The time you won your town the race
Au temps où, par ta course, tu fis gagner ta ville We chaired you through the market-place;
Nous te portâmes à travers la place du marché ; Man and boy stood cheering by,
Tous se tenaient debout, And home we brought you shoulder-high.
Et jusqu’à ta maison, nous te tenions, sur nos épaules.
*
Today, the road all runners come,
Aujourd’hui, sur la route marchent tous les coureurs, Shoulder-high we bring you home,
Sur nos épaules, nous te ramenons chez toi, And set you at your threshold down,
Et te déposons sur ton seuil, Townsman of a stiller town.
Propriétaire d’une maison silencieuse.
*
Smart lad, to slip betimes away
Quelle sagesse que de vite savoir sortir From fields where glory does not stay,
Des champs où la gloire ne cherche qu’à fuir, And early though the laurel grows
Si tôt le laurier fleuri It withers quicker than the rose.
Que, plus vite que la rose, le voici flétri.
*
Eyes the shady night has shut
Les yeux dans la nuit noire se sont fermés Cannot see the record cut,
Qui ne verront plus l’ombre des trophées, And silence sounds no worse than cheers
Et peu importe le silence ou les hourras After earth has stopped the ears.
Quand la terre a bouché les oreilles.
*
Now you will not swell the rout
Maintenant te seront inconnues toutes ces déroutes Of lads that wore their honours out,
Des hommes qui portent leurs honneurs jaunis, Runners whom renown outran
Des coureurs à qui et la renommée And the name died before the man.
Et le nom avant eux se sont effacés.
*
So set, before its echoes fade,
Alors, avant que ses échos disparaissent, The fleet foot on the sill of shade,
Le pied flottant sur le seuil des ombres, And hold to the low lintel up
Et tenant par le bas du linteau The still-defended challenge-cup.
Toujours défendant son trophée.
*
And round that early-laurelled head
Et autour de cette tête porteuse précocement de lauriers Will flock to gaze the strengthless dead,
S’attrouperont les morts sans force, And find unwithered on its curls
Qui trouveront sur ses boucles, vigoureuse encore, The garland briefer than a girl’s.
Une guirlande plus éphémère que celle que porte les jeunes filles.
OH see how thick the goldcup flowers
OH voyez les boutons d’or ! Voyez Are lying in field and lane,
Comme dans le champ et sur la voie, ils se sont couchés, With dandelions to tell the hours
Avec les pissenlits pour dire les heures That never are told again.
Qui jamais plus ne seront. Oh may I squire you round the meads
Oh, puis-je vous accompagner And pick you posies gay?
Et vous cueillir de gai petit bouquet ? —’Twill do no harm to take my arm. – « Je ne vois rien qui s’oppose à ce que mon bras vous preniez. ’You may, young man, you may.’ Vous pouvez, jeune homme, vous pouvez ! »
*
Ah, spring was sent for lass and lad,
Ah, le printemps est un don fait aux filles et aux garçons, ’Tis now the blood runs gold,
C’est maintenant que le sang chaud coule d’or ; And man and maid had best be glad
Que les garçons et les filles soient joyeux Before the world is old.
Avant que le monde ne soit vieux. What flowers to-day may flower to-morrow,
Les fleurs d’aujourd’hui peuvent refleurir demain, But never as good as new.
Mais ne refleurirons jamais plus aussi bien. —Suppose I wound my arm right round—
-Supposez qu’autour de vous, je place mon bras- ‘’Tis true, young man, ’tis true.’ « C’est cela, jeune homme, c’est cela ! »
*
Some lads there are, ’tis shame to say,
Il y a des gars, quelle infamie, That only court to thieve,
Qui font la cour comme un larcin, And once they bear the bloom away
Et une fois qu’ils ont arrachée la fleur ’Tis little enough they leave.
Ils ne laissent plus que des miettes quand ils partent. Then keep your heart for men like me
Alors gardez votre cœur pour des gens comme moi And safe from trustless chaps.
Et à l’abri de chapardeur sans confiance. My love is true and all for you.
Mon amour est vrai et tout à vous. ‘Perhaps, young man, perhaps.’ « Peut-être, jeune homme, peut-être ! »
*
Oh, look in my eyes then, can you doubt?
Oh, regardez dans mes yeux alors, pouvez-vous douter? —Why, ’tis a mile from town.
-Pourquoi, c’est à un mille de la ville. How green the grass is all about!
Comme tout autour l’herbe est si verte ! We might as well sit down.
