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YEATS – LA TRAVERSEE VERS BYZANCE – II – An aged man is but a paltry thing – Un vieillard n’est pas qu’une chose insignifiante

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YEATS
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William Butler Yeats
Irish poet – Poète Irlandais
English literature English poetry


SAILING TO BYZANTIUM

 

WILLIAM BUTTLER YEATS
1865-1939


LA TRAVERSEE DE BYZANCE
SAILING TO BYZANTIUM
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II
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An aged man is but a paltry thing

Un vieillard n’est pas qu’une chose insignifiante
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An aged man is but a paltry thing,
Un vieillard n’est pas qu’une chose insignifiante,
A tattered coat upon a stick, unless
Un manteau en miette posé sur un bâton, sauf si
Soul clap its hands and sing, and louder sing
L’âme applaudit et chante, et chante plus fort
For every tatter in its mortal dress,
Pour chaque décomposition de sa mortelle tenue,
Nor is there singing school but studying
Il n’y a pas non plus d’école de chant, sauf si elle étudie
Monuments of its own magnificence;
Les monuments de sa propre magnificence ;
And therefore I have sailed the seas and come
Ainsi ai-je décidé de prendre la mer et de venir
To the holy city of Byzantium.
A la sainte cité de Byzance.



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Traduction Jacky Lavauzelle
ARTGITATO
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LA POESIE DE YEATS
VUE
PAR OSCAR WILDE

Les livres de poésie des jeunes écrivains sont d’ordinaire des billets qui ne sont jamais payés.
Néanmoins, on rencontre de temps en temps un volume si supérieur à la moyenne, qu’on résiste à grand’peine à la tentation attrayante de prophétiser étourdîment un bel avenir pour son auteur.
Le livre de M. Yeats : Les Voyages d’Oisin est certainement un de ceux-là.
Ici nous trouvons un noble sujet noblement traité, la délicatesse de l’instinct poétique, et la richesse d’imagination.
Une bonne partie de l’œuvre est inégale, peu soutenue, il faut le reconnaître.
M. Yeats n’essaie pas de dépasser Wordworth en enfance, nous sommes heureux de le dire, mais de temps à autre il réussit à « surpasser Keats en brillant » et il y a, çà et là, dans son livre des choses d’une étrange crudité, des endroits d’une recherche irritante. Mais dans les meilleurs passages, il est excellent.
S’il n’a pas la grandiose simplicité de la facture épique, il a au moins quelque chose de la largeur de vision qui appartient au caractère épique.
Il ne diminue point la stature des grands héros de la mythologie celtique.
Il est très naïf, très primitif et parle de ses géants de l’air d’un enfant.
Voici un passage caractéristique du récit où Oisin revient de l’Île de l’oubli.
  Et je suivis les bords de la mer, où tout est nu et gris,
    sable gris sur le vert des gazons, et sur les arbres imprégnés d’eau,
    qui suintent et penchent du côté de la terre, comme s’ils avaient hâte de partir,
    comme une armée de vieillards soupirant après le repos loin de la
      plainte des mers.
    Les flocons d’écume fuirent longtemps autour de moi ; les vents fuirent loin de l’étendue
    emportant l’oiseau dans leurs plis, et je ne sus point, plongé dans mes
      pensées à l’écart,
    quand ils gelèrent l’étoffe sur mon corps comme une cuirasse fortement rivée,
    Car la Souvenance, dressant sa maigreur, gémit dans les portes de mon cœur,
    jusqu’à ce que chargeant les vents du matin, une odeur de foin fraîchement coupé,
    arriva, mon front s’inclina très bas, et mes larmes tombèrent comme des baies.
    Plus tard ce fut un son, à demi perdu dans le son d’un rivage lointain.
    C’était la grande barnacle qui appelait, et plus tard les bruns vents de la côte.
    Si j’étais comme je fus jadis, les fers d’or écrasant le sable et les coquillages,
venant de la mer, comme le matin avec des lèvres rouges murmurant un chant,
    ne toussant pas, ma tête sur les genoux, et priant, et irrité contre les cloches,
    je ne laisserais à aucun saint sa tête sur son corps, lors même que ses terres seraient grandes et fortes.
     M’éloignant des houles qui s’allumaient, je suivis un sentier de cheval,
    m’étonnant beaucoup de voir de tous côtés, faites de roseaux et de charpentes
    des églises surmontées d’une cloche, et le cairn sacré et la terre sans gardiens,
    et une petite et faible populace courbée, le pic et la bêche à la main.

Dans un ou deux endroits, la mélodie est fautive, la construction est parfois trop embrouillée, et le mot de populace du dernier vers est mal choisi, mais quand tout cela est dit, il est impossible de ne pas sentir dans ces stances la présence du véritable esprit poétique.

Oscar Wilde
Derniers essais de littérature et d’esthétique
Trois Nouveaux Poètes
1913

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SAILING TO BYZANTIUM