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POEMES SUR LES CHATS ET AUTRES TEXTES

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POEMES SUR LES CHATS ET AUTRES TEXTES

POEMES SUR LES CHATS ET AUTRES TEXTES Photo Jacky Lavauzelle

POEMES SUR LES CHATS

Textes sur les chats Photo Jacky Lavauzelle









            




POEMES SUR LES CHATS
& AUTRES TEXTES

 

Photos Jacky Lavauzelle

 

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TOUS LES PÉCHÉS DU MONDE

Le chat qui descend l’escalier
Vient de saloper les ombres de la lune…

Tous les péchés du monde - Poème Jacky Lavauzelle

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Version Portugaise

TODOS OS PECADOS DO MUNDO

O gato descendo as escadas
Este gato acaba de poluir as sombras da lua

TODOS OS PECADOS DO MUNDO - Poema Jacky Lavauzelle

Version Italienne

TUTTI I PECCATI DEL MONDO

Il gatto che scende le scale
Ha appena de sporcare le ombre della luna

TUTTI I PECCATI DEL MONDO Poesia di Jacky Lavauzelle
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UN INSTINCT PERSISTANT
IMPOSSIBLE A TUER

la volonté et la résolution arrêtée d’être libre

Tout animal est supérieur à l’homme par ce qu’il y a en lui de divin, c’est-à-dire par l’instinct. Or, de tous les animaux, le Chat est celui chez lequel l’instinct est le plus persistant, le plus impossible à tuer. Sauvage ou domestique, il reste lui-même, obstinément, avec une sérénité absolue, et aussi rien ne peut lui faire perdre sa beauté et sa grâce suprême. Il n’y a pas de condition si humble et si vile qui arrive à le dégrader, parce qu’il n’y consent pas, et qu’il garde toujours la seule liberté qui puisse être accordée aux créatures, c’est-à-dire la volonté et la résolution arrêtée d’être libre. Il l’est en effet, parce qu’il ne se donne que dans la mesure où il le veut, accordant ou refusant à son gré son affection et ses caresses, et c’est pourquoi il reste beau, c’est-à-dire semblable à son type éternel. Prenez deux Chats, l’un vivant dans quelque logis de grande dame ou de poète, sur les moelleux tapis, sur les divans de soie et les coussins armoriés, l’autre étendu sur le carreau rougi, dans un logis de vieille fille pauvre, ou pelotonné dans une loge de portière, eh bien ! tous deux auront au même degré la noblesse, le respect de soi-même, l’élégance à laquelle le Chat ne peut renoncer sans mourir.

Théodore de Banville
Le Chat
1882

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Photo Jacky Lavauzelle

LES FLEURS DU MAL
LE CHAT

Viens, mon beau chat, sur mon cœur amoureux ;
Retiens les griffes de ta patte,
Et laisse-moi plonger dans tes beaux yeux
Mêlés de métal et d’agate.

Lorsque mes doigts caressent à loisir
Ta tête et ton dos élastique,
Et que ma main s’enivre du plaisir
De palper ton corps électrique,

Je vois ma femme en esprit ; son regard,
Comme le tien, aimable bête,
Profond et froid, coupe et fend comme un dard,

Et des pieds jusques à la tête,
Un air subtil, un dangereux parfum
Nagent autour de son corps brun.

Charles Baudelaire
SPLEEN ET IDÉAL
Les Fleurs du mal -1857
Poulet-Malassis et de Broise, 1857

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LE CHAT

Je souhaite dans ma maison :
Une femme ayant sa raison,
Un chat passant parmi les livres,
Des amis en toute saison
Sans lesquels je ne peux pas vivre.

