Archives par mot-clé : poèmes

SHELLEY’S POEM : ODE AU VENT D’OUEST – II – ODE TO THE WEST WIND – Thou on whose stream

LITTERATURE ANGLAISE

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PERCY BYSSHE SHELLEY
4 August 1792 – 8 July 1822
4 août 1792 – 8 jullet 1822

Traduction – Translation

TRADUCTION JACKY LAVAUZELLE

French and English text
texte bilingue français-anglais

 


LES POEMES
DE PERCY BYSSHE SHELLEY
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Shelley’s poems
POEMS
POEMES

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ODE TO THE WEST WIND
ODE AU VENT D’OUEST

II
Thou on whose stream

LES BRANCHES ENTREMÊLEES DU CIEL ET DE L’OCEAN

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 Thou on whose stream, ‘mid the steep sky’s commotion,
Toi dont le courant, dans les hauteurs du ciel agité,
Loose clouds like earth’s decaying leaves are shed,
Se joue des nuages comme des feuilles pourries gisant sur la terre,
  Shook from the tangled boughs of Heaven and Ocean,
Sur les branches entremêlées du Ciel et de l’Océan,

*

 Angels of rain and lightning: there are spread
Anges de pluie et de foudre : tu inondes
  On the blue surface of thine airy surge,
A la surface bleue de ta vague aérienne,
  Like the bright hair uplifted from the head
Comme de brillants cheveux ondulant sur la tête

 *

*

 Of some fierce Mænad, even from the dim verge
De quelque féroce Ménade, posée sur la ligne
Of the horizon to the zenith’s height,
De l’horizon à la hauteur du zénith,
The locks of the approaching storm. Thou dirge
Les boucles de l’orage qui approche. Toi, chant

*

 Of the dying year, to which this closing night
De l’année finissante, sur laquelle la nuit de referme,
  Will be the dome of a vast sepulchre,
Dôme d’un vaste sépulcre
Vaulted with all thy congregated might
Voûté de toutes tes forces rassemblées

*

 Of vapours, from whose solid atmosphere
De vapeurs, dont l’atmosphère solide
Black rain, and fire, and hail will burst: O, hear!
En pluie noire, en feu, et en grêle explosera :   O, écoute !

*

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ODE TO THE WEST WIND
ODE AU VENT D’OUEST
POESIE DE SHELLEY

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SHELLEY INCOMPRIS

Les deux proscrits étaient morts. Il semblait que la poésie, alors incomprise, de Shelley devait laisser aussi peu de trace dans le souvenir de ses contemporains que son frêle corps dans les flots de la Méditerranée. Il semblait au contraire que la renommée de Byron, délivrée des calomnies qu’elle avait soulevées autour d’elle et purifiée par une mort héroïque, allait rentrer triomphante en Angleterre, portée par l’admiration de toute l’Europe. Il n’en fut pas ainsi. Tandis que la voix éloquente de M. Tricoupi, célébrait la louange du poète dans cette langue sonore qui avait retenti, plus de vingt siècles auparavant, aux mêmes lieux, pour les soldats de Marathon, le nom du poète resta exilé de l’Angleterre. À peine au contraire la cendre de Shelley était-elle refroidie, qu’une nouvelle école littéraire saluait en lui son chef, et élevait sa renommée au- dessus de celle de Byron. Il ne faut point s’en étonner : il est plus facile de revenir de l’obscurité que de l’impopularité. Autant et plus que Byron, Shelley avait jeté le gant à la société anglaise ; mais il n’avait pas été discuté : il n’avait eu ni admirateurs ni détracteurs, il avait été simplement incompris et rejeté. Byron au contraire avait eu ses partisans et ses adversaires ; la voix publique était fatiguée de crier son nom. L’admiration ou le mépris de sa poésie n’avait pas la saveur de la nouveauté. Son nom appartenait à l’histoire, il ne pouvait être le drapeau d’une coterie ; il était de ceux qu’on pouvait copier désormais sans avouer ses emprunts.

Edmond de Guerle
Byron, Shelley et la Littérature anglaise, d’après les Souvenirs des derniers Jours, de E.-J. Trelawny
Revue des Deux Mondes
Deuxième période
Tome 19
1859

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POEME DE SHELLEY

LA POESIE DE SIR THOMAS WYATT – SIR THOMAS WYATT’S POEMS

LITTERATURE ANGLAISE

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SIR THOMAS WYATT
1503 – 11 octobre 1542
1503 – 11 October 1542

 

Traduction – Translation

TRADUCTION JACKY LAVAUZELLE

French and English text
texte bilingue français-anglais

 


LES POEMES
DE THOMAS WYATT

Thomas Wyatt’s poems

MADAM, WITHOUTEN MANY WORDS
SANS DE TROP LONGS DISCOURS

AND WILT THOU LEAVE ME THUS ?
ME QUITTERAS-TU AINSI ?
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WHOSO LIST TO HUNT
POUR QUI VEUT CHASSER
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VIE DE THOMAS WYATT

Poète anglais, né en 1503 dans le comté de Kent, m. en 1541, fut très-aimé de Henri VIII, puis tomba dans la disgrâce et fut mis à la Tour de Londres ; il rentra enfin en faveur auprès du roi qui avait reconnu son innocence et fut nommé ambassadeur en Espagne, mais il mourut au moment de s’embarquer. Ses poésies consistent en odes, sonnets, ballades, satires, etc. Ce poëte a donné plus de souplesse et d’harmonie à la langue anglaise, mais ses poésies pèchent par affectation et obscurité. Elles ont été publiées avec celles de Surrey en 1557 et 1812, et à part en 1855, par R. Bell. – Son fils, nommé aussi Thomas Wyatt, zélé protestant, joua un des premiers rôles dans le complot de Suffolk contre la reine Marie, et se vit un instant à la tête de 15 000 hommes ; mais, abandonné des siens, il fut pris et périt de la main du bourreau (1554).

