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LETTRES DE L’ARETIN A MADONNA MARIA DE’ MEDICI A MARIA DE MEDICIS 1526 LETTERE DI ARETINO

PIERRE L’ARETIN – PIETRO ARETINO
LETTERE – Libro I – LETTRES -LIVRE I
A MADONNA MARIA DE’ MEDICI
A MARIA DE MEDICIS

1526

Traduction – Texte Bilingue
LITTERATURE ITALIENNE
Letteratura Italiana

TRADUCTION JACKY LAVAUZELLE

Pietro Aretino
Pierre l’Arétin
Arezzo, 20 aprile 1492 – Venezia, 21 ottobre 1556
Arezzo 20 avril 1492 – Venise 21 octobre 1556

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 L’ARETIN

LETTERE – Libro I
LETTRES -LIVRE I
A MADONNA MARIA DE’ MEDICI
A MARIA DE MEDICIS
Decembre 1526

 

 

Tiziano – Le Titien
Vers 1548 circa 1548
Frick Collection New York












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Notes & Précisions historiques

Cette lettre est écrite par Pierre l’Arétin à Mantoue et datée du 10 décembre 1526. L’Arétin présente ses condoléances à Maria de Médicis, suite à la mort du très célèbre candottiere de la famille des Médicis, Jean des Bandes Noires (1498-1526)- Giovanni dalle Bande Nere -mort dans la même ville de Mantoue, une dizaine de jours avant, le 30 novembre de cette année 1526.
Jean des Bandes Noires est le fils de Jean de Médicis. En 1516, il épousa la fille de Jacopo Salviati, Maria ( 1499-1543). Maria avait donc 26 ans à la mort de son époux. Elle descendait des Médicis du côté maternel.

Portrait de Jean des Bandes Noires

L’Arétin évoque la personne de Giullio di Raffaello dans cette lettre. [E sarei morto, mentre ho visto esalargli lo illustre spirito, e nel formargli del volto, che fece Giulio di Rafaello, e nel chiuderlo io ne la sepoltura.Il s’agit du peintre Jules Romain, élève de Raphaël, Giulio di Pietro di Filippo de Gianuzzi, Giulio Pippi ou  Giulio Romano,  qui aussi mourut à Mantoue le premier novembre 1546. Il est connu pour avoir réalisé des dessins érotiques qui lui valurent de nombreux ennuis et condamnations papales, notamment de la part d’Adrien VI. L’érotisme qui se dégage des dessins de Giullio di Raffaello se retrouve dans les I Sonneti lussuriosi de l’Arétin.

Giulio Romano par Jean-Louis Potrelle (1825)

Frédéric Gonzague est cité aussi dans notre lettre : « E il marchese, con tutta la nobiltà di casa Gonzaga e de la corte sua, con la folta del popolo dietro e la turba de le donne su per le finestre, conversa in stupore, ha riverito il tremendo corpo di lui che a voi fu sposo e a me signore, affermando di non veder mai più essequie di maggior guerriero. » Il s’agit de Frédéric II Gonzague, Frederico II Gonzaga, Frédérique II de Mantoue, né en 1500 à Mantoue. En 1526, il est auréolé de la prise de Parme,  avec le marquis de Pescara et Prospero Colonna, survenue 5 ans plus tôt en 1521, tenue par les armées de François Ier.

Il est question aussi de la blessure de Jean des Bandes Noires, survenue quelques jours avant, le 18 février 1525, qui l’empêche de participer à la Bataille de Pavie qui se déroula le 24 février 1525. [«Se il signor Giovanni non era ferito, la fortuna non mi faceva prigione?] François Ier fort de ses victoires en Provence en 1523, la conquête de Milan, continue sa progression avant d’échouer à Pavie où un siège commence le commence le 27 octobre 1524François Ier sera arrêté par César Hercolani et fait prisonnier par Charles Quint.

Jacky Lavauzelle

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A MADONNA MARIA DE’ MEDICI
A MARIA DE MEDICIS

MARIA SALVIATI

 

Io non voglio, signora, contendere con voi di dolore.
Je n’entends pas, Madame, ici opposer nos douleurs.
Non che io non vincessi per dolermi la morte del vostro marito più che a persona che viva;
Non que je puisse vaincre, car je pleure la mort de votre mari plus qu’aucune autre personne vivante ;
ma perché la vincita mi saria perdita, essendogli voi moglie, perché tutti i duoli, nel mancar dei consorti, si dànno a loro.
mais ce serait perdre inéluctablement, car sa femme vous êtes et le malheur suprême revient toujours inéluctablement au conjoint.
E non è perciò che la mia passione non preceda a la vostra, perché il vezzo, che vi domesticò a star senza, aveva indurato l’amore, tanto più tenero in me quanto non un’ora, non un momento, non un attimo ho saputo né potuto stargli assente, e più son note le vertù sue a me che a voi.
Mais mon affliction surpasse la vôtre, car l’habitude de vivre sans l’être chéri, a durci votre amour, alors que, pour moi, elle est tellement tendre que pas une heure, pas une seconde, pas un instant, je n’ai été en mesure de vivre cette absence, et, je l’avoue aussi, ses vertus me sont plus connus qu’à vous.
E mi si debbe credere, avendole io sempre vedute e voi sempre udite;
Et je crois que je les ai toujours vues, vous qui les connaissez par la rumeur ;
onde altri si compiace più ne la vertù degli occhi propri che nei gridi de la fama.
et nous préférons contempler la vertu de nos yeux plutôt que d’entendre courir les cris de la renommée.
E, caso che io ceda con la passione al vostro patire, do cotal preminenza al valore e a la saviezza di che sète piena, di maniera che è più capacità de le cose in voi donna che in me uomo.
Et, si je cède à l’intensité de votre souffrance, c’est que vous êtes la gardienne de la sagesse et de la grandeur de cet homme, et que vous les ressentez plus fortement qu’un homme tel que moi.
E, essendo così, il duolo è maggiore dal lato che più sa che da quello che men conosce.
Mais, ceci étant, le deuil est plus grand du côté de celui qui sait que que de celui qui ignore.