Guillaume Apollinaire
Le Bestiaire, ou Cortège d’Orphée
1911
Notes d’Apollinaire

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LE MAISTRE CHAT
ou
Le Chat botté

Un meusnier ne laissa pour tous biens, à trois enfans qu’il avoit, que son moulin, son asne et son chat. Les partages furent bien-tôt faits ; ny le notaire ny le procureur n’y furent point appellés. Ils auroient eu bien-tost mangé tout le pauvre patrimoine. L’aisné eut le moulin, le second eut l’asne, et le plus jeune n’eut que le chat.
Ce dernier ne pouvoit se consoler d’avoir un si pauvre lot :

« Ne vous affligés point, mon maistre ; vous n’avez qu’à me donner un sac et me faire faire une paire de bottes pour aller dans les broussailles, et vous verez que vous n’êtes pas si mal partagé que vous croyez. »
Quoique le maistre du Chat ne fist pas grand fond là-dessus, il lui avoit veu faire tant de tours de souplesse pour prendre des rats et des souris, comme quand il se pendoit par les pieds ou qu’il se cachoit dans la farine pour faire le mort, qu’il ne desespéra pas d’en estre secouru dans sa misere.
Lorsque le Chat eut ce qu’il avoit demandé, il se botta bravement, et, mettant son sac à son cou, il en prit les cordons avec ses deux pattes de devant, et s’en alla dans une garenne où il y avoit grand nombre de lapins. Il mit du son et des lasserons dans son sac, et, s’estendant comme s’il eut esté mort, il attendit que quelque jeune lapin, peu instruit encore des ruses de ce monde, vint se fourrer dans son sac pour manger ce qu’il y avoit mis.

Le marquis, faisant de grandes réverences, accepta l’honneur que luy faisoit le roy, et, dés le même jour, il épousa la princesse. Le Chat devint grand seigneur, et ne courut plus aprés les souris que pour se divertir.
Charles Perrault
Histoires ou Contes du temps passé
Édition de 1697

« Au secours, au secours, voilà Monsieur le marquis de Carabas qui se noie. » Illustration de Gustave Doré – 1867

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LE CHAT

Le mien ne mange pas les souris, il n’aime pas ça. Il n’en attrape une que pour jouer avec.
Quand il a bien joué, il lui fait grâce de la vie, et il va rêver ailleurs, l’innocent, assis dans la boucle de sa queue.
Mais, à cause des griffes, la souris est morte.

Jules Renard
Le Vigneron dans sa vigne
Mercure de France, 1914

Photo Jacky Lavauzelle

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LE CHAT DE NEPTUNE

Sans s’inquiéter davantage des oiseaux épars, avec leurs entrailles de coton pendantes sur le plancher du théâtre de ses ébats, monsieur Tom se glissa dans le couloir obscur qui mène du cabinet des officiers à la chambre du conseil de l’arrière….
Il allait à pas prudents, l’oreille au guet, tressaillant au moindre bruit et partagé entre deux désirs, le désir d’aller surveiller des souris lointaines, dont il entendait les dents fines ronger de vieux morceaux de biscuit de mer dans des entreponts ténébreux, et le désir d’aller voir un peu la cause d’un bruit singulier qui lui arrivait par la porte ouverte de la chambre du conseil et l’intriguait fort…

Ernest d’Hervilly
Le Chat du Neptune
CHAPITRE IV
Voyage de découvertes
1886

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LE CHAT

À Léon Cladel
Je comprends que le chat ait frappé Baudelaire
Par son être magique où s’incarne le sphinx ;
Par le charme câlin de la lueur si claire
Qui s’échappe à longs jets de ses deux yeux de lynx,
Je comprends que le chat ait frappé Baudelaire.Femme, serpent, colombe et singe par la grâce,
Il ondule, se cambre et regimbe aux doigts lourds ;
Et lorsque sa fourrure abrite une chair grasse,
C’est la beauté plastique en robe de velours :
Femme, serpent, colombe et singe par la grâce,Vivant dans la pénombre et le silence austère
Où ronfle son ennui comme un poêle enchanté,
Sa compagnie apporte à l’homme solitaire
Le baume consolant de la mysticité
Vivant dans la pénombre et le silence austère.

Tour à tour triste et gai, somnolent et folâtre,
C’est bien l’âme du gîte où je me tiens sous clé ;
De la table à l’armoire et du fauteuil à l’âtre,
Il vague, sans salir l’objet qu’il a frôlé,
Tour à tour triste et gai, somnolent et folâtre.

