Archives par mot-clé : prophète jérémie

LE PROPHETE JEREMIE A LA CATHEDRALE SAINT JEAN DE LYON

**
PROPHETE JEREMIE

Jérémie Photo Jacky Lavauzelle

FRANCE – LYON

CATHEDRALE SAINT-JEAN
La primatiale Saint-Jean-Baptiste-et-Saint-Étienne
1175-1480
Prophète Jérémie Photo Jacky Lavauzelle Cathédrale Saint-Jean

  


Photo Jacky Lavauzelle Cathédrale Saint-Jean Lyon PHOTOS JACKY LAVAUZELLE

*************************

 

LYON

LA CATHEDRALE SAINT-JEAN
La primatiale Saint-Jean-Baptiste-et-Saint-Étienne
LE PROHETE JEREMIE

Cathédrale Saint-Jean
Cinquième arrondissement de Lyon
Place Saint-Jean, 69005 Lyon

*****

« Jérémie est le plus grand prophète après Isaïe ; il vivait presque en même temps qu’Isaïe, un peu plus tard cependant, car il commençait à être connu quand Isaïe finissait ses prédications. Jérémie commença à prophétiser à l’âge de quatorze ans ; il prédit la prise et la ruine de Jérusalem et de sa patrie, l’esclavage des Juifs, la reconstruction des murs de Jérusalem, de son temple, et le retour des Juifs du royaume de Juda. »

Comtesse de Ségur
La Bible d’une grand’mère
L. Hachette et Cie

    Jérémie Photo Jacky Lavauzelle

LA BIBLE
Jérémie
CHAPITRES I & II

Chapitre 1

1
Paroles de Jérémie, fils d’Helcias, un des prêtres qui habitaient à Anathoth, au pays de Benjamin.
2
La parole de Yahweh lui fut adressée aux jours de Josias, fils d’Amon, roi de Juda, la treizième année de son règne ;
3
et elle le fut aux jours de Joakim, fils de Josias, roi de Juda, jusqu’à la fin de la onzième année de Sédécias, fils de Josias, roi de Juda, jusqu’à la déportation de Jérusalem au cinquième mois.
4
La parole de Yahweh me fut adressée en ces termes :
5
 » Avant de te former dans le ventre de ta mère, je t’ai connu, et avant que tu sortisses de son sein, je t’ai consacré ; je t’ai établi prophète pour les nations.  »
6
Et je dis :  » Ah  ! Seigneur Yahweh, je ne sais point parler, car je suis un enfant !  »
7
Et Yahweh me dit :  » Ne dis pas : Je suis un enfant, car tu iras vers tous ceux à qui je t’enverrai, et tu diras tout ce que je t’ordonnerai.
8
Sois sans crainte devant eux, car je suis avec toi pour te délivrer, — oracle de Yahweh.  »
9
Puis Yahweh étendit sa main et toucha ma bouche ; et Yahweh me dit :  » Voici que je mets mes paroles dans ta bouche ;
10
vois, je t’établis en ce jour sur les nations et sur les royaumes, pour arracher et pour abattre, et pour perdre et pour détruire, et pour planter et pour bâtir.  »
11
Et la parole de Yahweh me fut adressée en ces termes :  » Que vois-tu, Jérémie ?  » Et je dis :  » Je vois une branche d’amandier.  »
12
Et Yahweh me dit :  » Tu as bien vu, car je veille sur ma parole pour l’accomplir.  »
13
Et la parole de Yahweh me fut adressée une seconde fois en ces termes :  » Que vois-tu ?  » Et je dis :  » Je vois une chaudière qui bout, et elle vient du côté du septentrion.  »
14
Et Yahweh me dit :  » C’est du septentrion que le malheur se répandra sur tous les habitants du pays.
15
Car me voici qui appelle toutes les familles des royaumes du septentrion, — oracle de Yahweh. Et elles viendront, et ils placeront chacun leur trône à l’entrée des portes de Jérusalem, devant toutes ses murailles à l’entour, et devant toutes les villes de Juda.
16
Et je prononcerai mes sentences contre eux, pour toute leur méchanceté, parce qu’ils m’ont abandonné, qu’ils ont offert de l’encens à d’autres dieux et adoré l’ouvrage de leurs mains.
17
Et toi, ceins tes reins, lève-toi et dis-leur tout ce que je t’ordonnerai. Ne tremble pas devant eux, de peur que je ne te laisse trembler devant eux.
18
Et moi, voici que je t’établis en ce jour comme une ville forte, une colonne de fer et une muraille d’airain, devant tout le pays, devant les rois de Juda, devant ses princes, devant ses prêtres et devant le peuple.
19
Ils te feront la guerre, mais ils ne pourront rien sur toi, car je suis avec toi pour te délivrer, — oracle de Yahweh. « 

