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LE RÊVE – POEME DE ALMEIDA GARRETT – Quando Eu Sonhava

*

traduction Jacky Lavauzelle
LITTERATURE PORTUGAISE
literatura português

Os Lusiadas Traduction Jacky Lavauzelle Les Lusiades de Luis de Camoes

João Baptista da Silva Leitão
vicomte de Almeida Garrett 

Porto, 4 février 1799 – Lisbonne, 9 décembre 1854
Porto, 4 de fevereiro de 1799 – Lisboa, 9 de dezembro de 1854

Almeida Garrett par Pedro Augusto Guglielmi 

Portrait de Garrett, daté de 1843, avec les insignes de Commandeur de l’Ordre de Notre-Dame de la Conception de Vila Viçosa

______________________________________ 

Traduction Jacky Lavauzelle

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LE RÊVE
Quando Eu Sonhava
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Recueil
« Les Feuilles mortes »
 ‘Folhas Caídas’
Livro primeiro
Recueil publié à Lisbonne en 1853

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Pierre Puvis de Chavannes, Le Rêve,1883, Paris, musée d’Orsay

**********

Quando eu sonhava, era assim
Quand je rêvais, c’était ainsi
  Que nos meus sonhos a via;
Que dans mes rêves je la vis ;
  E era assim que me fugia,
Et c’est ainsi que je m’enfuyais,
Apenas eu despertava,
  Seulement, en m’éveillant,
Essa imagem fugidia
  Cette image insaisissable
Que nunca pude alcançar.
  Je ne pouvais plus la saisir.
 Agora, que estou desperto,
Maintenant que je suis réveillé,
 Agora a vejo fixar…
Maintenant je la vois se fixer…
  Para quê? – Quando era vaga,
Pourquoi ? – Quand c’était vague,
Uma ideia, um pensamento,
  Une idée, une pensée,
Um raio de estrela incerto
  Un rayon d’étoile incertain
  No imenso firmamento,
Dans l’immense firmament,
Uma quimera, um vão sonho,
  Une chimère, un vain rêve,
Eu sonhava – mas vivia:
  Je rêvais – mais je vivais :
 Prazer não sabia o que era,
Le plaisir ne savait pas ce que c’était,
  Mas dor, não na conhecia …
Mais la douleur, je ne la connaissais pas…



*************

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Passos Manuel, Almeida Garrett, Alexandre Herculano, José Estêvão de Magalhães nos Passos Perdidos, Assembleia da República Portuguesa.
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POÉSIE DE ALMEIDA GARRETT

*

traduction Jacky Lavauzelle
LITTERATURE PORTUGAISE
literatura português

Os Lusiadas Traduction Jacky Lavauzelle Les Lusiades de Luis de Camoes

João Baptista da Silva Leitão
vicomte de Almeida Garrett 

Porto, 4 février 1799 – Lisbonne, 9 décembre 1854
Porto, 4 de fevereiro de 1799 – Lisboa, 9 de dezembro de 1854

Almeida Garrett par Pedro Augusto Guglielmi 

Portrait de Garrett, daté de 1843, avec les insignes de Commandeur de l’Ordre de Notre-Dame de la Conception de Vila Viçosa

______________________________________ 

Traduction Jacky Lavauzelle

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LA POÉSIE DE ALMEIDA GARRETT
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Recueil
« Les Feuilles mortes »
‘Folhas Caídas’
Livro primeiro
Recueil publié à Lisbonne en 1853

LES CINQ SENS
Os Cinco Sentidos

São belas – bem o sei, essas estrelas,
Qu’elles sont belles ! je sais bien, ces étoiles,
Mil cores – divinais têm essas flores;
Aux mille couleurs et les divines couleurs de ces fleurs ;

Hans Makart, 1872-1879, collection Österreichische Galerie Belvedere,
Palais du Belvédère, Vienne

**

 Não te amo
JE NE T’AIME PAS

Não te amo, quero-te: o amar vem d’alma.
Je ne t’aime pas, je te veux ! l’amour vient de l’âme.
E eu n’alma – tenho a calma,
Et moi dans l’âme – quel calme,

Valentin Serov, La princesse Zénaïde Youssoupoff

Quando Eu Sonhava
LE RÊVE

Quando eu sonhava, era assim
Quand je rêvais, c’était ainsi
Que nos meus sonhos a via;
Que dans mes rêves je la vis ;

Pierre Puvis de Chavannes, Le Rêve,1883, Paris, musée d’Orsay

CET ENFER D’AIMER
Este Inferno de Amar

 Este inferno de amar – como eu amo! –
Cet enfer d’aimer – comme je l’aime ! –
  Quem mo pôs aqui n’alma… quem foi?
Qui m’a mis ça dans l’âme … qui  ?

Ramon Casas, Madeleine au moulin de la galette, 1892, musée de Montserrat

Recueil
« Les Feuilles mortes »
‘Folhas Caídas’
Livro segundo
Recueil publié à Lisbonne en 1853

ALLÉGEANCE
PREITO

É lei do tempo, Senhora,
C’est la loi du moment, Madame,
Que ninguém domine agora
Que personne ne domine maintenant

Ramon Casas, Jeune Décadente,1899, musée de Montserrat

BARCA BELA
LA BELLE BARQUE

Pescador da barca bela,
Pêcheur de la belle barque,
Onde vás pescar com ela,

Où pars-tu pêcher avec elle,

Le pêcheur, Charles Napier Hemy, 1888

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Passos Manuel, Almeida Garrett, Alexandre Herculano, José Estêvão de Magalhães nos Passos Perdidos, Assembleia da República Portuguesa.

LE RÊVE – Poème de Anna AKHMATOVA – 1915 -Сон

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Poésie d’Anna Akhmatova
Поэзия Анны Ахматовой
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Натан Исаевич Альтман,Natan Altman Портрет А. А. Ахматовой, Portrait d’Anna Akhmatova, 1914, Русский музей, Musée Russe, Saint-Pétersbourg, Санкт-Петербург

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LITTÉRATURE RUSSE
POÉSIE RUSSE
Русская литература

Русская поэзия

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Anna Akhmatova
Анна Ахматова

11 juin 1889 Odessa – 5 mars 1966 Moscou
11 июня 1889 Одесса – 5 марта 1966, Домодедово, Московская область, СССР

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LE RÊVE
1915
Сон
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TRADUCTION JACKY LAVAUZELLE
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********

Я знала, я снюсь тебе,
Je savais que tu rêvais de moi,
Оттого не могла заснуть.
Je n’ai pas pu dormir.
Мутный фонарь голубел
La lanterne bleue, troublante et pâle,
И мне указывал путь.
M’a montré la voie.

*

Ты видел царицын сад,
Tu as vu le jardin de la Tsarine,
Затейливый белый дворец
le blanc palais et se sont rapprochés
И черный узор оград
Les motifs noirs des grilles
У каменных гулких крылец.
Qui entouraient le porche en pierre.

*

Ты шел, не зная пути,
Tu as erré sans connaître la route,
И думал: «Скорей, скорей,
Et pensé : « Dépêche-toi, dépêche-toi,
О, только б ее найти,
O, viens la retrouver,
Не проснуться до встречи с ней».
Ne te réveille pas avant de l’avoir rencontrée.  »

*

А сторож у красных ворот
Et le gardien de la porte rouge
Окликнул тебя: «Куда!»
T’apostropha : « Halte ! »
Хрустел и ломался лед,
La glace a craqué et s’est brisée,
Под ногами чернела вода.
Sous tes pieds de l’eau noircie.

*

«Это озеро, — думал ты, —
« Ceci est un lac ! », pensais-tu
На озере есть островок…»
Il y a une île sur le lac … « 
И вдруг из темноты
Et soudain dans cette obscurité
Поглядел голубой огонек.
Une lumière bleue est apparue.

*

В жестком свете скудного дня
Dans la dure lumière du jour
Проснувшись, ты застонал
A ton réveil, tu as gémi
И в первый раз меня
Et pour la première fois
По имени громко назвал.
Tu m’as appelée par mon nom.