Nous pourrions aussi bien nous asseoir. —Ah, life, what is it but a flower?
-Ah, la vie, qu’Est-ce si ce n’est une fleur ? Why must true lovers sigh?
Pourquoi les vrais amants soupirent-ils ? Be kind, have pity, my own, my pretty,—
Soyez gentille, ayez pitié, ma jolie, ‘Good-bye, young man, good-bye.’ « Au revoir, jeune homme, au revoir ! »
Those towers, which in the shif’tin gleam Ces tours, sur les mouvants flots scintillants, Throw murky shadows on the stream, Jettent d’obscures ombres, Those towers of Barnard hold a guest,
Ces tours de Barnard qui abritent un invité, The emotions of whose troubled breast, Troublé par les émotions de son cœur, In wild and strange confusion driven, Dans une une sauvage et étrange confusion, Rival the flitting rack of heaven. Qui rivalisent aux désordres du ciel. Ere sleep stern Oswald’s senses tied, Avant que le sommeil ne prenne le fier Oswald, Oft had he changed his weary side, Il s’était tourné et se retourné bien des fois, Composed his limbs, and vainly sought Repositionné, et avait vainement recherché By effort strong to banish thought. Par l’effort à bannir ses obscures pensées. Sleep came at length, but with a train Le sommeil fut enfin trouvé, mais à sa traîne demeuraient Of feelings real and fancies vain, Des sentiments réels et fantastiques, Mingling, in wild disorder cast,
Mêlant, dans un sauvage désordre, The expected future with the past. Le futur attendu avec le passé. Conscience, anticipating time, La conscience, anticipant le futur, Already rues the unacted crime, Déjà évoque un crime non réalisé, And calls her furies forth, to shake Et appelle les furies, à secouer The sounding scourge and hissing snake; Le bruyant fléau et le serpent sifflant ; While her poor victim’s outward throes Alors que sur la pauvre victime affiche Bear witness to his mental woes, Les témoignages de ses malheurs, And show what lesson may be read Et montre la leçon à retenir Beside a sinner’s restless bed. A côté du lit agité d’un pécheur.
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Walter Scott Poème
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WALTER SCOTT
vu par
VICTOR HUGO
Walter Scott a su puiser aux sources de la nature et de la vérité un genre inconnu, qui est nouveau parce qu’il se fait aussi ancien qu’il le veut. Walter Scott allie à la minutieuse exactitude des chroniques la majestueuse grandeur de l’histoire et l’intérêt pressant du roman ; génie puissant et curieux qui devine le passé ; pinceau vrai qui trace un portrait fidèle d’après une ombre confuse, et nous force à reconnaître même ce que nous n’avons pas vu ; esprit flexible et solide qui s’empreint du cachet particulier de chaque siècle et de chaque pays, comme une cire molle, et conserve cette empreinte pour la postérité comme un bronze indélébile.
Peu d’écrivains ont aussi bien rempli que Walter Scott les devoirs du romancier relativement à son art et à son siècle ; car ce serait une erreur presque coupable dans l’homme de lettres que de se croire au-dessus de l’intérêt général et des besoins nationaux, d’exempter son esprit de toute action sur les contemporains, et d’isoler sa vie égoïste de la grande vie du corps social. Et qui donc se dévouera, si ce n’est le poète ? Quelle voix s’élèvera dans l’orage, si ce n’est celle de la lyre qui peut le calmer ? Et qui bravera les haines de l’anarchie et les dédains du despotisme, sinon celui auquel la sagesse antique attribuait le pouvoir de réconcilier les peuples et les rois, et auquel la sagesse moderne a donné celui de les diviser ?
