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Voyage au Portugal – Viajar para Portugal – 葡萄牙 – ポルトガル – Португалия

Photo Jacky Lavauzelle

Viajar para Portugal
Voyage au Portugal

 




 

 PORTUGAL
葡萄牙
ポルトガル
Португалия

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AVEIRO 
アベイロ
阿维罗 
Авейру
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BRAGA 
براغا
布拉加
ブラガ – Брага

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Buçaco
Forêt, Serra et Palace de Buçaco
Bussaco

Palais Serra de Buçaco Portugal Artgitato 23 Mata e serra do BuçacoPalácio Hotel do Buçaco

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Evora
Cathédrale Basilique Notre-Dame de l’Assomption
Basílica Sé Catedral de Nossa Senhora da Assunção
Sé de Évora

Se Evora 00000

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Guimarães
Aqui nasceu Portugal
Ici est né le Portugal

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Lamego
Santuário de Nossa Senhora dos Remédios
L’ESCALIER INVISIBLE

Santuário de Nossa Senhora dos Remédios Lamego 12

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Lisboa
Lisbonne – Лиссабон – 里斯本 -リスボン
Jardim da Almeda Dom Alfonso Henriques
Fonte Luminosa – La Fontaine Lumineuse
Les Larmes da Almeda Dom Alfonso Henriques

Fonte Luminosa 4

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 Olhão
Graffiti & Street Art

Olhão graffiti & street-art 11

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PORTO
LA CAPITALE DU NORD

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La Vallée du Douro
O Vale do Douro

Miranda do Douro – Lamego

O Vale do Douro La Vallée du Douro Portugal Artgitato 1

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LA DEFINITION DU PORTUGAL
dans
LA PREMIERE ENCYCLOPEDIE

de 1751

PORTUGAL, (Géog. mod.) en latin Lusitania, royaume le plus occidental de l’Europe, borné au nord par la Galice, au midi & au couchant par l’Océan, au levant par l’Andalousie, la nouvelle-Castille, & le royaume de Léon. Son étendue est du nord au sud. Il a 120 lieues de longueur, & 50 de largeur.

L’air y est assez tempéré, pur & sain. C’est un très bon pays ; le blé n’y manque pas, les fruits sont exquis, les huiles délicieuses : on y trouve quantité de miel ; les laines sont admirables ; les salines très abondantes ; les bestiaux & les chevaux très-estimés : on sait combien les orangers, les vins, sur-tout ceux d’Alantejo & des Algarves sont recherchés.

Il y a des mines d’or & d’argent, des carrieres de beau marbre, & de pierres précieuses, des rubis, des émeraudes, des hyacinthes.

Il est arrosé d’un grand nombre de rivieres. Les principales sont le Tage, la Guadiana, le Duero, &c. La religion catholique est la seule permise. Il y a beaucoup de Juifs, mais cachés. L’inquisition y est très-sévere. Il y a trois archevêchés & dix évêchés, sans compter ceux des Indes & d’Afrique.

On divise le Portugal en six parties ; savoir, le royaume des Algarves ; les provinces entre Dueroe-Minho, Béïra, l’Alentéjo, Tra-los Montes, l’Estramadoure portugaise : outre cela le royaume de Portugal a des possessions considérables dans l’Amérique, comme le Brésil, dans l’Afrique & dans l’Asie.

La langue portugaise est un composée de la latine, de la françoise & de la castillane. Elle est grave & élégante ; & comme elle ne manque pas d’élévation pour les sujets héroïques, de même elle est remplie de douceur pour les délicatesses de l’amour.

Lisbonne est la capitale du royaume. Long. 9. 12. lat. 37. 42.

Le royaume de Portugal est la Lusitanie des anciens ; cependant la Lusitanie comprenoit des pays qui ne sont point aujourd’hui de Portugal ; & le Portugal renferme quelques contrées qui n’étoient point de la Lusitanie. Ses premiers habitans formoient plusieurs républiques, & se gouvernoient selon leurs loix & leurs coutumes.

Les Phéniciens ayant abordé sur les côtes de la Lusitanie, se fortifierent dans l’île de Cadix, d’où ils passerent dans le continent, & y firent des conquêtes par le secours des Carthaginois, environ 510 ans avant J. C. Ce pays fut ensuite soumis par les Romains, & successivement par les Alains, les Sueves, les Vandales, les Goths & les Maures.

