Archives par mot-clé : poésie italienne

LA PRIÈRE DE LOUIS XVI – GIOSUÈ CARDUCCI Poème – ÇA IRA (1883)- SONNET IX – Oh non mai re di Francia al suo levare

Traduction – Texte Bilingue
CARDUCCI POÈME


 

Giosuè Carducci
1835- 1907

Prix Nobel de Littérature 1906

Traduction Jacky Lavauzelle

Sélection de poèmes de
Giosuè Carducci
*********

ÇA IRA
IX

*********

 


* LA PRIÈRE DE LOUIS XVI *

 

 

Oh non mai re di Francia al suo levare
Oh ! jamais roi de France à son lever
 Tali di salutanti ebbe un drappello!
Ne fut salué par une telle armée !
 La fósca torre in quel tumulto pare
L’inquiétante tour semble dans cette frénésie
Sperso nel mezzodí notturno uccello.
Un oiseau de nuit éperdu en plein midi.

*

Ivi su ’l medio evo il secolare
Ici, au Moyen Age, le séculier
Braccio discese di Filippo il Bello,
Bras de Philippe le Bel avait frappé,
Ivi scende de l’ultimo Templare
Ici, descend du dernier des Templiers
 Sul’ultimo Capeto oggi l’appello.
L‘appel aujourd’hui  sur le dernier Capet.

*

 

Ecco, mugge l’orribile corteo:
Voilà, le bruit horrible du défilé ;
La fiera testa in su la picca ondeggia,
La tête repoussante sur une pique flottait,
E batte a le finestre. Ed il re prono
Et frappait aux fenêtres. Et le roi, penché

*

Da le finestre de la trista reggia
Depuis les fenêtres du lugubre palais
Guarda il popolo, e a Dio chiede perdono
Regarde le peuple, et à Dieu demande pardon
 De la notte di San Bartolommeo.
Pour la nuit de Saint-Barthélemy.

*****

Louis XVI en habit de sacre
Joseph-Siffrein Duplessis
1777
Musée Carnavalet Paris 

********

ÇA IRA
IX

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GIOSUE CARDUCCI

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LE « ÇA IRA »
Le poète Giosuè Carducci
Maurice Muret
Revue des Deux Mondes
Tome 40 – 1907

…Le sonnet est un moule d’une rare plasticité. Il s’est prêté aux mignardises de Joséphin Soulary comme aux visions grandioses de José Maria de Heredia. Dans leur concision lapidaire, leur âpre et sinistre beauté, les douze sonnets de Ça ira brillent d’un éclat tragique.

C’est au sortir d’une lecture de la Révolution française par Carlyle que Carducci les composa. Sans doute il connaissait aussi Thiers, Louis Blanc et Michelet ; mais la lecture de Carlyle donna l’élan décisif. C’est elle qui força l’inspiration. Comme Carlyle, — et comme Joseph de Maistre, — Carducci voit dans la Révolution française un événement proprement « satanique, » mais le rebelle qu’il est attache à ce terme le sens favorable qui se découvre dans son Hymne à Satan. La Révolution française est pour lui une revanche de la raison, de la liberté, de la justice sur les « tyrannies séculaires » de l’Eglise et de la monarchie. Il a protesté contre les critiques qui dénoncèrent ses sympathies terroristes quelque peu excessives ; il a prétendu s’être borné (ou à peu près) au rôle d historiographe. C’est pur paradoxe ! Ça ira prend énergiquement fait et cause pour la Terreur. Carducci condamne Louis XVI et Marie-Antoinette avec une rigueur inconnue des historiens impartiaux. Le sonnet qui retrace le meurtre de la princesse de Lamballe est une apologie déguisée de ce crime. Louis XVI, enfin, dans la prison où il se recueille en attendant la mort, est montré par le poète italien « demandant pardon au ciel pour la nuit de la Saint-Barthélemy. » Que voilà donc un « état d’Ame » peu historique ! N’y a-t-il pas tout lieu de croire que Louis XVI, à la veille de mourir, était à cent lieues de penser qu’il expiait les méfaits de Charles IX ? C’est l’impitoyable logique jacobine qui établit des rapprochements de cette sorte.

Il faut tenir compte, dans l’appréciation du Ça ira, de la date où fut publié cet ouvrage. Il parut « pour le 77e anniversaire de la République, » à une époque où la France traversait une nouvelle « année terrible. » Bien que le poète n’y fasse aucune allusion formelle, les événements de 1870-1871 restent toujours présents à son esprit. A l’opprobre de Sedan s’oppose dans sa pensée la gloire de Valmy, de Valmy qui fait l’objet de son dernier sonnet. Plutôt que Sedan, la Terreur ; plutôt Danton que Napoléon III ; plutôt Robespierre que Bazaine, voilà ce qu’on peut lire entre les lignes du Ça ira. Un critique italien a parlé des « Grâces pétrolières » qui avaient servi de marraines à cette poésie. Et ce propos irrita l’auteur. Le mot n’en était pas moins exact.

