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SOUVENIR- Poème de Friedrich Hölderlin – ANDENKEN

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*LITTERATURE ALLEMANDE
Deutsch Literatur

Friedrich Hölderlin
1770-1843

Traduction Jacky Lavauzelle

——–

die Gedichte
Les Poèmes

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ANDENKEN
SOUVENIR

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Isaac Levitan, Paix éternelle, 1893


Der Nordost wehet,
Celui du nord-est souffle,
Der liebste unter den Winden
Le plus aimé des vents
Mir, weil er feurigen Geist
Pour moi, car c’est le plus fougueux,
Und gute Fahrt verheißet den Schiffern.
Celui qui promet une bonne navigation aux marins.
Geh aber nun und grüße
Mais, va maintenant et salue
Die schöne Garonne,
La belle Garonne,
Und die Gärten von Bourdeaux
Et les jardins de Bordeaux
Dort, wo am scharfen Ufer
Là-bas, où sur la rive pointue
Hingehet der Steg und in den Strom
S’étire le chemin et où le ruisseau
Tief fällt der Bach, darüber aber
Chute profondément, mais au-dessus
Hinschauet ein edel Paar
Regarde ce noble couple
Von Eichen und Silberpappeln;
De chênes et de peupliers argentés ;

*

Noch denket das mir wohl und wie.
J’y repense toujours.
Die breiten Gipfel neiget
Le large sommet plonge
Der Ulmwald, über die Mühl,
Ses ormes sur le moulin,
Im Hofe aber wächset ein Feigenbaum.
Mais un figuier pousse dans la cour.
An Feiertagen gehn
Les jours de fêtes, vont
Die braunen Frauen daselbst
Les femmes brunes, là-bas
Auf seidnen Boden,
Sur le plancher soyeux,
Zur Märzenzeit,
Au temps de mars,
Wenn gleich ist Nacht und Tag,
Quand la nuit et le jour sont identiques,
Und über langsamen Stegen,
Et sur des lentes nervures,
Von goldenen Träumen schwer,
Pleines de rêves dorés,
Einwiegende Lüfte ziehen.
Glisse l’air.

*

Es reiche aber,
Mais c’est assez,
Des dunkeln Lichtes voll,
De cette lumière sombre,
Mir einer den duftenden Becher,
Que l’on me porte la tasse parfumée,
Damit ich ruhen möge; denn süß
Afin que le repos je trouve ; quelle douceur
Wär unter Schatten der Schlummer.
Ce serait sous les ombres du sommeil.
Nicht ist es gut,
Ce n’est pas bon
Seellos von sterblichen
De ne point avoir dans l’âme de mortelles
Gedanken zu sein. Doch gut
Pensées. Comme il est bon pourtant
Ist ein Gespräch und zu sagen
De converser et de dire
Des Herzens Meinung, zu hören viel
L’opinion du cœur, d’entendre longuement
Von Tagen der Lieb,
Des jours de l’amour,
Und Taten, welche geschehen.
Et des grandes actions qui se produisent.

*

Wo aber sind die Freunde? Bellarmin
Mais où sont mes amis ? Bellarmin
Mit dem Gefährten? Mancher
Avec son compagnon ? Certains
Trägt Scheue, an die Quelle zu gehn;
Sont timides en remontant à la source ;
Es beginnet nämlich der Reichtum
C’est que la richesse commence
Im Meere. Sie,
Dans la mer. Eux,
Wie Maler, bringen zusammen
Comme des peintres, rassemblent
Das Schöne der Erd und verschmähn
La beauté de la terre et ne méprisent
Den geflügelten Krieg nicht, und
Point la guerre ailée, ni
Zu wohnen einsam, jahrlang, unter
De vivre seul, pendant des années, sous
Dem entlaubten Mast, wo nicht die Nacht durchglänzen
Le mât défolié, où la nuit ne brille plus
Die Feiertage der Stadt,
Des fêtes de la ville,
Und Saitenspiel und eingeborener Tanz nicht.
Avec ses musiques et ses danses.

*

Nun aber sind zu Indiern
Mais maintenant vers les Indes,
Die Männer gegangen,
Les hommes sont partis,
Dort an der luftigen Spitz
Là sur la pointe aérienne
An Traubenbergen, wo herab
Des montagnes de raisin, d’où
Die Dordogne kommt,
La Dordogne vient,
Und zusammen mit der prächtgen
Et, ensemble, avec la magnifique
Garonne meerbreit
Garonne, si large,
Ausgehet der Strom. Es nehmet aber
Unissent les courants. Mais elle prend
Und gibt Gedächtnis die See,
Et donne la mémoire, la mer,
Und die Lieb auch heftet fleißig die Augen,
Et l’amour y plonge ses yeux avec diligence,
Was bleibet aber, stiften die Dichter.
Mais ce qui reste nourrit les poètes.


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