Johann Wofgang von Goethe
FAUST
VORSPIEL AUF DEM THEATER
PROLOGUE SUR LE THEÂTRE
Traduction Jacky Lavauzelle – artgitato.com
Direktor. Theatherdichter. Lustige Person
Le directeur, le poète et le bouffon
Direktor
Le directeur
Ihr beiden, die ihr mir so oft,
Vous deux, qui, avec moi, tant de fois,
In Not und Trübsal, beigestanden,
Dans la peine et dans l’épreuve, m’avez accompagné,
Sagt, was ihr wohl in deutschen Landen
Dîtes, que pensez-vous, en terres allemandes,
Von unsrer Unternehmung hofft?
De l’évolution de notre programme ?
Ich wünschte sehr der Menge zu behagen,
Je voudrais bien avoir l’opinion publique avec moi,
Besonders weil sie lebt und leben läßt.
Surtout parce qu’elle vit et qu’elle nous permet de vivre.
Die Pfosten sind, die Bretter aufgeschlagen,
Les affiches posées, les critiques avisées,
Und jedermann erwartet sich ein Fest.
Et chacun s’attend à une féerie.
Sie sitzen schon mit hohen Augenbraunen
Ils sont déjà assis, les yeux écarquillés
Gelassen da und möchten gern erstaunen.
Souhaitant être surpris et désirant être heureux.
Ich weiß, wie man den Geist des Volks versöhnt ;
Je sais comment de l’esprit du public on en fait un allié ;
Doch so verlegen bin ich nie gewesen :
Pourtant, je n’ai jamais été aussi embarrassé :
Zwar sind sie an das Beste nicht gewöhnt,
Il est vrai que du meilleur ils n’ont pas l’habitude,
Allein sie haben schrecklich viel gelesen.
Seulement, ils ont beaucoup lu.
Wie machen wir’s, daß alles frisch und neu
Comment allons-nous faire pour que tout soit frais, pour que tout soit nouveau
Und mit Bedeutung auch gefällig sei?
Et avec du sens aussi ?
Denn freilich mag ich gern die Menge sehen,
Pour sûr, je tiens à voir la foule,
Wenn sich der Strom nach unsrer Bude drängt,
Comme un torrent se fracasser à notre baraque,
Und mit gewaltig wiederholten Wehen
Et avec une douleur lancinante et puissante
Sich durch die enge Gnadenpforte zwängt ;
Se presser jusqu’au-devant du guichet salvateur ;
Bei hellem Tage, schon vor vieren,
Au grand jour, avant les quatre heures,
Mit Stößen sich bis an die Kasse ficht
Par saccades, se heurter à la caisse
Und, wie in Hungersnot um Brot an Bäckertüren,
Et, comme lors des famines devant la porte du boulanger,
Um ein Billet sich fast die Hälse bricht.
Pour un billet, pour un peu, se briser le cou.
Dies Wunder wirkt auf so verschiedne Leute
Un tel miracle ne peut se produire sur une foule éclectique
Der Dichter nur ; mein Freund, o tu es heute !
Que par le poète, uniquement ; mon ami, fais qu’il en soit ainsi aujourd’hui !
Dichter
Le poète
O sprich mir nicht von jener bunten Menge,
Oh! Ne me parle de cette foule bariolée,
Bei deren Anblick uns der Geist entflieht.
Qui par son seul aspect fait fuir mon esprit.
Verhülle mir das wogende Gedränge,
Aveuglé par les vagues de cette cohue,
Das wider Willen uns zum Strudel zieht.
Qui, contre ma volonté, m’entraîne dans son tourbillon.
Nein, führe mich zur stillen Himmelsenge,
Non, conduis-moi vers le calme d’un ciel irisé,
Wo nur dem Dichter reine Freude blüht ;
Où, pour le seul poète, la joie peut fleurir ;
Wo Lieb und Freundschaft unsres Herzens Segen
Où amour et amitié ont la faveur de notre cœur,
Mit Götterhand erschaffen und erpflegen.
Avec le soutien de Dieu, créé et protégé.
Ach! was in tiefer Brust uns da entsprungen,
Ah ! Comme du plus profond de nous s’évade
Was sich die Lippe schüchtern vorgelallt,
Ce que nos lèvres timides susurrent,
Mißraten jetzt und jetzt vielleicht gelungen,
Dénaturé parfois et parfois plus fameux,
Verschlingt des wilden Augenblicks Gewalt.