Indépendamment du Ça ira consacré à un sujet français, Carducci mentionne fréquemment la France dans ses ouvrages. Quel autre pays a été plus étroitement mêlé aux destinées du Risorgimento ? Carducci n’est pas gallophobe, tant s’en faut ; mais c’est exclusivement à la France rouge que vont ses sympathies. Les Iambes et épodes traînent aux gémonies ce peuple devenu infidèle à l’idéal révolutionnaire d’autrefois. Le poète maudit la France impériale « brigande au service du Pape » (masnadière papale). Dans les vers Pour Edouard Corazzini, il invective plus sauvagement encore la « grande nation » au nom de ceux qui crurent en elle, de ceux « qui avaient grandi à ta libre splendeur, de ceux qui t’avaient aimée, ô France ! » Même note dans le Sacre d’Henri V, où il s’élève contre les tentatives de restauration monarchique en France après la chute de l’Empire. Mais c’est surtout contre Bonaparte et le bonapartisme que le poète romain brandit ses foudres vengeresses.

Maurice Muret
Revue des Deux Mondes
Tome 40 – 1907

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CARDUCCI POÈME

 

UNE EFFROYABLE GÉNÉRATION DE CRIMES – GIOSUÈ CARDUCCI Poème – ÇA IRA (1883)- SONNET VII


Traduction – Texte Bilingue
CARDUCCI POÈME


 

Giosuè Carducci
1835- 1907

Prix Nobel de Littérature 1906

Traduction Jacky Lavauzelle

Sélection de poèmes de
Giosuè Carducci
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ÇA IRA
VII

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« EFFROYABLE GÉNÉRATION DE CRIMES »
*

Una bieca druidica visione
Une vision sombre druidique
Su gli spiriti cala e gli tormenta:
S’abat sur les esprits et les tourmente :
Da le torri papali d’Avignone
Depuis les tours papales d’Avignon
Turbine di furor torbido venta.
Vente un tourbillon de fureur.

*

O passion de gli Albigesi, o lenta
Ô passion des Albigeois*, ô lente
De gii Ugonotti nobil passione,
Passion noble des Huguenots**,
 Il vostro sangue bulica e fermenta
Votre sang fusionne et fermente
 E i cuori inebria di perdizione.
Et enivre les cœurs de perdition.

 

Ecco la pena e il tribunale orrendo
Voici la peine, voici le tribunal qui marquent
Ohe d’ombra immane il secol novo impronta!
D’ombre gigantesque le nouveau siècle  !
Oh, sei la Francia tu, bianca ragazza.
Ô es-tu la France toi, jeune fille blanche.

*

Ohe sul tremulo padre alta sorgendo
Qui sur ton père frémissant te jette
A espiare e salvar bevi con pronta
Et qui pour l’expier et le sauver bois avidement
Mano il sangue de’ tuoi da piena tazza?
A pleine tasse le sang des tiens ?

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« Effroyable génération de crimes, des Albigeois* à la Saint-Barthélemy**, et de là aux dragonnades, aux carnages des Cévennes. Nîmes se souvint des dragonnades. Avignon imita Paris. Paris imita Avignon.
Rien de plus imitateur, rien de moins original, on peut l’observer, que le crime
Jules Michelet
[21 août 1798 – 9 février 1874]
Histoire de la Révolution française
Volume II
Chapitre III

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ÇA IRA
VII

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GIOSUE CARDUCCI

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LE « ÇA IRA »
Le poète Giosuè Carducci
Maurice Muret
Revue des Deux Mondes
Tome 40 – 1907

…Le sonnet est un moule d’une rare plasticité. Il s’est prêté aux mignardises de Joséphin Soulary comme aux visions grandioses de José Maria de Heredia. Dans leur concision lapidaire, leur âpre et sinistre beauté, les douze sonnets de Ça ira brillent d’un éclat tragique.

