LES PLACES DE ROME
PIAZZE DI ROMA
ROME – ROMA

Photos Jacky Lavauzelle
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« Nous aimons à rôder sur la place Navone.
Ah ! le pied n’y bat point l’asphalte monotone,
Mais un rude pavé, houleux comme une mer. »
Sully Prudhomme
LA FONTAINE DU MAURE
Fontana del Moro
The Moor Fontain

LA FONTAINE DE NEPTUNE
La fontana del Nettuno
the Neptune Fountain

« Un cheval qui s’élance en ouvrant les narines… »
Sully Prudhomme

« Au beau milieu surgit un chaos où l’on voit
Dans un antre de pierre un gros lion qui boit… »
Sully Prudhomme
LA FONTAINE DES QUATRE-FLEUVES
Fontana dei Quattro Fiumi
The Fountain of the Four Rivers
Œuvre du Bernin
4 fleuves des 4 Continents sont représentés :
– Le Nil (Afrique) : celui qui se cache les yeux (on ne connaît pas alors la source du Nil)
– Le Rio del Plata (Amérique)
– Le Gange (Asie)
– Le Danube (Europe)
Allégories aussi sont de l’œuvre de Borromini

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JAUCOURT
L’ENCYCLOPEDIE
1ère édition
Tome 14
1751
ROME
« La place Navone s’appelloit autrefois platea agonalis, c’est-à-dire, la place des combats, parce que c’étoit un cirque bâti par Alexandre Severe. Elle est cinq ou six fois plus longue que large. & une de ses extrémités est un arc de cercle. On y voit le palais du prince Pamphile, ainsi que la belle église qu’il a fait bâtir en l’honneur de sainte Agnès.
Le milieu de la place Navone est moins élevé que les bords ; de maniere qu’on en peut faire une espece de lac, en fermant les conduits par lesquels s’écoule l’eau des trois grandes fontaines qui sont sur cette place. On a mis au pié du rocher, quatre figures colossales qui représentent les quatre grands fleuves des quatre parties du monde ; le Gange pour l’Asie, le Nil pour l’Égypte, le Danube pour l’Europe, & le Rio de la Plata pour l’Amérique. On peut donner trois piés d’eau au milieu de la place Navone, & c’est ce qu’on fait fréquemment dans les grandes chaleurs, une heure avant le coucher du Soleil.
Le college de la Sapienza n’est pas éloigné de la place Navone. »
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LA PLACE NAVONE
Poésie de SULLY PRUDHOMME
1872
Nous aimons à rôder sur la place Navone.
Ah ! le pied n’y bat point l’asphalte monotone,
Mais un rude pavé, houleux comme une mer.
Des maraîchers y font leurs tentes tout l’hiver,
Et les enfants, l’été, s’ébattent dans l’eau, bleue,
Sous le triton qui tient un dauphin par la queue.
Au beau milieu surgit un chaos où l’on voit
Dans un antre de pierre un gros lion qui boit,
Près d’un palmier, parmi des floraisons marines ;
Un cheval qui s’élance en ouvrant les narines ;
Un obélisque en l’air sur un tas de récifs,
Flanqué de quatre dieux aux gestes sans motifs.
Nous aimions ce grand cirque à fortune inégale
Où le taudis s’accote à la maison ducale.
Nous y venions surtout dans les jours de marché :
C’est là que nous avons avec amour cherché
Quelque précieux tome, embaumé dans sa crasse,
De Marsile Ficin, de Quinault ou d’Horace,
Et, parmi les chaudrons, les vestes, les fruits secs,
Les poignards et les clefs, ces lampes à trois becs,
De forme florentine, aux supports longs et minces,
Où pend tout un trousseau d’éteignoirs et de pinces,
Et qui, flambeaux naïfs des poètes fameux,
Nous font croire, la nuit, que nous pensons comme eux.