*********

1915

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Poésie d’Anna Akhmatova
Поэзия Анны Ахматовой
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FRANK WEDEKIND Frühlings Erwachen I-3 L’EVEIL DU PRINTEMPS 1891

*LITTERATURE ALLEMANDE
Dramatische Werke
Théâtre Allemand

Frank Wedekind

1864 Hannover Hanovre -1918 München Munich

 


L’EVEIL DU PRINTEMPS
Frühlings Erwachen
I-3
1891
Erscheinungsjahr
Année de publication

Franz Marc
Der Traum – Le Rêve
1912
Musée Thyssen-Bornemisza
Madrid

*********

TRADUCTION JACKY LAVAUZELLE

****************

Acte 1
Erster Akt
 Scène 3
Dritte Szene

Thea, Wendla und Martha- kommen Arm in Arm die Straße herauf.
Théa, Wendla et Martha arrivent par la rue en se tenant les bras.

MARTHA
Wie einem das Wasser ins Schuhwerk dringt!

Comme l’eau rentre dans ces chaussures !

WENDLA
Wie einem der Wind um die Wangen saust!

Comme le vent souffle sur les joues !

THEA
Wie einem das Herz hämmert!

Comme le cœur bat !

WENDLA
Gehn wir zur Brücke hinaus!

Sortons et allons au pont !
Ilse sagte, der Fluß führe Sträucher und Bäume.
Il se dit que sur la rivière, ils transportent des arbustes et des arbres
Die Jungens haben ein Floß auf dem Wasser.
. Les garçons ont un radeau sur l’eau.
Melchi Gabor soll gestern abend beinah ertrunken sein.
Melchi Gabor s’est presque noyé hier soir.

THEA
O der kann schwimmen!

Il sait nager pourtant !

MARTHA
Das will ich meinen, Kind!

Je le pense aussi, mon enfant !

WENDLA
Wenn der nicht hätte schwimmen können wäre er wohl sicher ertrunken!

S’il n’avait pas su si bien nager, il se serait sûrement noyé !

THEA
Dein Zopf geht auf, Martha; dein Zopf geht auf!

Ta tresse s’en va, Martha, ta tresse s’en va !

MARTHA
Puh – laß ihn aufgehn!

Peuh ! laisse-la donc tranquille !
Er ärgert mich so Tag und Nacht.
Elle me le fait jour et nuit.
Kurze Haare tragen wie du darf ich nicht, das Haar offen tragen wie Wendla darf ich nicht, Ponyhaare tragen darf ich nicht, und zu Hause muß ich mir gar die Frisur machen
Je ne peux ni porter les cheveux courts comme toi ni comme Wendla, je ne peux pas porter les cheveux au vent comme Wendla,  je ne suis pas autorisée à porter une frange et je dois me les coiffer seule
 – alles der Tanten wegen!
– tout ça pour obéir à mes tantes !

WENDLA
Ich bringe morgen eine Schere mit in die Religionsstunde.

J’apporterai demain une paire de ciseaux au cours de religion.
Während du »Wohl dem, der nicht wandelt« rezitierst, werd’ ich ihn abschneiden.
Pendant que tu chanteras « Heureux l’homme qui ne s’égare pas» je te les couperai.

MARTHA
Um Gottes willen, Wendla!

Pour l’amour de Dieu, Wendla !
Papa schlägt mich krumm, und Mama sperrt mich drei Nächte ins Kohlenloch.
Papa me battra, et maman m’enfermera trois nuits dans le trou à charbon.

WENDLA
Womit schlägt er dich, Martha?

Il te bat ?

MARTHA
Manchmal ist es mir, es müßte ihnen doch etwas abgehen, wenn sie keinen so schlecht gearteten Balg hätten wie ich.

Parfois, il m’arrive de penser que sans moi, ils leur manqueraient quelque chose.

THEA
Aber Mädchen!

Mais ma fille !

MARTHA
Hast du dir nicht auch ein himmelblaues Band durch die Hemdpasse ziehen dürfen?

Est-ce que tu n’as pas pu glisser un ruban bleu à travers ton corsage ?

THEA
Rosa Atlas!

Rose satin !
Mama behauptet, Rosa stehe mir bei meinen pechschwarzen Augen.
Maman dit que le rose se marie bien à mes yeux de jais.

MARTHA
Mir stand Blau reizend!

Le bleu m’allait bien !
– Mama riß mich am Zopf zum Bett heraus.
– Maman m’a tirée par les tresses du lit.
So – fiel ich mit den Händen vorauf auf die Diele.
Alors – je suis tombée avec les mains sur le plancher.
– Mama betet nämlich Abend für Abend mit uns…
– Maman prie tous les soirs avec nous …

WENDLA
Ich an deiner Stelle wäre ihnen längst in die Welt hinausgelaufen.

Moi, depuis longtemps j’aurais lâché ça pour entrer dans le monde.

MARTHA
– o sie wolle noch sehen!
– Elle voudrait m’y voir !
Meiner Mutter wenigstens solle ich einmal keine Vorwürfe machen können…
Ma mère, qu’au moins une fois je ne puisse pas la blâmer …

THEA
Hu – Hu –

Hou ! Hou !

MARTHA
Kannst du dir denken, Thea, was Mama damit meinte?

Comprends-tu, Théa ce que maman voulait dire ?

THEA
Ich nicht.

Moi non.
– Du, Wendla?
– Et toi, Wendla ?




WENDLA
Ich hätte sie einfach gefragt.

Je lui aurais posé la question.

MARTHA
Ich lag auf der Erde und schrie und heulte.
J’étais sur le sol et je criais et je pleurais.
Da kommt Papa.
Alors Papa est arrivé.
Ritsch – das Hemd herunter.
Cratch- ma chemise s’est défaite et elle est tombée.
Ich zur Türe hinaus.
Moi, je suis restée devant la porte.
Da habe man’s.
Enfin, voilà.
Ich wolle nun wohl so auf die Straße hinunter…
Je voulais descendre comme ça dans la rue…

WENDLA
Das ist doch gar nicht wahr, Martha.

Non, ce n’est pas vrai, Martha.

MARTHA
Ich fror.

J’étais gelé.
 Ich schloß auf.
Je suis rentrée.
Ich habe die ganze Nacht im Sack schlafen müssen.
J’ai dormi toute la nuit dans un sac.

THEA
Ich könnte meiner Lebtag in keinem Sack schlafen!

Moi, je ne pourrais jamais dormir dans un sac !

WENDLA
Ich möchte ganz gern mal für dich in deinem Sack schlafen.

J’aimerais bien dormir pour toi dans ton sac.

MARTHA
Wenn man nur nicht geschlagen wird.

Mais si on ne te bat pas.

THEA
Aber man erstickt doch darin!

Mais on y suffoque !

MARTHA
Der Kopf bleibt frei.

La tête reste libre.
Unter dem Kinn wird zugebunden.
Sous le menton, tu fais un nœud.

THEA
Und dann schlagen sie dich?

Et ensuite on te bat ?








MARTHA
Nein. Nur wenn etwas Besonderes vorliegt.

Non. Seulement si je fais quelque chose de spécial.

WENDLA
Womit schlägt man dich, Martha?

Avec quoi on te bat, Martha ?

MARTHA
Ach was – mit allerhand.

Ah ! Avec toutes sortes de choses
– Hält es deine Mutter auch für unanständig, im Bett ein Stück Brot zu essen?
– Et toi, ta mère trouve-t-elle indécent le fait de manger un morceau de pain au lit ?

WENDLA
Nein, nein.

Non, non.

MARTHA
Ich glaube immer, sie haben doch ihre Freude – wenn sie auch nichts davon sagen. 

Je crois toujours qu’ils y prennent du plaisir- même s’ils ne disent rien.
Wenn ich einmal Kinder habe, ich lasse sie aufwachsen wie das Unkraut in unserem Blumengarten.
Si j’ai des enfants, je les laisserai grandir comme des mauvaises herbes dans notre jardin fleuri.
Um das kümmert sich niemand, und es steht so hoch, so dicht – während die Rosen in den Beeten an ihren Stöcken mit jedem Sommer kümmerlicher blühn.
Personne ne s’en soucie, et elles s’élèvent hautes et poussent épaisses, alors que les roses dans les parterres de fleurs sur leurs bâtons fleurissent chaque été de plus en plus misérables.

