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LE MOINE – Poème de Valéri BRIOUSSOV – Валерий Брюсов – Монах – 1906

Saint François, Francisco de Zurbarán

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LITTÉRATURE RUSSE
POÉSIE RUSSE
Русская литература
Русская поэзия
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Poésie de Valéri Brioussov


Portrait de Valéri Brioussov par Mikhaïl Vroubel (1906)
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VALERI BRIOUSSOV
Валерий Яковлевич Брюсов

1er décembre 1873- 9 octobre 1924
1 декабря 1873 г. – 9 октября 1924 г.

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TRADUCTION JACKY LAVAUZELLE
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LE MOINE
1906
Монах

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На поле жизненного боя,
Sur le champ de bataille de la vie
Где Рок влечет нас, как самум, –
Où la Fatalité nous attire dans un déluge –
Душа возжаждала покоя,
L’âme aspire à la paix,
Молитв и одиноких дум!
Aux prières et aux pensées solitaires !

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И вот, презрев соблазн свободы
Et donc, méprisant la tentation de la liberté
И мира призрачную ширь,
Et le monde, étendue fantomatique,
Сошел я под глухие своды,
Je suis descendu sous ta voûte aveugle,
В твои затворы, монастырь!
À tes portes, monastère !

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Вне стен – и ужас и веселье,
Hors des murs – à la fois l’horreur et le plaisir,
Пиры любви и красоты.
Des fêtes d’amour et de beauté.
Но здесь хранит ревниво келья
Mais jalousement dans ma cellule
Всегда спокойные мечты.
Mes rêves sont toujours paisibles.

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Я жизни иноческой свято
Je vis la vie monastique sainte
Блюду определенный чин,
Je sers un ordre certain,
И дни, с восхода до заката, –
Et du lever du jour au coucher du soleil, –
Как ряд медлительных годин.
Passe le temps linéaire.

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Люблю я благовест рассвета,
J’aime l’évangile de l’aube
Церковной службы череду,
Les services religieux,
Степенность братского привета,
Les salutations fraternelles
Ночь, посвященную труду.
La nuit dédiée à l’étude.

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Мне хорошо, под буйство бури,
Je me sens bien sous la tempête
При кротком блеске ночника,
A la douce lueur d’une lampe de nuit,
На тщательной миниатюре
Dessinant dans une pleine miniature
Чертить узоры лепестка;
Les motifs des pétales d’une fleur ;

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Иль, не спеша слагая главы
Ou composer lentement des chapitres
И им не ведая конца,
Sans en connaître la fin,
Припоминать о жажде славы,
Se souvenir de la soif de gloire
В миру сжигающей сердца.
Dans ce monde de cœurs brûlants.



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31 марта 1906
31 mars 1906

SAVONAROLA VILLA BORGHESE SAVONAROLE- 沃纳罗拉 – 贝佳斯别墅 – ROME – ROMA – 罗马

ROME – ROMA – 罗马
LA VILLA BORGHESE
贝佳斯别墅
沃纳罗拉

Armoirie de Rome

 Photo Villa Borghèse Jacky Lavauzelle

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Girolamo_Savonarola Jérôme Savonarole

Flag_of_Lazio


Les Bustes de la Villa Borghèse
贝佳斯别墅
I busti della villa Borghèse

Jérôme SAVONAROLE
Girolamo Savonarola
沃纳罗拉
1452- 1498

Savonarola Girolama Jérôme Savonarole Villa Borghese Artgitato Rome Roma

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VOLTAIRE
Essai sur les mœurs et l’esprit des nations
Éd. Garnier – Tome 12
CHAPITRE CVIII
De Savonarole.

… »Il y avait à Florence un dominicain nommé Jérôme Savonarole. C’était un de ces prédicateurs à qui le talent de parler en chaire fait croire qu’ils peuvent gouverner les peuples, un de ces théologiens qui, ayant expliqué l’Apocalypse, pensent être devenus prophètes. Il dirigeait, il prêchait, il confessait, il écrivait ; et dans une ville libre, pleine nécessairement de factions, il voulait être à la tête d’un parti.

