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LE PURGATOIRE DANTE – PURGATORIO CANTO II CHANT II

***
LE PURGATOIRE DANTE

 

LA DIVINE COMEDIE – Divina Commedia
Traduction – Texte Bilingue
LITTERATURE ITALIENNE
Letteratura Italiana

DANTE ALIGHIERI
Firenze 1265 Florence – Ravenna 1321 Ravenne

Portrait de Dante de la Chapelle du Palais de Bargello Florence
Cappella del Podestà Firenze
attribué à Giotto di Bondone
Il ritratto di Dante in un’elaborazione grafica
Détail
& Representación artística del purgatorio
Représentation artistique du purgatoire

***********

Traduction  Traduzione Jacky Lavauzelle

——–



DANTE ALIGHIERI

LA DIVINE COMEDIE
Divina Commedia
1303 – 1321
LE PURGATOIRE
PURGATORIO

CANTO 2
CHANT 2

 ******

Già era ‘l sole a l’orizzonte giunto
Déjà le soleil avait atteint l’horizon
lo cui meridïan cerchio coverchia
où le cercle méridien couvre
   Ierusalèm col suo più alto punto;
Jérusalem à son point le plus élevé ;

*

e la notte, che opposita a lui cerchia,
et la nuit, parcourant le cercle opposé,
uscia di Gange fuor con le Bilance,
sortait du Gange avec les Balances
che le caggion di man quando soverchia; 
qui chutent de ses mains quand elle s’allonge ;

*

sì che le bianche e le vermiglie guance,
qu’alors les blanches et vermeilles joues,
là dov’i’ era, de la bella Aurora
d’où j’étais, de la belle Aurore
per troppa etate divenivan rance.
en vieillissant se changeaient en orange.

*

Noi eravam lunghesso mare ancora,
Nous étions encore non loin de la mer,
come gente che pensa a suo cammino,
Comme ces gens qui pensent à leur route,
che va col cuore e col corpo dimora.
qui y vont avec le cœur et demeurent avec le corps.

*

Ed ecco, qual, sorpreso dal mattino,
Et ici, quand, surpris sur le matin,
per li grossi vapor Marte rosseggia
par les lourdes vapeurs Mars rougeoie
giù nel ponente sovra ’l suol marino,
sur le couchant sur le sol marin,


*

cotal m’apparve, s’io ancor lo veggia,
m’apparut, je la vois à nouveau,
un lume per lo mar venir sì ratto
une lumière de la mer galopant
che ’l muover suo nessun volar pareggia.
qu’aucun autre vol ne peut égaler.

*

 Dal qual com’io un poco ebbi ritratto
Je détournai d’elle un instant mon regard
l’occhio per domandar lo duca mio,
Afin de questionner mon guide,
rividil più lucente e maggior fatto.
Je la revis ensuite et plus lumineuse et plus grande.

*

Poi d’ogne lato ad esso m’appario
Puis de chaque côté m’apparut
un non sapeva che bianco, e di sotto
un je ne sais quoi de blanc, et au-dessous
a poco a poco un altro a lui uscìo.
Peu à peu, il en sortit un autre.

*

Lo mio maestro ancor non facea motto,
Mon maître n’avait pas prononcé encore un seul mot,
mentre che i primi bianchi apparver ali;
quand la première blancheur devenait des ailes ;
allor che ben conobbe il galeotto,
Mais quand il reconnu clairement le pilote,

*

gridò: « Fa, fa che le ginocchia cali.
il cria : « Dépêche-toi, à genoux.
Ecco l’angel di Dio: piega le mani;
 Voici l’Ange de Dieu : joins tes mains !
omai vedrai di sì fatti officiali.
 désormais, tu verras de tels officiers. 


*




Vedi che sdegna li argomenti umani,
 Vois comme il se moque des arguments humains,
sì che remo non vuol, né altro velo
 il ne veut ni rame ni voile
 che l’ali sue, tra liti sì lontani.
il ne veut que ses propres ailes entre les rivages si lointains.

