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UNE SAISON EN ENFER ARTHUR RIMBAUD – 1873

Une saison en enfer Arthur Rimbaud Artgitato Jérôme Bosch L'ascension des élus

Jérôme Bosch  l’Ascension des élus (détail)

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UNE SAISON EN ENFER ARTHUR RIMBAUD
POESIE FRANCAISE

Arthur Rimbaud poésies artgitato

ARTHUR RIMBAUD
1854-1891

Arthur Rimbaud Poésies Oeuvre Poèmes Poésie Artgitato

 

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Œuvres d’Arthur RIMBAUD
 


UNE SAISON EN ENFER
1873
Poésies

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Jadis, si je me souviens bien…

« Jadis, si je me souviens bien, ma vie était un festin où s’ouvraient tous les cœurs, où tous les vins coulaient.

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Mauvais sang

J’ai de mes ancêtres gaulois l’œil bleu blanc, la cervelle étroite, et la maladresse dans la lutte. Je trouve mon habillement aussi barbare que le leur. Mais je ne beurre pas ma chevelure.

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Nuit de l’enfer

J’ai avalé une fameuse gorgée de poison. — Trois fois béni soit le conseil qui m’est arrivé ! — Les entrailles me brûlent. La violence du venin tord mes membres, me rend difforme, me terrasse. Je meurs de soif, j’étouffe, je ne puis crier. C’est l’enfer, l’éternelle peine ! Voyez comme le feu se relève ! Je brûle comme il faut. Va, démon !

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Délires

I
Vierge folle

Écoutons la confession d’un compagnon d’enfer :

II
Alchimie du verbe

À moi. L’histoire d’une de mes folies.

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L’Impossible

Ah ! cette vie de mon enfance, la grande route par tous les temps, sobre surnaturellement, plus désintéressé que le meilleur des mendiants, fier de n’avoir ni pays, ni amis, quelle sottise c’était. — Et je m’en aperçois seulement !

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L’Éclair

Le travail humain ! c’est l’explosion qui éclaire mon abîme de temps en temps.

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Matin

N’eus-je pas une fois une jeunesse aimable, héroïque, fabuleuse, à écrire sur des feuilles d’or, — trop de chance ! Par quel crime, par quelle erreur, ai-je mérité ma faiblesse actuelle ? Vous qui prétendez que des bêtes poussent des sanglots de chagrin, que des malades désespèrent, que des morts rêvent mal, tâchez de raconter ma chute et mon sommeil. Moi, je ne puis pas plus m’expliquer que le mendiant avec ses continuels Pater et Ave Maria. Je ne sais plus parler !

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Adieu

L’automne déjà ! — Mais pourquoi regretter un éternel soleil, si nous sommes engagés à la découverte de la clarté divine, — loin des gens qui meurent sur les saisons.

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UNE SAISON EN ENFER Arthur Rimbaud

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Arthur Rimbaud Poésies
Arthur Rimbaud Poésies

L’ECLAIR ARTHUR RIMBAUD – UNE SAISON EN ENFER 1873

Une saison en enfer Arthur Rimbaud Artgitato Jérôme Bosch L'ascension des élus*

L’ECLAIR ARTHUR RIMBAUD
 UNE SAISON EN ENFER
ARTHUR RIMBAUD

POESIE FRANCAISE

Arthur Rimbaud poésies artgitato

ARTHUR RIMBAUD
1854-1891

Arthur Rimbaud Poésies Oeuvre Poèmes Poésie Artgitato

 

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Œuvres d’Arthur RIMBAUD
 


L’ECLAIR
 UNE SAISON EN ENFER
L’Eclair Arthur Rimbaud
Poésies

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L’ECLAIR

Le travail humain ! c’est l’explosion qui éclaire mon abîme de temps en temps.

« Rien n’est vanité ; à la science, et en avant ! » crie l’Ecclésiaste moderne, c’est-à-dire Tout le monde. Et pourtant les cadavres des méchants et des fainéants tombent sur le cœur des autres… Ah ! vite, vite un peu ; là-bas, par delà la nuit, ces récompenses futures, éternelles… les échappons-nous ?…

— Qu’y puis-je ? Je connais le travail ; et la science est trop lente. Que la prière galope et que la lumière gronde je le vois bien. C’est trop simple, et il fait trop chaud ; on se passera de moi. J’ai mon devoir, j’en serai fier à la façon de plusieurs, en le mettant de côté.

Ma vie est usée. Allons ! feignons, fainéantons, ô pitié ! Et nous existerons en nous amusant, en rêvant amours monstres et univers fantastiques, en nous plaignant et en querellant les apparences du monde, saltimbanque, mendiant, artiste, bandit, — prêtre ! Sur mon lit d’hôpital, l’odeur de l’encens m’est revenue si puissante ; gardien des aromates sacrés, confesseur, martyr…

Je reconnais là ma sale éducation d’enfance. Puis quoi !… Aller mes vingt ans, si les autres vont vingt ans…

Non ! non ! à présent je me révolte contre la mort ! Le travail paraît trop léger à mon orgueil : ma trahison au monde serait un supplice trop court. Au dernier moment, j’attaquerais à droite, à gauche…

Alors, — oh ! — chère pauvre âme, l’éternité serait-elle pas perdue pour nous !

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L’ECLAIR
UNE SAISON EN ENFER
L’éclair Arthur Rimbaud

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Arthur Rimbaud Poésies
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