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WILLIAM BUTTLER YEATS
(1865–1939)

THE ONLY JEALOUSY OF EMER
(III)

L’Unique Rivale d’Emer
(III)

*****

THE ONLY JEALOUSY OF EMER

*

 Eithne Inguba
Can you not hear my voice?
Ne peux-tu donc pas entendre sa voix ?

Emer
Bend over him.
Penche-toi sur lui.
Call out dear secrets till you have touched his heart
Rappelle-lui les secrets tendre à son cœur
If he lies there; and if he is not there
Si c’est lui qui est face à nous ; et si ce n’est pas lui
Till you have made him jealous.
Que ça le rende jaloux.

Eithne Inguba
Cuchulain, listen.
Ecoute, Cûchulainn

*




*

Emer
You speak too timidly; to be afraid
Tu parles bien trop timidement ; avoir peur
 
Because his wife is but three paces off,
Parce que sa femme est à trois pas,
 When there is so great a need, were but to prove
Quand il faut agir, prouverait
The man that chose you made but a poor choice.
A l’homme qui t’a choisie qu’il a fait le mauvais choix.
We’re but two women struggling with the sea.
Nous ne sommes que deux femmes qui luttont contre la mer.

Eithne lnguba
O my beloved, pardon me, that I
O mon bien-aimé, pardonne-moi,
Have been ashamed and you in so great need.
Pardonne ma honte, toi qui a tant besoin d’aide.
I have never sent a message or called out,
Je n’ai jamais envoyé de message ni jamais appelé,
Scarce had a longing for your company,
Ni souhaité ta compagnie,
But you have known and come. And if indeed
Mais tu l’as su et tu es venu. Et si en effet
  You are lying there stretch out your arms and speak;
Tu te trouves là-bas, tends tes bras et parle ;
Open your mouth and speak, for to this hour
Ouvre ta bouche et parle, jusqu’à cette heure
My company has made you talkative.
Ma compagnie te rendait bavard.
Why do you mope, and what has closed your ears ?
Pourquoi ce mutisme, et pourquoi es-tu sourd ?
Our passion had not chilled when we were parted
Notre passion ne s’est pas refroidie quand nous nous sommes séparés
On the pale shore under the breaking dawn.
Sur la pâle rive sous l’aube brisée.
He will not hear me: or his ears are closed
Ses oreilles peut-être n’entendent pas
And no sound reaches him.
Aucun son ne pouvant l’atteindre.

 

*








*

Emer
Then kiss that image:
Ensuite, embrasse cette image :
The pressure of your mouth upon his mouth
La pression de ta bouche sur sa bouche
May reach him where he is.
Peut l’atteindre là où il se trouve.

Eithne lnguba
starting back
Reculant
It is no man.
Ce n’est pas un homme !
I felt some evil thing that dried my heart
De mauvaises choses ont effrayé mon cœur
When my lips touched it.
Au contact de mes lèvres

 Emer
No, his body stirs;
Non, son corps bouge !
The pressure of your mouth has called him home;
La pression de tes lèvres l’on fait revenir ;
He has thrown the changeling out.
Il a repoussé l’imposteur !

Eithne lnguba
 going further off
Reculant encore
Look at that arm —
Regardez ce bras !
That arm is withered to the very socket.
Ce bras est totalement flétri !

*




*

Emer
going up to the bed
Il s’approche du lit
What do you come for, and from where?
Pourquoi viens-tu ici et d’où viens-tu ?

Figure of Cuchulain
La forme de Cûchulainn
I have come
Je viens
From Mananan’s court upon a bridleless horse.
De la cour de Mananan sur un cheval sans brides

Emer
What one among the Sidhe has dared to lie
Quel Sidhe a osé se coucher
Upon Cuchulain’s bed and take his image?
Sur le lit de Cûchulainn et prendre son image ?

