Archives par mot-clé : revue des deux mondes

但丁 DANTE ALIGHIERI 但丁·阿利吉耶里 VILLA BORGHESE – 贝佳斯别墅 – ROME – ROMA – 罗马

ROME – ROMA – 罗马
LA VILLA BORGHESE
贝佳斯别墅

Armoirie de Rome

 Photos  Jacky Lavauzelle

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Les Bustes de la Villa Borghèse
贝佳斯别墅
I busti della villa Borghèse

Giorgio_Vasari_-_Six_Tuscan_Poets_-_Google_Art_Project

DANTE ALIGHIERI
但丁·阿利吉耶里

 

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Les Italiens d’aujourd’hui
RENE BAZIN
REVUE DES DEUX MONDES
Tome 118, 1893

 Il m’apprit qu’il était de Pistole, venu à Sienne à cause de la modicité des prix, — vingt francs une chambre, soixante francs de pension, — tandis que Bologne et Padoue entraînaient à d’assez fortes dépenses ; qu’il avait un grand amour pour l’antique cité toscane, et pour l’histoire, et pour Dante. « Je suis un passionné des études dantesques, me dit-il. J’ai étudié le point de savoir si jamais Dante était venu à Sienne, comme certains le prétendent, à cause du passage sur Pietro Vanucci. On veut qu’il ait passé dans toutes les villes dont il a parlé. Mais je conclus à la négative, dans une brochure. — Et comment est né cet amour ? — Très jeune, j’ai lu, là-haut, dans nos montagnes de Pistole, les passages de la Divine comédie où il était question de ma ville. Cela m’a conduit à fouiller tout le poème. J’aime Dante à ce point, monsieur, que j’ai réuni chez moi, — a casa, — plus de deux cents volumes sur mon poète. J’ai vingt bustes et médailles qui le représentent. Je collectionne les gravures où sa belle figure est dessinée. Et je fais une thèse de doctorat sur ce sujet : le Droit dans la Divine comédie et dans la Somme de saint Thomas. »

Codice miniato raffigurante Brunetto Latini, Biblioteca Medicea-Laurenziana, Plut. 42.19, Brunetto Latino, Il Tesoro, fol. 72, secoli XIII-XIV Dante Alighieri Villa Borghese Rome Roma artgitato 2 Dante Alighieri Villa Borghese Rome Roma artgitato

manca dida
manca dida

Sandro Botticelli, Dante Alighieri, olio su tela, 1495, Ginevra, collezione privata

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Saint-René Taillandier
Dante Alighieri et la Littérature dantesque en Europe au xixe siècle, à propos d’un livre du roi de Saxe
REVUE DES DEUX MONDES
2e période, tome 6, 1856
pp. 473-520

Ce serait une curieuse histoire que celle des commentateurs de Dante ; on saisirait sans peine dans leurs explications l’esprit parti culier de chaque époque. Le XIVe siècle et le commencement du XVe produisent des gloses naïves où la biographie, la linguistique et la capricieuse recherche des allégories s’entremêlent au hasard. Au premier rang sont les commentateurs contemporains, les deux fils de Dante, Pietro et Jacopo, l’écrivain anonyme à qui l’on doit l’Ottimo Comento, le franciscain Accorso de Bonfantini, le chanoine Micchino da Mezzano, le carme Riccardo, et les six interprètes (deux théologiens, deux philosophes et deux lettrés de Florence), à qui Jean Visconti, archevêque et seigneur de Milan, demanda en 1350 l’explication de la trilogie dantesque. Tous ces commentaires ne pouvaient être connus que des lettrés ; mais voici l’heure où Dante va être expliqué au public italien dans les chaires des églises. Florence donne l’exemple de cette institution ; par un décret du 9 août 1373, elle accorde un traitement annuel de 100 ducats d’or au savant qui sera chargé de traduire, pour la foule les enseignemens de la Divine Comédie. Boccace, avec Pétrarque son maître, est le plus célèbre écrivain du XIVe siècle, c’est à lui que ce ministère est confié ; il hésite, mais bientôt, vaincu par les instances de la cité, il ouvre son cours le 3 octobre de cette même année dans l’église San-Stefano. Malheureusement Boccace n’était plus jeune, il avait plus de soixante ans, et sa santé était ébranlée par le travail ; il meurt deux ans après, n’ayant fait qu’un petit nombre de leçons et commenté que les dix-sept premiers chants de l’Enfer. Boccace mort, maints érudits se disputent l’honneur de continuer son œuvre. Il y a déjà sur pied toute une phalange de rapsodes. Dante appartient à l’Italie entière, et tandis que le chroniqueur Philippe Villani et plus tard le grand philologue Francesco Filelfo s’asseoient dans la chaire de Boccace, Bartolo da Buti à Pise, Gabriello Squaro à Venise, Philippe de Reggio à Plaisance, surtout Benvenuto d’Imola à Bologne, expliquent aussi devant la foule la poétique encyclopédie du Florentin. Ce mouvement d’études occupait tellement les esprits, que le bruit s’en répandit bientôt dans les autres contrées de l’Europe. Ce fut à l’occasion du concile de Constance, au commencement du siècle suivant. Deux évêques anglais qui siégeaient au concile, Nicole Bubwich et Robert Halm, demandèrent à Jean de Serravalle, évêque et prince de Fermo, de leur donner une traduction latine de la Divine Comédie avec des explications et des notes. L’évêque de Fermo se mit à l’œuvre, le 1er février 1416, et impatient de répondre au désir des deux prélats anglais, il eut tout terminé le 16 février de l’année suivante. Ne vous étonnez pas qu’il leur demande grâce pour tout ce qu’Il y a de rustique dans son latin et de maladroit dans sa traduction (de rusticana latinitate, incomptaque et inepta translatione) : le temps qui lui a été accordé, dit-il, ne suffisait guère à une telle tâche. La plupart des commentateurs de cette période auraient besoin de la même excuse. De Boccace à Serravalle l’intelligence du grand poème italien a-t-elle fait des progrès ? Non certes. Ce qu’Il y a de plus curieux chez tous ces commentateurs, ce sont les renseignemens biographiques : encore tout près de l’époque de Dante, ils ont pu recueillir la tradition, et leur témoignage est précieux sur maintes questions de détail. Quant à l’interprétation du poème, ce n’est guère autre chose qu’un amas de subtilités pédantesques. On peut répéter hardiment la phrase dédaigneuse de Tiraboschi, applicable aussi, il faut bien le dire, à plus d’un commentaire de Dante au XIXe siècle : E chi sa quanti pensieri hanno essi attribuiti à Dante, che a lui non erano mai passati pel capo !

