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Camões : Les Lusiades (Chant I, 1 à 8) OS LUSIADAS -Texte Bilingue de luis de Camoes

LITTERATURE PORTUGAISE
literatura português

Luis de Camões

Luis de Camoes Les Lusiades

OS LUSIADAS
(1556)

LES LUSIADES

CHANT I
Canto Primeiro

1

Des soldats dans des combats acharnés et féroces
As armas e os barões assinalados,
Des plages du Portugal d’où partirent nos frères
Que da ocidental praia Lusitana,
Par des mers avant nous vierges encore
Por mares nunca de antes navegados,
Au-delà de l’île de Ceylan, s’engouffrèrent
Passaram ainda além da Taprobana,
….

2
E aussi les mémoires et le passé glorieux
E também as memórias gloriosas
De ces rois qui ont imposé au-delà des mers

 Daqueles Reis, que foram dilatando

 3

Cessons de savoir qui des Grecs ou des Troyens
Cessem do sábio Grego e do Troiano
Fit le plus long et le plus difficile voyage

As navegações grandes que fizeram;


4

Et vous, mes nymphes sorties du Tage maternel
E vós, Tágides minhas, pois criado
Vous m’enflammez  d’une ardeur nouvelle
Tendes em mim um novo engenho ardente,

 5

 Donnez-moi une grande et terrible fureur
Dai-me uma fúria grande e sonorosa,
Et laissez les sons rudes aux humbles labeurs

E não de agreste avena ou frauta ruda,
Afin que je souffle belliqueux dans le cor enflé
Mas de tuba canora e belicosa,

6

Toi, Sébastien, qui nâquis entouré d’attention
E vós, ó bem nascida segurança
Dans ce Portugal libéré, protecteur
Da Lusitana antiga liberdade,
Qui attend et espère ta fougueuse ambition
E não menos certíssima esperança

7

Toi, nouvelle branche florissante et renommée
Vós, tenro e novo ramo florescente
Qui pousse sur la vision d’Alphonse lumineuse

De uma árvore de Cristo mais amada
A donné à cet arbre une allure majestueuse

 Que nenhuma nascida no Ocidente,

8

Toi, puissant Roi, dont l’immense empire
Vós, poderoso Rei, cujo alto Imperio
S’étend des terres où le soleil inspire ;
O Sol, logo em nascendo, vê primeiro;
Aux terres du milieu de notre hémisphère
Vê-o também no meio do Hemisfério,

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Traduction Jacky Lavauzelle
ARTGITATO
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luis de camoes literatura português os lusiadas

 

Boulat Okoudjava – Tant que la terre continue de tourner – Булат Окуджава – Пока Земля ещё вертится

CHANSON
Пока Земля ещё вертится

Булат Окуджава 

(Boulat Okoudjava)

 Пока Земля
ещё вертится

Пока Земля ещё вертится, пока ещё ярок свет,
Tant que notre terre continue de tourner, que la lumière est vive encore

Господи, дай же ты каждому чего у него нет.
Seigneur, donne à chacun ce qu’il n’a jamais eu.

Умному дай голову, трусливому дай коня,
Donne au lâche la force qui lui manque,

Дай счастливому денег и не забудь про меня.
Donne de l’argent, de la chance et ne m’oublie pas.

Пока Земля ещё вертится, Господи, твоя власть,
Tant que notre terre continue de tourner, Seigneur, tu le peux :

Дай рвущемуся к власти навластвоваться всласть.
Laisse la folle espérance à ceux qui luttent pour le pouvoir

Дай передышку щедрому хоть до исхода дня,
Donne-nous une pause, le temps de cette journée

Каину дай раскаянье и не забудь про меня.
A Caïn permet le repentir et ne m’oublie pas.

Я знаю, ты всё умеешь, я верую в мудрость твою,
Je crois en ta sagesse, vous le savez tous,

Как верит солдат убитый, что он проживает в раю.
Laisse aux soldats morts les illusions de plaisirs paradisiaques,

Как верит каждое ухо тихим речам твоим,
Que chaque créature soit bercée par ta langueur

Как веруем и мы сами, не ведая, что творим.
Comme nous le croyons, ne sachant plus ce que nos mains font.

 Господи, мой Боже, зеленоглазый мой,
Seigneur, mon Dieu, aux yeux éclatants,

Пока Земля ещё вертится и это ей странно самой.
Tant que notre terre continue de tourner, et pourquoi est-ce donc ainsi.