THEA
Wenn ich Kinder habe, kleid’ ich sie ganz in Rosa, Rosahüte, Rosakleidchen, Rosaschuhe.

Si j’ai des enfants, ils auront du rose partout, des chapeaux roses, des robes roses, des chaussures roses.
Nur die Strümpfe – die Strümpfe schwarz wie die Nacht!
Seuls les bas ne seront pas roses- ce seront des bas noirs comme la nuit !
Wenn ich dann spazierengehe, laß ich sie vor mir hermarschieren.
En me promenant, je les laisserai gambader devant moi afin que je les admire.
– Und du, Wendla?
– Et toi, Wendla ?

WENDLA
Wißt ihr denn, ob ihr welche bekommt?

Vous ne savez même pas si vous en aurez ?

THEA
Warum sollten wir keine bekommen?

Pourquoi n’en n’aurions nous pas ?

MARTHA
Tante Euphemia hat allerdings auch keine.

Tante Euphémie n’en a pas.








THEA
Gänschen! – weil sie nicht verheiratet ist.

Gourde ! – parce qu’elle est pas mariée.

WENDLA
Tante Bauer war dreimal verheiratet und hat nicht ein einziges.

Tante Bauer n’en a pas non plus et pourtant elle a été mariée trois fois !

MARTHA
Wenn du welche bekommst, Wendla, was möchtest du lieber, Knaben oder Mädchen?

Et si tu en avais, Wendla, tu voudrais des garçons ou des filles ?

WENDLA
Jungens! Jungens!

Des garçons ! Des garçons !

THEA
Ich auch Jungens!

Moi aussi, je voudrais des garçons !

MARTHA
Ich auch.

Moi aussi.
Lieber zwanzig Jungens als drei Mädchen.
Vingt garçons plutôt que trois filles.

THEA
Mädchen sind langweilig!

Les filles sont vraiment ennuyeuses !

MARTHA
Wenn ich nicht schon ein Mädchen geworden wäre, ich würde es heute gewiß nicht mehr.

Si je ne n’étais pas déjà une fille, je ne voudrais certainement pas en être une.

WENDLA
Das ist, glaube ich, Geschmacksache, Martha!

C’est, je pense, une question de goût, Martha!
Ich freue mich jeden Tag, daß ich ein Mädchen bin.
Je suis heureuse moi tous les jours d’être une fille.
Glaub’ mir, ich wollte mit keinem Königssohn tauschen.
Crois-moi, je ne voudrais pas échanger avec le fils d’un roi.
– Darum möchte ich aber doch nur Buben!
– C’est pourquoi je voudrais n’avoir que des garçons!

THEA
Das ist doch Unsinn, lauter Unsinn, Wendla!

C’est un non-sens, un non-sens, Wendla !

WENDLA
Aber ich bitte dich, Kind, es muß doch tausendmal erhebender sein, von einem Manne geliebt zu werden, als von einem Mädchen!

Mais je t’en prie, mon enfant, c’est mille fois plus exaltant d’être aimé par un homme que par une fille !

THEA
Du wirst doch nicht behaupten wollen, Forstreferendar Pfälle liebe Melitta mehr als sie ihn!

Tu penses que Pfälle, le stagiaire forestier,  aime plus Melitta qu’elle ne l’aime !

WENDLA
Das will ich wohl, Thea!

Probablement, Thea !
 – Pfälle ist stolz.
– Pfälle est fier.
Pfälle ist stolz darauf, daß er Forstreferendar ist – denn Pfälle hat nichts.
– Pfälle est fier d’être un stagiaire forestier – car Pfälle n’a rien d’autre.
– Melitta ist selig, weil sie zehntausendmal mehr bekommt, als sie ist.
Melitta est bénie car elle recevra dix mille fois plus que sa valeur.

MARTHA
Bist du nicht stolz auf dich, Wendla?

N’es-tu pas fière de toi, Wendla ?

WENDLA
Das wäre doch einfältig.

Ce serait stupide.

MARTHA
Wie wollt’ ich stolz sein an deiner Stelle!

A ta place, comme je voudrais être fière !

THEA
Sieh doch nur, wie sie die Füße setzt
Il suffit de voir comment elle met ses pieds
– wie sie geradeaus schaut

– comme elle regarde droit devant elle
wie sie sich hält, Martha!
– comme elle se tient, Martha.
– Wenn das nicht Stolz ist!
– Si ce n’est pas la fierté ça !

WENDLA
Wozu nur?

Pourquoi ?
Ich bin so glücklich, ein Mädchen zu sein; 
Je suis tellement heureuse d’être une fille ;
wenn ich kein Mädchen wär’, brächt’ ich mich um, um das nächste Mal…
si je n’étais pas une fille, je me tuerais, et la prochaine fois …

 Melchior geht vorüber und grüßt.
Melchior arrive et salue.

THEA
Er hat einen wundervollen Kopf.

Il a un esprit merveilleux.

MARTHA
So denke ich mir den jungen Alexander, als er zu Aristoteles in die Schule ging.

Je pense au jeune Alexandre, lorsqu’il allait à l’école d’Aristote.

THEA
Du lieber Gott, die griechische Geschichte!

Divin Dieu, de l’histoire grecque !
ich weiß nur noch, wie Sokrates in der Tonne lag, als ihm Alexander den Eselsschatten verkaufte.
Je ne sais que Socrate vivait dans un tonneau quand Alexandre lui vendait l’ombre de son âne.

WENDLA
Er soll der Drittbeste in seiner Klasse sein.

Il doit être le troisième meilleur élève dans sa classe.

THEA
Professor Knochenbruch sagt, wenn er wollte, könnte er Primus sein.

Professeur Knochenbruch a pourtant bien dit que s’il voulait, il serait premier.

MARTHA
Er hat eine schöne Stirn, aber sein Freund hat einen seelenvolleren Blick.

Il a un visage agréable, mais son ami a un regard mélancolique.

THEA
Moritz Stiefel? – Ist das eine Schlafmütze!

Moritz Stiefel? – C’est un doux rêveur !

MARTHA
Ich habe mich immer ganz gut mit ihm unterhalten.

Je me suis toujours très bien entendue avec lui.

THEA
Er blamiert einen, wo man ihn trifft.

Il te fait honte quand tu le croises.
Auf dem Kinderball bei Rilows bot er mir Pralinés an.
Au bal des enfants des Rilows, il m’a offert des chocolats.
Denke dir, Wendla, die waren weich und warm.
Imagine, Wendla, ils étaient doux et chauds.
 Ist das nicht…?
N’est-ce pas …?
– Er sagte, er habe sie zu lang in der Hosentasche gehabt.
-Il a dit qu’il les avait dans sa poche depuis trop longtemps.

WENDLA
Denke dir, Melchi Gabor sagte mir damals, er glaube an nichts – nicht an Gott, nicht an ein Jenseits – an gar nichts mehr in dieser Welt.

Sais-tu que  Melchi Gabor m’a dit qu’il ne croyait en rien – qu’il ne croyait pas en Dieu, ni à l’au-delà – à rien dans ce monde.

 

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Frank Wedekind
Frühlings Erwachen
L’Eveil du Printemps
Acte 1 Erster Akt
 Scène 3 Dritte Szene

GIOVANNI PASCOLI – LE RÊVE DE LA VIERGE -III- Il sogno della vergine (Canti di Castelvecchio)

Giovanni Pascoli

Traduction – Texte Bilingue
Poesia e traduzione

LITTERATURE ITALIENNE

Letteratura Italiana

GIOVANNI PASCOLI
1855-1912

Giovanni Pascoli artgitato poesie poesia

Traduction Jacky Lavauzelle

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Il sogno della vergine
Le Rêve de la vierge
III

Canti di Castelvecchio

**

 




Un figlio! che posa nel letto
Un fils ! Sur son lit
suo vergine! e cerca assetato
De vierge ! Assoiffé, il cherche
le fonti del vergine petto!
La source de la vierge poitrine !