Chapitre 2

1
La parole de Yahweh me fut adressée en ces termes :
2
Va et crie aux oreilles de Jérusalem en ces termes : Ainsi parle Yahweh : Je me suis souvenu de la piété de ta jeunesse, de l’amour de tes fiançailles, alors que tu me suivais au désert, au pays qu’on n’ensemence pas.

3
Israël était la chose consacré à Yahweh, les prémices de son revenu ; quiconque en mangeait se rendait coupable ; le malheur fondait sur lui, — oracle de Yahweh.
4
Écoutez la parole de Yahweh, maison de Jacob, et vous toutes, familles de la maison d’Israël :
5 Ainsi parle Yahweh : Quelle iniquité vos pères ont-ils trouvé en moi, pour s’éloigner de moi, pour suivre la vanité et devenir eux-mêmes vanité ?
6
Ils n’ont pas dit :  » Où est Yahweh, qui nous a fait monter du pays d’Égypte, qui nous a guidés dans le désert, dans le pays aride et crevassé, dans le pays de sécheresse et d’ombre de mort, dans le pays où nul homme ne passe, et où personne n’habite ?  »
7
Et je vous ai fait venir dans un pays semblable à un verger, pour en manger les fruits et les biens, et, une fois entrés, vous avez souillé mon pays, et fait de mon héritage une abomination.
8
Les prêtres n’ont pas dit :  » Où est Yahweh ?  » Les dépositaires de la loi ne m’ont pas connu ; les pasteurs m’ont été infidèles, et les prophètes ont prophétisé par Baal ; et ils ont suivi ceux qui ne sont d’aucun secours.
9
Aussi je veux encore plaider contre vous, — oracle de Yahweh, et je plaiderai contre les enfants de vos enfants.
10
Passez donc aux îles de Céthim et regardez ; envoyez à Cédar et observez bien ; et voyez s’il y a là rien de semblable.
11
Une nation change-t-elle de dieux ? — Et encore ce ne sont pas des dieux !… Et mon peuple a changé sa gloire contre ce qui ne sert à rien !
12
Cieux, étonnez-vous-en, frémissez d’horreur et soyez stupéfaits, oracle de Yahweh !
13
Car mon peuple a fait double mal : ils m’ont abandonné, moi, la source des eaux vives, pour se creuser des citernes, des citernes crevassées, qui ne retiennent pas l’eau.
14
Israël est-il un esclave, est-il né d’un esclave dans la maison ? Pourquoi donc est-il traité comme un butin ?
15
Contre lui les lionceaux rugissent, poussent leurs cris, et ils mettent son pays en dévastation. Ses villes sont incendiées, sans d’habitants.
16
Même les fils de Noph et de Taphnès te tondent le crâne !
17
Cela ne t’arrive-t-il pas parce que tu as abandonné Yahweh, ton Dieu, au temps où il te dirigeait dans la voie ?
18
Et maintenant qu’as-tu à faire sur la route de l’Égypte, pour aller boire l’eau du Nil, et qu’as-tu à faire sur la route de l’Assyrie, pour aller boire l’eau du fleuve ?
19
Ton impiété te châtie et tes rébellions te punissent ! Sache donc et vois combien il est mauvais et amer d’avoir abandonné Yahweh, ton Dieu, et de n’avoir de moi aucune crainte, — oracle du Seigneur Yahweh des armées.
20
