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MONUMENTO MARTINEZ CAMPOS Madrid Памятник Мартинес Кампос

Madrid – Мадрид – 马德里
Monumento Martinez Campos
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Madrid Blason Artgitato  Madrid L'Ours & L'arbousier Artgitato La estatua del oso y del madroño

Photo Jacky Lavauzelle
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Madrid Drapeau Artgitato



 MONUMENTO A MARTINEZ CAMPOS
Monument à Martinez Campos
Памятник Мартинес Кампос

PARQUE DE EL RETIRO

 

Arsenio Martínez-Campos Antón
1831-1900

Arsenio_martinez_campos

Martinez Campos Monumento Monument Parque de El Retiro Madrid Artgitato (1) Martinez Campos Monumento Monument Parque de El Retiro Madrid Artgitato (2) Martinez Campos Monumento Monument Parque de El Retiro Madrid Artgitato (3) Martinez Campos Monumento Monument Parque de El Retiro Madrid Artgitato (4)

UN DES PLUS BRILLANTS CHEFS MILITAIRE DE L’ESPAGNE
LE PACIFICATEUR DE CUBA
1879

L’Espagne à son tour vient d’avoir sa crise intérieure, une crise ministérielle qui s’est dénouée en quelques jours par la retraite de M. Canovas del Castillo et par l’avènement à la présidence du conseil du général Martinez Campos. A proprement parler, ce n’est point un changement de direction politique, puisque le nouveau cabinet comme l’ancien est l’expression des opinions conservatrices libérales qui ont trouvé jusqu’ici une majorité dans les cortès, et que de plus, comme pour rendre le fait plus sensible, quelques-uns des collègues de M. Canovas del Castillo, M. de Toreno, M. Orovio, M. Pavia, restent dans le ministère du général Martinez Campos. La modification qui vient de s’accomplir à Madrid n’a pas moins sa gravité parce qu’elle est la première de cette importance depuis le rétablissement de la monarchie et parce qu’elle est née de circonstances particulières. Comment s’est donc produite cette crise qui pendant quelques jours a si vivement occupé Madrid ? Mon Dieu ! il y a peut-être au fond une raison bien simple, très humaine, qui joue souvent un plus grand rôle qu’on ne le croit dans la politique : ces » que M. Canovas del Castillo était depuis longtemps aux affaires ! M. Canovas del Castillo a été le véritable organisateur de cette restauration espagnole dont le général Martinez Campos avait été le premier promoteur militaire. Depuis l’avènement du roi Alphonse, il n’a cessé d’être au pouvoir, ayant à faire face à des difficultés de toute sorte, à la guerre civile du nord, à l’insurrection de Cuba, à toutes les nécessités d’une réorganisation intérieure, déployant à cette œuvre autant de souplesse que de fermeté, évitant toute concession aux idées anarchiques et toute réaction absolutiste ou religieuse. Il a voulu être le premier ministre d’une restauration constitutionnelle, il a réussi ; mais il est depuis plus de quatre ans déjà au pouvoir, et dans un pays comme l’Espagne, même dans bien d’autres pays, un ministère si prolongé finit par irriter les partis à peine réconciliés, M, Canovas del Castillo était le premier à le sentir ; il comprenait qu’à l’approche d’une dissolution devenue inévitable des cortès il devait offrir au roi sa démission, ne fût-ce que pour ne pas paraître vouloir prolonger son règne ministériel à la faveur des élections. Rien n’était encore décidé cependant, et ce qui en réalité a déterminé ou précipité la crise, c’est l’arrivée à Madrid du général Martinez Campos revenant en triomphateur de Cuba.
Le général Martinez Campos, qui le premier il y a quatre ans relevait le drapeau du roi Alphonse, est aujourd’hui un des plus brillants chefs militaires de l’Espagne. Après avoir contribué avec un certain éclat à terminer la guerre carliste, il vient de passer deux années à Cuba, où il a réussi à en finir avec une insurrection de dix ans. Il ne s’est pas borné à agir en soldat, il a procédé en politique. Il n’a pas tardé à comprendre que cette pacification qu’il venait de réaliser ne serait durable qu’avec de grandes et sérieuses réformes politiques, commerciales, financières. Il s’est fait tout un programme, et c’est pour assurer la réalisation de ce programme qu’il est revenu récemment à Madrid avec le prestige d’un nom popularisé par le succès. Les idées du gouverneur de Cuba peuvent être justes ; mais on ne peut se dissimuler qu’elles sont de nature à imposer de singulières charges aux finances déjà assez pauvres de l’Espagne et qu’elles touchent à bien des intérêts puissants, tenaces de la métropole, M. Canovas del Castillo a-t-il vu tout de suite qu’il ne pourrait accepter la responsabilité d’une politique qui, dans tous les cas, avait besoin de la sanction de nouvelles cortès ? Il a cru surtout évidemment l’occasion favorable pour s’effacer devant un brillant successeur, et c’est dans ces conditions que le jeune roi, après avoir consulté tous les chefs de partis, après avoir écouté tout le monde, s’est décidé à appeler à la présidence du conseil le général Martinez Campos lui-même. Aujourd’hui, c’est sous les auspices du nouveau ministère que vont être élues les cortès appelées à sanctionner ou à modifier les plans de l’heureux pacificateur de Cuba ; mais, quel que soit le sort des réformes coloniales, c’est toujours visiblement la politique constitutionnelle, la politique de libéralisme conservateur, qui garde le pouvoir et l’ascendant au delà des Pyrénées.