O figlio d’un intimo riso
Ô fils d’un rire intime
dell’anima! o fiore non nato
De l’âme ! Ô fleur, non formée
da seme, e sbocciato improvviso!
D’une graine, qui soudain s’épanouit !


Tu fiore non retto da stelo,
Toi, fleur sans tige tenue,
tu luce non nata da fuoco,
Toi, lumière non d’un feu issue,
tu simile a stella del cielo;
Toi, semblable à une étoile dans le ciel ;




dal cielo dell’anima, ov’ora
Du ciel de l’âme, tu t’éveillas
sbocciasti improvviso, tra poco
Soudainement, bientôt
tu dileguerai nell’aurora.
Dans l’aurore tu t’évanouiras.

 In tanto tu vivi per una
Tu vis pourtant
breve ora; in un’anima, in tanto,
Un bref moment ; en une âme, pourtant,
di vergine: in quella tua cuna
de vierge : en ton berceau
tu piangi il tuo tacito pianto.
Tu pleures tes silencieuses larmes.

*

*************

GIOVANNI PASCOLI
par
PAUL HAZARD
en 1912

« Il aimera toute la nature« 

Cet art très objectif est tout pénétré de sentiment. Ce pourrait être la haine de la nature marâtre, qui met au inonde les créatures pour les torturer, si nous ne nous rappelions ici la bonté essentielle de Pascoli : il ne se lasse jamais d’exprimer sa douleur, parce qu’il ne l’oublie jamais : mais de sa souffrance, plutôt qu’à la légitimité de la révolte, il conclut à la nécessité du pardon. Désirer la vengeance, blasphémer ou maudire, ne serait-ce pas perpétuer le mal sur la terre, et prendre rang parmi les coupables ? Ayant éprouvé qu’il y a dans la vie un insondable mystère, ils doivent se serrer les uns contre les autres, ceux que le même mystère angoisse ; ils doivent se chérir et s’entr’aider, pour prendre leur revanche contre le sort. La pitié, la tendresse, la douceur, voilà donc les sentimens qui pénétreront les vers du poète, et qui, partant des hommes, aboutiront aux choses. Parmi les hommes, il s’intéressera d’abord aux victimes, aux orphelins, aux malades ; puis aux humbles, aux pauvres, aux misérables ; puis encore, aux simples et aux primitifs. Pareillement, il aimera les arbres qui frémissent au vent, les fleurs qui tremblent sur leur tige, et la faiblesse gracieuse des oiseaux : comme saint François d’Assise, puisqu’on a dit de lui qu’il était un Virgile chrétien, ou un saint François païen ; comme ce Paolo Uccollo dont il a écrit la touchante histoire. Il aimera toute la nature : soit qu’il aperçoive en elle des symboles, et veuille voir des berceaux dans les nids ; soit qu’il manifeste une reconnaissance émerveillée pour les tableaux de beauté qu’elle lui présente ; soit qu’il l’associe aux hommes dans la lutte contre le mystère qui l’enveloppe elle-même, il finit par la considérer comme une mère très douce, qui nous berce encore à l’heure où nous nous endormons. « Ah ! laissons-la faire, car elle sait ce qu’elle fait, et elle nous aime !… » Ce sentiment-là, il nous le communique sans prétendre nous l’imposer. En effet, cet artiste épris d’exactitude, connaissant la valeur de la précision, en connaît aussi les limites. Il sait qu’au-delà du terme où l’analyse peut atteindre, il y a les forces presque inconscientes qu’il faut laisser agir par elles-mêmes après les avoir mises en mouvement. Il possède la pudeur rare qui consiste à ne pas vouloir tout dire ; à faire crédit à la sensibilité du lecteur ; à se taire lorsqu’il a provoqué le rêve, afin de ne le point troubler.
Giovanni Pascoli
Paul Hazard
Revue des Deux Mondes Tome 10-  1912




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Il sogno della vergine
Le Rêve de la vierge



Traduction Jacky Lavauzelle
artgitato
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FRANK WEDEKIND Frühlings Erwachen I-2 L’EVEIL DU PRINTEMPS 1891

*LITTERATURE ALLEMANDE
Dramatische Werke
Théâtre Allemand

Frank Wedekind

1864 Hannover Hanovre -1918 München Munich

 


L’EVEIL DU PRINTEMPS
Frühlings Erwachen
I-2
1891
Erscheinungsjahr
Année de publication

Franz Marc
Der Traum – Le Rêve
1912
Musée Thyssen-Bornemisza
Madrid

 

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TRADUCTION JACKY LAVAUZELLE

****************

Acte 1
Erster Akt
 Scène 2
Zweite Szene

Sonntag abend
Dimanche soir

Melchior
Das ist mir zu langweilig. Ich mache nicht mehr mit.
Comme c’est ennuyeux ! J’arrête de jouer !

Otto
Dann können wir andern nur auch aufhören! 
Alors, arrêtons-nous aussi !
– Hast du die Arbeiten, Melchior?
– As-tu travaillé, Melchior ?

Melchior
Spielt ihr nur weiter!
Continuez votre jeu !

Moritz
Wohin gehst du?
Où vas-tu ?

Melchior
Spazieren.
Je vais faire un tour.

Georg
Es wird ja dunkel!
Il fait déjà bien sombre !

Robert
Hast du die Arbeiten schon?
Ton travail est déjà fini ?

Melchior
Warum soll ich denn nicht im Dunkeln spazierengehn?
Pourquoi ne devrais-je pas me promener en soirée ?

Ernst
Zentralamerika!
L’Amérique centrale !
 – Ludwig der Fünfzehnte!
– Louis XV !
– Sechzig Verse Homer!
Les soixante vers d’Homère !
– Sieben Gleichungen!
– et les sept équations !

Melchior
Verdammte Arbeiten!
Damné travail !

Georg
Wenn nur wenigstens der lateinische Aufsatz nicht auf morgen wäre!
Si seulement au moins le latin n’était pas pour demain !

Moritz
An nichts kann man denken, ohne daß einem Arbeiten dazwischenkommen!
Sur tout ce que vous pouvez penser, le travail vient s’y immiscer !

Otto
Ich gehe nach Hause.

Je retourne à la maison.

Georg
Ich auch,

Moi aussi.
Arbeiten machen.
Pour travailler.

Ernst
Ich auch, ich auch.
Moi aussi. Moi aussi.

Robert
Gute Nacht, Melchior.

Bonne nuit, Melchior.

Melchior
Schlaft wohl!
Dormez bien !

Alle entfernen sich bis auf Moritz und Melchior.
Tous partent, à l’exception de Moritz et de Melchior.












Melchior
Möchte doch wissen, wozu wir eigentlich auf der Welt sind!

J’aimerais tant savoir pourquoi nous sommes réellement dans le monde !

Moritz
Lieber wollt’ ich ein Droschkengaul sein um der Schule willen! –
Je préférerais être un cheval de fiacre plutôt que d’aller à l’école ! –
Wozu gehen wir in die Schule?
Pourquoi allons-nous à l’école?
– Wir gehen in die Schule, damit man uns examinieren kann!
– Nous allons à l’école afin que nous puissions passer nos examens !
– Und wozu examiniert man uns?
-Et pourquoi nous les passons ?
– Damit wir durchfallen.
– Pour nous les loupions.
– Sieben müssen ja durchfallen, schon weil das Klassenzimmer oben nur sechzig faßt.
– Sept doivent redoubler, parce que la classe au-dessus n’a que soixante places.
– Mir ist so eigentümlich seit Weihnachten…
– Je me sens si étrange depuis Noël…
hol mich der Teufel, wäre Papa nicht, heut noch schnürt’ ich mein Bündel und ginge nach Altona!
par tous les diables, si papa n’était pas là, aujourd’hui même je ferais mon paquetage et direction Altona !

Melchior
Reden wir von etwas anderem. –

Parlons d’autres choses.

Sie gehen spazieren.
Ils partent se promener

Moritz
Siehst du die schwarze Katze dort mit dem emporgereckten Schweif?
Est-ce que tu vois là-bas le chat noir avec sa queue dressée ?

Melchior
Glaubst du an Vorbedeutungen?
Crois-tu aux présages ?