Car depuis longtemps tu as brisé ton joug, tu as rompu tes liens et tu as dit :  » Je ne servirai plus !  » Car sur toute colline élevée et sous ton arbre vert tu t’es étendue, comme une courtisane.
21
Et moi, je t’avais plantée comme une vigne excellente, tout entière d’une souche franche. Comment t’es-tu changée pour moi en sarments bâtards d’une vigne étrangère ?
22
Oui, quand tu te laverais à la soude, et que tu prodiguerais la potasse, ton iniquité ferait tache devant moi, — oracle du Seigneur Yahweh.
23
Comment dis-tu :  » Je ne me suis point souillée ; je ne suis point allée après les Baals ?  » Vois les traces de tes pas dans la Vallée ; reconnais ce que tu as fait !
Chamelle légère, croisant ses pas en tout sens,
24
onagre habituée au désert, dans l’ardeur de sa passion, elle aspire l’air : qui l’empêchera de satisfaire son désir ? Nul de ceux qui la recherchent n’a à se fatiguer ; ils la trouvent en son mois.
25
Prends garde que ton pied ne se trouve à nu, et que ton gosier ne se dessèche ! Mais tu dis :  » Inutile ! Non, car j’aime les étrangers et j’irai après eux !  »
26
Comme un voleur pris sur le fait est couvert de honte, ainsi ont été confondus la maison d’Israël, eux, leurs rois, leurs chefs, leurs prêtres et leurs prophètes,
27
qui disent au bois :  » Tu es mon père,  » et à la pierre :  » Tu m’as mis au monde.  »
Car ils m’ont tourné le dos, et non la face, et au temps de leur malheur ils disent :  » Lève-toi et sauve-nous !  »
28
Où sont donc les dieux que tu t’es faits ? Qu’ils se lèvent, s’ils peuvent te sauver au temps de ton malheur ! Car aussi nombreux que tes villes sont tes dieux, ô Juda.
29 Pourquoi plaidez-vous contre moi ? Vous m’avez tous été infidèles, — oracle de Yahweh.
30
C’est en vain que j’ai frappé vos fils ; ils n’en ont pas retiré d’instruction ; votre épée a dévoré vos prophètes, comme un lion destructeur.
31
Quelle race vous êtes ! Considérez la parole de Yahweh : Ai-je été pour Israël un désert, un pays d’épaisses ténèbres ? Pourquoi mon peuple a-t-il dit :  » Nous sommes libres, nous ne reviendrons pas à vous ?  »
32
Une vierge oublie-t-elle sa parure, une fiancée sa ceinture ? Et mon peuple m’a oublié depuis des jours sans nombre !
33
Que tu sais bien disposer tes voies pour chercher l’amour ! Pour cela, même avec le crime tu familiarises tes voies !
34
Jusque sur les pans de tes vêtements, on trouve le sang des pauvres innocents ; tu ne les avais pas surpris en délit d’effraction, mais tu les as tués pour toutes ces choses.
35
Et tu dis :  » Oui, je suis innocente ; certainement sa colère s’est détournée de moi.  » Me voici pour te faire le procès sur ce que tu dis :  » Je n’ai pas péché !  »
36
Quelle hâte tu mets à changer ta voie ! Tu seras rendue confuse par l’Égypte, comme tu l’as été par l’Assyrie.
37
De là aussi tu reviendras, les mains sur la tête ; car Yahweh a rejeté ceux en qui tu mets ta confiance, et tu ne réussiras pas avec eux.

