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UNE NOUVELLE HISTOIRE – GIOSUÈ CARDUCCI Poème – ÇA IRA (1883)- SONNET XII – Marciate, o de la patria incliti tìgli

Traduction – Texte Bilingue
CARDUCCI POÈME


 

Giosuè Carducci
1835- 1907

Prix Nobel de Littérature 1906

Traduction Jacky Lavauzelle

Sélection de poèmes de
Giosuè Carducci
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ÇA IRA
XII

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UNE NOUVELLE HISTOIRE
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Marciate, o de la patria incliti tìgli,
Marchez, ô enfants glorieux de la patrie,
De i caimoni e de’ canti a l’armonia:
Des canonnades et des chants en harmonie :
Il giorno de la gloria oggi i vermigli
Le jour de gloire aujourd’hui avec ses rouges
Vanni e la danza del valore apria.
Ailes plane et danse.

*

Ingombra di paura e di scompigli
Plein de peur et de confusion,
 Al re di Prussia è del tornar la via:
Le roi de Prusse s’en retourne,
Kicaccia gli emigrati a i vili esigli
Suivi d’émigrés dans de vils exils
La fame il freddo e la dissenteria.
Au milieu de la faim, au milieu du froid et la dysenterie.

*

Livido su qnel gran lago di fango
Livide sur un grand lac de boue
Gnizza il tramonto, i colli d’un modesto
Frissonne le crépuscule, les collines d’un modeste
Kiso di sole attingono la gloria.
Baiser ensoleillé tirent la gloire.

*

E da un gruppo d’oscuri esce Volfango
Et d’un groupe obscur, avance Wolfgang
Goethe dicendo: Al mondo oggi da qnesto
Goethe disant : « Dans le monde d’aujourd’hui,
 Luogo incomincia la novella storia.
En ce lieu, commence une nouvelle histoire. »

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Louis XVI en habit de sacre
Joseph-Siffrein Duplessis
1777
Musée Carnavalet Paris 

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ÇA IRA
XII

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GIOSUE CARDUCCI

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LE « ÇA IRA »
Le poète Giosuè Carducci
Maurice Muret
Revue des Deux Mondes
Tome 40 – 1907

…Le sonnet est un moule d’une rare plasticité. Il s’est prêté aux mignardises de Joséphin Soulary comme aux visions grandioses de José Maria de Heredia. Dans leur concision lapidaire, leur âpre et sinistre beauté, les douze sonnets de Ça ira brillent d’un éclat tragique.

C’est au sortir d’une lecture de la Révolution française par Carlyle que Carducci les composa. Sans doute il connaissait aussi Thiers, Louis Blanc et Michelet ; mais la lecture de Carlyle donna l’élan décisif. C’est elle qui força l’inspiration. Comme Carlyle, — et comme Joseph de Maistre, — Carducci voit dans la Révolution française un événement proprement « satanique, » mais le rebelle qu’il est attache à ce terme le sens favorable qui se découvre dans son Hymne à Satan. La Révolution française est pour lui une revanche de la raison, de la liberté, de la justice sur les « tyrannies séculaires » de l’Eglise et de la monarchie. Il a protesté contre les critiques qui dénoncèrent ses sympathies terroristes quelque peu excessives ; il a prétendu s’être borné (ou à peu près) au rôle d historiographe. C’est pur paradoxe ! Ça ira prend énergiquement fait et cause pour la Terreur. Carducci condamne Louis XVI et Marie-Antoinette avec une rigueur inconnue des historiens impartiaux. Le sonnet qui retrace le meurtre de la princesse de Lamballe est une apologie déguisée de ce crime. Louis XVI, enfin, dans la prison où il se recueille en attendant la mort, est montré par le poète italien « demandant pardon au ciel pour la nuit de la Saint-Barthélemy. » Que voilà donc un « état d’Ame » peu historique ! N’y a-t-il pas tout lieu de croire que Louis XVI, à la veille de mourir, était à cent lieues de penser qu’il expiait les méfaits de Charles IX ? C’est l’impitoyable logique jacobine qui établit des rapprochements de cette sorte.

