Archives par mot-clé : Shakespeare

LA GLACE, LE CADRAN & LE LIVRE – SONNET DE SHAKESPEARE LXXVII – SONNET 77 – Thy glass will show thee how thy beauties wear

SONNET de SHAKESPEARE
THE SONNETS
THE SONNETS – LES SONNETS

Illustration du Phénix par Friedrich Justin Bertuch
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WILLIAM SHAKESPEARE
[1564 – 1616]

Traduction JACKY LAVAUZELLE




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SONNET 77
LXXVII

The Sonnets SHAKESPEARE
Les Sonnets de SHAKESPEARE


LA GLACE, LE CADRAN & LE LIVRE
Thy glass will show thee how thy beauties wear

1598 

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Thy glass will show thee how thy beauties wear,
Ta glace te montrera comment s’envolent tes beautés,
Thy dial how thy precious minutes waste;
Ton cadran comment tes précieuses minutes se perdent ;…

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SHAKESPEARE SONNET
SONNET LXXVII

LES SONNETS DE SHAKESPEARE THE SONNETS

LE NOUVEAU et L’ANCIEN – SONNET DE SHAKESPEARE LXXVI – SONNET 76 – Why is my verse so barren of new pride

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SONNET de SHAKESPEARE
THE SONNETS
THE SONNETS – LES SONNETS

Illustration du Phénix par Friedrich Justin Bertuch
*


WILLIAM SHAKESPEARE
[1564 – 1616]

Traduction JACKY LAVAUZELLE




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SONNET 76
LXXVI

The Sonnets SHAKESPEARE
Les Sonnets de SHAKESPEARE


LE NOUVEAU & L’ANCIEN

1598 

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Why is my verse so barren of new pride,
Pourquoi mes vers manquent-ils de fierté nouvelle,
So far from variation or quick change?
Loin des variations et des prompts bouleversements ?…

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SHAKESPEARE SONNET
SONNET LXXVI

LES SONNETS DE SHAKESPEARE THE SONNETS

LE PAYS DORÉ de GEORGE ORWELL – 1984 – THE GOLDEN COUNTRY

LITTÉRATURE ANGLAISE
____________________________

TRADUCTION
JACKY LAVAUZELLE

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George Orwell
25 juin 1903 – 21 janvier 1950


Nineteen Eighty-Four
1984

_______________________________
TRADUCTION JACKY LAVAUZELLE
_______________________________

L’attribut alt de cette image est vide, son nom de fichier est 1984.jpg.

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LE PAYS DORÉ 
THE GOLDEN COUNTRY
__________________________

Gustav Klimt
Les Forces du Mal et les trois Gorgones
1902
Palais de la Sécession, Vienne

Dans la première partie, le Pays Doré arrive après le souvenir de sa mère et de sa sœur où il est question de sacrifice et de tragique. Le passage est d’autant plus fort que ce sacrifice mais en relief la solidarité et la cohésion de la famille, ce qu’Orwell décrit comme cette sphère où régnaient l’intimité, l’amour et l’amitié. Ce sont là les ciments du tragique.
Dans la Première Encyclopédie, Jaucourt, disait du tragique : « Le vrai tragique règne, lorsqu’un homme vertueux, ou du-moins plus vertueux que vicieux, est victime de son devoir, comme le sont les Curiaces ; ou de sa propre faiblesse, comme Ariane & Phèdre ; ou de la faiblesse d’un autre homme, comme Polieucte ; ou de la prévention d’un père, comme Hippolyte ; ou de l’emportement passager d’un frère, comme Camille ; qu’il soit précipité par un malheur qu’il n’a pu éviter, comme Andromaque ; ou par une sorte de fatalité à laquelle tous les hommes sont sujets, comme Œdipe ; voilà le vrai tragique ; voilà ce qui nous trouble jusqu’au fond de l’âme, & qui nous fait pleurer. »  Désormais, il n’existe plus de vertu, et tout se vaut, l’égale validité de tous les discours annule le discours lui-même et la pensée dans ses fondements. Plus rien n’est mis en relief, que la pensée unique de l »Angsoc, du Parti, de Big Brother.
Le souvenir familial et cette douce intimité va se terminer dans les eaux vertes et vaseuses et glisser dans la lumière et la paix du Pays Doré.
Le souvenir est récurrent, comme de l’oxygène pour vivre le temps présent sombre et inhumain.
Dans la seconde partie de 1984, le Pays Doré devient alors réel. Le paysage qui le protège et qui sert de cadre à sa rencontre amoureuse entre Winston et Julia, n’est rien d’autre que ce Pays Doré. Dans un lieu qui semble vierge de l’oppression et de la pesante observation du régime. Enfin, les êtres peuvent se laisser aller et ne plus contrôler leurs actes et leurs expressions.
Le passé devient le présent et le rêve la réalité. Orwell utilise les mêmes mots et les mêmes descriptions.
Dans la dernière partie, Winston est isolé et torturé, jour et nuit, incessamment.
Le Pays Doré devient un puits de lumière. La pensée du Pays doré ce fait à son insu. Il y retrouve Julia, mais ce rêve risque fort de le perdre complètement. Après les souffrances et les drogues, la pensée vagabonde une dernière fois dans ce pays de lumière. Il y retrouve Julia comme si elle se trouvait à l’intérieur de lui. Il la gardera à jamais en lui dans l’attente de la balle qui arrivera bientôt. Mais comme ce souvenir reste douloureux.