BALDASSARE PERUZZI VILLA BORGHESE BALDASSARRE PERUZZI 巴尔达萨雷·佩鲁齐 – 贝佳斯别墅 ROME ROMA 罗马

ROME – ROMA – 罗马
BALDASSARRE BALDASSARE PERUZZI ROMA
LA VILLA BORGHESE
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Les Bustes de la Villa Borghèse
I busti della villa Borghèse

Ritratto di Baldassarre Peruzzi ne Le vite di Giorgio Vasari

BALDASSARRE PERUZZI
BALDASSARE PERUZZI
巴尔达萨雷·佩鲁齐
Sienne 1481 – Rome 1537
1481年-1536年

Baldassarre Peruzzi Villa Borghese Rome Roma artgitato

UNE EXPRESSION PURE DE LA RENAISSANCE SIENNOISE

LOUIS GILLET
L’Art siennois – À l’occasion d’une exposition récente
tome 23, 1904

Un seul homme, de bien moindre envergure que Sodoma, d’ailleurs beaucoup plus grand architecte que peintre, réussit, à force de mesure et de goût, à donner une expression pure de la Renaissance siennoise. C’est Baldassare Peruzzi, artiste froid mais élégant, ingénieux sans grandes pensées, et agréable sans profondeur. On trouve à l’Exposition une de ses rares toiles. Mais rien ne donne de lui une plus haute idée que ses fresques de la Farnésine où il a su tenir discrètement sa place à côté de Raphaël. Il ne manque pas ensuite de peintres nés à Sienne, mais c’en est fait depuis longtemps de la peinture siennoise. Désormais l’origine d’un artiste peut être regardée comme un hasard indifférent. A l’exception des peintres fortunés qui naîtront à Venise, l’artiste n’a plus de patrie, il n’a que son âge et sa date sur un état civil international. Rutilio Manetti, dont on voit plusieurs toiles excellentes à l’Exposition, est un homme qui fait honneur à sa ville natale. C’est un élève considérable de Caravage et de Spagnoletto. Mais il n’a pas reçu le baptême d’autrefois, où le génie de la cité tenait le nouveau-né sur les fonts, et où l’enfant avait pour marraines toutes les traditions d’une race.

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La Gravure depuis son origine jusqu’à nos jours
III – École italienne – Marc-Antoine : le Jugement de Pâris, le Massacre des Innocens, le Parnasse, d’après Raphaël ; — Le Martyre de saint Laurent, d’après Baccio Bandinelli

L’art de la gravure, si puissamment développé par Marc-Antoine,. faisait en même temps des progrès d’un autre genre, grace aux procédés employés par Ugo da Carpi pour obtenir des épreuves en camaïeu ; c’est-à-dire à deux, trois ou quatre tons, et offrant à peu près l’aspect de dessins au lavis ; procédés dont il n’était pas l’inventeur, qu’il avait seulement améliorés, et que devaient perfectionner encore Baldassare Peruzzi, Antonio da Trenta et Andrea Andreani. Une grande quantité de pièces exécutées de la sorte, d’après Raphaël et le parmesan, attestent l’habileté d’Ugo, qui malheureusement se mit en tête d’introduire dans la peinture des innovations plus radicales encore. Il eut l’étrange idée de peindre tout un tableau en se servant du doigt, sans recourir une fois au pinceau, et, l’acte lui paraissant méritoire, il en consacra le souvenir dans quelques mots écrits avec orgueil au bas de la toile ; ce qui fit dire à Michel-Ange, à qui l’on montrait ce tableau comme une singularité remarquable, que « la seule chose singulière dans un pareil tour de force était la sottise de l’auteur. » Qu’aurait pensé le grand homme du Génois Luca Cambiaso, dont le talent consistait à peindre des deux mains à la fois ?

