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GIOSUÈ CARDUCCI Poème – ÇA IRA (1883)- SONNET III – Da le ree Tuglieri di Caterina

Traduction – Texte Bilingue
CARDUCCI POÈME


 

Giosuè Carducci
1835- 1907

Prix Nobel de Littérature 1906

Traduction Jacky Lavauzelle

Sélection de poèmes de
Giosuè Carducci
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ÇA IRA
III

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Da le ree Tuglieri di Caterina
Des Tuileries de Catherine de Médicis
Ove Luigi inginocchiossi a i preti,
Louis le seizième devant les prêtres s’est soumis,
E a’ cavalier bretanni la regina
Et aux cavaliers Bretons, Marie-Antoinette, la reine
 Partia sorrisi e lacrime e segreti,
Essayait d’apporter sourires, secrets et peines,

*

Tra l’afosa caligin vespertina
Dans les chaudes et lourdes soirées
 Sorge con atti né tristi né lieti
Se dresse la loi ni triste ni heureuse,
Una forma, ed il fuso attorce e china,
Une forme qui s’active et qui fuse,
E con la rócca attinge alta i pianeti.
Et qui, avec la quenouille, atteint la hauteur des planètes.

*

E fila e fila e fila. Tutte sere
Et file et file et file. Toute la nuit
Al lume de la luna e de le stelle
A la lumière de la lune et des étoiles
La vecchia fila, e non si stanca mai.
La vieille file, et ne se lasse pas.

*

Brunswick appressa, e in fronte a le sue schiere
Arrive Brunswick, et devant ses troupes,
 La forca; e ad impiccar questa ribelle
La potence ; et pour pendre ces rebelles
Genia di Francia ci vuol corda assai.
Mauvaises graines de la France, il en faudra de la corde !


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ÇA IRA
 III

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GIOSUE CARDUCCI

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LE « ÇA IRA »
Le poète Giosuè Carducci
Maurice Muret
Revue des Deux Mondes
Tome 40 – 1907

…Le sonnet est un moule d’une rare plasticité. Il s’est prêté aux mignardises de Joséphin Soulary comme aux visions grandioses de José Maria de Heredia. Dans leur concision lapidaire, leur âpre et sinistre beauté, les douze sonnets de Ça ira brillent d’un éclat tragique.

C’est au sortir d’une lecture de la Révolution française par Carlyle que Carducci les composa. Sans doute il connaissait aussi Thiers, Louis Blanc et Michelet ; mais la lecture de Carlyle donna l’élan décisif. C’est elle qui força l’inspiration. Comme Carlyle, — et comme Joseph de Maistre, — Carducci voit dans la Révolution française un événement proprement « satanique, » mais le rebelle qu’il est attache à ce terme le sens favorable qui se découvre dans son Hymne à Satan. La Révolution française est pour lui une revanche de la raison, de la liberté, de la justice sur les « tyrannies séculaires » de l’Eglise et de la monarchie. Il a protesté contre les critiques qui dénoncèrent ses sympathies terroristes quelque peu excessives ; il a prétendu s’être borné (ou à peu près) au rôle d historiographe. C’est pur paradoxe ! Ça ira prend énergiquement fait et cause pour la Terreur. Carducci condamne Louis XVI et Marie-Antoinette avec une rigueur inconnue des historiens impartiaux. Le sonnet qui retrace le meurtre de la princesse de Lamballe est une apologie déguisée de ce crime. Louis XVI, enfin, dans la prison où il se recueille en attendant la mort, est montré par le poète italien « demandant pardon au ciel pour la nuit de la Saint-Barthélemy. » Que voilà donc un « état d’Ame » peu historique ! N’y a-t-il pas tout lieu de croire que Louis XVI, à la veille de mourir, était à cent lieues de penser qu’il expiait les méfaits de Charles IX ? C’est l’impitoyable logique jacobine qui établit des rapprochements de cette sorte.

Il faut tenir compte, dans l’appréciation du Ça ira, de la date où fut publié cet ouvrage. Il parut « pour le 77e anniversaire de la République, » à une époque où la France traversait une nouvelle « année terrible. » Bien que le poète n’y fasse aucune allusion formelle, les événements de 1870-1871 restent toujours présents à son esprit. A l’opprobre de Sedan s’oppose dans sa pensée la gloire de Valmy, de Valmy qui fait l’objet de son dernier sonnet. Plutôt que Sedan, la Terreur ; plutôt Danton que Napoléon III ; plutôt Robespierre que Bazaine, voilà ce qu’on peut lire entre les lignes du Ça ira. Un critique italien a parlé des « Grâces pétrolières » qui avaient servi de marraines à cette poésie. Et ce propos irrita l’auteur. Le mot n’en était pas moins exact.

