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Miao Fu -POISSONS – Fish and Aquatic 明缪辅“鱼藻图” – 中国古代名画 – XVe siècle

Miao Fu
缪辅
Fish and Aquatic

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Malaysia
Voyage en Malaisie
PHOTO & POEME LE POISSON DE MIAO FU
DE JACKY LAVAUZELLE




 

 




Chineses Paintings
中国画

  MALACCA
MELAKA

 

 Zheng He Duo Yun Xuan Art Gallery
郑和朵云轩
MALACCA – MELAKA 马六甲
MUSEE D’ART 艺术馆  

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CHINESES PAINTINGS
PEINTURES CHINOISES
EXHIBITION OF CHINESE FAMOUS PAINTING
MALACCA – MELAKA
中国画

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DYNASTIE MING
明朝

1368–1644
Miao Fu
缪辅
Les Poissons 鱼

Fish and Aquatic
明缪辅“鱼藻图” – 中国古代名画

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LE POISSON DE MIAO FU

Il descend dans la nuit plus noire que l’esprit
Longe les bleus, longe les gris et les nénuphars inertes
Il descend dans le repos plus long que la mort
Longe l’onde éternelle depuis l’imperceptible rivière

Il descend dans le cœur d’un océan trop large
Plonge dans les algues plus hautes que des peines
Il descend dans un temps où de longues vagues pleines
Plongent comme si chacune n’était qu’une goutte de pluie.

Jacky Lavauzelle

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Les poissons que nous regardons nous paraissent tellement disproportionnés les uns avec les autres, que nous nous demandons comment l’harmonie et l’équilibre peuvent ainsi régner.
Il s’agit peut-être du poisson fabuleux de Tchouang-Tseu (IVe siècle avant Jésus-Christ) qui réunit la mer et le ciel.

Tchouang-Tseu raconte que « s’il faut en croire d’anciennes légendes, dans l’océan septentrional vit un poisson immense, qui peut prendre la forme d’un oiseau. Quand cet oiseau s’enlève, ses ailes s’étendent dans le ciel comme des nuages. Rasant les flots, dans la direction du Sud, il prend son élan sur une longueur de trois mille stades, puis s’élève sur le vent à la hauteur de quatre-vingt-dix-mille stades, dans l’espace de six mois. — Ce qu’on voit là-haut, dans l’azur, sont-ce des troupes de chevaux sauvages qui courent ? Est-ce de la matière pulvérulente qui voltige ? Sont-ce les souffles qui donnent naissance aux êtres ? Et l’azur, est-il le Ciel lui-même ? Ou n’est-ce que la couleur du lointain infini, dans lequel le Ciel, l’être personnel des Annales et des Odes, se cache ? Et, de là-haut, voit-on cette terre ? et sous quel aspect ? Mystères ! — Quoi qu’il en soit, s’élevant du vaste océan, et porté par la grande masse de l’air, seuls supports capables de soutenir son immensité, le grand oiseau plane à une altitude prodigieuse. » (Œuvre de Tchouang-Tseu  莊子- 南 華 眞 經 – Chapitre Premier – Vers l’idéal – Traduction Léon Wieger – 1913)

Car les poissons de Miao Fu ne se voient car travers le poisson gigantesque qui s’offre à nous se tordant vers le bas. Mais l’équilibre vient du poisson plus petit qui se plie vers le haut.

 Et il y a cet œil gigantesque aussi, globuleux, qui nous attire. Le poisson si calme si glissant peut se transformer en une bête féroce. Les nageoires acérées se dressent piquantes. Le poisson devient dragon et ne se laissera pas prendre.

« Lorsque Confucius eut quitté Lao-tseu, il dit à ses disciples : « Je sais que les oiseaux volent dans l’air, que les poissons nagent, que les quadrupèdes courent. Ceux qui courent peuvent être pris avec des filets ; ceux qui nagent avec une ligne ; ceux qui volent avec une flèche. Quant au dragon qui s’élève au ciel, porté par les vents et les nuages, je ne sais comment on peut le saisir. J’ai vu aujourd’hui Lao-tseu : il est comme le dragon ! » » (Sima Qian  司马迁 -Lao-tseu traduit par Jules Besse – Traduction par Stanislas Julien . Ernest Leroux, 

