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Conte Salé (par les P’tites Grillées) : dans le tohu-bohu des rêves

Conte Salé (par les P'tites Grillées)- dans le tohu-bohu des rêves



       Conte Salé
par les P’tites Grillées

(Théâtre pour enfants)        

 Dans le tohu-bohu des rêves




Ce premier dimanche de janvier 2013, par un phénomène extraordinaire, une tempête titanique, un déferlement de précipitations diluviennes, l’eau est montée d’un seul coup, sans prévenir, envahissant tous les quartiers de Toulouse, ne laissant qu’un seul petit rocher apparent du côté de l’avenue des Minimes, exactement au théâtre des Minimes.

Nous vîmes  alors passer des sardines, des requins, des cachalots aussi perdus que nous. Nous les regardâmes passer…

Un bout d’océan venait de se fracasser d’un coup d’un seul sur nos têtes et sur nos pieds.

 

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Un brave marin, l‘intrépide cap’taine Relou des Mers était là, heureusement. Il nous a tendu la main qui nous servit de ponton de fortune. « Cramponnez-vous, courage, brave gens» qu’il disait et nous nous laissâmes glisser dans cette pièce comme un banc de poisson dans le ventre de la baleine.  Nous l’avions saisie et nous nous laissâmes partir dans son histoire et dans son rafiot.

lisa boudet-valette 5Nous avons quitté les Minimes au-dessus des arbres et des immeubles inondés et nous avons rejoint la pleine mer à bord de son  vieux rafiot,  loin des carnages, des grondements qui régnaient en ville et qui frappaient durement le sabord. Nos haleines fatiguées haletaient par à coup quand notre ami voulut nous conter l’histoire de la sirène accompagnée par son fidèle crabe. « Serrez vos écrous, nous partons ! » qu’il disait…et nous partîmes.

Il tendit la toile, bleue et grandiose. Et il nous demanda de nous imaginer sur un trois-mâts au plein milieu de la mer. Pour imaginer être en pleine mer, ce n’était pas compliqué. Nous y étions ! Nos yeux humides par les embruns étaient prêts, rougis et gonflés ; ils attendaient les émotions qui n’allaient pas tarder à nous submerger.

Nous étions tous encapuchonnés et grelotants. Capt’aine Relou des Mers a su nous réchauffer par ses mots pendant que nous nous enfoncions un peu plus vers les grandes et profondes eaux. Cœurs contre cœurs, enchaînés à la carapace du navire plus qu’à nos seuls corps, nous partîmes à l’aventure des hautes mers, pendant que, lui, seul et triomphant, restait le seul maître à bord.

Nous attendîmes longtemps. Mais le plaisir n’est-il pas dans l’attente. Et l’histoire arriva plus belle encore. Avec un fracas plus fort qu’une baleinière accostant sa proie, plus profond qu’une ancre cherchant à capturer le fond de l’océan.

 

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les p'tites grilléesEt nous étions là, hagards. Il nous demandait de faire le vent et les mouettes. Et nous hurlions dans le vent et nous criions comme des mouettes. Nous partîmes dans le temps et nous nous retrouvâmes trois mois plus tôt dans l’abîme. Pendant que le vieux navire craquait de toutes parts, nous nous trouvâmes soudain sur un autre rocher. Avec à son milieu, une magnifique sirène. Des éclairs dans les yeux, nous restions bouche bée. Elle voulait faire un brin de causette. C’est certain !

Mais une malédiction l’avait frappée. Superbe et pourtant si triste et malheureuse. Ne sachant pas chanter, toutes les espèces de la création maritime avaient fui. Elle ne connut  jamais l’alcôve nuptiale et les tendres ébats. Elle n’avait jamais eût de pouvoir sur les cœurs et devait rester seule sur son rocher jusqu’à la fin des temps, avec seulement un petit crabe. Douze générations de crabes y étaient passées !!!!

