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CATULLE XXIX CATULLUS – IN CAESAREM – CONTRE CESAR

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CATULLE CATULLUS XXIX

litterarumLittérature Latine
Catulle

Poeticam Latinam

Traduction Jacky Lavauzelle

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CATULLE – CATULLUS
84 av J.-C. – 54 av J.-C.

POESIE XXIX

 IN CAESAREM

CONTRE CESAR

***

Quis hoc potest videre, quis potest pati,
Quel homme peut voir et peut accepter
Nisi impudicus et vorax et aleo,
Sinon un impudique, un vorace et un voleur,
Mamurram habere quod Comata Gallia
Qu’un Mamurra gobe les richesses de la pubescente Gaule Transalpine,
 Habebat uncti et ultima Britannia?
Jusqu’aux terres ultimes de la nordique Bretagne ?
   Cinaede Romule haec videbis et feres?
Complaisant César, nouveau Romulus, pourras-tu le voir et le supporter ?
Et ille nunc superbus et superfluens
Et jusques à quand, superbe et superflus,
 Perambulabit omnium cubilia,
Ton favori se glissera t-il de lit en lit
  Ut albulus columbus aut Adoneus?
Comme une blanche colombe ou un Adonis ?
Cinaede Romule, haec videbis et feres?
Complaisant César, nouveau Romulus, pourras-tu voir ça et le supporter ?







Es impudicus et vorax et aleo.
Tu es un impudique, un vorace et un voleur.
Eone nomine, imperator unice,
Général unique, inégalé,
 Fuisti in ultima Occidentis insula,
N’as-tu donc soumis l’île la plus éloignée vers l’Occident,
Ut ista vestra diffututa Mentula
Que pour voir ce Membre Viril
  Ducenties comesset aut trecenties?
Dissiper tant de millions de sesterces ?
Quid est alid sinistra liberalitas?
D’où vient cette si sinistre générosité ?
  Parum expatravit an parum elluatus est?
Comment tant gaspiller pour si peu de chose ?


Paterna prima lancinata sunt bona,
Primo, il a dilapidé ses biens ;
 Secunda praeda Pontica, inde tertia
Secundo, le butin du Pont Euxin [Mer Noire], tertio
Hibera, quam scit amnis aurifer Tagus:
Celui de l’Ibérie, où coule l’or du Tage ;
Nunc Galliae timetur et Britanniae.
Maintenant il est à craindre pour ceux de la Gaule et de la Bretagne.
Quid hunc malum fovetis? aut quid hic potest
Pourquoi protéger un tel fléau ? Que peut-il faire
Nisi uncta devorare patrimonia?
Sinon dévorer d’autres patrimoines ?
Eone nomine urbis opulentissime
Était-ce, puissant maître de Rome,
 Socer generque, perdidistis omnia?
Digne du beau-père, pour tout perdre ainsi ?




IN CAESAREM
CONTRE CESAR

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Traduction Jacky Lavauzelle
ARTGITATO







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Catulle – Catullus
POESIE XXIX

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LA CANAILLE & LES DELICATS
par Ferdinand Brunetière
1882

On a voulu faire de Catulle, sans arguments bien solides, un poète aristocratique, un poète du grand monde, comme de sa Lesbie, sur des inductions plutôt que sur des preuves, ce que Brantôme appelait « une grande et honnête dame. » Je persiste à ne pas croire, pour ma part, que Lesbie fût la célèbre Clodia, mais je crois que bon nombre des fréquentations de Catulle furent parmi la bohème littéraire de Rome. Au surplus, la conciliation n’est pas si difficile. Ce que nous savons, en effet, c’est que, lorsque l’adolescent de Vérone arriva de sa province dans la capitale, il y subsistait, sous le raffinement de quelques habitudes, sous l’étalage du luxe et sous l’apparence de la civilisation, un grand fonds d’antique brutalité romaine. Si nous en pouvions douter, nous rapprendrions au moins de certaines épigrammes de Catulle lui-même, plus grossières que mordantes, et dont l’outrageuse crudité passe tout. C’est bien fait à M. Rostand de nous les avoir traduites. On ne peut pas juger d’un poète en commençant par faire exception de toute une partie de son œuvre, qui peut-être est celle que les contemporains en ont presque le plus goûtée. Là où Catulle est bon, il va jusqu’à l’exquis, et c’est bien de lui que l’on peut dire aussi justement que de personne qu’il est alors le mets des délicats ; mais là où il est grossier, il l’est sans mesure, et c’est bien encore de lui que l’on peut dire qu’il est le charme de la canaille. Or, à Rome, en ce temps-là, dans le sens littéraire de l’un et l’autre mot, la canaille et les délicats, c’était presque tout un. On ne distinguait pas encore, selon le mot d’Horace, la plaisanterie spirituelle de l’insolente rusticité. La curiosité de l’intelligence, vivement éveillée, capable de goûter les finesses de l’alexandrinisme, était en avance, pour ainsi dire, sur la rudesse des mœurs et la vulgarité des habitudes mondaines.