*

Vedi come l’ ha dritte verso ’l cielo,
 Vois comme il les pointe vers le haut du ciel,
 trattando l’aere con l’etterne penne,
 frappant l’air de ses plumes éternelles,
che non si mutan come mortal pelo ».
 qui jamais ne muent comme le poil des mortels ».

*




Poi, come più e più verso noi venne
Puis, comme de plus en plus près de nous s’approchait
l’uccel divino, più chiaro appariva:
l’oiseau divin, il apparaissait plus encore rayonnant
  per che l’occhio da presso nol sostenne,
que l’œil ne pouvait le supporter,

*

ma chinail giuso; e quei sen venne a riva
mais je les baissais ; et il appareilla à terre
 con un vasello snelletto e leggero,
avec un vaisseau rapide et léger,
tanto che l’acqua nulla ne ’nghiottiva.
que nulle eau n’en pouvait en submerger la coque.




*

Da poppa stava il celestial nocchiero,
Le céleste nocher tenait la poupe
tal che faria beato pur descripto;
envahi d’une pure béatitude ;
 e più di cento spirti entro sediero.
à ses côtés, une centaine d’esprits étaient assis.


*

’In exitu Isräel de Aegypto’
‘In exitu Israel de Aegypto »
[Quand Israël sortit d’Egypte]
cantavan tutti insieme ad una voce
scandaient-ils tous ensemble d’une seule voix
con quanto di quel salmo è poscia scripto.
et suivait la suite du psaume.

*

Poi fece il segno lor di santa croce;
Puis il fit le signe de la sainte croix ;
ond’ei si gittar tutti in su la piaggia:
tous se ruèrent sur le rivage:
ed el sen gì, come venne, veloce.
et lui partit, comme il était venu.

*

La turba che rimase lì, selvaggia
La foule paraissait étrangère
parea del loco, rimirando intorno
à ces lieux, regardant tout autour
come colui che nove cose assaggia.
comme celui qui découvre une chose nouvelle.

*

Da tutte parti saettava il giorno
De tous côtés, pointait la lueur
lo sol, ch’avea con le saette conte
du soleil, qui avait, par sa foudre cinglante,
di mezzo ’l ciel cacciato Capricorno,
du milieu du ciel, chassé le Capricorne,





*

quando la nova gente alzò la fronte
Lorsque les nouveaux arrivants levèrent leurs visages
 ver’ noi, dicendo a noi: « Se voi sapete,
vers nous, en nous disant : « Si vous savez,
mostratene la via di gire al monte ».
Montrez-nous le chemin jusqu’à la montagne « .




*

E Virgilio rispuose: « Voi credete
Et Virgile répondit: « Vous croyez
forse che siamo esperti d’esto loco;
Que nous connaissons ces lieux ;
ma noi siam peregrin come voi siete.
nous sommes des pèlerins tout comme vous.

*

Dianzi venimmo, innanzi a voi un poco,
Nous sommes arrivés ici peu avant vous,
per altra via, che fu sì aspra e forte,
par une autre route,  si rude et escarpée,
 che lo salire omai ne parrà gioco ».
que grimper désormais nous paraîtrait un jeu».

*

gridò: « Fa, fa che le ginocchia cali.
Il a crié: « Dépêche-toi, à genoux !
 
Ecco l’angel di Dio: piega le mani;
Voici l’Ange de Dieu : joins tes mains ;
  omai vedrai di sì fatti officiali.
désormais, tu verras d’autres officiels de la sorte.

*




Vedi che sdegna li argomenti umani,
Vois comme il se moque des arguments humains,
sì che remo non vuol, né altro velo
il ne veut ni rame ni voile
 che l’ali sue, tra liti sì lontani.
 Que ses propres ailes, entre les lointains rivages.


*

Vedi come l’ ha dritte verso ’l cielo,
Vois comme il les pointe vers le haut du ciel,
  trattando l’aere con l’etterne penne,
Frappant l’air avec ses plumes éternelles,
che non si mutan come mortal pelo ».
  Qui ne poussent pas comme un mortel poil».

*




L’anime, che si fuor di me accorte,
Les âmes qui avaient remarqué,
per lo spirare, ch’i’ era ancor vivo,
que je respirais encore, que j’étais encore en vie,
maravigliando diventaro smorte.
pâlir d’étonnement.