Dévoré par la puissance et la sauvagerie du présent.
Oft, wenn es erst durch Jahre durchgedrungen,
Souvent, après bien des années durant,
Erscheint es in vollendeter Gestalt.
Elle apparaît alors dans une forme aboutie.
Was glänzt, ist für den Augenblick geboren,
Ce qui brille, n’existe que pour les yeux,
Das Echte bleibt der Nachwelt unverloren.
Le vrai, seul, passe à la postérité.
Lustige Person
Le Bouffon
Wenn ich nur nichts von Nachwelt hören sollte.
Je ne veux plus rien entendre sur cette postérité !
Gesetzt, daß ich von Nachwelt reden wollte,
Soit, vous désirez que je discoure sur la postérité,
Wer machte denn der Mitwelt Spaß ?
Qui s’occupera alors à divertir nos contemporains ?
Den will sie doch und soll ihn haben.
Car ils en veulent encore et nous leur en donnons.
Die Gegenwart von einem braven Knaben
La présence d’un brave garçon
Ist, dächt ich, immer auch schon was.
Est, je pense, toujours autant apprécié.
Wer sich behaglich mitzuteilen weiß,
Celui qui sait annoncer quelque chose de plaisant,
Den wird des Volkes Laune nicht erbittern ;
Par l’humeur du public ne sera pas exaspéré ;
Er wünscht sich einen großen Kreis,
Il souhaitera agrandir un plus grand le cercle,
Um ihn gewisser zu erschüttern.
Sachez l’étonner !
Drum seid nur brav und zeigt euch musterhaft,
Les tambours ne sont bons, montrez-vous exemplaire,
Laßt Phantasie, mit allen ihren Chören,
Laissez l’imagination, avec tous ses chœurs,
Vernunft, Verstand, Empfindung, Leidenschaft,
Raison, intellect, émotion, passion,
Doch, merkt euch wohl! nicht ohne Narrheit hören.
Mais, remarquez bien! N’attendez rien sans folie.
Direktor
Le directeur
Besonders aber laßt genug geschehn!
Surtout, montrez en assez !
Man kommt zu schaun, man will am liebsten sehn.
On vient pour voir, on veut voir toujours plus.
Wird vieles vor den Augen abgesponnen,
Beaucoup devant des yeux fatigués,
So daß die Menge staunend gaffen kann,
Tellement que la foule en restera sans voix,
Da habt Ihr in der Breite gleich gewonnen,
Là, vous aurez gagné la partie,
Ihr seid ein vielgeliebter Mann.
Vous voici un homme considéré.
Die Masse könnt Ihr nur durch Masse zwingen,
La masse peut, elle seule, en rabattre à la masse
Ein jeder sucht sich endlich selbst was aus.
Chacun recherche en fait ce qui l’intéresse
Wer vieles bringt, wird manchem etwas bringen;
Qui apporte beaucoup, à chacun apporte quelque chose ;
Und jeder geht zufrieden aus dem Haus.
Et chacun rentrera heureux chez lui.
Gebt Ihr ein Stück, so gebt es gleich in Stücken!
Vous donnez une pièce, donnez-la en morceaux !
Solch ein Ragout, es muß Euch glücken ;
Ainsi qu’un ragoût, elle rendra tout le monde heureux ;
Leicht ist es vorgelegt, so leicht als ausgedacht.
Il est facilement servi, tout autant que facilement réalisé
Was hilft’s, wenn Ihr ein Ganzes dargebracht?
A quoi bon, si vous offrez tout dans sa totalité ?
Das Publikum wird es Euch doch zerpflücken.
Le public aurait vite fait de vous disséquer !
Dichter
Le poète
Ihr fühlet nicht, wie schlecht ein solches Handwerk sei!
Vous ne sentez pas, comme est méprisable cet artisanat !
Wie wenig das dem echten Künstler zieme!
Comme il correspond peu au véritable artiste !
Der saubern Herren Pfuscherei
Les belles prouesses de ces messieurs
Ist. merk ich. schon bei Euch Maxime.
Je le remarque. Vous en faites déjà votre maxime.
Direktor
Le directeur
Ein solcher Vorwurf läßt mich ungekränkt :
Une telle critique me laisse de marbre :
Ein Mann, der recht zu wirken denkt,
Un homme, qui souhaite travailler correctement,
Muß auf das beste Werkzeug halten.
Doit avoir les meilleurs outils.
