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Miguel Araújo : LES MARIS DES AUTRES – Os Maridos Das Outras

 

Música de Portugal
Miguel Araújo

Miguel Araujo portrait retrato image imagem


Os Maridos Das Outras
Les Maris des autres

Tout le monde sait que les hommes sont grossiers
Qu’ils laissent des lits pas faits
Et des choses qui clochent.

Ils sont très peu rusés, très peu rusés.
Tout le monde sait que les hommes sont grossiers.

Tout le monde sait que les hommes sont moches
Ils laissent des discussions en suspens
Et des vêtements à tous les vents.

Et ils tournent autour du pot, ils tournent autour du pot.
Tout le monde sait que les hommes ne sont pas beau

Mais les maris des autres non
Car les maris des autres sont
La perfection personnifiée
La création à son plus haut sommet.

D’aimables créatures, venues tout droit de Soyouz
Qui servent à rendre épanouies les amies de l’épouse.
Et tout ce que les hommes ne sont pas…
Tout ce que les hommes ne sont pas…
Tout ce que les hommes ne sont pas…

Les maris des autres le sont
Les maris des autres le sont.

Tout le monde sait que les hommes sont des hyènes
Ils aiment des musiques que personne n’aime
Et ne nettoient jamais la table, ces nigauds.

Des bêtes remplies de haine, remplies de haine.
Tout le monde sait que les hommes sont des hyènes

Tout le monde sait que les hommes sont des vrais animaux
Qu’ils empestent le mauvais vin
Et qu’ils ne trouvent jamais le chemin.

Na na na na na na, na na na na na.
Tout le monde sait que les hommes sont des vrais animaux

Mais les maris des autres non
Car les maris des autres sont
L’incarnation de la perfection
Le summum de la création.

D’aimables créatures, venues tout droit de Soyouz
Qui servent à rendre épanouies les amies de l’épouse.
Et tout ce que les hommes ne sont pas…
Tout ce que les hommes ne sont pas…
Tout ce que les hommes ne sont pas…

Les maris des autres le sont
Les maris des autres le sont
Les maris des autres le sont.

Traduction Jacky Lavauzelle

Toda a gente sabe que os homens são brutos
Que deixam camas por fazer
E coisas por dizer.

São muito pouco astutos, muito pouco astutos.
Toda a gente sabe que os homens são brutos.

Toda a gente sabe que os homens são feios
Deixam conversas por acabar
E roupa por apanhar.

E vêm com rodeios, vêm com rodeios.
Toda a gente sabe que os homens são feios.

Mas os maridos das outras não
Porque os maridos das outras são
O arquétipo da perfeição
O pináculo da criação.

Dóceis criaturas, de outra espécie qualquer
Que servem para fazer felizes as amigas da mulher.
E tudo os que os homens não…
Tudo que os homens não…
Tudo que os homens não…

MASKEN – OLE PAUS – Les Paroles

 

NORGE
Ole Paus - Paroles Lyrics Chanson Norvégienne NORGE
Masken
OLE PAUS
lyrics

Har du kjent det selv noen gang?
En tomhet i deg selv..
Du kan aldri leve opp til de andre,
du, må ta deg sammen, ikke vis dem hvem du er.
Har du sagt noe om deg selv,
som er mere løgn enn sant?
Til de tror at alt er greit, så de holder opp,
med å granske deg, og planke deg med ord
Alt er helt fint, jeg er helt fin nå
trengte bare litt tid, litt tid for meg selv.
Men se på meg nå, jeg er helt oppriktig.
Men ingen vet vel hva som kan skje.

Har du sett deg selv noen gang?
I speilet står et smil…
Men alt i deg er knust, du er hjelpeløs.
Du vil bare bort, ingen kan forstå.
Har du drømt det selv noen gang,
at du er et annet sted?
Der masken blir tatt bort, og all angst blir støv.
Og så, og for alltid, er du hel.

Alt er helt fint, jeg er helt fin nå
trengte bare litt tid, litt tid for meg selv.
Men se på meg nå, jeg er helt oppriktig.
Men ingen vet vel hva som kan skje.

Går du og venter på en dag,
da smerten viskes ut?
Og du vet at det er løgn, det de sier om deg.
Men du gir blanke i alt
som stenger deg, og stemmene som henger etter deg…

Alt er helt fint, jeg er helt fin nå
trengte bare litt tid, litt tid for meg selv.
Men se på meg nå, jeg er helt oppriktig.
Men ingen vet vel hva som kan skje.                  x2

Le masque                   -Ole Paus-            Paroles

L’avez-vous déjà eue ?
Cette vacuité en vous
Qui vous empêche d’être totalement avec l’autre
Vous qui ne pensez pas être à la hauteur
Vous qui vous reprenez sans cesse
Vous qui vous refusez de vous montrer tels qui vous êtes.
Avez-vous déjà dit quelque chose sur vous-mêmes,
Des mensonges plus gros que vos vérités ?
Pour que tous pensent que tout va bien
pour que tous vous supportent.

 

Maintenant que tout va bien, je suis sereine
J’ai juste besoin d’un peu de temps, un peu de temps pour moi-même.
Maintenant, regarde-moi : je suis totalement sincère.
Mais qui sait ce qui peut arriver ?

Un sourire dans le miroir…
Mais qu’en vous tout est fracassé …

…Brisé, vous voilà alors impuissant.
Personne ne peut comprendre.
Avez-vous rêvé l’espace d’un instant,
Que vous étiez ailleurs ?
Quand le masque tombe et que la peur disparaît
Enfin et à jamais, vous êtes bien
Tout est bien et je suis si bien maintenant
J’ai juste besoin d’un peu de temps, ce temps pour moi-même.
Mais regarde-moi maintenant, je suis tout à fait sincère.
Plus personne ne sait trop bien ce qui peut arriver …
Alors partez et patientez une journée
Pour que la douleur disparaisse ?
Et vous savez que c’est un mensonge, ce qu’ils disent de vous.
Et vous vous en foutez !
Tout est très bien, je suis tout à fait bien maintenant
juste besoin d’un peu de temps, un peu de temps pour moi-même.
Mais regarde-moi maintenant, je suis tout à fait sincère.
Mais personne ne sait ce qui peut arriver. x2

Oversettelse – Traduction Jacky Lavauzelle

SAG MIR, WO DIE BLUMEN SIND Où sont les fleurs ? Dis-moi (traduction Lyrics) Marlene DIETRICH

Sag mir, wo die Blumen sind
Où sont les fleurs ? Dis-moiMarlene Dietrich Sag mir Wo die Blumen SindMarlène Dietrich
Hannes Wader – Joan Baez – City

 

Où sont les fleurs ? Dis-moi 
Maintenant où sont-elles ?
Dis-moi où sont-elles allées ?
Que s’est-il passé ?
Où sont les fleurs ? Dis-moi 
Les filles les ont cueillies déjà
Le saurons-nous un jour ?
Le saurons-nous un jour ?

Où sont les filles ? Dis-moi
Maintenant où sont-elles ?
Dis-moi où sont-elles allées ?
Que s’est-il passé ?
Où sont les filles ? Dis-moi
Les hommes les ont cueillies déjà
Le saurons-nous un jour ?
Le saurons-nous un jour ?

Où sont les hommes ? Dis-moi
Maintenant où sont-ils ?
Dis-moi où sont-ils allés ?
Que s’est-il passé ?
Où sont les hommes ? Dis-moi
La guerre s’entend au loin déjà
Le saurons-nous un jour ?
Le saurons-nous un jour ?

Où sont les soldats ? Dis-moi
Maintenant où sont-ils ?
Dis-moi où sont-ils allés ?
Que s’est-il passé ?
Où sont les soldats ? Dis-moi
Le vent lèche les tombes déjà
Le saurons-nous un jour ?
Le saurons-nous un jour ?

Où sont les tombes ? Dis-moi
Maintenant où sont-elles ?
Dis-moi où sont-elles allées ?
Que s’est-il passé ?
Où sont les tombes ? Dis-moi
Les fleurs explosent dans la brise de l’été déjà
Le saurons-nous un jour ?
Le saurons-nous un jour ?

Le saurons-nous un jour ?
Nous ne le saurons peut-être jamais !

 Traduction Jacky Lavauzelle

 Sag mir wo die Blumen sind
 Wo sind sie geblieben
 Sag mir wo die Blumen sind
 Was ist geschehen
 Sag mir wo die Blumen sind
 Mädchen pflückten sie geschwind
 Wann wird man je verstehn
 Wann wird man je verstehn 

Sag mir wo die Mädchen sind
 Wo sind sie geblieben
 Sag mir wo die Mädchen sind
 Was ist geschehen
 Sag mir wo die Mädchen sind
 Männer nahmen sie geschwind
 Wann wird man je verstehn
 Wann wird man je verstehn

 Sag mir wo die Männer sind
 Wo sind sie geblieben
 Sag mir wo die Männer sind
 Was ist geschehen
 Sag mir wo die Männer sind
 Zogen fort der Krieg beginnt
 Wann wird man je verstehn
 Wann wird man je verstehn

 Sag wo die Soldaten sind
 Wo sind sie geblieben
 Sag wo die Soldaten sind
 Was ist geschehen
 Sag wo die Soldaten sind
 Über Gräbern weht der Wind
 Wann wird man je verstehn
 Wann wird man je verstehn

 Sag mir wo die Gräber sind
 Wo sind sie geblieben
 Sag mir wo die Gräber sind
 Was ist geschehen
 Sag mir wo die Gräber sind
 Blumen blüh’n im Sommerwind
 Wann wird man je verstehn
 Wann wird man je verstehn

 Sag mir wo die Blumen sind
 Wo sind sie geblieben
 Sag mir wo die Blumen sind
 Was ist geschehen
 Sag mir wo die Blumen sind
 Mädchen pflückten sie geschwind
 Wann wird man je verstehn
 Wann wird man je verstehn

 Wann wird man je verstehn
 Ach wird man je verstehn

 

B Okoudjava & V Kikabidze : LES PEPINS DE RAISIN – Виноградную косточку

Boulat  Okoudjava – Булат Окуджава Vakhtang Kikabidze – Вахтанг Кикабидзе

Les pépins de raisinBoulat Okoudjava Vakhtang Kikabidze

Виноградная косточка
 LES PEPINS DE RAISIN
J
’enterre les pépins de raisin dans cette terre chaude
Et j’embrasse les vignes et je chéris les raisins mûrs Et j’appelle tous mes amis à se réunir dans mon cœur Sinon pourquoi vivre éternellement ?

 Rassemblez les invités pour une immense fête Et dites-moi bien en face, que vous Le Roi des cieux me pardonnez mes péchés Sinon, pourquoi vivre éternellement ?

 En rouge si foncé, c’est la femme qui chante En noir, en blanc, ce sont les têtes qui ploient M’entendez-vous, je vais mourir d’amour et de douleurs Sinon, pourquoi vivre éternellement ?

 Et quand le couché de soleil tombe, les mouches dans les coins Il laisse encore passer devant moi éveillé Buffle blanc, aigle bleu, truite dorée Sinon, pourquoi vivre éternellement ?

traduction Jacky Lavauzelle

Вахтанг Кикабидзе – « Виноградная косточка » (2010)

Виноградную косточку в теплую землю зарою,

И лозу поцелую, и спелые гроздья сорву,

И друзей созову, на любовь свое сердце настрою…

А иначе зачем на земле этой вечной живу?

 

Собирайтесь-ка, гости мои, на мое угощенье,

Говорите мне прямо в лицо, кем пред вами слыву,

Царь небесный пошлет мне прощение за прегрешенья…

А иначе зачем на земле этой вечной живу?

 

В темно-красном своем будет петь для меня моя дали,

В черно-белом своем преклоню перед нею главу,

И заслушаюсь я, и умру от любви и печали…

А иначе зачем на земле этой вечной живу?

 

И когда заклубится закат, по углам залетая,

Пусть опять и опять предо мной проплывут наяву

 Белый буйвол, и синий орел, и форель золотая…

А иначе зачем на земле этой вечной живу?