Indépendamment du Ça ira consacré à un sujet français, Carducci mentionne fréquemment la France dans ses ouvrages. Quel autre pays a été plus étroitement mêlé aux destinées du Risorgimento ? Carducci n’est pas gallophobe, tant s’en faut ; mais c’est exclusivement à la France rouge que vont ses sympathies. Les Iambes et épodes traînent aux gémonies ce peuple devenu infidèle à l’idéal révolutionnaire d’autrefois. Le poète maudit la France impériale « brigande au service du Pape » (masnadière papale). Dans les vers Pour Edouard Corazzini, il invective plus sauvagement encore la « grande nation » au nom de ceux qui crurent en elle, de ceux « qui avaient grandi à ta libre splendeur, de ceux qui t’avaient aimée, ô France ! » Même note dans le Sacre d’Henri V, où il s’élève contre les tentatives de restauration monarchique en France après la chute de l’Empire. Mais c’est surtout contre Bonaparte et le bonapartisme que le poète romain brandit ses foudres vengeresses.

Maurice Muret
Revue des Deux Mondes
Tome 40 – 1907

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CARDUCCI POEME

 

SIR WALTER RALEIGH : Three things there be that prosper up apace – TROIS CHOSES QUI RAPIDEMENT PROSPERENT

LITTERATURE ANGLAISE

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SIR WALTER RALEIGH
1552/1554-29 octobre 1618

 

Traduction – Translation

TRADUCTION JACKY LAVAUZELLE

French and English text
texte bilingue français-anglais

 


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LES POEMES
DE SIR WALTER RALEIGH

Sir Walter Raleigh’s poems

Three things there be
that prosper up apace
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TROIS CHOSES QUI RAPIDEMENT PROSPERENT

 

 




Three things there be that prosper up apace
Il y a trois choses qui rapidement prospèrent
And flourish, whilst they grow asunder far,
Et s’épanouissent, tant qu’elles croissent loin l’une des autres,
But on a day, they meet all in one place,
Mais un jour, elles se rencontrent,
And when they meet, they one another mar;
Et quand elles se rencontrent, elles se transforment ;
And they be these: the wood, the weed, the wag.
Ces trois choses-là sont : le bois, l’herbe, le farceur.
The wood is that which makes the gallow tree;
Le bois donne la structure de la potence ;
The weed is that which strings the hangman’s bag;
L’herbe garrote le sac du bourreau ;
The wag, my pretty knave, betokeneth thee.
Le farceur, mon joli coquin, c’est toi.
Mark well, dear boy, whilst these assemble not,
Remarque bien, mon cher garçon, que tant qu’ils ne sont pas assemblés,
Green springs the tree, hemp grows, the wag is wild,
Le vert jaillit de l’arbre, l’herbe croit, le farceur reste un sauvageon,
But when they meet, it makes the timber rot,
Mais quand ils se rencontrent, voici que se putréfie le bois,
It frets the halter, and it chokes the child.
Que la corde se défait, et qu’elle strangule l’enfant.
  Then bless thee, and beware, and let us pray
Alors, sois béni, et prends garde, prions
We part not with thee at this meeting day.
Pour que nous ne soyons pas séparés le jour de cette confrontation.

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LA LOGIQUE DES PASSIONS

Les passions du XVIe siècle sont marquées vivement chez Raleigh. C’est ce qui le rend si intéressant pour nous. Il réunit l’esprit d’aventure, le génie de l’intrigue, le courage guerrier, la liberté du style, la ferveur protestante, l’animosité politique, le luxe italien, l’avidité britannique, et la violence comme l’audace gasconnes ; âme singulière, au sein de laquelle luttent les vices et les grandeurs nés de ces sources diverses, mensonge, fierté, bassesse, magnanimité, cruauté, fourberie, héroïsme. L’antithèse des rhéteurs est impuissante à dire les contrastes d’une telle vie : elle a pour caractère l’excès dans toutes les directions ; sublimité dans le péril, avilissement dans le succès ; rien de modéré, rien d’égal ; aujourd’hui le rôle d’un martyr et demain celui d’un laquais. On ne peut l’expliquer que par la logique des passions, non par celle de la raison.

Philarète Chasles (1798 – 1873)
Walter Raleigh
Revue des Deux Mondes
Période Initiale
Tome 23, 1840

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SIR WALTER RALEIGH