Maurice Rollinat
LES LUXURES
Les Névroses
Fasquelle, 1917

Photo Jacky Lavauzelle

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LES CHATS

Le jeune philosophe et la vieille portière
Aiment le chat câlin, pudibond et méchant
Qui vers le pot au lait, tout en se pourléchant,
Descend à pas comptés le long de sa gouttière.

Les plus doux oreillers lui servent de litière,
Fourré, poltron, gourmand grassouillet, pleurnichant,
L’animal paresseux fait gros dos en marchant
Et patte de velours pendant sa vie entière.

La robuste fermière et le rude fermier
Aiment aussi leurs chats, troupeau maigre et farouche
Qui court le long des murs, des souris dans la bouche,

Ils aiment leur matou qui descend du grenier
Pour étrangler les rats qui grouillent dans la grange
Et qui, si ses petits sont trop nombreux, les mange.

Gustave Le Vavasseur
Études d’après nature
CARACTÈRES ET PORTRAITS RUSTIQUES
LES ANIMAUX
Les Chats

Photo Jacky Lavauzelle

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LES SOUVENIRS

Il siège au coin du feu, les paupières mi-closes,
Aspirant la chaleur du brasier qui s’éteint ;
La bouilloire bouillonne avec des bruits d’étain ;
Le bois flambe, noircit, s’effile en charbons roses.

Le royal exilé prend de sublimes poses ;
Il allonge son nez sur ses pieds de satin ;
Il s’endort, il échappe au stupide destin,
A l’irrémédiable écroulement des choses.

Les siècles en son cœur ont épaissi leur nuit,
Mais au fond de son cœur, inextinguible, luit
Comme un flambeau sacré, son rêve héréditaire.

Un soir d’or, le déclin empourpré du soleil,
Des fûts noirs de palmiers sur l’horizon vermeil,
Un grand fleuve qui roule entre deux murs de terre.

Hippolyte Taine

photo Jacky Lavauzelle

A une chatte

 Chatte blanche, chatte sans tache,
Je te demande, dans ses vers,
Quel secret dort dans tes yeux verts,
Quel sarcasme sous ta moustache.

Tu nous lorgnes, pensant tout bas
Que nos fronts pâles, que  nos lèvres,
Déteintes en de folles fièvres,
Que nos yeux creux ne valent pas.

Ton museau que ton nez termine,
Rose comme un bouton de sein,
Tes oreilles dont le dessin
Couronne fièrement ta mine.

Pourquoi cette sérénité ?
Aurais-tu la clé des problèmes
Qui nous font, frissonnants et blêmes,
Passer le printemps et l’été ?

Devant la mort qui nous menace,
Chats et gens, ton flair, plus subtil
Que notre savoir, te dit-il
Où va la beauté qui s’efface.

Où va la pensée, où s’en vont
Les défuntes splendeurs charnelles ?
Chatte, détourne tes prunelles ;
J’y trouve trop de noir au fond.

Charles Cros

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LA CHASSE DU CHAT

La feuille se cabre et trésaille
Dans un silence de grâce
Les courbes se tendent
La courbure de la voûte s’affaisse
Une flèche, une pyramide
Les nervures des voûtes égyptiennes se diffusent
Deux cercles ravageurs
Dans la nuit
Deux phares hypnotiques
Sur ses robustes piliers
les grandes arcades s’ouvrent
Se déplient et se déploient
Dans un serpentin infini
La feuille d’eau
Lâche son ultime goutte
Sans toucher
Jamais
Le félin
Qui dans le vent s’est perdu.

Jacky Lavauzelle

photo Jacky Lavauzelle

Os Gatos e os Cães
Les Chats et les Chiens

Entretanto, o gato, o bravo vigilante das horas mortas, sentinela perdida da meia-noite, passeando à luz misteriosa do luar com os olhos faiscantes como baionetas, para tranqüilidade dos armários e para desgraça dos roedores caseiros; entretanto, o digno gato, o honrado gato, deixam-no de lado, no esquecimento silencioso das suas passeatas noturnas; caluniam-no, excomungam-no e o desamparam, quando muito, aos esqueléticos carinhos de alguma velha bruxa semifantástica, amiga dos morcegos, dos mochos e das caveiras de burro fatídicas.
Cependant, le chat, le gardien courageux des heures mortes, la sentinelle perdue de minuit, se promène au clair de lune mystérieux avec ses yeux pétillants comme des baïonnettes pour la tranquillité de nos armoires et pour l’enfer des rongeurs de la maison ; cependant, le digne chat, le chat honoré, les laisse de côté, dans l’oubli silencieux de ses déambulations nocturnes  …

Pobre gato!
Pauvre chat !