Il faut tenir compte, dans l’appréciation du Ça ira, de la date où fut publié cet ouvrage. Il parut « pour le 77e anniversaire de la République, » à une époque où la France traversait une nouvelle « année terrible. » Bien que le poète n’y fasse aucune allusion formelle, les événements de 1870-1871 restent toujours présents à son esprit. A l’opprobre de Sedan s’oppose dans sa pensée la gloire de Valmy, de Valmy qui fait l’objet de son dernier sonnet. Plutôt que Sedan, la Terreur ; plutôt Danton que Napoléon III ; plutôt Robespierre que Bazaine, voilà ce qu’on peut lire entre les lignes du Ça ira. Un critique italien a parlé des « Grâces pétrolières » qui avaient servi de marraines à cette poésie. Et ce propos irrita l’auteur. Le mot n’en était pas moins exact.

Indépendamment du Ça ira consacré à un sujet français, Carducci mentionne fréquemment la France dans ses ouvrages. Quel autre pays a été plus étroitement mêlé aux destinées du Risorgimento ? Carducci n’est pas gallophobe, tant s’en faut ; mais c’est exclusivement à la France rouge que vont ses sympathies. Les Iambes et épodes traînent aux gémonies ce peuple devenu infidèle à l’idéal révolutionnaire d’autrefois. Le poète maudit la France impériale « brigande au service du Pape » (masnadière papale). Dans les vers Pour Edouard Corazzini, il invective plus sauvagement encore la « grande nation » au nom de ceux qui crurent en elle, de ceux « qui avaient grandi à ta libre splendeur, de ceux qui t’avaient aimée, ô France ! » Même note dans le Sacre d’Henri V, où il s’élève contre les tentatives de restauration monarchique en France après la chute de l’Empire. Mais c’est surtout contre Bonaparte et le bonapartisme que le poète romain brandit ses foudres vengeresses.

Maurice Muret
Revue des Deux Mondes
Tome 40 – 1907

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CARDUCCI POÈME

 

L’INFINITO GIACOMO LEOPARDI L’INFINI – CANTI XII LES CHANTS

L’Infinito Giacomo Leopardi

Traduction – Texte Bilingue
LITTERATURE ITALIENNE

 

Letteratura Italiana

giacomo-leopardi-poesie-poesia-artgitato-ferrazzi-casa-leopardi

ritratto A Ferrazzi
Portrait de Ferrazzi
casa Leopardi
Recanati
Via Giacomo Leopardi

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GIACOMO LEOPARDI
29 juin 1798 Recanati 14 juin 1837 Naples
Recanati 29 giugno 1798 –
Napoli 14 giugno 1837

Traduction Jacky Lavauzelle

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L’INFINITO Giacomo Leopardi
CANTI XII

L’INFINI
LES CHANTS XII

OEUVRE DE GIACOMO LEOPARDI

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linfinito-giacomo-leopardi-linfini-artgitato-caspar-david-friedrich-le-voyageur-contemplant-une-mer-de-nuages Caspar David Friedrich
Le Voyageur contemplant une mer de nuages
Il Viandante sul mare di nebbia,
Der Wanderer über dem Nebelmeer
1818
Hambourg Kunsthalle

***

L’INFINITO GIACOMO LEOPARDI

 