Пока ещё хватает времени и огня,
Pourtant, de ce temps, de ce feu,

Дай же ты всем понемногу и не забудь про меня.  (bis)
Offres-en juste un peu et ne m’oublie jamais.

(traduction Jacky Lavauzelle)

 

SULLY PRUDHOMME – POUR L’AMOUR DES COURBES

SULLY PRUDHOMME

Jacky Lavauzelle Pour l'Amour des Courbes Sully Prudhomme
Francisco dos Santos Salomé 1917 Lisbonne

*Sully Prudhomme Pour l'amour des courbes Jacky Lavauzelle




 

 

Sully Prudhomme Trad Italienne Jacky Lavauzelle

*
SULLY PRUDHOMME
1839-1907


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POUR L’AMOUR DES COURBES
***

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Sully Prudhomme Pour l'amour des courbes Jacky LavauzelleVous ne voyez rien mais la ligne droite se tord peu à peu ; doucement, elle subit  la résistance des forces, comme cherchant à voler vers le cercle qui l’appelle, comme un aigle voulant rejoindre le zénith ou l’infini de toutes ces ailes déployées.  La ligne, comme les nuages, comme le vieux lilas, plane.

 

LES JEUNESSES EVAPOREES

C’est comme ça que la ligne se tord, se plie et sort de sa nature de droite. Le premier effet est planant, rasant l’horizon, qu’il ne quitte pas encore tout à fait, flottant dans une chaleur trop intense. « Tu t’es enfuie aussi là-bas, Jusqu’où planent, évaporées, Les jeunesses des vieux lilas » (Les Vaines Tendresses, Parfums anciens)

MON COEUR N’OSAIT VOLER DROIT

La vie d’abord permet à cette force de tendre et de détendre successivement, cette tension du milieu de journée qui, partout, excède et, surtout, fragilise jusqu’au cœur profond de la ligne. Une respiration, une pression, un effleurement.  Il faut suivre le mouvement de la nature, lentement ou par à-coups, sentir la palpitation de ces cœurs, la fragilité d’une aile, la palpation d’une onde d’une sonorité rare. « Comme à la première visite Faite au rosier, Le papillon sans appuyer Palpite, Et de feuille en feuille, hésitant, S’approche, et n’ose Monter droit au miel que la rose Lui tend, Tremblant de ses premières fièvres Mon cœur n’osait Voler droit des doigts qu’il baisait Aux lèvres. » (Les Vaines tendresses, Enfantillage)

LE PROFIL NOIR DES MONTAGNES ONDULAIT

La naissance de la courbe par des volutes et des voltiges. Les voltiges ne sont jamais droites ; elles sont le jouet des forces d’engagement et des vents  tournoyants « Une âme qu’autour d’eux ils sentent se poser,  Il leur faut une solitude  Où voltige un baiser. » (Les vaines tendresses, Aux amis inconnus) Même la ligne des crêtes de la montagne, une ligne fracturée, cassante, est, à bien y regarder,  plutôt courbe si l’on plonge ses yeux dans la mer. « Cependant glissaient les campagnes Sous les fougueux rouleaux de fer, Et le profil noir des montagnes Ondulait ainsi qu’une mer. »  (Les vaines tendresses, Au bord de l’eau) A moins que le vent, déjà, l’ait déjà élimée au fil des siècles.

La courbe c’est ce temps long, tranquille et puissant qui, toujours, domine de sa caresse et supprime de sa persévérance. Prendre le temps de faire, de limer et de nettoyer, d’aller au plus profond de chaque aspérité, un peu plus à chaque siècle comme pour chaque seconde.

JE CHOISIS UNE FEMME DANS MON SOUVENIR

Et Sully Prudhomme est un épicurien qui reste tard dans son lit, mais qui, après, s’en veut. Il s’en veut souvent, « je sens que je perds mon temps, et je sens que je suis embourbé…Journée nulle…Mes veilles m’accablent ; je me traîne endormi…On se lève tard…Allons ! un peu de courage, il est minuit et demi…écrivons : j’ai été fatigué toute la journée…Je me suis réveillé à six heures et j’ai pensé jusqu’à neuf heures. C’est une de mes voluptés les plus chères de passer quelques heures à rêver dans mon lit le matin. Mais cette habitude est mauvaises…Je choisis une femme dans mon souvenir et je recommence pour la centième fois un vieux roman rompu. » Dans ces rêves éveillés, les courbes s’enchaînent à lui et s’emmêlent inextricablement dans de douces et imparfaites voltiges.

