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LA MORT DE MADAME DE LAMBALLE GIOSUÈ CARDUCCI Poème – ÇA IRA (1883)- SONNET VIII – Gemono i rivi e mormorano i venti

Traduction – Texte Bilingue
CARDUCCI POÈME


 

Giosuè Carducci
1835- 1907

Prix Nobel de Littérature 1906

Traduction Jacky Lavauzelle

Sélection de poèmes de
Giosuè Carducci
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ÇA IRA
VIII

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LA MORT DE MADAME DE LAMBALLE

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Gemono i rivi e mormorano i venti
Gémissent les rivières et murmurent les vents
 Freschi a la savoiarda alpe natia.
Frais sur les Alpes savoyardes.
Qui suon di ferro, e di furore accenti.
Voici des sons de fer, et des accents de fureur.
Signora di Lamballe, a l’Abbadia.
C’est Madame de Lamballe, à l’Abbaye.

*

E giacque, tra i capelli aurei fluenti,
Elle gît, au milieu de ses cheveux d’or flottants
Ignudo corpo in mezzo de la via;
Corps nu au milieu de la rue ;
E un parrucchier le membra anco tepenti
Et un perruquier examine ses membres encore tièdes
Con sanguinose mani allarga e spia.
Et fouille avec ses mains ensanglantées.

Come tenera e bianca, e come fina!
Combien elle est tendre et blanche, comme elle est fine !
 Un giglio il collo e tra mughetti pare
Son cou semble un lys et au milieu du muguet
Garofano la bocca piccolina.
Un œillet cette bouche enfantine.

*

Su, co’ begli occhi del color del mare,
Allons, beaux yeux couleur de mer,
Su, ricciutella, al Tempio! A la regina
Allons, ma belle, au Temple! A la reine,
Il buon dí de la morte andiamo a dare.
Le bonjour de la mort, nous allons donner.

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MADAME DE LAMBALLE
Mademoiselle de Carignan
Marie-Thérèse-Louise de Savoie
Princesse de Lamballe
(Turin le 8 septembre 1749 – 3 septembre 1792 Paris)

Madame de Lamballe pendant la Révolution
Pastel
Attribué à Henri-Pierre Danloux

Peinture de Antoine-François Calle
Vers 1776

 

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ÇA IRA
VIII

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GIOSUE CARDUCCI

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LE « ÇA IRA »
Le poète Giosuè Carducci
Maurice Muret
Revue des Deux Mondes
Tome 40 – 1907

…Le sonnet est un moule d’une rare plasticité. Il s’est prêté aux mignardises de Joséphin Soulary comme aux visions grandioses de José Maria de Heredia. Dans leur concision lapidaire, leur âpre et sinistre beauté, les douze sonnets de Ça ira brillent d’un éclat tragique.

C’est au sortir d’une lecture de la Révolution française par Carlyle que Carducci les composa. Sans doute il connaissait aussi Thiers, Louis Blanc et Michelet ; mais la lecture de Carlyle donna l’élan décisif. C’est elle qui força l’inspiration. Comme Carlyle, — et comme Joseph de Maistre, — Carducci voit dans la Révolution française un événement proprement « satanique, » mais le rebelle qu’il est attache à ce terme le sens favorable qui se découvre dans son Hymne à Satan. La Révolution française est pour lui une revanche de la raison, de la liberté, de la justice sur les « tyrannies séculaires » de l’Eglise et de la monarchie. Il a protesté contre les critiques qui dénoncèrent ses sympathies terroristes quelque peu excessives ; il a prétendu s’être borné (ou à peu près) au rôle d historiographe. C’est pur paradoxe ! Ça ira prend énergiquement fait et cause pour la Terreur. Carducci condamne Louis XVI et Marie-Antoinette avec une rigueur inconnue des historiens impartiaux. Le sonnet qui retrace le meurtre de la princesse de Lamballe est une apologie déguisée de ce crime. Louis XVI, enfin, dans la prison où il se recueille en attendant la mort, est montré par le poète italien « demandant pardon au ciel pour la nuit de la Saint-Barthélemy. » Que voilà donc un « état d’Ame » peu historique ! N’y a-t-il pas tout lieu de croire que Louis XVI, à la veille de mourir, était à cent lieues de penser qu’il expiait les méfaits de Charles IX ? C’est l’impitoyable logique jacobine qui établit des rapprochements de cette sorte.