 

 

Antonio CANOVA VENUS VICTRIX – La Vénus Borghèse – La Venere Vincitrice – GALERIE BORGHESE – GALLERIA BORGHESE

ROME – ROMA –
罗马(四)—博吉斯画廊和几个教堂
Venus Venitrix Antonio Canova
拿破伦妹妹的雕像
LA VILLA BORGHESE

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LA GALERIE BORGHESE
GALLERIA BORGESE
博吉斯画廊

Antonio CANOVA
1757-1822

Antonio CANOVA VENUS VICTRIX - La Vénus Borghèse - La Venere Vincitrice - GALERIE BORGHESE - GALLERIA BORGHESE artgitato (15)

VENUS VENITRIX
LA VENUS BORGHESE
La Venere Vincitrice
拿破伦妹妹的雕像

Antonio CANOVA VENUS VICTRIX - La Vénus Borghèse - La Venere Vincitrice - GALERIE BORGHESE - GALLERIA BORGHESE artgitato (1)

Paolina Borghese Bonaparte
rappresenta come Venere Vincitrice

Pauline Bonaparte Borghèse
Représentée comme Vénus Venitrix

Sœur de Napoléon Bonaparte
1780-1825



François-Joseph Kinson Pauline_Bonaparte Pauline Bonaparte, principessa Borghese, duchessa di Guastalla
peinture de 1808 de François-Joseph Kinson

Marbre
Marmo Statuario
1805-1808

Antonio CANOVA VENUS VICTRIX - La Vénus Borghèse - La Venere Vincitrice - GALERIE BORGHESE - GALLERIA BORGHESE artgitato (4)

LA RENCONTRE DE CANOVA AVEC BONAPARTE

« Antonio Canova était âgé de quarante ans, et commençait déjà à régner sans rival dans l’art italien de son temps lorsque, le 6 août 1797, il entra pour la première fois en rapports avec le futur empereur. Il était né dans un village des environs de Venise, d’une humble famille de paysans ; et sa rapide fortune avait eu comme point de départ un Lion de Saint Marc qu’il avait sculpté dans une motte de beurre, pour décorer la table d’un dîner dans la villa d’un sénateur vénitien, — début auquel l’on serait tenté d’attribuer une portée presque symbolique si l’on ne se rappelait qu’à la mollesse, vraiment un peu « beurrée, » d’un trop grand nombre des gracieuses productions du sculpteur, s’est plus d’une fois substituée, dans son art, la simple et virile beauté de figures du genre du Napoléon milanais ou des admirables lions couchés du monument funéraire du pape Clément XIII…
Mais cinq années devaient se passer encore avant que Canova fût admis à connaître personnellement son glorieux admirateur. Celui-ci, du reste, à la date de cette première lettre, n’avait guère eu l’occasion d’apprécier par soi-même les « grands talens » d’un artiste dont la renommée seule était parvenue jusqu’à lui ; et ce n’est sans doute que durant l’été de 1802 que l’œuvre du sculpteur s’est vraiment révélée à lui, sous les espèces de ces deux groupes de Psyché et l’Amour qui, aujourd’hui encore, représentent pour nous au Louvre l’art du maître vénitien, — aussi fidèlement admirés des visiteurs du dimanche qu’ils sont désormais dédaignés du public, plus « raffiné, » des jours de semaine. Les deux groupes, en effet, avaient été rapportés de Rome par le général Murat, qui les avait somptueusement installés dans sa maison de Villiers ; et à peine Napoléon les eut-il aperçus, qu’aussitôt le désir lui vint de s’attacher, en qualité de « sculpteur ordinaire, » l’auteur de compositions où il croyait retrouver la plus pure fleur du génie antique. Au début de septembre 1802, Canova apprit de l’ambassadeur français à Rome, François Cacault, que le Premier Consul voulait bien l’appeler à Paris, afin d’y exécuter à la fois son buste et sa statue. Le pauvre Canova eut beau, à l’extrême étonnement du diplomate, essayer par tous les moyens de se dérober à cet honneur imprévu, qu’il considérait comme incompatible avec ses sentimens de patriote vénitien : force lui fut d’obéir à la volonté formelle de son maître, le pape Pie VII, et d’accepter enfin une tâche qui devait, d’ailleurs ; lui être payée avec une libéralité toute princière, 120 000 francs et le remboursement de tous les frais du voyage. »
Théodore de Wyzewa
Revues étrangères

A propos d’une nouvelle biographie de Canova
Revue des Deux Mondes
6ème période – Tome 2
publication 1911 – Paris (p911-922)

 

 

Antonio CANOVA VENUS VICTRIX - La Vénus Borghèse - La Venere Vincitrice - GALERIE BORGHESE - GALLERIA BORGHESE artgitato (6)

« Si la princesse Pauline Borghèse a posé sans voile devant Canova pour la Vénus Victrix, placée aujourd’hui à la villa Borghèse, pourquoi Diane de Poitiers n’aurait-elle pas posé aussi librement devant Jean Goujon ? Quant à la fidélité de l’imitation, je ne suis pas disposé à l’accepter. »

Peintres et sculpteurs modernes de la France – Jean Goujon
Gustave Planche
Revue des Deux Mondes
Tome 7 – 1850

Antonio CANOVA VENUS VICTRIX - La Vénus Borghèse - La Venere Vincitrice - GALERIE BORGHESE - GALLERIA BORGHESE artgitato (7)

« Le rais incandescent traversa le centre impressionné du verre par l’ouverture qui lui faisait face, ressortit, coloré, par l’autre jour qu’entourait le cône évasé d’un projectif, ― et, dans un vaste cadre, sur une toile de soie blanche, tendue sur la muraille, apparut alors, en grandeur naturelle, la lumineuse et transparente image d’une jeune femme, ― statue charnelle de la Venus Victrix, en effet, s’il en palpita jamais une sur cette terre d’illusions. »
Auguste de Villiers de L’Isle-Adam
L’Eve future – III – Apparition
Bibliothèque-Charpentier
Eugène Fasquelle éditeur, 1909 (nouv. éd.) (pp. 89-93).

