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GAMA ET LES MUSES- OS LUSIADAS V-99 – LES LUSIADES – Luís de Camões – As Musas agradeça o nosso Gama

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Ferdinand de Portugal traduction Jacky Lavauzelle

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OS LUSIADAS CAMOES CANTO V
Os Lusiadas Les Lusiades
OS LUSIADAS V-99 LES LUSIADES V-99
*

LITTERATURE PORTUGAISE

Ferdinand de Portugal Os Lusiadas Traduction Jacky Lavauzelle Les Lusiades de Luis de Camoes

literatura português
Luis de Camões
[1525-1580]
Tradução – Traduction
Jacky Lavauzelle
texto bilingue

Traduction Jacky Lavauzelle

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As Musas agradeça o nosso Gama
Que notre Gama remercie les Muses
Muito amor da Pátria, que as obriga
De tant d’amour de la Patrie, qui les oblige…


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RETOUR AU PAYS – POÈME DE FRIEDRICH HÖLDERLIN – Rückkehr in die Heimat

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*LITTERATURE ALLEMANDE
Deutsch Literatur

Friedrich Hölderlin
1770-1843

Traduction Jacky Lavauzelle

——–

die Gedichte
Les Poèmes

 

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RETOUR AU PAYS
Rückkehr in die Heimat
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Albert Flamm, Abendstimmung am Rhein, Ambiance du soir sur le Rhin

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Ihr milden Lüfte! Boten Italiens!
Ô vous doux airs ! Messagers d’Italie !
Und du mit deinen Pappeln, geliebter Strom!
Et toi, avec tes peupliers, ô fleuve bien-aimé !
Ihr wogenden Gebirg! o all ihr
Tes montagnes vallonnées ! ô vous tous
Sonnigen Gipfel, so seid ihrs wieder?
Sommets ensoleillés, vous revoici donc ?

*

Du stiller Ort! in Träumen erschienst du fern
Ô lieu silencieux ! dans les rêves tu m’es apparu si loin
Nach hoffnungslosem Tage dem Sehnenden,
Dans ma mémoire, après ce jour désespéré,
Und du mein Haus, und ihr Gespielen,
Et toi ma maison, et vous mes camarades,
Bäume des Hügels, ihr wohlbekannten!
Et vous, les arbres de la colline, que je connais si bien !

*


Wie lang ists, o wie lange! des Kindes Ruh
Comme il y a longtemps, si longtemps ! le repos de l’enfant
Ist hin, und hin ist Jugend und Lieb und Lust;
S’en est allé, comme la jeunesse, l’amour et la luxure ;
Doch du, mein Vaterland! du heilig –
Mais toi, ô ma Patrie ! toi sainte –
Duldendes! siehe, du bist geblieben.
Tolérance ! toi, tu es restée !

*


Und darum, daß sie dulden mit dir, mit dir
Et pour tout ce qu’ils supportent avec toi, mais avec toi
Sich freun, erziehst du, teures! die Deinen auch
Ils se réjouissent que tu préviennes, mon cher !, les tiens aussi
Und mahnst in Träumen, wenn sie ferne
Et que tu les avertisses, quand dans tes rêves au loin tu les aperçois
Schweifen und irren, die Ungetreuen.
Errants et dans l’erreur, eux, les infidèles.

*


Und wenn im heißen Busen dem Jünglinge
Et quand dans la poitrine chaude du jeune homme
Die eigenmächtgen Wünsche besänftiget
Les désirs impétueux se trouvent apaisés
Und stille vor dem Schicksal sind, dann
Et sereins devant le destin, alors
Gibt der Geläuterte dir sich lieber.
L’épure se donne à toi plus volontiers.

*
Lebt wohl dann, Jugendtage, du Rosenpfad
Adieu donc, jours de la jeunesse, et toi chemin parsemé de roses
Der Lieb, und all ihr Pfade des Wanderers,
De l’amour, et vous, tous les chemins des errances,
Lebt wohl! und nimm und segne du mein
Adieu ! et prends et bénis
Leben, o Himmel der Heimat, wieder!
ma vie, ô ciel de ma Patrie, encore et encore !


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LA TRANCHÉE – Poème de Kurt TUCHOLSKY – Gedicht von Kurt TUCHOLSKY – DER GRABEN – 1926

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LITTERATURE ALLEMANDE

Poèmes Heine Poésie Gedichte Buch der Lieder

KURT TUCHOLSKY

9. Januar 1890 Berlin – 21. Dezember 1935 Göteborg
9 janvier 1890 – 21 décembre 1935

Traduction Jacky LAVAUZELLE 

______________________

KURT TUCHOLSKY GEDICHTE

DER GRABEN
LA TRANCHÉE

1926
_______________________

Bataille de la Somme (Tranchée de la Prince of Wales’ Division) – Photographie de John Warwick Brooke


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Mutter, wozu hast Du Deinen aufgezogen,
Mère, pourquoi as-tu élevé ton fils,
Hast Dich zwanzig Jahr’ um ihn gequält?
Pourquoi t’es-tu tourmentée pendant vingt ans ?
Wozu ist er Dir in Deinen Arm geflogen,
Pourquoi s’est-il réfugié dans tes bras
Und Du hast ihm leise was erzählt?
Pendant que doucement tu le rassurais ?
Bis sie ihn Dir weggenommen haben

Jusqu’à ce qu’ils te le prennent
Für den Graben, Mutter, für den Graben!
Pour la tranchée, mère, pour la tranchée !