PLAUTE – MOSTELLARIA – LE REVENANT (pièce en 5 actes)

PLAUTE

 LE REVENANT – MOSTALLERIA
vers 190 av. J.-C.





Plautus Plaute Artgitato Mostellaria Le Revenant

Traduction Jacky Lavauzelle

ACTE I
Scène 1

GRUMIO – GRUMION
Fermier de la Maison Theuropide
à la porte de la maison de Theuropide

Exi e culina, sis, foras, mastigia,

Sors de ta cuisine, canaille !

Qui mi inter patinas exhibes argutias.

 Qui fait le beau au milieu des casseroles.

 Egredere, erilis permities, ex aedibus.

Sors ! Fléau de ton maître !

Ego, pol,  te ruri, si vivam, ulciscar probe.

 Moi, par Pollux, si je vis, je me vengerai à la ferme !

Exi, inquam, nidor, e culina. quid lates?                  



Sors, te dis-je, des odeurs de ta cuisine ! Que caches-tu donc ?

                                                                                                                              

TRANIO – TRANION
Servant-Esclave- de la maison de Theuropide
Il sort

Quid tibi, malum, hic ante aedis clamitatiost?

 Qu’est-ce que tu as à crier devant notre maison ?

An ruri censes te esse? abscede ab aedibus.

Où crois-tu être ? Fous le camp !

Abi rus, abi,  dierecte, abscede ab janua.

Retourne aux champs !, allez ! Crétin ! Pars !

Hem, hocine volebas?

Tiens ! C’est ça ce que tu veux ?
(il le frappe)

 

GRUMION

Perii ! Cur me verberas?

Aïe ! Je meurs ! Pourquoi me frappes-tu ?

 

TRANION

Quia, tu, vis.

Parce que tu vis encore !

 

GRUMION

Patiar ! Sine modo adveniat senex

Je souffre ! Quand notre vieux maître rentrera



Sine modo venire salvom, quem absentem comes.

Sain et sauf, il verra que tu le dévores pendant son absence !

 

TRANION

 Nec veri simile loquere, nec verum, frutex,

Qu’est-ce que tu racontes ? Frustre ! C’est n’importe quoi !

 Comesse quemquam ut quisquam absentem possiet.

On ne dévore pas quelqu’un qui n’est pas là !



 

GRUMION

Tu urbanus vero scurra, deliciae popli,             

Toi, qui fait le beau, le  sophistiqué de la ville !

Rus mihi tu objectas? sane hoc, credo, Tranio,

Tu te crois supérieur aux paysans ? Tu crois vraiment, Tranion,

Quod te in pistrinum scis actutum tradier.

Tu seras un jour envoyé au moulin !

Cis, hercle, paucas tempestates, Tranio,

Par Hercule ! Dans peu de temps, Tranion,

Augebis ruri numerum, genus ferratile.

Tu rejoindras la populace des champs !

Nunc, dum tibi lubet licetque, pota, perde rem,    

Maintenant,  fais à ta guise, puisque tu veux tout perdre ainsi

Corrumpe herilem filium, adulescentem optumum.

Détruis le fils de notre maître, cet adolescent si prometteur !

Dies noctesque bibite, pergraecamini,

Jours et nuits, vous buvez, vous vivez à la grecque !

Amicas emite, liberate, pascite

Achetez des filles, puis les affranchir, vous gavez

Parasitos, obsonate pollucibiliter.

Les parasites, videz les marchés pour vos orgies !



Haeccine mandavit tibi, quom peregre hinc iit, senex?    

Est-ce ce ça qu’a demandé, avant de partir, notre vieux maître ?

Hoccine modo hic rem, curatam obfendet suam?

Est-ce ainsi qu’il entend que ses biens soient gérés ?

Hoccine boni esse opficium servi existumas,

Est-ce ainsi que l’on sert bien les intérêts de son maître ?

 Ut heri sui conrumpat et rem et filium?

En corrompant ainsi et la fortune et le fils ?

Nam ego illum conruptum duco, quom his factis studet;

Il est désormais corrompu, avec ce qu’il a fait !

Quo nemo adaeque juventute ex omni Attica                

Lui qui n’avait pas son pareil dans toute la jeunesse d’Attique

Antehac est habitus parcus, nec magis continens ;

Jusqu’à présent  qui avait l’habitude d’être économe

Is nunc in aliam partem palmam possidet.

Et qui maintenant c’est dans une autre partie qu’il obtient la palme.

Virtute id factum tua et magisterio tuo.

Et c’est grâce à tes actions et à tes leçons !

 

TRANION

Quid tibi, malum, me aut quid ego agam curatio’st ?

Qu’est-ce que tu as, malheureux, à être curieux ainsi de ce que je fais ?

An ruri quaeso non sunt, quos cures, bovis?                

Ne peux-tu donc pas t’occuper à soigner tes bœufs ?

Lubet potare, amare, scorta ducere.

Et s’il me plaît à moi de boire, d’aimer, et d’être escorter par de belles et jolies filles.

Mei tergi facio haec, non tui, fiducia.

C’est mon dos qui répondra de tout ça, non le tien, fais-moi confiance.

 

GRUMION

Quam confidenter loquitur ! Fue !

Comme tu parles hardiment ! Fi !



 

TRANION
(soudain écœuré, recule)

 At te Jupiter

Que Jupiter,

Dique omneis perduint, fu, oboluisti,  allium.

Et tous les Dieux réunis t’anéantissent, ce que tu pues l’ail !

Germana inluvies, rusticus, hircus, hara suis

Misérable, rustre, bouc, porcherie ambulante !

Canes capro conmista.

Mélange de chien et de bouc !

 

GRUMION

Quid tu vis fieri?

Et alors que veux-tu que j’y fasse ?

Non omneis possunt olere unguenta exotica,

Tout le monde ne peut pas sentir l’odeur des parfums exotiques,

Si tu oles, neque superior adcumbere,

Comme toi, ni occuper la meilleure place à table

Neque tam facetis, quam tu vivis,  victibus.

Ni être aussi spirituel quand tous les aliments à disposition.

Tu tibi istos habeas turtures, pisceis, aveis :          

Tu peux garder tes tourterelles, tes poissons et tes volailles :

Sine me alliato fungi fortunas meas.

Laisse-moi mon ail et vivre ma vie !

Tu fortunatus, ego miser : patiunda sunt.

Tu es un homme heureux et moi un misérable : c’est ainsi.

Meum bonum me, te tuum maneat malum.         

Mais à moi les bonnes choses à venir, et pour toi de grands malheurs.

 

TRANION





Quasi invidere mihi hoc videre, Grumio,         

Mais tu désires vivre comme moi, Grumion,

Quia mihi bene est, et tibi male est ; dignissumum’st.

Pour moi la vie est facile, et toi tu vis chichement.

Decet me amare, et te bubulcitarier ;

Je suis fait pour aimer, et toi conduire les bœufs ;

Me victitare polchre, et te miseris modis.

A moi de vivre agréablement, et à toi de vivre misérablement.

 

GRUMION

O carnuficium cribrum, quod credo fore :

Par mille tortures ! Je crois que ce sera l’inverse :

Ita te forabunt patibulatum per vias

Ils te traîneront dans les rues, le carcan sur ton dos

 Stimulis, si huc reveniat senex.

En te piquant, si notre vieux maître revient.

 

TRANION

Qui scis  an tibi istuc prius evenat quam mihi ?

Comment sais-tu tout ce qui nous arrivera ?

 

GRUMION

Quia numquam merui, tu meruisti et nunc meres.

Parce que je ne le mérite pas et que toi tu l’as mérité et que tu le mérites aussi maintenant.

 

TRANION

Orationis operam compendi face,

Abrège ton discours,

Nisi te mala re magna mactari cupis.

Sauf si tu souhaites une plus grande correction.

 

GRUMION

Ervom daturin’ estis, bubus quod feram?

Est-ce vous qui donnerez le fourrage qu’attendent mes bœufs ?

Date aes, si non estis : agite, porro, pergite

Donnez-moi de l’argent, si vous n’en êtes pas capable : eh bien ! en avant ! continuez !

Quomodo obcoepistis : bibite, pergraecamini,

Comme vous avez commencé : buvez, vivez comme des grecs

Este, ecfercite vos, saginam caedite.     

Bouffez, saoulez-vous, tuez ce qui est gras.               

 

TRANION





Tace, atque rus abi : ego ire in Piraeum volo,

Tais-toi ! Rentre dans ta campagne ! Je veux aller au Pirée

In vesperum parare piscatum mihi.

Acheter du poisson pour ce soir.

Ervom tibi aliquis cras faxo ad villam adferat.

Quelqu’un demain t’apportera du fourrage.

Quid est? quid tu me nunc obtuere, furcifer?

Qu’est-ce que c’est ? Pourquoi me regardes-tu ainsi, maraud ?

 

GRUMION

Pol, tibi istuc credo nomen actutum fore.    

Par Pollux ! Je crois que ce sera bientôt le nom que tu porteras.

 

TRANION

Dum interea sic sit, istuc actutum sino.

Pourvu que je jouisse maintenant, ce bientôt m’est égal.

 

GRUMION

Ita est : sed unum hoc scito, nimio celerius

Qu’il en soit ainsi : mais sache seulement ceci

Veniet quod molestum’st,  quam id quod cupide petas.

Les ennuis arrivent souvent plus vite que ce nous désirons ardemment..

 

TRANION

Molestus ne sis : nunc jam i rus, teque amove.

Tu m’ennuies. Retourne aux champs et laisse-moi respirer.

Ne tu erres, hercle,  praeterhac mihi non facies moram.

Crois-moi, par Hercule, que je me retiens encore un instant.

 

GRUMION
(enfin seul)

Satin’ abiit, neque quod dixi flocci existumat !

Il est parti, sans tenir compte de ce que j’ai dit !

Pro Di inmortaleis, obsecro vostram fidem ;

Par les Dieux Immortels, je demande votre aide ;

Facite huc ut redeat noster quamprimum senex,

Faîtes donc que notre vieux maître,

Triennium qui jam hinc abest, priusquam omnia

Après trois longues années, revienne bientôt

Periere, et aedis, et ager : qui nisi huc redit,       

Terres et maisons : que tout cela  ne soit pas encore dévoré   



Paucorum mensium sunt relictae reliquiae.

S’il ne revient pas dans les mois à venir,  il n’en restera que des reliques

Nunc rus abibo : nam eccum herilem filium

Maintenant je rentre à la ferme : voici le fils de mon maître

Video  corruptum heic ex adulescente optumo.

Que je vois aujourd’hui corrompu, lui, autrefois, si droit.

 

ACTE I
Scène 2

PHILOLACHES
(Fils du maître Theuropide & amant de Philématie)

 

 

Recordatus multum et diu cogitavi

J’ai beaucoup et longtemps réfléchi

Argumentaque in pectus multa institui

J’ai pris le temps du raisonnement

Ego, atque in meo corde, si est quod mihi cor,

Moi, j’ai questionné mon cœur, si tant est que j’en possède un,

Eam rem volutavi et diu disputavi,

J’ai examiné et j’ai cherché

Hominem quojus rei, quando gnatus esset,

L’homme qui vient de naître, à quoi puis-je le comparer ?

Similem esse arbitrarer simulacrumque habere.

Il ressemble en fait à un bâtiment neuf.

Id reperi jam exemplum.  

J’ai trouvé cette comparaison intéressante ;

Novarum aedium esse arbitror similem ego hominem,

J’aime cette similitude entre le bâtiment et l’homme,

Quando hic gnatus est : ei rei argumenta dicam,

Quand celui-ci vient de naître : vous serez persuadé bientôt de ce que je dis,

Aque hoc haud videtur veri simile vobis :

Et je tiens à vous démontrer ce que j’avance :

At ego id faciam esse ita ut credatis.

Une fois que je vous aurez entendu, vous me croirez.