La Bible
Traduite par
Augustin Crampon
Édition de 1923

***********

LE PROPHETE JEREMIE
LA CATHEDRALE SAINT-JEAN LYON
La primatiale Saint-Jean-Baptiste-et-Saint-Étienne

Prophète Jérémie LA CATHEDRALE SAINT-JEAN Photo Jacky Lavauzelle

Retour d’Egypte de la Sainte Famille en Galilée à la Casa-Museu Medeiros e Almeida

LISBOA – LISBONNE





Retour d'Egypte de la Sainte Famille en Galilée à la Casa-Museu Medeiros e Almeida

Casa-Museu Medeiros e Almeida
Rua Rosa Araújo

Photo Jacky Lavauzelle

 

Retour d’Egypte de la Sainte Famille en Galilée à la Casa-Museu Medeiros e Almeida




RETOUR D’EGYPTE
DE LA
SAINTE FAMILLE
A LA
CASA-MUSEU
MEDEIROS E ALMEIDA

Retour d’Egypte de la Sainte Famille en Galilée à la Casa-Museu Medeiros e Almeida
LE DEPART DE LA SAINTE FAMILLE EN EGYPTE

« Après leur départ, voici qu’un ange du Seigneur apparut à Joseph pendant son sommeil, et lui dit : « Levez-vous, prenez l’Enfant et sa mère, fuyez en Égypte, et n’en partez pas que je ne vous le dise ; car Hérode va rechercher l’Enfant pour le faire périr. Joseph se leva, et, la nuit même, prenant l’Enfant avec sa mère, il se retira en Égypte. Et il y resta jusqu’à la mort d’Hérode, afin que s’accomplît ce qu’avait dit le Seigneur par son Prophète : « J’ai rappelé mon fils de l’Égypte. » Alors Hérode, voyant que les Mages l’avaient trompé, entra dans une grande colère, et il fit tuer tous les enfants qui étaient dans Bethléem et dans les environs, depuis l’âge de deux ans et au-dessous, selon le temps dont il s’était enquis auprès des Mages. Alors fut accompli ce qu’avait annoncé le prophète Jérémie. « Une voix a été entendue dans Rama, des plaintes et des cris lamentables : Rachel pleurant ses enfants ; et elle ne veut pas être consolée, parce qu’ils ne sont plus. » »
Les Quatre Évangiles
saint Matthieu – Chapitre II
Traduction par Augustin Crampon
Editions Tolra et Haton – 1864

Retour d’Egypte de la Sainte Famille en Galilée à la Casa-Museu Medeiros e Almeida
LE RETOUR D’EGYPTE DE LA SAINTE FAMILLE

 « Hérode étant mort, voici qu’un ange du Seigneur apparut en songe à Joseph dans la terre d’Égypte, et lui dit : « Levez-vous, prenez l’Enfant et sa mère, et allez dans la terre d’Israël, car ceux qui en voulaient à la vie de l’Enfant sont morts. Joseph s’étant levé, prit l’Enfant et sa mère, et vint dans la terre d’Israël. Mais apprenant qu’Archélaüs régnait en Judée à la place d’Hérode, son père, il n’osa y aller, et, averti en songe, il se retira dans la Galilée et vint habiter une ville nommée Nazareth, afin que s’accomplit ce qu’avaient dit les prophètes : « Il sera appelé Nazaréen. »
Les Quatre Évangiles
saint Matthieu – Chapitre II
Traduction par Augustin Crampon
Editions Tolra et Haton – 1864

Retour d’Egypte de la Sainte Famille en Galilée à la Casa-Museu Medeiros e Almeida
LE RETOUR DE LA SAINTE FAMILLE
PAR LA PREMIERE ENCYCLOPEDIE

