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LE RETOUR DE L’ANGOISSE – WILLIAM WORDSWORTH POEMS RÉSOLUTION & INDÉPENDANCE XVII

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Poésie anglaise
William Wordsworth
7 April 1770 – 23 April 1850
7 avril 1770 – 22 avril 1850
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TRADUCTION JACKY LAVAUZELLE

French and English Text
texte bilingue français-anglais

 


LES POÈMES
DE WILLIAM WORDSWORTH

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William Wordsworth’s poems
POEMS
POÈMES

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 RESOLUTION AND INDEPENDENCE

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RÉSOLUTION & INDÉPENDANCE

 

XVII
LE RETOUR DE L’ANGOISSE

My former thoughts returned: the fear that kills;
Mes anciennes pensées revinrent : la peur mortelle,
And hope that is unwilling to be fed;
L’espoir vain et malheureux,
Cold, pain, and labour, and all fleshly ills;
Le froid, la douleur et le travail, et tous les maux charnels ;
And mighty Poets in their misery dead.
Et les puissants poètes morts miséreux.
—Perplexed, and longing to be comforted,
– Déprimé, et désireux d’être réconforté,
My question eagerly did I renew,
Anxieusement ma question je lui renouvelai
« How is it that you live, and what is it you do? »  
« Comment vivez-vous, et que faites-vous ? »

 

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POÉSIE DE WILLIAM WORDSWORTH
WORDSWORTH POEMS

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UN STYLE SANS ARTIFICE

Une poésie sans cesse recommencée

Son style populaire et sans artifice s’est débarrassé d’une fois de toutes les friperies usées de la vieille versification. Les tours couronnées de nuages, les temples solennels, les palais majestueux, tout cela a été balayé du sol. C’a été comme l’édifice sans fondements d’une vision ; il n’est pas même resté un débris de ruines. Toutes les traditions du savoir, toutes les superstitions du passé, ont disparu sous un trait de plume. Nous avons fait table rase ; nous recommençons toute poésie. Le manteau de pourpre, le panache ondoyant de la tragédie, sont rejetés ainsi que de vains oripeaux de pantomime. Voici que nous en sommes revenus à la simple vérité de la nature. Rois, reines, nobles, prêtres, trône, autel, distinction des rangs, naissance, richesse, pouvoir, ne cherchez plus rien de tout cela, ni la robe du juge, ni le bâton du maréchal, ni le faste des grands. L’auteur foule aux pieds plus fièrement encore l’antique forme dont s’enorgueillissait l’art ; il se rit de l’ode, de l’épode, de la strophe et de l’antistrophe. Vous n’entendrez plus résonner la harpe d’Homère, ni retentir la trompette de Pindare et d’Alcée. Point de merci pour le costume éclatant, pour la décoration splendide. Tout cela n’est que spectacle vide, barbare, gothique. Les diamants parmi les cheveux tressés, le diadème sur le front brillant de la beauté, ne sont que parure vulgaire, joyaux de théâtre et de prostituée. Le poète dédaigneux ne peut plus des couronnes de fleurs ; il ne se prévaudra pas non plus des avantages que le hasard lui aura offerts ; il lui plait que son sujet soit tout entier de son invention, afin de ne devoir rien qu’à lui-même ; il recueille la manne dans le désert ; il frappe le rocher de sa baguette et en fait jaillir la source. A son souffle, le brin de paille qui gisait dans la poussière monte au soleil dans un rayon lumineux ; il puisera dans ses souvenirs assez de grandeur et de beauté pour en revêtir le tronc nu du vieux saule. Son vers ne s’embaume point du parfum des bosquets, mais son imagination prête une joie intime aux arbres dépouillés sur la montagne dépouillée, à l’herbe verte du pré vert :

To the bare trees and mountains bare.
And grass in the green field.

Plus de tempête, ni de naufrage, dont l’horreur nous épouvante. C’est l’arc-en-ciel qui attache aux nuages son ruban diapré. C’est la brise qui soupire dans la fougère fanée. Point de triste vicissitude du sort, point de menaçante catastrophe de la nature qui assombrisse ses pages. C’est la goutte de rosée qui se suspend aux cils de la fleur penchée ; ce sont les pleurs qui s’amassent dans l’œil brillant.

Antoine Fontaney
(poète romantique français ())
Cinquième Partie
WILLIAM WORDSWORTH
Poètes et Romanciers de la Grande-Bretagne
Revue des Deux Mondes
Tome 3 – 1835

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WORDSWORTH POEMS
RÉSOLUTION ET INDÉPENDANCE
RESOLUTION AND INDEPENDENCE

LA VILLE MYSTÉRIEUSE – HEINRICH HEINE POÈMES – LE LIVRE DES CHANTS XVII – DIE HEIMKEHR – Sey mir gegrüßt

HEIRICH HEINE POÈMES
DIE HEIMKEHR HEINE
LE LIVRE DES CHANTS
LITTERATURE ALLEMANDE






Christian Johann Heinrich Heine


Sey mir gegrüßt, du große,
Toi qui m’a accueilli, ô somptueuse
Geheimnißvolle Stadt,
Ville mystérieuse,
Die einst in ihrem Schooße
Là où en son sein vivait
Mein Liebchen umschlossen hat.
Ma bien-aimée.