Profecto ita esse, ut praedico, vera vincam.

Vous serez d’accord avec moi

Atque hoc vosmetipsi, scio,

Vous aussi, j’en suis certain

Proinde uti nunc ego esse autumo, quando

Serez persuadé de la justesse de ma pensée. Quand



Dicta audietis mea, haud aliter id dicetis.

Vous entendrez mes paroles, pas moins vous raconterez.

Auscultate, argumenta dum dico ad hanc rem :

Ecoutez, les arguments que j’expose dans cette affaire;

Simul gnarureis vos volo esse hanc rem mecum.     

Que vous voyiez les choses telles que je les voie.

Aedeis quom extemplo sunt paratae, expolitae,

Le bâtiment est enfin prêt, habitable,                        

Factae probe, examussim,

Bien fait selon les règles de l’art,

Laudant fabrum, atque aedeis probant.

On approuve l’ouvrage et on le couvre de louange.

Inde exemplum expetunt sibi quisque simile,

Si bien que tous veulent en avoir un similaire,

Suo usque sumtu : operae ne parcunt suae.

Quel qu’en soit le prix : rien n’est épargné.

Atque ubi illo immigrat nequam homo, indiligensque,                      

Ensuite qu’arrive un homme sans morale, négligent

Cum pigra familia, immundus, instrenuus,

Avec des esclaves à son image, impurs, sans âme

Heic jam aedibus vitium additur,

A quoi s’ajoutent la négligence et la saleté,

Bonae quom curantur male.

Le bâtiment se détériore de si peu d’entretien.

Atque illud saepe fit, tempestas venit,

Et d’ailleurs, ce qui est souvent le cas, une tempête survient,

Confringit tegulas imbricesque : ibi

Cassant les tuiles de la toiture

Dominus indiligens reddere alias nevolt.

Le maître négligent  n’en remet pas d’autres.

Venit imber, lavit parietes, perpluunt,

La pluie tombe, lave les murs,

Tigna, putrefacit, aer operam fabri.

Les poutres  se putréfient, l’air les pourrit.

Nequior factus jam est usus aedium ;

Il en est fini des beaux travaux de l’architecte

Atque haud est fabri culpa ; sed magna pars

Ce n’est pas la faute de l’architecte ; mais une grande partie

Moram hanc induxerunt, si quid numo sarciri potest,    

Des gens reportent à plus tard, des travaux qui ne coûteraient pas si cher au départ

Usque mantant, neque id faciunt, donicum

Ils attendent et ne font rien

Parietes ruunt: aedificantur aedeis totae denuo.

Les murs sont en ruines : il faut détruire l’édifice et tout rebâtir.

Haec argumenta ego aedificiis dixi : nunc etiam volo

Voici mon argumentation sur les édifices : maintenant je souhaite

Dicere, ut homines aedium esse simileis arbitremini,

Montrer les similitudes entre les gens de sa maison et le bâtiment,

Primumdum, parenteis fabri liberum sunt,     

Premièrement, les parents fabriquent en quelque sorte les enfants,

Et fundamentum, substruunt, liberorum,

Les fondations, la  base,  de leurs enfants,

Extollunt, parant sedulo in firmitatem,

Ils accordent une attention particulière à la solidité de celle-ci,

Ut et in usum boni, et in speciem populo

Et afin qu’ils aient une réelle utilité, et une belle apparence

Sint ; sibique aut materiae non parcunt,

Tous les matériaux sont choisis avec soin,

Nec sumtus sibi sumtui esse ducunt ;         

Aucune dépense n’est jugée extravagante

Expoliunt, docent literas, iura, leges,

Pour les perfectionner, enseigner les lettres, les droits, les lois,

Sumtu suo et labore nituntur, ut

Tous les frais, tout le travail, pour s’efforcer

Alii sibi esse illorum simileis expetant.

Que les autres en souhaitent de semblables.

Ad legionem quom itant, adminiculum eis danunt

Et puis, quand ils partent à la légion, ils se font accompagner

Tum jam aliquem congnatum suum.                               

Par quelqu’un de la famille.

Eatenus abeunt a fabris.

A partir de maintenant l’ouvrier n’est plus maître de son ouvrage.

Unum ubi emeritum ‘st stipendium, igitur tum

Arrive la première campagne militaire, alors

Specimen cernitur, quo eveniat aedificatio.

On juge le spécimen et ce que l’édifice deviendra.

Nam ego ad illud frugi usque et probus fui,

Moi jusqu’à présent, j’étais un honnête homme,

In fabrorum potestate dum fui.

Tant que je restai dans les mains de l’ouvrier.

Posteaquam immigravi in ingenium in meum,          

Plus tard, quand je fus livré à moi-même

Perdidi operam fabrorum inlico oppido.

J’ai perdu ce qu’avait construit l’architecte, immédiatement

Venit ingnavia, ea mihi tempestas fuit,

Je me suis glissé dans la facilité, la tempête sur ma tête,

Ea mihi adventu suo grandinem imbremque adtulit ;

Et a apporté avec elle la grêle ;

Haec verecundiam mihi et virtutis modum

Ainsi, se sont détruits et ma vertu et mes principes

Deturbavit,  texit detexique a me inlico ;                      

J’étais à découvert immédiatement ;

Postilla obtegere eam neglegens fui :

Plus tard, j’ai été négligeant :

Continuo pro imbre amor advenit in cor meum.

L’amour, soudainement, est tombé sur mon cœur comme la pluie sur mon corps.

Is usque in pectus permanavit, permadefecit

Il m’a recouvert la poitrine et m’a pénétré profondément

Cor meum : nunc simul res, fides,  virtus,

Jusqu’au cœur ; maintenant ma raison, ma foi et ma vertu,

Decusque deseruerunt : ego sum in usu

M’ont déserté : je ne suis plus bon à rien

Factus nimio nequior :  atque edepol, ita,

Bien pire encore : pour cet édifice,

Haec tigna humide putent: non videor mihi

Ces poutres humides sont si pourries, que je ne suis plus

Sarcire posse aedeis meas, quin totae

En mesure de réparer la maison dans sa totalité

Perpetuae ruant, quin cum fundamento

L’humidité pénétrant, jusque dans ses fondations

Perierint, nec quisquam esse auxilio queat.

Et périssant, sans que quiconque puisse le sauver.

Cor dolet, quom scio ut nunc sum, atque ut fui :

Mon cœur est douloureux, quand je vois ce que maintenant je suis devenu, et ce que je fus :

Quo neque industrior de iuventute erat             

Lorsque parmi toute cette jeunesse            

Arte gymnastica, disco, hastis, pila,

Dans l’art de la gymnastique, du disque, de la lance, du javelot,

Cursu, armis, equo : victitabam volupe :

De la course, du maniement des armes, de l’équitation :

Parsimonia et duritia discipulinae aliis eram,

Je servais d’exemple pour que les autres endurent ces dures disciplines et la fatigue,

Optumi quique expetebant a me doctrinam sibi.   

Les leaders cherchaient à suivre ma doctrine.      

Nunc, postquam nihili sum, id vero meopte ingenio reperi.

Maintenant, je suis plus rien, et c’est moi qui en suis responsable.

ACTE I

Scène 3

 PHILOLACHES

SCAPHA  (« Ancilla », vieille courtisane au service de Philématie)

PHILEMATIUM – PHILEMATIE (Courtisane affranchie par Philolachès et amante de Philématie)

PHILEMATIE

Jampridem, ecastor, frigida non lavi magis lubenter,

Il y a bien longtemps, par Castor, que je n’ai eu autant de plaisir de me laver à l’eau froide,

Nec quom me melius, mea Scapha, rear esse defoecatam.

 Ni ne m’être, ma chère Scapa, aussi bien lavée.

SCAPHA

 Eventus rebus omnibus, velut horno messis magna

C’est le résultat de toutes choses, comme la moisson de cette année

Fuit.

Fut belle.

PHILEMATIE

Quid ea messis adtinet ad meam lavationem ? 

Quel est le rapport entre la moisson et mon bain ?

SCAPHA

Nihilo plus,  quam lavatio tua ad messim.

Rien de plus que ton bain avec la moisson.              

PHILOLACHES

(Elle voit Philématie – à part)

O Venus venusta !

Ô belle Vénus,

Haec illa est tempestas mea, mihi quae modestiam omnem

 Voici ma tempête, qui a modestement mis à nu

 Detexit, tectus qua fui, quam Amor et Cupido

 Ma couverture ; que l’Amour et Cupidon

In pectus perpluit meum, neque jam umquam optegere possum.

En mon sein, ruissellent, que déjà maintenant je ne puis plus me protéger.

Madent jam in corde parietes : periere hae oppido aedeis.             

Les murs déjà dans le cœur sont détrempés : l’édifice de la maison est en ruine.

 

PHILEMATIE

Contempla, amabo, mea Scapha, satin’ haec me vestis deceat ?

 Contemple, je t’en prie, ma chère Scapha, cette robe me met-elle en valeur ?

 Volo me placere Philolachi, meo ocello, meo patrono.

 Je veux plaire à Philolachès, ma prunelle de mes yeux, mon patron.

 

SCAPHA

Quin tu te exornas moribus lepidis, quom lepida tota es?

 Pourquoi se parer de si beaux ornements, plutôt que d’être soi-même?

 Non vestem amatores mulieris amant, sed vestis fartum.

 Les amants aiment moins le vêtement, que ce qui le remplit.

PHILOLACHES
(à part)

Ita me di ament, lepida est Scapha !  sapit scelesta multum.   

 Par les dieux qui me protègent ! Quelle Scapha ! La coquine a bien du bons sens.

 Ut lepide res omneis tenet, sententiasque amantum !

 Elle connaît toutes les manières et les opinions des amants !

 

PHILEMATIE

Quid nunc?

 Que faire maintenant ?

 

SCAPHA

Quid est?

Qu’est-ce ?

 PHILEMATIE

Quin me adspice et contempla, ut haec me decet.

Regarde et contemple, comme elle me va bien !

 

SCAPHA

Virtute formae id evenit, te ut deceat quidquid habeas.

 Avec de si belles formes, tout te va bien.

 

PHILOLACHES
(Toujours à part)

Ergo hoc ob verbum te, Scapha, donabo ego perfecto hodie aliquî :

 Pour ces bons mots, Scapha, je te ferai don d’un cadeau aujourd’hui :

 Neque patiar te istanc gratiis laudasse, quae placet mihi.  

 Je ne peux pas laisser sans récompense cet éloge à ma belle, qui me plaît.                 

   

PHILEMATIE

Nolo ego te adsentari mihi.

Je ne veux pas que tu me flattes.

 

SCAPHA

Nimis tu quidem stulta es mulier.

 Tu es bien bête !

 Eho mavis vituperari falso, quam vero extolli ?

 Préfères-tu des mensonges, plutôt que des vérités ?

 Equidem, pol, vel falso tamen laudari multo malo,

 En effet, par Pollux, je préfère encore à tort être louée,

 Quam vero culpari, aut alios meam speciem inridere.

 Qu’être justement critiquée,  et que l’on se moque de mon apparence.   

                     

PHILEMATIE

Ego verum amo, verum volo dici mihi, mendacem odi. 

 J’aime la vérité, je veux que la vérité me soit dite, j’ai le mensonge en horreur.

 

 SCAPHA

Ita tu me ames, ita Philolaches tuus te amet, ut venusta es.

 De cette façon, par l’amitié que tu me portes, par l’amour que Philolachès te porte, tu es charmante.

 

 PHILOLACHES

Quid ais, scelesta? Quomodo adjurasti ? Ita ego istam amarem !

 Que dis-tu, méchante ? Qu’as-tu dis ? Par amour pour elle !

 Quid istaec me, id cur non additum ‘st? infecta dona facio.

 Et son amour pour moi, pourquoi vous ne l’as-tu pas ajouté? Je reprends mes cadeaux.

 Periisti ! Quod promiseram, tibi donum, perdidisti.                      