*




*

Figure of Cuchulain
La forme de Cûchulainn
I am named Bricriu — not the man — that Bricriu,
Je m’appelle Bricriu – pas l’homme, mais Bricriu,
Maker of discord among gods and men,
Créateur de discorde chez les dieux et chez les hommes,
 Called Bricriu of the Sidhe.
Que l’on appelle Bricriu des Sidhes.

Emer
Come for what purpose?
Pourquoi êtes-vous ici ?

Figure of Cuchulain
La forme de Cûchulainn
 [sitting up and showing its distorted
 Se redressant et montrant la déformation
face, while Eithne Inguba goes out] :

de son visage, alors que Eithne Inguba sort
I show my face and everything he loves
Je montre mon visage et que tout ce qu’il aime
Must fly away.
Parte.




Poetry of Yeats La Poésie de Yeats William_Butler_Yeats_by_John_Singer_Sargent_1908

*******

WILLIAM BUTTLER YEATS
THE ONLY JEALOUSY OF EMER
(III)

*********

LA POESIE DE YEATS

THE ONLY JEALOUSY OF EMER THEÂTRE DE YEATS L’UNIQUE RIVALE D’EMER (II)

*








*

LE THEÂTRE DE
WILLIAM BUTTLER YEATS

Plays for Dancers
Pièces pour Danseurs


Traduction Jacky Lavauzelle

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WILLIAM BUTTLER YEATS
(1865–1939)

THE ONLY JEALOUSY OF EMER
(II)

L’Unique Rivale d’Emer
(II)

*****

THE ONLY JEALOUSY OF EMER

EMER
speaking
parlant
Come hither, come sit down beside the bed
Viens ici, viens t’asseoir à côté du lit
You need not be afraid, for I myself
Tu n’as pas à avoir peur, c’est moi
Sent for you, Eithne Inguba.
Qui t’ai envoyé chercher, Eithne Inguba.

Eithne Inguba
No, Madam,
Non, Madame,
I have too deeply wronged you to sit there.
Je vous ai trop injustement blessée pour m’asseoir là-bas.

Emer
Of all the people in the world we two,
De toutes les personnes au monde, nous deux,
And we alone, may watch together here,
Nous deux seulement, pouvons rester ensemble ici,
Because we have loved him best.
Car nous l’avons aimé vraiment.

Eithne Inguba
And is he dead?
Est-il mort ?

Emer
Although they have dressed him out in his grave-
clothes
Bien qu’ils l’aient habillé de cette tenue funeste
And stretched his limbs, Cuchulain is not dead.
Que ses membres soient étendus là, Cûchulainn n’est pas mort.
The very heavens when that day’s at hand,
Les cieux à la proximité de ce jour,
So that his death may not lack ceremony,
Pour que sa mort ne manque pas de cérémonial,
Will throw out fires, and the earth grow red with blood.
Tireront les feux, et la terre deviendra rouge sang.
There shall not be a scullion but foreknows it
Il ne doit y avoir personne qui ignore
Like the world’s end.
Qu’il s’agit de la fin du monde.

Eithne Inguba
How did he come to this?
Comment en est-il arrivé là ?

*****

ENTER Musicians, with musical instruments. 
Les musiciens entrent avec des instruments de musique.
The First Musician pauses at the centre and stands with a
cloth between his hands.
Le premier musicien fait une pause au centre et se tient debout avec un drap entre ses mains.
The stage can be against the wall of any room.
La scène peut se jouer contre le mur de n’importe quelle pièce.