Jacky Lavauzelle

L’âge d’or, Lucas Cranach l’Ancien, 1530

PREMIÈRE PARTIE
PART 1
PRÉLUDE A 
L’APPARITION DU PAYS DORÉ 

LA DISPARITION DU TRAGIQUE

He could not remember what had happened, but he knew in his dream that in some way the lives of his mother and his sister had been sacrificed to his own.
« Il ne pouvait se souvenir de ce qui s’était passé, mais il savait dans son rêve que, d’une certaine manière, les vies de sa mère et de sa sœur avait été sacrifiées à la sienne.
It was one of those dreams which, while retaining the characteristic dream scenery, are a continuation of one’s intellectual life, and in which one becomes aware of facts and ideas which still seem new and valuable after one is awake.
C’était un de ces rêves qui, tout en conservant le paysage caractéristique du rêve, sont en fait une continuation de sa vie intellectuelle, dans lequel on prend conscience de faits et d’idées qui semblent encore nouveaux et précieux après le réveil même.
The thing that now suddenly struck Winston was that his mother’s death, nearly thirty years ago, had been tragic and sorrowful in a way that was no longer possible.
Ce qui a soudainement frappé Winston, c’est que la mort de sa mère, il y a près de trente ans, avait été tragique et douloureuse d’une manière qui, aujourd’hui, ne serait plus possible.
Tragedy, he perceived, belonged to the ancient time, to a time when there was still privacy, love, and friendship, and when the members of a family stood by one another without needing to know the reason.
La tragédie, selon lui, appartenait à une époque ancienne, à une époque où il y avait encore de l’intimité, de l’amour et de l’amitié, et où les membres d’une famille se tenaient l’un à côté de l’autre sans avoir besoin d’en connaître la raison.
His mother’s memory tore at his heart because she had died loving him, when he was too young and selfish to love her in return, and because somehow, he did not remember how, she had sacrificed herself to a conception of loyalty that was private and unalterable.
La mémoire de sa mère lui déchirait le cœur car elle était morte en l’aimant, alors que lui était trop jeune et trop égoïste pour l’aimer en retour, et car, en quelque sorte, il ne se souvenait plus comment, elle s’était sacrifiée à une conception, intime et inaltérable, de la loyauté.
Such things, he saw, could not happen today.
De telles choses, il le savait, ne pouvaient plus arriver aujourd’hui.
Today there were fear, hatred, and pain, but no dignity of emotion, no deep or complex sorrows.
Aujourd’hui, il y avait de la peur, de la haine et de la douleur, mais pas de dignité émotionnelle, pas de chagrins profonds ou complexes.
All this he seemed to see in the large eyes of his mother and his sister, looking up at him through the green water, hundreds of fathoms down and still sinking.
Tout cela, il semblait le voir dans les grands yeux de sa mère et de sa sœur, le regardant à travers l’eau verte, des centaines de brasses en-dessous et qui continuait toujours de couler. »

Part 1, Chapter 3
Première partie,  Chapitre 3
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PREMIÈRE PARTIE
PART 1
APPARITION DU PAYS DORÉ 

Suddenly he was standing on short springy turf, on a summer evening when the slanting rays of the sun gilded the ground.
Soudain, il se tenait sur un gazon court et élastique, un soir d’été quand les rayons obliques du soleil doraient le sol.
The landscape that he was looking at recurred so often in his dreams that he was never fully certain whether or not he had seen it in the real world.
Le paysage qu’il regardait se reproduisait si souvent dans ses rêves qu’il n’était jamais entièrement certain de l’avoir vu dans le monde réel.
In his waking thoughts he called it the Golden Country.
Dans ses pensées éveillées, il l’appelait le Pays Doré.
It was an old, rabbit-bitten pasture, with a foot-track wandering across it and a molehill here and there.
C’était un vieux pâturage envahi de lapin, où un sentier serpentait et quelques taupinières ici et là.
In the ragged hedge on the opposite side of the field the boughs of the elm trees were swaying very faintly in the breeze, their leaves just stirring in dense masses like women’s hair.
Dans la haie à l’abandon sur le côté opposé du champ, les branches des ormes se balançaient très faiblement dans la brise, leurs feuilles remuant juste en masses denses comme les cheveux des femmes.
Somewhere near at hand, though out of sight, there was a clear, slow-moving stream where dace were swimming in the pools under the willow trees.
Quelque part, à proximité, bien que hors de vue, il y avait un ruisseau clair et paisible où nageaient quelques poissons dorés sous les saules.

The girl with dark hair was coming towards them across the field.
La fille aux cheveux noirs s’approchait de lui à travers les champs.
With what seemed a single movement she tore off her clothes and flung them disdainfully aside.
Avec, dans ce qui semblait être un seul et unique mouvement, elle arracha ses vêtements et les jeta avec dédain sur le côté.
Her body was white and smooth, but it aroused no desire in him, indeed he barely looked at it.
Son corps était blanc et lisse, mais cela ne suscita aucun désir en lui, puisqu’il le regardait à peine.
What overwhelmed him in that instant was admiration for the gesture with which she had thrown her clothes aside.
Ce qui le submergeait à cet instant, c’était beauté du geste avec lequel elle avait jeté ses vêtements de côté.
With its grace and carelessness it seemed to annihilate a whole culture, a whole system of thought, as though Big Brother and the Party and the Thought Police could all be swept into nothingness by a single splendid movement of the arm.
Cette grâce et cette insouciance semblaient anéantir toute une culture, tout un système de pensée, comme si Big Brother et le Parti et la Police de la Pensée pouvaient tous être emportés dans le néant par ce seul mouvement splendide du bras.
That too was a gesture belonging to the ancient time.
C’était aussi un geste appartenant à l’ancien temps.
Winston woke up with the word ‘Shakespeare’ on his lips.
Winston se réveilla avec le mot «Shakespeare» sur ses lèvres.

Part 1, Chapter 3
Première partie,  Chapitre 3

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DEUXIÈME PARTIE
PART 2

‘Don’t go out into the open.
-Ne sortez pas en plein air.
There might be someone watching.
Il pourrait y avoir quelqu’un qui regarde.
We’re all right if we keep behind the boughs.’
Nous serons bien en sécurité si nous restons derrière les branches.

They were standing in the shade of hazel bushes.
Ils se tenaient debout à l’ombre des noisetiers.
The sunlight, filtering through innumerable leaves, was still hot on their faces.
La lumière du soleil, filtrant à travers d’innombrables feuilles, était encore chaude sur leurs visages.
Winston looked out into the field beyond, and underwent a curious, slow shock of recognition.
Winston regarda le champ au loin et subit un lent et curieux choc.
He knew it by sight.
Il le reconnaissait.
An old, close-bitten pasture, with a footpath wandering across it and a molehill here and there.
Un vieux pâturage bien tondu, avec un sentier pour se promener et des taupinières ici et là.
In the ragged hedge on the opposite side the boughs of the elm trees swayed just perceptibly in the breeze, and their leaves stirred faintly in dense masses like women’s hair.
Dans la haie à l’abandon du côté opposé, les branches des ormes se balançaient de façon perceptible dans la brise, et leurs feuilles remuaient faiblement en masses denses comme les cheveux des femmes.
Surely somewhere nearby, but out of sight, there must be a stream with green pools where dace were swimming?
Sûrement quelque part à proximité, mais hors de vue, il devait y avoir un ruisseau avec des étangs verts où les poissons dorés nageaient ?

‘Isn’t there a stream somewhere near here?’ he whispered.
-N’y a-t-il pas un ruisseau quelque part près d’ici ? murmura-t-il .

‘That’s right, there is a stream.
-C’est vrai, il y a un ruisseau.
It’s at the edge of the next field, actually.
C’est au bord du champ à côté, en effet.
There are fish in it, great big ones.
Il y a du poisson dedans, des très gros.
You can watch them lying in the pools under the willow trees, waving their tails.’
Vous pouvez les regarder allongés dans les étangs sous les saules, qui agitent leurs queues.