« Saint Matthieu dit que Jésus étant né à Bethléem de Juda, les Mages vinrent d’Orient à Jérusalem pour s’informer du lieu de sa naissance, le nommant roi des Juifs : ubi est qui natus est rex Judæorum ? qu’Hérode & toute la ville en furent alarmés ; mais que ce prince prenant le parti de dissimuler, fit assembler les principaux d’entre les prêtres, pour savoir d’eux où devait naître le Christ ; que les prêtres lui répondirent que c’était à Bethléem de Juda ; qu’Hérode laissa partir les Mages pour aller adorer le Messie nouveau né ; qu’il se contenta de leur demander avec instance de s’informer avec soin de tout ce qui concernait cet enfant, afin qu’étant lui-même instruit, il pût, disait-il, lui rendre aussi ses hommages ; mais que son dessein secret était de profiter de ce qu’il apprendrait, pour lui ôter plus sûrement la vie ; que les Mages, après avoir adoré Jésus-Christ, & lui avoir offert leurs présents, avertis par Dieu même, prirent pour s’en retourner une route différente de celle par laquelle ils étaient venus, évitant ainsi de reparaître à la cour d’Hérode ; que Joseph reçut par un ange l’ordre de se soustraire à la colère de ce prince en fuyant en Egypte avec sa famille ; qu’Hérode voyant enfin que les Mages lui avoient manqué de parole, fit tuer tous les enfants de Bethléem & des environs depuis l’âge de deux ans & au-dessous, selon le tems de l’apparition de l’étoile ; qu’après la mort de ce prince, Joseph eut ordre de retourner avec l’enfant & sa mère dans la terre d’Israël ; mais qu’ayant appris qu’Archelaüs fils d’Hérode, régnait dans la Judée, il craignit, & n’osa y aller demeurer ; de sorte que sur un songe qu’il eut la nuit, il résolut de se retirer en Galilée, & d’établir son séjour à Nazareth, afin que ce que les Prophètes avoient dit fût accompli, que Jésus serait nommé Nazaréen : & venit in terram Israel, audiens autem quod Archelaus regnaret in Judæâ pro Herode patre suo, timens illò ire, & admonitus somnis, secessit in partes Galileæ & veniens habitavit in civitate quod vocatur Nazareth, ut adimpleretur quod dictum est per Prophetas, quoniam Nazareus vocabitur. »
Charles de Jaucourt, Boucher d’Argis
Première Edition de L’Encyclopédie de 1751

*****
LA SAINTE FAMILLE
*****

LISBOA – LISBONNE





Retour d'Egypte de la Sainte Famille en Galilée à la Casa-Museu Medeiros e Almeida

Casa-Museu Medeiros e Almeida
Rua Rosa Araújo

Photo Jacky Lavauzelle

DANTE ALIGHIERI LA VITA NUOVA LA VIE NOUVELLE DANTE VII (1292)

DANTE ALIGHIERI LA VITA NUOVA LA VIE NOUVELLE DANTE
Traduction – Texte Bilingue
LITTERATURE ITALIENNE
Letteratura Italiana

DANTE ALIGHIERI
Firenze 1265 Florence – Ravenna 1321 Ravenne

chapelle du Palais de Bargello Florence
Cappella del Podestà Firenze
attribué à Giotto di Bondone
Il ritratto di Dante in un’elaborazione grafica
Détail

Traduction  Traduzione Jacky Lavauzelle

——–










DANTE ALIGHIERI

LA VITA NUOVA
1292
VII

 ******

VII

********

 

La donna co la quale io avea tanto tempo celata la mia volontade, convenne che si partisse de la sopradetta cittade e andasse in paese molto lontano:
Celle que j’avais choisie depuis longtemps pour dissimuler mon désir, se trouva à devoir partir de la ville pour habiter dans un pays lointain :
per che io quasi sbigottito de la bella difesa che m’era venuta meno, assai me ne disconfortai, più che io medesimo non avrei creduto dinanzi.
ainsi, je fus désappointé par ce manque et bien plus encore que je ne l’aurais cru.
E pensando che se de la sua partita io non parlasse alquanto dolorosamente, le persone sarebbero accorte più tosto de lo mio nascondere, propuosi di farne alcuna lamentanza in uno sonetto;
Et de penser alors que si dans mon jeu  je n’évoquais pas un peu de ma douleur, mes connaissances l’auraient remarqué rapidement ; je me proposai donc de rédiger un sonnet ;
lo quale io scriverò, acciò che la mia donna fue immediata cagione di certe parole che ne lo sonetto sono, sì come appare a chi lo intende.
je vous le transcris ici, et vous reconnaitrez certains passages qui s’adressent directement à ma Dame.
E allora dissi questo sonetto, che comincia:
Voici donc ce sonnet qui commence par :
O voi che per la via.
O vous, qui sur le chemin.





