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UNDER THE TREE : Un arbre dans les entrailles du volcan – 2017 – Critique du film de Hafsteinn Gunnar Sigurðsson

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Affiche du film Under the Tree
Critique Cinéma

2017

UNDER THE TREE

 

Drame Islandais
de
Hafsteinn Gunnar Sigurðsson

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Un arbre dans les entrailles du volcan

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Acteurs
Steinbor Hroar Steinborsson, Edda Björgvinsdottir, Lára Jóhanna Jónsdóttir, Sigurður Sigurjónsson, Selma Björnsdóttir , Þorsteinn Bachmann.

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Une ombre plane sur Atli, jeune père islandais, joué par Steinbor Hroar Steinborsson. Son épouse, jouée par Lára Jóhanna Jónsdóttir, le surprend à regarder une sextape, des images de ses ébats avec une autre femme, son ex, Selma Björnsdóttir (Dans la vie, célèbre chanteuse islandaise connue sous le nom de Selma).
Une autre ombre plane. Une ombre dans sa famille, où il se réfugie après avoir été chassé par sa femme.
Une ambiance lourde y pèse à cause du suicide de son frère et de problèmes apparemment anodins de voisinage.
Voici cette ombre qui plane entre les parents d’Alti et leurs voisins, à cause justement de l’ombre causée par un arbre imposant.
Une banale image regardée va conduire à la séparation du couple et à l’hystérie d’Alti. Un banal feuillage va engendrer les pires atrocités et l’irréparable massacre final. Une banale disparition va engendrer d’autres disparitions…

Yggdrasil, l’Arbre du Monde.

Nous sommes dans la banlieue de Reykjavik, une banlieue terne et triste. Pendant que la voisine, sportive, essaie tranquillement de bronzer, ce qui est déjà difficile dans un pays qui connaît peu d’occasion de se prélasser au soleil. Mais la voici gênée par le bruit de la tondeuse du voisin et les ramures de l’arbre du voisin.
Et si les possibilités de bronzer sont rares, les arbres dans ce pays le sont tout autant. L’Islande est en effet le pays le moins boisé d’Europe, à cause notamment du déboisement vigoureusement intensif des Vikings.
Comme dans d’autres pays, ce qui est rare entraîne souvent des graves et violents conflits, il n’en faut pas plus à nos protagonistes pour faire éclater leurs haines et leurs violences.
La voisine lance son mari, Þorsteinn Bachmann, à l’assaut des voisins pour les obliger à élaguer l’arbre imposant et importun. Mais la tranquillité ne viendra pas du compromis et du dialogue.

Dans son interprétation du mal et de la folie, Edda Björgvinsdottir, la mère d’Alti est diabolique à souhait et nous ne savons jamais si elle est consciente de ses actions.
Son chat disparaît comme souvent le font les chats. Rien d’anormal à cela. Mais elle se met dans la tête que les voisins seuls sont les responsables et le train de la fatalité est alors lancé.
Le pauvre mari, joué par Sigurður Sigurjónsson, est balloté dans cette folie vengeresse, avec comme seule bouée, la chorale locale, où l’on évoque la glace et les ténèbres !
Il essaie de colmater ce qu’il peut mais comme une branche dans un rapide, il ne peut que se diriger vers son tragique destin.

Yggdrasil, Peinture attribuée à Oluf Bagge.

Ce film ressemble étrangement à un western, il s’agirait d’une sorte de western islandais où les armes deviendraient des tronçonneuses, des outils de jardinage, des langues incisives, des pneus crevés, des chiens empaillés… Le monde de Hafsteinn Gunnar Sigurðsson est carcéral. Petit à petit, les êtres se referment dans leur isolement et dans leur folie. Tout est si réglé, si ordonné à l’extérieur. Un véritable ennui plane sur chaque image. Comme si la folie n’était que cette possibilité de survivre à cet anéantissement de la vie. Ce sont des riens qui à chaque fois servent de prétextes à la violence et aux règlements de compte.

Dans la tradition Viking, nous avons l’Yggdrasil, l’arbre monde qui est l’axe qui relie le ciel, la terre et le monde souterrain. Il s’agit aussi d’un arbre de la connaissance.
L’arbre ici doit d’abord être seulement élagué, mais ensuite il sera tronçonné directement au tronc. Le ciel ne sera plus relié et les humains se retrouveront piégés dans le cercle de la vengeance et de la haine.
En coupant l’arbre, les trois racines de la tradition vont périr, dont la troisième qui provient directement du puits d’Urd, ce même puits qui est gardé par les trois Nornes, celles qui tissent la destinée.

Le destin s’annonce terrible et cruel. Nous rentrerons au cœur des éléments déchaînés, la mer, les volcans, et la vie des hommes à l’intérieur est de la même matière.

Tout est prêt pour l’explosion. L’au-delà n’est jamais loin…

« Heyrið brim á björgum svarra,
Entendez les vagues sur les falaises noires,
bylja þjóta svipi snarra :
les vents souffler de l’au-delà…é
(Lands-lag Grímur THOMSEN-CHANT DU PAYS – Trad. J. Lavauzelle)

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LES TRADUCTIONS
ISLANDAIS
SUR ARGITATO