‘It’s the Golden Country — almost,’ he murmured.
-C’est le Pays Doré – c’est presque ça, murmura-t-il.

‘The Golden Country?’
– Le Pays Doré ?

‘It’s nothing, really. A landscape I’ve seen sometimes in a dream.’
– Ce n’est rien, vraiment. Un paysage que j’ai vu parfois dans un rêve

‘Look!’ whispered Julia.
-Regardez ! chuchota Julia.

A thrush had alighted on a bough not five metres away, almost at the level of their faces.
Une grive s’étaient posée sur une branche à cinq mètres de là, presque au niveau de leurs visages.
Perhaps it had not seen them.
Peut-être ne les avait-elle pas vus.
It was in the sun, they in the shade.
Elle se trouvait en effet au soleil, alors qu’eux se trouvaient à l’ombre.

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TROISIÈME PARTIE
PART 3

One day — but ‘one day’ was not the right expression; just as probably it was in the middle of the night: once — he fell into a strange, blissful reverie.
Un jour – mais «un jour» n’était pas la bonne expression ; probablement qu’il s’agissait du milieu de la nuit : une fois – il tomba dans une rêverie étrange et heureuse.
He was walking down the corridor, waiting for the bullet.
Il marchait dans le couloir, attendant la balle du revolver.
He knew that it was coming in another moment.
Il savait que cela arriverait d’un instant à l’autre.
Everything was settled, smoothed out, reconciled.
Tout était réglé, lissé, réconcilié.
There were no more doubts, no more arguments, no more pain, no more fear.
Il n’y avait plus de doute, plus d’arguments, plus de douleur, plus de peur.
His body was healthy and strong.
Son corps était sain et fort.
He walked easily, with a joy of movement and with a feeling of walking in sunlight.
Il marchait avec aisance, avec la joie de bouger et avec une agréable sensation de marcher au soleil.
He was not any longer in the narrow white corridors in the Ministry of Love, he was in the enormous sunlit passage, a kilometre wide, down which he had seemed to walk in the delirium induced by drugs.
Il n’était plus dans les étroits couloirs blancs du Ministère de l’Amour, il était dans un énorme couloir ensoleillé, large d’un kilomètre, descendant, il lui semblait y marcher dans un délire provoqué par la drogue.
He was in the Golden Country, following the foot-track across the old rabbit-cropped pasture.
Il était dans le Pays Doré, suivant le sentier à travers le vieux pâturage infesté de lapin.
He could feel the short springy turf under his feet and the gentle sunshine on his face.
Il pouvait sentir le gazon court et élastique sous ses pieds et le doux soleil sur son visage.
At the edge of the field were the elm trees, faintly stirring, and somewhere beyond that was the stream where the dace lay in the green pools under the willows.
Au bord du champ se trouvaient les ormes, dont les branches remuaient légèrement, et quelque part, plus loin, se trouvait le ruisseau où le poissons dorés nageaient dans les mares vertes sous les saules.

Suddenly he started up with a shock of horror.
Soudain, il ressentit un choc d’horreur.
The sweat broke out on his backbone.
La sueur perlait sur son épine dorsale.
He had heard himself cry aloud:
Il s’entendit pleurer à haute voix :

‘Julia! Julia! Julia, my love! Julia!’
« Julia! Julia! Julia, mon amour! Julia! »

For a moment he had had an overwhelming hallucination of her presence.
Pendant un moment, il avait eu l’hallucination écrasante de sa présence. She had seemed to be not merely with him, but inside him.
Elle avait semblé être non seulement avec lui, mais en lui.
It was as though she had got into the texture of his skin.
C’était comme si elle était entrée dans la texture de sa peau.
In that moment he had loved her far more than he had ever done when they were together and free.
À ce moment-là, il l’avait beaucoup plus aimée qu’il ne l’avait jamais était lorsqu’ils étaient ensemble et libres.
Also he knew that somewhere or other she was still alive and needed his help.
Il savait aussi que quelque part, elle était encore en vie et avait besoin de son aide.

He lay back on the bed and tried to compose himself.
Il se rallongea sur le lit et essaya de se reprendre.
What had he done?
Qu’avait-il fait ?
How many years had he added to his servitude by that moment of weakness?
Combien d’années avait-il ajouté à sa servitude par ce moment de faiblesse ?

Part 3, Chapter 4
Troisième partie,  Chapitre 4

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MARIANA – Poème d’Alfred Tennyson – LA MOUCHE BLEUE

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Dante Gabriel Rossetti, The Day Dream, 1880, Londres, Victoria and Albert Museum                                                                (source: http://commons.wikimedia.org/wiki/File:Dante_Gabriel_Rossetti_-_The_Day_Dream_-_Google_Art_Project.jpg)

 

 

LITTERATURE ANGLAISE
POESIE ANGLAISE
EPOQUE VICTORIENNE


Alfred Tennyson par Julia Margaret Cameron

Alfred Tennyson

6 août 1809 – 6 octobre 1892 

 

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TRADUCTION JACKY LAVAUZELLE
______________________________________

MARIANA
LA MOUCHE BLEUE

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John Everett Millais, Mariana,1851

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« Mariana in the Moated Grange »
(Shakespeare, Measure for Measure)
(William Shakespeare, Mesure pour mesure)

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With blackest moss the flower-plots
D’une mousse si noire, les parcelles de fleurs
Were thickly crusted, one and all:
Se recouvraient comme d’une croûte épaisse :
The rusted nails fell from the knots
Les clous rouillés tombaient des nœuds
That held the pear to the gable-wall.
Qui retenaient l’ensemble contre le mur de la baie.
The broken sheds look’d sad and strange:
Les remises délabrées semblaient si tristes et étranges,
Unlifted was the clinking latch;
Que fermait un vieux verrou cliquetant ;
Weeded and worn the ancient thatch
Fatiguée et usée l’ancienne chaume recouvrait
Upon the lonely moated grange.
La grange solitaire des douves.
She only said, « My life is dreary,
Elle dit seulement : « Ma vie est triste,
He cometh not, » she said;
Il ne vient pas « , dit-elle ;
She said, « I am aweary, aweary,
Elle dit : « Je suis inquiète, si inquiète,
I would that I were dead! »
Je voudrais être morte ! « 