Antonio CANOVA VENUS VICTRIX - La Vénus Borghèse - La Venere Vincitrice - GALERIE BORGHESE - GALLERIA BORGHESE artgitato (8)

« George, qui tout un soir a soudain rajeuni
Un parterre de rois qu’on vit tressaillir d’aise ;
La reine Caroline et Pauline Borghèse,
Ces déesses qu’aimaient dans un siècle fini
Les héros disparus, et la Celiani
Que Prudhon fait sourire au soleil qui la baise. »

Théodore de Banville
Œuvres de Théodore de Banville
Alphonse Lemerre, éditeur, 1890
(Le Sang de la coupe. Trente-six Ballades joyeuses.
Le Baiser, pp. 3-165).

Antonio CANOVA VENUS VICTRIX - La Vénus Borghèse - La Venere Vincitrice - GALERIE BORGHESE - GALLERIA BORGHESE artgitato (9) Antonio CANOVA VENUS VICTRIX - La Vénus Borghèse - La Venere Vincitrice - GALERIE BORGHESE - GALLERIA BORGHESE artgitato (11) Antonio CANOVA VENUS VICTRIX - La Vénus Borghèse - La Venere Vincitrice - GALERIE BORGHESE - GALLERIA BORGHESE artgitato (12) Antonio CANOVA VENUS VICTRIX - La Vénus Borghèse - La Venere Vincitrice - GALERIE BORGHESE - GALLERIA BORGHESE artgitato (13)

Dictionnaire Universel d’Histoire et de Géographie
Bouillet Chassang
1878
Lettre C
Pages 309 à 488
CANOVA (Antoine), sculpteur italien,ne en 1757 à Possagno, dans l’Etat vénitien, mort à Venise en 1822, fut appelé à Rome en 1779, après avoir remporté plusieurs prix à l’Académie des beaux-arts de Venise. Il y donna successivement plusieurs ou-vragesquilemirent bientôt au premier ranç des scui-teurs modernes, et dans lesquels il sut allier limitation de la nature avec les beautés idéales de 1 antique. Ses principaux ouvrages sont : Thésée assis sur le Minotaure vaincu; le mausolée de Clément III, dans la basilique de Saint-Pierre, le mausolée de Clément XIV, en marbre, dans l’église des Saints-Apôtres; Psyché enfant, debout, tenant par les ailes un papillon posé dans sa main ; le mausolée d’Alfieri, dans l’église de Santa-Croce à Florence; Washington, pour le sénat de la Caroline, la Madeleine, Orphée et Eurydice, Dédale et Icare, Adonis et Vénus, Endymion , Vénus victorieuse (Pauline Bonaparte), Polymnie (ÉUsa Bonaparte),etc. Il cultiva aussi la peinture avec succès. Canova avait été appelé plusieurs fois à Paris par Bonaparte : il revint en 1815, chargé par le pape de présider à la reconnaissance et à la translation des monuments enlevés à l’Italie et que réclamait le gouvernement pontifical. Cet artiste se distingue par la pureté des contours, l’élégance des formes, la sagesse de la composition, l’expression des physionomies, l’habileté à donner au marbre le poli et le moelleux de la nature vivante ; quelques-uns lui refusent la vigueur et l’originalité. Il était associé étranger de l’Institut. Son OEuvre a été publiée en 1824 par Réveil et Dela-touche. Quatremère de Quincy a donné une étude sur Canova et ses ouvrages, et le comte de Cico-gnara sa Biographie, Venise, 1825.  Antonio CANOVA VENUS VICTRIX - La Vénus Borghèse - La Venere Vincitrice - GALERIE BORGHESE - GALLERIA BORGHESE artgitato (16) Antonio CANOVA VENUS VICTRIX - La Vénus Borghèse - La Venere Vincitrice - GALERIE BORGHESE - GALLERIA BORGHESE artgitato (18) Antonio CANOVA VENUS VICTRIX - La Vénus Borghèse - La Venere Vincitrice - GALERIE BORGHESE - GALLERIA BORGHESE artgitato (19)

LES RELATIONS ENTRE CANOVA ET L’EMPEREUR

La vérité est que ces « dispositions » du tout-puissant Empereur eurent pour effet d’épouvanter le pauvre Canova. ainsi que nous le prouve assez clairement sa réponse affolée à la lettre de Daru. « Sa Majesté, y écrivait-il, peut me commander de consacrer à son service exclusif tout le reste de mes jours : j’obéirai, car ma vie lui appartient. Mais Elle ne saurait, sans contredire son cœur magnanime et sans violer la splendeur de son nom, Elle ne saurait, dis-je, vouloir vraiment que je renonce à moi-même, à mon art, à ma gloire. Si seulement mes travaux ont mérité d’obtenir d’Elle un gracieux égard, Elle daignera consentir à me laisser dans ma pacifique retraite, en songeant que cette retraite m’est indispensable pour me rendre moins indigne de sa protection. » Et peut-être cet homme d’un cœur doux et timide aurait-il trouvé le courage de résister jusqu’au bout à la volonté du vainqueur de l’Europe, sans l’énergique-pression exercée sur lui par tous ses confrères de Rome et de Florence, désireux d’exploiter à leur propre profit l’influence de leur glorieux ami auprès de l’Empereur.
Théodore de Wyzewa
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A propos d’une nouvelle biographie de Canova
Revue des Deux Mondes
6ème période – Tome 2
publication 1911 – Paris (p911-922)