O voi, che per la via d’Amor passate,
Ô vous, qui sur le chemin de l’Amour passez,
 
attendete e guardate
attendez et regardez
 s’elli è dolore alcun, quanto ‘l mio, grave;
si elle est une douleur à la mienne identique ;
 e prego sol ch’audir mi sofferiate,
Je vous prie de m’écouter,
e poi imaginate
Et puis d’imaginer
 s’io son d’ogni tormento ostale e chiave.
Comme je suis l’auberge du tourment et sa clé.
Amor, non già per mia poca bontate,
Amour, non par mon manque de bonté,
 ma per sua nobiltate,
mais par sa noblesse,
mi pose in vita sì dolce e soave,
Me plaça dans une vie si douce et suave,
  ch’io mi sentia dir dietro spesse fiate:
Que souvent derrière moi sortaient les mots suivants :
 «Deo, per qual dignitate
« Dieu, par quelle puissance
 così leggiadro questi lo core have?»
 A-t-il le cœur si léger ?  »
Or ho perduta tutta mia baldanza,
Maintenant, j’ai perdu toute confiance en moi,
 che si movea d’amoroso tesoro;
Qui émanait de ce trésor d’amour ;
ond’io pover dimoro,




D’où je suis devenu pauvre,
in guisa che di dir mi ven dottanza.
de telle sorte que je ne parle plus.
Sì che volendo far come coloro
Je voulais faire comme ceux
che per vergogna celan lor mancanza,
qui, par honte, cachent leur absence,
di fuor mostro allegranza,
A l’extérieur, montrer de la joie,
e dentro dallo core struggo e ploro.
et à l’intérieur laisser pleurer mon cœur.

Questo sonetto ha due parti principali;
Ce sonnet comporte deux parties principales;
che ne la prima intendo chiamare li fedeli d’Amore per quelle parole di Geremia profeta che dicono:
Par le premier, il s’agit de appel des fidèles de l’Amour par les paroles du prophète Jérémie qui disent:
O vos omnes qui transitis per viam, attendite et videte si est dolor sicut dolor meus,
O vous qui passez, faites attention, et voyez s’il existe une douleur comme la mienne.
e pregare che mi sofferino d’audire;
et qui leur demande de m’écouter ;
nella seconda narro là ove Amore m’avea posto, con altro intendimento che l’estreme parti del sonetto non mostrano, e dico che io hoe ciò perduto.
dans la seconde, je rapporte là où l’Amour m’a conduit, avec une autre intention que les parties extrêmes du sonnet ne montrent pas. et je souligne qu’elle fut ma perte.
 La seconda parte comincia quivi:
La deuxième partie commence par :
Amor, non già.
Amour, non par… 