*

E come a messagger che porta ulivo
Et comme à messager portant l’olivier
tragge la gente per udir novelle,
Les gens se pressent pour entendre les nouvelles,
 e di calcar nessun si mostra schivo,
et personne n’a plus de peur de la foule,

*




così al viso mio s’affisar quelle
ainsi sur mon visage se fixèrent
anime fortunate tutte quante,
les âmes  fortunées attentives,
  quasi oblïando d’ire a farsi belle.
oubliant presque d’aller se faire belles.

*

Io vidi una di lor trarresi avante
Une d’entre elles se détacha des autres
per abbracciarmi, con sì grande affetto,
pour m’embrasser, avec tant d’affection,
che mosse me a far lo somigliante.
qu’elle m’incita à en faire autant.

*

Ohi ombre vane, fuor che ne l’aspetto!
O vaines ombres, sauf en apparence !
tre volte dietro a lei le mani avvinsi,
trois fois derrière elle je posai mes bras,
e tante mi tornai con esse al petto.
mais toujours je les ramenai sur ma poitrine.


*

Di maraviglia, credo, mi dipinsi;
Je pense que l’étonnement se voyait sur mon visage ;
 
per che l’ombra sorrise e si ritrasse,
sur quoi l’ombre sourit et prit la fuite ;
  e io, seguendo lei, oltre mi pinsi.
et moi, la suivant, je la dépassai.

*

Soavemente disse ch’io posasse;
Doucement, elle me dit d’arrêter ;
allor conobbi chi era, e pregai
je la reconnus alors, et je la priai
che, per parlarmi, un poco s’arrestasse.
que de parler un peu avec moi.

*




Rispuosemi: « Così com’io t’amai
Elle me réponduit : « comme je t’ai aimé
nel mortal corpo, così t’amo sciolta:
Dans le corps mortel, mais je t’aime libérée de ce corps :
però m’arresto; ma tu perché vai? »
cependant, je m’arrête; mais toi pourquoi vas-tu ? « 

*

« Casella mio, per tornar altra volta
« Mon Casella ! c’est pour revenir encore
 
là dov’io son, fo io questo vïaggio »,
 de là d’où je suis, que je fais ce voyage,  »
diss’io; « ma a te com’è tanta ora tolta? »
lui dis-je ; « Mais pourquoi avoir pris tant de temps ? »

*

Ed elli a me: « Nessun m’è fatto oltraggio,
Et lui me dit alors : « aucun outrage ne m’a été fait,
  se quei che leva quando e cui li piace,
quand celui qui prend qui il veut et quand il veut,
 più volte m’ ha negato esto passaggio;
me refusa à plusieurs reprises le passage ;

*

ché di giusto voler lo suo si face:
car sa volonté profonde est juste ;
 
veramente da tre mesi elli ha tolto
il a vraiment depuis trois mois fait monter 
  chi ha voluto intrar, con tutta pace.
ceux qui le voulaient et cela très sereinement.




*

Ond’io, ch’era ora a la marina vòlto
et moi, qui maintenant m’étais tourné vers ce rivage
dove l’acqua di Tevero s’insala,
 où les eaux du Tibre se salent,
benignamente fu’ da lui ricolto.
Bénignement il m’a reçu.




A quella foce ha elli or dritta l’ala,
Ses ailes dominent désormais l’embouchure,
però che sempre quivi si ricoglie
 car en ce lieu toujours il recueille
qual verso Acheronte non si cala ».
ceux qui ne descendent pas vers l’Achéron ».

*

E io: « Se nuova legge non ti toglie
Et moi : « Si une nouvelle loi ne t’a pas enlevé
 
memoria o uso a l’amoroso canto
 la mémoire ou la pratique de la chanson galante
  che mi solea quetar tutte mie doglie,
qui calmait d’habitude tous mes désirs,




*

di ciò ti piaccia consolare alquanto
qu’il serait bon que tu consoles un peu
l’anima mia, che, con la sua persona
mon âme, qui, avec le corps
venendo qui, è affannata tanto! ».
est venue au coeur de tant de détresse ».