*

Junge, kannst Du noch an Vater denken?
Fils, peux-tu te souvenir encore de ton père ?
Vater nahm Dich oft auf seinen Arm,
Ce père qui te prenait souvent dans ses bras
Und er wollt’ Dir einen Groschen schenken,
Et qui t’offrait un sou,
Und er spielte mit Dir Räuber und Gendarm
Et qui jouait au gendarme et au voleur avec toi
Bis sie ihn Dir weggenommen haben
Jusqu’à ce qu’ils te le prennent
Für den Graben, Junge, für den Graben!
Pour la tranchée, mon garçon, pour la tranchée !

*

Drüben die französischen Genossen
Les camarades français là-bas
lagen dicht bei Englands Arbeitsmann.
étaient proches des ouvriers anglais.
Alle haben sie ihr Blut vergossen,
Ils ont tous versé leur sang
und zerschossen ruht heut Mann bei Mann.
 
et tiré sur d’autres hommes aujourd’hui.
 Alte Leute, Männer, mancher Knabe
Des vieux et des hommes, des jeunes hommes
 in dem einen großen Massengrabe.
dans une grande fosse commune.

*

Seid nicht stolz auf Orden und Geklunker!
Ne soyez pas fier des médailles et des quincailleries !
Seid nicht stolz auf Narben und die Zeit!
Ne soyez pas fier des cicatrices et de votre temps !
In die Gräben schickten euch die Junker,
Les nobliaux vous ont envoyés dans les tranchées,
Staatswahn und der Fabrikantenneid.
Nourris par la folie de l’État et l’envie des fabricants.
Ihr wart gut genug zum Fraß für Raben,
Vous avez été assez bons pour nourrir les corbeaux,
für das Grab, Kameraden, für den Graben!
pour la tombe, camarades, pour la fosse !

*

Werft die Fahnen fort!
Jetez les drapeaux !
Die Militärkapellen spielen auf zu euerm Todestanz.
Les fanfares militaires jouent votre danse de la mort.
Seid ihr hin: ein Kranz von Immortellen –
Vous êtes là : une couronne d’immortelles –
das ist dann der Dank des Vaterlands.
ce sont les remerciements de la patrie.

*

Denkt an Todesröcheln und Gestöhne.
Pensez aux affres et aux gémissements de la mort.
Drüben stehen Väter, Mütter, Söhne,
Là-bas, il y a des pères, des mères, des fils,
schuften schwer, wie ihr, ums bißchen Leben.
qui travaillent dur, comme vous, pour un peu de vie.
Wollt ihr denen nicht die Hände geben?
Ne voulez-vous pas leur serrer la main ?
Reicht die Bruderhand als schönste aller Gaben
La main fraternelle est le plus beau de tous les cadeaux
übern Graben, Leute, übern Graben -!
au-dessus des tranchées, camarades , au-dessus des tranchées !



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1926

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Unter dem Pseudonym Theobald Tiger
Sous le pseudonyme de Théobald Tiger

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PATRIE – POÉSIE DE MIKHAÏL LERMONTOV – 1841- Поэзия Михаила Лермонтова – Родина

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LITTÉRATURE RUSSE
POÉSIE RUSSE
Русская литература
Русская поэзия
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Poésie de Mikhaïl Lermontov
Поэзия Михаила Лермонтова
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MIKHAÏL IOURIEVITCH LERMONTOV
Михаи́л Ю́рьевич Ле́рмонтов
3 octobre 1814 Moscou – 15 juillet 1841 Piatigorsk
3 октября 1814 г. Москва – 15 июля 1841 г. Пятигорск

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TRADUCTION JACKY LAVAUZELLE
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PATRIE
1841
Родина

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Люблю отчизну я, но странною любовью!
J’aime ma patrie, mais d’un étrange amour !
Не победит её рассудок мой.
Ma raison ne triomphera pas.
Ни слава, купленная кровью,
Ni sa gloire achetée dans le sang,


1841



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LES PROVINCES DE KEDRAN ET DE GÉDROSIE – OS LUSIADAS IV-65 LES LUSIADES – LUIS DE CAMOES – Viram gentes incógnitas e estranhas

JEAN II DE PORTUGAL

Ferdinand de Portugal traduction Jacky Lavauzelle
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OS LUSIADAS CAMOES CANTO IV
Os Lusiadas Les Lusiades
OS LUSIADAS IV-65 LES LUSIADES IV-65
LITTERATURE PORTUGAISE