UNE AMPLE HARMONIE

Mais avant les voltiges, dans la puissance et la rafale, nous trouvons l’indompté, le hasard, l’indéterminé. « Si vous saviez ce que fait naître Dans l’âme triste un pur regard, Vous regarderiez ma fenêtre Comme au hasard. » (Les vaines tendresses, Prière) Ce hasard casse la monotonie et rend possible le lien, la rencontre, la fusion des corps et des mots. C’est du hasard seul que naît l’œuvre, le tableau ou le poème. Seul le hasard permet de trouver en un point unique ce que l’artisan essaie de reproduire et tenter imperceptiblement d’atteindre sa perfection. « Ô maître des charmeurs de l’oreille, ô Ronsard, J’admire tes vieux vers, et comment ton génie  Aux lois d’un juste sens et d’une ample harmonie  Sait dans le jeu des mots asservir le hasard. » (Les Vaines tendresses, À  Ronsard) Le hasard qui pousse les vagues, dans des longues et larges ondulations, si hautes, si longues que l’on croirait qu’elles sont ailées et envoûtantes.

LA GLOIRE DE LA FORME

L’onde qui caresse, pousse et épouse les corps de la femme. « Au corps qu’ils aiment à lasser, Mais ceux qui savent l’enlacer Comme une onde où l’on dort sans crainte. » (Les Vaines tendresses, L’Epousée) – « Triomphez pleinement, ô femmes sans vertu, De notre souple hommage à votre empire indigne ! Quand vous nous faites choir hors de la droite ligne, Tombés autant que vous, nous avons plus perdu : Que dans vos corps divins le remords veille ou dorme, Il laisse intacte en vous la gloire de la forme, Car, fût-elle sans âme, Aphrodite a son prix ! » (Les vaines tendresses, Les Deux chutes)

L’HOMME D’AFFAIRES EST UNE DROITE, L’ARTISTE UNE COURBE

Il y a des êtres qui ne peuvent contenir cette trop grande fermentation intérieure due à l’effet de  fusion,  ce volcanisme de la pensée. D’un trop plein succède l’explosion, le déversement. Quand la matière en ébullition se projette, elle entame une trajectoire courbe qui la fait fendre l’air. « La poésie est le soupir du cœur qui déborde. La poésie c’est l’univers mis en musique par le cœur. » (Pensées). D’autres préféreront la ligne propre et impeccable, la ligne traversière, coupante et rigide. Les bourgeois, les usuriers, les boursicoteurs se pencheront sur la ligne fracturée du cours de bourse, l’artiste suivra la hanche déployée et dénudée qui s’offre à lui. « L’homme d’affaires est une droite, l’artiste une courbe. » (Journal intime, 13 janvier 1865)

UNE AMIE SOUPLE A LEURS VAINS DESIRS COMME AU VENT LE ROSEAU

Mais revenons à notre explosion créatrice. Il y a d’abord ce vent qui souffle sur ce roseau, indéfiniment. Et se roseau qui ploie, sans haine. C’est la courbe qui gagne toujours sur la ligne des vents.  « Il leur faut une amie à s’attendrir facile, Souple à leurs vains soupirs comme aux vents le roseau. » (Aux amis inconnus) « Moi qui ne suis roseau ni chêne, Ni souple, ni viril non plus, Je m’en irais finir ma vie Au milieu des mers, sous l’azur, Dans une île, une île assoupie Dont le sol serait vierge et sûr… » (Abdication) Dans l’adversité du monde, la souplesse est nécessaire, qui permet de lutter, de survivre. Et l’art qui raconte la vie va suivre le chemin de cette résistance, en suivant la courbe, pour toujours.

DES COURBES ODIEUSES ET DES DROITES BELLES ?