Ce n’est donc point à de doucereuses galanteries, à de mesquines intrigues, à de sales aventures, que Walter Scott voue son talent. Averti par l’instinct de sa gloire, il a senti qu’il fallait quelque chose de plus à une génération qui vient d’écrire de son sang et de ses larmes la page la plus extraordinaire de toutes les histoires humaines. Les temps qui ont immédiatement précédé et immédiatement suivi notre convulsive révolution étaient de ces époques d’affaissement que le fiévreux éprouve avant et après ses accès. Alors les livres les plus platement atroces, les plus stupidement impies, les plus monstrueusement obscènes, étaient avidement dévorés par une société malade ; dont les goûts dépravés et les facultés engourdies eussent rejeté tout aliment savoureux ou salutaire. C’est ce qui explique ces triomphes scandaleux, décernés alors par les plébéiens des salons et les patriciens des échoppes à des écrivains ineptes ou graveleux, que nous dédaignerons de nommer, lesquels en sont réduits aujourd’hui à mendier l’applaudissement des laquais et le rire des prostituées. Maintenant la popularité n’est plus distribuée par la populace, elle vient de la seule source qui puisse lui imprimer un caractère d’immortalité ainsi que d’universalité, du suffrage de ce petit nombre d’esprits délicats, d’âmes exaltées et de têtes sérieuses qui représentent moralement les peuples civilisés. C’est celle-là que Scott a obtenue en empruntant aux annales des nations des compositions faites pour toutes les nations, en puisant dans les fastes des siècles des livres écrits pour tous les siècles. Nul romancier n’a caché plus d’enseignement sous plus de charme, plus de vérité sous la fiction. Il y a une alliance visible entre la forme qui lui est propre et toutes les formes littéraires du passé et de l’avenir, et l’on pourrait considérer les romans épiques de Scott comme une transition de la littérature actuelle aux romans grandioses, aux grandes épopées en vers ou en prose que notre ère poétique nous promet et nous donnera.
Victor Hugo
Œuvres complètes de Victor Hugo
A PROPOS DE QUENTIN DURWARD
Juin 1823
Littérature et philosophie mêlées
Texte établi par Cécile Daubray
Imprimerie Nationale, Ollendorff
Editions Albin Michel
1934 – Hors séries – Philosophie I
The Moon is in her summer glow, La lune est là dans sa lumière d’été, But hoarse and high the breezes blow, Mais rauques et forts soufflent les brises, And, racking o’er her face, the cloud Et, changeant de formes, le nuage Varies the tincture of her shroud; Varie la teinte de son voile ; On Barnard’s towers, and Tees’s stream, Sur les tours de Barnard et les flots de la Tees, She changes as a guilty dream, La lumière change comme un rêve coupable, When Conscience, with remorse and fear, Quand la conscience, avec remords et avec peur, Goads sleeping Fancy’s wild career. Envahit d’aiguillons le sommeil. Her light seems now the blush of shame,
La lune rougit comme remplie de honte, Seems now fierce anger’s darker flame, Pour devenir plus sombre que la colère, Shifting that shade, to come and go, Déplaçant cette ombre, qui va et vient, Like apprehension’s hurried glow; Dans les teintes mouvantes de la peur ; Then sorrow’s livery dims the air, Alors les airs semblent disparaître derrière un voile de chagrin, And dies in darkness, like despair. Et meurent dans l’obscurité, comme le désespoir. Such varied hues the warder sees La sentinelle voit tant de nuances variées Reflected from the woodland Tees. Refléter des forêts qui bordent la Tees. Then from old Baliol’s tower looks forth, Puis, de l’antique tour de Baliol, Sees the clouds mustering in the north, Il regarde les nuages se rassembler vers le nord, Hears, upon turret, roof and wall, Écoute sur les tourelles, les toits et les parois, By fits the plashing rain-drop fall, La chute des gouttes de pluie, Lists to the breeze’s boding sound, Frémissant aux sons inquiétants de la brise, And wraps his shaggy mantle round. Et s’enveloppe dans son manteau hirsute.
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WALTER SCOTT
vu par
VICTOR HUGO
Walter Scott a su puiser aux sources de la nature et de la vérité un genre inconnu, qui est nouveau parce qu’il se fait aussi ancien qu’il le veut. Walter Scott allie à la minutieuse exactitude des chroniques la majestueuse grandeur de l’histoire et l’intérêt pressant du roman ; génie puissant et curieux qui devine le passé ; pinceau vrai qui trace un portrait fidèle d’après une ombre confuse, et nous force à reconnaître même ce que nous n’avons pas vu ; esprit flexible et solide qui s’empreint du cachet particulier de chaque siècle et de chaque pays, comme une cire molle, et conserve cette empreinte pour la postérité comme un bronze indélébile.
Peu d’écrivains ont aussi bien rempli que Walter Scott les devoirs du romancier relativement à son art et à son siècle ; car ce serait une erreur presque coupable dans l’homme de lettres que de se croire au-dessus de l’intérêt général et des besoins nationaux, d’exempter son esprit de toute action sur les contemporains, et d’isoler sa vie égoïste de la grande vie du corps social. Et qui donc se dévouera, si ce n’est le poète ? Quelle voix s’élèvera dans l’orage, si ce n’est celle de la lyre qui peut le calmer ? Et qui bravera les haines de l’anarchie et les dédains du despotisme, sinon celui auquel la sagesse antique attribuait le pouvoir de réconcilier les peuples et les rois, et auquel la sagesse moderne a donné celui de les diviser ?