Os Gatos e os Cães
Raul Pompeia
(1863-1895)

Arreda que lá vai um vate!

Os gatos mostrarei fugindo aos ratos,
Vistosos fructos em arbusto pêco;
Jumentos a voar, touros cantando,
E grandes tubarões nadando em secco!

Luís da Gama
(1830-1882)

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LE CHAT DE MISERE

L’autre jour, dans un salon qui ouvre de plein pied sur un jardin, on trouva, roulé en boule, un chat, mais quel chat ! Un être efflanqué, galeux, si las de la vie qu’il semblait indifférent à tout, sauf à sa sensation du moment, qui était, fait inespéré, d’avoir réussi à avoir chaud par un jour de pluie. Il avait faim aussi, mais n’étant pas de ces chats qui n’ont qu’à se frotter à leur maîtresse pour obtenir des choses qui se lapent ou des choses qui se mangent, il n’y songeait pas. Son étonnement fut visiblement très grand quand il se vit entouré d’un groupe d’humains qui lui offraient du lait et des gâteaux. Il n’avait pas peur, il était surpris comme nous le serions sur une route déserte, si, ayant soif et faim, une table servie surgissait à nos pieds. Les gens ne l’effrayaient pas parce qu’il n’en avait sans doute encore reçu aucun mal, mais ne l’attiraient pas, parce qu’il n’en avait reçu aucun bien. Les bêtes m’inspirent presque plus de pitié que les hommes, parce qu’elles sont encore plus effarées devant le malheur. Elles n’ont pas la ressource de maudire leurs frères et la société, ce qui est tout de même une distraction. Quelles réflexions un homme n’aurait-il pas faites, réduit à la condition errante et affamée de ce chat de misère ! Je vois cependant un point où la condition du chat était meilleure. Si cela avait été un humain qui se fût glissé dans le salon et se fût affalé sur un fauteuil, il est probable qu’on ne lui eût offert ni lait ni gâteaux et qu’on ne se fût pas penché sur lui pour admirer l’éclat de ses yeux
Remy de Gourmont
Le Chat de misère
1912

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POEMES SUR LES CHATS ET AUTRES TEXTES

POEMES SUR LES CHATS ET AUTRES TEXTES Photo Jacky Lavauzelle

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MONTAIGU DE QUERCY, la clef de la vallée – Tarn-et-Garonne

FRANCEMontaigu de Quercy Jacky Lavauzelle

 Photo Jacky Lavauzelle


 PHOTOS JACKY LAVAUZELLE

 


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QUERCY

MONTAIGU DE QUERCY
La clef de la vallée

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Montaigu de Quercy Photo Jacky Lavauzelle
« Il faisait un août à racornir les arbres, Les cieux semblaient plaqués de pierres & de marbres » Léon Cladel
Photo Jacky Lavauzelle
« Empourpré, le soleil allongeait en silence Ses grands dards trisaigus comme des fers de lance, Et le sol, assailli de toutes parts, fendu, S’ouvrait aux rayons chauds comme le plomb fondu  » Léon Cladel
Montaigu de Quercy Photo Jacky Lavauzelle
« Un mont qui, sous la voûte en feu du firmament, Flamboyait, chauve & nu, dans le rayonnement Immense des cieux. » Léon Cladel
Photo Jacky Lavauzelle
« Tout renaît & palpite, & tout, monts, plaines, eaux, » Léon Cladel
Photo Jacky Lavauzelle
« Et si tout respirait, on ne l’entendait pas » Léon Cladel
Photo Jacky Lavauzelle
Les cieux semblaient plaqués de pierres & de marbres, Rien ne bougeait en haut, rien ne bougeait en bas » Léon Cladel
Photo Jacky Lavauzelle
« un brave oiseau parla Dans un arbre ! » Léon Cladel
Photo Jacky Lavauzelle
« De ses langues de feu l’élémentaire flamme Ardait tout, m’arrivant, subtile, jusqu’à l’âme, » Léon Cladel
Photo Jacky Lavauzelle
 » Et je croyais qu’en proie à cet ardent baiser, J’allais m’évanouir & me vaporiser ; » Léon Cladel
Photo Jacky Lavauzelle
 » Et qu’altérés, chauffés au point de se dissoudre, Incendiés, noircis, calcinés, mis en poudre, » Léon Cladel
Photo Jacky Lavauzelle
 » Ravins & mamelons, encore tout fumants, Se désagrégeraient sous ces cieux incléments ; Et déjà je pleurais, hélas ! sur nos vallées… » Léon Cladel