*

’Amor che ne la mente mi ragiona’
« Amour qui en mon âme raisonne »
cominciò elli allor sì dolcemente,
chanta-t-il si mélodieusement ;
che la dolcezza ancor dentro mi suona.
combien cette douce mélodie retentit toujours en moi.

*




Lo mio maestro e io e quella gente
Mon maître et moi et ces gens
 ch’eran con lui parevan sì contenti,
qui étaient là avec lui, étions satisfaits
come a nessun toccasse altro la mente.
comme si rien d’autre ne pouvait toucher l’esprit.

*

Noi eravam tutti fissi e attenti
Nous prêtions tous une attentive oreille
 
a le sue note; ed ecco il veglio onesto
dans ses notes ; et voici alors que le vénérable
gridando: « Che è ciò, spiriti lenti?
cria : « Qu’est-ce  donc là, esprits indolents ?




*

qual negligenza, quale stare è questo?
Quelle négligence en tout ceci ?
Correte al monte a spogliarvi lo scoglio
Courez vers la montagne pour enlever les souillures de vos péchés
ch’esser non lascia a voi Dio manifesto ».
qui empêchent qu’à vous Dieu ne se manifeste ».

*

Come quando, cogliendo biado o loglio,
Comme dans la collecte du grain ou de la paille,
 
li colombi adunati a la pastura,
Les colombes partent ensemble dans les pâtures,
queti, sanza mostrar l’usato orgoglio,
sans montrer de fierté ordinaire,

*

se cosa appare ond’elli abbian paura,
si une chose apparaît provoquant de la peur,
subitamente lasciano star l’esca,
elles laissent tomber subitement l’appât,
attention;perch’assaliti son da maggior cura;
car assaillies par une plus grande préoccupation ;

*

così vid’io quella masnada fresca
ainsi, je vis cette nouvelle troupe
lasciar lo canto, e fuggir ver’ la costa,
cesser le chant et fuir vers la côte,
com’om che va, né sa dove rïesca;
comme un homme totalement désorienté ;




*

né la nostra partita fu men tosta.
et notre départ ne fut pas moins précipité.

 

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LE PURGATOIRE DANTE

DANTE ALIGHIERI : LE PURGATOIRE PURGATORIO CANTO I CHANT I

***

LA DIVINE COMEDIE – Divina Commedia
Traduction – Texte Bilingue
LITTERATURE ITALIENNE
Letteratura Italiana

DANTE ALIGHIERI
Firenze 1265 Florence – Ravenna 1321 Ravenne

Portrait de Dante de la Chapelle du Palais de Bargello Florence
Cappella del Podestà Firenze
attribué à Giotto di Bondone
Il ritratto di Dante in un’elaborazione grafica
Détail
& Representación artística del purgatorio
Représentation artistique du purgatoire

***********

Traduction  Traduzione Jacky Lavauzelle

——–



DANTE ALIGHIERI

LA DIVINE COMEDIE
Divina Commedia
1303 – 1321
LE PURGATOIRE
PURGATORIO

 

CANTO 1
CHANT 1

 ******

Per correr miglior acque alza le vele
A la recherche de meilleures eaux, elle hisse les voiles
 
omai la navicella del mio ingegno,
désormais de la nacelle de mon génie,
che lascia dietro a sé mar sì crudele;
laissant derrière lui une mer si cruelle ;

e canterò di quel secondo regno
et je chanterai ce second royaume
dove l’umano spirito si purga
d’où l’esprit humain se purifie
e di salire al ciel diventa degno.
et monte au ciel plus dignement.

Ma qui la morta poesì resurga,
Mais ici resurgit la poésie morte,
o sante Muse, poi che vostro sono;
  ô saintes Muses, car je suis à vous ;
e qui Calïopè alquanto surga,
  et que la belle voix Calliope s’entend légèrement,




seguitando il mio canto con quel suono
suivant mon chant avec cet air
di cui le Piche misere sentiro
dont les neuf Pies misérables de Piéros sentirent
 
lo colpo tal, che disperar perdono.
tant le coup, qu’elles désespérèrent d’être pardonnées.

