EDGAR POE POEME
LITTERATURE AMERICAINE
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EDGAR ALLAN POE
1809-1849
Traduction – Translation
TRADUCTION JACKY LAVAUZELLE
French and English text
texte bilingue français-anglais
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EDGAR POE POEME
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To One in Paradise
À Quelqu’un au Paradis
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Thou wast that all to me, love,
Amour, tu as été tout ce pour quoi
For which my soul did pine—
Mon âme a désiré ardemment –
A green isle in the sea, love,
Amour, une île verte au milieu de la mer,
A fountain and a shrine,
Une fontaine et un sanctuaire,
All wreathed with fairy fruits and flowers,
Couronnés de fruits et de fleurs féeriques,
And all the flowers were mine.
Et toutes les fleurs étaient miennes.
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Ah, dream too bright to last!
Ah ! rêve trop brillant pour durer !
Ah, starry Hope! that didst arise
Ah ! Espoir étoilé ! qui est né
But to be overcast!
Que pour être recouvert !
A voice from out the Future cries,
Une voix pleure des tréfonds du Futur,
“On! on!”—but o’er the Past
« Va ! va ! « – mais sur le Passé
(Dim gulf!) my spirit hovering lies
(Sombre abîme !) Mon esprit planant devient
Mute, motionless, aghast!
Muet, immobile, atterré !
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For, alas! alas! with me
Car, hélas! hélas! avec moi
The light of Life is o’er!
La lumière de Vie n’est plus !
No more—no more—no more—
N’est plus – n’est plus – n’est plus-
(Such language holds the solemn sea
(Un tel langage tient la mer solennelle
To the sands upon the shore)
Aux sables sur la rive)
Shall bloom the thunder-blasted tree,
Ne fleurira plus l’arbre ravagé par la foudre,
Or the stricken eagle soar!
Ne s’envolera plus l’aigle abattu !
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And all my days are trances,
Et tous mes jours sont des transes,
And all my nightly dreams
Et tous mes rêves nocturnes
Are where thy grey eye glances,
Suivent les feux de ton œil gris,
And where thy footstep gleams—
Là où ton pas brille …
In what ethereal dances,
Dans quelles danses éthérées,
By what eternal streams.
Par quels courants éternels.
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LES PERSONNAGES D’EDGAR POE
PAR
CHARLES BAUDELAIRE
Les personnages de Poe, ou plutôt le personnage de Poe, l’homme aux facultés suraiguës, l’homme aux nerfs relâchés, l’homme dont la volonté ardente et patiente jette un défi aux difficultés, celui dont le regard est tendu avec la roideur d’une épée sur des objets qui grandissent à mesure qu’il les regarde, — c’est Poe lui-même. — Et ses femmes, toutes lumineuses et malades, mourant de maux bizarres et parlant avec une voix qui ressemble à une musique, c’est encore lui ; ou du moins, par leurs aspirations étranges, par leur savoir, par leur mélancolie inguérissable, elles participent fortement de la nature de leur créateur. Quant à sa femme idéale, à sa Titanide, elle se révèle sous différents portraits éparpillés dans ses poésies trop peu nombreuses, portraits, ou plutôt manières de sentir la beauté, que le tempérament de l’auteur rapproche et confond dans une unité vague mais sensible, et où vit plus délicatement peut-être qu’ailleurs cet amour insatiable du Beau, qui est son grand titre, c’est-à-dire le résumé de ses titres à l’affection et au respect des poëtes.
1856
Michel Lévy fr.