Ma diamisi il secondo luogo ne la doglia, la quale è sì giunta al sommo nel mio core, che non ha di che più dolersi.
Mais donnez-moi alors la seconde place dans cette échelle de la douleur, douleur qui se positionne au sommet de mon cœur, que rien ne plus déchirer davantage.
E sarei morto, mentre ho visto esalargli lo illustre spirito, e nel formargli del volto, che fece Giulio di Rafaello, e nel chiuderlo io ne la sepoltura.
J’aurais pu mourir quand Giulio Raffaello a terminé son moulage avant son enterrement, comme s’il venait à l’instant de nous quitter.
Ma il conforto, che mi ha dato la eternità de la sua memoria, mi ha sostenuto in vita.
Mais le réconfort que m’apportait la présence éternelle de sa mémoire, m’a soutenu en vie.
La publica voce de le sue vertù, le quali saranno le gioie e gli ornamenti de la vedovanza vostra, mi ha asciutto il pianto.
La connaissance publique de ses vertus qui réjouit et calme votre veuvage, assèche aussi mes larmes.
L’istorie dei suoi fatti mi tolgono non pur la maninconia, ma fannomi lieto.
Les histoires des ses actions balaient non seulement ma mélancolie mais aussi me rendent joyeux.
E mi pasco di udir da le gran persone:
Et je me nourris en entendant des gens formidables dire :
“Egli è morto uno sforzo di natura.
« Cette force de la nature est morte.
Egli è finito l’essempio de la fede antica.
Il s’est éteint ce parangon de la foi antique.
Egli è sparito il vero braccio di battaglia”.
Il a disparu ce bras vigoureux dans la bataille ».
E certo non fu mai chi levasse a tanta speranza l’arme italiane.
Il n’y a certainement jamais eu d’autre personne capable de faire lever ainsi les bras italiens.
E che più bel vanto può avere uno tolto a le cose umane che la ricordanza del re Francesco, da la cui bocca s’è udito più volte:
Quelle plus belle fierté que de recevoir du roi François, de sa bouche  même, et à maintes reprises, les propos suivants :
«Se il signor Giovanni non era ferito, la fortuna non mi faceva prigione?”
« Si le Seigneur Jean n’avait pas été blessé, la fortune m’aurait-elle conduit en prison ? “

Eccolo a pena sotterra che gli orgogli barbari, sollevandosi al cielo, spaventano i più coraggiosi;
Ici, à peine enterré, l’orgueil des barbares s’élève vers le ciel, effrayant les plus courageux ;
e già la paura signoreggia Clemente, che impara a desiderar il morire a chi era atto a sostenerlo vivo.
et maintenant la peur envahit Clément, qui désire la mort de ceux qui étaient là pour le garder en vie.
Ma l’ira di Dio, che vòl procedere sopra i falli altrui, ce l’ha tolto.
Mais la colère de Dieu, qui châtie les fautes des autres, nous l’a enlevé.
La Maestà Sua l’ha tirato a sé per gastigar gli erranti.
Sa Majesté l’a tiré vers elle afin de juger les offenses.
Perciò consentiamo a la volontà divina, senza più trafiggerci l’animo, dando orecchie a l’armonia de la sua lode.
Par conséquent, remettons-nous à la volonté divine, ne nous martyrisons plus l’âme, tendons l’oreille à l’harmonie de ses louanges.
Ristringasi il cor nostro nei diletti dei suoi onori.
Que notre cœur se remplisse des honneurs attachés à notre bien-aimé.
E, ragionando de le sue vittorie, facciamoci lume con i raggi de la sua gloria, la quale è andata inanzi al feretro, mentre la pompa funebre stupiva nel vedersi splendere nel mezzo dei capitani famosi, che l’hanno portato a seppellire su le loro spalle onorate.
Et, en pensant à ses victoires, réchauffons-nous à la lumière des rayons de sa gloire, qui cheminait au-devant du cercueil, tandis que la cérémonie funèbre s’émerveillait de briller au milieu des célèbres capitaines qui le portaient sur leurs nobles épaules.

E il marchese, con tutta la nobiltà di casa Gonzaga e de la corte sua, con la folta del popolo dietro e la turba de le donne su per le finestre, conversa in stupore, ha riverito il tremendo corpo di lui che a voi fu sposo e a me signore, affermando di non veder mai più essequie di maggior guerriero.
Et le marquis Frédéric Gonzague, avec toute la noblesse de la famille Gonzague et de sa cour, avec le peuple derrière lui et la foule des femmes aux fenêtres, qui conversaient avec étonnement, vénérait le corps majestueux de votre époux et de mon Seigneur, déclamait qu’on ne verrait jamais plus de funérailles d’un aussi grand guerrier.
Sì che riposate la mente nel grembo dei suoi meriti, e mandate Cosimo a Sua Eccellenza, che così mi comandò che io vi scrivesse, perché quella vòl succedergli in luogo del padre, che gliene ha lasciato per figliuolo.
Oui, calmez votre esprit dans le sein de ses mérites, et envoyait Cosme à Son Excellence, qui m’a commandé ce que je devais écrire, car pour père il en souhaite la charge, puisqu’il lui a laissé un fils.
E, se io credessi che Iddio non gli rendesse con doppia usura la copia de le degnità tolte al mio idolo da la invidia del destino e de la morte, mi gittarei ne le braccia de la disperazione.
Et, si je ne croyais que Dieu ne lui accorde pleinement, avec usure même, une quantité de bienfaits que l’envie du destin et de la mort a privé votre mari, je me jetterais dans les bras du désespoir.
Ma viviamo, ché così sarà, perché non pò esser che non sia.
Mais vivons, qu’il en soit ainsi et que différemment cela ne peut être.

Di Mantova, il 10 di decembre 1526
De Mantoue, le 10 décembre 1526

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Pierre l’Arétin
A MADONNA MARIA DE’ MEDICI
A MARIA DE MEDICIS
1526

Lettere di Aretino – Les Lettres de l’Arétin

PIERRE L’ARETIN – PIETRO ARETINO

Traduction – Texte Bilingue
LITTERATURE ITALIENNE
Letteratura Italiana

TRADUCTION JACKY LAVAUZELLE

Pietro Aretino
Pierre l’Arétin
Arezzo, 20 aprile 1492 – Venezia, 21 ottobre 1556
Arezzo 20 avril 1492 – Venise 21 octobre 1556

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 L’ARETIN








LETTERE  DI ARETINO
LETTRES DE L’ARETIN

 

Arezzo, 20 aprile 1492 – Venezia, 21 ottobre 1556
Tiziano – Le Titien
Vers1548 circa
Frick Collection New York

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LIVRE I – LIBRO I

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A MADONNA MARIA DE’ MEDICI
A MARIA DE MEDICIS
1526

Io non voglio, signora, contendere con voi di dolore.
Je n’entends pas, Madame, ici opposer nos douleurs.
Non che io non vincessi per dolermi la morte del vostro marito più che a persona che viva;
Non que je puisse vaincre, car je pleure la mort de votre mari plus qu’aucune autre personne vivante ;

Di Mantova, il 10 di decembre 1526
De Mantoue, le 10 décembre 1526

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AU CONTE DE SAN SECONDO
AL CONTE DI SAN SECONDO
1537

Andate piano con il farmi piacere, ch’io non voglio che mi incalziate tanto con la loro abondanza che, volendo far de l’uomo in sodisfarvigli e non potendo, vi paresse poi una bestia.