 Perdus ! Ce que je t’avais promis comme cadeaux, tu viens de les perdre.

 

 SCAPHA

Equidem, pol, miror tam catam, tam doctam te, et bene eductam,

En effet, par Pollux, je suis surprise, toi avec autant d’intelligence, et bien éduquée,

Non stultam, stulte facere. 

Qui n’es pas sotte, te conduises comme une sotte.

 

PHILEMATIE

Quin mone, quaeso, si quid erro.

 En outre, dis-moi, je te prie, pourquoi suis-je dans l’erreur.

 

SCAPHA

Tu, ecastor, erras, quae quidem illum exspectes unum, atque illi

 Toi, par ma foi, tu as tort, de ne penser exclusivement qu’à lui, de n’attendre que lui

Morem praecipue sic geras, atque alios asperneris.

Et de négliger les autres, jusqu’à les rejeter.

Matronae, non meretricium ‘st unum inservire amantem.              

Beaucoup de femmes, qui ne se sont pas des courtisanes,  ne sont pas au service d’un seul amant.

 

PHILOLACHES

Pro Juppiter ! Nam quod malum versatur meae domi illud?

Par Jupiter !  Le mal est au cœur de la maison ?

Di deaeque me omnes pessumis exemplis interficiant,

Que les dieux et les déesses, me foudroient,

Nisi ego illam anum interfecero siti fameque atque algu.

Si je ne lui fais pas son compte  à la vieille grue par la soif, la faim ou le froid.

 

PHILEMATIE

 Nolo ego mihi male te, Scapha, praecipere. 

Ne me montre pas de mauvais commandements, Scapha.

 

SCAPHA

Stulta es plane, quae

 Tu es complètement stupide,

Illum tibi aeternum putes fore amicum et benevolentem.  

 De penser qu’il restera pour toujours ton ami bienveillant.  

 Moneo ego te : te deseret ille aetate et satietate.
Je te préviens :  il t’abandonnera avec le temps et l’abondance.

PHILEMATIE

Non spero.
J’espère que non.

SCAPHA

Insperata adcidunt magis saepe quam quae speres.
L’inattendu se produit plus souvent que ce que l’on attendait.

Postremo, si dictis nequis perduci, ut vera haec credas,
Enfin, si mes mots ne te persuadent pas, pour voir la vérité,

Mea dicta ex factis gnosce : rem vides, quae sim, et quae fui ante.
Mes mots ne te renseignent en rien : regarde les choses, comme je suis et comme je fus auparavant.

Nihilo ego quam nunc tu, amata sum, atque uni modo gessi morem,
Je n’étais pas différente de toi maintenant, j’étais aimée, par un seul amant,

Qui, pol, me, ubi aetate hoc caput colorem commutavit,
Lui, par Pollux, dès que sa couleur de cheveux changea,

Reliquit, deseruitque me : tibi idem futurum crede.
Me laissa tomber : je crois que la même chose va t’arriver.

PHILOLACHES

Vix comprimor, quin involem illi in oculos stimulatrici.
Je peine à me retenir ! Mais mes ongles aimeraient arracher les yeux de ce phénomène.

PHILEMATIE

Solam illi me soli censeo esse oportere obsequentem.
C’est à lui seul, que je suis sensée obéir.

Solam ille me soli sibi suo liberavit.
Seulement lui m’a affranchie.

PHILOLACHES

Pro di immortaleis, mulierem lepidam, et pudico ingenio !
Par les dieux immortels, la modeste femme, ce chaste génie !

Bene, hercle,  factum, et gaudeo mihi nihil esse hujus causa.
Je suis heureux, par Hercule,  et je me réjouis avoir tout donné pour une si belle cause.

 

SCAPHA

 Inscita, ecastor, tu quidem es.
Par Castor, tu n’y es vraiment pas.

PHILEMATIE

Quapropter ?
Pourquoi?         

SCAPHA

Quae istuc cures,
Parce que ta seule inquiétude,

Ut te ille amet.
C’est qu’il t’aime.

PHILEMATIE

Cur, obsecro,  non curem?
Pourquoi, je t’en prie,  ne pas m’en inquiéter ?

SCAPHA

Libera es jam.
Tu es libre désormais.

Tu jam quod quaerebas habes ; ille, te nisi amabit ultro,
As-tu ce que tu voulais ; lui, n’aime que lui-même,

Id pro capite tuo quod dedit, perdiderit tantum argenti.
Et sur ta tête ce qu’il a payé, est autant d’argent perdu.

PHILOLACHES

Perii, hercle, ni ego illam pessumis exemplis enicasso.
Je suis fait, par Hercule, si je ne l’a fait pas périr dans d’atroces souffrances.

Illa hanc corrumpit mulierem malesuada  vitilena.
Elle me la corrompt, fieffée maquerelle.

PHILEMATIE

Numquam ego illi possum gratiam referre, ut meritu’st de me.
Je ne pourrai jamais le remercier, de tout ce qu’il m’a donnée.

Scapha, id tu mihi ne suadeas, ut illum minoris pendam.
Scapha, tu ne me persuaderas pas, de moins tenir à lui.

SCAPHA

At hoc unum facito cogites, si illum inservibis solum,
Mais réfléchis bien, tu ne vis seulement que pour lui

Dum tibi nunc haec aetatula’st, in senecta male querere.
Tandis que tu es dans ta tendre jeunesse, viendront les désillusions de la vieillesse.

PHILOLACHES

In anginam ego nunc me velim verti, ut veneficae illi
Je voudrais maintenant me transformer en angine de poitrine, afin de l’étouffer,

Fauceis prehendam, atque enicem scelestam stimulatricem.
La prendre par le cou, jusqu’à l’étouffement de cette scélérate.

PHILEMATIE

Eundem animum oportet nunc mihi esse gratum, ut inpetravi,
Je désire maintenant lui conserver ma gratitude, qu’il a acquise,

Atque olim, priusquam id extudi, quom illi subblandiebar.
Comme dans le passé, lorsque je plaidais avec force, afin de l’adoucir.

PHILOLACHES

Di me faciant quod volunt, ni ob istam orationem
Que les dieux fassent de moi ce qu’ils veulent, si je pouvais pour ce discours

Te liberasso denuo, et nisi Scapham enicasso.
T’affranchir à nouveau, et étrangler Scapha.

SCAPHA

Si tibi sat abceptum ‘st, fore, victum tibi sempiternum,
S’il était certain que tu aies assez de victuailles éternellement,

Atque illum amatorem tibi proprium futurum in vita,
Et que tu doives posséder ton amant pour toute ta vie future, 

Soli gerundum censeo morem, et capiundos crineis.
J’entends alors que tu sois à lui jusqu’à la mort et que tu te fasses pousser les cheveux.

PHILEMATIE

Ut fama est homini, exin solet pecuniam invenire.
Si la réputation d’un homme est bonne, il trouvera facilement de l’argent.

 Ego si bonam famam mihi servasso, sat ero dives.
Si j’ai conservé ma réputation, alors je serai suffisamment riche.

PHILOLACHES

 Siquidem, hercle,  vendundu ’st, pater  vaenibit multo potius,
Je le jure, par Hercule, je vendrais mon père, je le vendrais le plus tôt possible,

 Quam te, me vivo, umquam sinam egere, aut mendicare.
Que de te laisser, moi vivant,  être dans le besoin ou dans la mendicité.                

SCAPHA

Quid illis futurum ‘st caeteris, qui te amant ?
Que deviendront les autres, ceux qui t’aiment ?

PHILEMATIE

Magis amabunt,
Ils m’aimeront davantage,

Quom  videbunt gratiam referri.
Quand ils verront que je me réfère au bien.

PHILOLACHES

Utinam meus nunc mortuus pater ad me nuncietur !
Je voudrais seulement que  dès, maintenant, on m’annonce la mort de mon père !

 Ut ego exhaeredem meis bonis me faciam, atque haec sit haeres.
Pour que je me déshérite, afin qu’elle devienne l’unique bénéficiaire.

SCAPHA

Jam ista quidem absumta res erit : diesque nocteisque estur,
Les ressources seront vite épuisées : nuit et jour, on mange

Bibitur, neque quisquam parsimoniam adhibet : sagina plane ‘st.
On boit, personne ne pense dépenser avec parcimonie : c’est de l’engraissement.

PHILOLACHES

In te, hercle, certum ’st, principium, ut sim parcus, experiri.
Ma foi, par Hercule, il est certain, que la première tu seras à expérimenter notre économie.

Nam neque edes quidquam, neque bibes apud me hisce diebus.
Ne plus rien manger,  ni boire chez moi pendant dix jours.

PHILEMATIE

Si quid tu in illum bene voles loqui, id loqui licebit :
Si tu souhaites parler de lui en bien, je t’autorise à parler:

Nec recte si illi dixeris, jam, ecastor, vapulabis.
Si tel n’est pas le cas, par Castor, tu seras battue.                

PHILOLACHES

Edepol, si summo Jovi vovi argento sacruficassem,
Par Pollux, si j’avais sacrifié l’argent au grand Jupiter,

Pro illius capite quod dedi, numquam aeque id bene conlocassem.
Celui que j’ai mis sur sa tête, que je lui ai donnée, il aurait été moins bien utilisé.

Ut videas eam medullitus me amare ! Oh ! Probus homo sum :
Vous la voyez comme elle m’aime ! Oh ! Je suis un homme heureux :

Quae pro me causam diceret, patronum liberavi.
C’est la raison pour laquelle je dis qu’elle affranchit son maître.

SCAPHA

Video te nihili pendere prae Philolache omneis homines.
Je vois qu’à part Philolachès aucun autre homme ne compte.

Nunc, ne ejus causa vapulem, tibi potius adsentabor,
Et maintenant, de peur d’être battue, je serai d’accord sur tout,

Si abceptum sat habes, tibi fore illum amicum sempiternum.
Si tu as la certitude qu’il sera ton ami pour toujours.

FAUST (Goethe) LA DEDICACE – ZUEIGNUNG

Johann Wofgang von Goethe

ZUEIGNUNG
DEDICACE

Faust Goethe Eine Tragödie Argitato Théâtre Zueignung Dédicace

 

Ihr naht euch wieder, schwankende Gestalten,

Vous vous approchez, formes indécises

Die früh sich einst dem trüben Blick gezeigt.

Jadis, vous apparaissiez à mon œil innocent.

Versuch ich wohl, euch diesmal festzuhalten?

Essaierai-je cette fois de vous capturer ?

Fühl ich mein Herz noch jenem Wahn geneigt?

Mon cœur serait-il toujours sensible à cette illusion?

Ihr drängt euch zu! nun gut, so mögt ihr walten,

Je sens votre présence !  Vos pulsions !

Wie ihr aus Dunst und Nebel um mich steigt;

Vous m’enveloppez de brume et de brouillard ;

Mein Busen fühlt sich jugendlich erschüttert

Ma poitrine émue se sent rajeunir,

Vom Zauberhauch, der euren Zug umwittert. 

Du souffle magique, le cortège s’enveloppe.

 Ihr bringt mit euch die Bilder froher Tage,

Vous apportez avec vous les images des jours plus heureux,

Und manche liebe Schatten steigen auf ;

Accompagnées de douces et tendres ombres ;

Gleich einer alten, halbverklungnen Sage.

Comme une vieille fable, à moitié oubliée.

Kommt erste Lieb und Freundschaft mit herauf ;

Vient le premier amour, viennent les premières amitiés ;

Der Schmerz wird neu, es wiederholt die Klage

La douleur se réveille, elle rappelle le cours

Des Lebens labyrinthisch irren Lauf,

Sinueux de ma vie,

Und nennt die Guten, die, um schöne Stunden

Elle appelle les amis, qui, dans des doux moments

Vom Glück getäuscht, vor mir hinweggeschwunden.

Trompés par le destin, disparurent devant moi.