Moritz
Ich weiß nicht recht. –
Je ne sais pas vraiment.
 – Sie kam von drüben her.
– Il vient de là-bas.
Es hat nichts zu sagen.
Cela ne veut rien dire.

Melchior
Ich glaube, das ist eine Charybdis, in die jeder stürzt, der sich aus der Skylla religiösen Irrwahns emporgerungen.
Je pense que c’est une Charybde, où tout le monde se précipite, quand il s’arrache à la Scylla de l’illusion religieuse.
– Laß uns hier unter der Buche Platz nehmen.
– Arrêtons-nous ici sous le hêtre.
Der Tauwind fegt über die Berge.
Le vent du dégel balaie les montagnes.
Jetzt möchte ich droben im Wald eine junge Dryade sein, die sich die ganze lange Nacht in den höchsten Wipfeln wiegen und schaukeln läßt.
Maintenant, je veux être une jeune dryade étage dans la forêt, toute la nuit sur la plus haute cime des arbres, me balançant.

Moritz
Knöpf dir die Weste auf, Melchior!
Déboutonne ta veste, Melchior !

Melchior
Ha – wie das einem die Kleider bläht!
Ha ! Comme il gonfle les vêtements ce vent !

Moritz
Es wird weiß Gott so stockfinster, daß man die Hand nicht vor den Augen sieht.
Dieu qu’il fait sombre à ne pas voir sa main devant les yeux.
Wo bist du eigentlich?
Où es-tu enfin ?
– Glaubst du nicht auch, Melchior, daß das Schamgefühl im Menschen nur ein Produkt seiner Erziehung ist?
– Ne penses-tu pas aussi, Melchior, que le sentiment de honte chez l’homme est seulement un produit de son éducation ?

Melchior
Darüber habe ich erst vorgestern noch nachgedacht.
J’y pensais aussi avant-hier encore.
Es scheint mir immerhin tief eingewurzelt in der menschlichen Natur.
Il me semble, après tout, profondément enraciné dans la nature humaine.
Denke dir, du sollst dich vollständig entkleiden vor deinem besten Freund.
Imagine, tu dois te déshabiller entièrement en face de ton meilleur ami.
Du wirst es nicht tun, wenn er es nicht zugleich auch tut.
Tu ne le ferais pas, sauf s’il se déshabille en même temps.
– Es ist eben auch mehr oder weniger Modesache.
– C’est aussi plus ou moins une question de mode.

Moritz
Ich habe mir schon gedacht, wenn ich Kinder habe, Knaben und Mädchen, so lasse ich sie von früh auf im nämlichen Gemach, wenn möglich auf ein und demselben Lager, zusammenschlafen, lasse ich sie morgens und abends beim An- und Auskleiden einander behilflich sein und in der heißen Jahreszeit, die Knaben sowohl wie die Mädchen, tagsüber nichts als eine kurze, mit einem Lederriemen gegürtete Tunika aus weißem Wollstoff tragen.
J’ai réfléchi là-dessus, si j’ai des enfants, garçons et filles, je les laisserais très tôt dans la même chambre, si possible dans le même lit, dormir ensemble, je les laisserais matin et soir s’aider les uns les autres pour se déshabiller et, à la saison chaude, les garçons comme les filles, ne porteraient rien de la journée, seulement une tunique de laine blanche cintrée avec une lanière de cuir
– Mir ist, sie müßten, wenn sie so heranwachsen, später ruhiger sein, als wir es in der Regel sind.
– Il me semble qu’ils seraient ainsi plus calmes en grandissant que nous ne le sommes.

Melchior
Das glaube ich entschieden, Moritz!
Je le crois vraiment, Moritz !
– Die Frage ist nur, wenn die Mädchen Kinder bekommen, was dann?
– La seule question est de savoir si les filles ont des enfants, alors quoi faire ?

Moritz
Wieso Kinder bekommen?
Comment si elles ont des enfants ?

Melchior
Ich glaube in dieser Hinsicht nämlich an einen gewissen Instinkt.
Je crois, à cet égard, à un certain instinct.
Ich glaube, wenn man einen Kater zum Beispiel mit einer Katze von Jugend auf zusammensperrt und beide von jedem Verkehr mit der Außenwelt fernhält, d. h. sie ganz nur ihren eigenen Trieben überläßt
Je crois que si, par exemple, on isole ensemble un chat avec une chatte très tôt dans leur jeunesse, leur empêchant toute communication avec le monde extérieur, ce qui veut dire qu’on les laisse complètement livrés à leurs propres instincts
– daß die Katze früher oder später doch einmal trächtig wird, obgleich sie sowohl wie der Kater niemand hatten, dessen Beispiel ihnen hätte die Augen öffnen können.
– la chatte se retrouvera pleine, tôt ou tard, bien qu’ils n’aient eu personne pour leur ouvrir les yeux.

Moritz
Bei Tieren muß sich das ja schließlich von selbst ergeben.
Chez les animaux, cela arrive naturellement.

Melchior
Bei Menschen glaube ich erst recht!
Chez l’homme, je crois plus que jamais !
Ich bitte dich, Moritz, wenn deine Knaben mit den Mädchen auf ein und demselben Lager schlafen und es kommen ihnen nun unversehens die ersten männlichen Regungen
Je t’en prie, Moritz, si tu mets dans le même lit les garçons avec les filles, ne penses-tu pas que viendraient tout à coup les premiers élans masculins
– ich möchte mit jedermann eine Wette eingehen…
– je ferai là un pari avec n’importe qui…

Moritz
Darin magst du recht haben.
Dans ce cas, tu as sans doute raison.
– Aber immerhin…
– Mais quand même …

Melchior
Und bei deinen Mädchen wäre es im entsprechenden Alter vollkommen das nämliche!
Et au sujet des filles, à l’âge appropriée, ce serait complètement la même chose !
Nicht, daß das Mädchen gerade…
Non pas que la jeune fille justement …
man kann das ja freilich so genau nicht beurteilen…
peut être, oui, bien sûr, aussi précisément …
Jedenfalls wäre vorauszusetzen…
Quoi qu’il en soit, supposons…
und die Neugierde würde das ihrige zu tun auch nicht verabsäumen!
et il ne faut pas négliger la curiosité !

Moritz
Eine Frage beiläufig –
Une question en passant

Melchior
Nun?
Quoi ?












Moritz
Aber du antwortest?
Mais tu réponds ?

Melchior
Natürlich!

Naturellement !




Moritz
Wahr?!

Vraiment ?!

Melchior
Meine Hand darauf. 
Ma main.
Nun, Moritz?
Eh bien, Moritz ?
So sprich doch frisch von der Leber weg!
Parle librement !
– Hier hört und sieht uns ja niemand.
– Ici, personne ne te voit ni ne t’entend.

Moritz
Selbstverständlich müßten meine Kinder nämlich tagsüber arbeiten, in Hof und Garten, oder sich durch Spiele zerstreuen, die mit körperlicher Anstrengung verbunden sind.
Bien sûr, mes enfants travailleraient pendant la journée, dans la cour et le jardin, ou feraient des jeux qui sont associés à un effort physique.
Sie müßten reiten, turnen, klettern und vor allen Dingen nachts nicht so weich schlafen wie wir.
Ils monteraient à cheval, feraient de la gymnastique, de l’escalade et surtout ils n’auraient pas de nuit douce comme nous.
Wir sind schrecklich verweichlicht.
Nous sommes terriblement ramollis.
– Ich glaube, man träumt gar nicht, wenn man hart schläft.
– Je pense qu’on ne rêve plus quand on dort à la dure.

Melchior
Ich schlafe von jetzt bis nach der Weinlese überhaupt nur in meiner Hängematte.
Je dors à partir de maintenant et ce jusqu’à ce qu’après les vendanges uniquement dans mon hamac.
Ich habe mein Bett hinter den Ofen gestellt.
J’ai fait mon lit derrière le poêle.
Es ist zum Zusammenklappen.
Il est repliable
 – Vergangenen Winter träumte mir einmal, ich hätte unsern Lolo so lange gepeitscht, bis er kein Glied mehr rührte.
– L’hiver dernier, j’ai rêvé une fois que, notre Lolo, je l’avais longtemps fouetté jusqu’à ce qu’il ne puisse bouger un seul de ses membres.
Das war das Grauenhafteste, was ich je geträumt habe.
Ce fut la chose la plus horrible que j’ai jamais rêvé.
– Was siehst du mich so sonderbar an?
– Pourquoi me regardes-tu si étrangement?