Photo Jacky Lavauzelle  Photo Jacky Lavauzelle

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LÉON CLADEL

EN QUERCY, L’ÉTÉ

La campagne éclatait, embrasée ; & les blés
Jaunis succombaient sous leurs épis d’or brûlés ;
Il faisait un août à racornir les arbres,
Les cieux semblaient plaqués de pierres & de marbres,
Rien ne bougeait en haut, rien ne bougeait en bas,
Et si tout respirait, on ne l’entendait pas ;
Empourpré, le soleil allongeait en silence
Ses grands dards trisaigus comme des fers de lance,
Et le sol, assailli de toutes parts, fendu,
S’ouvrait aux rayons chauds comme le plomb fondu ;
Pas d’air ; à l’horizon d’immenses prés, dont l’herbe
Ourlait une forêt immobile & superbe ;
Un grand fleuve arrêté, comme s’il était las,
Réverbérant du ciel les splendides éclats ;
Et plus loin, dévoré par les baisers de l’astre,
Un mont, dans la lumière ; un mont, tel qu’un pilastre ;
Un mont qui, sous la voûte en feu du firmament,
Flamboyait, chauve & nu, dans le rayonnement
Immense des cieux.
Immense des cieux. Or, étendu sous un orme
Dont le soleil trouait la frondaison énorme,
Je regardais la roche âpre, chauffée à blanc,
Corrodée à la cime & corrodée au flanc,
Et, sous elle, l’abîme intense de la plaine
Avalant tout le feu dont la nue était pleine ;
Et je voyais flamber dans le miroir de l’eau
Les cheveux du soleil & les bras du bouleau ;
Mais, si loin que mes yeux lassés pouvaient s’étendre,
Rien de vert, rien de doux, rien d’ombreux, rien de tendre
Ne se montrait parmi l’irradiation
De la nature, tout entière en fusion.
Nul souffle. Aucun bruit. Rien ne remuait. Les terres,
Au nord comme au midi, rutilaient, solitaires
Sous ce ciel implacable & rempli d’un éclair,
Qui n’avait pas de trêve & qui dévorait l’air.
De ses langues de feu l’élémentaire flamme
Ardait tout, m’arrivant, subtile, jusqu’à l’âme,
Et je croyais qu’en proie à cet ardent baiser,
J’allais m’évanouir & me vaporiser ;
Et qu’altérés, chauffés au point de se dissoudre,
Incendiés, noircis, calcinés, mis en poudre,
Ravins & mamelons, encore tout fumants,
Se désagrégeraient sous ces cieux incléments ;
Et déjà je pleurais, hélas ! sur nos vallées…
Sur ma vallée autour de laquelle, empilées,
S’étagent dans l’azur des crêtes de granit,
Où l’aigle farouche a ses petits & son nid
Royal !
Royal ! O joie !…
Royal ! O joie !… Émus, les cieux impérissables
Se mouillent tout à coup, &, sur l’éclat des sables,
Mille atomes d’or pur, par un souffle enlevés,
Miroitent en dansant dans les airs avivés.
En vain le grand soleil agrandit son cratère,
Les gramens, les gazons ondulent sur la terre :
Avoines, blés, maïs, redressent leurs cheveux,
Et le saule, oscillant sur ses orteils baveux.
Incline vers les eaux sa difforme ramure
Où le vent, revenu, pleure, rit & murmure…
Tout renaît & palpite, & tout, monts, plaines, eaux,
Se meut ! Yeuses, sapins, houx, chênes & roseaux,
Les grands bois font sonner leurs cimes inégales ;
Et l’on entend des chants incertains de cigales
Et mille bruits charmants errant par-ci par-là :
Soudain, — j’en pleure encore, — un brave oiseau parla
Dans un arbre !
Léon Cladel
En Quercy, l’été
Le Parnasse contemporain  : Recueil de vers nouveaux
1869-1871