Dolce color d’orïental zaffiro,
Douce couleur d’oriental saphir
che s’accoglieva nel sereno aspetto
qui s’accueillait dans une apparence sereine
  del mezzo, puro infino al primo giro,
de l’air, pur jusqu’au premier tour,




a li occhi miei ricominciò diletto,
à mes yeux recommencera le  plaisir,
 
tosto ch’io usci’ fuor de l’aura morta
 dès que je m’extirpai de l’air mort
 
che m’avea contristati li occhi e ’l petto.
qui m’avait noirci et mes yeux et mon cœur.

Lo bel pianeto che d’amar conforta
La belle planète qui d’aimer réconforte
faceva tutto rider l’orïente,
rendait joyeux la totalité de l’orient,
velando i Pesci ch’erano in sua scorta.
voilant la constellation des Poissons dans son escorte.

I’ mi volsi a man destra, e puosi mente
Je me suis tourné vers la droite, et j’ai fixé mon esprit
a l’altro polo, e vidi quattro stelle
 sur l’autre pôle, et je vis quatre étoiles
non viste mai fuor ch’a la prima gente.
jamais vues sauf des premiers regards d’Adam et d’Eve.

Goder pareva ’l ciel di lor fiammelle:
Le ciel de leurs flammes semblait se complaire :
oh settentrïonal vedovo sito,
 oh site veuf septentrional,
poi che privato se’ di mirar quelle!
puisque de les admirer tu ne peux !




Com’io da loro sguardo fui partito,
Comme je les quittai du regard,
un poco me volgendo a l’altro polo,
vers l’autre pôle me tournant légèrement,
 
là onde ’l Carro già era sparito,
 là où le chariot de la Grande Ourse avait disparu,




vidi presso di me un veglio solo,
je vis à côté de moi un vieillard seul,
  degno di tanta reverenza in vista,
digne de tant de respect dans son regard,
che più non dee a padre alcun figliuolo.
qu’aucun fils ne peut en donner plus à son père.

Lunga la barba e di pel bianco mista
Sa longue barbe légèrement blanchie
 
portava, a’ suoi capelli simigliante,
portait, comme pour ses cheveux,
 
de’ quai cadeva al petto doppia lista.
une double vague qui tombait sur sa poitrine.

Li raggi de le quattro luci sante
Les rayons des quatre saintes lumières
fregiavan sì la sua faccia di lume,
 ornaient tant son visage de lumière,
 
ch’i’ ’l vedea come ’l sol fosse davante.
que je le voyais comme s’il faisait face au soleil.

« Chi siete voi che contro al cieco fiume
« Qui êtes-vous, en affrontant l’aveugle rivière 
fuggita avete la pregione etterna? »,
 avez fui l’éternel cachot ?  »
 
diss’el, movendo quelle oneste piume.
dit-il, en ajustant ces vénérables plumes.

« Chi v’ ha guidati, o che vi fu lucerna,
« Qui vous a donc guidé, qui vous a éclairé de sa lampe,
 
uscendo fuor de la profonda notte
pour vous extirper de la profonde nuit
che sempre nera fa la valle inferna?
de ce noir qui toujours recouvre la vallée infernale ?




Son le leggi d’abisso così rotte?
Les lois de l’abîme sont-elles brisées ?
o è mutato in ciel novo consiglio,
Ou un nouveau règlement existe-t-il dans le ciel,
 che, dannati, venite a le mie grotte? ».
 Que, damnés, vous arriviez  ainsi à mes grottes ? ».

Lo duca mio allor mi diè di piglio,
Mon guide me saisit alors,
 
e con parole e con mani e con cenni
Et avec ses paroles, ses mains et ses gestes
reverenti mi fé le gambe e ’l ciglio.
de ma tête à mes genoux me rendit révérencieux.




Poscia rispuose lui: « Da me non venni:
Puis il répondit : « De moi-même, je ne suis pas venu :
  donna scese del ciel, per li cui prieghi
une dame [Béatrice] est venue du ciel, m’a supplié
de la mia compagnia costui sovvenni.
  de l’aider par ma compagnie.