LES PLACES DE ROME : PIAZZA DI SPAGNA – PLACE D’ESPAGNE – 西班牙广场 – ROMA – ROME – 罗马

Les Places de Rome
le Piazze di Roma
ROME – ROMA-  罗马

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le piazze di Roma
PIAZZA DI SPAGNA
LA PLACE D’ESPAGNE
西班牙广场

 PIAZZA DI SPAGNA Place d'Espagne Rome Roma artgitato 1

« La draperie des vêtemens orientaux est aussi belle, aussi abstraite que celle des toges romaines ; les types de la race sémitique sont aussi beaux et offrent autant, sinon plus de ressources, que ceux des modèles de la Piazza-di-Spagna ; les paysages de la Palestine et de la Syrie ont des aspects aussi variés et autrement grandioses que la campagne de Rome et les montagnes de la Sabine. »
MAXIME DU CAMP
LE SALON DE 1865
La Revue des Deux Mondes
1865

PIAZZA DI SPAGNA Place d'Espagne Rome Roma artgitato 2

« Arrivez ! N’attendez pas plus longtemps ! Le soleil brille sur toute l’Italie : Tout vous, invite : l’ora del tempo e la dolce stagione, et Rome, et les fleurs de la Piazza di Spagna, et la Sixtine, et moi. »
CAMILLE BELLAIGUE
Arrigo Boito, lettres et souvenirs
REVUE DES DEUX MONDES
Tome 46 – 1918

PIAZZA DI SPAGNA Place d'Espagne Rome Roma artgitato 3

Église et couvent de la Trinité-des-Monts
Trinità dei Monti
Obélisque Egyptien
La Trinité-des-Monts et la Villa Médicis, par François Marius Granet 1808

Edmond et Jules de Goncourt
Madame Gervaisais (I)
1869

« L’appartement était le banal appartement garni que Rome loue aux forestiers, et où se voyait pourtant le caractère du mobilier romain, surtout dans la grande pièce faisant l’angle de la rue delle Carrozze et de la place d’Espagne… Du côté de la rue delle Carrozze, il y avait une cheminée de marbre blanc. Son étroit chambranle supportait une glace qui levait, sur deux pieds de griffon dorés, ses trois compartiments dans un triple cadre de bois de rose, que surmontait un petit entablement à balustres de cuivre : une glace du pays ayant l’air d’un vantail arraché d’un cabinet. »

PIAZZA DI SPAGNA Place d'Espagne Rome Roma artgitato 4 PIAZZA DI SPAGNA Place d'Espagne Rome Roma artgitato 5 PIAZZA DI SPAGNA Place d'Espagne Rome Roma artgitato 6

 


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Photos Jacky Lavauzelle
artgitato

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LES PLACES DE ROME

ARC DE CONSTANTIN – ARCO DI COSTANTINO – The Arch of Constantine

ROME – ROMA

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ARCO DI COSTANTINO
L’Arc de Constantin
The Arch of Constantine

Construite en 315 après J.-C.

Flavius Valerius Aurelius Constantinus
CONSTANTIN Ier
272-373
Empereur Romain de 306 à 373

Arco_di_Costantino 1933 Inauguration della via dei Trionfi artgitato

« Ils reviendront, ces dieux que tu pleures toujours !
Le temps va ramener l’ordre des anciens jours ;
La terre a tressailli d’un souffle prophétique…

Cependant la sibylle au visage latin
Est endormie encor sous l’arc de Constantin :
— Et rien n’a dérangé le sévère portique. »

GERARD DE NERVAL
LES FILLES DU FEU

LES CHIMERES – DELFICA
Michel Lévy frères, 1856 

ARCO DI COSTANTINO Arc de Constantin The Arch of Constantine artgitato 1 ARCO DI COSTANTINO Arc de Constantin The Arch of Constantine artgitato 2 ARCO DI COSTANTINO Arc de Constantin The Arch of Constantine artgitato 3 ARCO DI COSTANTINO Arc de Constantin The Arch of Constantine artgitato 4

« Triomphe, arc de, de Constantin, (Hist. anc. & mod.) je renvoie d’abord le lecteur au mot Arc de triomphe : & j’ajoute ensuite avec l’abbé du Bos au sujet de l’arc de triomphe de Constantin, que ce n’est autre chose que le monument de Trajan déguisé.

Quand le sénat & le peuple romain voulurent ériger à l’honneur de Constantin cet arc de triomphe, il ne se trouva point apparemment dans la capitale de l’empire un sculpteur capable d’entreprendre l’ouvrage. Malgré le respect qu’on avait à Rome pour la mémoire de Trajan, on dépouilla l’arc élevé autrefois à son honneur de ses ornements ; & sans égard à la convenance, on les employa dans la fabrique de l’arc qu’on élevait à Constantin.