Sempre caro mi fu quest’ermo colle,
Je chéris depuis toujours cette colline inhabitée,
e questa siepe, che da tanta parte
et cette barrière qui, de tous côtés,
dell’ultimo orizzonte il guardo esclude.
Occulte le lointain horizon.
 Ma, sedendo e mirando, interminati
Mais, je suis assis et regarde, les illimités
spazi di lá da quella, e sovrumani
Espaces et les surhumains
silenzi, e profondissima quiete
silences, et le profond calme
io nel pensier mi fingo; ove per poco
Dans mes pensées inventées ; un frôlement
il cor non si spaura. E come il vento
Epouvanterait mon cœur. Et le vent
 odo stormir tra queste piante, io quello
Je l’entends bruissant à travers les arbres,
  infinito silenzio a questa voce
Ce silence infini à cette voix
e le morte stagioni, e la presente
et aux saisons mortes,
vo comparando: e mi sovvien l’eterno,
Je compare : et en moi, l’éternel me revient,
e viva, e il suon di lei. Cosí tra questa
et la vie et le son de celle-ci. Ainsi, entre cette
 immensitá s’annega il pensier mio;
immensité, ma pensée se noie ;
e il naufragar m’è dolce in questo mare.
et combien m’est doux ce naufrage dans cette mer.

infinito

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ALFRED DE MUSSET GRAND LECTEUR DE GIACOMO LEOPARDI
DEUX ÂMES SOEURS

Outre les sonnets de Michel-Ange, Alfred relisait sans cesse, jusqu’à les savoir par cœur, les poésies de Giacomo Leopardi, dont les alternatives de sombre tristesse et de douce mélancolie répondaient à l’état présent de son esprit. Lorsqu’il frappait sur la couverture du volume, en disant : « Ce livre, si petit, vaut tout un poème épique, » il sentait que l’âme de Leopardi était sœur de la sienne. Les Italiens ont la tête trop vive pour aimer beaucoup la poésie du cœur. Il leur faut du fracas et de grands mots. Plus malheureux qu’Alfred de Musset, Leopardi n’a pas obtenu justice de ses compatriotes, même après sa mort. Alfred en était révolté. Il voulut d’abord écrire un article, pour la Revue des Deux-Mondes, sur cet homme qu’il considérait comme le premier poète de l’Italie moderne. Il avait même recueilli quelques renseignements biographiques, dans ce dessein ; mais, en y rêvant, il préféra payer en vers son tribut d’admiration et de sympathie au Sombre amant de la Mort. De là sortit le morceau intitulé Après une lecture, qui parut le 15 novembre 1842.
En faisant la part de son exagération naturelle et de son excessive sensibilité, il faut pourtant reconnaître que, dans cette fatale année 1842, les blessures ne furent pas épargnées à Alfred de Musset. Il se plaignait que, de tous les côtés à la fois, lui venaient des sujets de désenchantement, de tristesse et de dégoût. « Je ne vois plus, disait-il, que les revers de toutes les médailles. »

Paul de Musset
Biographie de Alfred de Musset
Troisième partie
1837-1842
Charpentier, 1888
pp. 185-284

Du sollst mich liebend umschließen HEINE INTERMEZZO LYRIQUE XII

Du sollst mich liebend umschließen

INTERMEZZO LYRIQUE HEINE
LITTERATURE ALLEMANDE
intermezzo-lyrique-heine-artgitato-lyrisches-intermezzo-heine-willem-van-aelst-bloemenstilleven-met-horloge



Christian Johann Heinrich Heine
Du sollst mich liebend umschließen,




Deutsch Poesie
 Deutsch Literatur

Heinrich HeineHeinrich HeineHeinrich HeineHeinrich HeineHeinrich HeineHeinrich HeineHeinrich HeineHeinrich HeineHeinrich HeineHeinrich Heine

HEINRICH HEINE
1797- 1856

German poet
Poète Allemand
Deutsch Dichter

Heinrich Heine Oeuvre Poèmes Poésie Gedichte Artgitato

Übersetzung – Traduction
Jacky Lavauzelle




INTERMEZZO LYRIQUE HEINE
XII

Du sollst mich liebend umschließen

Lyrisches Intermezzo XII
Tu dois m’emprisonner tendrement

1823

Du sollst mich liebend umschließen,

XII

lyrisches-intermezzo-xii-intermezzo-lyrique-heinrich-heine-artgitato-laocoon-el-greco