******

LA VIE NOUVELLE DANTE ALIGHIERI
DANTE LA VITA NUOVA
VII

******




LA VITA NUOVA
Une plainte après la mort de Béatrice
par
Saint-René Taillandier

La Vie nouvelle a été composée avant 1292, selon M. Fauriel, en 1290, selon M. Delécluze. M. Wegele affirme, et sur bonnes preuves, qu’elle n’a été écrite que vers l’année 1300. Les dates sont précieuses ici. La Vie nouvelle est précisément le résumé de ces dix années qui nous occupent, le symbolique récit de ce travail intérieur retrouvé par la sagacité allemande. Qu’est-ce que la Vie nouvelle pour la plupart des érudits modernes ? Une plainte à l’occasion de la mort de Béatrice. M. Witte et M. Wegele, à l’aide de maintes indications fournies par l’histoire de l’époque, l’ont découvert la confession même de Dante sur une crise profonde que traversa son âme. Le poète, en ces pages tour à tour si bizarres et si gracieusement mystiques, nous parle d’une jeune dame qui essaya de le consoler après la mort de Béatrice. Elle était belle, noble, sage, et elle venait à lui, dit-il, pour rendre quelque repos à sa vie. Partagé d’abord entre l’attrait que cette dame lui inspire et le souvenir de Béatrice, il se laisse aller bientôt au charme de ces consolations, jusqu’à l’heure où Béatrice lui apparaît vêtue de rouge, dans l’éclat de son enfance radieuse, telle enfin qu’il l’avait aperçue en sa première extase. Ce souvenir des ferventes années le ramène à l’amour véritable ; ces sonnets et ces canzoni qu’il avait consacrés pendant quelque temps à la dame des consolations moins hautes, il les rend à l’âme sublime qui est devenue le flambeau de sa vie, et, récompensé de ce retour par une vision extraordinaire, il s’écrie : « Les choses dont j’ai été témoin m’ont fait prendre la résolution de ne plus rien dire de cette bienheureuse jusqu’à ce que je puisse parler d’elle plus dignement. » Cet épisode, trop peu remarqué jusqu’ici, signifie, selon MM. Witte et Wegele, l’affaiblissement de la foi dans l’âme de Dante, son ardeur à interroger la philosophie, et finalement, après bien des combats, son retour à la religion de son enfance. Racontée brièvement dans les dernières pages de la Vita nuova la lutte dont nous parlons paraît avoir agité sa jeunesse, et ce n’est que vers l’année 1300 que Dante a pu jeter son cri de victoire. C’est aussi à l’année 1300 qu’il assigne le pèlerinage retracé dans son poème : la Divine Comédie est la continuation immédiate de la Vita nuova. Ainsi ces mots, vita nuova, ne signifient pas souvenirs d’enfance, souvenirs de jeunesse, vita juvenilis, comme le veulent quelques commentateurs modernes, entre autres M. Pietro Fraticelli et M. Emile Ruth ; ils signifient, et avec une exactitude parfaite, la vie nouvelle, la vie fortifiée par l’épreuve et illuminée de clartés plus pures.

La découverte de M. Witte résout incidemment une question jusque-là fort obscure. Tant qu’on ne voyait dans la Vita nuova que le tableau des enfantines amours du poète, tant qu’on n’y avait pas de couvert ces luttes de l’âge virile la lutte de la philosophie qui s’éveille et de la foi du moyen âge, on ne pouvait raisonnablement traduire vita nuova par vie nouvelle. Vita nuova, dans ce système d’interprétation, c’était la vie au moment où elle s’ouvre comme une fleur, à l’âge où elle est toute neuve et toute fraîche, et si l’on préférait absolument la traduction littérale, il fallait expliquer du moins dans quel sens particulier on l’employait. La Fontaine a dit :




Si le ciel me réserve encor quelque étincelle
Du feu dont je brillais en ma saison nouvelle.

La saison nouvelle dont parle le fabuliste, c’est le printemps de l’existence, il n’y a pas de doute possible sur ce gracieux vers. Les traducteurs de Dante qui employaient les mots vie nouvelle auraient dû aussi faire en sorte que cette traduction ne produisît pas d’équivoque, c’est-à-dire qu’elle signifiât le premier épanouissement de la vie, et non pas la vie renouvelée et transformée. Faute de cette précaution, ils manquaient de logique dans leur système, et tombaient sous le coup des critiques de M. Fraticelli. J’ai peine à comprendre qu’un esprit aussi ingénieux, aussi pénétrant que Fauriel, n’ait pas été averti par cette contradiction. Je m’étonne aussi que M. Delécluze, dans sa traduction d’ailleurs si estimable, ait conservé un titre dont le sens n’a aucun rapport avec l’œuvre telle qu’il l’interprète. Le dernier traducteur anglais, M. J. Garrow, a été plus conséquent ; décidé à ne voir aucune allégorie dans le livre de Dante, mais seulement un récit des extases de son enfance, il traduit simplement early life.