Allez-y modérément avec vos largesses, car je ne veux pas être pourvu par tant d’abondance ; je voudrais vous rendre la pareille que je ne le pourrai, je ressemblerai alors à une bête.

Di Venezia, il 24 giugno 1537
Venise, le 24 juin 1537

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LIVRE III – LIBRO III

Lettera di Pietro Aretino a Michelangelo
Lettre à Michel-Ange
Sur le Jugement Dernier
Il Giudizio Universale
Novembre 1545

Nel rivedere lo schizzo intiero di tutto il vostro dì del Giudicio, ho fornito di conoscere la illustre gratia di Rafaello ne la grata bellezza de la inventione.
Lors de ma dernière vision générale de votre Jugement, j’ai retrouvé l’illustre grâce de Raphaël dans la beauté de l’invention.

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L’ARETIN
par
Philarète Chasles
(1834)

« Arétin ! — L’infamie de ce nom m’arrêtait. — J’hésitais à tracer des lettres obscènes, symboles d’impureté : mais cet impur, fils d’un un impur, soulève un coin de l’histoire des hommes.
C’est la civilisation dépravée de l’Italie, et le premier excès de la presse vénale. C’est la plume devenue marchandise, et l’éloge et le blâme achetés lâchement par les rois, vendus lâchement par un misérable, à travers l’Europe, sa tributaire. C’est Venise savante, impudique, artiste, indépendante, asile des proscrits, des savants, des exilés, des penchants pervers et des arts brillants ; Venise riche et puissante, offrant toutes les libertés du vice à qui veut bien se passer des autres libertés. Vous ne voyez en lui qu’un type ignoble ? Il a dominé le XVIe siècle littéraire. François Ier l’honorait. Arioste l’appelait divin. Charles-Quint causait familièrement avec lui. De niveau avec toutes les puissances, ami de Titien, correspondant de Michel-Ange, bravant les foudres papales, plus riche qu’un prince, plus insolent qu’un condottiere, plus admiré que le Tasse, plus célèbre que Galilée, qu’était donc cet homme ?
D’où lui venait sa puissance ?
De quelle force disposait-il ?
Quelle terreur et quelle tyrannie se concentraient dans ces taches d’encre calomniatrices et immondes qui dégouttaient de sa plume ?Que résumait-il ? — Que représentait-il ? —
Il représentait la Presse. Il fut terrible comme elle. Né au moment précis où cette Force inattendue sortait des langes, se développait, grandissait, devenait redoutable, étendait son influence : il comprit le premier quel levier ce serait que l’injure de la Presse.
La calomnie, multipliée, impérissable !
La crainte lancée par cette calomnie !
Instrument, pouvoir, levier immense, qu’il devina ; instrument que son abus n’avait pas affaibli, que son excès n’avait pas usé. Arétin s’en saisit ; — il mit son siècle à ses pieds, — un grand siècle ! »

Philarète Chasles
L’Arétin, sa vie et ses œuvres
Première Partie
Revue des Deux Mondes
Période Initiale
Tome 4 – 1834








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LETTRES DE L’ARETIN : AU CONTE DE SAN SECONDO Pietro Aretino Al conte di San Secondo (Venise-24 juin 1537)

PIERRE L’ARETIN – PIETRO ARETINO
LETTERE – Libro I – LETTRES -LIVRE I
AU CONTE DE SAN SECONDO
AL CONTE DI SAN SECONDO
1537

Traduction – Texte Bilingue
LITTERATURE ITALIENNE
Letteratura Italiana

TRADUCTION JACKY LAVAUZELLE

Pietro Aretino
Pierre l’Arétin
Arezzo, 20 aprile 1492 – Venezia, 21 ottobre 1556
Arezzo 20 avril 1492 – Venise 21 octobre 1556

 

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 L’ARETIN

LETTERE – Libro I
LETTRES -LIVRE I
AU CONTE DE SAN SECONDO
AL CONTE DI SAN SECONDO

 

Tiziano – Le Titien
Vers 1548 circa 1548
Frick Collection New York












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Andate piano con il farmi piacere, ch’io non voglio che mi incalziate tanto con la loro abondanza che, volendo far de l’uomo in sodisfarvigli e non potendo, vi paresse poi una bestia.
Allez-y modérément avec vos largesses, car je ne veux pas être pourvu par tant d’abondance ; je voudrais vous rendre la pareille que je ne le pourrai, je ressemblerai alors à une bête.
A me è troppo che, scrivendo al signor Cosimo dei Medici per alte vostre faccende, me gli ricordiate, senza così caldamente, qual mi scrivete, mandare a Fiorenza a posta.
Pour moi, c’est déjà inespéré que vous écriviez au seigneur Cosme de Médicis, afin de lui rappeler mon bon souvenir, mais aller jusqu’à le lui rappeler en lui envoyant spécialement une missive à Florence, aussi chaleureuse que celle que vous m’écrivez.
Ma ogni altra cosa è ciancia, eccetto l’avere addosso quel diavolo d’amore che, non perdonando a la vecchiezza mia, è da credere che non perdoni anco a la gioventù vostra.
Mais tout le reste est absurdité, sauf ce diable d’amour, qui ne m’oublie pas dans ma vieillesse, et tout me laisse à penser qu’il ne passe pas à côté de votre jeunesse.
Che crudeli notti, che fieri giorni si trapassano, bontà de le sue ribalderie!
Que de nuits cruelles, que de jours inquiets, nous subissons sa fourberie! Io mi aveva scemato la metà di ciò ch’io mangiava per ismagrare (che certo non il cibo ma l’ozio di questa città m’ha ingrassato tanto che ne vivo in continua rabbia), e non giovava.
Pour maigrir, je m’étais forcé à manger deux fois moins (ce qui est certainement pas de la responsabilité de la nourriture, mais l’oisiveté dans cette ville m’a engraissé, ce qui m’a conduit dans une colère constante), et pour tout dire n’a rien donné.
Occorsami la perdita di una mia già donna, e ora d’altri;
Seulement la cause en est la perte de ma femme, qui à cette heure est avec un autre ;
onde io per tal cagione divenni come un di quegli che trafugano la vita di mano a la peste o a la fame, che sono simili a l’ombre di loro stessi.

