Goethe par Joseph Karl Stieler, 1828
____________ Prolog im Himmel Prologue au Ciel ____________Johann Wolfgang von Goethe
____________________ Traduction Jacky Lavauzelle _____________________
Faust par Wilhelm Hensel.
____________________ Der Herr. Die himmlischen Heerscharen. Nachher Mephistopheles. Le Seigneur, les Phalanges célestes. Puis Méphistophélès.
Die drei Erzengel treten vor ils s’avancent .
RAPHAEL
Die Sonne tönt, nach alter Weise,
Le Soleil résonne, selon la vieille tradition,
In Brudersphären Wettgesang,
Dans la multitude des chants des sphères harmonieuses,
Und ihre vorgeschriebne Reise
Et le voyage, comme il est prescrit,
Vollendet sie mit Donnergang.
Se termine dans le fracas du tonnerre.
Ihr Anblick gibt den Engeln Stärke,
Sa vue donne aux Anges la force,
Wenn keiner Sie ergründen mag ;
Quand bien même il reste à jamais insondable ;
Die unbegreiflich hohen Werke
Les œuvres sublimes et incompréhensibles,
Sind herrlich wie am ersten Tag.
Sont belles comme au premier jour.
GABRIEL
Und schnell und unbegreiflich schnelle
Et rapidement, avec une vitesse inouïe,
Dreht sich umher der Erde Pracht ;
Tourne autour de la splendeur de la terre ;
Es wechselt Paradieseshelle
Il fait se succéder la lumière paradisiaque
Mit tiefer, schauervoller Nacht.
A la profondeur et au frisson de la nuit.
Es schäumt das Meer in breiten Flüssen
Il écume la mer dans les flots puissants
Am tiefen Grund der Felsen auf,
Sur la base profonde des roches,
Und Fels und Meer wird fortgerissen
Et les rocs et la mer sont balayés
Im ewig schnellem Sphärenlauf.
Dans la course éternelle et folle des sphères.
MICHEL
Und Stürme brausen um die Wette
Et la tempête gronde autour de l’orage qui,
Vom Meer aufs Land, vom Land aufs Meer,
De la mer à la terre, de la terre à la mer,
Und bilden wütend eine Kette
forme dans cette chaîne colérique
Der tiefsten Wirkung rings umher.
Des profonds et insondables effets.
Da flammt ein blitzendes Verheeren
Les flammes de la foudroyante dévastation
Dem Pfade vor des Donnerschlags.
Suivent le chemin qu’ouvre l’éclat du tonnerre.
Doch deine Boten, Herr, verehren
Pourtant, vos messagers, Seigneur, vénèrent
Das sanfte Wandeln deines Tags.
Les douces variations de ton jour.
ZU DREI Les trois ensemble
Der Anblick gibt den Engeln Stärke,
Ta vue donne aux Anges la force,
Da keiner dich ergründen mag,
Que personne ne peut sonder,
Und alle deine hohen Werke
Et toutes tes hautes œuvres
Sind herrlich wie am ersten Tag.
Sont belles comme au premier jour.
MEPHISTOPHELES
Da du, o Herr, dich einmal wieder nahst
Parce que, Seigneur, tu t’approches une fois de plus
Und fragst, wie alles sich bei uns befinde,
Et demandes comment tout se déroule,
Und du mich sonst gewöhnlich gerne sahst,
Et que d’ailleurs tu me vois volontiers,
So siehst du mich auch unter dem Gesinde.
Donc, me voici parmi tes serviteurs.
Verzeih, ich kann nicht hohe Worte machen,
Pardonne-moi, je ne peux pas faire de grands discours,
Und wenn mich auch der ganze Kreis verhöhnt;
Même si je dois-être moqué par tous,
Mein Pathos brächte dich gewiß zum Lachen,
Mon pathos sûrement te ferait rire,
Hätt’st du dir nicht das Lachen abgewöhnt.
Si seulement tu n’avais pas renoncé au rire,
Von Sonn’ und Welten weiß ich nichts zu sagen,
Des soleils et des mondes, je ne connais rien,
Ich sehe nur, wie sich die Menschen plagen.
Je vois seulement, comment les gens se tourmentent.