Quand on grattait ces soupeurs qui savaient apprécier les jolies bagatelles du poète, on retrouvait le paysan du Latium, qui s’égayait, au moment du vin, à faire le mouchoir. La raillerie, comme à la campagne, s’attaquait surtout aux défauts ou disgrâces physiques. Je sais bien que, jusque dans Horace, la grossièreté du vieux temps continuera de s’étaler, mais ce ne sera plus de la même manière naïvement impudente. Au temps de Catulle, la délicatesse n’avait pas encore passé de l’esprit dans les manières. Quand il s’élevait seulement un nuage sur les amours du poète et de sa Lesbie, le docte traducteur de Callimaque s’échappait en injures de corps de garde. Cette société très corrompue ne s’était pas encore assimilé la civilisation grecque. Elle s’essayait à la politesse, elle n’y touchait pas encore. Et sous son élégance toute superficielle, elle manquait étrangement de goût. — Il me paraît que, si l’on examinée quel moment de notre histoire la plupart de ces traits conviennent, on trouvera que c’est au XVIe siècle, dans le temps précis que le contact des mœurs italiennes opérait sur la cour des Valois le même effet qu’à Rome, sur les contemporains de César, le contact des mœurs de la Grèce.

Ferdinand Brunetière
Revue littéraire
À propos d’une traduction de Catulle
Revue des Deux Mondes
Troisième période
Tome 54 –  1882

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DE SANCTA MARIA HILDEGARDE DE BINGEN A MARIE

DE SANCTA MARIA HILDEGARDE DE BINGEN
Littérature Latine





HILDEGARDE DE BINGEN
HILDEGARDE VON BINGEN
1098-1179

hildegarde-de-bingen-poemes-hildegard-von-bingen-artgitato
Hildegarde recevant l’inspiration divine
enluminure du Scivias

 TRADUCTION JACKY LAVAUZELLE




 

L’Œuvre de
HILDEGARDE DE BINGEN
HILDEGARDE VON BINGEN




DE SANCTA MARIA
A MARIE

Responsorium
Répons
Ave Maria,
Je vous salue Marie,
 O auctrix vite,
Auteur de la vie,
 reedificando salutem,
en refaçonnant le salut,
que mortem conturbasti
qui a frappé et la mort
  et serpentem contrivisti,
et le serpent,
ad quem se Eva erexit
qui a trompé Eve
 erecta cervice
le cou raide
cum sufflatu superbie.
gonflé de superbe.
   Hunc conculcasti
Tu l’as piétiné
  dum de celo Filium Dei genuisti,
du ciel où tu concevais le Fils de Dieu,
quem inspiravit
qui a inspiré
 Spiritus Dei.
L’Esprit de Dieu.

*

O dulcissima atque amantissima
O douce et aimante
mater, salve,
mère, suave,
  que natum tuum
qui a engendré l’enfant
   de celo missum mundo edidisti:
envoyé du ciel pour édifier le monde :

*

Responsorium
Répons
quem inspiravit
qui a inspiré
Spiritus Dei.
l’Esprit de Dieu
Gloria Patri et Filio
Gloire au Père et au Fils
et Spiritui sancto.
et à l’Esprit Saint.
Quem inspiravit
Qui a inspiré
 Spiritus Dei.
L’Esprit de Dieu.

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A MARIE
DE SANCTA MARIA HILDEGARDE DE BINGEN

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Hildegarde de Bingen
dans la Chronique
par Guillaume de Nangis
Année 1146
« Une vierge allemande a la révélation de choses formidables »

Le roi de France Louis, enflammé de zèle à la nouvelle de la prise de Roha, ville de Mésopotamie, ou plutôt, comme d’autres empereurs, touché en sa conscience de l’incendie de Vitry, reçut la croix à Vézelai au temps de Pâques, et résolut avec les grands de son royaume et une innombrable multitude de gens, d’entreprendre le pélerinage d’outremer.