de sorte que, pour cette raison, je suis devenu semblable à ceux qui échappent des mains de la peste ou de la famine, et qui ne ressemblent plus qu’à l’ombre d’eux-mêmes.
Veramente ch’io ho più compassione a chi pate amando che a chi si muor di fame o a chi va a la giustizia a torto:
En fait, j’ai plus de compassion pour ceux qui se meurt d’amour que pour ceux qui meurt de faim ou ceux qui sont condamnés à tort par la justice :
perché il morirsi di fame procede da la dapocaggine, e l’esser giustiziato a torto nasce da la mala sorte;
parce que mourir de faim procède de la lâcheté, et être condamné à tort procède de malchance ;
ma la crudeltà che cade sopra a un innamorato è uno assassinamento fattogli da la fede, da la sollecitudine e da la servitù de la bontà propria.

mais la cruauté qui tombe sur un amant est un assassinat contre sa foi, sa sollicitude et sa propre bonté.
Io mi son ritrovato e trovo e trovarò sempre, per la grazia di Dio e mia, senza danari, a perder padroni, amici e parenti, a esser in caso di morte, ad aver nimicizia, debiti a le spalle, e in mille altre rovine;
 Je me suis retrouvé et je me retrouverai toujours, par la grâce de Dieu et la mienne, sans argent, sans protecteur, ni amis et ni famille, comme mort, ayant des inimitiés, des dettes sur les épaules, et au milieu de mille autres ruines ;
e conchiudo che son zuccaro i fastidi predetti a comparazione del martello de la gelosia, de l’aspettare, de le bugie, degli inganni, con cui sei crocifisso dì e notte.
et je conclus qu’ils ne sont tous rien que des douceurs comparés au marteau de la jalousie, de l’attente, des mensonges, de la tromperie, qui te crucifient continuellement.
Il desinare ti si fa tosco, la cena assenzio, il letto di sasso, l’amicizia odio, e sempre la fantasia è fitta in colei;
Le déjeuner t’empoisonne, le dîner est immangeable, le lit dur comme de la roche, l’amitié en haine se transforme, et ton cerveau se bloque toujours sur elle ;
onde stupisco come è possibile che la mente sia in una continua tempesta e come ella non dimentichi se medesima ne l’essere sempre sempre combattuta dai pensieri che gli fan seguitare la cosa amata, strascinandosi dietro il core.
je me demande aussi comme est-il possible que l’esprit résiste tant dans cette tempête constante et qu’il ne perde pas sa raison dans cette violente lutte contre les pensées qui suivent la chose aimée, avec le cœur en lambeaux derrière lui.
E tutto sarebbe spasso se ne le donne fusse qualche pochetto di conoscenza del meglio.
Et tout ne serait qu’amusement si les femmes avaient quelque peu de bienveillance.
Apunto viola esse, giocando a la ronfa amorosa, scartano ogni volta gli assi e i re.
En jouant à la prime (ronfa), elles se débarrassent des as et des rois. 
Ma si doveria sculpire in lettre d’oro ciò che disse un perugino.
Mais il serait nécessaire de sculpter en or ces mots de Pérugin :
Egli cavò de l’amor d’una amica tanto mal francioso che avrebbe fatto disperare il legno d’India;
L’amour de sa bien-aimée lui a donné un mal français à désespérer le bois d’Inde [permettant de combattre la syphilis] ;
onde se ne coperse dal capo ai piedi pur troppo bestialmente.
donc il se couvrit de la tête aux pieds, mais si bestialement.
Ne aveva ricamate le mani, smaltata la faccia, ingemmato il collo e coniata la gola, talché pareva composto di musaico.
Il se retrouva avec les mains scarifiées et le visage glacé brodé, le cou et la gorge marqués, de sorte qu’il ressemblait à une mosaïque.
Ed essendo così malconcio, ecco che lo guarda uno di quegli voi mi intendete;
Et étant ici, c’est l’un de ces regards…vous me comprenez ;
e doppo le meraviglie e i conforti, disse:
qui lui dit afin de le consoler :
« Fratello, ella si coglie al nascere, e bisogna che chi può ce la mandi buona.
« Frère, cela vient à la naissance, et nous avons besoin de ceux qui peuvent nous donner du bien.
Ma buon per te, se tu avessi imparato l’arte mia! ».
Mais il eût été préférable pour vous, d’avoir appris mon art. »
« Volesse Cristo », rispose egli, che si faria per questa pelle ch’io ho abotitacento volte al vostro santo Arcolano;
« Plût au Christ !» répondit-il, que pour cette peau, j’ai prié tant de fois notre saint Herculan de Pérouse [Saint Herculan de Pérouse fut mis à mort, écorché et décapité sur les remparts de Pérouse en 547 par le roi Ostrogoth Totila] ;
ma perché non faria un piacere a Dio col pegno, sto come tu vedi ».
mais il ne plaît pas à Dieu, je suis comme tu le vois. »
E nel fin di cotal parabola mi raccomado a la vostra signoria.
Et comme je termine cette parabole, je me recommande à vous, Monseigneur.

Di Venezia, il 24 giugno 1537
Venise, le 24 juin 1537

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Pierre l’Arétin

 


le café GOLDONI – LA BOTTEGA DEL CAFFE GOLDONI ATTO TERZO Scena Sesta- LE CAFE ACTE 3 Scène 6

le Café Goldoni

LA BOTTEGA DEL CAFFE GOLDONI
ATTO TERZO- Scena Sesta
Le Café GOLDONI

ACTE III Scène 6
Traduction – Texte Bilingue
Carlo Osvaldo Goldoni

LITTERATURE ITALIENNE

letteratura italiana

CARLO GOLDONI
1707- 1793

La bottega del caffe goldoni le cafe texte et traduction artgitato

 

Traduction Jacky Lavauzelle

La bottega del caffè

LE CAFE

1750 – 1751

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Carlo_Goldoni_-_1750Carlo_Goldoni_-_1750Carlo_Goldoni_-_1750Carlo_Goldoni_-_1750Carlo_Goldoni_-_1750

ATTO TERZO
ACTE III

Scène 6
Scena Sesta

Ridolfo ed Eugenio.
Ridolfo et Eugenio

RIDOLFO
Se posso, voglio vedere di far del bene anche a questa povera diavola.

Si je peux, j’aiderai cette pauvre chose.
E nello stesso tempo facendola partire con suo marito, la signora Vittoria non avrà più di lei gelosia.
Et en même temps, si elle peut prendre congé avec son mari, Madame Vittoria ne sera plus jalouse.
Già mi ha detto qualche cosa della pellegrina.
Déjà, elle m’a dit des choses sur la pèlerine.

EUGENIO
Voi siete un uomo di buon cuore.