Dictionnaire universel d’histoire
et de géographie Bouillet Chassang
Lettre W
1878

 

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SIR THOMAS WYATT

POEMES DE JAMES SHIRLEY – JAMES SHIRLEY’S POEMS

LITTERATURE ANGLAISE

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JAMES SHIRLEY
Londres, septembre 1596 – Londres, octobre 1666

Traduction – Translation

TRADUCTION JACKY LAVAUZELLE

French and English text
texte bilingue français-anglais


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LES POEMES
DE JAMES SHIRLEY

James Shirley’s poems

 

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The Contention of Ajax and Ulysses
La discorde d’Ajax et d’Ulysse
1659
The glories of our blood and state
Les Gloires de notre sang et de notre état

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The glories of our blood and state
Les gloires de notre sang et de notre état
Are shadows, not substantial things;
Sont des ombres, des choses non substantielles;

 


TO A LADY UPON A LOOKING-GLASS SENT
LE MIROIR

When this crystal shall present
Quand ce miroir présentera
Your beauty to your eye,
Votre beauté à vos yeux,




 

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LE DERNIER DRAMATURGE DE LA GRANDE EPOQUE

par Émile Montégut

Un autre de ses-protégés fut James Shirley, le dernier dramaturge de la grande époque et l’auteur à la mode des divertissements de la cour sous Charles Ier. Shirley avait dédié à Newcastle un de ses meilleurs drames, le Traître, dont le sujet, par parenthèse, est le même que celui du Lorenzaccio, d’Alfred de Musset, et la petite préface par laquelle il lui adressa son drame indique, à ne pas s’y tromper, que la générosité du grand seigneur avait de beaucoup précédé la dédicace. Anthony Wood, cité par M. Edmond Gosse, dans une substantielle préface dont il a l’ait précéder un choix récemment publié des œuvres de Shirley, nous apprend que cette générosité avait été assez loin pour que Shirley, qui était d’ailleurs ardent royaliste, crût devoir s’enrôler dans l’armée de son patron. Il fit donc sous Newcastle les premières campagnes de la guerre civile, et le suivit après Marston-Moor sur le continent, d’où il revint furtivement en Angleterre quelques années après, lorsqu’il fut évident que la cause du roi était définitivement perdue.
Shirley n’était pas le seul poète dramatique que Newcastle eût enrôlé dans son armée. Dans la liste donnée par la duchesse des officiers composant l’état-major de son mari, je relève le nom de son lieutenant général d’artillerie, sir William Davenant, le poète lauréat de l’époque.

Émile Montégut
Curiosités historiques et littéraires
La Duchesse et le Duc de Newcastle
Revue des Deux Mondes
Troisième période, tome 100
1890

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JAMES SHIRLEY

FERNANDO PESSOA : LETTRE A LA REVUE CONTEMPORÂNEA (1922) Carta dirigida à revista Contemporânea

 O Carta dirigida à revista Contemporânea
Lettre à la Revue Contemporânea
Octobre 1922
17 Outubro 1922

Poème de Fernando Pessoa





Traduction – Texte Bilingue
tradução – texto bilíngüe

Traduction Jacky Lavauzelle


LITTERATURE PORTUGAISE
POESIE PORTUGAISE

Literatura Português

FERNANDO PESSOA
1888-1935
Fernando Pesso Literatura Português Poesia e Prosa Poésie et Prose Artgitato

 





Prosa de Fernando Pessoa




Carta dirigida à revista Contemporânea
LETTRE A LA REVUE CONTEMPORÂNEA
17 Outubro 1922
17 octobre 1922

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Contemporânea -nº1 – Maio de 1922 – Sumário
Le sommaire du premier n° de Contemporânea de mai 1922
Capa do nº1 da Revista Orpheu, 1915
Couverture du premier n° de la Revue Orpheu de 1915




Álvaro de Campos***

Meu querido José Pacheco:
Mon cher José Pacheko*,

Venho escrever-lhe para o felicitar pela sua «Contemporânea» para lhe dizer que não tenho escrito nada e para por alguns embargos ao artigo do Fernando Pessoa.
Je vous écris ici pour vous féliciter de votre « Contemporânea », pour vous dire que je ne l’ai pas écrit et pour revenir sur l’article de Fernando Pessoa.

Quereria mandar-lhe também colaboração.
Je voulais aussi vous envoyer une collaboration.
Mas, como lhe disse, não escrevo.
Mais, comme je vous l’ai dit, je n’écris pas…

 

ÁLVARO DE CAMPOS

Newcastle-on-Tyne, 17 Outubro 1922.
Le 17 octobre 1922 – Newcaste-on-Tyne

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LETTRE A LA REVUE CONTEMPORÂNEA
(1922)
Carta dirigida à revista Contemporânea 

NOTES
* José Pacheko ou José Pacheco, directeur de publication, architecte, graphiste, peintre (1885 — 1934)

** Contemporânea est une revue portugaise publiée entre 1922 et 1926 (Lisbonne – Lisboa). Directeur : José Pacheko.

*** Álvaro de Campos, (heteronímia)  hétéronyme de Fernando Pessoa, né à Tavira ou à Lisbonne, né le 13 ou le 15 de octobre 1890  et mort en 1935

****António Thomaz Botto (António Botto)  poète moderniste. Il est né à Concavada au Portugal le 17 août 1897 et mort le 16 mars 1959 à Rio de Janeiro au Brésil. Canções sont des poèmes composés par Botto et parus en 1920.

 

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NOVEMBRE Giovanni Pascoli – Poesia – Poésie

Giovanni Pascoli

Traduction – Texte Bilingue
Poesia e traduzione

LITTERATURE ITALIENNE

Letteratura Italiana

GIOVANNI PASCOLI
1855-1912

Giovanni Pascoli artgitato poesie poesia

Traduction Jacky Lavauzelle

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NOVEMBRE

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Gemmea l’aria, il sole così chiaro
Air cristallin, soleil si clair
che tu ricerchi gli albicocchi in fiore,
Que tu recherches les abricotiers en fleurs,
e del prunalbo l’odorino amaro senti nel cuore…
Que ton cœur inhale l’amère fragrance des aubépines…

*




Ma secco è il pruno, e le stecchite piante
Mais le prunier est sec et les arbres étiques
di nere trame segnano il sereno,
Des lignes noires seules soulignent cette sérénité,
vuoto il cielo, e cavo al piè sonante sembra il terreno.
Le ciel est vide, tes pieds semblent faire résonner le creux de la terre.