Ferdinand de Portugal Os Lusiadas Traduction Jacky Lavauzelle Les Lusiades de Luis de Camoes
literatura português
Luis de Camões
[1525-1580]
Tradução – Traduction
texto bilingue

OS LUSIADAS IV-65
A Epopeia Portuguesa

TRADUCTION JACKY LAVAUZELLE

Traduction Jacky Lavauzelle

JEAN II DE PORTUGAL
LE PRINCE PARFAIT
Lisbonne, 3 mars 1455 – Alvor, 25 octobre 1495
succède à Alphonse V

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Jean II de Portugal

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LES PROVINCES DE KERMAN ET DE GÉDROSIE

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« Viram gentes incógnitas e estranhas
« Ils virent des étrangers mystérieux
Da Índia, da Carmânia e Gedrosia,
De l’Inde, de Kerman et de Gédrosie,…




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LA BATAILLE D’ALJUBARROTA (Une guerre fratricide)- OS LUSIADAS IV-32 LES LUSIADES LUIS DE CAMOES

*

traduction Jacky LavauzelleBatalha de Aljubarrota
LA BATAILLE D’ALJUBARROTA
OS LUSIADAS CAMOES CANTO IV

Os Lusiadas Les Lusiades
OS LUSIADAS IV-32 LES LUSIADES IV-32
LITTERATURE PORTUGAISE

Os Lusiadas Traduction Jacky Lavauzelle Les Lusiades de Luis de Camoes




Os Lusiadas Traduction Jacky Lavauzelle Les Lusiades de Luis de Camoes

literatura português

Luis de Camões
[1525-1580]

Tradução – Traduction
texto bilingue




Luis de Camoes Les Lusiades Trad Jacky Lavauzelle

 Obra Poética  (1556)




OS LUSIADAS IV-32
A Epopeia Portuguesa

 

Traduction Jacky Lavauzelle

Camoes Traduction Jacky Lavauzelle
Vasco de Gama

 

Traduction Jacky Lavauzelle

 

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14 août 1385
Batalha de Aljubarrota
La Bataille d’Aljubarrota

(2)

UNE GUERRE FRATRICIDE

Camoes Traduction Jacky Lavauzelle
Vœu du roi Jean Ier à la Vierge Marie , Francisco da Silva, Museu Alberto Sampaio

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« Eis ali seus irmãos contra ele vão,
« Voici ses frères qui se battent contre lui,
  (Caso feio e cruel!) mas não se espanta,
(Destin fatal et cruel !) mais lui ne semble nullement surpris,…



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Traduction Jacky Lavauzelle
Nuno Álvares Pereira

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LA BATAILLE D’ALJUBARROTA
OS LUSIADAS CANTO IV

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Traduction Jacky Lavauzelle

Vasco de Gama par Gregorio Lopes

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LA MORT DU VETERAN CAMOES

Et puis, pour qu’un royaume ait des gens de lettres, il lui faut de l’argent pour les pensionner. Le Portugal, qui épuisait son épargne en flottes, en armées, en constructions de citadelles, ne pouvait avoir dans son budget un chapitre d’encouragemens aux lettres et aux arts. Bientôt même l’état ruiné par ses conquêtes, obéré par la victoire, n’eut plus de quoi suffire aux besoins de ses armées : il finit par ne pouvoir plus nourrir ceux qui l’avaient servi. Camoens mourut à l’hôpital, ou à-peu-près ; mais ce ne fut pas comme poète ; ce ne fut pas comme Gilbert et Maifilâtre à côté d’autres écrivains largement rentes: ce fut comme un vétéran dont la solde manque, ou dont la pension de retraite est suspendue.il mourut comme beaucoup de ses compagnons d’armes, comme mouraient les vice-rois eux-mêmes, qui n’avaient pas toujours (témoin dom Joâo de Castro) de quoi acheter une pouie dans leur dernière maladie.