Vous êtes un homme de cœur.
In caso di bisogno, troverete cento amici che s’impegneranno per voi.
En cas de besoin, vous trouverez une centaine d’amis qui s’engageront à vos côtés.

RIDOLFO
Prego il cielo di non aver bisogno di nessuno.
Je prie le ciel de n’avoir besoin de personne.
In tal caso non so che cosa potessi sperare.
Si ça arrivait, je ne sais pas ce que je pourrais espérer.
Al mondo vi è dell’ingratitudine assai.
Dans le monde, il y a beaucoup trop d’ingratitude.

EUGENIO
Di me potrete disporre finch’io viva.

Moi vivant, je suis à votre disposition.

RIDOLFO
La ringrazio infinitamente.

Je vous remercie beaucoup.
Ma badiamo a noi.
Mais prenons soin de nous.
Che pensa ella di fare?
Que pensez-vous faire d’elle ?
Vuol andar in camerino da sua moglie, o vuol farla venire in bottega?
Voulez-vous aller dans le salon où se trouve votre femme, ou voulez-vous la faire venir à la boutique ?
Vuol andar solo? 
Voulez-vous y aller seul ?
Vuole che venga anch’io? 
Faut-il que je vienne ?
Comandi.
Commandez.

EUGENIO
In bottega non istà bene;

Dans le magasin ? Non, je ne trouve pas ça bien ;
se venite anche voi, avrà soggezione.
si vous venez aussi, elle ne sera pas à son aise.
Se vado solo, mi vorrà cavare gli occhi…
Si j’y vais seul, elle m’arrachera les yeux
Non importa;
Peu importe;
ch’ella si sfoghi;
Qu’elle s’emporte;
che poi la collera passerà.
alors la colère passera.
Anderò solo.
Je vais y aller seul.

RIDOLFO
Vada pure col nome del cielo.

Allez-y avec l’aide du ciel.

EUGENIO
Se bisogna, vi chiamerò.

Si besoin, je vous appellerai.

RIDOLFO
Si ricordi che io non servo per testimonio.

Souvenez-vous que je ne souhaite pas servir de témoin.

EUGENIO
Oh, che caro Ridolfo! Vado.

Oh, ce cher Ridolfo !
in atto di incamminarsi
Comme s’il s’éloignait

RIDOLFO
Vai bravo!

Bon courage !

EUGENIO
Che cosa credete che abbia da essere?

Comment pensez-vous que cela se passera ?

RIDOLFO
Bene.

Bien.

EUGENIO
Pianti, o graffiature?

Des pleurs ou bien des griffures ?

RIDOLFO
Un poco di tutto.

Un peu des deux !

EUGENIO
E poi?

Et ensuite ?

RIDOLFO
Ognun dal canto suo cura si prenda.

Chacun prendra sa part.

EUGENIO
Se non chiamo, non venite.

Si je ne vous appelle pas, ne venez pas.

RIDOLFO
Già ci s’intende.

C’est bien entendu

EUGENIO
Vi racconterò tutto.

Je vous raconterai tout ensuite.

RIDOLFO
Via, andate.

Allez ! Partez !

EUGENIO
Grand’uomo è Ridolfo!

Un grand homme que ce Ridolfo !
Gran buon amico!
Un vrai bon ami !

 entra nella bottega interna
il entre à l’intérieur du café

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 Traduction Jacky Lavauzelle
    ARTGITATO
  *****************

la bottega del caffe Goldoni atto terzo Scena Sesta
le café Goldoni acte 3 scène 6
La bottega del caffè
le café Goldoni

le café GOLDONI – LA BOTTEGA DEL CAFFE GOLDONI ATTO TERZO Scena Quinta- LE CAFE ACTE 3 Scène 5

le Café Goldoni

LA BOTTEGA DEL CAFFE GOLDONI
ATTO TERZO- Scena Quinta
Le Café GOLDONI

ACTE III Scène 5
Traduction – Texte Bilingue
Carlo Osvaldo Goldoni

LITTERATURE ITALIENNE

letteratura italiana

CARLO GOLDONI
1707- 1793

La bottega del caffe goldoni le cafe texte et traduction artgitato

 

Traduction Jacky Lavauzelle

La bottega del caffè

LE CAFE

1750 – 1751

*************

Carlo_Goldoni_-_1750Carlo_Goldoni_-_1750Carlo_Goldoni_-_1750Carlo_Goldoni_-_1750Carlo_Goldoni_-_1750

ATTO TERZO
ACTE III

Scène 5
Scena Quinta

Il garzone del barbiere dalla sua bottega e detti.
Le garçon du barbier de la boutique

GARZONE
Le Garçon
Che volete m’esser Ridolfo?
Que voulez-vous Messer Ridolfo ?

RIDOLFO
Dite al vostro padrone che mi faccia il piacere di tener questa pellegrina in bottega per un poco, fino che venga io a ripigliarla.
Dites à votre maître qu’il me fasse le plaisir de prendre cette pèlerine dans son magasin pendant un certain temps, jusqu’à ce que je vienne la reprendre.

GARZONE
Volentieri, venga, venga, padrona, che imparerà a fare la barba.
Volontiers, venez, venez, madame, je vais vous apprendre à raser.
Benché, per pelare, la ne saprà più di noi altri barbieri.
 Bien que, pour raser, vous en savez plus que nous autres barbiers.

 rientra in bottega
il rentre dans la boutique

PLACIDA
Tutto mi convien soffrire per causa di quell’indegno.
Tout ce que je dois souffrir à cause de cet indigne.
Povere donne!
Pauvres femmes !
E’ meglio affogarsi, che maritarsi così.
Il est préférable de se noyer que de se marier ainsi

entra dal barbiere
elle entre dans la boutique

 

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 Traduction Jacky Lavauzelle
    ARTGITATO
  *****************

la bottega del caffe Goldoni atto terzo Scena Quinta
le café Goldoni acte 3 scène 5
La bottega del caffè
le café Goldoni

le café GOLDONI – LA BOTTEGA DEL CAFFE GOLDONI ATTO TERZO Scena Quarta- LE CAFE ACTE 3 Scène 4

le Café Goldoni

LA BOTTEGA DEL CAFFE GOLDONI
ATTO TERZO- Scena Quarta
Le Café GOLDONI
ACTE III Scène 4
Traduction – Texte Bilingue
Carlo Osvaldo Goldoni

LITTERATURE ITALIENNE

letteratura italiana

CARLO GOLDONI
1707- 1793

La bottega del caffe goldoni le cafe texte et traduction artgitato

 

Traduction Jacky Lavauzelle

La bottega del caffè

LE CAFE

1750 – 1751

*************

Carlo_Goldoni_-_1750Carlo_Goldoni_-_1750Carlo_Goldoni_-_1750Carlo_Goldoni_-_1750Carlo_Goldoni_-_1750

ATTO TERZO
ACTE III

Scène 4
Scena Quarta

Ridolfo ed Eugenio e detta.
Ridolfo et Eugenio

RIDOLFO
Eh via, cosa sono queste difficoltà?