Et elle en a connu du monde pendant tout ce temps, des trempes de vrais marins, de Jack Sparrow, Bob l’éponge, le commandant Cousteau… Des hommes, des vrais, des durs, des tatoués  sont passés davant son caillou. Pas un ne s’est arrêté. Notre innocente sirène restait définitivement abandonnée par le monde dans cette sombre et triste solitude.

les p'tites grillées 5Mais son rocher lui aussi s’enfonçait,  envahi qu’il était par les eaux, à cause de ce bien connu réchauffement climatique.

La sirène, ni une, ni deux se retrouva à l’eau.
Epuisée, elle n’avait plus qu’à se laisser porter par les flots où elle fut enfin prise par les filets de notre vieux loup de mer : le cap’taine Relou des mers.

La boucle, ou le noeud, non ça porte malheur ! était bouclée.
Mais l’histoire ne faisait que commencer…

Jacky Lavauzelle

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LOVECRAFT : LISA BOUDET-VALETTE DANS LES COULISSES DE L’AU-DELA

LOVECRAFT

Récits macabres et fantastiques
(d’après l’oeuvre de Lovecraft)

(Théâtre Le Fil à Plomb – Toulouse)lisa Boudet Valette Hégérie Lovecraftienne Récits Macabres et Fantastiques



LISA BOUDET-VALETTE dans
les coulisses de l’au-delà

 Vous ne viendrez pas voir une pièce de théâtre, quand vous verrez les Récits Macabres et Fantastiques. Vous viendrez, comme pour une initiation ou une invitation au voyage, vivre une expérience unique dans la brume temporelle lovecraftienne, à travers vos peurs et vos désirs les plus enfouis.



NE PLUS VIVRE LE MONDE TEL QU’ON LE CONNAÎT
D’emblée, dans la pièce Récits Macabres et Fantastiques, d’après les romans de Lovecraft, la notion élastique du temps, non linéaire du temps empli autant le spectacle que les spectateurs. Cette notion floue sans les repères habituels et dont les trois éléments, le passé, le présent et le futur, s’interpénètrent sur trois histoires en harmonie. Comme dans le Livre noir, les thématiques temporels sont là : « Le moment présent n’est qu’un point isolé dans une infinité grise et sans forme » (Le Livre noir, Ed. Pocket, trad. ) « Par la suite je ne vis jamais plus le monde tel que je l’avais connu. Mêlés à la scène précédente, il y avait toujours un peu de passé ou un peu de l’avenir ».




recits macabres et fantastiques d'après LOVECRAFT

 

UNE ACTRICE LOVECRAFTIENNE PAR EXCELLENCE
Sûrement de tous les acteurs actuels, Lisa Boudet-Valette est une des rares à pouvoir nous faire monter à bord du vaisseau avec cette ironie et cette harmonie d’interprétation. Une des rares à nous amener dans les coulisses de la mort et de l’au-delà. Le visage blanc, mortuaire. Les trois intrigues, Le Cauchemar d’Innsmouth, La Maison de la sorcière et Les Chats d’Ulthar, nous enveloppent de leurs forces surnaturelles et redoutablement macabres. Chaque cri, chaque pas sont accompagnés par les dysharmonies mélodiques et tranchantes de Simon Kastelnik. Une partition dans l’esprit de l’au-delà qui souligne et renforce les respirations haletantes, craquantes, qui plongent dans le profond de la chair, dans un camaïeu de viscères.

UN SON QUI TRANSPERCE LE REEL
Ce que donne Kastelnik n’est pas du son mais de la forme. Comme des vibrations maléfiques qui épaississaient le noir de la salle et les expressions du plaisir de la délectation macabre de l’actrice. Le son a son histoire ; il emporte en lui l’éternelle malédiction qui saupoudre la pièce.  

Les repères qui initialement sont connus et marqués, une date, une route, un village, glissent, petit à petit, dans une extrême confusion. Nous sommes dans la cassure de la limite. La limite de l’âge, dans le Cauchemar d’Innsmouth, le jeune homme va fêter sa majorité dans la Nouvelle-Angleterre. Notre héros passe les lignes de démarcation et des frontières, du monde humain au monde animal, puis du monde animal au monde végétal pour finir avec le monde aquatique. Une limite entre la raison et la folie. Entre la réalité et les rêves. Une trace de sang pour signifier que le rêve n’était pas qu’une simple illusion.