« Qu’y a-t-il de plus déplorable que de voir un si grand génie si mal récompensé ? Je l’ai vu mourir dans un hôpital de Lisbonne, sans avoir un drap pour se couvrir, lui qui avait si bravement combattu dans l’Inde orientale et qui avait fait cinq mille cinq cents lieues en mer. Grande leçon pour ceux qui se fatiguent à travailler nuit et jour et aussi vainement que l’araignée qui ourdit sa toile pour y prendre des mouches. »
Il peut résulter de cette apostille que José Indio a vu Camoens à l’hôpital, sans qu’il faille prendre à la lettre les mots je l’ai vu mourir.
Ce fut dans ces circonstances que le désastre d’AIkacer Kébir (4 août 1578) frappa de mort le Portugal. Il restait encore à Camoens une larme pour sa patrie : Ah ! s’écria-t-il, du moins je meurs avec elle ! Il répéta la même pensée dans la dernière lettre qu’il ait écrite. « Enfin, disait-il, je vais sortir de la vie, et il sera manifeste à tous que j’ai tant aimé ma patrie, que non-seulement je me trouve heureux de mourir dans son sein, mais encore de mourir avec elle. »
Il ne survécut que peu de mois à ce désastre, et mourut au commencement de 1579, à l’âge de cinquante-cinq ans.
Il fut enterré très pauvrement dans l’église de Santa Anna, dit Pedro de Mariz, à gauche en entrant et sans que rien indiquât sa sépulture. Ses malheurs firent une impression si profonde, que personne ne voulut plus occuper la maison qu’il avait habitée. Elle est restée vide depuis sa mort. Les prévisions de Camoens ne tardèrent pas à s’accomplir. Le Portugal, ce royaume né d’une victoire et mort dans une défaite, tomba bientôt sous le joug de Philippe IL Ce monarque visitant ses nouvelles provinces, s’informa du poète, et, en apprenant qu’il n’existait plus, il témoigna un vif regret….

Charles Magnin
Luiz de Camoëns
Revue des Deux Mondes
Période Initiale, tome 6

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Bataille d’Aljubarrota

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Traduction Jacky Lavauzelle

ARTGITATO
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Camoes Os Lusiadas IV Traduction Jacky Lavauzelle

 OS LUSIADAS IV

LUIS DE CAMOES LES LUSIADES

Camoes Canto III

JEAN et LES SEIGNEURS DU ROYAUME – OS LUSIADAS IV-13 LES LUSIADES LUIS DE CAMOES – Não falta com razões quem desconcerte

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OS LUSIADAS CAMOES CANTO IV
Os Lusiadas Les Lusiades
OS LUSIADAS IV-13  LES LUSIADES IV-13
LITTERATURE PORTUGAISE

Os Lusiadas Traduction Jacky Lavauzelle Les Lusiades de Luis de Camoes




Os Lusiadas Traduction Jacky Lavauzelle Les Lusiades de Luis de Camoes

literatura português

Luis de Camões
[1525-1580]

Tradução – Traduction
texto bilingue




Luis de Camoes Les Lusiades Trad Jacky Lavauzelle

 Obra Poética  (1556)




OS LUSIADAS IV-13
A Epopeia Portuguesa

 

Traduction Jacky Lavauzelle

Camoes Traduction Jacky Lavauzelle
Vasco de Gama

 

Traduction Jacky Lavauzelle

 

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Les préparatifs au combat
Jean face à des seigneurs tétanisés par la peur

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« Não falta com razões quem desconcerte
« Il ne manque pas de seigneurs qui restent perplexes
Da opinião de todos, na vontade,
Sur la volonté de combattre,…



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OS LUSIADAS CANTO IV

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Traduction Jacky Lavauzelle

Vasco de Gama par Gregorio Lopes

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LA MORT DU VETERAN CAMOES

Et puis, pour qu’un royaume ait des gens de lettres, il lui faut de l’argent pour les pensionner. Le Portugal, qui épuisait son épargne en flottes, en armées, en constructions de citadelles, ne pouvait avoir dans son budget un chapitre d’encouragemens aux lettres et aux arts. Bientôt même l’état ruiné par ses conquêtes, obéré par la victoire, n’eut plus de quoi suffire aux besoins de ses armées : il finit par ne pouvoir plus nourrir ceux qui l’avaient servi. Camoens mourut à l’hôpital, ou à-peu-près ; mais ce ne fut pas comme poète ; ce ne fut pas comme Gilbert et Maifilâtre à côté d’autres écrivains largement rentes: ce fut comme un vétéran dont la solde manque, ou dont la pension de retraite est suspendue.il mourut comme beaucoup de ses compagnons d’armes, comme mouraient les vice-rois eux-mêmes, qui n’avaient pas toujours (témoin dom Joâo de Castro) de quoi acheter une pouie dans leur dernière maladie.