Eh là, quelles sont toutes ces difficultés ?
Siamo tutti uomini, tutti soggetti ad errare.
Nous sommes tous des hommes, tous destinés à errer.
Quando l’uomo si pente, la virtù del pentimento cancella tutti il demerito dei mancamenti.
Quand l’homme se repent, la vertu du repentir efface tout le démérite du manquement.

EUGENIO
 Tutto va bene, ma mia moglie non mi crederà più.
Tout va bien, mais ma femme ne me croit plus.

RIDOLFO
Venga con me;

Venez avec moi;
lasci parlare a me.
Laissez-moi lui parler.
La signora Vittoria le vuol bene;
Madame Vittoria vous aime bien ;
tutto si aggiusterà.
tout se passera bien.

PLACIDA
Signor Eugenio?

Monsieur Eugenio ?

RIDOLFO
Il signor Eugenio si contenti di lasciarlo stare.

Monsieur Eugenio, laissez-le tranquille.
Ha altro che fare, che badare a lei.
Il a une autre affaire qui l’occupe aisément.

PLACIDA
Io non pretendo di sviarli da’ suoi interessi.

Je ne prétends pas qu’il se détourne de ses intérêts.
Mi raccomando a tutti nello stato miserabile in cui mi ritrovo.
Je me recommande à tous vu l’état misérable dans lequel je me trouve.

EUGENIO
 Credetemi, Ridolfo, che questa povera donna merita compassione;
Croyez-moi, Ridolfo, cette pauvre femme mérite la compassion;
è onestissima, e suo marito è un briccone.
Elle est très honnête, et son mari est un scélérat.

PLACIDA
Egli mi ha abbandonata in Torino.

Il m’a abandonnée à Turin.
Lo ritrovo in Venezia, tenta uccidermi, ed ora è sulle mosse per fuggirmi nuovamente di mano.
Je le trouve ici à Venise, il essaie de me tuer, et il est maintenant sur le point de fuir à nouveau.

RIDOLFO
Sa ella dove egli sia?

Vous savez où il se trouve ?

PLACIDA
E’ qui in casa della ballerina;

Il est ici dans la maison de la danseuse ;
mette insieme le sue robe e fra poco se ne andrà.
Il rassemble ses affaires et d’ici peu il sortira.

RIDOLFO
 Se andrà via, lo vedrà.
S’il part, vous allez le voir.

PLACIDA
Partirà per la porta di dietro, ed io non lo vedrò, o se sarò scoperta mi ucciderò.

Il partira par la porte arrière, et je ne le verrai pas, s’il me découvre, il me tuera.

RIDOLFO
 Chi ha detto che anderà via per la porta di dietro?
Qui a dit qu’il passera par la porte de derrière ?

PLACIDA
Quel signore che si chiama Don Marzio.

Le monsieur qui s’appelle Don Marzio.

RIDOLFO
La tromba della comunità.

La trompette de la communauté.
Faccia così: 
Ecoutez :
 si ritiri in bottega qui del barbiere;
retirez-vous dans la boutique du barbier ;
stando lì si vede la porticina segreta.
de là  vous verrez la porte secrète.
Subito che lo vede uscire, mi avvisi, e lasci operare me.
Une fois que vous le verrez sortir, avisez-moi, et laissez-moi opérer.

PLACIDA
In quella bottega non mi vorranno.

Dans ce magasin, ils ne voudrons pas de moi.

RIDOLFO
 Ora… Ehi, m’esser Agabito?

Ola !…Eh ! Messer Agabito ?

(chiama)
il appelle

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 Traduction Jacky Lavauzelle
    ARTGITATO
  *****************

la bottega del caffe Goldoni atto terzo Scena Quarta
le café Goldoni acte 3 scène 4
La bottega del caffè
le café Goldoni

le café GOLDONI – LA BOTTEGA DEL CAFFE GOLDONI ATTO TERZO Scena Terza – LE CAFE ACTE 3 Scène 3

le Café Goldoni

LA BOTTEGA DEL CAFFE GOLDONI
ATTO TERZO- Scena Terza
Le Café GOLDONI
ACTE III Scène 3
Traduction – Texte Bilingue
Carlo Osvaldo Goldoni

LITTERATURE ITALIENNE

letteratura italiana

CARLO GOLDONI
1707- 1793

La bottega del caffe goldoni le cafe texte et traduction artgitato

 

Traduction Jacky Lavauzelle

La bottega del caffè

LE CAFE

1750 – 1751

*************

Carlo_Goldoni_-_1750Carlo_Goldoni_-_1750Carlo_Goldoni_-_1750Carlo_Goldoni_-_1750Carlo_Goldoni_-_1750

ATTO TERZO
ACTE III

Scène 3
Scena Terza

Placida dalla locanda e detto.
Placida de l’auberge

PLACIDA
Sì, nasca quel che può nascere, voglio ritrovare quell’indegno di mio marito.
Oui, quoiqu’il en soit, je veux trouver cet homme indigne que j’ai comme mari.

DON MARZIO
Pellegrina, come va?

Pèlerine, comment allez-vous ?

PLACIDA
Voi, se non m’inganno, siete uno di quelli che erano alla tavola con mio marito?

Vous, si je ne me trompe, étiez aussi à table avec mon mari ?

DON MARZIO
Si, son quello delle castagne secche.

Oui, je suis celui qui a des châtaignes sèches.

PLACIDA
Per carità ditemi dove si trova quel traditore.

Pour l’amour du ciel, pouvez-vous me dire où se trouve ce traître ?

DON MARZIO
Io non lo so, e quand’anche lo sapessi, non ve lo direi.
Je ne sais pas, et même si je le savais, je ne dirais rien.

PLACIDA
Per che causa?

Pour quelle raison ?

DON MARZIO
Perché se lo trovate, farete peggio.
Parce que si vous le trouvez, ce sera pire encore.
 Vi ammazzerà.
Il vous tuera.

PLACIDA
Pazienza.

Tant pis.
Avrò terminato almen di penare.
J’en aurai terminé de souffrir.

DON MARZIO
Eh, spropositi!

Oh, bêtises !
Bestialità!
Idiotie !
Ritornate a Torino.
Repartez à Turin.

PLACIDA
Senza mio marito?