LA DECOUVERTE TOUJOURS PLUS FORTE DE L’ETRANGE ET DE L’INCONNU
Lisa Boudet-Valette plonge et nous plonge d’un territoire à l’autre. En respiration rapide, en espace clos. Lisa est toujours sur la ligne, sur la corde endiablée et ensorcelée. Sur la frontière. Là où le plaisir de la découverte de l’étrange et de l’inconnu se montre toujours plus fort. Plus vrai. Elle est le lien entre ces personnages abandonnés de tous, recroquevillés dans leur monde. Si différents et pourtant si proches de nous. Parmi ces gens hors monde, notre actrice nous les dépeint réels, vraisemblables. Le lit de l’hôtel, une civière de la morgue, recrée par son regard et sa présence la chambre, l’hôtel, le village et le drame.

Il n’y a nulle immoralité mais une moralité d’un autre monde, d’un autre pays ou d’un autre continent. Il y a juste la voix sobre qui nous conduit au moment présent. Ce sont les autres, les yeux des autres ou de cette glace qui indiquent et soulignent une métamorphose. Un portrait d’un aïeul, étrange et étranger depuis tant d’années, et devenus si familier.

Le retour des expériences fait que le monde connu d’avant s’est lui-même transformé. Car le protagoniste n’est plus le même. Il a pris de cette histoire et en fait partie intégralement. Il est l’histoire vécue dans la chair.

Le Cauchemar d’Innsmouth
Deux lumières, comme deux yeux glauques, sont pendues dans le noir de la salle. La voix qui nous parle vient de derrière nous, d’outre-tombe, aux relents glaciaux, un rien mécanique, inhumaine ; une voix qui vient de loin et qui en a vu, qui a vu maintes et maintes catastrophes. Nous revenons au 16 juillet 1927. Une enquête, une action gouvernementale. La voix nous rappelle l’histoire inquiétante que les percussions soulignent. Un jeune homme fête sa majorité dans la Nouvelle-Angleterre. Une ville attire la répugnance de tous : Innsmouth. Rien de tel pour attirer notre jeune homme à la découverte de la vie et des extrêmes. Le geste est précis, calibré. Impeccable. La voix est devenue velouté quand un sourire plisse les lèvres d’une nouvelle Joconde énigmatique. L’excitation montra crescendo jusqu’à Innsmouth, avec une traversée par bus chaotique au son des cymbales, des scies, du xylophone et des marteaux.




La Maison de la sorcière
« Les rêves de Guillman étaient, en général, des plongées à travers des abîmes infinis de crépuscules indiciblement colorés … des abîmes dont les propriétés physiques et gravitationnelles comme les relations avec sa propre essence échappaient à toute tentative d’explication…»

Les Chats d’Ulthar

« On dit qu’à Ulthar, nul n’a le droit de tuer un chat ; le chat est un animal mystérieux, familier des choses étranges que les hommes ne peuvent pas déceler. Il est l’âme de l’ancienne Egypte, l’héritier de la séculaire et sinistre Afrique… » A Ulthar, un couple âgé prend plaisir à tuer les chats des voisins…

Dans ce triptyque riche d’expériences lovecraftienne, Lisa et les sonorités de Simon nous font vivre la douce et amère beauté du drame dans ces mondes troubles et inquiétants. C’est la curiosité qui pousse nos personnages à nous plonger dans des raccourcis vers l’inquiétude et l’effroi. Mais comme le chat, nous rebondissons de peur en peur, étonné encore que déjà le rideau se lève.

Nous n’aurons plus qu’à revenir …et en attendant relire encore et encore les nouvelles de lovecraft, pour patienter.

Jacky Lavauzelle

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Récits macabres et fantastiques

Mise en scène d’Ivan Herisson, d’après des textes de LOVECRAFT

Création musicale de Simon Kastelnik
avec Lisa Boudet-Valette & Simon Kastelnik