Archives par mot-clé : les enchaînés

HITCHCOCK : LE PETIT DETAIL QUI TUE

Alfred HITCHCOCK

 LE PETIT DETAIL QUI TUE

Alfred Hitchcock Le Petit Détail qui tue Artgitato

Alfred Hitchcock est un perfectionniste. Un amoureux des détails. A être un détail lui-même, le premier, en se fondant dans une des scènes. Là, c’est le clin d’œil. Le moindre détail a, ou aura  son importance. Les traces d’une fourchette sur une table blanche dans la Maison du Docteur Edwardes, un portrait malencontreusement déposé à côté du téléphone dans Mais qui a tué Harry, les mains trop blanches qui peuvent trahir dans Correspondant 17, le petit sifflement des 39 marches, etc.

LA PUCE A L’OREILLE

Le détail est le combustible du thriller. C’est ce petit quelque chose qui fera que le crime ne sera pas parfait. Mais presque parfait. Le petit détail qui enraillera le bon fonctionnement de la machine si bien huilée. Il est cette trace d’humanité, même chez le plus terrible criminel. Il est ce qui met la puce à l’oreille et qui relance l’action.

IL PULVERISE LES RECOLTES Là Où IL N’Y EN A PAS !

Pour cela, il doit être au départ, complétement insignifiant, puis prendre de l’ampleur. Imperceptiblement. Jusqu’à ne plus être un détail du tout, mais l’action-même. Le détail c’est le bruit de l’avion dans La Mort aux trousses. Une anomalie. Une bizarrerie. Quelque chose n’est pas là, comme il faut. Là, c’est le paysan qui le remarque «Bizarre cet avion ! Il pulvérise les récoltes là où il n’y en a pas ! » Personne d’autre n’aurait pu remarquer ça.

Dans Correspondant 17, Huntley Haverstock (Joël McCrea) s’aperçoit qu’un des moulins ne tourne pas dans le même sens. En fait, il envoie des signaux à l’avion dans le ciel. C’est là que se trouvent les criminels.

SAUTER D’UN DETAIL A L’AUTRE

Dans la Loi du silence  (1953), L’inspecteur Larrue (Karl Malden) discute avec le Père Logan (Montgomery Clift). Il souligne l’importance du détail, le rythme où l’on passe d’un détail à un autre : « Mais voyez-vous, dans une enquête criminelle, on saute toujours d’un détail à un autre. Peut-être que je saute trop brutalement pour vous. –Il est possible que je ne vous suive pas, vous sautez si rapidement, je ne sais suivre qu’une chose après l’autre – J’ai un esprit très méthodique – Moi aussi ! – La difficulté vient peut-être que nous ne voyons pas les choses du même point de vue. Vous ne croyez pas, Monsieur l’Abbé ? – C’est possible, je ne sais vraiment pas quel est votre point de vue ! »

NE PAS DISCUTER POUR DES DETAILS!

Le détail est essentiel donc, mais il peut vite virer au cauchemar, à l’obsession. Dans Les Enchaînés, Alexander Sebastan (Claude Rains) parle ainsi à sa mère (Madame Konstantin) : « Si nous commençons à discuter pour des détails, la vie serait intenable. »

MAIS NE PAS NEGLIGER LES PETITS DETAILS, SURTOUT PAS !

Parce que si nos enquêteurs aux regards aiguisés scrutent le moindre petit détail, nos criminels les aiment tout autant. Dans L’Ombre d’un doute (1943) L’oncle Charlie (Joseph Cotten), l’étrangleur des veuves joyeuses, à la banque de Santa Rosa : « Ah ! Les petits détails ! J’ai plaisir à voir que vous ne négligez aucun détail. Je leur accorde moi-même beaucoup d’importance. Il ne faut jamais rien négliger ! »

Jacky Lavauzelle