Malaysia
Voyage en Malaisie
PHOTO JACKY LAVAUZELLE
TEXTE : POEME de Renée Vivien
les Couleurs (WARNA)
& Les Couleurs de la nuit
Evocations, Alphonse Lemerre, éditeur
1903
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En mars 2017, Shukri Elias étalait sa palette dans sa rétrospective qui lui était consacrée. Devant les murs blancs, les couleurs se répondaient franches et vives. Un festival de couleurs brutes, un Flamboiement barbares de couleur comme le dirait la poétesse anglaise Renée-Vivian.
Dans la multitude de formes que propose Shukri, il semble visiter ou plutôt revisiter la figuration contemporaine à partir de Picasso et en passant par la figuration libre de Robert Combas ou Max Blumberg, en passant par le pop art de Keith Haring.
Ces formes se retrouvent dans l’introspection de l’artiste qui se met en scène et en se regardant semble plonger dans les couleurs des ténèbres (Renée Vivien), dans les couleurs de l’âme, des milliers de lieues plus loin, dans la méditation subtile des nuits bleues…
Shukri fraye au bord de la forme. Son pinceau esquive des gestes larges qui souhaite effacer ce qu’il vient de créer. Le trait se délave et coule, s’effaçant presque. Le désir de couleur est si fort qu’il tend chacune de ses toiles, qu’il tend le fil où se retrouve la rétrospective.
Nous apercevons des notes musicales graphiques de Joan Miró, des envolées de Kandinsky, des fantômes de Marc Chagall. Mais toujours ces yeux grands ouverts qui nous regardent et se regardent. On les suit au dedans de l’âme par les chemins détournées des yeux. Jusqu’à l’invisibilité des choses.
« Brille donc davantage intérieurement, ô céleste lumière ! que toutes les facultés de mon esprit soient pénétrées de tes rayons ; mets des yeux à mon âme ; écarte et disperse tous les brouillards, afin que je puisse voir et dire les choses invisibles aux yeux des Mortels ». ( John Milton- Le Paradis Perdu).
Et il repart comme on repart en quête. « Des yeux sans nombre ont vu l’aurore ; Ils dorment au fond des tombeaux, Et le soleil se lève encore. » (Sully Prudhomme – Les Yeux -Œuvres de Sully Prudhomme, Alphonse Lemerre, éditeur) Mais plein de cette lumière qui trouve – retrouve – les origines – nos origines.
« Félicité précaire,
Ta durée éphémère
Comme une ombre légère
Disparut et s’enfuit ;
Tel un riant mensonge,
Un agréable songe,
Dans l’ivresse nous plonge
Et s’efface la nuit. »
(MÉLANCOLIE – Alexandre Latil )
Jacky Lavauzelle
« Et le regard serein et limpide du Bleu, —
Car mon âme est, ce soir, triste comme un adieu. »
Renée Vivien
« Le Brun des bois anciens, favorable à l’étude,
Sait encadrer mon silence et ma solitude. »
Renée Vivien
« Éloignez de mes yeux les flamboiements barbares
Du Rouge, cri de sang que jettent les fanfares. »
Renée Vivien
LA SERIE DES
STATE COLLEGE
2016
« Écartez le sourire invincible du Rose,
Qui jaillit de la fleur ingénument déclose, »
Renée Vivien
« Éteignez la splendeur du Jaune, cri de l’or,
Où le soleil persiste et ressurgit encor. »
Renée Vivien
« Entourez-la du rêve et de la paix du Gris,
Crépuscule de l’âme et des chauves-souris. »
Renée Vivien
SHOOK 08 – CAT MINYAK 2008
PORTRET KUNING 2002
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SPIRALE 2003
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TENANG 2005
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PORTRET DIRI 04
SELF PORTRAIT
AUTO PORTRAIT
2004
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PUTEH
2002
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HITAM – KUNING 03
NOIR ET JAUNE
2003
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SAYU
MELANCOLIE
2006
« Et la douce prière,
Divine messagère,
Sur son aile légère
Portait mes vœux au ciel ;
Et, franchissant la route
De la céleste voûte,
Les déposait, sans doute,
Aux pieds de l’Éternel ! »
Mélancolie – Alexandre Latil
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TANDA
MARQUE
2007
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CORET ISTIMEWA
BANDES SPECIALES
2005
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KL INK
2013
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TEPAT
DROIT
2013
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PANJANG
LONG
2013
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CAWAN
TASSE
2002
**
TOTEM JINGGA
TOTEM ORANGE
2009
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NYATA
REEL
2008
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GETAR
2004
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Minda Rayau Lagi
2008
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Tutup
Couverture
2013
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les flamboiements barbares
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RENEE VIVIEN
LES COULEURS
(Poème complet)
LES COULEURS
Éloignez de mes yeux les flamboiements barbares
Du Rouge, cri de sang que jettent les fanfares.
Éteignez la splendeur du Jaune, cri de l’or,
Où le soleil persiste et ressurgit encor.
Écartez le sourire invincible du Rose,
Qui jaillit de la fleur ingénument déclose,
Et le regard serein et limpide du Bleu, —
Car mon âme est, ce soir, triste comme un adieu.
Elle adore le charme atténué du Mauve,
Pareil aux songes purs qui parfument l’alcôve.
Et la mysticité du profond Violet,
Plus grave qu’un chant d’orgue et plus doux qu’un reflet.
Versez-lui l’eau du Vert, qui calme le supplice
Des paupières, fraîcheur des yeux de Béatrice.
Entourez-la du rêve et de la paix du Gris,
Crépuscule de l’âme et des chauves-souris.
Le Brun des bois anciens, favorable à l’étude,
Sait encadrer mon silence et ma solitude.
Venez ensevelir mon ancien désespoir
Sous la neige du Blanc et dans la nuit du Noir.
Renée Vivien
les Couleurs
Evocations, Alphonse Lemerre, éditeur
1903
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LES COULEURS DE LA NUIT
Contemple les couleurs des ténèbres. Tes yeux
Sauront, comme les miens, interpréter les cieux.
J’ai vu le violet des nuits graves et douces,
Le vert des nuits de paix, la flamme des nuits rousses.
J’ai vu s’épanouir, rose comme une fleur,
La lune qui sourit aux rêves sans douleur.
J’ai vu s’hypnotiser, à des milliers de lieues,
La méditation subtile des nuits bleues.
En écoutant pleurer les hiboux à l’essor
Mystérieux, j’ai vu ruisseler les nuits d’or.
Renée Vivien
les Couleurs
Evocations, Alphonse Lemerre, éditeur
1903
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