A chaque règle, il existe un contre-exemple. Il existe des belles droites et des courbes fourbes : « Trois belles droites : le rayon, la frise attique et la loyauté. Trois courbes odieuses : la diplomatie, l’hippodrome et le cercle vicieux » (Journal intime, 13 janvier 1865)

Le 13 janvier 1865, dans son Journal intime, Sully Prudhomme, se laisse aller, « Pensée d’un flâneur »,  à une critique en règle, c’est le cas de le dire, de la ligne droite. La ligne dans sa droiture emporte avec elle ce trop de rectitude, de jusqu’au-boutisme,  de violence. Cette ligne va trop vite et ne laisse pas l’esprit déambuler, se faufiler, se perdre pour, peut-être, avoir l’espoir de trouver. « Je me suis laissé persuader que la ligne droite est le plus court chemin d’un point à un autre, mais je ne trouve personne pour le prouver. Une ligne a-t-elle cette forme quand on la définit la plus courte ? Est-elle la plus courte quand on lui donne cette forme ? J’aime à la chicaner parce que je ne puis la souffrir, non plus que la ligne brisée. Tous les instincts s’y précipitent, toutes les choses tristes s’y complaisent. L’élan du tigre vers sa proie, le fer de l’épée, le sceptre, la colère et l’injure, les colonnes Vendôme et les béquilles, le duel d’honneur qui est le plus court chemin de la vengeance, le cordon de la guillotine, le droit des codes qui va droit au préjugé ; enfin, et par-dessus tout, le boulevard, grande route de la cohue : tout cela fait de la ligne droite. »

J’ASSOUPLIS ET J’ENFLE LES VERS

Surtout à partir de 1864, apparaît nettement la préférence de Sully Prudhomme pour la courbe. « J’ai repris plusieurs de mes anciens sonnets. Je versifie plus facilement, j’assouplis et j’enfle le vers. Je ne mesure plus avec un mètre de charpentier, raide et articulé, je le jette en avant comme un serpent libre et élancé qui retombe toujours sur une courbe. » (vendredi 29 janvier 1864).« Je ne pense pas que si l’on considère deux sourires d’une signification absolument différente, on puisse expliquer cette différence par l’effet physique, purement sensible, de leurs sinuosités sur la rétine ; il y a, certes, une interprétation de ces formes diverses qui serait impossible dans un rapport direct préétabli entre la ligne et le sentiment. Je veux bien que le visage de la femme doive beaucoup de sa douceur à l’absence des angles et à la souplesse des courbes ; on ne concevrait pas, en effet, que des linéaments anguleux et blessants pour l’œil eussent été précisément choisis pour exprimer une âme tendre ; la forme de la ligne convient par sa qualité sensible à ce qu’elle doit dire, je l’accorde…Pour se rendre compte de la vertu d’expression et de son indépendance de la qualité sensible, on n’a qu’à supprimer toute forme gracieuse en elle-même, toute curvité dans des visages schématiques où l’ovale seul et favorable à l’œil et pourrait être supprimé. » (Samedi 6 février 1864)

J’AIME LES COURBES !

C’est dans cette poésie ondulatoire et vagabonde que Sully Prudhomme clame son amour pour la courbe, pour cette rondeur féminine, agile et sauvage. « J’aime la courbe ; écoles buissonnières, vol des hirondelles, ondulations des mers, nuages, vallées, beaux horizons, beaux visages, vous êtes des courbes. »

Puisque toutes les formes sont condamnées à périr, préférons l’allégresse, le bond et le saut, soyons léger et n’ayons pas peur de perdre un peu de temps. « Toute forme est sur terre un vase de souffrances, Qui, s’usant à s’emplir, se brise au moindre heurt ; … Depuis longtemps ta forme est en proie à la terre, Et jusque dans les cœurs elle meurt par lambeaux, … » (Les Vaines tendresses, Sur la mort)

LA FUITE DANS L’INFINI PAR LES BORDS

Dans l’allégresse, la chute n’est pas loin, car la courbe au bord se colle. Par la beauté d’une envolée subtile, l’infini et la ligne se rencontrent. « Quelle grâce, quelle fraîcheur ! il faut estomper cela légèrement, cela doit fuir dans l’infini par les bords.» (Journal intime, Dimanche 31 janvier 1864)

Jacky Lavauzelle

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TRADUCTION DU SONNET
A VINGT ANS

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Aos vinte anos -Soneto

Traduction Portugaise

À vingt ans on a l’œil difficile et très fier :
Aos vinte anos, temos um olhar difícil e orgulhoso:
On ne regarde pas la première venue,
Nós não olhamos para a primeira vinda,