Sans mon mari ?

DON MARZIO
Sì; senza vostro marito.

Oui, sans votre mari.
Ormai, che volete fare?
A présent, que vous voulez en faire?
E’ un briccone.
C ‘est un coquin !

PLACIDA
Pazienza!

Tant pis !
 almeno vorrei vederlo.
au moins, j’aimerais le revoir.

DON MARZIO
Oh, non lo vedete più.

Oh, vous ne le verrez plus.

PLACIDA
Per carità, ditemi, se lo sapete;

Pour l’amour du ciel, dites-moi ce que vous savez.
è egli forse partito?
est-il parti ?

DON MARZIO
E’ partito, e non è partito.
Il est parti sans partir.

PLACIDA
Per quel che vedo, V. S. sa qualche cosa di mio marito?

A ce que je vois, Votre Seigneurie sait quelque chose à propos de mon mari ?

DON MARZIO
Io?
Moi ?
So, e non so, ma non parlo.
Je sais et je ne sais pas, mais je ne parle pas !

PLACIDA
Signore, muovetevi a compassione di me.

Seigneur, ayez de la compassion pour moi.

DON MARZIO
Andate a Torino, e non pensate ad altro.

Partez à Turin, et ne pas pensez plus à autre chose.
Tenete, vi dono questi due zecchini.
Tenez, voici ces deux sequins.

PLACIDA
Il Cielo vi rimeriti la vostra carità;
Le Ciel remercie votre bienfaisance;
ma non volete dirmi nulla di mio marito?
mais vous ne voulez-vous pas me dire quelque chose à propos de mon mari ?
Pazienza!
Tant pis !
me ne anderò disperata.
Je pars désespérée.
in atto di partire piangendo
elle mime un départ en pleurant

DON MARZIO
Povera donna!

Pauvre femme !
da sé
à part
Ehi?
Eh ?
la chiama
il l’appelle

PLACIDA
Signore!

Monsieur !

DON MARZIO
Vostro marito è qui in casa della ballerina, che prende la sua roba, e partirà per la porta di dietro.
Votre mari est ici, dans la maison de la danseuse, il prend ses affaires et va sortir par la porte de derrière.
parte
il part

PLACIDA
E’ in Venezia! 

Il est à Venise !
Non è partito!
Il n’est donc pas parti !
E’ in casa della ballerina!
Il est ici dans la maison de la danseuse!
Se avessi qualcheduno che mi assistesse, vorrei di bel nuovo azzardarmi.
Si j’avais quelqu’un pour m’aider, je tenterais bien autre chose.
Ma così sola temo di qualche insulto.
Mais seule, je peux craindre quelques insultes.

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 Traduction Jacky Lavauzelle
    ARTGITATO
  *****************

la bottega del caffe Goldoni atto terzo Scena terza
le café Goldoni acte 3 scène 3

La bottega del caffè
le café Goldoni

le café GOLDONI – LA BOTTEGA DEL CAFFE GOLDONI ATTO TERZO Scena Seconda- LE CAFE ACTE 3 Scène 2

le Café Goldoni

LA BOTTEGA DEL CAFFE GOLDONI
ATTO TERZO- Scena Seconda
Le Café GOLDONI
ACTE III Scène 2
Traduction – Texte Bilingue
Carlo Osvaldo Goldoni

LITTERATURE ITALIENNE

letteratura italiana

CARLO GOLDONI
1707- 1793

La bottega del caffe goldoni le cafe texte et traduction artgitato

 

Traduction Jacky Lavauzelle

La bottega del caffè

LE CAFE

1750 – 1751

*************

Carlo_Goldoni_-_1750Carlo_Goldoni_-_1750Carlo_Goldoni_-_1750Carlo_Goldoni_-_1750Carlo_Goldoni_-_1750

ATTO TERZO
ACTE III

Scène 2
Scena Seconda

Don Marzio che osserva coll’occhialetto, e ride fra sé, e detti.
Don Marzio qui observe avec son lorgnon, et rit de lui-même.

LEANDRO
Non avete meco gittato il tempo.

Non, vous n’avez pas perdu de temps.

LISAURA
Sì, sono stata anch’io a parte de’ vostri indegni profitti.

Oui, j’ai fait aussi partie de vos profits indignes.
Arrossisco in pensarlo;
Je rougis rien que d’y penser ;
andate al diavolo, e non vi accostate più a questa casa.
aller en enfer, et ne vous approchez plus de cette maison.

LEANDRO
Ci verrò a prendere la mia roba.

Je vais prendre mes affaires.

DON MARZIO
ride, e burla di nascosto Leandro

Qui rit, et plaisante sur Leandro

LISAURA
La vostra roba vi sarà consegnata dalla mia serva.

Vos affaires serons livrés par ma femme de chambre.
 entra, e chiude la porta
  elle entre et ferme la porte

LEANDRO
A me un insulto di questa sorta? 

A moi, me faire une insulte de ce genre?
Me la pagherai.
Tu me le paieras !

DON MARZIO
ride, e, voltandosi Leandro, si compone in serietà

Il rit, et, se tournant vers Leandro, redevient grave

LEANDRO
Amico, avete veduto?

Ami, vous avez vu ?

DON MARZIO
Che cosa?

Quoi ?
Vengo in questo punto.
J’arrive juste à l’instant.

LEANDRO
Non avete veduto la ballerina sulla porta?

Vous n’avez pas vu la danseuse à la porte?

DON MARZIO
No, certamente, non l’ho veduta.

Non, vraiment, je ne l’ai pas vue.

LEANDRO
a sé

à part
Manco male!
C’est le moindre mal !

DON MARZIO
Venite qua, parlatemi da galantuomo, confidatevi con me, e state sicuro, che i fatti vostri non si sapranno da chi che sia. 

Venez ici, me parler en homme, mettez votre confiance en moi, et soyez assuré que vos histoires ne seront connus de personne.
Voi siete forestiere, come sono io, ma io ho più pratica del paese di voi.
Vous êtes un étranger, comme moi, mais j’ai plus de pratique dans ce pays que vous.
Se vi occorre protezione, assistenza, consiglio, e sopra tutto segretezza, son qua io.
Si vous avez besoin de protection, assistance ou conseil, et surtout de confidentialité, je suis votre homme.
Fate pur capitale di me.
Faites de moi votre meilleur capital.
Di cuore, con premura, da buon amico; 
Ouvrez votre cœurcomme à un bon ami ;
senza che nessuno sappia niente.
sans que personne ne sache rien.

LEANDRO
Giacché con tanta bontà vi esibite di favorirmi, aprirò a voi tutto il mio cuore, ma per amor del cielo vi raccomando la segretezza.