*




Silenzio, intorno: solo, alle ventate,
Silence, tout autour, rafales de vent, seul,
odi lontano, da giardini ed orti,
Tu entends au loin, des jardins et des vergers,
di foglie un cader fragile.
La chute fragile des feuilles.
È l’estate, fredda, dei morti.
C’est le glacial été des morts.

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GIOVANNI PASCOLI
par
PAUL HAZARD
en 1912

« Il aimera toute la nature« 

Cet art très objectif est tout pénétré de sentiment. Ce pourrait être la haine de la nature marâtre, qui met au inonde les créatures pour les torturer, si nous ne nous rappelions ici la bonté essentielle de Pascoli : il ne se lasse jamais d’exprimer sa douleur, parce qu’il ne l’oublie jamais : mais de sa souffrance, plutôt qu’à la légitimité de la révolte, il conclut à la nécessité du pardon. Désirer la vengeance, blasphémer ou maudire, ne serait-ce pas perpétuer le mal sur la terre, et prendre rang parmi les coupables ? Ayant éprouvé qu’il y a dans la vie un insondable mystère, ils doivent se serrer les uns contre les autres, ceux que le même mystère angoisse ; ils doivent se chérir et s’entr’aider, pour prendre leur revanche contre le sort. La pitié, la tendresse, la douceur, voilà donc les sentimens qui pénétreront les vers du poète, et qui, partant des hommes, aboutiront aux choses. Parmi les hommes, il s’intéressera d’abord aux victimes, aux orphelins, aux malades ; puis aux humbles, aux pauvres, aux misérables ; puis encore, aux simples et aux primitifs. Pareillement, il aimera les arbres qui frémissent au vent, les fleurs qui tremblent sur leur tige, et la faiblesse gracieuse des oiseaux : comme saint François d’Assise, puisqu’on a dit de lui qu’il était un Virgile chrétien, ou un saint François païen ; comme ce Paolo Uccollo dont il a écrit la touchante histoire. Il aimera toute la nature : soit qu’il aperçoive en elle des symboles, et veuille voir des berceaux dans les nids ; soit qu’il manifeste une reconnaissance émerveillée pour les tableaux de beauté qu’elle lui présente ; soit qu’il l’associe aux hommes dans la lutte contre le mystère qui l’enveloppe elle-même, il finit par la considérer comme une mère très douce, qui nous berce encore à l’heure où nous nous endormons. « Ah ! laissons-la faire, car elle sait ce qu’elle fait, et elle nous aime !… » Ce sentiment-là, il nous le communique sans prétendre nous l’imposer. En effet, cet artiste épris d’exactitude, connaissant la valeur de la précision, en connaît aussi les limites. Il sait qu’au-delà du terme où l’analyse peut atteindre, il y a les forces presque inconscientes qu’il faut laisser agir par elles-mêmes après les avoir mises en mouvement. Il possède la pudeur rare qui consiste à ne pas vouloir tout dire ; à faire crédit à la sensibilité du lecteur ; à se taire lorsqu’il a provoqué le rêve, afin de ne le point troubler.
Giovanni Pascoli
Paul Hazard
Revue des Deux Mondes Tome 10-  1912




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Traduction Jacky Lavauzelle
artgitato
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LA POESIE DE GERMAIN NOUVEAU

GERMAIN NOUVEAU
LITTERATURE FRANCAISE
SYMBOLISME

germain-nouveau-poemes-poesie-artgitato

Germain Nouveau

31 juillet 1851 Pourrières (Var) – 4 avril 1920 Pourrières

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POEMES

LA POESIE DE
GERMAIN NOUVEAU

 

Valentines et autres vers

Texte établi par Ernest Delahaye
Albert Messein, 1922
LA RENCONTRE
la-rencontre-germain-nouveau-artgitato-joaquin-sorolla-promenade-au-bord-de-mer-1909
*
LA MAXIME

La Rochefoucauld dit, Madame,
Qu’on ne doit pas parler de soi,

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LE PORTRAIT
*
LA STATUE
*
LA FEE
la-fee-germain-nouveau-artgitato-joao-marques-de-oliveira-artgitato-porto-19
*
LE NOM
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LE TEINT
le-teint-germain-nouveau-artgitato-jean-auguste-dominique-ingres-la-grande-odalisque-1814
*

LA DEVISE

*

LE DIEU

le-dieu-germain-nouveau-artgitato-desnudo-de-mujer-1902-joaquin-sorolla
*
LA DEESSE
*

L’IDEAL

*

DANGEREUSE

Vous dangereuse ? mais sans doute !
Très dangereuse, c’est certain ;
Comme la peur que l’on écoute,

dangereuse-germain-nouveau-artgitato-jean-baptiste-greuze-le-chapeau-blanc-1780-boston
*

SPHINX

sphinx-germain-nouveau-sphinx-non-renove-1867
*

SUPÉRIEURE

*

VILAIN

 germain-nouveau-vilain-artgitato-jean-auguste-dominique-ingres-comtesse-dhaussonville
*

TOUTE NUE

Or, je suppose que nous sommes,
Madame, dans votre salon :
On parle chiffres, rentes, sommes :

toute-nue-germain-nouveau-artgitato-la-grande-odalisque-ingres-le-louvre-1814

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Germain Nouveau et les Valentines
par Louise Denise

Du recueil de madrigaux que Germain Nouveau a si joliment baptisés « Valentines », nous avons entre les mains seize pièces. L’éditeur Vanier a chez lui, paraît-il, le volume depuis longtemps composé et corrigé même sur première épreuve de la main de l’auteur. Nous ne savons trop pour quelle raison la publication en fut arrêtée.

A son retour de la Palestine, où il avait passé quelques années, Nouveau fut accueilli à Paris par un amour que le long isolement subi lui fit accepter avec une joie enfantine, une adorable reconnaissance. Les Valentines furent composées à cette époque.