*

Her tears fell with the dews at even;
Ses larmes tombèrent dans la rosée du soir ;
Her tears fell ere the dews were dried;
Ses larmes coulèrent avant que les rosées ne sèchent ;
She could not look on the sweet heaven,
Elle ne pouvait plus regarder le doux ciel,
Either at morn or eventide.
Ni le matin ni le soir.
After the flitting of the bats,
Après le battement d’ailes des chauves-souris,
When thickest dark did trance the sky,
Quand l’obscurité la plus épaisse enveloppe tout à fait le ciel,
She drew her casement-curtain by,
Elle tira son rideau à battants,
And glanced athwart the glooming flats.
Et jeta un coup d’œil à travers les appartements sombres.
She only said, « The night is dreary,
Elle dit seulement : « La nuit est triste,
He cometh not, » she said;
Il ne vient pas « , dit-elle ;
She said, « I am aweary, aweary,
Elle dit : « Je suis inquiète, si inquiète,
I would that I were dead! »
Je voudrais être morte ! « 

*

Upon the middle of the night,
Au cœur de la nuit,
Waking she heard the night-fowl crow:
En se réveillant, elle entendit le chant des oiseaux de nuit :
The cock sung out an hour ere light:
Le coq chanta une heure avant la première lueur :
From the dark fen the oxen’s low
De la sombre tourbière, le mugissement des bœufs
Came to her: without hope of change,
Parvint jusqu’à elle : sans espoir de changement,
In sleep she seem’d to walk forlorn,
Dans le sommeil, elle semblait marcher désespérée,
Till cold winds woke the gray-eyed morn
Jusqu’à ce que des vents froids réveillent le matin aux yeux gris
About the lonely moated grange.
Près de la grange solitaire des douves.
She only said, « The day is dreary,
Elle dit seulement : « La journée est triste,
He cometh not, » she said;
Il ne vient pas « , dit-elle ;
She said, « I am aweary, aweary,
Elle dit : « Je suis inquiète, si inquiète,
I would that I were dead! »
Je voudrais être morte ! « 

*

About a stone-cast from the wall
À un jet de pierre du mur
A sluice with blacken’d waters slept,
  Une écluse aux eaux noircies dormait,
 And o’er it many, round and small,
Et tout au-dessus, rondes et petites,
The cluster’d marish-mosses crept.
  Les mousses marécageuses en grappes glissaient.
Hard by a poplar shook alway,
 Tout à côté, un peuplier toujours s’agitait,
  All silver-green with gnarled bark:
Tout vert argenté avec son écorce noueuse :
  For leagues no other tree did mark
Sur des lieux, aucun autre arbre ne marquait
The level waste, the rounding gray.
  La vaste étendue, le gris environnant.
 She only said, « My life is dreary,
Elle dit seulement : « Ma vie est triste,
He cometh not, » she said;
Il ne vient pas « , dit-elle ;
She said, « I am aweary, aweary,
Elle dit : « Je suis inquiète, si inquiète,
I would that I were dead! »
Je voudrais être morte !

*

And ever when the moon was low,
Et quand la lune fut basse,
And the shrill winds were up and away,
  Et que les vents aigus vinrent de si haut et d’ailleurs,
 In the white curtain, to and fro,
Dans le rideau blanc, de long en large,
 She saw the gusty shadow sway.
Elle vit l’ombre en rafale se balancer.
But when the moon was very low
  Mais quand la lune fut au plus bas
  And wild winds bound within their cell,
Et que les vents sauvages furent engouffrés dans leur cellule,
The shadow of the poplar fell
  L’ombre du peuplier tomba
Upon her bed, across her brow.
  Sur son lit, sur son front.
She only said, « The night is dreary,
Elle dit seulement : « La nuit est triste,
He cometh not, » she said;
Il ne vient pas « , dit-elle ;
She said, « I am aweary, aweary,
Elle dit : « Je suis inquiète, si inquiète,
I would that I were dead! »
Je voudrais être morte ! « 

*

All day within the dreamy house,
Toute la journée dans la maison de rêve,
    The doors upon their hinges creak’d;
Les portes sur leurs gonds grinçaient à l’envi ;
The blue fly sung in the pane; the mouse
  La mouche bleue chantait sur la vitre ; la souris
Behind the mouldering wainscot shriek’d,
  Derrière le lambris s’époumonait,
 Or from the crevice peer’d about.
Ou espionnait de la crevasse où elle se trouvait.
Old faces glimmer’d thro’ the doors
  De vieux visages scintillaient à travers les portes,
Old footsteps trod the upper floors,
  De vieux pas foulaient les étages du dessus,
  Old voices called her from without.
De vieilles voix l’appelaient de l’extérieur.
She only said, « My life is dreary,
Elle dit seulement : « Ma vie est triste,
He cometh not, » she said;
Il ne vient pas « , dit-elle ;
She said, « I am aweary, aweary,
Elle dit : « Je suis inquiète, si inquiète,
I would that I were dead! »
Je voudrais être morte ! « 

*

The sparrow’s chirrup on the roof,
Plus le gazouillement du moineau sur le toit,
 « The slow clock ticking, and the sound
Le tic-tac lent de l’horloge et le son
  Which to the wooing wind aloof
Que le vent produisait au loin
The poplar made, did all confound
  A travers le peuplier, se confondaient
Her sense; but most she loathed the hour
  Dans tous les sens, plus elle maudissait l’heure
When the thick-moted sunbeam lay
  Où le rayon du soleil gisait
  Athwart the chambers, and the day
A travers les chambres et maudissait le jour
Was sloping toward his western bower.

 Qui inondait la tonnelle, celle qui se trouve vers le soleil couchant.
Then said she, « I am very dreary,

Puis elle dit : « Je suis si triste,
He will not come, » she said;
Il ne viendra pas, » dit-elle ;
She wept, « I am aweary, aweary,

Elle pleura, « Je suis inquiète, si inquiète,
Oh God, that I were dead! »

Ô Dieu, comme je voudrais être morte ! « 



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LE PLEIN & LE VIDE – SONNET DE SHAKESPEARE LXXV -So are you to my thoughts as food to life

SONNET de SHAKESPEARE
THE SONNETS
THE SONNETS – LES SONNETS

Illustration du Phénix par Friedrich Justin Bertuch
*


WILLIAM SHAKESPEARE
[1564 – 1616]

Traduction JACKY LAVAUZELLE




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SONNET 75

The Sonnets SHAKESPEARE
Les Sonnets de SHAKESPEARE

So are you to my thoughts as food to life

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LE PLEIN & LE VIDE
*****

1598 

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So are you to my thoughts as food to life,
Ainsi tu es à mes pensées comme la nourriture à la vie,
Or as sweet-season’d showers are to the ground;
Ou comme les pluies de la saison douce à la terre ;…

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SHAKESPEARE SONNET
SONNET LXXV

LES SONNETS DE SHAKESPEARE THE SONNETS

MA MEILLEURE PART – SONNET 74 SONNET LXXIV – SONNETS DE SHAKESPEARE – SHAKESPEARE’S SONNETS – But be contented when that fell arrest