Les arcs triomphaux des Romains n’étaient pas, comme les nôtres, des monuments imaginés à plaisir, ni leurs ornements des embellissements arbitraires, qui n’eussent pour règles que les idées de l’architecte. Comme nous ne faisons pas de triomphes réels, & qu’après nos victoires, on ne conduit pas en pompe le triomphateur sur un char précédé de captif ; les sculpteurs modernes peuvent se servir, pour embellir leurs arcs allégoriques, des trophées & des armes qu’ils inventent à leur gré. Les ornements d’un de nos arcs triomphaux peuvent ainsi convenir la plupart à un autre arc ; mais comme les arcs triomphaux des Romains ne se dressaient que pour éterniser la mémoire d’un triomphe réel, les ornements tirés des dépouilles qui avoient paru dans un triomphe, & qui étaient propres pour orner l’arc qu’on dressait, afin d’en perpétuer la mémoire, n’étaient point propres pour embellir l’arc qu’on élevait en mémoire d’un autre triomphe, principalement si la victoire avait été remportée sur un autre peuple, que celui sur qui avait été remportée la victoire, laquelle avait donné lieu au premier triomphe, comme au premier arc. »

JAUCOURT
ENCYCLOPEDIE 1ère Edition
1751 – Tome 16
DEFINITION DE TRIOMPHE

ARCO DI COSTANTINO Arc de Constantin The Arch of Constantine artgitato 5 ARCO DI COSTANTINO Arc de Constantin The Arch of Constantine artgitato 6 ARCO DI COSTANTINO Arc de Constantin The Arch of Constantine artgitato 7

« On peut voir au Vatican cette grande bataille retracée avec beaucoup de vigueur par le pinceau de Jules Romain. Constantin à cheval y poursuit les fuyards, qu’il pousse dans le Tibre ; la figure du vainqueur semble avoir été inspirée par un bas-relief de l’arc de Constantin.

Cet arc se rattache, aussi bien que la bataille de Saxa rubra, au grand événement qui a changé le monde. Ce fut le jour où il fut dédié à Constantin que l’empereur, faisant acte de chrétien, ne voulut pas permettre aux soldats de monter au Capitole, où ils devaient, selon l’usage, offrir un sacrifice à Jupiter et l’implorer pour le bonheur de l’empire. À défaut d’autre témoignage, cet arc prouverait combien le christianisme de Constantin était imparfait. Dans ce monument, dont il accepta la dédicace, sont encastrés des bas-reliefs empruntés à un arc de Trajan, et parmi les sujets que ces bas-reliefs représentent, il y a des hommages adressés à des divinités païennes ; on y voit Trajan sacrifiant à Mars, à Apollon, au dieu Sylvain. Constantin, qui ne permettait plus à ses soldats l’immolation solennelle du Capitole, n’en était pas encore à se scandaliser des représentations idolâtriques qui figuraient sur son arc de triomphe. »

Jean-Jacques Ampère
L’HISTOIRE ROMAINE A ROME
IX. — Suite de la Décadence. — D’Alexandre Sévère à Constantin

REVUE DES DEUX MONDES

ARCO DI COSTANTINO Arc de Constantin The Arch of Constantine artgitato 8 ARCO DI COSTANTINO Arc de Constantin The Arch of Constantine artgitato 9

 » Les observations qu’on fait par le moïen des médailles sont confirmées par ce qu’on remarque dans les ouvrages de sculpture dont on connoît le tems et qui subsistent encore. Par exemple, les médailles du grand Constantin qui regnoit cinquante ans après Gallien sont très-mal gravées : elles sont d’un mauvais goût, et nous voïons aussi par l’arc de triomphe élevé à l’honneur de ce prince, qui subsiste encore à Rome aujourd’hui, que sous son regne et cent ans avant que les barbares prissent Rome, la sculpture y étoit redevenuë un art aussi grossier qu’elle pouvoit l’être au commencement de la premiere guerre punique. Quand le sénat et le peuple romain voulurent ériger à l’honneur de Constantin cet arc de triomphe, il ne se trouva point apparemment dans la capitale de l’empire un sculpteur capable d’entreprendre l’ouvrage. Malgré le respect qu’on avoit à Rome pour la mémoire de Trajan, on dépoüilla l’arc élevé autrefois à son honneur de ses ornemens, et sans égard à la convenance on les emploïa dans la fabrique de l’arc qu’on élevoit à Constantin. Les arcs triomphaux des romains n’étoient pas comme les nôtres des monumens imaginez à plaisir, ni leurs ornemens des embelissemens arbitraires qui n’eussent pour regles que les idées de l’architecte. »
Réflexions critiques sur la poésie et la peinture
Deuxième partie
Section 13

 

ARCO DI COSTANTINO Arc de Constantin The Arch of Constantine artgitato 10 ARCO DI COSTANTINO Arc de Constantin The Arch of Constantine artgitato 11

« Non loin de là est l’ arc de Constantin, embelli de quelques bas-reliefs enlevés au forum de Trajan par les chrétiens, qui voulaient décorer le monument consacré au fondateur du repos ; c’ est ainsi que Constantin fut appelé. Les arts, à cette époque, étaient déjà dans la décadence, et l’ on dépouillait le passé pour honorer de nouveaux exploits. Ces portes triomphales qu’ on voit encore à Rome perpétuaient, autant que les hommes le peuvent, les honneurs rendus à la gloire. Il y avait sur leurs sommets une place destinée aux joueurs de flûte et de trompette, pour que le vainqueur, en passant, fût enivré tout à la fois par la musique et par la louange, et goûtât dans un même moment toutes les émotions les plus exaltées. « 