« Qu’y a-t-il de plus déplorable que de voir un si grand génie si mal récompensé ? Je l’ai vu mourir dans un hôpital de Lisbonne, sans avoir un drap pour se couvrir, lui qui avait si bravement combattu dans l’Inde orientale et qui avait fait cinq mille cinq cents lieues en mer. Grande leçon pour ceux qui se fatiguent à travailler nuit et jour et aussi vainement que l’araignée qui ourdit sa toile pour y prendre des mouches. »
Il peut résulter de cette apostille que José Indio a vu Camoens à l’hôpital, sans qu’il faille prendre à la lettre les mots je l’ai vu mourir.
Ce fut dans ces circonstances que le désastre d’AIkacer Kébir (4 août 1578) frappa de mort le Portugal. Il restait encore à Camoens une larme pour sa patrie : Ah ! s’écria-t-il, du moins je meurs avec elle ! Il répéta la même pensée dans la dernière lettre qu’il ait écrite. « Enfin, disait-il, je vais sortir de la vie, et il sera manifeste à tous que j’ai tant aimé ma patrie, que non-seulement je me trouve heureux de mourir dans son sein, mais encore de mourir avec elle. »
Il ne survécut que peu de mois à ce désastre, et mourut au commencement de 1579, à l’âge de cinquante-cinq ans.
Il fut enterré très pauvrement dans l’église de Santa Anna, dit Pedro de Mariz, à gauche en entrant et sans que rien indiquât sa sépulture. Ses malheurs firent une impression si profonde, que personne ne voulut plus occuper la maison qu’il avait habitée. Elle est restée vide depuis sa mort. Les prévisions de Camoens ne tardèrent pas à s’accomplir. Le Portugal, ce royaume né d’une victoire et mort dans une défaite, tomba bientôt sous le joug de Philippe IL Ce monarque visitant ses nouvelles provinces, s’informa du poète, et, en apprenant qu’il n’existait plus, il témoigna un vif regret….

Charles Magnin
Luiz de Camoëns
Revue des Deux Mondes
Période Initiale, tome 6

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Traduction Jacky Lavauzelle

ARTGITATO
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Camoes Os Lusiadas IV Traduction Jacky Lavauzelle

 OS LUSIADAS IV

LUIS DE CAMOES LES LUSIADES

Camoes Canto III

UNE NOUVELLE HISTOIRE – GIOSUÈ CARDUCCI Poème – ÇA IRA (1883)- SONNET XII – Marciate, o de la patria incliti tìgli

Traduction – Texte Bilingue
CARDUCCI POÈME


 

Giosuè Carducci
1835- 1907

Prix Nobel de Littérature 1906

Traduction Jacky Lavauzelle

Sélection de poèmes de
Giosuè Carducci
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ÇA IRA
XII

*********

 


*
UNE NOUVELLE HISTOIRE
*

 

Marciate, o de la patria incliti tìgli,
Marchez, ô enfants glorieux de la patrie,
De i caimoni e de’ canti a l’armonia:
Des canonnades et des chants en harmonie :
Il giorno de la gloria oggi i vermigli
Le jour de gloire aujourd’hui avec ses rouges
Vanni e la danza del valore apria.
Ailes plane et danse.

*

Ingombra di paura e di scompigli
Plein de peur et de confusion,
 Al re di Prussia è del tornar la via:
Le roi de Prusse s’en retourne,
Kicaccia gli emigrati a i vili esigli
Suivi d’émigrés dans de vils exils
La fame il freddo e la dissenteria.
Au milieu de la faim, au milieu du froid et la dysenterie.

*

Livido su qnel gran lago di fango
Livide sur un grand lac de boue
Gnizza il tramonto, i colli d’un modesto
Frissonne le crépuscule, les collines d’un modeste
Kiso di sole attingono la gloria.
Baiser ensoleillé tirent la gloire.

*

E da un gruppo d’oscuri esce Volfango
Et d’un groupe obscur, avance Wolfgang
Goethe dicendo: Al mondo oggi da qnesto
Goethe disant : « Dans le monde d’aujourd’hui,
 Luogo incomincia la novella storia.
En ce lieu, commence une nouvelle histoire. »

*

*****

Louis XVI en habit de sacre
Joseph-Siffrein Duplessis
1777
Musée Carnavalet Paris 

********

ÇA IRA
XII

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GIOSUE CARDUCCI

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LE « ÇA IRA »
Le poète Giosuè Carducci
Maurice Muret
Revue des Deux Mondes
Tome 40 – 1907

…Le sonnet est un moule d’une rare plasticité. Il s’est prêté aux mignardises de Joséphin Soulary comme aux visions grandioses de José Maria de Heredia. Dans leur concision lapidaire, leur âpre et sinistre beauté, les douze sonnets de Ça ira brillent d’un éclat tragique.

C’est au sortir d’une lecture de la Révolution française par Carlyle que Carducci les composa. Sans doute il connaissait aussi Thiers, Louis Blanc et Michelet ; mais la lecture de Carlyle donna l’élan décisif. C’est elle qui força l’inspiration. Comme Carlyle, — et comme Joseph de Maistre, — Carducci voit dans la Révolution française un événement proprement « satanique, » mais le rebelle qu’il est attache à ce terme le sens favorable qui se découvre dans son Hymne à Satan. La Révolution française est pour lui une revanche de la raison, de la liberté, de la justice sur les « tyrannies séculaires » de l’Eglise et de la monarchie. Il a protesté contre les critiques qui dénoncèrent ses sympathies terroristes quelque peu excessives ; il a prétendu s’être borné (ou à peu près) au rôle d historiographe. C’est pur paradoxe ! Ça ira prend énergiquement fait et cause pour la Terreur. Carducci condamne Louis XVI et Marie-Antoinette avec une rigueur inconnue des historiens impartiaux. Le sonnet qui retrace le meurtre de la princesse de Lamballe est une apologie déguisée de ce crime. Louis XVI, enfin, dans la prison où il se recueille en attendant la mort, est montré par le poète italien « demandant pardon au ciel pour la nuit de la Saint-Barthélemy. » Que voilà donc un « état d’Ame » peu historique ! N’y a-t-il pas tout lieu de croire que Louis XVI, à la veille de mourir, était à cent lieues de penser qu’il expiait les méfaits de Charles IX ? C’est l’impitoyable logique jacobine qui établit des rapprochements de cette sorte.