L’église de Tournai, qui, pendant environ six cents ans, depuis le temps de saint Médard, soumise à l’évêque- de Noyon, n’avait pas eu d’évêque particulier, commença à en avoir un. Anselme, consacré abbé de Saint-Vincent de Laon par le pape Eugène, fut consacré évêque de Tournai. Dans le pays d’Allemagne, il y avait une admirable vierge, d’un âge avancé, qui avait reçu de telles grâces de Dieu que, laïque et non lettrée, ravie souvent en des sommeils miraculeux, elle avait non seulement la révélation de choses véritables qu’elle publiait ensuite, mais dictait en latin, et faisait ainsi dictant des livres de la doctrine catholique. Telle était, au rapport de quelques-uns, sainte Hildegarde, qui, dit-on, fit beaucoup de prédictions.

Guillaume de Nangis
Chronique
Règne de Louis VII
1137-1180

********




O AETERNE DEUS Ô DIEU ETERNEL HILDEGARDE DE BINGEN

Littérature Latine




HILDEGARDE DE BINGEN
HILDEGARDE VON BINGEN
1098-1179

hildegarde-de-bingen-poemes-hildegard-von-bingen-artgitato
Hildegarde recevant l’inspiration divine
enluminure du Scivias

 TRADUCTION JACKY LAVAUZELLE




 

L’Œuvre de
HILDEGARDE DE BINGEN
HILDEGARDE VON BINGEN




O AETERNE DEUS

Ô DIEU ETERNEL

*********

O aeterne Deus,
Ô Dieu éternel,
nunc tibi placeat ut in amore illo ardeas,
garde désormais ce même feu de l’amour,
ut membra illa simus, que fecisti in eodem amore,
où nous sommes les membres, que tu as fait dans le même amour
 cum Filium tuum genuisti in prima aurora
quand tu engendras ton Fils à la première aurore
ante omnem creaturam,
avant toutes créatures,
et inspice necessitatem hanc que super nos cadit,
et vois la nécessité qui tombe sur nos épaules,
  et abstrahe eam a nobis propter Filium tuum,
soulage-nous, au nom de ton Fils,
  et perduc nos in leticiam salutis.
et conduis-nous dans la joie du salut.

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O AETERNE DEUS
Ô DIEU ETERNEL

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Hildegarde de Bingen
dans la Chronique
par Guillaume de Nangis
Année 1146
« Une vierge allemande a la révélation de choses formidables »

Le roi de France Louis, enflammé de zèle à la nouvelle de la prise de Roha, ville de Mésopotamie, ou plutôt, comme d’autres empereurs, touché en sa conscience de l’incendie de Vitry, reçut la croix à Vézelai au temps de Pâques, et résolut avec les grands de son royaume et une innombrable multitude de gens, d’entreprendre le pélerinage d’outremer.

L’église de Tournai, qui, pendant environ six cents ans, depuis le temps de saint Médard, soumise à l’évêque- de Noyon, n’avait pas eu d’évêque particulier, commença à en avoir un. Anselme, consacré abbé de Saint-Vincent de Laon par le pape Eugène, fut consacré évêque de Tournai. Dans le pays d’Allemagne, il y avait une admirable vierge, d’un âge avancé, qui avait reçu de telles grâces de Dieu que, laïque et non lettrée, ravie souvent en des sommeils miraculeux, elle avait non seulement la révélation de choses véritables qu’elle publiait ensuite, mais dictait en latin, et faisait ainsi dictant des livres de la doctrine catholique. Telle était, au rapport de quelques-uns, sainte Hildegarde, qui, dit-on, fit beaucoup de prédictions.

Guillaume de Nangis
Chronique
Règne de Louis VII
1137-1180

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LA POESIE DE HILEDARDE DE BINGEN

HILDEGARDE DE BINGEN
Littérature Latine



HILDEGARDE DE BINGEN
HILDEGARDE VON BINGEN
1098-1179

hildegarde-de-bingen-poemes-hildegard-von-bingen-artgitato
Hildegarde recevant l’inspiration divine
enluminure du Scivias

 TRADUCTION JACKY LAVAUZELLE




 

L’Œuvre de
HILDEGARDE DE BINGEN
HILDEGARDE VON BINGEN
SAINTE HILDEGARDE
Hildegarde de Ruppertsberg




POEMES

 

O MAGNE PATER
Ô PERE MAJESTUEUX

O magne Pater,
Ô Père majestueux,
in magna necessitate sumus.
Nous sommes dans une immense nécessité.

**

O AETERNE DEUS
 Ô DIEU ETERNEL

O aeterne Deus,
O Dieu éternel,
nunc tibi placeat ut in amore illo ardeas,
  garde désormais ce même feu de l’amour,

**

DE SANCTA MARIA
A MARIE

Ave Maria,
Je vous salue Marie,
 O auctrix vite,
Auteur de la vie,

**

O BEATA INFANTIA
Ô ENFANCE BIENHEUREUSE

O beata infantia
Ô enfance bienheureuse
electi Disibodi,
de l’élu Disibod*,

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Hildegarde de Bingen
dans la Chronique
par Guillaume de Nangis
Année 1146
« Une vierge allemande a la révélation de choses formidables »

Le roi de France Louis, enflammé de zèle à la nouvelle de la prise de Roha, ville de Mésopotamie, ou plutôt, comme d’autres empereurs, touché en sa conscience de l’incendie de Vitry, reçut la croix à Vézelai au temps de Pâques, et résolut avec les grands de son royaume et une innombrable multitude de gens, d’entreprendre le pélerinage d’outremer.