C’est au sortir d’une lecture de la Révolution française par Carlyle que Carducci les composa. Sans doute il connaissait aussi Thiers, Louis Blanc et Michelet ; mais la lecture de Carlyle donna l’élan décisif. C’est elle qui força l’inspiration. Comme Carlyle, — et comme Joseph de Maistre, — Carducci voit dans la Révolution française un événement proprement « satanique, » mais le rebelle qu’il est attache à ce terme le sens favorable qui se découvre dans son Hymne à Satan. La Révolution française est pour lui une revanche de la raison, de la liberté, de la justice sur les « tyrannies séculaires » de l’Eglise et de la monarchie. Il a protesté contre les critiques qui dénoncèrent ses sympathies terroristes quelque peu excessives ; il a prétendu s’être borné (ou à peu près) au rôle d historiographe. C’est pur paradoxe ! Ça ira prend énergiquement fait et cause pour la Terreur. Carducci condamne Louis XVI et Marie-Antoinette avec une rigueur inconnue des historiens impartiaux. Le sonnet qui retrace le meurtre de la princesse de Lamballe est une apologie déguisée de ce crime. Louis XVI, enfin, dans la prison où il se recueille en attendant la mort, est montré par le poète italien « demandant pardon au ciel pour la nuit de la Saint-Barthélemy. » Que voilà donc un « état d’Ame » peu historique ! N’y a-t-il pas tout lieu de croire que Louis XVI, à la veille de mourir, était à cent lieues de penser qu’il expiait les méfaits de Charles IX ? C’est l’impitoyable logique jacobine qui établit des rapprochements de cette sorte.

Il faut tenir compte, dans l’appréciation du Ça ira, de la date où fut publié cet ouvrage. Il parut « pour le 77e anniversaire de la République, » à une époque où la France traversait une nouvelle « année terrible. » Bien que le poète n’y fasse aucune allusion formelle, les événements de 1870-1871 restent toujours présents à son esprit. A l’opprobre de Sedan s’oppose dans sa pensée la gloire de Valmy, de Valmy qui fait l’objet de son dernier sonnet. Plutôt que Sedan, la Terreur ; plutôt Danton que Napoléon III ; plutôt Robespierre que Bazaine, voilà ce qu’on peut lire entre les lignes du Ça ira. Un critique italien a parlé des « Grâces pétrolières » qui avaient servi de marraines à cette poésie. Et ce propos irrita l’auteur. Le mot n’en était pas moins exact.

Indépendamment du Ça ira consacré à un sujet français, Carducci mentionne fréquemment la France dans ses ouvrages. Quel autre pays a été plus étroitement mêlé aux destinées du Risorgimento ? Carducci n’est pas gallophobe, tant s’en faut ; mais c’est exclusivement à la France rouge que vont ses sympathies. Les Iambes et épodes traînent aux gémonies ce peuple devenu infidèle à l’idéal révolutionnaire d’autrefois. Le poète maudit la France impériale « brigande au service du Pape » (masnadière papale). Dans les vers Pour Edouard Corazzini, il invective plus sauvagement encore la « grande nation » au nom de ceux qui crurent en elle, de ceux « qui avaient grandi à ta libre splendeur, de ceux qui t’avaient aimée, ô France ! » Même note dans le Sacre d’Henri V, où il s’élève contre les tentatives de restauration monarchique en France après la chute de l’Empire. Mais c’est surtout contre Bonaparte et le bonapartisme que le poète romain brandit ses foudres vengeresses.

Maurice Muret
Revue des Deux Mondes
Tome 40 – 1907

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CARDUCCI POÈME

 

GIOSUÈ CARDUCCI Poème – ÇA IRA (1883)- SONNET III – Da le ree Tuglieri di Caterina

Traduction – Texte Bilingue
CARDUCCI POÈME


 

Giosuè Carducci
1835- 1907

Prix Nobel de Littérature 1906

Traduction Jacky Lavauzelle

Sélection de poèmes de
Giosuè Carducci
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ÇA IRA
III

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Da le ree Tuglieri di Caterina
Des Tuileries de Catherine de Médicis
Ove Luigi inginocchiossi a i preti,
Louis le seizième devant les prêtres s’est soumis,
E a’ cavalier bretanni la regina
Et aux cavaliers Bretons, Marie-Antoinette, la reine
 Partia sorrisi e lacrime e segreti,
Essayait d’apporter sourires, secrets et peines,

*

Tra l’afosa caligin vespertina
Dans les chaudes et lourdes soirées
 Sorge con atti né tristi né lieti
Se dresse la loi ni triste ni heureuse,
Una forma, ed il fuso attorce e china,
Une forme qui s’active et qui fuse,
E con la rócca attinge alta i pianeti.
Et qui, avec la quenouille, atteint la hauteur des planètes.

*

E fila e fila e fila. Tutte sere
Et file et file et file. Toute la nuit
Al lume de la luna e de le stelle
A la lumière de la lune et des étoiles
La vecchia fila, e non si stanca mai.
La vieille file, et ne se lasse pas.