Charles de Mazade
Chronique de la quinzaine, histoire politique et littéraire – 14 mars 1879
Revue des Deux Mondes, 3e période
Tome 32, 1879 pp. 469-480

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LE GENERAL MARTINEZ CAMPOS  EN 1888

« Comment cela s’est-il passé ? On ne s’y attendait peut-être pas sitôt. Un incident imprévu et assez singulier, d’une nature assez délicate, est venu tout précipiter. En l’absence de la reine, il est d’usage que la première autorité militaire de Madrid aille tous les jours prendre le mot d’ordre auprès de la personne de la famille royale la plus rapprochée du trône. Après le départ de la régente, le capitaine-général de la Nouvelle-Castille, gouverneur militaire de Madrid, le général Martinez Campos, qui est un personnage important de la situation, s’est conformé à l’usage en se rendant tous les jours auprès de l’infante Isabelle, qui a été elle-même un moment princesse des Asturies, héritière du trône. L’infante Isabelle a quitté à son tour Madrid ; il n’est plus resté que l’infante Eulalia, mariée à un fils du duc de Montpensier, officier dans l’armée active, et le gouverneur de Madrid, s’en tenant strictement à l’ordonnance militaire, ne s’est plus cru obligé d’aller chercher le mot d’ordre auprès d’une princesse dont le mari est son subordonné. La question a été soumise au ministre de la guerre, qui était en ce moment auprès de la régente à Barcelone, et le ministre, le général Cassola, paraît avoir répondu d’un ton impérieux et cassant, en homme qui n’était pas lâché de faire sentir son autorité au gouverneur de Madrid. Le général Martinez Campos a répondu aussitôt par sa démission, — et voilà la guerre allumée pour le mot d’ordre qui n’a pas été demandé à l’infante ! S’il y a eu quelque plainte, elle ne paraît pas être venue de l’infante elle-même, et comme, d’un autre côté, le général Martinez Campos, qui est un des principaux auteurs de la restauration, un des serviteurs les plus résolus de la monarchie, ne peut pas être soupçonné d’avoir voulu manquer d’égards à une personne de la maison royale, il est clair que l’incident survenu à Madrid n’a été qu’une occasion. La question d’étiquette n’a été qu’un prétexte dans une situation déjà compromise, devenue de plus en plus laborieuse et confuse par le trouble des partis, par l’ébranlement de la majorité ministérielle, par la difficulté qu’éprouve le chef du cabinet, M. Sagasta, à faire accepter sa politique. Le fait est que, depuis quelque temps, le ministère rencontre une assez vive opposition, même parmi ses amis. Le ministre de la guerre, le général Cassola, avec ses réformes militaires, n’a réussi qu’à mettre successivement contre lui tous les généraux. Le ministre des finances, de son côté, M. Puigcerver, avec ses projets économiques, a soulevé les plus vives contradictions. Le président du conseil, enfin, s’est exposé à lasser ses partisans avec sa politique semi-réformatrice, à la fois agitée et indécise. Tout tendait à se disloquer, et le général Martinez Campos, qui représente une des fractions constitutionnelles dont l’appui a été jusqu’ici une des forces du ministère, le général Martinez Campos, par sa retraite, n’a fait que hâter une crise qui se préparait depuis quelque temps déjà.
Ce qui sortira maintenant de cette crise ouverte à Madrid est assez difficile à prévoir, d’autant plus que les conditions parlementaires n’ont rien de clair et de précis. Le chef du cabinet, M. Sagasta, est sans doute un homme de ressources et de dextérité, expert dans toutes les combinaisons, habile à raffermir une situation ébranlée et à refaire un ministère. Il paraît évident, toutefois, que le système d’équilibre qu’il a suivi jusqu’ici est à peu près épuisé. Il est obligé de prendre un parti, de se décider à chercher un appui dans un libéralisme plus avancé, dont il devra payer l’alliance par des concessions nouvelles, ou de se replier vers les groupes constitutionnels plus modérés, en ajournant quelques-unes des réformes qu’il a inscrites dans son programme. Ce sont des évolutions qui ne sont peut-être pas sans difficultés et sans périls, même pour un tacticien expérimenté. Si M. Sagasta, soit par lassitude, soit par prévoyance, croit le moment venu pour lui de quitter le pouvoir, il n’y a plus que cette alternative : ou bien les conservateurs dirigés par M. Canovas del Castillo reviendront avant peu aux affaires, ou bien il se formera un cabinet avec le ministre de la justice, M. Alonso Martinez, qui représente un libéralisme modéré, les opinions constitutionnelles auxquelles se rallie le général Martinez Campos. Ce serait, dans tous les cas, une expérience nouvelle, et c’est ainsi que les brillantes fêtes de Barcelone ont pour lendemain cette crise ministérielle que la reine et le président du conseil ont trouvée ouverte à Madrid, qui a cela de caractéristique qu’elle est la première crise un peu décisive depuis l’inauguration de la régence espagnole. »

Ch. de Mazade
Chronique de la quinzaine, histoire politique et littéraire – 14 juin 1888
Revue des Deux Mondes, 3e période,
tome 87, 1888 – pp. 945-956