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LE QUERCY DANS
LA PREMIERE ENCYCLOPEDIE

QUERCY le (Géog. mod.) en latin Cardurcinus pagus, province de France dans le gouvernement de Guyenne ; elle est bornée au nord par le Limousin, au midi par le haut Languedoc, au levant par le Rouergue ; & au couchant par l’Agénois & le Périgord.
On divise le Quercy en haut & en bas ; le Lot en fait la séparation. Cahors est la capitale, & Montauban est le principal lieu du bas Quercy ; Cahors & Montauban sont deux évêchés.
Le Quercy est un pays peu commerçant, mais fertile en bled, en fruits & en excellens vins : voici l’histoire de cette province.
Le nom de Quercy ou Cahourcin, comme les anciens le nommoient, & celui de sa capitale, Cahors, sont venus de Cadurci, peuple célebre dans les commentaires de César, par sa valeur, & pour avoir tenu jusqu’à sa mort le parti de Vercingentorix. Ce peuple alors étoit du nombre des Celtes ; mais Auguste l’attribua à l’Aquitaine ; & depuis sous Valentinien, après la division de la Province en deux, c’est-à-dire en premiere & seconde, les Cadurci furent mis sous la premiere, & sous la métropole de Bourges. Les Visigots s’en rendirent les maîtres dans le cinquieme siecle, & ils en furent dépossédés au commencement du sixieme par les François. Les rois françois ayant partagé entr’eux l’Aquitaine, le Quercy échut aux rois d’Austrasie, qui ont possédé ce pays jusqu’au déclin de la race de Clovis, lorsqu’il n’y avoit plus qu’un prince qui avoit le titre de roi, mais dont l’autorité étoit entre les mains des maires du palais. Eudes, duc d’Aquitaine, dans le commencement du buitieme siecle, se rendit maître de Cahors, comme de tout le reste de l’Aquitaine, & ses descendans ont été en possession du Quercy jusqu’au tems du roi Pepin qui conquit toute l’Aquitaine.
Les rois de la France occidentale, depuis Charles le Chauve, jouirent du Quercy jusqu’au regne de Louis d’Outremer. Ce fut alors que les comtes de Toulouse, qui s’étoient rendus absolus dans leur comté, s’approprierent le Quercy. Ensuite cette contrée fut ôtée aux descendans de Raymond de Saint-Gilles, & adjugée par le haut domaine à saint-Louis, par une sentence que les légats du pape rendirent l’an 1228. Le Roi Jean fut contraint par le traité de Bretigny de céder aux Anglois le Quercy en toute souveraineté, & ils en jouirent à ce titre, jusqu’au regne de Charles V. qui reprit ce que son pere avoit perdu en Aquitaine. Depuis ce tems-là le Quercy est demeuré uni à la couronne de France. (D. J.)
Charles de Jaucour
Première Edition de l’Encyclopédie
1751 – Tome 13

FRANCEMontaigu de Quercy Jacky Lavauzelle

OCCITANIE – LITTERATURE OCCITANE

 

SELECTION ARTGITATO
OCCITANIE

LITTERATURE OCCITANE

Occitania Occitanie Litterature Occitane Artgitato

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AS FRANCIMANDS
Auguste Quercy