Puisqu’avec tant de bonté vous m’offrez votre amitié, je vais vous ouvrir tout grand mon cœur, mais pour l’amour du ciel, je recommande le secret absolu.

DON MARZIO
Andiamo avanti.

Allons, je vous écoute.

LEANDRO
Sappiate che la pellegrina è mia moglie.

Sachez que la pèlerine est ma femme !

DON MARZIO
Buono!

Bien !

LEANDRO
Che l’ho abbandonata in Torino.

Que je l’ai abandonnée à Turin.

DON MARZIO
 da sé, guardandolo con l’occhialetto
à lui même en regardant avec ses lunettes
 Oh che briccone!
Oh ! Le coquin !

LEANDRO
Sappiate ch’io non sono altrimenti il conte Leandro.

Sachez que je ne suis pas le comte Leandro.

DON MARZIO
da sé, come sopra
à part, comme ci-dessus

 Meglio.
De mieux en mieux

LEANDRO
I miei natali non sono Nobili.

Ma naissance n’est pas noble.

DON MARZIO
Non sareste già figliuolo di qualche birro?

Vous ne seriez pas le fils d’un quelconque sbire, par hasard ?

LEANDRO
Mi maraviglio, signore;
Je vous demande pardon, monsieur;
son nato povero, ma di gente onorata.
Je suis né pauvre, mais de gens honorables

DON MARZIO
Via, via:
Bien, bien :
tirate avanti.
poursuivez.

LEANDRO
Il mio esercizio era di scritturale..
J’étais comptable

DON MARZIO
Troppa fatica, non è egli vero?

Trop de problèmes, n’est-ce pas ?

LEANDRO
E desiderando vedere il mondo…

Et je désirais tant voir le monde
Son venuto a Venezia…
Je suis venu à Venise …

DON MARZIO
A fare il birbante.

Pour faire le coquin.

LEANDRO
Ma voi mi strapazzate.

Mais vous m’insultez !
Questa non è la maniera di trattare.
Cela ne se fait pas de traiter les gens de cette manière !

DON MARZIO
Sentite:

Écoutez !
io ho promesso proteggervi, e lo farò;
J’ai promis de vous protéger, et je le ferai;
ho promesso segretezza, e la osserverò;
J’ai promis le secret, et je l’observerai;
ma fra voi e me avete da permettermi che possa dirvi qualche cosa amorosamente.
mais de vous à moi, vous devez me laisser vous dire quelque chose amicalement.

LEANDRO
Vedete il caso in cui mi ritrovo;

Vous voyez où je suis ;
se mia moglie mi scopre, sono esposto a qualche disgrazia.
si ma femme me trouve, je m’expose à un malheur.

DON MARZIO
Che pensereste di fare?

Que pensez-vous faire?

LEANDRO
Si potrebbe vedere di far cacciar via di Venezia colei?

On pourrait la chasser de Venise ?

DON MARZIO
Via, via.

Allez
 Si vede che siete un briccone.
Vous voyez que vous êtes un coquin.

LEANDRO
Come parlate, signore?

Comme vous me parlez, monsieur?

DON MARZIO
Fra voi e me, amorosamente.

Entre vous et moi, amicalement.

LEANDRO
Dunque anderò via io;

C’est donc moi qui partirai ;
basta che colei non lo sappia.
je souhaite seulement qu’elle ne le sache pas.

DON MARZIO
Da me non lo saprà certamente.

De moi, elle ne saura rien, certainement.

LEANDRO
Mi consigliate ch’io parta?

Vous me recommandez donc que je parte ?

DON MARZIO
Sì, questo è il miglior ripiego.

Oui, cela semble la meilleure option.
Andate subito:
Partez tout de suite:
prendete una gondola;
Prenez une gondole ;
fatevi condurre a Fusina, prendete le poste, e andatevene a Ferrara.
que l’on vous conduise à Fusina, prenez ensuite la poste, et sortez à Ferrare.

LEANDRO
Anderò questa sera;

Je m’en irai donc ce soir;
già poco manca alla notte.
et c’est déjà la nuit.
Voglio prima levar le mie poche robe, che sono qui in casa della ballerina.
Je veux récupérer les choses qui sont ici dans la maison de la danseuse.

DON MARZIO
Fate presto, e andate via subito.

Faites vite et partez immédiatement.
Non vi fate vedere.
Sans vous faire voir.

LEANDRO
Uscirò per la porta di dietro, per non esser veduto.

Je passerai par la porte arrière, pour ne pas être vu.

DON MARZIO
da sé 
à part
 Lo diceva io;
Je le disais :
  si serve per la porta di dietro.
Il se sert de la porte à l’arrière.

LEANDRO
Sopra tutto vi raccomando la segretezza.

Avant tout, je vous recommande le secret.

DON MARZIO
Di questa siete sicuro.

Vous pouvez être sûr de cela.

LEANDRO
Vi prego d’una grazia, datele questi due zecchini

S’il vous plaît une grâce, donnez-lui ces deux sequins
gli dà due zecchini;
Il lui donne deux sequins
poi mandatela via.
puis qu’elle parte.
Scrivetemi, e torno subito.
Écrivez-moi, et je reviendrai.

DON MARZIO
Le darò i due zecchini.

Je vais lui donner les deux sequins.
Andate via.
Allez-vous-en.

LEANDRO
Ma assicuratevi che ella parta…

Mais assurez-vous qu’elle est partie

DON MARZIO
Andate via, che siate maledetto!

Allez-vous, vous êtes maudit !

LEANDRO
Mi scacciate?

Vous me chassez ?

DON MARZIO
Ve lo dico amorosamente, per vostro bene;
Je vous le dis amicalement, pour votre bien ;
 andate, che il diavolo vi porti.
allez et que le diable vous emporte.

LEANDRO
Oh che razza d’uomo!

Oh quel genre d’homme!
Se strapazza gli amici, che farà poi coi nemici!
S’il malmène ses amis, que doit-il faire à ses ennemis !
va in casa di Lisaura
Il entre dans la maison de Lisaura

DON MARZIO
Il signor Conte! Briccone! Il signor Conte!

Monsieur le Comte ! Ah, le coquin ! Monsieur le Comte !
Se non si fosse raccomandato a me, gli farei romper l’ossa di bastonate.
S’il ne s’était pas recommandé à moi, je lui aurais rompu les os par une bonne bastonnade.

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 Traduction Jacky Lavauzelle
    ARTGITATO
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la bottega del caffe Goldoni atto terzo Scena seconda
le café Goldoni acte 3 scène 2

La bottega del caffè
le café Goldoni