MADAME DE STAËL
CORINNE OU L’ITALIE
LIVRE IV

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L’arc de Constantin n’échappe pas, pour moi, à l’inconvénient commun à ces sortes de constructions, la lourdeur de l’attique, qui me paraît surtout écraser les portes latérales. La masse relativement plus grande qui surmonte l’arc de Titus ne me semble pas l’accabler autant, bien quil n’ait qu’une seule ouverture, et je crois le préférer aux deux autres, encore qu’il n’ait rien d’égal aux huit colonnes en saillie qui servent de contre-forts à l’arc de Constantin. Clément VIII eut une singulière idée d’en détacher une pour en décorer une chapelle de Saint-Jean de Latran.  »

CHARLES DE REMUSAT
Rome et son nouvel historien
LA REVUE DES DEUX MONDES
TOME 41 – 1862

 

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JUVENAL (Satires) Non à l’hellénisation de Rome !

JUVENAL
SATIRES








Juvenal Satires Non à l'Hellénisation de Rome Artgitato
Non à l’hellénisation
de Rome ! 

 Pour Juvénal, Rome n’est pas en odeur de sainteté.

ROME, LA VILLE DE TOUS LES DANGERS

Des problèmes de sécurité, d’hygiène, de bruit, d’agressions, d’alcoolisme brossent le quotidien de la vie des Romains. C’est la ville aventureuse et dangereuse (Nec tamen haec tantum metuas).

 Mais Juvénal évoque une problématique plus pernicieuse encore : une immigration qui gangrène les milieux les plus influents de Rome.

Des populations immigrées, Juvénal raille les égyptiens et les juifs. Mais il y a avant tout et surtout les grecs et la langue grecque qui s’immiscent dans le gratin de Rome. Il en parle principalement dans la troisième satire, mais aussi dans les sixième et huitième.

LE GREC EST L’ENNEMI

Le grec est l’ennemi. Rome perd peu-à-peu son identité au profit de la grecque (Quae nunc diuitibus gens acceptissima nostris et quos praecipue fugiam, properabo fateri, nec pudor, nec pudor opstabit. Non, possum ferre, Quirites, graecam urbem – Satire III). Rome puissance incontestée, se dé-romanise. Si Juvénal ne quitte pas Rome comme son ami Umbricus, qui rejoint la campagne, c’est qu’il ne peut pas.

ROME, LA VILLE DU MENSONGE

Les puissants apprécient le grec et les Grecs, et la langue et les hommes. Les Grecs savent s’introduirent et devenir indispensables. Ils ont comme défaut majeur, pour Juvénal, entre autre d’être comédien et pour rester à Rome, il faut savoir mentir. (Quid Romae faciam ? Mentiri nescio. Dans le mensonge, personne ne surpasse un Grec (Rides, ùaiore cachinno concutitur ; flet, si lacrimas conspexit amici, nec dolet ; igniculum brumae si tempore poscas, accipit endromidem ; si dixeris ‘aestuo’, sudat. Non sumus ergo pares…Satire III).

A Rome, il n’y a pas de travail pour ceux qui veulent vivre honnêtement (hic tunc Vmbricius : « quando artibus, inquit, honestis nullus in Vrbe locus, nulla emolumenta laborum –Satire III)

UNE LUBRICITE A TOUTE EPREUVE

Ces Grecs ne respectent rien et surtout pas le sacré. Tout est bon pour eux afin de satisfaire une lubricité infinie. Ils détroussent tout ce qui porte jupon ou toge, homme ou femme. S’ils ne trouvent rien de mieux, ils se contenteront des aïeux. La grand-mère fera l’affaire. Faute de grives, ils mangeront les merles (Praeterea sanctum nihil est neque ab inguine tutum, non matrona laris, non filia uirgo, neque ipse sponsus leuis adhuc, non filius ante pedicus ; horum si nihil est, auiam resupinat amici – Satire III).

SE PARFUMER ET S’EPILER








Cette intelligence et cette adaptation sont certaines. Le Grec est un vrai caméléon. Mais au combat, il n’est pas courageux ; la lâcheté du Rhodien se combine avec les manières efféminées du Corinthien (Despecias tu forsitan inbellis Rhodios unctamque Corinthon – Satire VIII). Dont le passe-temps essentiel reste de se parfumer et de s’épiler (despicias merito ; quid resinata iuuentus curaque totius facient tibi leuia gentis ? – Stire VIII)

Aussi, ils attirent ! Les femmes se targuent de parler grec jusque dans la couche. C’est la langue à la mode. Toutes en sont marquées, des jeunes jusqu’aux femmes de quatre-vingt-six ans ! (Quaedam parua quidem, sed non toleranda maritis. Nam quid rancidius, quam quod se non putat ulla formosam nisi quae de Tusca, Graecula facta est, de Sulmonensi mera Cecropis ? Omnia graece, cum sit turpe magis nostris nescire latine ; hoc sermone pauent, hoc iram, gaudia, curas, hoc cuncta effundunt animi secreta. Quid ultra ? Concumbunt graece. Dones tamen ista puellis : tune etiam, quam sextus et octogensimus annus pulsat, adhuc graece ? Non est hic sermo pudicus in uetula…- Satire VI)

ROME EN PAIX DEPUIS TROP LONGTEMPS

La grecquisation de Rome l’affaiblit encore un peu plus chaque jour. Elle perd de sa vitalité, elle perd son âme. Rien ne vaudrait une bonne guerre pour redonner du cœur à l’ouvrage et laver les fadaises qui occupent le quotidien du Romain.  Rome est en paix depuis bien trop longtemps (Nunc patimur longae pacis mala ; saeuior armis luxuria incubuit uictumque ulciscitur orbem. Nullum crimen abest facinusque libidinis, ex quo paupertas Romana perit. – Satire III).