Ecrits pour une femme, ces vers ne s’adressent en réalité qu’à elle seule. Elle en est le sujet et l’objet. Toutes ses grâces, toutes ses Vertus, toutes ses perfections y sont détaillées et célébrées par une imagination jamais à court, avec une merveilleuse abondance et une infinie variété. Soit qu’il évoque une à une les beautés plastiques ou morales de l’adorée, soit que, pour la mieux faire valoir, il se pare lui-même avec humilité des pires vices — et Dieu sait la fière intégrité de sa vie pauvre et retirée ! — le poète a su, avec quelle délicatesse, quel tact, quels spirituels artifices de gaieté évitant la monotonie et l’emphase, diviniser la créature humaine sans attentat sacrilège et sans blasphème. Amour sincère et profond, certes, mais dont la sincérité n’a rien de tragique, la profondeur rien de prétentieux.

Dans ces poèmes de nerveuse allure, de rare saveur et de clair style, il nous a semblé retrouver la politesse exquise, la courtoisie aisée du grand siècle, plutôt que la galanterie mignarde et effrontée du règne de Louis XV, bien que surgisse à la lecture quelque petit abbé érudit et musqué. Une ironie aimable et bienveillante, dont la noblesse est de porter sur les sentiments, plutôt que sur les personnes, y siffle à chaque phrase, merle moqueur dans une tempête d’opéra. Parfois même — et de quel imprévu ! — au milieu d’une phrase la plus artistement correcte, hardi comme un page, un gros mot, terme d’argot ou juron, se dresse, impertinent et délibéré comme un petit coq sur ses ergots.

La dernière fois que nous rencontrâmes Germain Nouveau, ce fut par hasard, avenue de l’Opéra, une après-midi de ce printemps : il remontait de son pas lent de rêveur, sa petite taille cambrée un peu, les yeux clignotants, comme d’un peintre qui cherche à localiser les grandes masses d’ombre et de lumière d’un paysage, intéressé candidement… peut-être aux foules vives évoluant dans le soleil. Nous l’accompagnâmes un instant. De l’École des Beaux-Arts, où il avait passé sa journée à feuilleter les grands albums d’architecture, il emportait un enchantement. Avec son enthousiasme autoritaire et serré comme de la belle logique, de forme gracieuse néanmoins et singulièrement pénétrant, dont il mesure discrètement les doses selon le plaisir qu’il vous devine à le partager, revivant sa joie profonde de tout à l’heure à interroger ces grandes feuilles où s’analysent et s’ordonnancent les plus glorieuses conceptions architecturales, il nous dit son admiration pour cet art où l’harmonie règne sous son expression la plus rigoureuse, le Chiffre, où l’unité s’impose, immédiate et impérieuse, par la grâce de la Perspective, théologienne incomparable qui s’efforce à ramener au point idéal les brisures des profils et les accidents des reliefs. Surtout en ce spécial dessin des architectes, en ces traits calligraphiés, limpides, mécaniques, que le compas détermine et que la règle conduit, il exaltait la Ligne.

Or, les Valentines, en leur savante ordonnance de motifs décoratifs, avec, au lieu des calligraphies dont nous parlions, leur langue quasi classique, amoureuse de pure syntaxe, d’ingénieuse élégance et de géométrique précision, ne témoigneraient-elles pas d’un effort à rechercher, au dessin tout linéaire de l’architecte et de l’ornemaniste, à cet art dont la rigueur et la probité dédaignent l’inutile secours du clair-obscur et de la couleur, une sorte d’équivalent littéraire ?

Pour nous, la lecture encore une fois achevée, il nous en reste comme la vision d’un meuble de Boule, d’une aiguière ou d’un coffret de Benvenuto Cellini. Et nous nous imaginons aussi que venant au milieu de notre littérature trouble et capiteuse, les Valentines y feront l’effet d’un diamant de belle eau tombé dans un bouquet de fleurs rares fanées un peu.

Louis Denise
Germain Nouveau et les Valentines
Mercure de France
 3, 1891
pp. 131-133

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POESIE DE GIACOMO LEOPARDI – La poesia di Giacomo Leopardi

Giacomo Leopardi

Traduction – Texte Bilingue
LITTERATURE ITALIENNE

 

Letteratura Italiana

giacomo-leopardi-poesie-poesia-artgitato-ferrazzi-casa-leopardi

ritratto A Ferrazzi
Portrait de Ferrazzi
casa Leopardi
Recanati
Via Giacomo Leopardi

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GIACOMO LEOPARDI
29 juin 1798 Recanati – 14 juin 1837 Naples
Recanati 29 giugno 1798 – Napoli 14 giugno 1837

Traduction Jacky Lavauzelle

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La poesia di Giacomo Leopardi

OEUVRE DE GIACOMO LEOPARDI

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CANTI
LES CHANTS

XII
L’INFINITO
L’INFINI

Sempre caro mi fu quest’ermo colle,
Je chéris depuis toujours cette colline inhabitée,
e questa siepe, che da tanta parte
et cette barrière qui, de tous côtés,
linfinito-giacomo-leopardi-linfini-artgitato-caspar-david-friedrich-le-voyageur-contemplant-une-mer-de-nuages

*

XIV
Alla Luna
A la Lune

 O graziosa luna, io mi rammento
O belle lune, je me souviens
 Che, or volge l’anno, sovra questo colle
Que, l’année passée, sur cette colline
alla-luna-giacomo-leopardi-a-la-lune-artgitato-caspar-david-friedrich-mondaufgang-uber-dem-meer

*


XXVIII
A se stesso

Mon cœur épuisé 

Or poserai per sempre,
Repose-toi éternellement,
Stanco mio cor. Perì l’inganno estremo,
Mon cœur épuisé. Périt l’extrême méprise

a-se-stesso-giacomo-leopardi-artgitato-caspar-david-friedrich-herbstabend-am-see-1805

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XXXIV
LA GINESTRA O FIORE DEL DESERTO
Le genêt ou la fleur du désert