Bedenkt, Ihr habet weiches Holz zu spalten,
Rappelez-vous, vous devez fendre du bois tendre,
Und seht nur hin, für wen Ihr schreibt !
Et regardez dehors, pour savoir à qui vous écrivez !
Wenn diesen Langweile treibt,
Quand l’un arrivera dépressif,
Kommt jener satt vom übertischten Mahle,
Les autres arriveront d’un festin trop copieux,
Und, was das Allerschlimmste bleibt,
Et, ce qui reste le pire,
Gar mancher kommt vom Lesen der Journale.
Plus d’un viendront à la lecture du journal.
Man eilt zerstreut zu uns, wie zu den Maskenfesten,
On se précipite vers nous, comme à une mascarade,
Und Neugier nur beflügelt jeden Schritt ;
Et la curiosité précipite chaque pas ;
Die Damen geben sich und ihren Putz zum besten
Les dames montrent d’elles leurs plus beaux atours
Und spielen ohne Gage mit.
Et jouent déjà pour le public, sans gages.
Was träumet Ihr auf Eurer Dichterhöhe?
A quoi rêvez-vous, poètes, sur vos sommets ?
Was macht ein volles Haus Euch froh?
Que rend joyeux une salle comble ?
Beseht die Gönner in der Nähe!
Gardez vos mécènes à proximité !
Halb sind sie kalt, halb sind sie roh.
La moitié est glaciale, l’autre est inculte.
Der, nach dem Schauspiel, hofft ein Kartenspiel,
Qui, après la pièce, espère une partie de cartes,
Der eine wilde Nacht an einer Dirne Busen.
Qui, une nuit sauvage dans les bras d’une prostituée.
Was plagt ihr armen Toren viel,
Que, pour eux, vous tourmentez,
Zu solchem Zweck, die holden Musen ?
Dans ce but, les douces muses ?
Ich sag Euch, gebt nur mehr und immer, immer mehr,
Je vais vous dire, donnez seulement plus et plus encore, toujours plus,
So könnt Ihr Euch vom Ziele nie verirren
Ainsi vous ne perdrez pas le but de vue
Sucht nur die Menschen zu verwirren,
Cherchez seulement à troubler les hommes,
Sie zu befriedigen, ist schwer — —
Les satisfaire, c’est plus compliqué
Was fällt Euch an? Entzückung oder Schmerzen?
Qu’en pensez-vous ? Exstase ou douleur ?
Dichter
Le poète
Geh hin und such dir einen andern Knecht !
Va et trouve-toi un autre valet !
Der Dichter sollte wohl das höchste Recht,
Le poète devrait probablement par cette loi suprême,
Das Menschenrecht, das ihm Natur vergönnt,
Des droits de l’Homme, de ce que la Nature permet,
Um deinetwillen freventlich verscherzen !
Y renoncer sans autres motifs !
Wodurch bewegt er alle Herzen ?
Comment pourrait-il faire frémir les cœurs?
Wodurch besiegt er jedes Element ?
Comment soumettrait-il chaque élément ?
Ist es der Einklang nicht, der aus dem Busen dringt,
N’est-ce-pas l’accord qui sort de sa poitrine,
Und in sein Herz die Welt zurücke schlingt ?
Et en son cœur n’enveloppe-t-il pas le monde ?
Wenn die Natur des Fadens ew’ge Länge,
Si la nature démêle les longs fils éternels,
Gleichgültig drehend, auf die Spindel zwingt,
Indépendamment des rotations, de la puissance de la broche,
Wenn aller Wesen unharmon’sche Menge
Si pour tous les êtres d’une foule discordante
Verdrießlich durcheinander klingt-
Renfrognés pêle-mêle s’entrechoquant
Wer teilt die fließend immer gleiche Reihe
Partageant toujours le même courant
Belebend ab, daß sie sich rhythmisch regt ?
Vivifiant cela, n’est-ce point lui qui suscite le rythme?
Wer ruft das Einzelne zur allgemeinen Weihe,
Qui appelle le particulier à l’unification générale,
Wo es in herrlichen Akkorden schlägt ?
Qui y introduit de beaux accords?
Wer läßt den Sturm zu Leidenschaften wüten ?
Qui peut lâcher la tempête sur les passions ?
Das Abendrot im ernsten Sinne glühn ?
Le coucher de soleil dans une âme éplorée ?
Wer schüttet alle schönen Frühlingsblüten
Qui étale toutes les belles fleurs de printemps
Auf der Geliebten Pfade hin?
Sur les chemins d’une bien-aimée ?