Sie hören nicht die folgenden Gesänge,

Elles n’écouteront pas les chansons nouvelles,

Die Seelen, denen ich die ersten sang;

Les âmes, pour connurent les premières chansons

Zerstoben ist das freundliche Gedränge,

Dispersée, la foule amicale,

Verklungen, ach! der erste Widerklang.

Oublié, ah ! le tout premier écho.

Mein Lied ertönt der unbekannten Menge,

Ma chanson se perd dans la foule,

Ihr Beifall selbst macht meinem Herzen bang,   

Leurs applaudissements me bouleversent,

Und was sich sonst an meinem Lied erfreuet,   

Et ceux qui se replongent dans mes chansons,

Wenn es noch lebt, irrt in der Welt zerstreuet.

S’ils sont encore en vie, ils sont de par le monde.

 Und mich ergreift ein längst entwöhntes Sehnen

Et voici qu’un désir depuis longtemps oublié

Nach jenem stillen, ernsten Geisterreich,

Après ce calme, frappe à la porte du royaume sérieux de l’Esprit,

Es schwebet nun in unbestimmten Tönen

Il rode maintenant un murmure incertain

Mein lispelnd Lied, der Äolsharfe gleich,

Ma chanson siffle, telle une harpe éolienne,

Ein Schauer faßt mich, Träne folgt den Tränen,

Un frisson me déchire, aux pleurs suivent les pleurs,

Das strenge Herz, es fühlt sich mild und weich ;

Mon cœur sévère, se sent doux et léger ;

Was ich besitze, seh ich wie im Weiten,

Ce que j’ai, je le vois de si loin,

Und was verschwand, wird mir zu Wirklichkeiten.

Et ce qui a disparu, devient pour moi réalité.

Traduction Jacky Lavauzelle
artgitato.com

SENEQUE : DE BREVITATE VITAE – DE LA BRIEVETE DE LA VIE

Sénèque

DE BREVITATE VITAE
De la brièveté de la vie

Sénèque De brevitae Vitae Argitato De la briéveté de la vie

Traduction Jacky Lavauzelle – artgitato.com

CHAPITRE I

Maior pars mortalium, Pauline, de naturae malignitate conqueritur,

La grande majorité des mortels, Paulinus, se plaignent de la malignité de la nature,

quod in exiguum aeui gignimur, quod haec tam uelociter,

que nous naissons pour une vie si courte, que les choses vont si vite

tam rapide dati nobis temporis spatia decurrant,

que le temps qui nous a été accordé passe si vite

adeo ut exceptis admodum paucis ceteros in ipso uitae apparatu uita destituat.

si bien qu’à l’exception d’une minorité, les hommes ne trouvent la vie que quand elle les abandonne.

Nec huic publico, ut opinantur, malo turba tantum et imprudens uulgus ingemuit :

Ce fait, selon l’opinion,  ne concerne pas uniquement la foule et le vulgaire

 clarorum quoque virorum hic affectus querelas evocavit. 

Il est clair que les hommes célèbres sont aussi affectés par ces plaintes.

Inde illa maximi medicorum exclamatio est :

De là ce que s’écria le plus grand des médecins :

« Vitam brevem esse, longam artem« .

La vie est courte, l’art est long.”

Inde Aristotelis cum rerum natura exigenti, minime conveniens sapienti viro lis est :

De là ce qu’Aristote, avec l’argument de la nature, incompatible avec la nature du sage, dit ;

illam animabilibus tantum indulsisse, ut quina aut dena secula educerent,

La nature a montré une telle faveur aux animaux, enfantant pendant cinq ou dix existences,

homini in tam multa genito, tanto citeriorem terminum stare.

l’homme aux multiples talents,  lui doit se contenter d’un temps beaucoup plus court.

Non exiguum temporis habemus : sed multum perdimus.

Nous n’avons pas un manque de temps : nous en perdons seulement beaucoup.

Satis longa vita, et in maximarum rerum consumationem large data est,

La vie est assez longue, et un maximum de choses peut y être accompli,

 si tota bene collocaretur.

si tout y est bien employé.

Sed ubi per luxum ac negligentiam defluit,

Mais quand c’est dans le luxe et l’insouciance,

ubi nulli rei bonae impenditur ;

il ne se consacre à rien de bon ;

ultima demum necessitate cogente,

Au dernier moment enfin,

quam ire non intelleximus, transisse sentimus.

celui que nous percevons, nous presse alors.

Ita est, non acceptimus brevem vitam, sed fecimus :

C’est la vérité, nous n’avons pas une vie courte, mais nous l’avons faite ainsi :

nec inopes ejus, sed prodigi sumus.

nous ne le voulons pas, mais nous la gaspillons.

Sicut amplae et regiae opes,

Tout comme de grandes et princières richesses,

ubi ad malum dominum pervenerunt,

qui sont données à un mauvais propriétaire,

momento dissipantur, at quamvis modicae,

dispersées en un moment, alors qu’une modeste fortune,

si bono custodi traditae sunt, usu crescunt :

à un bon gardien, croît avec l’usage :

ita aetas nostra bene disponenti multum patet.

de même notre vie sera assez longue si on en dispose avec sagesse.

 CHAPITRE II

Quid de rerum natura querimur ?

Pourquoi se plaindre de la nature?

Illa se benigne gessit : vita, si scias uti, longa est.

Elle s’est montrée bienveillante, la vie, si on sait comment la vivre.

Alium insatiabilis tenet avaritia :

L’un est rongé par une insatiable cupidité,

alium in supervacius laborius operosa sedulitas :

un autre par une pénible dévotion à d’inutiles tâches,

alius vino madet :

un autre demeure aviné,

alius inertia torpet :

un autre paresseux,

alium defatigat ex alienis judiciis suspensa semper ambitio :

un autre fatigué d’ambition qui reste suspendu au jugement d’autrui,

alium mercandi praeceps cupiditas circa omnes terras,

un autre se targue de négoces et pousse son avidité sur toutes les terres,

omnia maria, spe lucri, ducit.

toutes les mers, dans l’espoir de gain.

Quosdam torquet cupido militae,

Certains tourmentés par la cupidité des combats,

nunquam non aut alienis periculis intentos, aut suis anxios :

n’ont jamais oublié de mettre les autres en péril, sans autre anxiété,

sunt quos ingratus superiorum cultus voluntaria servitute consumat.

Enfin certains se dévouent à d’illustres ingrats dans une servitude volontaire.

Multos aut affectatio alienae fortunae,

Beaucoup désirent s’aliéner les fortunes des autres hommes,

aut suae odium detinuit :

ou haïssent leur destinée :

plerosque nihil certum sequentes,

plusieurs sans but particulier suivent

vaga et inconstans et sibi displicens levitas per nova consilia jactavit.

une pente vague et inconstante, jettent leur dévolu sans cesse sur de nouveaux projets.

Quibusdam nihil quo cursum dirigant, placet,

Certains ne trouvent  rien qui les attire, et les rend heureux,

sed marcentes oscitantesque fata deprehendunt :

mais la mort les ramasse sans qu’ils n’aient jamais eu de destinée,

adeo ut quo apud maximum poetarum more oraculi dictum est,

tant et si bien qu’il a été dit, à l’instar d’un oracle, par le plus grand des poètes,

verum esse non dubitem :

Je ne doute pas de cette vérité :

Exigua pars est vitae, quam nos vivimus ;

Nous ne vivons qu’une petite partie de notre vie

certum quidem pmne spatium,

Il est certain que toutes les autres parties,

non vita, sed tempus est.

ne sont pas de la vie, c’est du temps écoulé.

Urgentia circumstant vitia undique :

Le vice nous entoure partout,

nec resurgere, aut in dispectum veri attollere aculos sinunt,

il s’accroît tellement que nos yeux ne sont permettent plus de discerner la vérité,

sed mersos, et in cupiditabitus infixos premunt.

mais nous plonge dans le bain des victimes de la cupidité.

Nunquam illis recurrere ad se licet,

Nous ne sommes plus autorisés à retourner à notre moi véritable,

si quando aliqua quies fortuito contigit :

même quand le hasard fortuitement relâche l’étreinte des passions,

velut in profundo mari,

flottant comme sur une mer profonde,

in quo post ventum quoque volutatio est,

sur laquelle  les vagues restent agitées même après que la tempête soit passée,

fluctuantur, nec unquam illis a cupiditabitus suis otium instat.

jamais à la folie des passions le calme ne fait suite.

 

De istis me putas disserere,

Vous pensez que je n’évoque que des personnes,

quorum in congesso mala sunt :

qui ont accumulés les maux :

aspice illos ad quorum felicitatem concurritur :

Regardez ces hommes qui vont  vers la prospérité :

bonis suis effocantur.

étouffant sous leurs biens.

Quam multis graves sunt divitiae ?

Combien, nombreux, sont sous le poids des richesses ?

Quam multorum eloquentia,

Combien, nombreux, pour cette éloquence,

quotidiano ostentandi ingenii spatio, sanguinem educit ?

ont déployé leur génie, et fait couler le sang?

quam multi continuis voluptatibus pallent ?

combien sont épuisés de leurs continuels plaisirs voluptueux ?

quam multis nihil liberi relinquit circumfusus clientium populus ?

De nombreux clients se pressent à leur sujet ne leur laissant aucune liberté ?

Omnes denique istos, ad infimis usque ad summos, pererra :

Enfin, dans tout cela, en ce qui concerne la plus haute comme la plus basse société,

hic, advocat, hic adest, ille perilitatur, ille defendit, ille judicat.

l’un veut une sommation, un autre souhaite qu’on l’assiste, celui-ci s’estime être en péril, l’autre veut qu’on le défende, celui-là est juge.

Nemo se sibi vindicat :

Personne ne s’appartient :

alius in alium consumitur.

les uns se consument avec les autres.

Interroga de istis, quorum nomina ediscuntur :

Renseignez-vous sur ces hommes, dont les noms sont connus de tous :

his illos dignosci videbis notis :

vous les verrez différemment :

hic illius cultor est, ille illus, suus nemo.”

«ici l’un rend ses devoirs à l’un, celui-ci à un autre, mais pas à soi-même. ».

Deinde dementissima quorundam indignatio est :

Ensuite, certains s’indignent dans des démentielles colères:

queruntur de superiorum fastidio,

se plaignant du faste des gens supérieurs,

quod ipsis adire volentibus non vacaverint.

qui n’ont pas eu le temps de les recevoir.

Audet quisquam de alterius superbia queri,

Comment ont-ils l’audace de se plaindre de la fierté d’un autre,

qui sibi ipse nunquam vacat ?

celui qui n’a jamais le temps pour soi ?

Ille tamen, quisquis est, insolenti quidem vultu,

Cet homme, quel qu’il soit, avec son visage insolent,

sed aliquando respexit :

vous a respecté,

ille aures suas ad tua verba demisit :

vous a écouté,

ille te ad latus suum recepit :

placé à ses côtés,

tu non inspicere te unquam,

alors que vous, vous  ne vous êtes jamais regardé,

non audire dignatus es.

ni accordé une audience.

FAUST (GOETHE) VORSPIEL AUF DEM THEATER – PROLOGUE SUR LE THEÂTRE

Johann Wofgang von Goethe

FAUST
VORSPIEL AUF DEM THEATER
PROLOGUE SUR LE THEÂTRE

Faust Goethe Eine Tragödie Argitato Théâtre VORSPIEL AUF DEM THEATER Prologue sur le théâtre

 Traduction Jacky Lavauzelle – artgitato.com

 

Direktor. Theatherdichter. Lustige Person

Le directeur, le poète et le bouffon

Direktor
Le directeur

Ihr beiden, die ihr mir so oft,

Vous deux, qui, avec moi, tant de fois,

In Not und Trübsal, beigestanden,

Dans la peine et dans l’épreuve, m’avez accompagné,

Sagt, was ihr wohl in deutschen Landen

Dîtes, que pensez-vous, en terres allemandes,

Von unsrer Unternehmung hofft?

De l’évolution de notre programme ?

Ich wünschte sehr der Menge zu behagen,

Je voudrais bien avoir l’opinion publique avec moi,

Besonders weil sie lebt und leben läßt.