Qui su l’arida schiena
Ici, sur la crête aride
Del formidabil monte
Du formidable mont.
Sterminator Vesevo,
L’exterminateur Vésuve,

ALFRED DE MUSSET GRAND LECTEUR DE GIACOMO LEOPARDI
DEUX ÂMES SOEURS

Outre les sonnets de Michel-Ange, Alfred relisait sans cesse, jusqu’à les savoir par cœur, les poésies de Giacomo Leopardi, dont les alternatives de sombre tristesse et de douce mélancolie répondaient à l’état présent de son esprit. Lorsqu’il frappait sur la couverture du volume, en disant : « Ce livre, si petit, vaut tout un poème épique, » il sentait que l’âme de Leopardi était sœur de la sienne. Les Italiens ont la tête trop vive pour aimer beaucoup la poésie du cœur. Il leur faut du fracas et de grands mots. Plus malheureux qu’Alfred de Musset, Leopardi n’a pas obtenu justice de ses compatriotes, même après sa mort. Alfred en était révolté. Il voulut d’abord écrire un article, pour la Revue des Deux-Mondes, sur cet homme qu’il considérait comme le premier poète de l’Italie moderne. Il avait même recueilli quelques renseignements biographiques, dans ce dessein ; mais, en y rêvant, il préféra payer en vers son tribut d’admiration et de sympathie au Sombre amant de la Mort. De là sortit le morceau intitulé Après une lecture, qui parut le 15 novembre 1842.
En faisant la part de son exagération naturelle et de son excessive sensibilité, il faut pourtant reconnaître que, dans cette fatale année 1842, les blessures ne furent pas épargnées à Alfred de Musset. Il se plaignait que, de tous les côtés à la fois, lui venaient des sujets de désenchantement, de tristesse et de dégoût. « Je ne vois plus, disait-il, que les revers de toutes les médailles. »

Paul de Musset
Biographie de Alfred de Musset
Troisième partie
1837-1842
Charpentier, 1888
pp. 185-284

POÉSIE PORTUGAISE & BRÉSILIENNE ET LITTÉRATURE PORTUGAISE & BRÉSILIENNE

PORTUGAL & BRESIL

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Fernando Pessoa

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Traduction Jacky Lavauzelle
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Traductions Artgitato Français Portugais Latin Tchèque Allemand Espagnol

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POESIES PORTUGAISES
LITTERATURES PORTUGAISES
TEXTES PORTUGAIS & BRESILIENS

Tradução francesa de textos em português

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Luis de Camões

Vie & Œuvre de Luis de Camões
Vida e Obra de Luis de Camões
Luis de Camoes Oeuvres obras Artgitato

Amazon.fr – LES LUSIADES: OS LUSIADAS – Camões, Luís de, LAVAUZELLE, JACKY – Livres

 

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Miguel Araujo

Le Mari des autres
Os Maridos das outras


**

Susana Felix

Canção de Madrugar
Rua da Saudade  

**



Pedro Abrunhosa

Será
Eu nao sei quem te perdeu – Je ne sais pas qui te perd
Beijo – Baiser
Momento
Pontes entre nos – Un Pont entre nous
Agarra-me esta noite – Retiens-moi cette nuit

**

Brésil
Vicente de Carvalho

Poemas – Poèmes

Traduction Jacky Lavauzelle

**

Brésil
 João da Cruz e Sousa

Poemas – Poèmes

**

 

Almeida Garrett

Poésie

**

Brésil
Cécilia MEIRELES

La Poésie de Cécilia Meireles – A poesia de Cecília Meireles
Cecilia Meireles a poesia de Cecilia Meireles la poésie de Cécilia Meireles Artgitato

**

Brésil
Gonçalves DIAS

Mon Chant de Mort
Meu canto de morte

Meu canto de morte Mon Chant de Mort Gonçalves Dias Poemas Poèmes Artgitato Femme Tupi**

FLORBELA ESPANCA

POÉSIE – POESIA

**





Brésil
Alphonsus de GUIMARAENS

A Poesia de Alphonsus de Guimaraens
La Poésie d’Alphonsus de Guimaraens

Alphonsus_de_Guimaraens_(facing_left)
**

Brésil
MACHADO DE ASSIS
Joaquim Maria Machado de Assis

Œuvre

joaquim-maria-machado-de-assis-artgitato**

António Nobre

Obras – Œuvre

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Fernando Pessoa

Poesia e Prosa – Poésie & Prose
Fernando Pesso Literatura Português Poesia e Prosa Poésie et Prose Artgitato

 

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Brésil
Jorge Ben Jor

Chove Chuva
Il pleut des cordes

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Eça de Queiroz

O Mandarim – Le Mandarin (1880)

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ANTERO DE QUENTAL

Poésie

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Tradução francesa de textos em português
Traduction Portugais
Jacky Lavauzelle

 

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LA POÉSIE RUSSE – LA LITTÉRATURE RUSSE

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Traduction Russe Jacky Lavauzelle
Жаки Лавозель
ARTGITATO
Французский перевод текстов на русском языке
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Traductions Artgitato Français Portugais Latin Tchèque Allemand Espagnol

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TRADUCTION RUSSE

Французский перевод текстов на русском языке

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 Анна Ахматова
Anna Akhmatova

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Innokenti Annenski
Иннокентий Анненский
La Poésie d’Innokenti Annenski
Поэзия Иннокенти Анненски

**
Alexandre Blok
Алекса́ндр Алекса́ндрович Блок

LA POÉSIE DE BLOK

Les poèmes et les correspondances de Blok
de 1898 à 1921

**

VALÉRI BRIOUSSOV
ВАЛЕРИЙ БРЮСОВ 

LA POÉSIE DE VALÉRI BRIOUSSOV
ВАЛЕРИЙ БРЮСОВ
СТИХИ

**

Prince Alexandre Chakhovskoy

Le Cosaque poète
Saint-Pétersbourg – 1812

**

Gavrila Derjavine

Le Fleuve du temps
РЕКА ВРЕМЁН В СВОЁМ СТРЕМЛЕНЬИ…
1816

**

Sergueï Essénine
Сергей Александрович Есенин

LA POESIE de Sergueï Essénine
поэзия есенина  

**

AFANASSI FET
Афана́сий Афана́сьевич Шенши́н

LA POÉSIE D’AFANASSI FET 
Поэзия Афанасси Фета 

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ZINAÏDA HIPPIUS
Зинаи́да Никола́евна Ги́ппиус