*

Sagt an, ihr Thürme und Thore,
Ô tours et portes, dîtes-moi
Wo ist die Liebste mein?
Où se trouve cet être cher ?
Euch hab’ ich sie anvertrauet,
A vous, je l’ai confiée,
Ihr solltet mir Bürge seyn.
Vous en étiez les garants.

*


*

Unschuldig sind die Thürme,
Innocentes sont les tours,
Sie konnten nicht von der Stell’,
Ne pouvant se mouvoir évidement,
Als sie mit Koffern und Schachteln
Quand, avec des valises et ses atours
 Die Stadt verlassen so schnell.
Elle quitta la ville rapidement.

*

Die Thore jedoch, die ließen
Cependant, les portes, elles, ont laissé
Mein Liebchen entwischen gar still;
Sans mot dire mon aimée s’échapper ;
Ein Thor ist immer willig,
Une porte veut toujours
Wenn eine Thörin will.
Ce que folle veut.

 


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HEINRICH HEINE POEMES
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UNE HISTOIRE DE SOUFFRANCE

Les Mains & La Beauté musicale de Heine

Mais ce qui m’intéressait plus encore que les discours de Heine, c’était sa personne, car ses pensées m’étaient connues depuis longtemps, tandis que je voyais sa personne pour la première fois et que j’étais à peu près sûr que cette fois serait l’unique. Aussi, tandis qu’il parlait, le regardai-je encore plus que je ne l’écoutai. Une phrase des Reisebilder me resta presque constamment en mémoire pendant cette visite : « Les hommes malades sont véritablement toujours plus distingués que ceux en bonne santé. Car il n’y a que le malade qui soit un homme ; ses membres racontent une histoire de souffrance, ils en sont spiritualisés. » C’est à propos de l’air maladif des Italiens qu’il a écrit cette phrase, et elle s’appliquait exactement au spectacle qu’il offrait lui-même. Je ne sais jusqu’à quel point Heine avait été l’Apollon que Gautier nous a dit qu’il fut alors qu’il se proclamait hellénisant et qu’il poursuivait de ses sarcasmes les pâles sectateurs du nazarénisme : ce qu’il y a de certain, c’est qu’il n’en restait plus rien alors. Cela ne veut pas dire que la maladie l’avait enlaidi, car le visage était encore d’une singulière beauté ; seulement cette beauté était exquise plutôt que souveraine, délicate plutôt que noble, musicale en quelque sorte plutôt que plastique. La terrible névrose avait vengé le nazarénisme outragé en effaçant toute trace de l’hellénisant et en faisant reparaître seuls les traits de la race à laquelle il appartenait et où domina toujours le spiritualisme exclusif contre lequel son éloquente impiété s’était si souvent élevée. Et cet aspect physique était en parfait rapport avec le retour au judaïsme, dont les Aveux d’un poète avaient récemment entretenu le public. D’âme comme de corps, Heine n’était plus qu’un Juif, et, étendu sur son lit de souffrance, il me parut véritablement comme un arrière-cousin de ce Jésus si blasphémé naguère, mais dont il ne songeait plus à renier la parenté. Ce qui était plus remarquable encore que les traits chez Heine, c’étaient les mains, des mains transparentes, lumineuses, d’une élégance ultra-féminine, des mains tout grâce et tout esprit, visiblement faites pour être l’instrument du tact le plus subtil et pour apprécier voluptueusement les sinuosités onduleuses des belles réalités terrestres ; aussi m’expliquèrent-elles la préférence qu’il a souvent avouée pour la sculpture sur la peinture. C’étaient des mains d’une rareté si exceptionnelle qu’il n’y a de merveilles comparables que dans les contes de fées et qu’elles auraient mérité d’être citées comme le pied de Cendrillon, ou l’oreille qu’on peut supposer à cette princesse, d’une ouïe si fine qu’elle entendait l’herbe pousser. Enfin, un dernier caractère plus extraordinaire encore s’il est possible, c’était l’air de jeunesse dont ce moribond était comme enveloppé, malgré ses cinquante-six ans et les ravages de huit années de la plus cruelle maladie. C’est la première fois que j’ai ressenti fortement l’impression qu’une jeunesse impérissable est le privilège des natures dont la poésie est exclusivement l’essence. Depuis, le cours de la vie nous a permis de la vérifier plusieurs fois et nous ne l’avons jamais trouvée menteuse.

Émile Montégut
Esquisses littéraires – Henri Heine
Revue des Deux Mondes
Troisième période
Tome 63
1884

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HEINRICH HEINE POÈMES

DIE HEIMKEHR HEINE