Der kleine Gott der Welt bleibt stets von gleichem Schlag,
Le petit dieu du monde reste toujours de la même espèce,
Und ist so wunderlich als wie am ersten Tag.
Et fantasque comme au premier jour.
Ein wenig besser würd er leben,
Il vivrait un peu mieux,
Hättst du ihm nicht den Schein des Himmelslichts gegeben ;
Si tu ne lui avais pas donné un peu de la lumière du ciel ;
Er nennt’s Vernunft und braucht’s allein,
Il appelle cela la raison et ne l’utilise
Nur tierischer als jedes Tier zu sein.
Seulement que pour être plus bestial que chaque animal.
Er scheint mir, mit Verlaub von euer Gnaden,
Il ressemble, avec tout le respect dû à Votre Grâce,
Wie eine der langbeinigen Zikaden,
A une de ces cigales à longues pattes,
Die immer fliegt und fliegend springt
Qui toujours vole et saute en volant
Und gleich im Gras ihr altes Liedchen singt ;
Et aussitôt dans l’herbe chante une vieille chansonnette ;
Und läg er nur noch immer in dem Grase!
Et si seulement, s’il restait pour toujours dans cette herbe !
In jeden Quark begräbt er seine Nase.
Mais dans chaque crotte, il fourre son nez !
DER HERR Le Seigneur
Hast du mir weiter nichts zu sagen?
N’as-tu rien d’autre à me dire ?
Kommst du nur immer anzuklagen?
Ne viens-tu pas seulement, comme toujours, m’accuser ?
Ist auf der Erde ewig dir nichts recht?
Sur la terre, jamais, ne trouveras-tu rien de bon?
MEPHISTOPHELES
Nein Herr! ich find es dort, wie immer, herzlich schlecht.
Non, Seigneur ! Je n’y trouve, comme toujours, sincèrement que du mauvais !
Die Menschen dauern mich in ihren Jammertagen,
Les gens m’attristent, leur misère est si grande,
Ich mag sogar die armen selbst nicht plagen.
Je n’ai même plus de plaisir à châtier ces pauvres malheureux.
DER HERR Le Seigneur
Kennst du den Faust?
Connais-tu Faust ?
MEPHISTOPHELES
Den Doktor?
Le docteur ?
DER HERR Le Seigneur
Meinen Knecht !
Mon serviteur !
MEPHISTOPHELES
Fürwahr ! er dient Euch auf besondre Weise.
En vérité ! Il vous sert de la plus singulière manière !
Nicht irdisch ist des Toren Trank noch Speise.
Le fou ne boit ou ne mange rien de comestible.
Ihn treibt die Gärung in die Ferne,
Il est entraîné par cette fermentation spirituelle dans les hauteurs,
Er ist sich seiner Tollheit halb bewußt ;
Il est à moitié conscient de sa folie ;
Vom Himmel fordert er die schönsten Sterne
Du ciel qu’il appelle, il demande les plus belles étoiles
Und von der Erde jede höchste Lust,
Et à la terre, des plaisirs suprêmes,
Und alle Näh und alle Ferne
Et tout ce qui est proche et tout ce qui est lointain,
Befriedigt nicht die tiefbewegte Brust.
Ne pas satisfait plus ce cœur exigeant.
DER HERR Le Seigneur
Wenn er mir auch nur verworren dient,
S’il me sert ainsi, même dans la confusion,
So werd ich ihn bald in die Klarheit führen.
Je le conduirais vers la lumière.
Weiß doch der Gärtner, wenn das Bäumchen grünt,
Il sait, le jardinier, quand l’arbre devient vert,
Das Blüt und Frucht die künft’gen Jahre zieren.
Que les fleurs et les fruits l’orneront dès les prochaines années.
MEPHISTOPHELES
Was wettet Ihr? den sollt Ihr noch verlieren!
Qu’est-ce que vous pariez ? Vous le perdrez !
Wenn Ihr mir die Erlaubnis gebt,
Si vous me donnez la permission,
Ihn meine Straße sacht zu führen.
De le guider doucement sur ma route.
DER HERR Le Seigneur
Solang er auf der Erde lebt,
Tant qu’il vivra sur la terre,
So lange sei dir’s nicht verboten,
Rien ne t’interdit d’essayer tout ce temps,
Es irrt der Mensch so lang er strebt.