Il faut tenir compte, dans l’appréciation du Ça ira, de la date où fut publié cet ouvrage. Il parut « pour le 77e anniversaire de la République, » à une époque où la France traversait une nouvelle « année terrible. » Bien que le poète n’y fasse aucune allusion formelle, les événements de 1870-1871 restent toujours présents à son esprit. A l’opprobre de Sedan s’oppose dans sa pensée la gloire de Valmy, de Valmy qui fait l’objet de son dernier sonnet. Plutôt que Sedan, la Terreur ; plutôt Danton que Napoléon III ; plutôt Robespierre que Bazaine, voilà ce qu’on peut lire entre les lignes du Ça ira. Un critique italien a parlé des « Grâces pétrolières » qui avaient servi de marraines à cette poésie. Et ce propos irrita l’auteur. Le mot n’en était pas moins exact.

Indépendamment du Ça ira consacré à un sujet français, Carducci mentionne fréquemment la France dans ses ouvrages. Quel autre pays a été plus étroitement mêlé aux destinées du Risorgimento ? Carducci n’est pas gallophobe, tant s’en faut ; mais c’est exclusivement à la France rouge que vont ses sympathies. Les Iambes et épodes traînent aux gémonies ce peuple devenu infidèle à l’idéal révolutionnaire d’autrefois. Le poète maudit la France impériale « brigande au service du Pape » (masnadière papale). Dans les vers Pour Edouard Corazzini, il invective plus sauvagement encore la « grande nation » au nom de ceux qui crurent en elle, de ceux « qui avaient grandi à ta libre splendeur, de ceux qui t’avaient aimée, ô France ! » Même note dans le Sacre d’Henri V, où il s’élève contre les tentatives de restauration monarchique en France après la chute de l’Empire. Mais c’est surtout contre Bonaparte et le bonapartisme que le poète romain brandit ses foudres vengeresses.

Maurice Muret
Revue des Deux Mondes
Tome 40 – 1907

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CARDUCCI POÈME

 

ET AU-DESSUS, LA MARSEILLAISE – GIOSUÈ CARDUCCI Poème – ÇA IRA (1883)- SONNET XI – Su ì colli de le Argonne alza il mattino

Traduction – Texte Bilingue
CARDUCCI POÈME


 

Giosuè Carducci
1835- 1907

Prix Nobel de Littérature 1906

Traduction Jacky Lavauzelle

Sélection de poèmes de
Giosuè Carducci
*********

ÇA IRA
XI

*********

 


*
ET AU-DESSUS, LA MARSEILLAISE
*

 

Su ì colli de le Argonne alza il mattino
Se lève sur les hauteurs de l’Argonne, un matin
Brumoso, accidioso e lutolento.
Brumeux, boueux, indolent.
Il tricolor bagnato in su’l mulino
Le drapeau tricolore humide, sur les hauteur d’un moulin
Di Valmy chiede in vano il sole e il vento.
De Valmy demande le soleil et le vent en vain.

*

Sta, sta, bianco mugnaio. Oggi il destino
Arrête, arrête, blanc meunier. Aujourd’hui, le destin,
  Per l’avvenire macina l’evento,
Pour l’avenir, moud les évènements
 E l’esercito scalzo cittadino
Et cette armée de pieds nus,
Dà col sangue a la ruota il movimento.
Par son sang, met la roue en mouvement.

*

— Viva la patria — Kellermann, levata
Vive la Patrie !  Kellermann, lève
La spada in fra i cannoni, urla, serrate
Son épée au-dessus des canons, hurlant,
De’ sanculotti l’epiche colonne.
Quand furent regroupés les épiques sans-culottes.

*

La marsigliese tra la cannonata
La Marseillaise entre la canonnade
Sorvola, arcangel de la nova etate,
Monte en flèche, archange du nouvel âge,
Le profonde foreste de le Argonne.
Au-dessus des profondes forêts de l’Argonne.

*

 

*****

Louis XVI en habit de sacre
Joseph-Siffrein Duplessis
1777
Musée Carnavalet Paris 

********

ÇA IRA
XI

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GIOSUE CARDUCCI

********************

LE « ÇA IRA »
Le poète Giosuè Carducci
Maurice Muret
Revue des Deux Mondes
Tome 40 – 1907

…Le sonnet est un moule d’une rare plasticité. Il s’est prêté aux mignardises de Joséphin Soulary comme aux visions grandioses de José Maria de Heredia. Dans leur concision lapidaire, leur âpre et sinistre beauté, les douze sonnets de Ça ira brillent d’un éclat tragique.