Moritz
Hast du sie schon empfunden?
Les as-tu ressenties déjà ?

Melchior
Was?
Quoi ?

Moritz
Wie sagtest du?
Comment disais-tu ?

Melchior
Männliche Regungen?
Les impulsions masculines ?

Moritz
M-hm.

Melchior
 Allerdings!

Naturellement !

Moritz
Ich Auch

Moi aussi

Melchior
Ich kenne das nämlich schon lange!
Je connais ça depuis longtemps!
Schon bald ein Jahr.
Depuis bientôt un an.

Moritz
Ich war wie vom Blitz gerührt.

Je me suis trouvé comme frappé par la foudre.

Melchior
Du hattest geträumt?
As-tu rêvé ?

Moritz
Aber nur ganz kurz…
Mais très brièvement …
von Beinen im himmelblauen Trikot, die über das Katheder steigen
des jambes sous le maillot bleu ciel qui montaient au-dessus du lutrin
– um aufrichtig zu sein, ich dachte, sie wollten hinüber.
– Pour être honnête, je pensais qu’elle voulait juste passer.
– Ich habe sie nur flüchtig gesehen.
– Je ne les ai vues que brièvement.

Melchior
Georg Zirschnitz träumte von seiner Mutter.
Georg Zirschnitz rêvait de sa mère.

Moritz
Hat er dir das erzählt?

Il te l’as dit ?

Melchior
Draußen am Galgensteg!
Dehors, sur la route de la potence !




Moritz
Wenn du wüßtest, was ich ausgestanden seit jener Nacht!
Si tu savais tout ce que j’ai enduré !

Melchior
Gewissensbisse?
Des remords ?

Moritz
Gewissensbisse??
Des remords ??
Todesangst!
L’angoisse de la mort !

Melchior
Herrgott…
Seigneur…

Moritz
Ich hielt mich für unheilbar.
Je me croyais incurable.
Ich glaubte, ich litte an einem inneren Schaden.
Je pensais que je souffrais d’une blessure interne.
Schließlich wurde ich nur dadurch wieder ruhiger, daß ich meine Lebenserinnerungen aufzuzeichnen begann.
Enfin, j’ai retrouvé mon calme dès que j’ai commencé à écrire mes mémoires.
Ja, ja, lieber Melchior, die letzten drei Wochen waren ein Gethsemane für mich.
Oui, oui, cher Melchior, les trois dernières semaines ont été un Gethsémani pour moi.

Melchior
Ich war seinerzeit mehr oder weniger darauf gefaßt gewesen.
J’étais à ce moment-là plus ou moins bien préparé.
Ich schämte mich ein wenig. 
J’ai eu un peu honte il est vrai.
Das war aber auch alles.
Mais ce fut tout.

Moritz
Und dabei bist du noch fast um ein ganzes Jahr jünger als ich!
Et tu as près d’un an de moins que moi !

Melchior
Darüber, Moritz, würd’ ich mir keine Gedanken machen.
Moritz, cela ne doit pas t’inquiéter.
All meinen Erfahrungen nach besteht für das erste Auftauchen dieser Phantome keine bestimmte Altersstufe.
D’après mes expériences, il n’y a pas d’âge précis pour la première apparition de ces fantômes.
Kennst du den großen Lämmermeier mit dem strohgelben Haar und der Adlernase?
Connais -tu le grand Lämmermeier avec ses cheveux couleur paille et le nez aquilin ?
Drei Jahre ist der älter als ich. 
Il a trois ans de plus que moi.
Hänschen Rilow sagt, der träume noch bis heute von nichts als Sandtorten und Aprikosengelee.
Hans Rilow a dit qu’il ne rêve encore à ce jour de rien d’autre que de tartes et de gelée d’abricots.

Moritz
Ich bitte dich, wie kann Hänschen Rilow darüber urteilen!

Comment Hans Rilow peut-il en juger ?

Melchior
Er hat ihn gefragt.
Il lui a demandé.

Moritz
Er hat ihn gefragt?
Il lui a demandé ?
Ich hätte mich nicht getraut, jemanden zu fragen.
– Je n’oserai jamais demander ça à quelqu’un.

Melchior
Du hast mich doch auch gefragt.
Tu me l’as demandé à moi.

Moritz
Weiß Gott ja! 

Dieu, oui !
Möglicherweise hatte Hänschen auch schon sein Testament gemacht.
Peut-être que Hans avait déjà fait son testament.
Wahrlich ein sonderbares Spiel, das man mit uns treibt.
Vraiment, c’est un jeu étrange qui nous pousse.
Und dafür sollen wir uns dankbar erweisen!
Et nous devons nous montrer reconnaissants !
Ich erinnere mich nicht, je eine Sehnsucht nach dieser Art Aufregung verspürt zu haben.
Je ne me souviens pas avoir jamais ressenti un désir pour ce genre d’excitation.
Warum hat man mich nicht ruhig schlafen lassen, bis alles wieder still gewesen wäre.
Pourquoi ne pas m’avoir laisser dormir tranquillement jusqu’à ce que tout  se soit calmé à nouveau.
Meine lieben Eltern hätten hundert bessere Kinder haben können.
Mes chers parents auraient pu avoir une centaine d’enfants meilleurs que moi.
So bin ich nun hergekommen, ich weiß nicht, wie, und soll mich dafür verantworten, daß ich nicht weggeblieben bin.
Je suis là maintenant, je ne sais pas comment, et je dois répondre du fait de n’être pas resté où j’étais.
Hast du nicht auch schon darüber nachgedacht, Melchior, auf welche Art und Weise wir eigentlich in diesen Strudel hineingeraten?
As-tu déjà pensé, Melchior, comment nous nous sommes retrouvés dans ce tourbillon?

Melchior
Du weißt das also noch nicht, Moritz?
Tu ne le sais donc pas que encore, Moritz?

Moritz
Wie sollt’ ich es wissen?
Comment puis-je le savoir ?
Ich sehe, wie die Hühner Eier legen, und höre, daß mich Mama unter dem Herzen getragen haben will.
Je vois comment les poules pondent des œufs, et j’entends dire que Maman m’a porté sous le cœur.
Aber genügt denn das?
Mais est-ce suffisant ?
Ich erinnere mich auch, als fünfjähriges Kind schon befangen worden zu sein, wenn einer die dekolletierte Coeurdame aufschlug.
Je me souviens aussi d’avoir été ému dès l’âge de cinq ans, quand on a sortait la Dame de Cœur, celle avec un large décolleté.
Dieses Gefühl hat sich verloren.
Cette émotion s’est envolée.
Indessen kann ich heute kaum mehr mit irgendeinem Mädchen sprechen, ohne etwas Verabscheuungswürdiges dabei zu denken, und
Pourtant, aujourd’hui, je peux à peine parler à une fille sans penser à quelque chose cas détestable, et
– ich schwöre dir, Melchior
– je te jure, Melchior –
ich weiß nicht was.
Je ne sais pas quoi.

Melchior
Ich sage dir alles.
Je vais tout te dire.
Ich habe es teils aus Büchern, teils aus Illustrationen, teils aus Beobachtungen in der Natur.
Cela vient en partie des livres et en partie à partir de photographies et en partie à partir d’observations dans la nature.
Du wirst überrascht sein;
Tu seras surpris ;
ich wurde seinerzeit Atheist.
Je suis devenu athée à partir de là.




Ich habe es auch Georg Zirschnitz gesagt!
Je l’ai dit à Georg Zirschnitz !
Georg Zirschnitz wollte es Hänschen Rilow sagen, aber Hänschen Rilow hatte als Kind schon alles von seiner Gouvernante erfahren.
Georg Zirschnitz voulait en parler à Hans Rilow mais Hans Rilow avait déjà tout appris quand il était enfant par sa gouvernante.