Surtout parce qu’elle vit et qu’elle nous permet de vivre.

Die Pfosten sind, die Bretter aufgeschlagen,

Les affiches posées, les critiques avisées,

Und jedermann erwartet sich ein Fest.

Et chacun s’attend à une féerie.

Sie sitzen schon mit hohen Augenbraunen

Ils sont déjà assis, les yeux écarquillés

Gelassen da und möchten gern erstaunen.

Souhaitant être surpris et désirant être heureux.

Ich weiß, wie man den Geist des Volks versöhnt ;

Je sais comment de l’esprit du public on en fait un allié ;

Doch so verlegen bin ich nie gewesen :

Pourtant, je n’ai jamais été aussi embarrassé :

Zwar sind sie an das Beste nicht gewöhnt,

Il est vrai que du meilleur ils n’ont pas l’habitude,

Allein sie haben schrecklich viel gelesen.

Seulement, ils ont beaucoup lu.

Wie machen wir’s, daß alles frisch und neu

Comment allons-nous faire pour que tout soit frais, pour que tout soit nouveau

Und mit Bedeutung auch gefällig sei?

Et avec du sens aussi ?

Denn freilich mag ich gern die Menge sehen,

Pour sûr, je tiens à voir la foule,

Wenn sich der Strom nach unsrer Bude drängt,

Comme un torrent se fracasser à notre baraque,

Und mit gewaltig wiederholten Wehen

Et avec une douleur lancinante et puissante

Sich durch die enge Gnadenpforte zwängt ;

Se presser jusqu’au-devant du guichet salvateur ;

Bei hellem Tage, schon vor vieren,

Au grand jour, avant les quatre heures,

Mit Stößen sich bis an die Kasse ficht

Par saccades, se heurter à la caisse

Und, wie in Hungersnot um Brot an Bäckertüren,

Et, comme lors des famines devant la porte du boulanger,

Um ein Billet sich fast die Hälse bricht.

Pour un billet, pour un peu, se briser le cou.

Dies Wunder wirkt auf so verschiedne Leute

Un tel miracle ne peut se produire sur une foule éclectique

Der Dichter nur ; mein Freund, o tu es heute !

Que par le poète, uniquement ; mon ami, fais qu’il en soit ainsi aujourd’hui !

Dichter
Le poète

O sprich mir nicht von jener bunten Menge,

Oh! Ne me parle de cette foule bariolée,

Bei deren Anblick uns der Geist entflieht.

Qui par son seul aspect fait fuir mon esprit.

Verhülle mir das wogende Gedränge,

Aveuglé par les vagues de cette cohue,

Das wider Willen uns zum Strudel zieht.

Qui, contre ma volonté, m’entraîne dans son tourbillon.

Nein, führe mich zur stillen Himmelsenge,

Non, conduis-moi vers le calme d’un ciel irisé,

Wo nur dem Dichter reine Freude blüht ;

Où, pour le seul poète, la joie peut fleurir ;

Wo Lieb und Freundschaft unsres Herzens Segen

Où amour et amitié ont la faveur de notre cœur,  

Mit Götterhand erschaffen und erpflegen.

Avec le soutien de Dieu, créé et protégé.

Ach! was in tiefer Brust uns da entsprungen,

Ah ! Comme du plus profond de nous s’évade

Was sich die Lippe schüchtern vorgelallt,

Ce que nos lèvres timides susurrent,

Mißraten jetzt und jetzt vielleicht gelungen,

Dénaturé parfois et parfois plus fameux,

Verschlingt des wilden Augenblicks Gewalt.

Dévoré par la puissance et la sauvagerie du présent.

Oft, wenn es erst durch Jahre durchgedrungen,

Souvent, après bien des années durant,

Erscheint es in vollendeter Gestalt.

Elle apparaît alors dans une forme aboutie.

Was glänzt, ist für den Augenblick geboren,

Ce qui brille, n’existe que pour les yeux,

Das Echte bleibt der Nachwelt unverloren.

Le vrai, seul, passe à la postérité.

Lustige Person
Le Bouffon

Wenn ich nur nichts von Nachwelt hören sollte.

Je ne veux plus rien entendre sur cette postérité !

Gesetzt, daß ich von Nachwelt reden wollte,

Soit, vous désirez que je discoure sur la postérité,

Wer machte denn der Mitwelt Spaß ?

Qui s’occupera alors à divertir nos contemporains ?

Den will sie doch und soll ihn haben.

Car ils en veulent encore et nous leur en donnons.

Die Gegenwart von einem braven Knaben

La présence d’un brave garçon

Ist, dächt ich, immer auch schon was.

Est, je pense, toujours autant apprécié.

Wer sich behaglich mitzuteilen weiß,

Celui qui sait annoncer quelque chose de plaisant,

Den wird des Volkes Laune nicht erbittern ;

Par l’humeur du public ne sera pas exaspéré ;

Er wünscht sich einen großen Kreis,

Il souhaitera agrandir un plus grand le cercle,

Um ihn gewisser zu erschüttern.

Sachez l’étonner !

Drum seid nur brav und zeigt euch musterhaft,

Les tambours ne sont bons, montrez-vous exemplaire,

Laßt Phantasie, mit allen ihren Chören,

Laissez l’imagination, avec tous ses chœurs,

Vernunft, Verstand, Empfindung, Leidenschaft,

Raison, intellect, émotion, passion,

Doch, merkt euch wohl! nicht ohne Narrheit hören.

Mais, remarquez bien! N’attendez rien sans folie.

  Direktor
Le directeur

Besonders aber laßt genug geschehn!

Surtout, montrez en assez !

Man kommt zu schaun, man will am liebsten sehn.

On vient pour voir, on veut voir toujours plus.

Wird vieles vor den Augen abgesponnen,

Beaucoup devant des yeux fatigués,

So daß die Menge staunend gaffen kann,

Tellement que la foule en restera sans voix,

Da habt Ihr in der Breite gleich gewonnen,

Là, vous aurez gagné la partie,

Ihr seid ein vielgeliebter Mann.

Vous voici un homme considéré.

Die Masse könnt Ihr nur durch Masse zwingen,

La masse peut, elle seule, en rabattre à la masse

Ein jeder sucht sich endlich selbst was aus.

Chacun recherche en fait ce qui l’intéresse

Wer vieles bringt, wird manchem etwas bringen;

Qui apporte beaucoup, à chacun apporte quelque chose ;

Und jeder geht zufrieden aus dem Haus.

Et chacun rentrera heureux chez lui.

Gebt Ihr ein Stück, so gebt es gleich in Stücken!

Vous donnez une pièce, donnez-la en morceaux !

Solch ein Ragout, es muß Euch glücken ;

Ainsi qu’un ragoût, elle rendra tout le monde heureux ;

Leicht ist es vorgelegt, so leicht als ausgedacht.

Il est facilement servi, tout autant que facilement réalisé

Was hilft’s, wenn Ihr ein Ganzes dargebracht?

A quoi bon, si vous offrez tout dans sa totalité ?

Das Publikum wird es Euch doch zerpflücken.

Le public aurait vite fait de vous disséquer !

Dichter
Le poète

Ihr fühlet nicht, wie schlecht ein solches Handwerk sei!

Vous ne sentez pas, comme est méprisable cet artisanat !

Wie wenig das dem echten Künstler zieme!

Comme il correspond peu au véritable artiste !

Der saubern Herren Pfuscherei

Les belles prouesses de ces messieurs

Ist. merk ich. schon bei Euch Maxime.

Je le remarque. Vous en faites déjà votre maxime.

Direktor
Le directeur

Ein solcher Vorwurf läßt mich ungekränkt :

Une telle critique me laisse de marbre :

Ein Mann, der recht zu wirken denkt,

Un homme, qui souhaite travailler correctement,

Muß auf das beste Werkzeug halten.

Doit avoir les meilleurs outils.

Bedenkt, Ihr habet weiches Holz zu spalten,

Rappelez-vous, vous devez fendre du bois tendre,

Und seht nur hin, für wen Ihr schreibt !

Et regardez dehors, pour savoir à qui vous écrivez !

Wenn diesen Langweile treibt,

Quand l’un arrivera dépressif,

Kommt jener satt vom übertischten Mahle,

Les autres arriveront d’un festin trop copieux,

Und, was das Allerschlimmste bleibt,

Et, ce qui reste le pire,

Gar mancher kommt vom Lesen der Journale.

Plus d’un viendront à la lecture du journal.

Man eilt zerstreut zu uns, wie zu den Maskenfesten,

On se précipite vers nous, comme à une mascarade,

Und Neugier nur beflügelt jeden Schritt ;

Et la curiosité précipite chaque pas ;

Die Damen geben sich und ihren Putz zum besten

Les dames montrent d’elles leurs plus beaux atours

Und spielen ohne Gage mit.

Et jouent déjà pour le public, sans gages.

Was träumet Ihr auf Eurer Dichterhöhe?

A quoi rêvez-vous, poètes, sur vos sommets ?

Was macht ein volles Haus Euch froh?

Que rend joyeux une salle comble ?

Beseht die Gönner in der Nähe!

Gardez vos mécènes à proximité !

Halb sind sie kalt, halb sind sie roh.

La moitié est glaciale, l’autre est inculte.

Der, nach dem Schauspiel, hofft ein Kartenspiel,

Qui, après la pièce, espère une partie de cartes,

Der eine wilde Nacht an einer Dirne Busen.

Qui, une nuit sauvage dans les bras d’une prostituée.

Was plagt ihr armen Toren viel,

Que, pour eux, vous tourmentez,

Zu solchem Zweck, die holden Musen ?

Dans ce but, les douces muses ?

Ich sag Euch, gebt nur mehr und immer, immer mehr,

Je vais vous dire, donnez seulement plus et plus encore, toujours plus,

 

So könnt Ihr Euch vom Ziele nie verirren

Ainsi vous ne perdrez pas le but de vue

Sucht nur die Menschen zu verwirren,

Cherchez seulement à troubler les hommes,

Sie zu befriedigen, ist schwer — —

Les satisfaire, c’est plus compliqué

Was fällt Euch an? Entzückung oder Schmerzen?

Qu’en pensez-vous ? Exstase ou douleur ?

Dichter
Le poète

Geh hin und such dir einen andern Knecht !

Va et trouve-toi un autre valet !

Der Dichter sollte wohl das höchste Recht,

Le poète devrait probablement par cette loi suprême,

Das Menschenrecht, das ihm Natur vergönnt,

Des droits de l’Homme, de ce que la Nature permet,

Um deinetwillen freventlich verscherzen !

Y renoncer sans autres motifs !

Wodurch bewegt er alle Herzen ?

Comment pourrait-il faire frémir les cœurs?

Wodurch besiegt er jedes Element ?

Comment soumettrait-il chaque élément ?

Ist es der Einklang nicht, der aus dem Busen dringt,

N’est-ce-pas l’accord qui sort de sa poitrine,

Und in sein Herz die Welt zurücke schlingt  ?

Et en son cœur n’enveloppe-t-il pas le monde ?

Wenn die Natur des Fadens ew’ge Länge,

Si la nature démêle les longs fils éternels,

Gleichgültig drehend, auf die Spindel zwingt,

Indépendamment des rotations, de la puissance de la broche,

Wenn aller Wesen unharmon’sche Menge

Si pour tous les êtres d’une foule discordante

Verdrießlich durcheinander klingt-

Renfrognés pêle-mêle s’entrechoquant

Wer teilt die fließend immer gleiche Reihe

Partageant toujours le même courant

Belebend ab, daß sie sich rhythmisch regt ?

Vivifiant cela, n’est-ce point lui qui suscite le rythme?

Wer ruft das Einzelne zur allgemeinen Weihe,

Qui appelle le particulier à l’unification générale,

Wo es in herrlichen Akkorden schlägt ?

Qui y introduit de beaux accords?

Wer läßt den Sturm zu Leidenschaften wüten ?

Qui peut lâcher la tempête sur les passions ?