Emer
Towards noon in the assembly of the kings
Vers midi, à l’assemblée des rois
He met with one who seemed a while most dear.
Il a rencontré quelqu’un qui semblait sincère.
The kings stood round; some quarrel was blown up;
Les rois se tenaient debout ; Une querelle explosa ;
He drove him out and killed him on the shore
Il l’a chassé et l’a tué sur le rivage
 At Baile’s tree. And he who was so killed
À l’arbre de Baile. Et celui qu’il a tué
 Was his own son begot on some wild woman
N’était autre que son propre fils engendré avec une sauvageonne
 When he was young, or so I have heard it said.
Quand il était jeune, ai-je entendu dire.
 And thereupon, knowing what man he had killed,
Et alors, sachant quel homme il avait tué,
 And being mad with sorrow, he ran out;
I a été foudroyé de chagrin et il s’est enfui;
 And after to his middle in the foam,
Et se jetant au milieu de l’écume,
 With shield before him and with sword in hand,
Un bouclier dans une main et son épée dans l’autre,
 He fought the deathless sea. The kings looked on
Il a combattu la mer à mort. Les rois l’ont regardé
 And not a king dared stretch an arm, or even
Et pas un n’a bougé, ni même
Dared call his name, but all stood wondering
Prononcé son nom, mais tous se tenaient debout
 In that dumb stupor like cattle in a gale;
Dans cette stupide stupeur comme du bétail dans le vent ;
 Until at last, as though he had fixed his eyes
Jusqu’à la fin, comme s’il avait fixé de ses yeux
 On a new enemy, he waded out
Un nouvel ennemi, il pénètre plus encore
 Until the water had swept over him.
Dans les eaux qui le submergent.
But the waves washed his senseless image up
Puis les vagues effacèrent la folie de son visage
 And laid it at this door.
Et le déposèrent devant cette porte.

Eithne Inguba
How pale he looks!
Comme il est pâle !

Emer
He is not dead.
Il n’est pas mort.

Eithne Inguba
You have not kissed his lips
Vous n’avez pas embrassé ses lèvres
Nor laid his head upon your breast.
Ni reposé sa tête sur votre poitrine.








Emer
It may be
Il s’agit peut-être
An image has been put into his place,
D’un masque plaqué sur sa face,
A sea-born log bewitched into his likeness,
Une épave de la mer ayant subtilisé son image,
Or some stark horseman grown too old to ride
Ou un cavalier aguerri devenu trop vieux pour chevaucher
Among the troops of Mananan, Son of the Sea,
Parmi les troupes de Mananan, le Fils de la Mer,
Now that his joints are stiff.
Maintenant que ses articulations sont devenues rigides.

Eithne Inguba
Cry out his name.
Criez son nom !
All that are taken from our sight, they say,
Tout ceux qui sont loin de nous, dit-on,
Loiter amid the scenery of their lives
Ceux qui partent ainsi au milieu de leur vie,
For certain hours or days ; and should he hear
Reviennent certaines heures ou certains jours ; Et s’il nous entendait
He might, being angry, drive the changeling out.
Peut-être pourrait-il, en se mettant en colère, faire déguerpir l’intrus.

Emer
It is hard to make them hear amid their darkness,
Il est difficile de se faire entendre d’eux au milieu de leur obscurité,
And it is long since I could call him home;
Et il y a si longtemps que je ne peux plus les appeler ;
I am but his wife, but if you cry aloud
Je ne suis que sa femme, mais si toi, tu pleures
With that sweet voice that is so dear to him
Avec cette voix douce qui lui est si chère
He cannot help but listen.
Il ne pourra s’empêcher d’écouter.

Eithne Inguba
He loves me best
Il m’aime plus
Being his newest love, but in the end
Car je suis son plus récent amour, mais à la fin
Will love the woman best who loved him first
Il aimera celle qu’il a aimée en premier
 And loved him through the years when love seemed lost.
Et l’a aimée au cours de ces années où l’amour semblait perdu.




Emer
I have that hope, the hope that some day and somewhere
J’ai cet espoir, l’espoir qu’un jour et quelque part
We’ll sit together at the hearth again.
Nous nous assiérons à nouveau devant la cheminée.

Eithne Inguba
Women like me when the violent hour is over
Les femmes telles que moi quand l’heure de la passion est terminée,
Are flung into some corner like old nut-shells.
Sont jetées dans un coin comme des coquilles vides.
Cuchulain, listen
Cûchulainn, écoute.