SONNET SHAKESPEARE
THE SONNETS
THE SONNETS – LES SONNETS

Rembrandt, Rembrandt Harmenszoon van Rijn, Philosophe en méditation, 1632
Sonnet shakespeare
sonnet shakespeare
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SONNET 74
SONNET LXXIV
ou SONNET 147 – SONNET CXLVII

The Sonnets SHAKESPEARE
Les Sonnets de SHAKESPEARE

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But be contented when that fell arrest
Mais sois satisfait quand cet arrêt tombera
Without all bail shall carry me away,
Sans préavis, et qu’il m’emportera,…

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L’ENIGME DES SONNETS DE SHAKESPEARE

Les sonnets de Shakespeare sont encore aujourd’hui une énigme pour les historiens et pour les critiques. La dédicace mystérieuse qui les accompagnait dans la première édition, le désordre involontaire ou préconçu dans lequel ils parurent, l’obscurité de certains passages ont donné lieu à mille interprétations diverses. Les uns ont déclaré que ces sonnets étaient uniquement adressés à une femme ; les autres, qu’ils étaient adressés uniquement à un homme ; ceux-ci en ont attribué l’inspiration à un personnage bizarre qui n’aurait été ni homme, ni femme, ou plutôt qui aurait été l’un et l’autre ; ceux-là y ont vu autant de petits poëmes séparés, adressés à diverses personnes ; d’autres enfin, et ce sont les plus nombreux, ont soutenu qu’ils étaient dédiés à des créatures imaginaires, n’ayant jamais existé que dans le cerveau du poëte. Déroutée par tant de contradictions, la postérité, si curieuse pourtant de tout ce qui porte le nom de Shakespeare, a fini par perdre patience : ne pouvant résoudre l’énigme, elle a donné sa langue aux chiens et jeté par dépit ce livre impertinent qu’elle ne comprenait pas. C’est ainsi que les sonnets qui, au temps d’Élisabeth, étaient plus celèbres que les drames même de Shakespeare, sont aujourd’hui tombés dans un oubli complet. Un écrivain distingué de l’Angleterre nous disait dernièrement qu’il n’y avait peut-être pas cent de ses compatriotes qui les eussent lus en entier…

Nous l’avouons, en lisant ces admirables poésies où le plus grand poëte du moyen âge a, suivant l’expression de Wordsworth, donné la clef de son cœur, nous nous sommes indigné de cet oubli de la postérité, et nous aurions cru manquer à un devoir si nous n’avions pas au moins essayé de réparer ce qui nous semblait presque une ingratitude. D’ailleurs, nous nous sentions attiré vers cette œuvre étrange par le mystère même qui avait rebuté tant d’autres.

À force de relire ces poëmes, en apparence décousus, nous finîmes par y retrouver les traces de je ne sais quelle unité perdue. Il nous sembla que les sonnets avaient été jetés pêle-mêle dans l’édition de 1609, comme ces cartes des jeux de patience dont les enfants s’amusent à remettre en ordre les fragments. Nous fîmes comme les enfants : nous nous mîmes patiemment à rapprocher, dans ces poésies, les morceaux en apparence les plus éloignés, et nous réunîmes ensemble tous ceux que le sens adaptait les uns aux autres. Tel sonnet, par exemple, marqué le xxie dans l’édition de 1609 et dans toutes les éditions modernes, nous parut faire suite à un autre marqué le cxxxe ; tel autre qui, dans ces mêmes éditions, n’avait aucun sens après le xxxiie sonnet, devenait parfaitement intelligible après le cxlive. Nous n’avons pas hésité à faire presque partout ces transpositions nécessaires. Ainsi restitués à leur unité logique et rationnelle, les sonnets, tout en conservant chacun son charme lyrique intrinsèque, auront pour le lecteur un intérêt nouveau, l’intérêt dramatique.

Les sonnets de Shakespeare contiennent en effet tout un drame. Exposition, complications, péripéties, dénoûment, rien ne manque à ce drame intime où figurent trois personnages : le poëte, sa maîtresse et son ami. Là le poëte paraît, non sous le nom que le genre humain lui donne, mais sous celui qu’il recevait dans la vie privée : ce n’est plus William Shakespeare, c’est Will que nous voyons. Ce n`est plus ]’auteur dramatique qui parle, c’est l’ami, c’est l’amant. Ce n’est plus l’homme public, c’est l’homme. Quant aux deux autres personnages, ils restent anonymes. Comment s’appelle cette femme, cette brune aux yeux noirs que Shakespeare honore de son amour ? Comment s’appelle ce jeune homme qu’il glorifie de son amitié ? L’auteur n’a pas voulu dire leurs noms…

Introduction au William Shakespeare de François-Victor Hugo
William Shakespeare
Introduction
Traduction par François-Victor Hugo
Œuvres complètes de Shakespeare, Pagnerre, 1872, 15

************
SHAKESPEARE SONNET
SONNET 74 – SONNET LXXIV

SONNETS DE SHAKESPEARE – SHAKESPEARE’S SONNETS
*********************

sonnet shakespeare

SONNET 73 SONNET LXXIII – SONNETS DE SHAKESPEARE – SHAKESPEARE’S SONNETS -That time of year thou mayst in me behold

SONNET SHAKESPEARE
THE SONNETS
THE SONNETS – LES SONNETS

Sonnet shakespeare
sonnet shakespeare

WILLIAM SHAKESPEARE
[1564 – 1616]

Traduction JACKY LAVAUZELLE

SONNET 73 – SONNET LXXIII ou SONNET 141 – SONNET CXLI

The Sonnets SHAKESPEARE
Les Sonnets de SHAKESPEARE

****
LE CRÉPUSCULE D’UN TEL JOUR
*****
1598 


That time of year thou mayst in me behold
Ce temps de l’année, tu peux en moi le voir, ce temps
When yellow leaves, or none, or few, do hang
Où les feuilles jaunissent, ou aucune, ou si peu, pendent…


that which it was nourish’d by.
Abattu par ce qui le nourrissait.
This thou perceiv’st, which makes thy love more strong,
Tu le vois, ce qui rend ton amour plus fort,
To love that well, which thou must leave ere long.
Pour aimer au mieux ce que bientôt tu devras quitter.