Wer flicht die unbedeutend grünen Blätter
Qui tresse des feuilles vertes insignifiantes
Zum Ehrenkranz Verdiensten jeder Art ?
Pour honorer les mérites en couronnes de gloire ?
Wer sichert den Olymp? vereinet Götter ?
Qui assure l’Olympe? Qui assemble les dieux ?
Des Menschen Kraft, im Dichter offenbart.
Tout le pouvoir de l’homme, par le poète est révélé.
Lustige Person
Le Bouffon
So braucht sie denn, die schönen Kräfte,
Utilisez donc vos puissants dons,
Und treibt die dichtrischen Geschäfte,
Et continuez vos travaux poétiques,
Wie man ein Liebesabenteuer treibt.
Comme on conduit une histoire d’amour.
Zufällig naht man sich, man fühlt, man bleibt,
On regarde par hasard, on s’émeut, on reste,
Und nach und nach wird man verflochten;
Et peu à peu vous vous retrouvez prisonnier ;
Es wächst das Glück, dann wird es angefochten,
Il pousse le bonheur, mais il est bientôt contesté
Man ist entzückt, nun kommt der Schmerz heran,
On est ravi, mais maintenant la douleur est proche,
Und eh man sich’s versieht, ist’s eben ein Roman.
Et avant que vous le sachiez, c’en est maintenant un roman.
Laßt uns auch so ein Schauspiel geben !
Donnez-nous aussi un tel spectacle!
Greift nur hinein ins volle Menschenleben!
Puisez seulement dans toute la plénitude de la vie humaine !
Ein jeder lebt’s, nicht vielen ist’s bekannt,
Chacun la vit, peu la connaissent,
Und wo ihr’s packt, da ist’s interessant.
Et où vous l’empoignez, là est l’intéressant.
In bunten Bildern wenig Klarheit,
En images colorées et peu de clarté,
Viel Irrtum und ein Fünkchen Wahrheit,
Beaucoup d’erreur et un atome de vérité,
So wird der beste Trank gebraut,
Ainsi, la meilleure boisson est-elle brassée,
Der alle Welt erquickt und auferbaut.
Elle rafraîchie le monde entier et l’édifie.
Dann sammelt sich der Jugend schönste Blüte
Alors s’assemble la plus belle fleur de la jeunesse
Vor eurem Spiel und lauscht der Offenbarung,
Devant votre jeu et écoutant la révélation,
Dann sauget jedes zärtliche Gemüte
Alors chaque esprit tendre extrait
Aus eurem Werk sich melanchol’sche Nahrung,
De votre travail des aliments mélancoliques,
Dann wird bald dies, bald jenes aufgeregt,
Telle chose apparaît bientôt, bientôt remplacée par une autre ,
Ein jeder sieht, was er im Herzen trägt.
Tout le monde voit, ce qu’il porte dans son cœur.
Noch sind sie gleich bereit, zu weinen und zu lachen,
Pourtant, ils sont encore prêts à pleurer et à rire,
Sie ehren noch den Schwung, erfreuen sich am Schein ;
Ils honorent toujours l’enthousiasme, ils jouissent de l’apparence ;
Wer fertig ist, dem ist nichts recht zu Machen ;
Ce qui est terminé, n’est plus à faire ;
Ein Werdender wird immer dankbar sein.
Un esprit qui se cherche sera toujours reconnaissant.
Dichter
Le poète
So gib mir auch die Zeiten wieder,
Alors rend-moi donc à nouveau ce temps,
Da ich noch selbst im Werden war,
Depuis que je recherche ma voie,
Da sich ein Quell gedrängter Lieder
Depuis qu’une source a pénétré mes chansons
Ununterbrochen neu gebar,
Continuellement renouvelées,
Da Nebel mir die Welt verhüllten,
Là, le brouillard m’enveloppait le monde,
Die Knospe Wunder noch versprach,
Le bourgeon encore promettait des merveilles,
Da ich die tausend Blumen brach,
Là, je cueillais un millier de fleurs,
Die alle Täler reichlich füllten.
Qui tapissaient abondamment les vallées.
Ich hatte nichts und doch genug :
Je n’avais rien, et j’avais assez:
Den Drang nach Wahrheit und die Lust am Trug.
Le soif de vérité et la joie de mentir.
Gib ungebändigt jene Triebe,
Donne-moi ces instincts sauvages,
Das tiefe, schmerzenvolle Glück,
La profondeur d’un douleur bonheur,
Des Hasses Kraft, die Macht der Liebe,
La force de la haine, la puissance de l’amour,
Gib meine Jugend mir zurück!