Alphonse VI. roi de Castille & de Léon, fit la conquête de la meilleure partie de la Lusitanie sur les Maures en 1094. Il maria sa fille Therese légitimée de Castille, à Henri de Bourgogne, & lui donna pour dotte la ville de Porto avec le titre de comte de Portugal.

Henri conquit bien du pays sur les Maures, fonda proprement le royaume de Portugal, & fut couronné en 1139, après la fameuse bataille d’Ourique. Alors le pape Alexandre III. ne manqua pas d’exiger de lui pour la confirmation de cette couronne, en 1160, un tribut de deux marcs d’or ; le roi s’y soumit, sachant que dans les querelles de tant de souverains, le suffrage du pape, payé par une bonne rente, pouvoit quelquefois faire pancher la balance.

Ce nouveau royaume se soutint glorieusement, & les Portugais commencerent à mériter dans le xv. siecle une gloire aussi durable que l’univers, par le changement du commerce du monde, qui fut bientôt le fruit de leurs découvertes. Ce fut cette nation qui, la premiere des nations modernes, navigea sur l’Océan atlantique. Elle n’a dû qu’à elle seule le passage du cap de Bonne-Espérance, au lieu que les Espagnols dûrent à des étrangers la découverte de l’Amérique.

Le Portugal s’occupa toujours de ses grandes navigations & de ses succès en Afrique, sans prendre aucune part aux événemens de l’Italie qui allarmoient le reste de l’Europe.

Enfin ce royaume depuis Alphonse I. surnommé Henriquez, dura l’espace de quatre cens quarante-neuf ans, sous seize rois, & finit en 1578 par la mort tragique de l’infortuné don Sébastien, qui périt en Afrique dans une bataille contre les Maures. On peut dire néanmoins que ce royaume ne finit qu’en 1580, dans la personne de don Henri II. qui, quoique prêtre & cardinal, fut reconnu roi de Portugal, après la mort de son neveu don Sébastien.

Philippe II. roi d’Espagne, se trouvant plus à portée que les autres prétendans, pour faire valoir ses prétentions sur la couronne de Portugal, s’empara de ce royaume, & le réunit à la monarchie espagnole en 1580. Il fut le premier qui, depuis les rois Goths, eut la gloire de voir toute l’Espagne sous sa domination, après avoir été divisée près de huit cens ans. Les successeurs de Philippe II. la posséderent dans le même état jusqu’à l’an 1640 que les Portugais, par un soulevement général, sécouerent le joug des rois castillans.

Une conspiration aussi bien exécutée que bien conduite, dit M. de Voltaire, mit sur le trône la maison de Bragance. Jean de Bragance fut partout proclamé roi sans le moindre tumulte ; un fils ne succede pas plus paisiblement à son pere. La maniere dont Olivarez annonça à Philippe IV. la perte du Portugal est célebre ; rien ne fait mieux voir comme on sait déguiser aux rois des nouvelles tristes. « Je viens vous annoncer, dit-il, une heureuse nouvelle ; votre majesté a gagné tous les biens du duc de Bragance ; il s’est avisé de se faire proclamer roi, & la confiscation de ses terres vous est acquise par son crime ».

Cette confiscation n’eut pas lieu, le Portugal devint un royaume considérable, surtout lorsque les richesses du Brésil, & les traités avec l’Angleterre, rendirent son commerce florissant. Joseph de Bragance, arriere petit-fils de Jean, est aujourd’hui sur le trône, & peu s’en est fallu qu’il n’ait perdu dernierement, par un assassinat, la couronne & la vie.

Cette couronne est héréditaire, & passe même aux enfans naturels au défaut des enfans légitimes.

Plusieurs écrivains ont donné les antiquités, l’histoire & la description du Portugal. Tels sont Gaspard Estazo, antiq. de Port. Antonio Vasconcellos, anaceph. reg. Lusitan. Jerôme Conertaggio, Edouard de Nugnez, Texeira, histor. de Port. Imhoff, stemma regum Lusitan. Maugin, description du Portugal ; Lequien de la Neuville, hist. de Portugal, 2 vol. in-4°. La Clede, hist. de Portugal. Vertot, révolutions de Portugal. Enfin le chevalier d’Oliveyra a indiqué les historiens & les écrivains de ce royaume dans des mémoires sur le Portugal, publiés à la Haye en 1743, in-12. (D. J.)