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L’ENIGME DES SONNETS DE SHAKESPEARE

Les sonnets de Shakespeare sont encore aujourd’hui une énigme pour les historiens et pour les critiques. La dédicace mystérieuse qui les accompagnait dans la première édition, le désordre involontaire ou préconçu dans lequel ils parurent, l’obscurité de certains passages ont donné lieu à mille interprétations diverses. Les uns ont déclaré que ces sonnets étaient uniquement adressés à une femme ; les autres, qu’ils étaient adressés uniquement à un homme ; ceux-ci en ont attribué l’inspiration à un personnage bizarre qui n’aurait été ni homme, ni femme, ou plutôt qui aurait été l’un et l’autre ; ceux-là y ont vu autant de petits poëmes séparés, adressés à diverses personnes ; d’autres enfin, et ce sont les plus nombreux, ont soutenu qu’ils étaient dédiés à des créatures imaginaires, n’ayant jamais existé que dans le cerveau du poëte. Déroutée par tant de contradictions, la postérité, si curieuse pourtant de tout ce qui porte le nom de Shakespeare, a fini par perdre patience : ne pouvant résoudre l’énigme, elle a donné sa langue aux chiens et jeté par dépit ce livre impertinent qu’elle ne comprenait pas. C’est ainsi que les sonnets qui, au temps d’Élisabeth, étaient plus celèbres que les drames même de Shakespeare, sont aujourd’hui tombés dans un oubli complet. Un écrivain distingué de l’Angleterre nous disait dernièrement qu’il n’y avait peut-être pas cent de ses compatriotes qui les eussent lus en entier…

Nous l’avouons, en lisant ces admirables poésies où le plus grand poëte du moyen âge a, suivant l’expression de Wordsworth, donné la clef de son cœur, nous nous sommes indigné de cet oubli de la postérité, et nous aurions cru manquer à un devoir si nous n’avions pas au moins essayé de réparer ce qui nous semblait presque une ingratitude. D’ailleurs, nous nous sentions attiré vers cette œuvre étrange par le mystère même qui avait rebuté tant d’autres.

À force de relire ces poëmes, en apparence décousus, nous finîmes par y retrouver les traces de je ne sais quelle unité perdue. Il nous sembla que les sonnets avaient été jetés pêle-mêle dans l’édition de 1609, comme ces cartes des jeux de patience dont les enfants s’amusent à remettre en ordre les fragments. Nous fîmes comme les enfants : nous nous mîmes patiemment à rapprocher, dans ces poésies, les morceaux en apparence les plus éloignés, et nous réunîmes ensemble tous ceux que le sens adaptait les uns aux autres. Tel sonnet, par exemple, marqué le xxie dans l’édition de 1609 et dans toutes les éditions modernes, nous parut faire suite à un autre marqué le cxxxe ; tel autre qui, dans ces mêmes éditions, n’avait aucun sens après le xxxiie sonnet, devenait parfaitement intelligible après le cxlive. Nous n’avons pas hésité à faire presque partout ces transpositions nécessaires. Ainsi restitués à leur unité logique et rationnelle, les sonnets, tout en conservant chacun son charme lyrique intrinsèque, auront pour le lecteur un intérêt nouveau, l’intérêt dramatique.

Les sonnets de Shakespeare contiennent en effet tout un drame. Exposition, complications, péripéties, dénoûment, rien ne manque à ce drame intime où figurent trois personnages : le poëte, sa maîtresse et son ami. Là le poëte paraît, non sous le nom que le genre humain lui donne, mais sous celui qu’il recevait dans la vie privée : ce n’est plus William Shakespeare, c’est Will que nous voyons. Ce n`est plus ]’auteur dramatique qui parle, c’est l’ami, c’est l’amant. Ce n’est plus l’homme public, c’est l’homme. Quant aux deux autres personnages, ils restent anonymes. Comment s’appelle cette femme, cette brune aux yeux noirs que Shakespeare honore de son amour ? Comment s’appelle ce jeune homme qu’il glorifie de son amitié ? L’auteur n’a pas voulu dire leurs noms…

Introduction au William Shakespeare de François-Victor Hugo
William Shakespeare
Introduction
Traduction par François-Victor Hugo
Œuvres complètes de Shakespeare, Pagnerre, 1872, 15

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SHAKESPEARE SONNET
SONNET 73 – SONNET LXXIII ou SONNET 141 – SONNET CXLI
SONNETS DE SHAKESPEARE – SHAKESPEARE’S SONNETS
That time of year thou mayst in me behold

LES SONNETS DE SHAKESPEARE THE SONNETS

sonnet shakespeare


sonnets de Shakespeare -LE VERTUEUX MENSONGE – SONNET 72 SONNET LXXII ou SONNET 146 – SONNET CXLVI – O! lest the world should task you to recite

SONNET SHAKESPEARE
THE SONNETS
THE SONNETS – LES SONNETS

LES SONNETS SHAKESPEARE THE SONNETS – SOMMAIRE – INDICE

Sonnet shakespeare

Illustration du Phénix par Friedrich Justin Bertuch
*

sonnet shakespeare


WILLIAM SHAKESPEARE
[1564 – 1616]

Traduction JACKY LAVAUZELLE


**

SONNET 72 – SONNET LXXII ou SONNET 146 – SONNET CXLVI

The Sonnets SHAKESPEARE
Les Sonnets de SHAKESPEARE
O! lest the world should task you to recite

****

LE VERTUEUX MENSONGE
*****

1598 

**

*

O! lest the world should task you to recite
Oh ! de peur que le monde ne vous demande de narrer
What merit lived in me, that you should love
Quel mérite a vécu en moi, qui vous fait m’aimer…

*


 

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L’ENIGME DES SONNETS DE SHAKESPEARE

Les sonnets de Shakespeare sont encore aujourd’hui une énigme pour les historiens et pour les critiques. La dédicace mystérieuse qui les accompagnait dans la première édition, le désordre involontaire ou préconçu dans lequel ils parurent, l’obscurité de certains passages ont donné lieu à mille interprétations diverses. Les uns ont déclaré que ces sonnets étaient uniquement adressés à une femme ; les autres, qu’ils étaient adressés uniquement à un homme ; ceux-ci en ont attribué l’inspiration à un personnage bizarre qui n’aurait été ni homme, ni femme, ou plutôt qui aurait été l’un et l’autre ; ceux-là y ont vu autant de petits poëmes séparés, adressés à diverses personnes ; d’autres enfin, et ce sont les plus nombreux, ont soutenu qu’ils étaient dédiés à des créatures imaginaires, n’ayant jamais existé que dans le cerveau du poëte. Déroutée par tant de contradictions, la postérité, si curieuse pourtant de tout ce qui porte le nom de Shakespeare, a fini par perdre patience : ne pouvant résoudre l’énigme, elle a donné sa langue aux chiens et jeté par dépit ce livre impertinent qu’elle ne comprenait pas. C’est ainsi que les sonnets qui, au temps d’Élisabeth, étaient plus celèbres que les drames même de Shakespeare, sont aujourd’hui tombés dans un oubli complet. Un écrivain distingué de l’Angleterre nous disait dernièrement qu’il n’y avait peut-être pas cent de ses compatriotes qui les eussent lus en entier…

Nous l’avouons, en lisant ces admirables poésies où le plus grand poëte du moyen âge a, suivant l’expression de Wordsworth, donné la clef de son cœur, nous nous sommes indigné de cet oubli de la postérité, et nous aurions cru manquer à un devoir si nous n’avions pas au moins essayé de réparer ce qui nous semblait presque une ingratitude. D’ailleurs, nous nous sentions attiré vers cette œuvre étrange par le mystère même qui avait rebuté tant d’autres.