Ma da ch’è tuo voler che più si spieghi
Mais comme tu veux comprendre
di nostra condizion com’ell’è vera,
notre condition, ce qu’elle est vraiment,
esser non puote il mio che a te si nieghi.
je ne serais te le refuser.

Questi non vide mai l’ultima sera;
Celui-là n’a jamais vu sa nuit dernière ;
ma per la sua follia le fu sì presso,
Mais par sa folie en était si proche,
che molto poco tempo a volger era.
et très peu de temps lui restait.




Sì com’io dissi, fui mandato ad esso
Oui comme je le disais, j’ai été envoyé
 
per lui campare; e non lì era altra via
afin de le sauver, et il n’y avait pas d’autres chemins
che questa per la quale i’ mi son messo.
que celui dans lequel je me suis engagé.

Mostrata ho lui tutta la gente ria;
Je lui ai montré toute la perdition humaine ;
e ora intendo mostrar quelli spirti
et maintenant j’ai l’intention de montrer les esprits
che purgan sé sotto la tua balìa.
Qui se purifie sous ta tutelle.




Com’io l’ ho tratto, saria lungo a dirti;
Comme je l’ai porté serait long à raconter ;
de l’alto scende virtù che m’aiuta
une vertu des hauteurs descend qui m’aide
conducerlo a vederti e a udirti.
A  le conduire à te voir et à t’entendre.

Or ti piaccia gradir la sua venuta:
Que tu veuilles accepter sa venue :
libertà va cercando, ch’è sì cara,
quêtant la liberté, qui lui est si chère,
 come sa chi per lei vita rifiuta.
 comme sait qui [Caton] refusa la vie pour elle.

Tu ’l sai, ché non ti fu per lei amara
Tu le sais, car elle ne fut pas amère
in Utica la morte, ove lasciasti
ta  mort à Utique, où tu quittas
 la vesta ch’al gran dì sarà sì chiara.
la veste qui sera brillante au grand jour.

Non son li editti etterni per noi guasti,
 Nous ne nous sommes pas détournés des édits éternels,
 ché questi vive e Minòs me non lega;
Depuis celui-ci vit, et Minos, le juge aux enfers, ne me lie pas ;
  ma son del cerchio ove son li occhi casti
Mais je suis de ce cercle où se trouvent les yeux chastes. 

di Marzia tua, che ’n vista ancor ti priega,
de ta conjointe Marcia, qui te regarde encore suppliante,
 
o santo petto, che per tua la tegni:
o sainte poitrine, pour qu’elle soit tienne :
 
per lo suo amore adunque a noi ti piega.
pour son amour, laisse-toi succomber.




Lasciane andar per li tuoi sette regni;
 Laisse-nous pénétrer dans tes sept royaumes ;
grazie riporterò di te a lei,
je demanderai grâce de toi à elle,
se d’esser mentovato là giù degni ».
s’il te sied d’être mentionné là-bas ».

« Marzïa piacque tanto a li occhi miei
« Marcia si heureuse à mes yeux
mentre ch’i’ fu’ di là », diss’elli allora,
Alors que j’étais sur terre», dit-il,
che quante grazie volse da me, fei.
 Que tout ce qu’elle voulait je le lui fis.

Or che di là dal mal fiume dimora,
Au-delà de la rivière du mal,
 
più muover non mi può, per quella legge
elle ne peut plus me toucher, par cette loi
forums.che fatta fu quando me n’usci’ fora.
qui a été faite quand de là-bas je suis sorti.

Ma se donna del ciel ti move e regge,
Mais si dame du ciel te meut et te régit,
 
come tu di’, non c’è mestier lusinghe:
Comme tu dis, la flatterie n’a pas sa place :
bastisi ben che per lei mi richegge.
il suffit que pour elle tu me pries.

Va dunque, e fa che tu costui ricinghe
Va donc, et tu devras le ceindre
d’un giunco schietto e che li lavi ’l viso,
d’un doux jonc, et lui laver le visage,
sì ch’ogne sucidume quindi stinghe;
pour que partent les stigmates ;




ché non si converria, l’occhio sorpriso
il ne conviendrait pas, l’œil surpris
  d’alcuna nebbia, andar dinanzi al primo
par quelques nuées, de se trouver au premier
ministro, ch’è di quei di paradiso.
ministère, de ceux du Paradis.