Poésie de Zinaïda Hippius
Поэзия Зинаиды Гиппиус

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VIATCHESLAV IVANOV
Вячеслав Иванович Иванов

LA POÉSIE DE VIATCHESLAV IVANOV
ПОЭЗИЯ ВЯЧЕСЛАВА ИВАНОВА

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VLADISLAV KHODASSEVITCH
VLADISLAV KHODASEVICH
ПОЭЗИЯ ВЛАДИСЛАВА ХОДАССЕВИЧА

Poésie

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Mikhaïl Kouzmine
Михаи́л Алексе́евич Кузми́н

Poésie- Poèmes

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Ivan Krylov

le Magasin à la mode

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Mikhaïl LERMONTOV
Михаил Юрьевич Лермонтов

La Poésie de Lermontov
Стихи Лермонтова

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Mirra Lokhvitskaïa
Мирра Лохвицкая

Poésie de Mirra Lokhvitskaïa
Поэзия Мирры Лохвицкой

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Vladimir Maïakovski
Владимир Владимирович Маяковский

Poèmes
Поэмы

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Ossip Mandelstam
О́сип Эми́льевич Мандельшта́м

Poésie de Ossip Mandelstam
Поэзии Осип Мандельштам





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B Okoudjava & V Kikabidze

  LES PEPINS DE RAISIN
Виноградную косточку

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Caroline Pavlova
Кароли́на Ка́рловна Па́влова

Poésie

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Sophia Parnok
Поэзия офии Парнок

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CAROLINE PAVLOVA

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Alexandre Pouchkine
Александр Сергеевич Пушкин

Poésie – Поэзия А. С. Пушкина
poemes-de-alexandre-pouchkine-artgitatopushkin-alexander

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Constantin SLOUTCHEVSKI 
Константин Константинович Случевский
Poèmes 

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 Anton Tchekhov
Антон Павлович Чехов

Les pièces de Théâtre – Театр

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Fiodor Tiouttchev
Федор Тютчев

La poésie de Fiodor Tiouttchev
стихи федор тютчев

Fiodor Tiouttchev Poèmes Poésie Artgitato Les poèmes de Fiodor Tiouttchev

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Ivan Tourgueniev
Иван Сергеевич Тургенев

Собака – Mon Chien (février 1878)
русский язык – La Langue Russe (juin 1882)

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Marina Tsvétaïéva
Марина Ивановна Цветаева

Poésie de Marina Tsvétaïéva
Поэзия Марины Чветаевой

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Vladimir Vyssotski
Владимир Семёнович Высоцкий

Les Coupoles – Купола

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Boulat Okoudjova
Булат Шалвович Окуджава

Tant que la terre continue de tourner

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Vladislav Ozerov
Владислав Александрович Озеров

Fingal
Tragédie en trois actes
1805

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 Denis Fonvizine
Денис Иванович Фонвизин

Le Dadais ou l’Enfant gâté
1782

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Французский перевод текстов на русском языке

TRADUCTION RUSSE

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DE L’ART DE TRADUIRE LE RUSSE

Je viens d’indiquer la double valeur des écrits de Pouchkine : l’auteur de Poltava a renouvelé, comme prosateur, la langue russe, en même temps qu’il ouvrait à ses contemporains, comme poète, des sources nouvelles d’inspiration. On sait aussi quel accueil la Russie a fait à cet interprète de la pensée nationale. Quant à l’Europe, il faut le dire, elle est restée trop indifférente au rôle que Pouchkine a joué dans son pays. La France surtout n’a eu longtemps qu’une idée vague de ce grand mouvement littéraire commencé et dirigé par un seul homme. Ici même cependant, une étude biographique sur Pouchkine avait déjà indiqué l’importance de ses travaux. Pendant longtemps, on a pu s’étonner qu’une plume française ne cherchât point à le traduire. Aujourd’hui cette tâche a été abordée ; mais peut-on la regarder comme remplie ? L’auteur de la traduction française de Pouchkine qui vient d’être publiée n’a point paru se douter des difficultés que présentait un pareil travail. Il y avait là des écueils et des obstacles qui imposaient au traducteur un redoublement d’efforts. L’art de traduire, surtout lorsqu’il s’applique à la poésie, suppose une sorte d’initiation qui ne s’achète qu’au prix de veilles laborieuses. Les vulgaires esprits seuls peuvent s’imaginer qu’il suffit, pour traduire un poète, de rendre ses vers dans un autre idiome, sans s’inquiéter d’ailleurs de la physionomie, du mouvement, des nuances infinies de la pensée, des mille finesses du style. Or, ce ne sont point-là des choses qui aient leur vocabulaire écrit et ce sont pourtant des choses qu’il faut traduire, ou du moins indiquer : elles demandent une intelligence vive et délicate pour les saisir, une plume habile et souple pour les rendre. Pour transporter d’ailleurs dans son propre idiome les richesses d’une langue étrangère, il y a une première condition à remplir ; est-il besoin de la rappeler ? C’est la connaissance parfaite de la langue dont on veut révéler à son pays les richesses littéraires. Qu’on y songe, l’idiome russe est le plus difficile des idiomes européens, il est difficile même pour les Russes qui n’en ont pas fait l’objet d’une étude sérieuse. C’est une langue dont le sens positif varie à l’infini et dont le sens poétique varie encore davantage : langue souple et rude, abondante et imagée, dont l’origine, les accidents, l’esprit, l’allure, les procédés, n’offrent aucune analogie avec nos langues d’Occident. Le traducteur français des œuvres de Pouchkine a échoué pour n’avoir point compris les exigences de sa tâche. Il importe qu’on ne l’oublie pas, une traduction de ce poète exige une connaissance intime et approfondie, non-seulement de la grammaire et du vocabulaire russes, mais des finesses et des bizarreries de la langue ; elle exige aussi un long commerce avec ce génie si original, si en dehors de toute tradition européenne. Tant que cette double condition n’aura pas été remplie, notre pays, nous le disons à regret, ne connaîtra qu’imparfaitement la valeur et l’originalité du poète russe.