 

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LE VOILE DU BONHEUR (G. Clemenceau)

GEORGES CLEMENCEAU
LE VOILE DU BONHEUR
1901
Théâtre de la Renaissance

 Le Voile du Bonheur Clémenceau Artgitato-Wanluan_Thatched_Hall_by_Dong_Qichang
 C’EST LE NOIR
QUI ILLUMINE !
« LES CINQ COULEURS FONT QUE LES HOMMES ONT DES YEUX ET NE VOIENT PAS » Lao Tseu

La pièce s’ouvre sur le personnage de Tchang-I, mandarin aveugle. Il n’a jamais été aussi heureux. Il rayonne. Il redécouvre enfin le monde et les sensations fortes. Le monde n’est plus visible, mais son cerveau le conceptualise : « Ah ! Le monde est bien changé depuis que je ne puis plus le voir qu’en idée. Comme il est beau ! Et quelle joie de vivre ! Je suis comme enivré d’un merveilleux parfum de paix heureuse » (scène 1)

 Il est heureux avec tous. Il vénère sa femme, Si-Tchun : « vous êtes, chère Si-Tchun, la joie du ciel et l’orgueil de la terre. Toute la chine admire vos vertus » (scène 2). Il noie son ami Li-Kiang de compliments : « vous êtes les yeux du pauvre aveugle, vous êtes la parole qui le guide, la main qui le soutient » (scène 1). Il est en admiration devant le talent et la réussite de son fils, Wen-Siéou : « un jour je vous verrai la ceinture de jade. Quand vous descendrez du palais de la lune, avec la palme académique du docteur, vous porterez le bonnet à fleurs d’or dont la houppe brillera sur votre front martial comme un jet de flamme » (scène 6). Il héberge le condamné qui a faim : « une cuillérée de riz, lorsqu’on a faim vaut mieux qu’un boisseau de riz, lorsqu’on est rassasié » (scène 7).

Il est la bonté personnifiée, la compréhension bonne du monde. Dans cette nuit physique, Tchang-I « excelle à deviner les parfums », à l’écoute de tout et de tous :« rien ne m’est inconnu du détail charmant ».

  • « LA VIE N’EST QU’UN MENSONGE PLUS GRAND QUE LES AUTRES »

Puis la vue, par le miracle d’une potion, revient. En recouvrant la vue, il croit retrouver la beauté des choses (« Je vais voir mon bonheur …Le ciel ! Le soleil ! Quel éblouissement. Je vais voir ma vie maintenant. Je vais voir mon bonheur » (scène 12)). Il découvre en fait la noirceur du monde. Son meilleur ami couche avec sa bien-aimée (« alors ce n’était pas vrai, ces paroles d’amour, ces caresses douces comme une pluie de fleurs…La vie n’est qu’un mensonge plus grand que les autres » (scène 14) et se fait connaître comme le co-auteur de ses poèmes, son fils s’avère être un rejeton ignoble, et le condamné, délivré par ses soins, vient le voler à son domicile (« le misérable pingre ! Quel besoin de son argent puisqu’il n’y voit pas » (scène 13)).

  • « LA NUIT LUMINEUSE EST REVENUE »

Tchang-I ne fait pas le choix de la vengeance. Il nie l’évidence de ce réel qui n’est qu’un affreux cauchemar : « Assez, assez de souffrance, je ne veux pas voir plus longtemps ce qui n’est pas, ce qui ne peut pas être. L’aveuglement, l’aveuglement, je veux l’aveuglement qui réalise la seule vérité heureuse » (scène 14)

La vie reprendra comme avant. Si-Tchun sera à nouveau magnifique et redeviendra sa muse :  « Venez, Si-Tchun, au visage de jade, je souffre loin de vous »…  « perle d’aurore qui me rend mon sommeil » (scène 15)

Le monde redevient beau : « je veux le chanter encore. Le ciel est bon. La terre est douce »

Et les couleurs enfin reviennent dans cette nuit légère, « le printemps vient, paré de verdure et couronné de fleurs, pour le grand rite de l’amour » (scène 15)

« Le noir a des possibilités insoupçonnées et, attentif à ce que j’ignore, je vais à leur rencontre » (Pierre Soulages)

 

Jacky Lavauzelle