Emer
No, not yet — for first
Non, pas encore – d’abord
 
I’ll cover up his face to hide the sea;
Je couvrirai son visage pour lui cacher la mer ;
And throw new logs upon the hearth, and stir
Et je jetterai de nouvelles bûches dans le foyer et attiserai
  The half burnt logs until they break in flame.
Les bûches à demi brûlées jusqu’à ce qu’elles repartent en flammes.
Old Mananan’s unbridled horses come
Les chevaux débridés du vieux Mananan arrivent
Out of the sea, and on their backs his horsemen ;
Sortent de la mer, et sur leur dos, ses cavaliers ;
But all the enchantments of the dreaming foam
Mais toutes les enchantements de l’écume s’évanouissent
Dread the hearth fire.
Au milieu du foyer.




[She pulls the curtains of the bed so as to hide the sick
man’s face, that the actor may change his mask unseen.
[Elle tire les rideaux du lit afin de cacher le visage de l’homme, ce qui permet à l’acteur de changer son masque sans être vu.
She goes to one side of platform and moves her hand as though
putting logs on a fire and stirring it into a blaze.
Elle va vers un côté de la scène et ensuite mime en mettant des bûches sur un feu et puis l’attise.
While she makes these movements the Musicians play, marking the movements with drum and flute perhaps.
Tandis qu’elle fait de ces mouvements, les musiciens jouent, marquant ses mouvements avec un tambour et de une flûte éventuellement.
Having finished, she stands beside the imaginary fire at a distance from Cuchulain and Eithne Inguba.]
Après avoir terminé sa gestuelle, elle se tient tout à côté du feu imaginaire à distance de Cûchulainn et de Eithne Inguba.]
Call on Cuchulain now.
Appelle donc Cûchulainn maintenant.




Poetry of Yeats La Poésie de Yeats William_Butler_Yeats_by_John_Singer_Sargent_1908

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THE ONLY JEALOUSY OF EMER (II)

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LA POESIE DE YEATS

LE THEATRE DE YEATS – THE THEATER OF YEATS

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LE THEÂTRE DE
WILLIAM BUTTLER YEATS

Plays for Dancers
Pièces pour Danseurs


Traduction Jacky Lavauzelle

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WILLIAM BUTTLER YEATS
(1865–1939)

The theater of Yeats

 

LE THEATRE DE YEATS

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Plays for Dancers
Pièces pour Danseurs

THE ONLY JEALOUSY OF EMER
L’UNIQUE RIVALE D’EMER
I

ENTER Musicians, with musical instruments. 
Les musiciens entrent avec des instruments de musique.
The First Musician pauses at the centre and stands with a
cloth between his hands.
Le premier musicien fait une pause au centre et se tient debout avec un drap entre ses mains.
...




***

II

EMER
speaking
parlant
Come hither, come sit down beside the bed
Viens ici, viens t’asseoir à côté du lit
You need not be afraid, for I myself
Tu n’as pas à avoir peur, c’est moi
Sent for you, Eithne Inguba.
Qui t’ai envoyé chercher, Eithne Inguba.

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**

III

 Eithne Inguba
Can you not hear my voice?
Ne peux-tu donc pas entendre sa voix ?

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*

 IV

Emer
You people of the wind
Vous, peuples du vent,
Are full of lying speech and mockery.
Êtes plein de discours mensongers et de moqueries.

*




*

V

Figure of Cuchulain
La forme de Cûchulainn
And so you think to wound her with a knife.
Et alors, tu penses la blesser avec un couteau.
She has an airy body. Look and listen —
Elle a un corps éthéré. Regarde et écoute –

***




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VI

Women of the Sidhe
La Femme des Sidhes
I am ashamed
J’ai honte
That being of the deathless shades I chose
Comme être immortel d’avoir choisi

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Poetry of Yeats La Poésie de Yeats William_Butler_Yeats_by_John_Singer_Sargent_1908

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LE THEATRE DE YEATS
THEATER

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LA POESIE DE YEATS