L’église de Tournai, qui, pendant environ six cents ans, depuis le temps de saint Médard, soumise à l’évêque- de Noyon, n’avait pas eu d’évêque particulier, commença à en avoir un. Anselme, consacré abbé de Saint-Vincent de Laon par le pape Eugène, fut consacré évêque de Tournai. Dans le pays d’Allemagne, il y avait une admirable vierge, d’un âge avancé, qui avait reçu de telles grâces de Dieu que, laïque et non lettrée, ravie souvent en des sommeils miraculeux, elle avait non seulement la révélation de choses véritables qu’elle publiait ensuite, mais dictait en latin, et faisait ainsi dictant des livres de la doctrine catholique. Telle était, au rapport de quelques-uns, sainte Hildegarde, qui, dit-on, fit beaucoup de prédictions.

Guillaume de Nangis
Chronique
Règne de Louis VII
1137-1180

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Hildegarde de Bingen
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HILDEGARDE DE BINGEN
Sainte Hildegarde
l’une des plus pures gloires de la famille
de saint Benoît
par Joris-Karl Huysmans

« — Pour nous, reprit le P. Maximin, voici vraiment quel devrait être, si nous avions un peu de temps pour travailler, le levain de nos méditations, le sujet de nos lectures et il amena à lui un in-folio qui contenait les œuvres de sainte Hildegarde, abbesse du monastère de Ruperstberg.

C’est que, voyez-vous, celle-là est la grande prophétesse du Nouveau Testament. Jamais, depuis les visions de saint Jean à Pathmos, l’esprit-saint ne s’était communiqué à un être terrestre avec autant de plénitude et de lumière. Dans son Heptachronon, elle prédit le protestantisme et la captivité du Vatican ; dans son Scivia ou connaissance des voies du seigneur qui a été rédigé, d’après son récit, par un moine du couvent de Saint-Désibode, elle interprète les symboles des écritures et la nature même des éléments. Elle a également écrit un diligent commentaire de notre règle et d’altières et d’enthousiastes pages sur la musique sacrée, sur la littérature, sur l’art qu’elle définit excellemment : une réminiscence à moitié effacée d’une condition primitive dont nous sommes déchus depuis l’éden. Malheureusement, pour la comprendre, il faut se livrer à de minutieuses recherches, à de patientes études. Son style apocalyptique a quelque chose de rétractile ; il semble qu’il se recule et se referme davantage encore lorsqu’on veut l’ouvrir. 

— Je sais bien, moi, que j’y perds mon peu de latin, dit M. Bruno. Quel dommage qu’il n’existe pas une traduction, avec gloses à l’appui, de ses œuvres ! 

— Elles sont intraduisibles, fit le père qui poursuivit :

 Sainte Hildegarde est, avec saint Bernard, l’une des plus pures gloires de la famille de saint Benoît. Quelle prédestinée que cette vierge qui fut inondée des clartés intérieures dès l’âge de trois ans et mourut à quatre-vingt-deux ans, après avoir vécu toute sa vie dans les cloîtres ! 

— Et ajoutez qu’elle fut, à l’état permanent, fatidique, s’écria l’oblat. Elle ne ressemble à aucune autre sainte ; tout en elle étonne jusqu’à cette façon dont Dieu l’apostrophe, car il oublie qu’elle est femme et l’appelle : « l’homme ».  

— Et elle emploie, quand elle veut se désigner, cette étrange expression : « moi, la chétive forme », repartit le prieur. — Mais voici une autre écrivain qui nous est chère aussi, et il montra à Durtal les deux volumes de sainte Gertrude. Celle-là est encore l’une de nos grandes moniales, une abbesse vraiment bénédictine, dans le sens exact du mot, car elle faisait expliquer les saintes écritures à ses nonnes, voulait que la piété de ses filles s’appuyât sur la science, que leur foi se sustentât avec des aliments liturgiques, si l’on peut dire.

 — Je ne connais d’elle que ses Exercices, observa Durtal et ils m’ ont laissé le souvenir de paroles d’écho, de redites des livres saints. Si tant est qu’on puisse la juger sur de simples extraits, elle me paraît ne pas avoir l’expression originale, être bien au-dessous d’une sainte Térèse ou d’une sainte Angèle.