La Mort de Laocoon
vers 1610
El Greco
The National Gallery of Art
Washington USA

*

Du sollst mich liebend umschließen,
Tu dois m’emprisonner tendrement,
Geliebtes, schönes Weib!
Bien-aimée, douce femme !
Umschling’ mich mit Armen und Füßen,
Enlace-moi avec tes bras, enlace-moi avec tes pieds,
Und mit dem geschmeidigen Leib.
Avec tout ton souple corps…

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XII
Du sollst mich liebend umschließen

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LA POESIE DE HEINE

A ce point de vue, Heine est traité en privilégié. Les Allemands peuvent bien maudire le pamphlétaire, ils savent par cœur les vers du poète. Éditeurs, biographes, critiques d’outre-Rhin lui ont consacré d’importans travaux. Chez nous, seul entre les poètes allemands, il bénéficie de ce privilège d’avoir un public. Je ne nie pas que nous n’ayons pour quelques autres, et pour Goethe par exemple, un juste respect. Nous admirons Gœthe, nous ne l’aimons pas. Au contraire, l’auteur de l’Intermezzo est pour quelques Français de France un de ces écrivains qui sont tout près du cœur. Cela tient à plusieurs raisons parmi lesquelles il en est d’extérieures. Heine a vécu pendant de longues années parmi nous ; il parlait notre langue, quoique avec un fort accent ; il l’écrivait, quoique d’une façon très incorrecte ; il nous a loués, quoique avec bien de l’impertinence ; il a été mêlé à notre société ; il a été en rapports avec nos écrivains, nos artistes et même nos hommes politiques. Nous nous sommes habitués à le considérer comme un des nôtres, et sa plaisanterie, fortement tudesque, passe encore pour avoir été une des formes authentiques de l’esprit parisien. Notre sympathie pour Heine se fonde d’ailleurs sur des motifs plus valables. Il a quelques-unes des qualités qui nous sont chères : son style est clair ; ses compositions sont courtes. Nous aimons ces lieds dont quelques-uns durent le temps d’un soupir, l’espace d’un sanglot. Leur pur éclat nous semble celui de la goutte de rosée que le soleil taille en diamant, ou d’une larme qui brille dans un sourire. C’est par eux que le meilleur de la sentimentalité allemande est parvenu jusqu’à nous. Ou, pour parler plus exactement, la poésie de Heine représente une nuance particulière de sensibilité, qu’il a créée et que nous avons accueillie. Aussi doit-elle avoir sa place dans une histoire de la poésie lyrique en France. De même qu’il y a une « critique allemande » de l’œuvre de Heine, il convient qu’il y en ait parallèlement une « critique française ».

René Doumic
Revue littéraire
La poésie de Henri Heine d’après un livre récent
Revue des Deux Mondes
4e période
tome 140
1897
pp. 457-468

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Du sollst mich liebend umschließen

Crime and Punishment KHALIL GIBRAN CRIME ET CHÂTIMENT


The Prophet
Crime and Punishment
Crime et Châtiment

The Prophet XII
KHALIL GIBRAN
Littérature Libanaise
Lebanese literature
le-prophete-khalil-gibran-fred-holland-day-1898Photographie de Fred Holland Day
1898





جبران خليل جبران
Gibran Khalil Gibran
1883–1931
le-prophete-khalil-gibran-the-prophete-n

Traduction Jacky Lavauzelle

 

THE PROPHET XII
Crime and Punishment
Crime & Châtiment

 

 

1923




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crime-and-punishment-khalil-gibran-artgitato-david-et-goliath-daniele-da-volterra-musee-du-louvre-parisDavid et Goliath
1555
Daniele da Volterra
Musée du Louvre – Paris

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Crime and Punishment
Crime et Châtiment

Then one of the judges of the city stood forth and said, « Speak to us of Crime and Punishment. »
Ensuite, l’un des juges de la ville surgit et dit : « Parle-nous du Crime et du Châtiment.« 

And he answered saying:
Et il répondit :

It is when your spirit goes wandering upon the wind,
C’quand votre esprit va errer dans le vent,

That you, alone and unguarded, commit a wrong unto others and therefore unto yourself.
Que vous, seul et sans surveillance, commettez du tort à autrui et donc à vous-même.