C’est au sortir d’une lecture de la Révolution française par Carlyle que Carducci les composa. Sans doute il connaissait aussi Thiers, Louis Blanc et Michelet ; mais la lecture de Carlyle donna l’élan décisif. C’est elle qui força l’inspiration. Comme Carlyle, — et comme Joseph de Maistre, — Carducci voit dans la Révolution française un événement proprement « satanique, » mais le rebelle qu’il est attache à ce terme le sens favorable qui se découvre dans son Hymne à Satan. La Révolution française est pour lui une revanche de la raison, de la liberté, de la justice sur les « tyrannies séculaires » de l’Eglise et de la monarchie. Il a protesté contre les critiques qui dénoncèrent ses sympathies terroristes quelque peu excessives ; il a prétendu s’être borné (ou à peu près) au rôle d historiographe. C’est pur paradoxe ! Ça ira prend énergiquement fait et cause pour la Terreur. Carducci condamne Louis XVI et Marie-Antoinette avec une rigueur inconnue des historiens impartiaux. Le sonnet qui retrace le meurtre de la princesse de Lamballe est une apologie déguisée de ce crime. Louis XVI, enfin, dans la prison où il se recueille en attendant la mort, est montré par le poète italien « demandant pardon au ciel pour la nuit de la Saint-Barthélemy. » Que voilà donc un « état d’Ame » peu historique ! N’y a-t-il pas tout lieu de croire que Louis XVI, à la veille de mourir, était à cent lieues de penser qu’il expiait les méfaits de Charles IX ? C’est l’impitoyable logique jacobine qui établit des rapprochements de cette sorte.

Il faut tenir compte, dans l’appréciation du Ça ira, de la date où fut publié cet ouvrage. Il parut « pour le 77e anniversaire de la République, » à une époque où la France traversait une nouvelle « année terrible. » Bien que le poète n’y fasse aucune allusion formelle, les événements de 1870-1871 restent toujours présents à son esprit. A l’opprobre de Sedan s’oppose dans sa pensée la gloire de Valmy, de Valmy qui fait l’objet de son dernier sonnet. Plutôt que Sedan, la Terreur ; plutôt Danton que Napoléon III ; plutôt Robespierre que Bazaine, voilà ce qu’on peut lire entre les lignes du Ça ira. Un critique italien a parlé des « Grâces pétrolières » qui avaient servi de marraines à cette poésie. Et ce propos irrita l’auteur. Le mot n’en était pas moins exact.

Indépendamment du Ça ira consacré à un sujet français, Carducci mentionne fréquemment la France dans ses ouvrages. Quel autre pays a été plus étroitement mêlé aux destinées du Risorgimento ? Carducci n’est pas gallophobe, tant s’en faut ; mais c’est exclusivement à la France rouge que vont ses sympathies. Les Iambes et épodes traînent aux gémonies ce peuple devenu infidèle à l’idéal révolutionnaire d’autrefois. Le poète maudit la France impériale « brigande au service du Pape » (masnadière papale). Dans les vers Pour Edouard Corazzini, il invective plus sauvagement encore la « grande nation » au nom de ceux qui crurent en elle, de ceux « qui avaient grandi à ta libre splendeur, de ceux qui t’avaient aimée, ô France ! » Même note dans le Sacre d’Henri V, où il s’élève contre les tentatives de restauration monarchique en France après la chute de l’Empire. Mais c’est surtout contre Bonaparte et le bonapartisme que le poète romain brandit ses foudres vengeresses.

Maurice Muret
Revue des Deux Mondes
Tome 40 – 1907

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CARDUCCI POÈME

 

LES MASSACRES DE SEPTEMBRE 1792- GIOSUÈ CARDUCCI Poème – ÇA IRA (1883)- SONNET VI – Su l’ostel di città stendardo nero

Traduction – Texte Bilingue
CARDUCCI POÈME


 

Giosuè Carducci
1835- 1907

Prix Nobel de Littérature 1906

Traduction Jacky Lavauzelle

Sélection de poèmes de
Giosuè Carducci
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ÇA IRA
VI

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LES MASSACRES DE SEPTEMBRE
2 au 7 septembre 1792

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Su l’ostel di città stendardo nero
La bannière noire sur l’Hôtel de Ville,
— Indietro! — dice al sole ed a l’amore:
Dit : Reculez! au soleil et à l’amour :
 Romba il cannone, nel silenzio fiero,
Le vrombissement du canon, dans un fier silence,
Di minnto in minuto ammonitore.
Avertit minute après minute.