Portugal, bol de (Hist. nat.) bolus lusitanica, nom donné par quelques auteurs à une terre argilleuse, d’un beau rouge, pesante, qui colore les mains, qui s’attache à la langue & se dissout aisément dans la bouche, où elle est d’un goût astringent. On en trouve dans les royaumes d’Espagne & de Portugal ; elle abonde sur-tout dans le voisinage de la ville d’Estremos, dans la province d’Alentéjo. On regarde cette terre comme un grand astringent. Les femmes mâchent cette terre, & la regardent comme propre à absorber les acides.

Cette terre bolaire se durcit au feu, & y devient plus luisante ; c’est pourquoi les Portugais & les Espagnols en font des poteries appellées bucaros, & que l’on appelle du boucaro en France, voyez Bucaro. On dit qu’il s’en trouve à la Havane. Voyez Eman, Mendez d’Acosta, hist. nat. des Fossilles.

Jaucourt
L’Encyclopédie
1re édition
1751
Tome 13
pp. 157-158

Santuário de Nossa Senhora dos Remédios (LAMEGO) L’ESCALIER INVISIBLE

LAMEGO (Portugal)

Santuário de Nossa Senhora
dos Remédios

Santuário de Nossa Senhora dos Remédios Lamego 3L’ESCALIER
INVISIBLE

Santuário de Nossa Senhora dos Remédios Lamego 2Moins de 150 kilomètres séparent le Sanctuaire de Notre Dame des Remèdes (Santuário de Nossa Senhora dos Remédios) de Lamego au Sanctuaire du bon Jésus du Mont (Santuário do Bom Jesus do Monte) à Braga. Deux styles monumentaux, néo-classiques et baroques. Les courbes et les lignes s’entremêlent pour donner une image de perfection et d’unité.

Santuário de Nossa Senhora dos Remédios Lamego 1Mais de l’ensemble, des forêts, des chapelles, des fontaines et des sculptures, c’est l’escalier qui donne le ton. Avancer par graduation successive ; une marche après l’autre. C’est avancer vers le but mais pas de façon droite, de côté. Comme si nous devions nous éloigner un peu chaque fois en ne nous dirigeant pas directement vers la chapelle. C’est aussi faire le tour, en partant symboliquement vers le bois qui l’entoure. Les paliers successifs sont autant d’étapes qui permettent autant de reprendre le souffle, d’admirer les tableaux d’azulejos,  de contempler la ville à chaque fois dans un nouvel ensemble, en découvrant de nouveaux quartiers, que de réfléchir sur son ascension, sur le but de cet effort.

Santuário de Nossa Senhora dos Remédios Lamego 13Ce que nous avons parcouru est plus visible que ce qui reste à parcourir, mais nous voyons le clocher toujours d’un peu plus près, qui attend imperturbablement. Pour chaque étape un instant, un moment de la journée où les arbres dessinent sur nous les contours d’ombres des statues tout autant que des frondaisons. Le sensible nous amène vers l’intelligible. « Tout ce que je regarde me regarde » (Gaston Bachelard, la poétique de la rêverie). Et quand nous arrivons, nous arrivons un peu plus près du soleil, un peu moins loin du savoir et  l’escalier s’efface alors, fantôme devenu inutile, comme s’il n’avait jamais existé, comme par enchantement ne laissant que le dessus décoratif qui embellit encore un peu plus la ville. C’est le temps alors du plein, du plein de ce soleil et de cette grappe abstraite et tellement présente qui envahissent la scène.Santuário de Nossa Senhora dos Remédios Lamego 1

 Santuário de Nossa Senhora dos Remédios Lamego 10

En un sens, la beauté est déjà accessible. D’en bas. D’un avant l’ascension. Nous voyons une partie structurée et parfaite de l’ensemble, mais nous ne nous voyons pas. Nous ne voyons pas la ville. La chapelle se trouve suspendue au-dessus des blocs de pierre. Il nous manque alors la narration. L’aventure des mots de l’ascension qui s’ouvre sur nos maux qui seront donnés pour y trouver remèdes auprès de Nossa Senhora dos Remédios. Il nous manque le regard d’en haut, cette demande de prise de hauteur, de changement de point de vue. Cette demande de différence. Cette offre d’inversion. De la beauté à la foi, de la foi aux remèdes. La ville devient comme offerte à nos regards, à nous. Elle est posée-là dans l’attente d’une réponse qu’apporterait le silence des cimes.