*

Brunswick appressa, e in fronte a le sue schiere
Arrive Brunswick, et devant ses troupes,
 La forca; e ad impiccar questa ribelle
La potence ; et pour pendre ces rebelles
Genia di Francia ci vuol corda assai.
Mauvaises graines de la France, il en faudra de la corde !


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ÇA IRA
 III

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GIOSUE CARDUCCI

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LE « ÇA IRA »
Le poète Giosuè Carducci
Maurice Muret
Revue des Deux Mondes
Tome 40 – 1907

…Le sonnet est un moule d’une rare plasticité. Il s’est prêté aux mignardises de Joséphin Soulary comme aux visions grandioses de José Maria de Heredia. Dans leur concision lapidaire, leur âpre et sinistre beauté, les douze sonnets de Ça ira brillent d’un éclat tragique.

C’est au sortir d’une lecture de la Révolution française par Carlyle que Carducci les composa. Sans doute il connaissait aussi Thiers, Louis Blanc et Michelet ; mais la lecture de Carlyle donna l’élan décisif. C’est elle qui força l’inspiration. Comme Carlyle, — et comme Joseph de Maistre, — Carducci voit dans la Révolution française un événement proprement « satanique, » mais le rebelle qu’il est attache à ce terme le sens favorable qui se découvre dans son Hymne à Satan. La Révolution française est pour lui une revanche de la raison, de la liberté, de la justice sur les « tyrannies séculaires » de l’Eglise et de la monarchie. Il a protesté contre les critiques qui dénoncèrent ses sympathies terroristes quelque peu excessives ; il a prétendu s’être borné (ou à peu près) au rôle d historiographe. C’est pur paradoxe ! Ça ira prend énergiquement fait et cause pour la Terreur. Carducci condamne Louis XVI et Marie-Antoinette avec une rigueur inconnue des historiens impartiaux. Le sonnet qui retrace le meurtre de la princesse de Lamballe est une apologie déguisée de ce crime. Louis XVI, enfin, dans la prison où il se recueille en attendant la mort, est montré par le poète italien « demandant pardon au ciel pour la nuit de la Saint-Barthélemy. » Que voilà donc un « état d’Ame » peu historique ! N’y a-t-il pas tout lieu de croire que Louis XVI, à la veille de mourir, était à cent lieues de penser qu’il expiait les méfaits de Charles IX ? C’est l’impitoyable logique jacobine qui établit des rapprochements de cette sorte.

Il faut tenir compte, dans l’appréciation du Ça ira, de la date où fut publié cet ouvrage. Il parut « pour le 77e anniversaire de la République, » à une époque où la France traversait une nouvelle « année terrible. » Bien que le poète n’y fasse aucune allusion formelle, les événements de 1870-1871 restent toujours présents à son esprit. A l’opprobre de Sedan s’oppose dans sa pensée la gloire de Valmy, de Valmy qui fait l’objet de son dernier sonnet. Plutôt que Sedan, la Terreur ; plutôt Danton que Napoléon III ; plutôt Robespierre que Bazaine, voilà ce qu’on peut lire entre les lignes du Ça ira. Un critique italien a parlé des « Grâces pétrolières » qui avaient servi de marraines à cette poésie. Et ce propos irrita l’auteur. Le mot n’en était pas moins exact.

Indépendamment du Ça ira consacré à un sujet français, Carducci mentionne fréquemment la France dans ses ouvrages. Quel autre pays a été plus étroitement mêlé aux destinées du Risorgimento ? Carducci n’est pas gallophobe, tant s’en faut ; mais c’est exclusivement à la France rouge que vont ses sympathies. Les Iambes et épodes traînent aux gémonies ce peuple devenu infidèle à l’idéal révolutionnaire d’autrefois. Le poète maudit la France impériale « brigande au service du Pape » (masnadière papale). Dans les vers Pour Edouard Corazzini, il invective plus sauvagement encore la « grande nation » au nom de ceux qui crurent en elle, de ceux « qui avaient grandi à ta libre splendeur, de ceux qui t’avaient aimée, ô France ! » Même note dans le Sacre d’Henri V, où il s’élève contre les tentatives de restauration monarchique en France après la chute de l’Empire. Mais c’est surtout contre Bonaparte et le bonapartisme que le poète romain brandit ses foudres vengeresses.