And for that wrong committed must you knock and wait a while unheeded at the gate of the blessed.
Et pour ce mal engagé, vous devez frapper et attendre un certain temps sans effet à la porte des bienheureux.

Like the ocean is your god-self;
Comme l’océan est votre moi-divin ;

It remains for ever undefiled.
Il reste toujours sans tache.

And like the ether it lifts but the winged.
Et comme l’éther, il ne soulève que ce qui est ailé.

Even like the sun is your god-self;
Même comme le soleil est votre moi-divin ;

It knows not the ways of the mole nor seeks it the holes of the serpent.
Il ne connait pas les chemins de la taupe ni ne cherche les trous du serpent.

But your god-self does not dwell alone in your being.
Mais votre moi-divin ne demeure pas seul dans votre être.

Much in you is still man, and much in you is not yet man,
Beaucoup en vous est toujours humain, et beaucoup en vous n’est pas encore humain,

But a shapeless pigmy that walks asleep in the mist searching for its own awakening.
Mais ressemble à un pygmée informe qui marche endormi dans la brume recherchant son propre éveil.

And of the man in you would I now speak.
Et de l’homme en vous j’aimerais parler maintenant.

For it is he and not your god-self nor the pigmy in the mist, that knows crime and the punishment of crime.
Car c’est lui et non pas votre moi-divin, ni le pygmée dans la brume, qui connaît le crime et le châtiment du crime.

Oftentimes have I heard you speak of one who commits a wrong as though he were not one of you, but a stranger unto you and an intruder upon your world.
Souvent je vous ai entendu parler de celui qui commet une faute, comme s’il n’était pas l’un d’entre vous, mais bien un étranger parmi vous et un intrus dans votre monde.

But I say that even as the holy and the righteous cannot rise beyond the highest which is in each one of you,
Mais je dis que même que le saint et le juste ne peut pas s’élever au-delà de ce qu’il y a de plus élevé en chacun de vous,

So the wicked and the weak cannot fall lower than the lowest which is in you also.
Donc, les méchants et les faibles ne peuvent pas tomber plus bas que ce qui est le plus bas en nous aussi.

And as a single leaf turns not yellow but with the silent knowledge of the whole tree,
Et comme quand une seule feuille jaunit, elle le fait avec le consentement silencieux de l’arbre entier,

So the wrong-doer cannot do wrong without the hidden will of you all.
Ainsi, le malfaiteur ne peut pas faire le mal sans la volonté cachée de vous tous.

Like a procession you walk together towards your god-self.
Comme une procession vous marchez ensemble vers votre moi-divin.

You are the way and the wayfarers.
Vous êtes autant le chemin que les marcheurs.

And when one of you falls down he falls for those behind him, a caution against the stumbling stone.
Et quand l’un d’entre vous retombe, il tombe pour ceux qui se trouvent derrière lui, les mettant en garde contre la pierre d’achoppement.

Ay, and he falls for those ahead of him, who though faster and surer of foot, yet removed not the stumbling stone.
Oui, et il tombe pour ceux qui se trouvent devant lui, qui, bien qu’ils aient le pied plus rapide et plus sûr, n’ont pas enlevé la pierre d’achoppement.

And this also, though the word lie heavy upon your hearts:
Et cela aussi, bien que ces mots pèsent sur vos cœurs:

The murdered is not unaccountable for his own murder,
Le meurtre n’est pas incompréhensible pour le meurtrier,

And the robbed is not blameless in being robbed.
Et le volé n’est pas irréprochable d’avoir être volé.

The righteous is not innocent of the deeds of the wicked,
Le juste n’est pas innocent des actions des méchants,

Et celui dont les mains sont pures n’est pas intact des actes du félon.

And the white-handed is not clean in the doings of the felon.
Et les blanches mains ne sont pas dissociées des actes du félon.