À force de relire ces poëmes, en apparence décousus, nous finîmes par y retrouver les traces de je ne sais quelle unité perdue. Il nous sembla que les sonnets avaient été jetés pêle-mêle dans l’édition de 1609, comme ces cartes des jeux de patience dont les enfants s’amusent à remettre en ordre les fragments. Nous fîmes comme les enfants : nous nous mîmes patiemment à rapprocher, dans ces poésies, les morceaux en apparence les plus éloignés, et nous réunîmes ensemble tous ceux que le sens adaptait les uns aux autres. Tel sonnet, par exemple, marqué le xxie dans l’édition de 1609 et dans toutes les éditions modernes, nous parut faire suite à un autre marqué le cxxxe ; tel autre qui, dans ces mêmes éditions, n’avait aucun sens après le xxxiie sonnet, devenait parfaitement intelligible après le cxlive. Nous n’avons pas hésité à faire presque partout ces transpositions nécessaires. Ainsi restitués à leur unité logique et rationnelle, les sonnets, tout en conservant chacun son charme lyrique intrinsèque, auront pour le lecteur un intérêt nouveau, l’intérêt dramatique.

Les sonnets de Shakespeare contiennent en effet tout un drame. Exposition, complications, péripéties, dénoûment, rien ne manque à ce drame intime où figurent trois personnages : le poëte, sa maîtresse et son ami. Là le poëte paraît, non sous le nom que le genre humain lui donne, mais sous celui qu’il recevait dans la vie privée : ce n’est plus William Shakespeare, c’est Will que nous voyons. Ce n`est plus ]’auteur dramatique qui parle, c’est l’ami, c’est l’amant. Ce n’est plus l’homme public, c’est l’homme. Quant aux deux autres personnages, ils restent anonymes. Comment s’appelle cette femme, cette brune aux yeux noirs que Shakespeare honore de son amour ? Comment s’appelle ce jeune homme qu’il glorifie de son amitié ? L’auteur n’a pas voulu dire leurs noms…

Introduction au William Shakespeare de François-Victor Hugo
William Shakespeare
Introduction
Traduction par François-Victor Hugo
Œuvres complètes de Shakespeare, Pagnerre, 1872, 15

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SHAKESPEARE SONNET
SONNET 70 ou SONNET 89 SONNET LXXXIX

LES SONNETS DE SHAKESPEARE THE SONNETS

sonnet shakespeare

sonnets de Shakespeare – VERS LES VERS LES PLUS VILS – SONNET 71 ou SONNET 145 – SONNET CXLV- No longer mourn for me when I am dead

SONNET SHAKESPEARE
THE SONNETS
THE SONNETS – LES SONNETS

LES SONNETS SHAKESPEARE THE SONNETS – SOMMAIRE – INDICE

Sonnet shakespeare

Illustration du Phénix par Friedrich Justin Bertuch
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sonnet shakespeare


WILLIAM SHAKESPEARE
[1564 – 1616]

Traduction JACKY LAVAUZELLE


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SONNET 71 – SONNET LXXI ou SONNET 145  -SONNET CXLV 

The Sonnets SHAKESPEARE
Les Sonnets de SHAKESPEARE
No longer mourn for me when I am dead

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VERS LES VERS LES PLUS VILS
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1598 

**

*

No longer mourn for me when I am dead
Ne pleurez plus pour moi quand je serai mort
Than you shall hear the surly sullen bell
Dès que vous entendrez le triste glas…


 

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L’ENIGME DES SONNETS DE SHAKESPEARE

Les sonnets de Shakespeare sont encore aujourd’hui une énigme pour les historiens et pour les critiques. La dédicace mystérieuse qui les accompagnait dans la première édition, le désordre involontaire ou préconçu dans lequel ils parurent, l’obscurité de certains passages ont donné lieu à mille interprétations diverses. Les uns ont déclaré que ces sonnets étaient uniquement adressés à une femme ; les autres, qu’ils étaient adressés uniquement à un homme ; ceux-ci en ont attribué l’inspiration à un personnage bizarre qui n’aurait été ni homme, ni femme, ou plutôt qui aurait été l’un et l’autre ; ceux-là y ont vu autant de petits poëmes séparés, adressés à diverses personnes ; d’autres enfin, et ce sont les plus nombreux, ont soutenu qu’ils étaient dédiés à des créatures imaginaires, n’ayant jamais existé que dans le cerveau du poëte. Déroutée par tant de contradictions, la postérité, si curieuse pourtant de tout ce qui porte le nom de Shakespeare, a fini par perdre patience : ne pouvant résoudre l’énigme, elle a donné sa langue aux chiens et jeté par dépit ce livre impertinent qu’elle ne comprenait pas. C’est ainsi que les sonnets qui, au temps d’Élisabeth, étaient plus celèbres que les drames même de Shakespeare, sont aujourd’hui tombés dans un oubli complet. Un écrivain distingué de l’Angleterre nous disait dernièrement qu’il n’y avait peut-être pas cent de ses compatriotes qui les eussent lus en entier…

Nous l’avouons, en lisant ces admirables poésies où le plus grand poëte du moyen âge a, suivant l’expression de Wordsworth, donné la clef de son cœur, nous nous sommes indigné de cet oubli de la postérité, et nous aurions cru manquer à un devoir si nous n’avions pas au moins essayé de réparer ce qui nous semblait presque une ingratitude. D’ailleurs, nous nous sentions attiré vers cette œuvre étrange par le mystère même qui avait rebuté tant d’autres.

À force de relire ces poëmes, en apparence décousus, nous finîmes par y retrouver les traces de je ne sais quelle unité perdue. Il nous sembla que les sonnets avaient été jetés pêle-mêle dans l’édition de 1609, comme ces cartes des jeux de patience dont les enfants s’amusent à remettre en ordre les fragments. Nous fîmes comme les enfants : nous nous mîmes patiemment à rapprocher, dans ces poésies, les morceaux en apparence les plus éloignés, et nous réunîmes ensemble tous ceux que le sens adaptait les uns aux autres. Tel sonnet, par exemple, marqué le xxie dans l’édition de 1609 et dans toutes les éditions modernes, nous parut faire suite à un autre marqué le cxxxe ; tel autre qui, dans ces mêmes éditions, n’avait aucun sens après le xxxiie sonnet, devenait parfaitement intelligible après le cxlive. Nous n’avons pas hésité à faire presque partout ces transpositions nécessaires. Ainsi restitués à leur unité logique et rationnelle, les sonnets, tout en conservant chacun son charme lyrique intrinsèque, auront pour le lecteur un intérêt nouveau, l’intérêt dramatique.