Moritz
Ich habe den Kleinen Meyer von A bis Z durchgenommen.
Je suis passé par le petit Meyer de A à Z.
Worte – nichts als Worte und Worte!
Des mots – rien que des mots et des mots !
Nicht eine einzige schlichte Erklärung.
Pas une seule explication simple.
O dieses Schamgefühl!
O cette honte !
Was soll mir ein Konversationslexikon, das auf die nächstliegende Lebensfrage nicht antwortet.
A quoi peut bien servir une encyclopédie qui ne répond à aucune question du quotidien.

Melchior
Hast du schon einmal zwei Hunde über die Straße laufen sehen?
As-tu déjà vu deux chiens qui traversent la rue ?

Moritz
Nein!

Non !
Sag mir lieber heute noch nichts, Melchior.
Ne me dis rien maintenant, Melchior.
Ich habe noch Mittelamerika und Ludwig den Fünfzehnten vor mir.
Je reste en Amérique centrale et j’ai Louis XV devant moi.
Dazu die sechzig Verse Homer, die sieben Gleichungen, der lateinische Aufsatz
Et avec tout ça, les soixante versets d’Homère, les sept équations, le latin
– ich würde morgen wieder überall abblitzen.
– Je voudrais tout pouvoir renvoyer à demain.
Um mit Erfolg büffeln zu können, muß ich stumpfsinnig wie ein Ochse sein.
Pour que tout rentre dans mon crâne avec succès, je vais devoir travailler comme un bœuf.

Melchior
Komm doch mit auf mein Zimmer. 
Viens dans ma chambre.
In dreiviertel Stunden habe ich den Homer, die Gleichungen und zwei Aufsätze.
En trois quarts d’heure, je te fais Homère, les équations et deux essais.
Ich korrigiere dir einige harmlose Schnitzer hinein, so ist die Sache im Blei.
Je vais y ajouter quelques fautes aux bons endroits, comme cela ce sera perlé !
Mama braut uns wieder eine Limonade, und wir plaudern gemütlich über die Fortpflanzung.
Maman nous préparera à nouveau une limonade, et nous bavardons confortablement à propos de la reproduction.

Moritz
Ich kann nicht. 
Je ne peux pas.
 – Ich kann nicht gemütlich über die Fortpflanzung plaudern!
– Je ne peux pas avoir une conversation au sujet de la reproduction ! Wenn du mir einen Gefallen tun willst, dann gib mir deine Unterweisungen schriftlich. 
Si tu veux me faire une faveur, dis-les moi par écrit.
Schreib mir auf, was du weißt.
Écris-moi ce que tu sais.
Schreib es möglichst kurz und klar und steck es mir morgen während der Turnstunde zwischen die Bücher.
Ecrit aussi clairement et que cela soit court, mets-moi le mot entre deux livres que je lirai pendant le cours de gymnastique.
Ich werde es nach Hause tragen, ohne zu wissen, daß ich es habe.
Je le porterai la maison sans savoir que je l’ai.
Ich werde es unverhofft einmal wiederfinden.
Je le trouverai et je lirai à nouveau de façon inattendue.
Ich werde nicht umhinkönnen, es müden Auges zu durchfliegen…
Je lirai à travers mes yeux fatigués …
falls es unumgänglich notwendig ist, magst du ja auch einzelne Randzeichnungen anbringen.
Si c’est absolument nécessaire, tu peux aussi y ajouter des dessins dans les marges.




Melchior
Du bist wie ein Mädchen. 
Tu es comme une fille.
– übrigens wie du willst!
– C’est comme tu veux !
Es ist mir das eine ganz interessante Arbeit. 
C’est un travail très intéressant pour moi.
Eine Frage, Moritz.
Une question Moritz.

Moritz
Hm?

Melchior
Hast du schon einmal ein Mädchen gesehen?
As-tu déjà vu une fille ?

Moritz
Ja!

Oui !

Melchior
Aber ganz?!
Mais entièrement ?!

Moritz
Vollständig!
Complètement !

Melchior
Ich nämlich auch! 
Moi aussi !
– Dann werden keine Illustrationen nötig sein.
– Les photos ne seront donc pas nécessaires.

Moritz
Während des Schützenfestes, in Leilichs anatomischem Museum!
Au cours de la Fête des Chasseurs, à Leilich, au musée d’anatomie !
Wenn es aufgekommen wäre, hätte man mich aus der Schule gejagt.
Si on l’avait vu, on m’aurait  chassé de l’école.
– Schön wie der lichte Tag, und – o so naturgetreu!
– Aussi belle que la lumière du jour, et – Oh ! si réaliste !

Melchior
Ich war letzten Sommer mit Mama in Frankfurt  
J’étais l’été dernier avec maman à Francfort
– Du willst schon gehen, Moritz?
– Tu veux partir déjà, Moritz ?

Moritz
Arbeiten machen.
Je vais finir mon travail.
– Gute Nacht.
-Bonne nuit.

Melchior
Auf Wiedersehen.
Au revoir.

******************

Frank Wedekind
Frühlings Erwachen
L’Eveil du Printemps
Acte 2 Erster Akt
 Scène 2 Zweite Szene

FRANK WEDEKIND Frühlings Erwachen L’EVEIL DU PRINTEMPS Pièce en 3 actes

LITTERATURE ALLEMANDE
Dramatische Werke
Théâtre Allemand

Frank Wedekind

1864 Hannover Hanovre -1918 München Munich

 


L’EVEIL DU PRINTEMPS
Frühlings Erwachen
1891
Erscheinungsjahr
Année de publication

Franz Marc
Der Traum – Le Rêve
1912
Musée Thyssen-Bornemisza
Madrid

*********

TRADUCTION JACKY LAVAUZELLE

****************

Acte 1
Erster Akt

**
 Scène 1
Erste Szene
Sie kommen mir so des Abends, wenn ich nicht einschlafe.
Elles arrivent le soir, quand je ne suis pas endormie.
Mir ist gar nicht traurig dabei, und ich weiß, daß ich dann um so besser schlafe.
Je ne suis pas triste, car je sais que je dors beaucoup mieux ensuite.
– Ist es sündhaft, Mutter, über derlei zu sinnen?
– Est-ce un péché, mère, de rêver ainsi ?

**

 Scène 2
Zweite Szene
Aber nur ganz kurz…
Mais très brièvement …
von Beinen im himmelblauen Trikot, die über das Katheder steigen
des jambes sous le maillot bleu ciel qui montaient au-dessus du lutrin
– um aufrichtig zu sein, ich dachte, sie wollten hinüber.
Pour être honnête, je pensais qu’elle voulait juste passer.
Ich habe sie nur flüchtig gesehen.
– Je ne les ai vues que brièvement.

**

Scène 3
Dritte Szene
WENDLA
Denke dir, Melchi Gabor sagte mir damals, er glaube an nichts – nicht an Gott, nicht an ein Jenseits – an gar nichts mehr in dieser Welt.
Sais-tu que  Melchi Gabor m’a dit qu’il ne croyait en rien – qu’il ne croyait pas en Dieu,  ni à l’au-delà – à rien dans ce monde.

**

******************

Frank Wedekind
Frühlings Erwachen
L’Eveil du Printemps

*****************************

SIGMUND FREUD
SUR
FRANK WEDEKIND

Ainsi que le montrent quelques-unes des observations qui précèdent, une tendance perturbatrice inconsciente peut atteindre son but par la répétition obstinée du même acte manqué. J’emprunte un exemple amusant d’une répétition de ce genre à un petit livre intitulé Frank Wedekind et le théâtre, paru à la maison d’édition « Drei-Masken Verlag », de Munich. Je laisse toutefois à l’auteur du livre la responsabilité de l’histoire qu’il raconte à la manière de Marc Twain.

