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ALLA LUNA GIACOMO LEOPARDI A LA LUNE CANTI LES CHANTS XIV

Alla Luna Giacomo Leopardi

Traduction – Texte Bilingue
LITTERATURE ITALIENNE

 

Letteratura Italiana

giacomo-leopardi-poesie-poesia-artgitato-ferrazzi-casa-leopardi

ritratto A Ferrazzi
Portrait de Ferrazzi
casa Leopardi
Recanati
Via Giacomo Leopardi

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GIACOMO LEOPARDI
29 juin 1798 Recanati 14 juin 1837 Naples
Recanati 29 giugno 1798 –
Napoli 14 giugno 1837

Traduction Jacky Lavauzelle

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ALLA LUNA Giacomo Leopardi
CANTI XIV

A LA LUNE
LES CHANTS XIV

OEUVRE DE GIACOMO LEOPARDI

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alla-luna-giacomo-leopardi-a-la-lune-artgitato-caspar-david-friedrich-mondaufgang-uber-dem-meerCaspar David Friedrich
Le Lever de lune sur la mer
Mondaufgang am Meer
1821
Musée de l’Ermitage
Saint Pétersbourg

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ALLA LUNA GIACOMO LEOPARDI A LA LUNE

 O graziosa luna, io mi rammento
O belle lune, je me souviens
 Che, or volge l’anno, sovra questo colle
Que, l’année passée, sur cette colline
Io venia pien d’angoscia a rimirarti:
Plein d’angoisse, je venais te contempler :
 E tu pendevi allor su quella selva
Et tu pendais alors sur cette forêt
 Siccome or fai, che tutta la rischiari.
Eclairant tout, tout comme cette nuit.
 Ma nebuloso e tremulo dal pianto
Mais nébuleux et tremblant, par mes larmes
Che mi sorgea sul ciglio, alle mie luci
Qui assaillaient mes cils, à mes yeux
Il tuo volto apparia, che travagliosa
Ton visage m’apparaissait, car instable
  Era mia vita: ed è, nè cangia stile,
Était ma vie : et elle l’est, non ne change pas,
O mia diletta luna. E pur mi giova
O ma lune bien-aimée. O combien pur devrait
 La ricordanza, e il noverar l’etate
Être le souvenir et le décompte
  Del mio dolore. Oh come grato occorre
De ma douleur. Quelle joie accompagne
Nel tempo giovanil, quando ancor lungo
Ma jeunesse passée, quand, encore imposant,
 La speme e breve ha la memoria il corso,
Apparaît l’espoir et courte la mémoire,
Il rimembrar delle passate cose,
Que dure le souvenir des choses passées,
 Ancor che triste, e che l’affanno duri!
Même tristes, que dure mon tourment !

 

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ALFRED DE MUSSET GRAND LECTEUR DE GIACOMO LEOPARDI
DEUX ÂMES SOEURS

Outre les sonnets de Michel-Ange, Alfred relisait sans cesse, jusqu’à les savoir par cœur, les poésies de Giacomo Leopardi, dont les alternatives de sombre tristesse et de douce mélancolie répondaient à l’état présent de son esprit. Lorsqu’il frappait sur la couverture du volume, en disant : « Ce livre, si petit, vaut tout un poème épique, » il sentait que l’âme de Leopardi était sœur de la sienne. Les Italiens ont la tête trop vive pour aimer beaucoup la poésie du cœur. Il leur faut du fracas et de grands mots. Plus malheureux qu’Alfred de Musset, Leopardi n’a pas obtenu justice de ses compatriotes, même après sa mort. Alfred en était révolté. Il voulut d’abord écrire un article, pour la Revue des Deux-Mondes, sur cet homme qu’il considérait comme le premier poète de l’Italie moderne. Il avait même recueilli quelques renseignements biographiques, dans ce dessein ; mais, en y rêvant, il préféra payer en vers son tribut d’admiration et de sympathie au Sombre amant de la Mort. De là sortit le morceau intitulé Après une lecture, qui parut le 15 novembre 1842.
En faisant la part de son exagération naturelle et de son excessive sensibilité, il faut pourtant reconnaître que, dans cette fatale année 1842, les blessures ne furent pas épargnées à Alfred de Musset. Il se plaignait que, de tous les côtés à la fois, lui venaient des sujets de désenchantement, de tristesse et de dégoût. « Je ne vois plus, disait-il, que les revers de toutes les médailles. »

Paul de Musset
Biographie de Alfred de Musset
Troisième partie
1837-1842
Charpentier, 1888
pp. 185-284