 — Sans doute, répondit le moine. Elle se rapproche cependant de sainte Angèle par le don de la familiarité lorsqu’elle converse avec le Christ et aussi par la véhémence amoureuse de ses propos ; seulement tout cela se transforme en sortant de sa propre source ; elle pense liturgiquement ; et cela est si vrai que la plus minime des réflexions se présente aussitôt à elle, habillée de la langue des Evangiles et des Psaumes. 

Ses Révélations, ses Insinuations, son Héraut de l’amour divin sont merveilleux à ce point de vue ; puis n’est-elle pas exquise sa prière à la Sainte Vierge qui débute par cette phrase : Salut, ô blanc lis de la Trinité resplendissante et toujours tranquille ?…

 Comme suite à ses œuvres, les Bénédictins de Solesmes ont édité aussi les Révélations de sainte Mechtilde, son livre sur la Grâce spéciale et la Lumière de la Divinité de son homonyme la sœur de Magdebourg ; ils sont là, sur cette rangée…

 — Que je vous montre des guides savamment jalonnés pour l’âme qui s’échappe d’elle-même et veut tenter l’ascension des monts éternels, dit à son tour M. Bruno, en présentant à Durtal la Lucerna mystica de Lopez Ezquerra, les in-quarto de Scaramelli, les tomes de Schram, l’Ascétique chrétienne de Ribet, les Principes de théologie mystique du père Séraphin.

 — Et celui-ci, le connaissez-vous ? Reprit l’oblat ; ce volume qu’il tendait était intitulé De l’Oraison, demeurait anonyme, portait en bas de sa première page : Solesmes, typographie de l’abbaye de Sainte-Cécile – et au-dessous de la date imprimée 1886, Durtal déchiffra ces mots écrits à l’encre : « Communication essentiellement privée. » 

— Je n’ai jamais vu cet opuscule qui ne semble pas, du reste, avoir été mis dans le commerce ; quel en est l’auteur ?

 — La plus extraordinaire des moniales de ce temps ; l’abbesse des bénédictines de Solesmes. Je regrette seulement que vous partiez si tôt, car j’eusse été heureux de vous le faire lire.

 Au point de vue du document il est d’une science vraiment souveraine et il contient d’admirables citations de sainte Hildegarde et de Cassien ; au point de vue de la mystique même, la mère Sainte-Cécile ne fait évidemment que reproduire les travaux de ses devancières et elle ne nous apprend rien de très neuf. Néanmoins, je me rappelle un passage qui me semble plus spécial, plus personnel. Attendez… »

Joris-Karl Huysmans
En route
Chapitre VIII
Stock, 1896
pp. 426-450

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HILDEGARDE DE BINGEN

CALIGULA de SUETONE – Chapitre XIV – De vita duodecim Caesarum libri VIII- SUETONE CALIGULA

Caius Suetonius Tranquillus


De vita duodecim Caesarum libri VIII
litterarum – Littérature Latine
Suétone Caligula
suetonius caligula

Suetone Caligula artgitato De vita duodecim Caesarum libri VIII

Poeticam Latinam

Traduction Jacky Lavauzelle

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SUETONE
 Caius Suetonius Tranquillus
Vers 70 – Vers 122

XIV

De vita duodecim Caesarum         libri VIII

CALIGULA

CHAPITRE XIV

Vita Gai

Caligula empereur

Ingressoque urbem, statim consensu senatus et irrumpentis in curiam turbae,
Quand il entra dans la ville [Rome], il eût le consentement du Sénat et du peuple qui se dirigeait vers la curie,
inrita Tiberi uoluntate,
contre la volonté de Tibère
qui testamento alterum nepotem suum  praetextatum adhuc coheredem ei dederat,
qui avait, par testament, donné un cohéritier son autre petit-fils, qui  portait encore la robe prétexte,
ius arbitriumque omnium rerum illi permissum est tanta publica laetitia,
à  Caligula, et si grande était la joie du public,
ut tribus proximis mensibus ac ne totis quidem supra centum sexaginta milia uictimarum caesa tradantur. 
que, dans les trois mois qui suivirent, et même moins que cela, cent soixante mille victimes furent tués en sacrifice.
Cum deinde paucos post dies in proximas Campaniae insulas traiecisset,
Quelques jours après cela, après avoir traversé les îles près de Campanie,
uota pro reditu suscepta sunt,
 des vœux pour son retour en toute sécurité furent demandés,
ne minimam quidem occasionem quoquam omittente in testificanda sollicitudine et cura de incolumitate eius.
 le peuple, à chaque instant, témoignait son anxiété et sollicitait des égards pour sa sécurité.
Ut uero in aduersam ualitudinem incidit,
Mais quand il tomba malade,
pernoctantibus cunctis circa Palatium,
 ils passèrent tous la nuit au palais,
non defuerunt qui depugnaturos se armis pro salute aegri quique capita sua titulo proposito uouerent.
 en manifestant des témoignages en offrant ou leurs armes ou leur tête pour la sécurité du patient.
Accessit ad immensum ciuium amorem notabilis etiam externorum fauor.
A ces immenses élans des citoyens, des étrangers eurent de remarquables égards pour sa protection.
Namque Artabanus Parthorum rex, odium semper contemptumque Tiberi prae se ferens,
Artaban, roi des Parthes, toujours franc dans sa haine et son mépris pour Tibère,
amicitiam huius ultro petiit uenitque ad colloquium legati consularis
qui volontairement cherchait l’amitié de Caligula, était venu à une conférence avec le gouverneur consulaire,
et transgressus Euphraten aquilas
  il traversa l’Euphrate en honorant les aigles
et signa Romana Caesarumque imagines adorauit.
  les images des Césars et les normes romaines.