Pouchkine et le mouvement littéraire en Russie depuis 40 ans
Charles de Saint-Julien
Revue des Deux Mondes
Œuvres choisies de Pouchkine, traduites par M. H. Dupont
T.20 18

TRADUCTION LATIN JACKY LAVAUZELLE

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Traduction Latin Jacky Lavauzelle
ARTGITATO
LATINE
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Plautus Plaute Artgitato Mostellaria Le Revenant





Traductions Artgitato Français Portugais Latin Tchèque Allemand Espagnol

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TRADUCTION LATIN

LATINE

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Hildegarde de Bingen

Poèmes
hildegarde-de-bingen-poemes-hildegard-von-bingen-artgitato




Catulle
Catullus

La Poésie de Catulle

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JUVENAL
Decimus Iunius Iuvenalis
VIE & OEUVRE
SATIRES – SATVRAE

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Plaute

Le Revenant – Mostellaria
Vers 190 av J-C

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Pline l’Ancien

Historiarum Mundi – Histoire Naturelle
 Quand le Parfum devient luxe

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Publilius Syrus

In Luxuriam – Contre le luxe
Sentences – Sententiae
Sur l’avarice, l’avidité et l’argent

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 Sénèque

De Brevitate Vitae – De la brièveté de la vie

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Caius Suetonius Tranquillus
Suétone

De vita Caesarum libri VIII- La Vie des douze Césars
Caligula

Traductions Artgitato Français Portugais Latin Tchèque Allemand Espagnol

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Traduction Latin

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LA TRADUCTION ET LA VERSION
DANS
LA PREMIERE ENCYCLOPEDIE

TRADUCTION, s. f. VERSION, s. f. (Synonymes.) On entend également par ces deux mots la copie qui se fait dans une langue d’un discours premièrement énoncé dans une autre, comme d’hébreu en grec, de grec en latin, de latin en français, &c. Mais l’usage ordinaire nous indique que ces deux mots different entre eux par quelques idées accessoires, puisque l’on employé l’un en bien des cas ou l’on ne pourrait pas se servir de l’autre : on dit, en parlant des saintes écritures, la Version des septante, la Version vulgate ; & l’on ne dirait pas de même, la Traduction des septante, la Traduction vulgate : on dit au contraire que Vaugelas a fait une excellente traduction de Quint-Curce, & l’on ne pourroit pas dire qu’il en a fait une excellente version.

Il me semble que la version est plus littérale, plus attachée aux procédés propres de la langue originale, & plus asservie dans ses moyens aux vues de la construction analytique ; & que la traduction est plus occupée du fond des pensées, plus attentive à les présenter sous la forme qui peut leur convenir dans la langue nouvelle, & plus assujettie dans ses expressions aux tours & aux idiotismes de cette langue.

Delà vient que nous disons la version vulgate, & non la traduction vulgate ; parce que l’auteur a tâché, par respect pour le texte sacré, de le suivre littéralement, & de mettre, en quelque sorte, l’hébreu même à la portée du vulgaire, sous les simples apparences du latin dont il emprunte les mots. Miserunt Judæi ab Jerosolimis sacerdotes & levitas ad eum, ut interrogarent eum : tu quis es ? (Joan. j. 19.) Voilà des mots latins, mais point de latinité, parce que ce n’était point l’intention de l’auteur ; c’est l’hébraïsme tout pur qui perce d’une manière évidente dans cette interrogation directe, tu quis es : les latins auraient préféré le tour oblique quis ou quisnam esset ; mais l’intégrité du texte original serait compromise. Rendons cela en notre langue, en disant, les juifs lui envoyèrent de Jérusalem des prêtres & des lévites, afin qu’ils l’interrogeassent, qui es tu ? Nous aurons une version française du même texte : adaptons le tour de notre langue à la même pensée, & disons, les juifs lui envoyèrent de Jérusalem des prêtres & des lévites, pour savoir de lui qui il était ; & nous aurons une traduction.

L’art de la traduction suppose nécessairement celui de la version ; & delà vient que les translations que l’on fait faire aux jeunes gens dans nos collèges du grec ou du latin en français, sont très-bien nommées des versions : les premiers essais de traduction ne peuvent & ne doivent être rien autre chose.

La version littérale trouve ses lumières dans la marche invariable de la construction analytique, qui lui sert à lui faire remarquer les idiotismes de la langue originale, & à lui en donner l’intelligence, en remplissant les vides de l’ellipse, en supprimant les redondances du pléonasme, en ramenant à la rectitude de l’ordre naturel les écarts de la construction usuelle.

La traduction ajoute aux découvertes de la version littérale, le tour propre du génie de la langue dans laquelle elle prétend s’expliquer : elle n’employe les secours analytiques que comme des moyens qui font entendre la pensée ; mais elle doit la rendre cette pensée, comme on la rendrait dans le second idiome, si on l’avait conçue, sans la puiser dans une langue étrangère. Il n’en faut rien retrancher, il n’y faut rien ajouter, il n’y faut rien changer ; ce ne serait plus ni version, ni traduction ; ce serait un commentaire.

Ne pouvant pas mettre ici un traité développé des principes de la traduction, qu’il me soit permis d’en donner seulement une idée générale, & de commencer par un exemple de traduction, qui, quoique sorti de la main d’un grand maître, me paraît encore répréhensible.

Cicéron, dans son livre intitulé Brutus, ou des orateurs illustres, s’exprime ainsi : (ch. xxxj.) Quis uberior in dicendo Platone ? Quis Aristotele nervosior ? Theophrasto dulcior ? Voici comment ce passage est rendu en Français par M. de la Bruyère, dans son discours sur Théophraste : « Qui est plus fécond & plus abondant que Platon ? plus solide & plus ferme qu’Aristote ? plus agréable & plus doux que Théophraste ? ».