Ce n’est donc point à de doucereuses galanteries, à de mesquines intrigues, à de sales aventures, que Walter Scott voue son talent. Averti par l’instinct de sa gloire, il a senti qu’il fallait quelque chose de plus à une génération qui vient d’écrire de son sang et de ses larmes la page la plus extraordinaire de toutes les histoires humaines. Les temps qui ont immédiatement précédé et immédiatement suivi notre convulsive révolution étaient de ces époques d’affaissement que le fiévreux éprouve avant et après ses accès. Alors les livres les plus platement atroces, les plus stupidement impies, les plus monstrueusement obscènes, étaient avidement dévorés par une société malade ; dont les goûts dépravés et les facultés engourdies eussent rejeté tout aliment savoureux ou salutaire. C’est ce qui explique ces triomphes scandaleux, décernés alors par les plébéiens des salons et les patriciens des échoppes à des écrivains ineptes ou graveleux, que nous dédaignerons de nommer, lesquels en sont réduits aujourd’hui à mendier l’applaudissement des laquais et le rire des prostituées. Maintenant la popularité n’est plus distribuée par la populace, elle vient de la seule source qui puisse lui imprimer un caractère d’immortalité ainsi que d’universalité, du suffrage de ce petit nombre d’esprits délicats, d’âmes exaltées et de têtes sérieuses qui représentent moralement les peuples civilisés. C’est celle-là que Scott a obtenue en empruntant aux annales des nations des compositions faites pour toutes les nations, en puisant dans les fastes des siècles des livres écrits pour tous les siècles. Nul romancier n’a caché plus d’enseignement sous plus de charme, plus de vérité sous la fiction. Il y a une alliance visible entre la forme qui lui est propre et toutes les formes littéraires du passé et de l’avenir, et l’on pourrait considérer les romans épiques de Scott comme une transition de la littérature actuelle aux romans grandioses, aux grandes épopées en vers ou en prose que notre ère poétique nous promet et nous donnera.
Victor Hugo
Œuvres complètes de Victor Hugo
A PROPOS DE QUENTIN DURWARD
Juin 1823
Littérature et philosophie mêlées
Texte établi par Cécile Daubray
Imprimerie Nationale, Ollendorff
Editions Albin Michel
1934 – Hors séries – Philosophie I
The sun upon the Weirdlaw Hill, Le soleil sur la colline Weirdlaw, In Ettrick’s vale, is sinking sweet; Dans la vallée d’Ettrick, coule paisiblement ; The westland wind is hush and still, Le vent des terres de l’ouest reste silencieux, The lake lies sleeping at my feet. Le lac se couche à mes pieds. Yet not the landscape to mine eye Pourtant, le paysage à mes yeux Bears those bright hues that once it bore; N’a plus ces teintes éclatantes qu’il arborait jadis, Though evening, with her richest dye, Même ce soir, avec de si riches couleurs, Flames o’er the hills of Ettrick’s shore. Qui embrase les collines du rivage d’Ettrick.
*
With listless look along the plain Avec un regard quelconque le long de la plaine, I see Tweed’s silver current glide, Je vois le glissement des flots argentés de la Tweed, And coldly mark the holy fane Et froidement, je remarque le saint temple Of Melrose rise in ruin’d pride. De Melrose qui s’élève dans sa fierté ruinée. The quiet lake, the balmy air, Le lac tranquille, l’air doux, The hill, the stream, the tower, the tree, – La colline, le ruisseau, la tour, l’arbre, – Are they still such as once they were, Sont-ils toujours comme jadis, Or is it the dreary change in me? Ou ce changement mystérieux vient-il de moi ?
*
Alas, the warp’d and broken board, Hélas, le tableau enroulé et brisé, How can it bear the painter’s dye! Comment supporterait-il les couleurs du peintre ? The harp of strain’d and tuneless chord, La harpe aux cordes déformées et limées, How to the minstrel’s skill reply! Comment répondrait-elle à la maîtrise du ménestrel ! To aching eyes each landscape lowers, Aux yeux douloureux, chaque paysage est affadi , To feverish pulse each gale blows chill; À l’impulsion fiévreuse, chaque souffle se glace ; And Araby’s or Eden’s bowers Et les bosquets d’Arabie ou d’Éden Were barren as this moorland hill. Deviendraient aussi stériles que cette colline des landes.