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Traduction Jacky Lavauzelle
Artgitato
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SPQR

CALIGULA de SUETONE – Chapitre XIII – De vita duodecim Caesarum libri VIII- SUETONE CALIGULA

Caius Suetonius Tranquillus


De vita duodecim Caesarum libri VIII
litterarum – Littérature Latine
Suétone Caligula
suetonius caligula

Suetone Caligula artgitato De vita duodecim Caesarum libri VIII

Poeticam Latinam

Traduction Jacky Lavauzelle

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SUETONE
 Caius Suetonius Tranquillus
Vers 70 – Vers 122

XIII

De vita duodecim Caesarum         libri VIII

CALIGULA

CHAPITRE XIII

Vita Gai

La route de Caligula vers l’empire

Sic imperium adeptus, p(opulum) R(omanum), uel dicam hominum genus, uoti compotem fecit,
En gagnant ainsi les portes de Rome, il accomplit les vœux du peuple Romain et de toute l’humanité entière,
exoptatissimus princeps maximae parti prouincialium
les habitants des provinces le souhaitaient comme chef
ac militum, quod infantem plerique cognouerant, sed et uniuersae plebi urbanae ob memoriam Germanici patris miserationemque prope afflictae domus. 
ainsi que les militaires, qui le connaissaient depuis qu’il était enfant, surtout en mémoire à son père Germanicus et par pitié pour l’ensemble des afflictions de sa maison.
Itaque ut a Miseno mouit quamuis lugentis habitu et funus Tiberi prosequens,
Par conséquent, en habits de deuil et escortant le corps de Tibère, partant de Misène,
tamen inter altaria et uictimas ardentisque taedas densissimo et laetissimo obuiorum agmine incessit, super fausta nomina « sidus » et « pullum » et « pupum » et « alumnum » appellantium;
entre les autels, les victimes et les torches enflammées, il se promenait au milieu de la foule dense et joyeuse qui l’entourait en clamant et le nommant «étoile», «élève», et « bambin » ;

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Traduction Jacky Lavauzelle
Artgitato
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SPQR

CALIGULA de SUETONE – Chapitre XII – De vita duodecim Caesarum libri VIII- SUETONE CALIGULA

Caius Suetonius Tranquillus


De vita duodecim Caesarum libri VIII
litterarum – Littérature Latine
Suétone Caligula
suetonius caligula

Suetone Caligula artgitato De vita duodecim Caesarum libri VIII

Poeticam Latinam

Traduction Jacky Lavauzelle

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SUETONE
 Caius Suetonius Tranquillus
Vers 70 – Vers 122