Maurice Muret
Revue des Deux Mondes
Tome 40 – 1907

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CARDUCCI POEME

 

Dino Campana Poésie – DONNA GENOVESE – La Dame Génoise

dino campana poesie
poesia italiana – poésie italienne

Donna Genovese DINO CAMPANA La Dame Génoise
Traduction – Texte Bilingue
LITTERATURE ITALIENNE
Letteratura Italiana

Dino Campana

1885-1932

Traduction Jacky Lavauzelle

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DONNA GENOVESE

La Dame Génoise

 

Tu mi portasti un po’ d’alga marina 
Tu m’as porté un peu d’algue marine
nei tuoi capelli, ed un odor di vento,
dans tes cheveux, et l’odeur du vent,
che è corso di lontano e giunge grave
qui revenait de loin et grave
d’ardore, era nel tuo corpo bronzino: 
de ces ardeurs qui venaient de ton corps bronzé :
– Oh la divina
Oh ! divine
semplicità delle tue forme snelle –
simplicité de tes formes élancées
Non amore non spasimo, un fantasma, 
Pas d’amour, pas de spasme, un fantôme,
un’ombra della necessità che vaga
une ombre de nécessité qui vogue
serena e ineluttabile nell’anima 
sereine et incontournable dans mon âme
e la discioglie in gioia, in incanto serena
et se dissout dans la joie, dans l’enchantement serein
perché per l’infinito lo scirocco 
pour qu’à travers l’infini le sirocco
se la possa portare. 
puisse l’emporter.
Come è piccolo il mondo e leggero nelle tue mani! 
Combien est petit le  monde et la lumière dans tes mains!

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Traduction Jacky Lavauzelle
ARTGITATO
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DONNA GENOVESE  Dino Campana
poesia italiana – poésie italienne
Dino Campana Poésie

LA CHIMERA Dino Campana – Poème de Campana – La Chimère

poesia italiana – poésie italienne

LA CHIMERA DINO CAMPANA
Traduction – Texte Bilingue
LITTERATURE ITALIENNE
Letteratura Italiana


Dino Campana

1885-1932

Traduction Jacky Lavauzelle

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La Chimera

LA CHIMERE

Non so se tra roccie il tuo pallido
Je ne sais si parmi les rochers m’apparut
Viso m’apparve, o sorriso
Ton visage pâle, ou ton sourire
Di lontananze ignote
Des distances inconnues
Fosti, la china eburnea
Ivoire de chine
Fronte fulgente o giovine
Ce front resplendissant et jeune
Suora de la Gioconda:
Sœur de la Joconde :
O delle primavere
Ô des printemps
Spente, per i tuoi mitici pallori
Passés, pour ta pâleur légendaire
O Regina o Regina adolescente:
Ô Reine Ô reine adolescente :
Ma per il tuo ignoto poema
Mais pour ton poème inconnu
Di voluttà e di dolore
De plaisir et de douleur
  Musica fanciulla esangue,
Musique d’enfant sans effusion de sang,
 Segnato di linea di sangue
Marquée par une lignée de sang
Nel cerchio delle labbra sinuose,
Dans le cercle des lèvres sinueuses,
  Regina de la Melodia:
Reine de la mélodie :
Ma per il vergine capo
Mais la virginale tête
Reclino, io poeta notturno
Inclinée, moi poète de la nuit
Vegliai le stelle vivide nei pelaghi del cielo,
J’ai veillé les étoiles qui vivent dans le ciel,
Io per il tuo dolce mistero
Moi pour ton doux mystère
Io per il tuo divenir taciturno.
Moi pour ton devenir taciturne.
Non so se la fiamma pallida
Je ne sais si la flamme pâle
Fu dei capelli il vivente
Des cheveux fut le vivant
Segno del suo pallore,
Signe de sa pâleur,
Non so se fu un dolce vapore,
Je ne sais si elle était une vapeur douce,
Dolce sul mio dolore,
Douce sur ma douleur,
Sorriso di un volto notturno:
Visage souriant d’une nuit :
Guardo le bianche rocce le mute fonti dei venti
Je regarde les roches blanches les muettes sources des vents
 E l’immobilità dei firmamenti
Et l’immobilité des firmaments
E i gonfii rivi che vanno piangenti
Et les rivières gonflées pleurant
  E l’ombre del lavoro umano curve là sui poggi algenti
Et les ombres des courbes du travail humain, là sur les monticules glâcés
 E ancora per teneri cieli lontane chiare ombre correnti
Et encore par les tendres cieux lointains ombres des courants clairs
  E ancora ti chiamo ti chiamo Chimera.
Et encore, je t’appelle, je t’appelle Chimère.

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Traduction Jacky Lavauzelle
ARTGITATO
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LA CHIMERA Dino Campana
poesia italiana – poésie italienne