Das Abendrot im ernsten Sinne glühn ?

Le coucher de soleil dans une âme éplorée ?

Wer schüttet alle schönen Frühlingsblüten

Qui étale toutes les belles fleurs de printemps

Auf der Geliebten Pfade hin?

Sur les chemins d’une bien-aimée ?

Wer flicht die unbedeutend grünen Blätter

Qui tresse des feuilles vertes insignifiantes

Zum Ehrenkranz Verdiensten jeder Art ?

Pour honorer les mérites en couronnes de gloire ?

Wer sichert den Olymp? vereinet Götter ?

Qui assure l’Olympe? Qui assemble les dieux ?

Des Menschen Kraft, im Dichter offenbart.

Tout le pouvoir de l’homme, par le poète est révélé.

Lustige Person
Le Bouffon

So braucht sie denn, die schönen Kräfte,

Utilisez donc vos puissants dons,

Und treibt die dichtrischen Geschäfte,

Et continuez vos travaux poétiques,

Wie man ein Liebesabenteuer treibt.

Comme on conduit une histoire d’amour.

Zufällig naht man sich, man fühlt, man bleibt,

On regarde par hasard, on s’émeut, on reste,

Und nach und nach wird man verflochten;

Et peu à peu vous vous retrouvez prisonnier ;

Es wächst das Glück, dann wird es angefochten,

Il pousse le bonheur, mais il est bientôt contesté

Man ist entzückt, nun kommt der Schmerz heran,

On est ravi, mais maintenant la douleur est proche,

Und eh man sich’s versieht, ist’s eben ein Roman.

Et avant que vous le sachiez, c’en est maintenant un roman.

Laßt uns auch so ein Schauspiel geben !

Donnez-nous aussi un tel spectacle!

Greift nur hinein ins volle Menschenleben!

Puisez seulement dans toute la plénitude de la vie humaine !

Ein jeder lebt’s, nicht vielen ist’s bekannt,

Chacun la vit, peu la connaissent,

Und wo ihr’s packt, da ist’s interessant.

Et où vous l’empoignez, là est l’intéressant.

In bunten Bildern wenig Klarheit,

En images colorées et peu de clarté,

Viel Irrtum und ein Fünkchen Wahrheit,

Beaucoup d’erreur et un atome de vérité,

So wird der beste Trank gebraut,

Ainsi, la meilleure boisson est-elle brassée,

Der alle Welt erquickt und auferbaut.

Elle rafraîchie le monde entier et l’édifie.

Dann sammelt sich der Jugend schönste Blüte

Alors s’assemble la plus belle fleur de la jeunesse

Vor eurem Spiel und lauscht der Offenbarung,

Devant votre jeu et écoutant la révélation,

Dann sauget jedes zärtliche Gemüte

Alors chaque esprit tendre extrait

Aus eurem Werk sich melanchol’sche Nahrung,

De votre travail des aliments mélancoliques,

Dann wird bald dies, bald jenes aufgeregt,

Telle chose apparaît bientôt, bientôt remplacée par une autre ,

Ein jeder sieht, was er im Herzen trägt.

Tout le monde voit, ce qu’il porte dans son cœur.

Noch sind sie gleich bereit, zu weinen und zu lachen,

Pourtant, ils sont encore prêts à pleurer et à rire,

Sie ehren noch den Schwung, erfreuen sich am Schein ;

Ils honorent toujours l’enthousiasme, ils jouissent de l’apparence ;

Wer fertig ist, dem ist nichts recht zu Machen ;

Ce qui est terminé, n’est plus à faire ;

Ein Werdender wird immer dankbar sein.

Un esprit qui se cherche sera toujours reconnaissant.

Dichter

Le poète

So gib mir auch die Zeiten wieder,

Alors rend-moi donc à nouveau ce temps,

Da ich noch selbst im Werden war,

Depuis que je recherche ma voie,

Da sich ein Quell gedrängter Lieder

Depuis qu’une source a pénétré mes chansons

Ununterbrochen neu gebar,

Continuellement renouvelées,

Da Nebel mir die Welt verhüllten,

Là, le brouillard m’enveloppait le monde,

Die Knospe Wunder noch versprach,

Le bourgeon encore promettait des merveilles,

Da ich die tausend Blumen brach,

Là, je cueillais un millier de fleurs,

Die alle Täler reichlich füllten.

Qui tapissaient abondamment les vallées.

Ich hatte nichts und doch genug :

Je n’avais rien, et j’avais assez:

Den Drang nach Wahrheit und die Lust am Trug.

Le soif de vérité et la joie de mentir.

Gib ungebändigt jene Triebe,

Donne-moi ces instincts sauvages,

Das tiefe, schmerzenvolle Glück,

La profondeur d’un douleur bonheur,

Des Hasses Kraft, die Macht der Liebe,

La force de la haine, la puissance de l’amour,

Gib meine Jugend mir zurück!

Rends-moi ma jeunesse!

Lustige Person
Le Bouffon

Der Jugend, guter Freund, bedarfst du allenfalls,

La jeunesse, mon ami, tu en as toujours besoin,

Wenn dich in Schlachten Feinde drängen,

Quand tu es poussé par tes ennemis dans les batailles,

Wenn mit Gewalt an deinen Hals

Quand violemment autour de votre cou

Sich allerliebste Mädchen hängen,

Les belles filles se pendent,

Wenn fern des schnellen Laufes Kranz

Quant à l’écart de la course folle la couronne

Vom schwer erreichten Ziele winket,

Au loin, te montre l’objectif à atteindre,

Wenn nach dem heft’gen Wirbeltanz

Quand après la danse tourbillonnante

Die Nächte schmausend man vertrinket.

Les nuits se parfument de boissons.

Doch ins bekannte Saitenspiel

Mais faire vibrer la célèbre lyre

Mit Mut und Anmut einzugreifen,

Avec force et grâce,

Nach einem selbstgesteckten Ziel

Vers un objectif fixé par soi-même

Mit holdem Irren hinzuschweifen,

Par de charmants et déments vagabondages,

Das, alte Herrn, ist eure Pflicht,

C’est là, vieil homme, où est ton devoir,

Und wir verehren euch darum nicht minder.

Et nous ne vous en respectons pas moins.

Das Alter macht nicht kindisch, wie man spricht,

L’âge ne nous fait pas enfant, comme l’on dit,

Es findet uns nur noch als wahre Kinder.

Il nous trouve juste encore comme de vrais enfants.

Direktor
Le directeur

Der Worte sind genug gewechselt,

Assez de mots échangés,

Laßt mich auch endlich Taten sehn!

Laissez-moi voir enfin l’action!

Indes ihr Komplimente drechselt,

Pendant que vous peaufiniez les compliments,

Kann etwas Nützliches geschehn.

Quelque chose d’utile aurait pu voir le jour.

Was hilft es, viel von Stimmung reden?

N’est-ce pas ce qui aide le plus pour parler d’inspiration ?

Dem Zaudernden erscheint sie nie.

Elle n’apparaît jamais aux indécis.

Gebt ihr euch einmal für Poeten,

Vous vous dîtes des poètes,

So kommandiert die Poesie.

Alors commandez à la poésie.

Euch ist bekannt, was wir bedürfen,

Vous savez tous ce dont nous avons besoin,

Wir wollen stark Getränke schlürfen ;

Nous voulons siroter des boissons fortes,

Nun braut mir unverzüglich dran!

Maintenant, brassez-en immédiatement !

Was heute nicht geschieht, ist morgen nicht getan,

Ce qui n’est pas fait aujourd’hui, demain ne sera pas,

Und keinen Tag soll man verpassen,

Et pas un jour ne doit se perdre,

Das Mögliche soll der Entschluß

Le possible doit devenir le certain

Beherzt sogleich beim Schopfe fassen,

Il faut le saisir immédiatement avec courage des deux mains,

Er will es dann nicht fahren lassen

Et enfin ne pas le laisser filer

Und wirket weiter, weil er muß.

Et il continuera parce qu’il le doit.

Ihr wißt, auf unsern deutschen Bühnen

Vous savez, sur nos scènes allemandes

Probiert ein jeder, was er mag ;

Chacun essaie ce qu’il aime ;

Drum schonet mir an diesem Tag

N’épargner plus aujourd’hui

Prospekte nicht und nicht Maschinen.

Les décors ou les machines.

Gebraucht das groß, und kleine Himmelslicht,

Utilisez la grande et petite lumière céleste,

Die Sterne dürfet ihr verschwenden ;

Gaspillez à l’envi les étoiles ;

An Wasser, Feuer, Felsenwänden,

De l’eau, le feu, les parois rocheuses,

An Tier und Vögeln fehlt es nicht.

Les animaux et les oiseaux, il n’en manque pas.

Den ganzen Kreis der Schöpfung aus,

Sur les étroites planches traversez

So schreitet in dem engen Bretterhaus

Le cercle entier de la création

Und wandelt mit bedächt’ger Schnelle

Et marchez d’un pas rapide

Vom Himmel durch die Welt zur Hölle.

Du ciel à travers le monde jusqu’à l’Enfer.

FAUST de GOETHE – PROLOG IM HIMMEL – PROLOGUE AU CIEL

Goethe par Joseph Karl Stieler, 1828

____________
Prolog im Himmel
Prologue au Ciel
____________

Johann Wolfgang
von Goethe

 Faust Goethe Eine Tragödie Argitato Théâtre Prolog im Himmel Prologue au ciel

____________________
Traduction Jacky Lavauzelle 
_____________________

 

Faust par Wilhelm Hensel.

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Der Herr. Die himmlischen Heerscharen.
Nachher Mephistopheles.
Le Seigneur, les Phalanges célestes. Puis Méphistophélès.

  

Die drei Erzengel
treten vor
ils s’avancent
.

 

RAPHAEL

Die Sonne tönt, nach alter Weise,

Le Soleil résonne, selon la vieille tradition,

In Brudersphären Wettgesang,

Dans la multitude des chants des sphères harmonieuses,

Und ihre vorgeschriebne Reise

Et le voyage, comme il est prescrit,

Vollendet sie mit Donnergang.   

Se termine dans le fracas du tonnerre.

Ihr Anblick gibt den Engeln Stärke,

Sa vue donne aux Anges la force,

Wenn keiner Sie ergründen mag ;

Quand bien même il reste à jamais insondable ;

Die unbegreiflich hohen Werke

Les œuvres sublimes et incompréhensibles,

Sind herrlich wie am ersten Tag.

Sont belles comme au premier jour.

 

GABRIEL

Und schnell und unbegreiflich schnelle

Et rapidement, avec une vitesse inouïe,

Dreht sich umher der Erde Pracht ;

Tourne autour de la splendeur de la terre ;

Es wechselt Paradieseshelle

Il fait se succéder la lumière paradisiaque

Mit tiefer, schauervoller Nacht.

A la profondeur et au frisson de la nuit.

Es schäumt das Meer in breiten Flüssen

Il écume la mer dans les flots puissants

Am tiefen Grund der Felsen auf,

Sur la base profonde des roches,

Und Fels und Meer wird fortgerissen

Et les rocs et la mer sont balayés

Im ewig schnellem Sphärenlauf.

Dans la course éternelle et folle des sphères.

 

MICHEL

Und Stürme brausen um die Wette

Et la tempête gronde autour de l’orage qui,

Vom Meer aufs Land, vom Land aufs Meer,

De la mer à la terre, de la terre à la mer,

Und bilden wütend eine Kette

forme dans cette chaîne colérique

Der tiefsten Wirkung rings umher.

Des profonds et insondables effets.

Da flammt ein blitzendes Verheeren

Les flammes de la foudroyante dévastation

Dem Pfade vor des Donnerschlags.

Suivent le chemin qu’ouvre l’éclat du tonnerre.

Doch deine Boten, Herr, verehren

Pourtant, vos messagers, Seigneur, vénèrent

Das sanfte Wandeln deines Tags.

Les douces variations de ton jour.