XII

De vita duodecim Caesarum         libri VIII

CALIGULA

CHAPITRE XII

Vita Gai

Les projets de Caligula contre Tibère

 Caligula Suetone Junia Claudilla 1ère épouse de Caligula

Non ita multo post Iuniam Claudillam M. Silani nobilissimi uiri f(iliam) duxit uxorem.
Peu après, Junia Claudilla, fille de Marcus Silanus, un homme de la grande noblesse devint sa femme.
Deinde augur in locum fratris sui Drusi destinatus,
Puis nommé augure, à la place de son frère Drusus,
prius quam inauguraretur ad pontificatum traductus est insigni testimonio pietatis atque indolis,
avant qu’il n’eût sa nomination, il eût le pontificat traduisant le témoignage de piété et de caractère,
cum deserta desolataque reliquis subsidiis aula, Seiano hoste suspecto mox et oppresso, ad spem successionis paulatim admoueretur.
quand la demeure impériale, déserte et privée de ses autres supports, Séjan, lui, avait été déjà soupçonné, était prête à s’éteindre peu à peu, lui faisant apparaître un espoir pour la succession.
Quam quo magis confirmaret, amissa Iunia ex partu Enniam Naeuiam, Macronis uxorem, qui tum praetorianis cohortibus praeerat, sollicitauit ad stuprum, pollicitus et matrimonium suum, si potitus imperio fuisset;
Pour qu’elle soit meilleure encore, après avoir perdu Junia pendant ses couches, avec Ennia, la femme de Macron, qui, à ce moment-là commandait la garde prétorienne, il commet l’adultère, lui promettant même de l’épouser s’il est devenait empereur,
deque ea re et iure iurando et chirographo cauit.
et à la fois par un serment, et par un acte, il s’engageât.
Per hanc insinuatus Macroni ueneno Tiberium adgressus est, ut quidam opinantur, spirantique adhuc detrahi anulum et,
 A travers les faveurs de Macron, il empoisonna Tibère, comme certains le pensent, et il ordonna que sa bague lui fut enlevé, alors même qu’il respirait encore,
quoniam suspicionem retinentis dabat, puluinum iussit inici atque etiam fauces manu sua oppressit,
et comme il pensait qu’il la retenait, il lui mit un oreiller sur la bouche de sa main,
liberto, qui ob atrocitatem facinoris exclamauerat, confestim in crucem acto. 
un affranchi qui alors cria à l’acte terrible, fut immédiatement crucifié.
Nec abhorret a ueritate,
Et cela est encore très loin de la vérité,
cum sint quidam auctores, ipsum postea etsi non de perfecto, at certe de cogitato quondam parricidio professum;
car quelques auteurs disent que plus tard, que même si ce parricide il n’avait pas réalisé, il l’aurait toutefois cogité ;
gloriatum enim assidue in commemoranda sua pietate, ad ulciscendam necem matris et fratrum introisse se cum pugione cubiculum Tiberi[i] dormientis et
car ils disent qu’il se vantait, en parlant de sa piété filiale, avec un poignard pour venger la mort de sa mère, d’être entré dans la chambre de Tibère qui dormait,
misericordia correptum abiecto ferro recessisse; 
et il fut tellement ému de compassion qu’il en jeta son épée et disparu ;
nec illum, quanquam sensisset, aut inquirere quicquam aut exequi ausum.
Tibère le savait mais, cependant, ne dit rien ni ne chercha à le poursuivre.

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Traduction Jacky Lavauzelle
Artgitato
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SPQR

CALIGULA de SUETONE – Chapitre XI – De vita duodecim Caesarum libri VIII- SUETONE CALIGULA

Caius Suetonius Tranquillus


De vita duodecim Caesarum libri VIII
litterarum – Littérature Latine
Suétone Caligula
suetonius caligula

Suetone Caligula artgitato De vita duodecim Caesarum libri VIII

Poeticam Latinam

Traduction Jacky Lavauzelle

IMG_4840

SUETONE
 Caius Suetonius Tranquillus
Vers 70 – Vers 122

XI

De vita duodecim Caesarum         libri VIII

CALIGULA

CHAPITRE XI

Vita Gai

La mauvaise nature de Caligula

 

Naturam tamen saeuam atque probrosam ne tunc quidem inhibere poterat,
A cette époque, il ne pu cependant pas aller contre sa nature cruelle et méchante,
quin et animaduersionibus poenisque ad supplicium datorum cupidissime interesset et ganeas atque adulteria capillamento celatus et ueste longa noctibus obiret ac scaenicas saltandi canendique artes studiosissime appeteret,
mais il se passionnait pour les punitions, se délectant dans les milieux interlopes de la nuit avec une telle gourmandise et se travestissant d’une perruque et d’une longue robe, avec un enthousiasme indéfectible pour les arts de la danse et pour le chant, et aimant s’approcher de la scène,
facile id sane Tiberio patiente, si per has mansuefieri posset ferum eius ingenium. 
Tibère bien volontiers ne s’en offusquait que peu dans l’espoir que sa nature sauvage en serait adoucie.
Quod sagacissimus senex ita prorsus perspexerat,
Tout était clair pour le vieil homme rusé,
ut aliquoties praedicaret, « exitio suo omniumque Caium vivere : »
il disait souvent que Caius vivait en se détruisant
et, « se natricem [serpentis id genus] populo romano, Phaethontem orbi terrarum educare. »
  et qu’il élevait là un serpent pour le peuple romain, un Phaéton pour le monde entier.