Il faut tenir compte, dans l’appréciation du Ça ira, de la date où fut publié cet ouvrage. Il parut « pour le 77e anniversaire de la République, » à une époque où la France traversait une nouvelle « année terrible. » Bien que le poète n’y fasse aucune allusion formelle, les événements de 1870-1871 restent toujours présents à son esprit. A l’opprobre de Sedan s’oppose dans sa pensée la gloire de Valmy, de Valmy qui fait l’objet de son dernier sonnet. Plutôt que Sedan, la Terreur ; plutôt Danton que Napoléon III ; plutôt Robespierre que Bazaine, voilà ce qu’on peut lire entre les lignes du Ça ira. Un critique italien a parlé des « Grâces pétrolières » qui avaient servi de marraines à cette poésie. Et ce propos irrita l’auteur. Le mot n’en était pas moins exact.

Indépendamment du Ça ira consacré à un sujet français, Carducci mentionne fréquemment la France dans ses ouvrages. Quel autre pays a été plus étroitement mêlé aux destinées du Risorgimento ? Carducci n’est pas gallophobe, tant s’en faut ; mais c’est exclusivement à la France rouge que vont ses sympathies. Les Iambes et épodes traînent aux gémonies ce peuple devenu infidèle à l’idéal révolutionnaire d’autrefois. Le poète maudit la France impériale « brigande au service du Pape » (masnadière papale). Dans les vers Pour Edouard Corazzini, il invective plus sauvagement encore la « grande nation » au nom de ceux qui crurent en elle, de ceux « qui avaient grandi à ta libre splendeur, de ceux qui t’avaient aimée, ô France ! » Même note dans le Sacre d’Henri V, où il s’élève contre les tentatives de restauration monarchique en France après la chute de l’Empire. Mais c’est surtout contre Bonaparte et le bonapartisme que le poète romain brandit ses foudres vengeresses.

Maurice Muret
Revue des Deux Mondes
Tome 40 – 1907

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CARDUCCI POÈME

 

CALIGULA de SUETONE – Chapitre VIII – De vita duodecim Caesarum libri VIII- SUETONE CALIGULA

 Caius Suetonius Tranquillus


De vita duodecim Caesarum libri VIII
litterarum – Littérature Latine
Suétone Caligula
suetonius caligula

Suetone Caligula artgitato De vita duodecim Caesarum libri VIII

Poeticam Latinam

Traduction Jacky Lavauzelle

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SUETONE
 Caius Suetonius Tranquillus
Vers 70 – Vers 122

VIII

De vita duodecim Caesarum         libri VIII

CALIGULA

CHAPITRE VIII

Tiberius_palermo Caligula Suetone

Vita Gai

Sur le lieu de naissance de Caligula

C. Caesar natus est pridie Kal. Sept. patre suo et C. Fonteio Capitone coss. 
Caius César est né le jour avant les calendes de septembre, pendant le consulat de son père et de Caius Fonteius Capito.
Ubi natus sit, incertum diuersitas tradentium facit.
Le lieu de sa naissance est incertain et les témoignages divergent.
Cn. Lentulus Gaetulicus Tiburi genitum scribit,
Cn. Lentulus Gétulicus écrit qu’il naquit à Tibur,
Plinius Secundus in Treveris, vico Ambiatino supra Confluentes;
Pline dit que ce fut dans un village appelé Ambiatinus, à Trèves, au-dessus de Coblence ;
addit etiam pro argumento aras ibi ostendi inscriptas ob agrippinae pverperivm.
Pline ajoute que la preuve se trouve sur les autels où sont présentes, des inscriptions sur les couches d’Agrippine.
Uersiculi imperante mox eo diuulgati apud hibernas legiones procreatum indicant:
Les versets suivants, gravés peu de temps après sa naissance dans les quartiers hivernaux des légions indiquent:

In castris natus, patriis nutritus in armis,
dans le camp et élevé au milieu des armes,
                  Jam designati principis omen erat.
Dès sa naissance, c’était un présage.

