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CIRKOPOLIS, LE SOLEIL BRILLE ENCORE DANS LA NUIT Poème de Jacky Lavauzelle

Poème




 CIRQUE ELOIZE
CIRK
OPOLIS
Le Soleil brille encore dans la nuit

*

D’après Miss Lala au Cirque Fernando (négatif)
Edgar Degas
1879








*

La parole n’est plus
Elle est morte
Les mots ne s’entendent plus
Que des pas cadencés
Le mal est dans la ville
Dans le noir de la ville
Les âmes sont sombres tellement
Le soleil a quitté le coin de la rue
Des hommes passent
Nous regardent
Nous inspectent
Des gestes et des regards
Au-devant
Le soleil ne reviendra plus
Dit-on
Des tuniques longues et grises
Inquiétantes
Frappent le pavé
Un ton
Claquent du talon
Des musiques rondes et soumises
Lancinantes
Marchent au clairon
Une note vêtue de noir
Une goutte de rosée lourde d’encre
Une résistance
La note s’éclaire
La goutte en pluie se transforme
Une pluie
Une fenêtre s’ouvre
Sur le souvenir d’un rêve
Sous la poussière des lieux
Metropolis roule
Brise
Broie
Les roues, le sang et les chaînes
Les rires, les lacets et les couleurs
Des clous et des peines
Et du sang
Cirkopolis
Un tremblement
Une table et une pile
Qui s’entasse
Et une table qui plie
Une barques d’ordres naviguent
Et des poussières qui volent
L’homme est assis
Nous tourne le dos
Son âme émiettée s’envole
Dans les volutes des cassures
Mais qui résiste
L’homme
Qui se voûte et qui crie
Ne nous voit plus
Il crie
A l’intérieur
Juste à l’intérieur
Déjà les cœurs tremblent
En anneaux de lumière
Des filles souples et des couples lianes
Des rivières de contorsion
Des mats chinois d’abandon
Des bascules coréennes de fusion
Une roue cyr des passions
Des pyramides humaines d’anges
Et des ailes dans le gris des temps
Qui partent
et des lumières dans des roues infinies
Qui flashent
Aux impossibles pistes aux cercles étourdis
La limite impossible et des corps et des mains
La danse des roues
Tout est impossible
La roue du temps
Aussi
Des mondes de héros aux corps élastiques
Le feu doux des éclaireurs
Qui poussent et repoussent
Un peu plus loin
Est-ce possible ?
Si ce n’est dans les mots
Ce sera dans les corps
Des héros des plis et des chants dépliés des membres
Aux impossibles étreintes dans l’espace
Des complaintes
Un refus du rigide et du code des contraintes
Dans le seul bruit de la mort
Quand le corps s’affole et que seul résiste
Une main, un pied, une tête
Au-dessus
Qui tombe sans tomber
Qui s’écrase sans mourir
Deux mains, deux pieds
Trois mains puis des milliers
Il s’entend dans ces corps
Le repos des cœurs qui se cassent
Et reviennent encore
Pour se briser à nouveau
Le corps peut-il aller si loin
Si beau ?
Les pas qui résonnent s’ensorcellent dans l’image
Mais un objet
Un seul
Une main, un pied, une tête
Des rêves par milliers
Et la journée qui s’enchante
Le soleil encore brille
Même dans nos nuits

Jacky Lavauzelle

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Poème

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