« Dans la partie la plus intéressante de la pièce de Wedekind, La Censure, figure la phrase suivante : « La crainte de la mort est une erreur de la pensée (Denkfehler) ». L’auteur, qui tenait beaucoup à ce passage, pria l’acteur, lors de la répétition, de faire une petite pause, avant de prononcer le mot Denkfehler. Le soir, l’acteur, tout à fait familiarisé avec son rôle, observe la pause indiquée, mais dit à son insu et sur le ton le plus solennel : « La crainte de la mort est… une faute d’impression (Druckfehler). » La représentation terminée, l’auteur assure l’acteur qu’il n’a rien à lui reprocher, mais lui rappelle que « la crainte de la mort est une erreur de la pensée (Denkfehler) », et non une « faute d’impression (Druckfehler) ».

Le lendemain soir, La Censure est de nouveau jouée. Arrivé au fameux passage, l’acteur dit, toujours du ton le plus solennel : « La crainte de la mort est une… fiche aide-mémoire (Denkzettel). » Wedekind combla, cette fois encore, l’acteur d’éloges, mais lui rappela une fois de plus que « la crainte de la mort est une erreur de la pensée (Denkfehler) ».

Lors de la troisième représentation de La Censure, l’acteur qui, entre temps, s’était lié d’amitié avec l’auteur, avec lequel il avait eu de longues discussions sur l’art, prononce encore la fameuse phrase, avec l’expression la plus solennelle du monde : « La crainte de la mort est… une étiquette imprimée (Druckzettel). »

L’artiste reçut de nouveau les plus chaleureuses félicitations de l’auteur, la pièce fut encore jouée nombre de fois; mais quant à l’ « erreur de la pensée » (Denkfehler), Wedekind n’en parla plus, considérant la question comme liquidée une fois pour toutes.

Psychopathologie de la vie quotidienne
Sigmund Freud
Chapitre XI
Association de plusieurs actes manqués

**********

FRANK WEDEKIND Frühlings Erwachen I-1 L’EVEIL DU PRINTEMPS 1891

LITTERATURE ALLEMANDE
Dramatische Werke
Théâtre Allemand

Frank Wedekind

1864 Hannover Hanovre -1918 München Munich

 


L’EVEIL DU PRINTEMPS
Frühlings Erwachen
I-1
1891
Erscheinungsjahr
Année de publication

Franz Marc
Der Traum – Le Rêve
1912
Musée Thyssen-Bornemisza
Madrid

*********

TRADUCTION JACKY LAVAUZELLE

****************

Acte 1
Erster Akt
 Scène 1
Erste Szene

Wendla
Warum hast du mir das Kleid so lang gemacht, Mutter?
Mère, pourquoi m’as tu fait cette robe si longue ?

Frau Bergmann
Du wirst vierzehn Jahr heute!
Tu as tes quatorze ans aujourd’hui !

Wendla
Hätt’ ich gewußt, daß du mir das Kleid so lang machen werdest, ich wäre lieber nicht vierzehn geworden.
Si j’avais su que j’aurais une si longue robe, j’aurais préféré ne pas les avoir, ces quatorze ans.

Frau Bergmann
Das Kleid ist nicht zu lang, Wendla.
Ta robe n’est pas trop longue, Wendla.
Was willst du denn!
Que veux-tu donc ?




Kann ich dafür, daß mein Kind mit jedem Frühling wieder zwei Zoll größer ist?
Mon enfant, chaque printemps, ne prends-tu pas deux pouces ?
Du darfst doch als ausgewachsenes Mädchen nicht in Prinzeßkleidchen einhergehen.
Tu ne peux plus sortir en robe de petite princesse tout de même, une grande fille comme toi !

Wendla
Jedenfalls steht mir mein Prinzeßkleidchen besser als diese Nachtschlumpe.
Quoi qu’il en soit, ma robe de petite princesse me va beaucoup mieux que cette chemise de nuit.
– Laß mich’s noch einmal tragen, Mutter!
– Permets-moi de la porter à nouveau, mère !
 Nur noch den Sommer lang.
Seulement encore cet été.  
Ob ich nun vierzehn zähle oder fünfzehn, dies Bußgewand wird mir immer noch recht sein. 
Que j’ai quatorze ou quinze ans, ce sac sera toujours bien pour moi.
– Heben wir’s auf bis zu meinem nächsten Geburtstag;
– Nous la mettrions de côté pour mon prochain anniversaire ;
jetzt würd’ ich doch nur die Litze heruntertreten.
maintenant je ne pourrais que marcher sur ses coutures.








Frau Bergmann
Ich weiß nicht, was ich sagen soll.
Je ne sais pas quoi dire.
Ich würde dich ja gerne so behalten, Kind, wie du gerade bist. 
Je voudrais te garder ainsi, mon enfant, comme tu es maintenant.

Andere Mädchen sind stakig und plump in deinem Alter.
D’autres filles sont des potiches à ton âge.
Du bist das Gegenteil.
Tu es tout le contraire.
– Wer weiß, wie du sein wirst, wenn sich die andern entwickelt haben.
– Qui sait comment tu seras quand les autres auront grandi.

Wendla
Wer weiß
Qui sait
 – vielleicht werde ich nicht mehr sein.
– peut-être que je ne serai pas !

Frau Bergmann
Kind, Kind, wie kommst du auf die Gedanken!
Mon enfant, mon enfant, comment te viennent de si vilaines pensées !

Wendla
Nicht, liebe Mutter;
Non, chère mère ;
nicht traurig sein!
Ne sois pas triste !

Frau Bergmann
sie küssend
elle l’embrasse
Mein einziges Herzblatt!
Mon unique fortune !

Wendla
Sie kommen mir so des Abends, wenn ich nicht einschlafe.
Elles arrivent le soir, quand je ne suis pas endormie.
Mir ist gar nicht traurig dabei, und ich weiß, daß ich dann um so besser schlafe.
Je ne suis pas triste, car je sais que je dors beaucoup mieux ensuite.
– Ist es sündhaft, Mutter, über derlei zu sinnen?
– Est-ce un péché, mère, de rêver ainsi ?

Frau Bergmann
Geh denn und häng das Bußgewand in den Schrank!
Va accrocher ce sac dans le placard !
Zieh in Gottes Namen dein Prinzeßkleidchen wieder an!
Remets à nouveau ta robe de petite princesse !
Ich werde dir gelegentlich eine Handbreit Volants unten ansetzen.
J’y ajouterai quand même quelques pouces de ruban.

Wendla
das Kleid in den Schrank hängend
accrochant la robe dans l’armoire
Nein, da möcht’ ich schon lieber gleich vollends zwanzig sein…!
Ah non ! là je préférerais avoir mes vingt ans révolus…!

Frau Bergmann
Wenn du nur nicht zu kalt hast!
Si seulement tu ne prends pas trop froid !
– Das Kleidchen war dir ja seinerzeit reichlich lang; aber…
– La robe en effet, il y a quelques années, était bien longue ; mais …

Wendla
Jetzt, wo der Sommer kommt?
Maintenant que l’été arrive ?
– O Mutter, in den Kniekehlen bekommt man auch als Kind keine Diphtheritis!
– O Mère, aux genoux, aucun enfant n’attrape la diphtérie !
Wer wird so kleinmütig sein.
Que l’on manque de courage.
In meinen Jahren friert man noch nicht – am wenigsten an die Beine.
A mon âge, on ne peut pas geler – du moins au niveau des jambes. Wär’s etwa besser, wenn ich zu heiß hätte, Mutter?
Est-ce mieux si j’ai trop chaud, mère ?
– Dank’ es dem lieben Gott, wenn sich dein Herzblatt nicht eines Morgens die Ärmel wegstutzt und dir so zwischen Licht abends ohne Schuhe und Strümpfe entgegentritt!
– Merci à Dieu bienveillant, si ta bien-aimée n’arrive pas un matin les manches raccourcies et ne rentre à la lumière de la nuit sans chaussures et sans chaussettes !
– Wenn ich mein Bußgewand trage, kleide ich mich darunter wie eine Elfenkönigin…
– Quand je porterai mon sac, je n’aurai rien en-dessous comme la reine des fées …
Nicht schelten, Mütterchen!
Ne me gronde pas, Mère !
  Es sieht’s dann ja niemand mehr.
Personne ne pourra le voir !

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Frank Wedekind
Frühlings Erwachen
L’Eveil du Printemps
Acte 1 Erster Akt
 Scène 1 Erste Szene