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WALTER SCOTT
vu par
VICTOR HUGO
Walter Scott a su puiser aux sources de la nature et de la vérité un genre inconnu, qui est nouveau parce qu’il se fait aussi ancien qu’il le veut. Walter Scott allie à la minutieuse exactitude des chroniques la majestueuse grandeur de l’histoire et l’intérêt pressant du roman ; génie puissant et curieux qui devine le passé ; pinceau vrai qui trace un portrait fidèle d’après une ombre confuse, et nous force à reconnaître même ce que nous n’avons pas vu ; esprit flexible et solide qui s’empreint du cachet particulier de chaque siècle et de chaque pays, comme une cire molle, et conserve cette empreinte pour la postérité comme un bronze indélébile.
Peu d’écrivains ont aussi bien rempli que Walter Scott les devoirs du romancier relativement à son art et à son siècle ; car ce serait une erreur presque coupable dans l’homme de lettres que de se croire au-dessus de l’intérêt général et des besoins nationaux, d’exempter son esprit de toute action sur les contemporains, et d’isoler sa vie égoïste de la grande vie du corps social. Et qui donc se dévouera, si ce n’est le poète ? Quelle voix s’élèvera dans l’orage, si ce n’est celle de la lyre qui peut le calmer ? Et qui bravera les haines de l’anarchie et les dédains du despotisme, sinon celui auquel la sagesse antique attribuait le pouvoir de réconcilier les peuples et les rois, et auquel la sagesse moderne a donné celui de les diviser ?
Ce n’est donc point à de doucereuses galanteries, à de mesquines intrigues, à de sales aventures, que Walter Scott voue son talent. Averti par l’instinct de sa gloire, il a senti qu’il fallait quelque chose de plus à une génération qui vient d’écrire de son sang et de ses larmes la page la plus extraordinaire de toutes les histoires humaines. Les temps qui ont immédiatement précédé et immédiatement suivi notre convulsive révolution étaient de ces époques d’affaissement que le fiévreux éprouve avant et après ses accès. Alors les livres les plus platement atroces, les plus stupidement impies, les plus monstrueusement obscènes, étaient avidement dévorés par une société malade ; dont les goûts dépravés et les facultés engourdies eussent rejeté tout aliment savoureux ou salutaire. C’est ce qui explique ces triomphes scandaleux, décernés alors par les plébéiens des salons et les patriciens des échoppes à des écrivains ineptes ou graveleux, que nous dédaignerons de nommer, lesquels en sont réduits aujourd’hui à mendier l’applaudissement des laquais et le rire des prostituées. Maintenant la popularité n’est plus distribuée par la populace, elle vient de la seule source qui puisse lui imprimer un caractère d’immortalité ainsi que d’universalité, du suffrage de ce petit nombre d’esprits délicats, d’âmes exaltées et de têtes sérieuses qui représentent moralement les peuples civilisés. C’est celle-là que Scott a obtenue en empruntant aux annales des nations des compositions faites pour toutes les nations, en puisant dans les fastes des siècles des livres écrits pour tous les siècles. Nul romancier n’a caché plus d’enseignement sous plus de charme, plus de vérité sous la fiction. Il y a une alliance visible entre la forme qui lui est propre et toutes les formes littéraires du passé et de l’avenir, et l’on pourrait considérer les romans épiques de Scott comme une transition de la littérature actuelle aux romans grandioses, aux grandes épopées en vers ou en prose que notre ère poétique nous promet et nous donnera.
Victor Hugo
Œuvres complètes de Victor Hugo
A PROPOS DE QUENTIN DURWARD
Juin 1823
Littérature et philosophie mêlées
Texte établi par Cécile Daubray
Imprimerie Nationale, Ollendorff
Editions Albin Michel
1934 – Hors séries – Philosophie I
Walter Scott a su puiser aux sources de la nature et de la vérité un genre inconnu, qui est nouveau parce qu’il se fait aussi ancien qu’il le veut. Walter Scott allie à la minutieuse exactitude des chroniques la majestueuse grandeur de l’histoire et l’intérêt pressant du roman ; génie puissant et curieux qui devine le passé ; pinceau vrai qui trace un portrait fidèle d’après une ombre confuse, et nous force à reconnaître même ce que nous n’avons pas vu ; esprit flexible et solide qui s’empreint du cachet particulier de chaque siècle et de chaque pays, comme une cire molle, et conserve cette empreinte pour la postérité comme un bronze indélébile.