Questa isoletta intorno ad imo ad imo,
Le rivage de cette îlette,
 
là giù colà dove la batte l’onda,
là où l’onde bat,
porta di giunchi sovra ’l molle limo:
donne des joncs sur sa vase molle :

null’altra pianta che facesse fronda
Aucune autre plante portant frondaison
o indurasse, vi puote aver vita,
ou branchage, ne peut y vivre,
 però ch’a le percosse non seconda.
ne pouvant y supporter les chocs.

Poscia non sia di qua vostra reddita;
Par la suite ne faites pas retour ici ;
lo sol vi mosterrà, che surge omai,
Le soleil vous montrera, qui maintenant se lève,
prendere il monte a più lieve salita ».
l’ascension la plus facile de la montagne ». 

Così sparì; e io sù mi levai
Il disparu ; Je me suis levé
sanza parlare, e tutto mi ritrassi
Sans un mot, et je me suis rapproché
al duca mio, e li occhi a lui drizzai.
de mon guide et j’ai levé les yeux vers lui.

El cominciò: « Figliuol, segui i miei passi:
Et il commença: « Mon fils, suis mes pas :
volgianci in dietro, ché di qua dichina
Revenons sur nos pas, vois comme elle s’abaisse
questa pianura a’ suoi termini bassi ».
cette plaine sur sa partie inférieure ».

L’alba vinceva l’ora mattutina
L’aube gagnait l’heure matinale
che fuggia innanzi, sì che di lontano
qui fuyait, de sorte que de loin
conobbi il tremolar de la marina.
je reconnus le tremblement de la mer.

Noi andavam per lo solingo piano
Nous marchions dans la plaine solitaire
com’om che torna a la perduta strada,
comme celui qui retrouve la route perdue
che ’nfino ad essa li pare ire in vano.
et qui continue en vain.

Quando noi fummo là ’ve la rugiada
Quand nous nous trouvâmes là où la rosée
pugna col sole, per essere in parte
lutte avec le soleil, pour être en partie
dove, ad orezza, poco si dirada,
là où l’ombre tombe, qui peu à peu s’évapore,




ambo le mani in su l’erbetta sparte
ses deux mains sur l’herbe
soavemente ’l mio maestro pose:
doucement mon maître posa :
ond’io, che fui accorto di sua arte,
en comprenant la signification,

porsi ver’ lui le guance lagrimose;
je dirigeai vers lui mes joues pleines de larmes ;
  
ivi mi fece tutto discoverto
il me fit découvrir
quel color che l’inferno mi nascose.
cette couleur que l’enfer m’avait cachée.

Venimmo poi in sul lito diserto,
Puis arrivâmes sur le rivage désert,
che mai non vide navicar sue acque
qui n’a jamais encore vu naviguer sur ses eaux
omo, che di tornar sia poscia esperto.
aucun homme qui ne put revenir sur terre.

Quivi mi cinse sì com’altrui piacque:
Là, il me serra comme le souhaitait Caton :
oh maraviglia! ché qual elli scelse
ô merveille ! comme il choisit
l’umile pianta, cotal si rinacque
l’humble plante, et telle elle renaquit,

subitamente là onde l’avelse.
subitement là où il venait de la cueillir.

********************

*****

MONTPEYROUX – La Divine Comédie d’Yves Guérin

La Divine Comédie d’Yves Guérin
Montpeyroux – Puy de Dôme
——

 

 

Photo Jacky Lavauzelle

*

 


MONTPEYROUX
La Divine Comédie d’Yves Guérin
Le Paradis – La Tour
Le Purgatoire – Le Promontoire
L’Enfer – La Carrière

1 Montpeyroux Artgitato Yves Guérin Le Paradis La Tour 3 1 Montpeyroux Artgitato Yves Guérin Le Paradis La Tour 4 1 Montpeyroux Artgitato Yves Guérin Le Paradis La Tour

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