Suetone Caligula Gustave_Moreau_-_Phaeton,_1878

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Traduction Jacky Lavauzelle
Artgitato
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SPQR

CALIGULA de SUETONE – Chapitre X – De vita duodecim Caesarum libri VIII- SUETONE CALIGULA

Caius Suetonius Tranquillus


De vita duodecim Caesarum libri VIII
litterarum – Littérature Latine
Suétone Caligula
suetonius caligula

Suetone Caligula artgitato De vita duodecim Caesarum libri VIII

Poeticam Latinam

Traduction Jacky Lavauzelle

IMG_4840

SUETONE
 Caius Suetonius Tranquillus
Vers 70 – Vers 122

X

De vita duodecim Caesarum         libri VIII

CALIGULA

CHAPITRE X

Vita Gai

Les premiers pas de Caligula dans le monde

Comitatus est patrem et Syriaca expeditione.
Il assista son père aussi dans son expédition en Syrie.
Unde reuersus primum in matris, deinde ea relegata in Liuiae Augustae proauiae suae contubernio mansit;
Dès son retour, il a d’abord vécu avec sa mère et après son exil, avec sa arrière-grand-mère Livia Augusta ;
quam defunctam praetextatus etiam tunc pro rostris laudauit :
et à la mort de Livia il portait toujours la robe prétexte  dont il fit la louange funèbre aux rostres [tribune des harangues].
transitque ad Antoniam aviam
il resta ensuite avec sa grand-mère Antonia,
et undeuicensimo aetatis anno accitus Capreas a Tiberio
et, à vingt-et-un ans, il fut convoqué par Tibère à Capri,
uno atque eodem die togam sumpsit barbamque posuit, sine ullo honore qualis contigerat tirocinio fratrum eius.
le jour même il rasa sa première barbe, sans avoir de cérémonie comme ses frères en eurent pour leurs premiers pas dans le monde.
Hic omnibus insidiis temptatus elic[i]entium cogentiumque se ad querelas nullam umquam occasionem dedit,
 Certains essayèrent de lui tendre des pièges pour le forcer à prononcer des plaintes, il n’y tomba jamais,
perinde obliterato suorum casu ac si nihil cuiquam accidisset,
comme s’il oubliait la ruine de sa famille et comme si rien de tout ça ne s’était passé,
quae uero ipse pateretur incredibili dissimulatione transmittens tantique in auum et qui iuxta erant obsequii, ut non immerito sit dictum nec seruum meliorem ullum nec deteriorem dominum fuisse.

pour tout ce qui le touchait, il montrait une incroyable indifférence, et il se montra si obséquieux envers son grand-père et envers ceux qui lui étaient proches, qu’il s’est dit que personne ne fut un si meilleur esclave ou un maître si détestable.

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Traduction Jacky Lavauzelle
Artgitato
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CALIGULA de SUETONE – Chapitre IX – De vita duodecim Caesarum libri VIII- SUETONE CALIGULA

Caius Suetonius Tranquillus


De vita duodecim Caesarum libri VIII
litterarum – Littérature Latine
Suétone Caligula
suetonius caligula

Suetone Caligula artgitato De vita duodecim Caesarum libri VIII

Poeticam Latinam

Traduction Jacky Lavauzelle

IMG_4840

SUETONE
 Caius Suetonius Tranquillus
Vers 70 – Vers 122

IX

De vita duodecim Caesarum         libri VIII

CALIGULA

CHAPITRE IX

Vita Gai

La dévotion des troupes envers Caligula

Caligulae cognomen castrensi ioco traxit, quia manipulario habitu inter milites educabatur.
Son nom de Caligula est à l’origine une blague des troupes sur la chaussure qu’il portait dans le camp.
Apud quos quantum praeterea per hanc nutrimentorum consuetudinem amore et gratia ualuerit, maxime cognitum est, cum post excessum Augusti tumultuantis et in furorem usque praecipites solus haud dubie ex conspectu suo flexit.
Leur amour et leur dévotion venaient de cette éducation au sein des troupes ; en outre, il fut surtout constaté que, après la mort d’Auguste, arrivèrent les tumultes et la fureur, mais il y ramena le calme par sa seule présence.
Non enim prius destiterunt, quam ablegari eum ob seditionis periculum et in proximam ciuitatem demandari animaduertissent;
Ils se rassérénèrent quand ils s’aperçurent qu’il se trouvait transporté dans la ville la plus proche ;
tunc demum ad paenitentiam uersi reprenso ac retento uehiculo inuidiam quae sibi fieret deprecati sunt.
Puis, enfin, ils se sont repentis, arrêtèrent son char, demandèrent de n’avoir pas à subir cette disgrâce.

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Traduction Jacky Lavauzelle
Artgitato
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