Peu d’écrivains ont aussi bien rempli que Walter Scott les devoirs du romancier relativement à son art et à son siècle ; car ce serait une erreur presque coupable dans l’homme de lettres que de se croire au-dessus de l’intérêt général et des besoins nationaux, d’exempter son esprit de toute action sur les contemporains, et d’isoler sa vie égoïste de la grande vie du corps social. Et qui donc se dévouera, si ce n’est le poète ? Quelle voix s’élèvera dans l’orage, si ce n’est celle de la lyre qui peut le calmer ? Et qui bravera les haines de l’anarchie et les dédains du despotisme, sinon celui auquel la sagesse antique attribuait le pouvoir de réconcilier les peuples et les rois, et auquel la sagesse moderne a donné celui de les diviser ?
Ce n’est donc point à de doucereuses galanteries, à de mesquines intrigues, à de sales aventures, que Walter Scott voue son talent. Averti par l’instinct de sa gloire, il a senti qu’il fallait quelque chose de plus à une génération qui vient d’écrire de son sang et de ses larmes la page la plus extraordinaire de toutes les histoires humaines. Les temps qui ont immédiatement précédé et immédiatement suivi notre convulsive révolution étaient de ces époques d’affaissement que le fiévreux éprouve avant et après ses accès. Alors les livres les plus platement atroces, les plus stupidement impies, les plus monstrueusement obscènes, étaient avidement dévorés par une société malade ; dont les goûts dépravés et les facultés engourdies eussent rejeté tout aliment savoureux ou salutaire. C’est ce qui explique ces triomphes scandaleux, décernés alors par les plébéiens des salons et les patriciens des échoppes à des écrivains ineptes ou graveleux, que nous dédaignerons de nommer, lesquels en sont réduits aujourd’hui à mendier l’applaudissement des laquais et le rire des prostituées. Maintenant la popularité n’est plus distribuée par la populace, elle vient de la seule source qui puisse lui imprimer un caractère d’immortalité ainsi que d’universalité, du suffrage de ce petit nombre d’esprits délicats, d’âmes exaltées et de têtes sérieuses qui représentent moralement les peuples civilisés. C’est celle-là que Scott a obtenue en empruntant aux annales des nations des compositions faites pour toutes les nations, en puisant dans les fastes des siècles des livres écrits pour tous les siècles. Nul romancier n’a caché plus d’enseignement sous plus de charme, plus de vérité sous la fiction. Il y a une alliance visible entre la forme qui lui est propre et toutes les formes littéraires du passé et de l’avenir, et l’on pourrait considérer les romans épiques de Scott comme une transition de la littérature actuelle aux romans grandioses, aux grandes épopées en vers ou en prose que notre ère poétique nous promet et nous donnera.
Victor Hugo
Œuvres complètes de Victor Hugo
A PROPOS DE QUENTIN DURWARD
Juin 1823
Littérature et philosophie mêlées
Texte établi par Cécile Daubray
Imprimerie Nationale, Ollendorff
Editions Albin Michel
1934 – Hors séries – Philosophie I
Look not thou on beauty’s charming, Ne regarde pas la charmante beauté, Sit thou still when kings are arming, Reste apaisé quand les rois préparent leurs armées, Taste not when the wine-cup glistens, Ne bois pas ta coupe quand le vin scintille, Speak not when the people listens, Ne parle pas quand les gens écoutent, Stop thine ear against the singer, Pose ton oreille contre le chanteur, From the red gold keep thy finger; Loin de l’or vermeil, tu garderas ton doigt ; Vacant heart and hand and eye, Le cœur, les mains et les yeux vacants, Easy live and quiet die. Vis simplement et meurs tranquillement.
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WALTER SCOTT
vu par
VICTOR HUGO
Walter Scott a su puiser aux sources de la nature et de la vérité un genre inconnu, qui est nouveau parce qu’il se fait aussi ancien qu’il le veut. Walter Scott allie à la minutieuse exactitude des chroniques la majestueuse grandeur de l’histoire et l’intérêt pressant du roman ; génie puissant et curieux qui devine le passé ; pinceau vrai qui trace un portrait fidèle d’après une ombre confuse, et nous force à reconnaître même ce que nous n’avons pas vu ; esprit flexible et solide qui s’empreint du cachet particulier de chaque siècle et de chaque pays, comme une cire molle, et conserve cette empreinte pour la postérité comme un bronze indélébile.