Yea, the guilty is oftentimes the victim of the injured,
Oui, le coupable est souvent la victime de l’injurié ,

And still more often the condemned is the burden-bearer for the guiltless and unblamed.
Et plus souvent encore le condamné supporte le fardeau de l’innocent et de l’irréprochable.

You cannot separate the just from the unjust and the good from the wicked;
Vous ne pouvez pas séparer le juste de l’injuste et le bon du méchant;

For they stand together before the face of the sun even as the black thread and the white are woven together.
Car ils se tiennent ensemble devant la face du soleil alors même que le fil noir et le fil blanc sont tissés ensemble.

And when the black thread breaks, the weaver shall look into the whole cloth, and he shall examine the loom also.
Et quand le fil noir se casse, le tisserand doit regarder l’ensemble de son ouvrage, et il examine le métier à tisser aussi.

If any of you would bring to judgment the unfaithful wife,
Si l’un de vous apporte au jugement la femme infidèle,

Let him also weigh the heart of her husband in scales, and measure his soul with measurements.
Qu’il pèse aussi le cœur de son mari dans la balance, et mesurer son âme avec mesure.

And let him who would lash the offender look unto the spirit of the offended.
Et que celui qui souhaite frapper l’offenseur, regarde aussi l’esprit de l’offensé.

And if any of you would punish in the name of righteousness and lay the axe unto the evil tree, let him see to its roots;
Et si quelqu’un d’entre vous punit au nom de la justice et frappe la hache à l’arbre tordu, qu’il observe aussi ses racines ;

And verily he will find the roots of the good and the bad, the fruitful and the fruitless, all entwined together in the silent heart of the earth.
Et en vérité, il trouvera les racines du bien et du mal, du fécond et du stérile, toutes entrelacées ensemble dans le cœur silencieux de la terre.

And you judges who would be just,
Et vous les juges qui souhaiteraient être juste,

What judgment pronounce you upon him who though honest in the flesh yet is a thief in spirit?
Quel jugement allez-vous prononcer sur celui qui, si honnête dans la chair, est encore un voleur en esprit ?

What penalty lay you upon him who slays in the flesh yet is himself slain in the spirit?
Quelle peine prononcez-vous sur celui qui tue dans la chair alors qu’il est lui-même tué en esprit ?

And how prosecute you him who in action is a deceiver and an oppressor,
Et comment poursuivez-vous celui qui en action est un séducteur et un oppresseur,

Yet who also is aggrieved and outraged?
Mais qui est également lésé et outragé ?

And how shall you punish those whose remorse is already greater than their misdeeds?
Et comment punissez-vous ceux dont le remords est déjà plus grand que leurs méfaits?

Is not remorse the justice which is administered by that very law which you would fain serve?
Le remords n’est-ce pas la justice qui est administrée par cette loi même qui vous souhaitez servir ?

Yet you cannot lay remorse upon the innocent nor lift it from the heart of the guilty.
Pourtant, vous ne pouvez pas jeter le remords sur l’innocent ni libérer le cœur du coupable.

Unbidden shall it call in the night, that men may wake and gaze upon themselves.
Spontanément il appellera dans la nuit pour que les hommes se réveillent et regardent en eux-mêmes.

And you who would understand justice, how shall you unless you look upon all deeds in the fullness of light?
Et vous qui souhaitez comprenez la justice, comment le ferez-vous à moins de regarder tous les actes dans la plénitude de la lumière ?

Only then shall you know that the erect and the fallen are but one man standing in twilight between the night of his pigmy-self and the day of his god-self,
Alors seulement vous apprendrez que celui qui se tient droit et celui qui est tombé ne sont qu’un seul homme debout dans la pénombre entre la nuit de son moi-pygmée et le jour de son moi-divin,

And that the corner-stone of the temple is not higher than the lowest stone in its foundation.
Et que la pierre angulaire du temple n’est pas plus haute que la plus profonde pierre dans ses fondations.