LAS MOUNT-ALBANESOS 
Auguste Quercy

Léon CLADEL
par Auguste QUERCY

Mount-Alba à bisto de nas
Auguste Quercy

Auguste QUERCY
par Gabriel LAFORGUE, le dernier des aèdes

Léon Cladel par Auguste Quercy

LITTERATURE OCCITANE

CAMROSOS
Carsinolos

LEON CLADEL
(1835-1892)
par AUGUSTE QUERCY
(1853-1899)

(Ed MOUNT-ALBA
Paul Massoun – Librari Editour – MCMXI)

Léon Cladel par Auguste Quercy Artgitato Littérature OccitaneLeon Cladel

Per l’inauguraciu de soun buste

E be, Milou [l’escalpraire Dourdèle], l’abèn aqui mastat en l’aire,
Nostre fièr Carsinol ! I es gracio à toun trabal
Sans interès ; per tu, l’Art es tout, escalpraire.
I es gracios à l’Adjud de soun fraire ribal.
Cap de glorio flouric sus un auta pus noble :
Lou brounze es de l’Estat, lou marbre ben del pople.
En toun brounze immourtal, biu idèialisat,
Pièls en bouigo, souscous, l’èl priu coumo’s bouscasses.
Es pla el, l’ardèlous del bèl Païs des Casses,
Al cap nèrbut e fi de Crist liounisat.

Ba troubas pas ? aquel brouze lou rebiscolo !
Se l’abès counescut, i a pas res de chabit.
L’afougat satiric, coumo un mèstre d’escolo,
Asimo, – o ! sans danger – del fouet dount s’es serbit.
Sus soun front priu selhat, dins soun orbio alassado,
Lusis, darrier reflèt, un rèsto de pensado.
E lèu, lou garrabier, lou chuco-mèl ramut,
En flours graciusaran e soun bras e sa plumo.
Per de que sus soun clot tant de furour s’alumo ?
Saboun be que i es plus e que lou brouze es mut !

Dabans l’injuste sort, qu’afoulis qu’emmalcouro,
Quantis de lour talent, ailas, an traficat !
A la fount del Rebers, el, bebèt de bouno ouro :
A sa cresenço, à l’Art, a tout sacrificat.
lous casses carsinols, gigants de nostris pèches,
Multridis, estranjits, pe’s orres bens erèjes,
S’assoloun, tout entiers, de la roisse al cabèl,
Pus lèu que de flaqui, d’un pièl, dabans l’aurage :
Cal que lou bent lous cope a que sa rajo afraje.
Indoundable garric, atal toumbèt Cladel.

Escriban patrioto, artistic, libèrtari,
Tal es estat Cladel, jusc’al darrier badal ;
Aimat ou criticat, demoro un caratari :
Dins un siècle argentous, es rare, un ome atal.
Tabé, noble marran, malaut, crussit de peno,
Toumbèt sus soun trabal, mouric en pleno gleno.
Se Garbo, richo e forto, es uno obro à l’espart,
Prestido dins soun cor, – cor abeurat d’agrièro, –
Ount sa grando amo bul d’amour per la paupièro,
– Gloriouso. Aura la bido etèrnalo de l’Art.

L’Art biu pas de coumplots ni mai de poulitico :
Al dessus des partits, plano dins lous cè’s blus.
An bèl cerca d’escanti sa flamo magico,
L’Art lusira, seren, qu’elis i saran plus.
E l’obro susbiura tant e mai que lou buste.
Bous-aus que n’abès pas l’estoumac prou robuste,
Cerqués pas dins Cladel bostro felicitat ;
Mès, malgrat bostre goust e malgrat la satiro,
Sara toujourn sigur de fa brounzi ma liro
Qu met un rais de glorio al frount de ma citat.

D’aici, trefaniras, las nèches estibalos !
Quand la talent d’amour s’abroundo de pe’s cèls,
Pe’s prats, en s’agafent, chimarrous e cabalos
Mèscloun lour linadis al bram des braus maurèls.
O pintre fanatic de nostris rudes causses,
Entendras tout l’estiu sega dalhos e fausses ;
– E de pel caminas que passo dins Caussado,
Aureto, i pourtaras, ambe toun alenado,
Las cansous, lou perfum, l’amo de soun Carsi !