Sully Prudhomme Traduction Jacky Lavauzelle

*

Traduction Italienne
Sonetto

A vent’anni

À vingt ans on a l’œil difficile et très fier :
A vent’anni, abbiamo uno sguardo difficile e orgoglioso:
On ne regarde pas la première venue,
Non guardiamo la prima donna che viene,

Sully Prudhomme Traduction Jacky Lavauzelle

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SULLY PRUDHOMME

*Sully Prudhomme Pour l'amour des courbes Jacky Lavauzelle

B Okoudjava & V Kikabidze : LES PEPINS DE RAISIN – Виноградную косточку

Boulat  Okoudjava – Булат Окуджава Vakhtang Kikabidze – Вахтанг Кикабидзе

Les pépins de raisinBoulat Okoudjava Vakhtang Kikabidze

Виноградная косточка
 LES PEPINS DE RAISIN
J
’enterre les pépins de raisin dans cette terre chaude
Et j’embrasse les vignes et je chéris les raisins mûrs Et j’appelle tous mes amis à se réunir dans mon cœur Sinon pourquoi vivre éternellement ?

 Rassemblez les invités pour une immense fête Et dites-moi bien en face, que vous Le Roi des cieux me pardonnez mes péchés Sinon, pourquoi vivre éternellement ?

 En rouge si foncé, c’est la femme qui chante En noir, en blanc, ce sont les têtes qui ploient M’entendez-vous, je vais mourir d’amour et de douleurs Sinon, pourquoi vivre éternellement ?

 Et quand le couché de soleil tombe, les mouches dans les coins Il laisse encore passer devant moi éveillé Buffle blanc, aigle bleu, truite dorée Sinon, pourquoi vivre éternellement ?

traduction Jacky Lavauzelle

Вахтанг Кикабидзе – « Виноградная косточка » (2010)

Виноградную косточку в теплую землю зарою,

И лозу поцелую, и спелые гроздья сорву,

И друзей созову, на любовь свое сердце настрою…

А иначе зачем на земле этой вечной живу?

 

Собирайтесь-ка, гости мои, на мое угощенье,

Говорите мне прямо в лицо, кем пред вами слыву,

Царь небесный пошлет мне прощение за прегрешенья…

А иначе зачем на земле этой вечной живу?

 

В темно-красном своем будет петь для меня моя дали,

В черно-белом своем преклоню перед нею главу,

И заслушаюсь я, и умру от любви и печали…

А иначе зачем на земле этой вечной живу?

 

И когда заклубится закат, по углам залетая,

Пусть опять и опять предо мной проплывут наяву

 Белый буйвол, и синий орел, и форель золотая…

А иначе зачем на земле этой вечной живу?

Luís de Camões : L’Amour, ce feu qui ardemment nous brûle

Luis de Camões
Tradução – Traduction
texto bilingue

Luís de
Camões

Luís de Camões d'après François Gérard Amor Amour

Amor é fogo que arde sem se ver,
é ferida que dói, e não se sente;
é um contentamento descontente,
é dor que desatina sem doer.

É um não querer mais que bem querer;
é um andar solitário entre a gente;
é nunca contentar-se de contente;
é um cuidar que ganha em se perder.

É querer estar preso por vontade;
é servir a quem vence, o vencedor;
é ter com quem nos mata, lealdade.

Mas como causar pode seu favor
nos corações humanos amizade,
se tão contrário a si é o mesmo Amor? 

L’Amour, ce feu qui ardemment nous brûle sans aucune flamme
Et qui nous enflamme sans qu’on le sente
Qui nous soulage dans des soupirs
L’Amour, cette douleur sans ce mal qui fait souffrir
 
L’Amour ce n’est pas tant vouloir que de bien vouloir
C’est marcher seul au milieu des autres
Ne jamais se satisfaire d’être seulement satisfait
Et ne jamais oublier que tout ce qui est gagné peut tout se perdre à jamais

L’Amour, c’est vouloir s’emprisonner par la seule volonté
C’est servir le vaincu quand nous sommes vainqueur
Et garder la foi en celui qui nous touche.

Mais comment dans nos cœurs
Une amitié sincère peut éclore
D’un Amour à lui-même si contraire ?

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Traduction Jacky Lavauzelle
ARTGITATO
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luis de camoes literatura português