Rends-moi ma jeunesse!
Lustige Person
Le Bouffon
Der Jugend, guter Freund, bedarfst du allenfalls,
La jeunesse, mon ami, tu en as toujours besoin,
Wenn dich in Schlachten Feinde drängen,
Quand tu es poussé par tes ennemis dans les batailles,
Wenn mit Gewalt an deinen Hals
Quand violemment autour de votre cou
Sich allerliebste Mädchen hängen,
Les belles filles se pendent,
Wenn fern des schnellen Laufes Kranz
Quant à l’écart de la course folle la couronne
Vom schwer erreichten Ziele winket,
Au loin, te montre l’objectif à atteindre,
Wenn nach dem heft’gen Wirbeltanz
Quand après la danse tourbillonnante
Die Nächte schmausend man vertrinket.
Les nuits se parfument de boissons.
Doch ins bekannte Saitenspiel
Mais faire vibrer la célèbre lyre
Mit Mut und Anmut einzugreifen,
Avec force et grâce,
Nach einem selbstgesteckten Ziel
Vers un objectif fixé par soi-même
Mit holdem Irren hinzuschweifen,
Par de charmants et déments vagabondages,
Das, alte Herrn, ist eure Pflicht,
C’est là, vieil homme, où est ton devoir,
Und wir verehren euch darum nicht minder.
Et nous ne vous en respectons pas moins.
Das Alter macht nicht kindisch, wie man spricht,
L’âge ne nous fait pas enfant, comme l’on dit,
Es findet uns nur noch als wahre Kinder.
Il nous trouve juste encore comme de vrais enfants.
Direktor
Le directeur
Der Worte sind genug gewechselt,
Assez de mots échangés,
Laßt mich auch endlich Taten sehn!
Laissez-moi voir enfin l’action!
Indes ihr Komplimente drechselt,
Pendant que vous peaufiniez les compliments,
Kann etwas Nützliches geschehn.
Quelque chose d’utile aurait pu voir le jour.
Was hilft es, viel von Stimmung reden?
N’est-ce pas ce qui aide le plus pour parler d’inspiration ?
Dem Zaudernden erscheint sie nie.
Elle n’apparaît jamais aux indécis.
Gebt ihr euch einmal für Poeten,
Vous vous dîtes des poètes,
So kommandiert die Poesie.
Alors commandez à la poésie.
Euch ist bekannt, was wir bedürfen,
Vous savez tous ce dont nous avons besoin,
Wir wollen stark Getränke schlürfen ;
Nous voulons siroter des boissons fortes,
Nun braut mir unverzüglich dran!
Maintenant, brassez-en immédiatement !
Was heute nicht geschieht, ist morgen nicht getan,
Ce qui n’est pas fait aujourd’hui, demain ne sera pas,
Und keinen Tag soll man verpassen,
Et pas un jour ne doit se perdre,
Das Mögliche soll der Entschluß
Le possible doit devenir le certain
Beherzt sogleich beim Schopfe fassen,
Il faut le saisir immédiatement avec courage des deux mains,
Er will es dann nicht fahren lassen
Et enfin ne pas le laisser filer
Und wirket weiter, weil er muß.
Et il continuera parce qu’il le doit.
Ihr wißt, auf unsern deutschen Bühnen
Vous savez, sur nos scènes allemandes
Probiert ein jeder, was er mag ;
Chacun essaie ce qu’il aime ;
Drum schonet mir an diesem Tag
N’épargner plus aujourd’hui
Prospekte nicht und nicht Maschinen.
Les décors ou les machines.
Gebraucht das groß, und kleine Himmelslicht,
Utilisez la grande et petite lumière céleste,
Die Sterne dürfet ihr verschwenden ;
Gaspillez à l’envi les étoiles ;
An Wasser, Feuer, Felsenwänden,
De l’eau, le feu, les parois rocheuses,
An Tier und Vögeln fehlt es nicht.
Les animaux et les oiseaux, il n’en manque pas.
Den ganzen Kreis der Schöpfung aus,
Sur les étroites planches traversez
So schreitet in dem engen Bretterhaus
Le cercle entier de la création
Und wandelt mit bedächt’ger Schnelle
Et marchez d’un pas rapide
Vom Himmel durch die Welt zur Hölle.
Du ciel à travers le monde jusqu’à l’Enfer.