Ego in actis, Antii editum, invenio.
Je trouve, dans les actes, qu’il est né à Antium.
Gaetulicum refellit Plinius quasi mentitum per adulationem, ut ad laudes iuuenis gloriosique principis aliquid etiam ex urbe Herculi sacra sumeret :
Gétulicus est réfuté par Pline et souligne qu’il s’agit d’un mensonge dû à sa grande adulation, pour que la gloire d’un prince jeune et glorieux se retrouve sous les hospices d’une ville consacrée à Hercule :
abusumque audentius mendacio, quod ante annum fere natus Germanico filius Tiburi fuerat, appellatus et ipse C. Caesar, de cuius amabili pueritia immaturoque obitu supra diximus. 
il souligne que ce fut renforcé par la naissance d’un autre fils de Germanicus à Tibur, également appelé Caius César mort prématurément.
Plinium arguit ratio temporum.
Pline fut contredit par la suite.
Nam qui res Augusti memoriae mandarunt,
Germanicum exacto consulatu in Galliam missum consentiunt iam nato Gaio. 
Les historiens d’Auguste conviennent que Germanicus n’a été envoyé en Gaule qu’à la fin de son consulat, quand Caius était déjà né.
Nec Plini opinionem inscriptio arae quicquam adiuuerit,
Et l’inscription sur l’autel n’ajoute que peu de force à l’opinion de Pline, 
cum Agrippina bis in ea regione filias enixa sit, et qualiscumque partus sine ullo sexus discrimine puerperium uocetur,
car Agrippine donna deux fois naissance à des filles dans cette région, et tout accouchement, sans distinction de sexe, est appelé postpartum – puerpérium,
quod antiqui etiam puellas pueras, sicut et pueros puellos dictitarent.
car les anciens hommes appelaient les filles pueras, et les jeunes gens puellos.
Extat et Augusti epistula, ante paucos quam obiret menses ad Agrippinam neptem ita scripta de Gaio hoc
Il existe une lettre écrite par Auguste, à sa petite-fille Agrippine, quelques mois avant sa mort, à propos du Caius en question
–neque enim quisquam iam alius infans nomine pari tunc supererat-:
– plus aucun autre enfant ne portait ce nom  :
« puerum Caium quintodecimo kalendas junii, si Dii volent, ut ducerent Talarius et Asellius, heri cum his constitui.
« le garçon Caius le quinzième jour avant les calendes de juin [18 mai], si les dieux le veulent, sera mené par Talarius et Asellius , ainsi hier me suis-je entendu avec eux.
mitto praeterea cum eo ex seruis meis medicum, quem scripsi Germanico si uellet ut retineret.
J’envoie avec lui d’ailleurs un de mes esclaves qui est médecin, et j’ai écrit à Germanicus qu’il le garder s’il le souhaite.
Ualebis, mea Agrippina, et dabis operam ut ualens peruenias ad Germanicum tuum. »
Adieu, mon Agrippine, et prends soin de venir en bonne santé auprès de ton Germanicus. »
Abunde parere arbitror non potuisse ibi nasci Gaium, quo prope bimulus demum perductus ab urbe sit.
Je pense que cela suffit pour dire que Caius n’a pas pu naître là, où vers ses deux ans il vint de Rome. 
Uersiculorum quoque fidem eadem haec eleuant et eo facilius, quod ii sine auctore sunt.
Cette lettre affaiblit également notre confiance dans les versets, d’autant plus qu’ils sont anonymes.
Sequenda est igitur, quae sola [auctor] restat et publici instrumenti auctoritas,
Nous devons donc, le seul valable, rester sous l’autorité du document public,
praesertim cum Gaius Antium omnibus semper locis atque secessibus praelatum non aliter quam natale solum dilexerit tradaturque etiam, 
d’autant plus que Caius aimait Antium comme lieux de retraite, et même la préférait à sa terre natale, d’une autre manière,
sedem ac domicilium imperii taedio urbis transferre eo destinasse.
il se dit même qu’il la destinait à en faire siège et demeure de l’empire par lassitude de Rome.

La Mort de Germanicus par Nicolas Poussin

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Traduction Jacky Lavauzelle
Artgitato
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