C’est encore ici un commentaire plutôt qu’une traduction, & un commentaire au-moins inutile. Uberior ne signifie pas tout à la fois plus abondant & plus fécond ; la fécondité produit l’abondance, & il y a entre l’un & l’autre la même différence qu’entre la cause & l’effet ; la fécondité était dans le génie de Platon, & elle a produit l’abondance qui est encore dans ses écrits.

Nervosus, au sens propre, signifie nerveux ; & l’effet immédiat de cette heureuse constitution est la force, dont les nerfs sont l’instrument & la source : le sens figuré ne peut prendre la place du sens propre que par analogie, & nervosus doit pareillement exprimer ou la force, ou la cause de la force. Nervosior ne veut donc pas dire plus solide & plus ferme ; la force dont il s’agit in dicendo, c’est l’énergie.

Dulcior (plus agréable & plus doux) ; dulcior n’exprime encore que la douceur, & c’est ajouter à l’original que d’y joindre l’agrément : l’agrément peut être un effet de la douceur, mais il peut l’être aussi de toute autre cause. D’ailleurs pourquoi charger l’original ? Ce n’est plus le traduire, c’est le commenter ; ce n’est plus le copier, c’est le défigurer.

Ajoutez que, dans sa prétendue traduction, M. de la Bruyère ne tient aucun compte de ces mots in dicendo, qui sont pourtant essentiels dans l’original, & qui y déterminent le sens des trois adjectifs uberior, nervosior, dulcior : car la construction analytique, qui est le fondement de la version, & conséquemment de la traduction, suppose la phrase rendue ainsi ; quis suit uberior in dicendo præ Platone ? quis fuit nervosior in dicendo, præ Aristotele ? quis fuit dulcior in dicendo, præ Theophrasto ? Or dès qu’il s’agit d’expression, il est évident que ces adjectifs doivent énoncer les effets qui y ont produit les causes qui existaient dans le génie des grands hommes dont on parle.

Ces réflexions me porteraient donc à traduire ainsi le passage dont il s’agit : Qui a dans son élocution plus d’abondance que Platon ? plus de nerf qu’Aristote ? plus de douceur que Théophraste ? si cette traduction n’a pas encore toute l’exactitude dont elle est peut-être susceptible, je crois du moins avoir indiqué ce qu’il faut tâcher d’y conserver ; l’ordre des idées de l’original, la précision de sa phrase, la propriété de ses termes.J’avoue que ce n’est pas toujours une tâche fort aisée ; mais qui ne la remplit pas n’atteint pas le but.

« Quand il s’agit, dit M. Batteux, (Cours de belles-lettres, III. part. jv. sect.) de représenter dans une autre langue les choses, les pensées, les expressions, les tours, les tons d’un ouvrage ; les choses telles qu’elles sont, sans rien ajouter, ni retrancher, ni déplacer ; les pensées dans leurs couleurs, leurs degrés, leurs nuances ; les tours qui donnent le feu, l’esprit, la vie au discours ; les expressions naturelles, figurées, fortes, riches, gracieuses, délicates, &c. & le tout d’après un modèle qui commande durement, & qui veut qu’on lui obéisse d’un air aisé : il faut, sinon autant de génie, du-moins autant de goût, pour bien traduire que pour composer. Peut-être même en faut-il davantage. L’auteur qui compose, conduit seulement par une sorte d’instinct toujours libre, & par sa matière qui lui présente des idées qu’il peut accepter ou rejeter à son gré, est maître absolu de ses pensées & de ses expressions : si la pensée ne lui convient pas, ou si l’expression ne convient pas à la pensée, il peut rejeter l’une & l’autre : quæ desperat tractata nitescere posse, relinquit. Le traducteur n’est maître de rien ; il est obligé de suivre partout son auteur, & de se plier à toutes ses variations avec une souplesse infinie. Qu’on en juge par la variété des tons qui se trouvent nécessairement dans un même sujet, & à plus forte raison dans un même genre… Pour rendre tous ces degrés, il faut d’abord les avoir bien sentis, ensuite maîtriser à un point peu commun la langue que l’on veut enrichir de dépouilles étrangères. Quelle idée donc ne doit-on pas avoir d’une traduction faite avec succès ? »

Rien de plus difficile en effet, & rien de plus rare qu’une excellente traduction, parce que rien n’est ni plus difficile ni plus rare, que de garder un juste milieu entre la licence du commentaire & la servitude de la lettre. Un attachement trop scrupuleux à la lettre, détruit l’esprit, & c’est l’esprit qui donne la vie : trop de liberté détruit les traits caractéristiques de l’original, on en fait une copie infidèle.

Qu’il est fâcheux que les révolutions des siècles nous aient dérobé les traductions que Cicéron avait faites de grec en latin, des fameuses harangues de Démosthène & d’Eschine : elles seraient apparemment pour nous des modèles sûrs ; & il ne s’agirait que de les consulter avec intelligence, pour traduire ensuite avec succès. Jugeons-en par la méthode qu’il s’était prescrite dans ce genre d’ouvrage, & dont il rend compte lui-même dans son traité de optimo genere oratorum. C’est l’abrégé le plus précis, mais le plus lumineux & le plus vrai, des règles qu’il convient de suivre dans la traduction ; & il peut tenir lieu des principes les plus développés, pourvu qu’on sache en saisir l’esprit. Converti ex atticis, dit-il, duorum eloquentissimorum nobilissimas orationes inter se contrarias, Eschinis Demosthenisque ; nec converti ut interpres, sed ut orator, sententiis iisdem, & earum formis tanquam figuris ; verbis ad nostram consuetudinem aptis, in quibus non verbum pro verbo necesse habui reddere, fed genus omnium verborum vimque servavi. Non enim ea me annumerare lectori putavi oportere, sed tanquam appendere. (B. E. R. M.)

Nicolas Beauzée
Première édition de l
’Encyclopédie
1751
Tome 16

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