Peu d’écrivains ont aussi bien rempli que Walter Scott les devoirs du romancier relativement à son art et à son siècle ; car ce serait une erreur presque coupable dans l’homme de lettres que de se croire au-dessus de l’intérêt général et des besoins nationaux, d’exempter son esprit de toute action sur les contemporains, et d’isoler sa vie égoïste de la grande vie du corps social. Et qui donc se dévouera, si ce n’est le poète ? Quelle voix s’élèvera dans l’orage, si ce n’est celle de la lyre qui peut le calmer ? Et qui bravera les haines de l’anarchie et les dédains du despotisme, sinon celui auquel la sagesse antique attribuait le pouvoir de réconcilier les peuples et les rois, et auquel la sagesse moderne a donné celui de les diviser ?
Ce n’est donc point à de doucereuses galanteries, à de mesquines intrigues, à de sales aventures, que Walter Scott voue son talent. Averti par l’instinct de sa gloire, il a senti qu’il fallait quelque chose de plus à une génération qui vient d’écrire de son sang et de ses larmes la page la plus extraordinaire de toutes les histoires humaines. Les temps qui ont immédiatement précédé et immédiatement suivi notre convulsive révolution étaient de ces époques d’affaissement que le fiévreux éprouve avant et après ses accès. Alors les livres les plus platement atroces, les plus stupidement impies, les plus monstrueusement obscènes, étaient avidement dévorés par une société malade ; dont les goûts dépravés et les facultés engourdies eussent rejeté tout aliment savoureux ou salutaire. C’est ce qui explique ces triomphes scandaleux, décernés alors par les plébéiens des salons et les patriciens des échoppes à des écrivains ineptes ou graveleux, que nous dédaignerons de nommer, lesquels en sont réduits aujourd’hui à mendier l’applaudissement des laquais et le rire des prostituées. Maintenant la popularité n’est plus distribuée par la populace, elle vient de la seule source qui puisse lui imprimer un caractère d’immortalité ainsi que d’universalité, du suffrage de ce petit nombre d’esprits délicats, d’âmes exaltées et de têtes sérieuses qui représentent moralement les peuples civilisés. C’est celle-là que Scott a obtenue en empruntant aux annales des nations des compositions faites pour toutes les nations, en puisant dans les fastes des siècles des livres écrits pour tous les siècles. Nul romancier n’a caché plus d’enseignement sous plus de charme, plus de vérité sous la fiction. Il y a une alliance visible entre la forme qui lui est propre et toutes les formes littéraires du passé et de l’avenir, et l’on pourrait considérer les romans épiques de Scott comme une transition de la littérature actuelle aux romans grandioses, aux grandes épopées en vers ou en prose que notre ère poétique nous promet et nous donnera.
Victor Hugo
Œuvres complètes de Victor Hugo
A PROPOS DE QUENTIN DURWARD
Juin 1823
Littérature et philosophie mêlées
Texte établi par Cécile Daubray
Imprimerie Nationale, Ollendorff
Editions Albin Michel
1934 – Hors séries – Philosophie I
[Midlothian -Meadhan Lodainn – est un des 32 council areas d’Écosse – Le Midlothian jouxte la ville d’Édimbourg]
Chapter XVI Chapitre Proud Maisie is in the wood
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Proud Maisie is in the wood, La fière Maisie est dans les bois, Walking so early; Dès potron-minet marchant ; Sweet Robin sits on the bush, Le doux Rouge-gorge sur un buisson attend, Singing so rarely. Chantant à pleine voix.
*
‘Tell me, thou bonny bird, «Dis-moi, mon bel oiseau, When shall I marry me?’- Quand dois-je me marier tout de bon ? »- ‘When six braw gentlemen «Quand six beaux damoiseaux Kirkward shall carry ye.’ Vers l’église te porteront. »
*
‘Who makes the bridal bed, «Qui fait le lit de mariée, Birdie, say truly?’- Mon bel Oiseau, parle franchement ? « – ‘The grey-headed sexton «Le sacristain à la tête cendrée That delves the grave duly. Qui creuse la tombe proprement.