*

Gruppo d’antiche statue severo
Les groupes semblent de sévères statues antiques
  Sotto i nunzi incalzantisi con l’ore
Sous les appels croissant avec les heures,
Sembra il popolo: in tutti uno il pensiero
Une unique pensée pour chacun :
— Perché viva la patria, oggi si muore. —
– La mort aujourd’hui pour que vive la Patrie ! –

In conspetto a Danton pallido enorme
A côté de l’énorme et pâle Danton
Furie di donne sfilano, cacciando
Défilent des furies de femmes, marchant
Gli scalzi fiorii sol di rabbia armati.
Les pieds nus armés par la seule rage.

*

Marat vede ne l’aria oscura torme
Marat voit passant dans l’air obscur
 D’uomini con pugnali erti passando,
Des hommes aux poignards brandis :
 E piove sangue donde son passati.
Il a plu du sang sur leur passage !

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Le massacre au Châtelet

 


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ÇA IRA
VI

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GIOSUE CARDUCCI

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LE « ÇA IRA »
Le poète Giosuè Carducci
Maurice Muret
Revue des Deux Mondes
Tome 40 – 1907

…Le sonnet est un moule d’une rare plasticité. Il s’est prêté aux mignardises de Joséphin Soulary comme aux visions grandioses de José Maria de Heredia. Dans leur concision lapidaire, leur âpre et sinistre beauté, les douze sonnets de Ça ira brillent d’un éclat tragique.

C’est au sortir d’une lecture de la Révolution française par Carlyle que Carducci les composa. Sans doute il connaissait aussi Thiers, Louis Blanc et Michelet ; mais la lecture de Carlyle donna l’élan décisif. C’est elle qui força l’inspiration. Comme Carlyle, — et comme Joseph de Maistre, — Carducci voit dans la Révolution française un événement proprement « satanique, » mais le rebelle qu’il est attache à ce terme le sens favorable qui se découvre dans son Hymne à Satan. La Révolution française est pour lui une revanche de la raison, de la liberté, de la justice sur les « tyrannies séculaires » de l’Eglise et de la monarchie. Il a protesté contre les critiques qui dénoncèrent ses sympathies terroristes quelque peu excessives ; il a prétendu s’être borné (ou à peu près) au rôle d historiographe. C’est pur paradoxe ! Ça ira prend énergiquement fait et cause pour la Terreur. Carducci condamne Louis XVI et Marie-Antoinette avec une rigueur inconnue des historiens impartiaux. Le sonnet qui retrace le meurtre de la princesse de Lamballe est une apologie déguisée de ce crime. Louis XVI, enfin, dans la prison où il se recueille en attendant la mort, est montré par le poète italien « demandant pardon au ciel pour la nuit de la Saint-Barthélemy. » Que voilà donc un « état d’Ame » peu historique ! N’y a-t-il pas tout lieu de croire que Louis XVI, à la veille de mourir, était à cent lieues de penser qu’il expiait les méfaits de Charles IX ? C’est l’impitoyable logique jacobine qui établit des rapprochements de cette sorte.

Il faut tenir compte, dans l’appréciation du Ça ira, de la date où fut publié cet ouvrage. Il parut « pour le 77e anniversaire de la République, » à une époque où la France traversait une nouvelle « année terrible. » Bien que le poète n’y fasse aucune allusion formelle, les événements de 1870-1871 restent toujours présents à son esprit. A l’opprobre de Sedan s’oppose dans sa pensée la gloire de Valmy, de Valmy qui fait l’objet de son dernier sonnet. Plutôt que Sedan, la Terreur ; plutôt Danton que Napoléon III ; plutôt Robespierre que Bazaine, voilà ce qu’on peut lire entre les lignes du Ça ira. Un critique italien a parlé des « Grâces pétrolières » qui avaient servi de marraines à cette poésie. Et ce propos irrita l’auteur. Le mot n’en était pas moins exact.

Indépendamment du Ça ira consacré à un sujet français, Carducci mentionne fréquemment la France dans ses ouvrages. Quel autre pays a été plus étroitement mêlé aux destinées du Risorgimento ? Carducci n’est pas gallophobe, tant s’en faut ; mais c’est exclusivement à la France rouge que vont ses sympathies. Les Iambes et épodes traînent aux gémonies ce peuple devenu infidèle à l’idéal révolutionnaire d’autrefois. Le poète maudit la France impériale « brigande au service du Pape » (masnadière papale). Dans les vers Pour Edouard Corazzini, il invective plus sauvagement encore la « grande nation » au nom de ceux qui crurent en elle, de ceux « qui avaient grandi à ta libre splendeur, de ceux qui t’avaient aimée, ô France ! » Même note dans le Sacre d’Henri V, où il s’élève contre les tentatives de restauration monarchique en France après la chute de l’Empire. Mais c’est surtout contre Bonaparte et le bonapartisme que le poète romain brandit ses foudres vengeresses.

Maurice Muret
Revue des Deux Mondes
Tome 40 – 1907

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CARDUCCI POÈME