Dès que les principaux citoyens de Florence surent que Charles VIII méditait sa descente en Italie, il la prédit, et le peuple le crut inspiré. Il déclama contre le pape Alexandre VI ; il encouragea ceux de ses compatriotes qui persécutaient les Médicis et qui répandirent le sang des amis de cette maison. Jamais homme n’avait eu plus de crédit à Florence sur le commun peuple. Il était devenu une espèce de tribun, en faisant recevoir les artisans dans la magistrature. Le pape et les Médicis se servirent contre Savonarole des mêmes armes qu’il employait ; ils envoyèrent un franciscain prêcher contre lui. L’ordre de Saint-François haïssait celui de Saint-Dominique plus que les guelfes ne haïssaient les gibelins. Le cordelier réussit à rendre le dominicain odieux. Les deux ordres se déchaînèrent l’un contre l’autre. Enfin un dominicain s’offrit à passer à travers un bûcher pour prouver la sainteté de Savonarole. Un cordelier proposa aussitôt la même épreuve pour prouver que Savonarole était un scélérat. Le peuple, avide d’un tel spectacle, en pressa l’exécution ; le magistrat fut contraint de l’ordonner. Tous les esprits étaient encore remplis de l’ancienne fable de cet Aldobrandin, surnommé Petrus igneus, qui dans le XIe siècle avait passé et repassé sur des charbons ardents au milieu de deux bûchers ; et les partisans de Savonarole ne doutaient pas que Dieu ne fit pour un jacobin ce qu’il avait fait pour un bénédictin. La faction contraire en espérait autant pour le cordelier. Si nous lisions ces religieuses horreurs dans l’histoire des Iroquois, nous ne les croirions pas. Cependant cette scène se jouait chez le peuple le plus ingénieux de la terre, dans la patrie du Dante, de l’Arioste, de Pétrarque et de Machiavel. Parmi les chrétiens, plus un peuple est spirituel, plus il tourne son esprit à soutenir la superstition, et à colorer son absurdité.

On alluma les feux : les champions comparurent en présence d’une foule innombrable ; mais quand ils virent tous deux de sang-froid les bûchers en flamme, tous deux tremblèrent, et leur peur commune leur suggéra une commune évasion. Le dominicain ne voulut entrer dans le bûcher que l’hostie à la main. Le cordelier prétendit que c’était une clause qui n’était pas dans les conventions. Tous deux s’obstinèrent, et s’aidant ainsi l’un l’autre à sortir d’un mauvais pas, ils ne donnèrent point l’affreuse comédie qu’ils avaient préparée.

Le peuple alors, soulevé par le parti des cordeliers, voulut saisir Savonarole. Les magistrats ordonnèrent à ce moine de sortir de Florence. Mais quoiqu’il eût contre lui le pape, la faction des Médicis et le peuple, il refusa d’obéir. Il fut pris et appliqué sept fois à la question. L’extrait de ses dépositions porte qu’il avoua qu’il était un faux prophète, un fourbe qui abusait du secret des confessions et de celles que lui révélaient ses frères. Pouvait-il ne pas avouer qu’il était un imposteur ? Un inspiré qui cabale n’est-il pas convaincu d’être un fourbe ? Peut-être était-il encore plus fanatique : l’imagination humaine est capable de réunir ces deux excès, qui semblent s’exclure. Si la justice seule l’eût condamné, la prison, la pénitence, auraient suffi ; mais l’esprit de parti s’en mêla. On le condamna, lui et deux dominicains, à mourir dans les flammes qu’ils s’étaient vantés d’affronter. Ils furent étranglés avant d’être jetés au feu (13 mai 1498). Ceux du parti de Savonarole ne manquèrent pas de lui attribuer des miracles : dernière ressource des adhérents d’un chef malheureux. N’oublions pas qu’Alexandre VI lui envoya, dès qu’il fut condamné, une indulgence plénière.

Vous regardez en pitié toutes ces scènes d’absurdité et d’horreur ; vous ne trouvez rien de pareil ni chez les Romains et les Grecs, ni chez les barbares. C’est le fruit de la plus infâme superstition qui ait jamais abruti les hommes, et du plus mauvais des gouvernements. Mais vous savez qu’il n’y a pas longtemps que nous sommes sortis de ces ténèbres, et que tout n’est pas encore éclairé. »

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Savonarola – Savonarole