Les sonnets de Shakespeare contiennent en effet tout un drame. Exposition, complications, péripéties, dénoûment, rien ne manque à ce drame intime où figurent trois personnages : le poëte, sa maîtresse et son ami. Là le poëte paraît, non sous le nom que le genre humain lui donne, mais sous celui qu’il recevait dans la vie privée : ce n’est plus William Shakespeare, c’est Will que nous voyons. Ce n`est plus ]’auteur dramatique qui parle, c’est l’ami, c’est l’amant. Ce n’est plus l’homme public, c’est l’homme. Quant aux deux autres personnages, ils restent anonymes. Comment s’appelle cette femme, cette brune aux yeux noirs que Shakespeare honore de son amour ? Comment s’appelle ce jeune homme qu’il glorifie de son amitié ? L’auteur n’a pas voulu dire leurs noms…

Introduction au William Shakespeare de François-Victor Hugo
William Shakespeare
Introduction
Traduction par François-Victor Hugo
Œuvres complètes de Shakespeare, Pagnerre, 1872, 15

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SHAKESPEARE SONNET
SONNET 70 ou SONNET 89 SONNET LXXXIX

LES SONNETS DE SHAKESPEARE THE SONNETS

sonnet shakespeare

UN CORBEAU DANS UN CIEL SI PUR – SONNET SHAKESPEARE – SONNET 70 – SONNET LXX ou SONNET 89 SONNET LXXXIX- That thou art blam’d shall not be thy defect

SONNET SHAKESPEARE
THE SONNETS
THE SONNETS – LES SONNETS

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Illustration du Phénix par Friedrich Justin Bertuch
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sonnet shakespeare


WILLIAM SHAKESPEARE
[1564 – 1616]

Traduction JACKY LAVAUZELLE


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SONNET 70 – SONNET LXX ou SONNET 89 – SONNET LXXXIX 

The Sonnets SHAKESPEARE
Les Sonnets de SHAKESPEARE
That thou art blam’d shall not be thy defect

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UN CORBEAU DANS UN CIEL SI PUR
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1598 

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That thou art blam’d shall not be thy defect,
Peu importe que tu sois blâmé,
For slander’s mark was ever yet the fair;
Car la beauté attire toujours la calomnie ;…


 

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L’ENIGME DES SONNETS DE SHAKESPEARE

Les sonnets de Shakespeare sont encore aujourd’hui une énigme pour les historiens et pour les critiques. La dédicace mystérieuse qui les accompagnait dans la première édition, le désordre involontaire ou préconçu dans lequel ils parurent, l’obscurité de certains passages ont donné lieu à mille interprétations diverses. Les uns ont déclaré que ces sonnets étaient uniquement adressés à une femme ; les autres, qu’ils étaient adressés uniquement à un homme ; ceux-ci en ont attribué l’inspiration à un personnage bizarre qui n’aurait été ni homme, ni femme, ou plutôt qui aurait été l’un et l’autre ; ceux-là y ont vu autant de petits poëmes séparés, adressés à diverses personnes ; d’autres enfin, et ce sont les plus nombreux, ont soutenu qu’ils étaient dédiés à des créatures imaginaires, n’ayant jamais existé que dans le cerveau du poëte. Déroutée par tant de contradictions, la postérité, si curieuse pourtant de tout ce qui porte le nom de Shakespeare, a fini par perdre patience : ne pouvant résoudre l’énigme, elle a donné sa langue aux chiens et jeté par dépit ce livre impertinent qu’elle ne comprenait pas. C’est ainsi que les sonnets qui, au temps d’Élisabeth, étaient plus celèbres que les drames même de Shakespeare, sont aujourd’hui tombés dans un oubli complet. Un écrivain distingué de l’Angleterre nous disait dernièrement qu’il n’y avait peut-être pas cent de ses compatriotes qui les eussent lus en entier…

Nous l’avouons, en lisant ces admirables poésies où le plus grand poëte du moyen âge a, suivant l’expression de Wordsworth, donné la clef de son cœur, nous nous sommes indigné de cet oubli de la postérité, et nous aurions cru manquer à un devoir si nous n’avions pas au moins essayé de réparer ce qui nous semblait presque une ingratitude. D’ailleurs, nous nous sentions attiré vers cette œuvre étrange par le mystère même qui avait rebuté tant d’autres.

À force de relire ces poëmes, en apparence décousus, nous finîmes par y retrouver les traces de je ne sais quelle unité perdue. Il nous sembla que les sonnets avaient été jetés pêle-mêle dans l’édition de 1609, comme ces cartes des jeux de patience dont les enfants s’amusent à remettre en ordre les fragments. Nous fîmes comme les enfants : nous nous mîmes patiemment à rapprocher, dans ces poésies, les morceaux en apparence les plus éloignés, et nous réunîmes ensemble tous ceux que le sens adaptait les uns aux autres. Tel sonnet, par exemple, marqué le xxie dans l’édition de 1609 et dans toutes les éditions modernes, nous parut faire suite à un autre marqué le cxxxe ; tel autre qui, dans ces mêmes éditions, n’avait aucun sens après le xxxiie sonnet, devenait parfaitement intelligible après le cxlive. Nous n’avons pas hésité à faire presque partout ces transpositions nécessaires. Ainsi restitués à leur unité logique et rationnelle, les sonnets, tout en conservant chacun son charme lyrique intrinsèque, auront pour le lecteur un intérêt nouveau, l’intérêt dramatique.

Les sonnets de Shakespeare contiennent en effet tout un drame. Exposition, complications, péripéties, dénoûment, rien ne manque à ce drame intime où figurent trois personnages : le poëte, sa maîtresse et son ami. Là le poëte paraît, non sous le nom que le genre humain lui donne, mais sous celui qu’il recevait dans la vie privée : ce n’est plus William Shakespeare, c’est Will que nous voyons. Ce n`est plus ]’auteur dramatique qui parle, c’est l’ami, c’est l’amant. Ce n’est plus l’homme public, c’est l’homme. Quant aux deux autres personnages, ils restent anonymes. Comment s’appelle cette femme, cette brune aux yeux noirs que Shakespeare honore de son amour ? Comment s’appelle ce jeune homme qu’il glorifie de son amitié ? L’auteur n’a pas voulu dire leurs noms…

Introduction au William Shakespeare de François-Victor Hugo
William Shakespeare
Introduction
Traduction par François-Victor Hugo
Œuvres complètes de Shakespeare, Pagnerre, 1872, 15

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