ZU DREI
Les trois ensemble

Der Anblick gibt den Engeln Stärke,

Ta vue donne aux Anges la force,

Da keiner dich ergründen mag,

Que personne ne peut sonder,

Und alle deine hohen Werke

Et toutes tes hautes œuvres

Sind herrlich wie am ersten Tag.

Sont belles comme au premier jour.

MEPHISTOPHELES

Da du, o Herr, dich einmal wieder nahst

Parce que, Seigneur, tu t’approches une fois de plus

Und fragst, wie alles sich bei uns befinde,

Et demandes comment tout se déroule,

Und du mich sonst gewöhnlich gerne sahst,

Et que d’ailleurs tu me vois volontiers,

So siehst du mich auch unter dem Gesinde.

Donc, me voici parmi tes serviteurs.

Verzeih, ich kann nicht hohe Worte machen,

Pardonne-moi, je ne peux pas faire de grands discours,

Und wenn mich auch der ganze Kreis verhöhnt;

Même si je dois-être moqué par tous,

Mein Pathos brächte dich gewiß zum Lachen,

Mon pathos sûrement te ferait rire,

Hätt’st du dir nicht das Lachen abgewöhnt.

Si seulement tu n’avais pas renoncé au rire,

Von Sonn’ und Welten weiß ich nichts zu sagen,

Des soleils et des mondes, je ne connais rien,

 

Ich sehe nur, wie sich die Menschen plagen.

Je vois  seulement, comment les gens se tourmentent.

 

Der kleine Gott der Welt bleibt stets von gleichem Schlag,

 

Le petit dieu du monde reste toujours de la même espèce,

Und ist so wunderlich als wie am ersten Tag.

Et fantasque comme au premier jour.

Ein wenig besser würd er leben,

Il vivrait un peu mieux,

Hättst du ihm nicht den Schein des Himmelslichts gegeben ;

Si tu ne lui avais pas donné un peu de la lumière du ciel ;

Er nennt’s Vernunft und braucht’s allein,

Il appelle cela la raison et ne l’utilise

Nur tierischer als jedes Tier zu sein.

Seulement que pour être plus bestial que chaque animal.

Er scheint mir, mit Verlaub von euer Gnaden,

Il ressemble, avec tout le respect dû à Votre Grâce,

Wie eine der langbeinigen Zikaden,

A une de ces cigales à longues pattes,

Die immer fliegt und fliegend springt

Qui toujours vole et saute en volant

Und gleich im Gras ihr altes Liedchen singt ;

Et aussitôt dans l’herbe chante une vieille chansonnette ;

Und läg er nur noch immer in dem Grase!

Et si seulement, s’il restait pour toujours dans cette herbe !

In jeden Quark begräbt er seine Nase.

Mais dans chaque crotte, il fourre son nez !

DER HERR
Le Seigneur

Hast du mir weiter nichts zu sagen?

N’as-tu rien d’autre à me dire ?

Kommst du nur immer anzuklagen?

Ne viens-tu pas seulement, comme toujours, m’accuser ?

Ist auf der Erde ewig dir nichts recht?

Sur la terre, jamais, ne trouveras-tu rien de bon?

 

MEPHISTOPHELES

Nein Herr! ich find es dort, wie immer, herzlich schlecht.

Non, Seigneur ! Je n’y trouve, comme toujours, sincèrement que du mauvais !

Die Menschen dauern mich in ihren Jammertagen,

Les gens m’attristent, leur misère est si grande,

Ich mag sogar die armen selbst nicht plagen.

Je n’ai même plus de plaisir à châtier ces pauvres malheureux.

DER HERR
Le Seigneur

Kennst du den Faust?

Connais-tu Faust ?

MEPHISTOPHELES

Den Doktor?

Le docteur ?

DER HERR
Le Seigneur

Meinen Knecht !

Mon serviteur !

 

MEPHISTOPHELES

Fürwahr ! er dient Euch auf besondre Weise.

En vérité ! Il vous sert de la plus singulière manière !

Nicht irdisch ist des Toren Trank noch Speise.

Le fou ne boit ou ne mange rien de comestible.

Ihn treibt die Gärung in die Ferne,

Il est entraîné par cette fermentation spirituelle dans les hauteurs,

Er ist sich seiner Tollheit halb bewußt ;

Il est à moitié conscient de sa folie ;

Vom Himmel fordert er die schönsten Sterne

Du ciel qu’il appelle, il demande les plus belles étoiles

Und von der Erde jede höchste Lust,

Et à la terre, des plaisirs suprêmes,

Und alle Näh und alle Ferne

Et tout ce qui est proche et tout ce qui est lointain,

Befriedigt nicht die tiefbewegte Brust.

Ne pas satisfait plus ce cœur exigeant.

 

DER HERR
Le Seigneur

Wenn er mir auch nur verworren dient,

S’il me sert ainsi, même dans la confusion,

So werd ich ihn bald in die Klarheit führen.

Je le conduirais vers la lumière.

Weiß doch der Gärtner, wenn das Bäumchen grünt,

Il sait, le jardinier, quand l’arbre devient vert,

Das Blüt und Frucht die künft’gen Jahre zieren.

Que les fleurs et les fruits l’orneront dès les prochaines années.

MEPHISTOPHELES

Was wettet Ihr? den sollt Ihr noch verlieren!

Qu’est-ce que vous pariez ? Vous le perdrez !

Wenn Ihr mir die Erlaubnis gebt,

Si vous me donnez la permission,

Ihn meine Straße sacht zu führen.

De le guider doucement sur ma route.

DER HERR
Le Seigneur

Solang er auf der Erde lebt,

Tant qu’il vivra sur la terre,

So lange sei dir’s nicht verboten,

Rien ne t’interdit d’essayer tout ce temps,

Es irrt der Mensch so lang er strebt.

L’homme erre tant qu’il est dans sa quête.

MEPHISTOPHELES

Da dank ich Euch; denn mit den Toten

Je te remercie ! Car avec les morts

Hab ich mich niemals gern befangen.

Je n’ai jamais eu d’attraits.

Am meisten lieb ich mir die vollen, frischen Wangen.

J’aime par-dessus tout les joues  pleines et fraîches.

Für einem Leichnam bin ich nicht zu Haus ;

Pour un cadavre, je ne suis pas à la maison ;

Mir geht es wie der Katze mit der Maus.

Pour moi, il y va comme du chat avec la souris.

DER HERR
Le Seigneur

Nun gut, es sei dir überlassen!

Bien !  Je te le laisse !

Zieh diesen Geist von seinem Urquell ab,

Détourne cet esprit de sa source,

Und führ ihn, kannst du ihn erfassen,

Et si tu le saisis, conduis-le avec toi,

Auf deinem Wege mit herab,

Sur ton chemin vers les abîmes,

Und steh beschämt, wenn du bekennen mußt :

Mais honte à toi, s’il te faut avouer

Ein guter Mensch, in seinem dunklen Drange,

Qu’un homme bon, dans sa sombre impulsion,

Ist sich des rechten Weges wohl bewußt.

Reste bien conscient de la bonne voie à suivre !

 

MEPHISTOPHELES

Schon gut ! nur dauert es nicht lange.

Bien ! seulement il ne faudra pas longtemps !

Mir ist für meine Wette gar nicht bange.

Je n’ai pas de crainte pour mon pari.

Wenn ich zu meinem Zweck gelange,

Si j’arrive à mon but,

Erlaubt Ihr mir Triumph aus voller Brust.

Vous permettrez que je triomphe à pleins poumons.

Staub soll er fressen, und mit Lust,

La poussière, il la dévorera, et avec délectation,

Wie meine Muhme, die berühmte Schlange.

Comme mon cousin, le fameux Serpent.

 DER HERR
Le Seigneur

Du darfst auch da nur frei erscheinen ;

Tu pourras aussi apparaître à ta guise ;

Ich habe deinesgleichen nie gehaßt.

Je n’ai jamais haï tes pareils.

Von allen Geistern, die verneinen,

De tous les esprits qui s’opposent,

Ist mir der Schalk am wenigsten zur Last.

C’est pour moi le Malin qui m’est le moins à charge.

Des Menschen Tätigkeit kann allzu leicht erschlaffen,

L’activité d’un homme peut trop facilement se distendre,

Er liebt sich bald die unbedingte Ruh ;

Il aime le repos inconditionnellement ;

Drum geb ich gern ihm den Gesellen zu,

Je vais donc, volontiers, lui envoyer ce compagnon,

Der reizt und wirkt und muß als Teufel schaffen.

Afin de l’irriter et de l’influer et que le Diable le besogne.

Doch ihr, die echten Göttersöhne,

Mais vous, les vrais fils de Dieu,

Erfreut euch der lebendig reichen Schöne !

Réjouissez-vous de la richesse de la beauté vivante !

Das Werdende, das ewig wirkt und lebt,

Que ce qui advient, soit éternellement agissant et vivant,

Umfass’ euch mit der Liebe holden Schranken,

Et vous prenne dans les douces limites de l’amour,

Und was in schwankender Erscheinung schwebt,

Et ce qui est fluctuant et fuyant,

Befestigt mit dauernden Gedanken!

Se fixe en pensées durables !

 

(Der Himmel schließt, die Erzengel verteilen sich.
Le Ciel se referme, les archanges se dispersent)

MEPHISTOPHELES
(allein – seul)

 

Von Zeit zu Zeit seh ich den Alten gern,

De temps en temps, je vois le vieil homme avec plaisir,

Und hüte mich, mit ihm zu brechen.

Et me garde, avec lui, de rompre les liens.

Es ist gar hübsch von einem großen Herrn,

C’est vraiment agréable, venant d’un aussi grand seigneur,

So menschlich mit dem Teufel selbst zu sprechen.

De parler humainement avec le Diable lui-même.

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PUBLILIUS SYRUS : IN LUXURIAM – CONTRE LE LUXE

Publilius Syrus

IN LUXURIAM
Contre le luxe

Publilius Syrus Contre la luxure In Luxuriam Argitato

Traduction Jacky Lavauzelle – artgitato.com

Luxurie victa Martis marcent moenia.

Rome est affaiblie par le luxe.

Tuo palato clausus pavo pascitur,

Pour ton palais, le paon est mis en cage,

Plumato amictus aureo, Babylonico ;

Cet oiseau aux plumes dorées, de Babylone ;

Gallina tibi Numidica, tibi gallus spado ;

Pour vous la pintade de Numidie, pour vous le chapon ;

Ciconia etiam grata, peregrina hospita,

La cigogne est la bienvenue aussi, cet étranger dans ta maison,

Pietaticultrix, gracilipes, crotalistria,

Qui a de la piété filiale, grêle, joueuse de castagnettes,

Avis exsul hiemis, titulus tepidi temporis,

Cette exilée de l’hiver, qui annonce la saison chaude,

Nequitiae nidum in cacabo fecit meo.

La  dépravation le niche maintenant dans ton chaudron.

Quo margarita cara, tribacca, et Indica ?

Pourquoi  vendre si chères les perles, les pendants d’oreilles ?

Au ut matrona ornata phaleris pelagiis

La matrone ornée de coquillages s’encanaille

Tollat pedes indomita in strato extraneo ?

Prenant son pied avec un étranger dans son lit ?

Smaragdum ad quam rem viridem, pretiosum vitrum ?

La verte émeraude, ce verre précieux, la posséder, mais dans quel but ?

Quo Carchedonios optas ignes lapideos,

Nous voulons des agates, ces pierres au feu ressemblantes,

Nisi ut scintillent ? Probitas est carbunculus.

N’est-ce pas pour qu’elles nous fassent scintiller? L’honnêteté est la plus belle des pierres.

Aequum est induere nuptam ventum textilem ?

Est-il juste que la tenue de la mariée  laisse ainsi passer le vent ?

Palam prostare nudam in nebula linea ?

Et elle, manifestement exposée nue dans un nuage de lin ?

 

Affiche à partir du tableau de Thomas Couture, Les Romains de la décadence, Musée Orsay 1847