L’homme erre tant qu’il est dans sa quête.
MEPHISTOPHELES
Da dank ich Euch; denn mit den Toten
Je te remercie ! Car avec les morts
Hab ich mich niemals gern befangen.
Je n’ai jamais eu d’attraits.
Am meisten lieb ich mir die vollen, frischen Wangen.
J’aime par-dessus tout les joues pleines et fraîches.
Für einem Leichnam bin ich nicht zu Haus ;
Pour un cadavre, je ne suis pas à la maison ;
Mir geht es wie der Katze mit der Maus.
Pour moi, il y va comme du chat avec la souris.
DER HERR Le Seigneur
Nun gut, es sei dir überlassen!
Bien ! Je te le laisse !
Zieh diesen Geist von seinem Urquell ab,
Détourne cet esprit de sa source,
Und führ ihn, kannst du ihn erfassen,
Et si tu le saisis, conduis-le avec toi,
Auf deinem Wege mit herab,
Sur ton chemin vers les abîmes,
Und steh beschämt, wenn du bekennen mußt :
Mais honte à toi, s’il te faut avouer
Ein guter Mensch, in seinem dunklen Drange,
Qu’un homme bon, dans sa sombre impulsion,
Ist sich des rechten Weges wohl bewußt.
Reste bien conscient de la bonne voie à suivre !
MEPHISTOPHELES
Schon gut ! nur dauert es nicht lange.
Bien ! seulement il ne faudra pas longtemps !
Mir ist für meine Wette gar nicht bange.
Je n’ai pas de crainte pour mon pari.
Wenn ich zu meinem Zweck gelange,
Si j’arrive à mon but,
Erlaubt Ihr mir Triumph aus voller Brust.
Vous permettrez que je triomphe à pleins poumons.
Staub soll er fressen, und mit Lust,
La poussière, il la dévorera, et avec délectation,
Wie meine Muhme, die berühmte Schlange.
Comme mon cousin, le fameux Serpent.
DER HERR Le Seigneur
Du darfst auch da nur frei erscheinen ;
Tu pourras aussi apparaître à ta guise ;
Ich habe deinesgleichen nie gehaßt.
Je n’ai jamais haï tes pareils.
Von allen Geistern, die verneinen,
De tous les esprits qui s’opposent,
Ist mir der Schalk am wenigsten zur Last.
C’est pour moi le Malin qui m’est le moins à charge.
Des Menschen Tätigkeit kann allzu leicht erschlaffen,
L’activité d’un homme peut trop facilement se distendre,
Er liebt sich bald die unbedingte Ruh ;
Il aime le repos inconditionnellement ;
Drum geb ich gern ihm den Gesellen zu,
Je vais donc, volontiers, lui envoyer ce compagnon,
Der reizt und wirkt und muß als Teufel schaffen.
Afin de l’irriter et de l’influer et que le Diable le besogne.
Doch ihr, die echten Göttersöhne,
Mais vous, les vrais fils de Dieu,
Erfreut euch der lebendig reichen Schöne !
Réjouissez-vous de la richesse de la beauté vivante !
Das Werdende, das ewig wirkt und lebt,
Que ce qui advient, soit éternellement agissant et vivant,
Umfass’ euch mit der Liebe holden Schranken,
Et vous prenne dans les douces limites de l’amour,
Und was in schwankender Erscheinung schwebt,
Et ce qui est fluctuant et fuyant,
Befestigt mit dauernden Gedanken!
Se fixe en pensées durables !
(Der Himmel schließt, die Erzengel verteilen sich. Le Ciel se referme, les archanges se dispersent)
MEPHISTOPHELES(allein – seul)
Von Zeit zu Zeit seh ich den Alten gern,
De temps en temps, je vois le vieil homme avec plaisir,
Und hüte mich, mit ihm zu brechen.
Et me garde, avec lui, de rompre les liens.
Es ist gar hübsch von einem großen Herrn,
C’est vraiment agréable, venant d’un aussi grand seigneur,
So menschlich mit dem Teufel selbst zu sprechen.
De parler humainement avec le Diable lui-même.
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