*
‘The glow-worm o’er grave and stone «Le ver luisant sur la tombe et la dalle Shall light thee steady; Consciencieusement, t’éclairera ; The owl from the steeple sing, Le chouette du clocher chantera : « Welcome, proud lady! »’ ‘Bienvenue, fière dame !’ «
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WALTER SCOTT
vu par
VICTOR HUGO
Walter Scott a su puiser aux sources de la nature et de la vérité un genre inconnu, qui est nouveau parce qu’il se fait aussi ancien qu’il le veut. Walter Scott allie à la minutieuse exactitude des chroniques la majestueuse grandeur de l’histoire et l’intérêt pressant du roman ; génie puissant et curieux qui devine le passé ; pinceau vrai qui trace un portrait fidèle d’après une ombre confuse, et nous force à reconnaître même ce que nous n’avons pas vu ; esprit flexible et solide qui s’empreint du cachet particulier de chaque siècle et de chaque pays, comme une cire molle, et conserve cette empreinte pour la postérité comme un bronze indélébile.
Peu d’écrivains ont aussi bien rempli que Walter Scott les devoirs du romancier relativement à son art et à son siècle ; car ce serait une erreur presque coupable dans l’homme de lettres que de se croire au-dessus de l’intérêt général et des besoins nationaux, d’exempter son esprit de toute action sur les contemporains, et d’isoler sa vie égoïste de la grande vie du corps social. Et qui donc se dévouera, si ce n’est le poète ? Quelle voix s’élèvera dans l’orage, si ce n’est celle de la lyre qui peut le calmer ? Et qui bravera les haines de l’anarchie et les dédains du despotisme, sinon celui auquel la sagesse antique attribuait le pouvoir de réconcilier les peuples et les rois, et auquel la sagesse moderne a donné celui de les diviser ?
Ce n’est donc point à de doucereuses galanteries, à de mesquines intrigues, à de sales aventures, que Walter Scott voue son talent. Averti par l’instinct de sa gloire, il a senti qu’il fallait quelque chose de plus à une génération qui vient d’écrire de son sang et de ses larmes la page la plus extraordinaire de toutes les histoires humaines. Les temps qui ont immédiatement précédé et immédiatement suivi notre convulsive révolution étaient de ces époques d’affaissement que le fiévreux éprouve avant et après ses accès. Alors les livres les plus platement atroces, les plus stupidement impies, les plus monstrueusement obscènes, étaient avidement dévorés par une société malade ; dont les goûts dépravés et les facultés engourdies eussent rejeté tout aliment savoureux ou salutaire. C’est ce qui explique ces triomphes scandaleux, décernés alors par les plébéiens des salons et les patriciens des échoppes à des écrivains ineptes ou graveleux, que nous dédaignerons de nommer, lesquels en sont réduits aujourd’hui à mendier l’applaudissement des laquais et le rire des prostituées. Maintenant la popularité n’est plus distribuée par la populace, elle vient de la seule source qui puisse lui imprimer un caractère d’immortalité ainsi que d’universalité, du suffrage de ce petit nombre d’esprits délicats, d’âmes exaltées et de têtes sérieuses qui représentent moralement les peuples civilisés. C’est celle-là que Scott a obtenue en empruntant aux annales des nations des compositions faites pour toutes les nations, en puisant dans les fastes des siècles des livres écrits pour tous les siècles. Nul romancier n’a caché plus d’enseignement sous plus de charme, plus de vérité sous la fiction. Il y a une alliance visible entre la forme qui lui est propre et toutes les formes littéraires du passé et de l’avenir, et l’on pourrait considérer les romans épiques de Scott comme une transition de la littérature actuelle aux romans grandioses, aux grandes épopées en vers ou en prose que notre ère poétique nous promet et nous donnera.
Victor Hugo
Œuvres complètes de Victor Hugo
A PROPOS DE QUENTIN DURWARD
Juin 1823
Littérature et philosophie mêlées
Texte établi par Cécile Daubray
Imprimerie Nationale, Ollendorff
Editions Albin Michel
1934 – Hors séries – Philosophie I
Loveliest of trees, the cherry now Le plus bel arbre, le cerisier, ce jour Is hung with bloom along the bough, Étale sa floraison sur ses branches, And stands about the woodland ride Aux abords de la forêt Wearing white for Eastertide. Revêtu de blanc et prêt pour les Pâques.
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Now, of my threescore years and ten, Au jour de mes soixante-dix ans, Twenty will not come again, Vingt ne reviendront pas, And take from seventy springs a score, Et enlevés à soixante-dix, It only leaves me fifty more. Il n’en reste que cinquante seulement.
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And since to look at things in bloom Et pour admirer les choses en fleurs Fifty springs are little room, Cinquante printemps sont si peu, About the woodlands I will go Par les sentiers de la forêt, j’irai To see the cherry hung with snow. Voir couvert de neige le cerisier.