Dégageons des formes symboliques la scène qui couronne la Vita nuova : Dante, après la mort de Béatrice et avant d’être élu prieur de Florence, c’est-à-dire de 1290 à 1300,- cherche une consolation à sa douleur en même temps qu’un emploi à son activité dans l’étude de la philosophie. À une époque où la raison s’essayait déjà à secouer le joug de la foi, où les plus libres esprits se produisaient à côté de saint Thomas d’Aquin, où des réformateurs audacieux, un Joachim de Flores, un Jean d’Olive, un Guillaume de Saint-Amour, s’élevaient du sein même de l’église, où des discussions à outrance passionnaient les écoles, où Simon de Tournay, après avoir prouvé la divinité du Christ devant un immense auditoire, enivré tout à coup de sa logique, s’écriait : « Petit Jésus, petit Jésus, autant j’ai exalté ta loi, autant je la rabaisserais, si je voulais ! » à une époque enfin où l’auteur de l’Imitation, fatigué de tout ce bruit, jetait ce vœu du fond de son âme : « Que tous les docteurs se taisent, ô mon Dieu ! parlez-moi tout seul ; » à une telle époque, Dante, avec son esprit subtil et son impétueuse avidité, avait-il pu ne s’abandonner qu’à demi aux entraînemens de la science ? Nous savons qu’il vint à Paris, qu’il parut dans le champ-clos de la scolastique et y soutint une lutte mémorable. Des recherches récentes nous ont appris que son maître, Siger de Brabant, celui qu’il retrouve plus tard dans le paradis, avait été obligé de se défendre contre des accusations d’hérésie. Dante avait-il su s’arrêter à temps ? N’avait-il pas senti s’ébranler les principes de ses premières croyances ? Il est difficile de ne pas admettre ce fait, lorsqu’on lit les dernières pages de la Vita nuova à la lumière de la critique et de l’histoire ; mais Dante, avide d’amour, visité sans cesse par les extases de sa jeunesse, ne trouva pas dans la science le repos qu’il y cherchait. Sa foi reparut bientôt ; il la vit revenir, dit-il, sous les traits de Béatrice enfant, montrant bien que Béatrice n’est plus ici la jeune femme de vingt-six ans dont il pleura si tendrement la mort, mais le symbole de son amour et de sa foi avant que nulle étude étrangère n’en eût altéré la candeur.

Voilà la crise que l’esprit de Dante a subie, et dont il a laissé la trace dans les dernières pages de la Vita nuova. Croit-on que ce soit seulement une conjecture ? Aux arguments de M. Wegele je pourrais en ajouter un qui me semble décisif : le fils même du poète, Jacopo Dante, nous parle en son commentaire de toute une période de désordre qui troubla la vie de son père, et il la place avant l’année 1300. Mais laissons là les preuves extérieures, c’est Dante seul qui va nous répondre. On sait que le Convito est comme la suite de la Vita nuova ; ouvrez-le, vous y verrez sous la forme la plus claire l’explication que nous venons de résumer. Cette dame qui l’avait consolé après la mort de Béatrice, il déclare expressément que c’est la philosophie. Quand il écrit la Vita nuova, à peine échappé au péril, il en parle en termes discrets, comme un homme qui craint de rouvrir une blessure mal fermée ; dans le Convito, au contraire, il en décrit les phases ; ce n’est plus un nuage qui a voilé un instant l’âme du poète, c’est toute une crise intérieure où il s’est longtemps débattu.




Saint-René Taillandier
Dante Alighieri et la Littérature dantesque en Europe au XIXe siècle, à propos d’un livre du roi de Saxe
Revue des Deux Mondes
Deuxième période
Tome 6
1856

******

La Vita Nuova La Vie Nouvelle Dante