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crime-and-punishment-khalil-gibran-artgitato-david-et-goliath-daniele-da-volterra-musee-du-louvre-paris

Crime and Punishment

CALIGULA de SUETONE – Chapitre XII – De vita duodecim Caesarum libri VIII- SUETONE CALIGULA

Caius Suetonius Tranquillus


De vita duodecim Caesarum libri VIII
litterarum – Littérature Latine
Suétone Caligula
suetonius caligula

Suetone Caligula artgitato De vita duodecim Caesarum libri VIII

Poeticam Latinam

Traduction Jacky Lavauzelle

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SUETONE
 Caius Suetonius Tranquillus
Vers 70 – Vers 122

XII

De vita duodecim Caesarum         libri VIII

CALIGULA

CHAPITRE XII

Vita Gai

Les projets de Caligula contre Tibère

 Caligula Suetone Junia Claudilla 1ère épouse de Caligula

Non ita multo post Iuniam Claudillam M. Silani nobilissimi uiri f(iliam) duxit uxorem.
Peu après, Junia Claudilla, fille de Marcus Silanus, un homme de la grande noblesse devint sa femme.
Deinde augur in locum fratris sui Drusi destinatus,
Puis nommé augure, à la place de son frère Drusus,
prius quam inauguraretur ad pontificatum traductus est insigni testimonio pietatis atque indolis,
avant qu’il n’eût sa nomination, il eût le pontificat traduisant le témoignage de piété et de caractère,
cum deserta desolataque reliquis subsidiis aula, Seiano hoste suspecto mox et oppresso, ad spem successionis paulatim admoueretur.
quand la demeure impériale, déserte et privée de ses autres supports, Séjan, lui, avait été déjà soupçonné, était prête à s’éteindre peu à peu, lui faisant apparaître un espoir pour la succession.
Quam quo magis confirmaret, amissa Iunia ex partu Enniam Naeuiam, Macronis uxorem, qui tum praetorianis cohortibus praeerat, sollicitauit ad stuprum, pollicitus et matrimonium suum, si potitus imperio fuisset;
Pour qu’elle soit meilleure encore, après avoir perdu Junia pendant ses couches, avec Ennia, la femme de Macron, qui, à ce moment-là commandait la garde prétorienne, il commet l’adultère, lui promettant même de l’épouser s’il est devenait empereur,
deque ea re et iure iurando et chirographo cauit.
et à la fois par un serment, et par un acte, il s’engageât.
Per hanc insinuatus Macroni ueneno Tiberium adgressus est, ut quidam opinantur, spirantique adhuc detrahi anulum et,
 A travers les faveurs de Macron, il empoisonna Tibère, comme certains le pensent, et il ordonna que sa bague lui fut enlevé, alors même qu’il respirait encore,
quoniam suspicionem retinentis dabat, puluinum iussit inici atque etiam fauces manu sua oppressit,
et comme il pensait qu’il la retenait, il lui mit un oreiller sur la bouche de sa main,
liberto, qui ob atrocitatem facinoris exclamauerat, confestim in crucem acto. 
un affranchi qui alors cria à l’acte terrible, fut immédiatement crucifié.
Nec abhorret a ueritate,
Et cela est encore très loin de la vérité,
cum sint quidam auctores, ipsum postea etsi non de perfecto, at certe de cogitato quondam parricidio professum;
car quelques auteurs disent que plus tard, que même si ce parricide il n’avait pas réalisé, il l’aurait toutefois cogité ;
gloriatum enim assidue in commemoranda sua pietate, ad ulciscendam necem matris et fratrum introisse se cum pugione cubiculum Tiberi[i] dormientis et
car ils disent qu’il se vantait, en parlant de sa piété filiale, avec un poignard pour venger la mort de sa mère, d’être entré dans la chambre de Tibère qui dormait,
misericordia correptum abiecto ferro recessisse; 
et il fut tellement ému de compassion qu’il en jeta son épée et disparu ;
nec illum, quanquam sensisset, aut inquirere quicquam aut exequi ausum.
Tibère le savait mais, cependant, ne dit rien ni ne chercha à le poursuivre.

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Traduction Jacky Lavauzelle
Artgitato
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SPQR