Santuário de Nossa Senhora dos Remédios Lamego 6Mais ce que nous découvrons vraiment c’est que le plus important c’est le chemin. L’Escalier. Il est ce qui provoque l’ascension. Il est ce qui en reste. En paraphrasant Merleau-Ponty sur ses propos relatifs au tableau, dans l’Oeil et l’Esprit, nous pourrions dire en parlant de l’Escalier : Je serai bien en peine de dire où est l’Escalier que je regarde. Car je ne le regarde pas comme on regarde une chose, je ne le fixe pas en son lieu, mon regard erre en lui comme dans les nimbes de l’Être, je vois selon ou avec lui plutôt que je ne le vois.

En fait, nous ne voyons pas les marches, nous ne voyons jamais ce qui compose l’Escalier. D’en haut ou d’en bas, il est invisible. Restent les sculptures. L’Escalier est suspendu dans les bois, comme la chapelle est suspendue dans le ciel.

Le fini est dans la suspension. Le fini est dans le vide.
Le plein est dans les airs.Santuário de Nossa Senhora dos Remédios Lamego 11

Lamego offre une au fil des azulejos bleus et charnels une teinte plus gaie, plus lumineuse qu’à Braga. L’ensemble ne se dévoilant jamais complétement à nos regards. Les paliers se succédant au rythme des découvertes des scènes bibliques.

Nous découvrons dans les escaliers de Lamego, cette évidente similitude avec les vignobles de porto en escaliers qui descendent quelques kilomètres au nord vers le Douro. Avec ce même soleil qui nous aveugle au-delà des vasques, des fontaines, des statues tournées fièrement vers la ville.Santuário de Nossa Senhora dos Remédios Lamego 5

Sur cette butte qui surplombe la ville basse, se tenait une chapelle consacrée à saint Etienne, Santo Estevão, protomartyr, premier martyr de la chrétienté. A l’origine sur la butte se tenait l’origine du culte des saints. Nous étions au XVe siècle. Le martyre de saint Etienne vient de la parole libre qu’il a eue auprès de l’assemblée du Sanhédrins et  qui lui valut la lapidation.

Saint Etienne fait partie de la première communauté chrétienne de Jérusalem. Il était un chef helléniste, un des Juifs de langue grecque de la diaspora, un des chefs qui sera le premier à quitter la ville pour répandre l’Evangile.  Accusé, avec certains de ses compagnons, d’avoir une attitude subversive vers la Torah et le Temple (cf. Actes des Apôtres 6, 8-15, 7, 54 -59 : « Etienne, plein de grâce et de force, opérait des prodiges et des miracles éclatants parmi les peuples. Or quelques membres de la synagogue dite des Affranchois, des Cyrénéens, des Alexandrins ainsi que des juifs de Cilicie et d’Asie, en vinrent à disputer avec lui : mais ils ne pouvaient tenir tête à sa sagesse et à l’Esprit qui inspirait ses paroles. Alors ils soudoyèrent des individus qui prétendirent l’avoir entendu des propos blasphématoires contre Moïse et contre Dieu. Ils ameutèrent ainsi le peuple, les anciens et les scribes qui accoururent, l’appréhendèrent et l’emmenèrent devant le Grand Conseil. Là, ils produisirent de faux-témoins… »Santuário de Nossa Senhora dos Remédios Lamego 12

Si saint Etienne nous transporte dans les débuts du catholicisme, le XVe nous envoie aux temps des grandes découvertes, de Vasco de Gama et de Pedro Álvares Cabral.Santuário de Nossa Senhora dos Remédios Lamego 7

Suite à l’achat par l’évêque de Lamego, Manuel de Noronha, celui-là même qui fit compléter la partie supérieure de la Sé Cathédrale de Lamego située en contre-bas, d’une image de la Vierge, commandée à Rome,  qui remédierait à tous les mots, il fallut construire une nouvelle chapelle au XVIe siècle. Puis vint deux siècles plus tard, la construction de l’escalier monumental au-dessus de la ville.

L’enveloppe architecturale court donc à travers les siècles et les époques. La construction de la chapelle a débuté en 1750, pour finir près de trente ans plus tard. Date à laquelle, 1777-1778 commença les travaux de l’escalier. Les travaux durèrent près d’un siècle et finirent en 1868, date à laquelle débuta par Dominique Barrière les travaux de l’ancienne et de la nouvelle sacristie.

Santuário de Nossa Senhora dos Remédios Lamego 4Architectes: António Mendes Coutinho (1750), Domingos Francisco Rente (1750) et Augusto Matos Cid (1880) ; la fontaine a été conçue par l’architecte Nicolau Nasoni (1691-1773).

Jacky Lavauzelle

Santuário de Nossa Senhora dos Remédios Lamego 8Santuário de Nossa Senhora dos Remédios Lamego 9