Non, possum ferre, Quirites, graecam urbem. « Non, Chers Quirites, je ne peux supporter une Rome grecque. »

Mais doit-on s’arrêter à ce constat premier que nous montre Juvénal ? Gaston Boissier nous met en garde en 1870 dans son Juvénal et son Temps paru dans la revue des Deux Mondes sous la thématique des Mœurs Romaines sous l’Empire.

En effet, Juvénal n’est toutefois pas le héros de la cause romaine. Les Grecs sont gênants parce que bien plus aptes, habiles et légers.

Ainsi pour Gaston Boissier : « Un des passages les plus curieux en ce genre et où le poète a le plus subi l’influence de son entourage, c’est celui où il attaque si vigoureusement les Grecs. On est tenté d’abord d’y voir l’expression du plus ardent patriotisme. « Citoyens, dit-il d’un ton solennel, je ne puis supporter que Rome soit devenue une ville grecque ! » Ne semble-t-il pas qu’on entend la voix de Caton le censeur ? Aussi que de critiques s’y sont trompés ! Ils ont pris ces emportements au sérieux et se représentent Juvénal comme un des derniers défenseurs de l’indépendance nationale. C’est une erreur profonde. Le motif qui le fait gronder est moins élevé qu’on ne pense, et il n’y a au fond de cette colère qu’une rivalité de parasites. Le vieux client romain, qui s’est habitué à vivre de la générosité des riches, ne peut pas supporter l’idée qu’un étranger va prendre sa place. « Ainsi, dit-il, il signerait avant moi, il aurait à table la place d’honneur, ce drôle jeté ici par le vent qui nous apporte les figues et les pruneaux ! Ce n’est donc plus rien que d’avoir dans son enfance respiré l’air du mont Aventin et de s’être nourri des fruits de la Sabine ! » Quelle étrange bouffée d’orgueil national ! Ne dirait-on pas, à l’entendre, que le droit de flatter le maître et de vivre à ses dépens est un privilège qu’on acquiert par la naissance ou le domicile, comme celui de voter les lois et d’élire les consuls ! En réalité, ce ne sont pas les moyens employés par les Grecs qui lui répugnent ; il essaierait volontiers de s’en servir, s’il pensait le faire avec succès. « Je pourrais bien flatter comme eux, dit-il ; mais eux, ils savent se faire croire ! » Comment lutter de complaisance et de servilité avec cette race habile et souple ? « Le Grec naît comédien ; vous riez, il va rire plus fort que vous. Son patron laisse-t-il échapper une larme, le voilà tout en pleurs, sans être plus triste du reste. En hiver, demandez-vous un peu de feu, il endosse son manteau fourré. — Il fait bien chaud, dites-vous, la sueur lui coule du front ». Voilà ce que le Romain ne sait pas faire.  » (Gaston Boissier –  JUVENAL ET SON TEMPS – Les Mœurs romaines sous l’empire – Revue des Deux Mondes – Deuxième période – Tome 87 – 1870 )

Et il finit son analyse ainsi : « Malgré ses efforts, il est toujours épais et maladroit : c’est un vice de nature. Ses reparties manquent de finesse, il mange gloutonnement, il a, jusque dans ses plus honteuses complaisances, des brusqueries et des rudesses qui ne peuvent pas se souffrir ; il ne sait pas mettre autant de grâce et d’invention dans sa bassesse. Aussi, quand le patron a une fois goûté du Grec, qui flatte si bien ses penchants et qui sert si adroitement ses plaisirs, il ne peut plus revenir au lourd client romain. « La lutte est inégale entre nous, dit tristement Juvénal, ils ont trop d’avantages ! » Encore s’ils laissaient le pauvre client s’asseoir sans bruit au bout de la table et de temps en temps égayer l’assistance de quelques bons mots « qui sentent le terroir » ; mais non, ils veulent la maison tout entière. « Un Romain n’a plus de place là où règnent un Protogène quelconque, un Diphile ou un Erimarque. Ils détestent le partage, le patron tout entier leur appartient. Qu’ils disent seulement un mot, toute ma servilité passée ne compte plus : il me faut déguerpir ». C’est ainsi que ce malheureux, chassé de la maison du riche, l’imagination toute pleine des mets espérés ou entrevus, s’en revient tristement manger chez lui son misérable ordinaire, — domum revortit ad moenam miser. Voilà les raisons véritables qu’il a d’en vouloir aux Grecs, et Juvénal, qui l’a souvent entendu gémir après son maigre dîner, nous a fidèlement transmis ses plaintes. »

Jacky Lavauzelle