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HEINRICH HEINE GEDICHTE -AVEC LE DIABLE – LE LIVRE DES CHANTS XXXV- Ich rief den Teufel und er kam

HEINRICH HEINE POÈMES
HEINRICH HEINE GEDICHTE
DIE HEIMKEHR HEINE
LE LIVRE DES CHANTS
LITTERATURE ALLEMANDE

Heinrich Heine Gedichte Buch der Lieder




Christian Johann Heinrich Heine


 

Ich rief den Teufel und er kam,
J’ai appelé le diable et il est venu,
Und ich sah ihn mit Verwund’rung an.
Et je l’ai regardé avec surprise.
Er ist nicht häßlich, und ist nicht lahm,
Il n’est ni laid ni boiteux,
Er ist ein lieber, scharmanter Mann,
C’est un bel homme gracieux,
Ein Mann in seinen besten Jahren,
Un homme dans la force de l’âge,
Verbindlich und höflich und welterfahren.
Poli, attentionné et sage.
Er ist ein gescheuter Diplomat,
C’est un habile diplomate,
Und spricht recht schön über Kirch’ und Staat.
Qui parle aussi bien de l’église que de l’État.
Blaß ist er etwas, doch ist es kein Wunder,
Certes, un peu pâle, mais rien étonnant,
Sanskritt und Hegel studiert er jetzunder.
Il étudie le sanskrit et Hegel actuellement.
Sein Lieblingspoet ist noch immer Fouqué.
Son poète préféré est encore La Motte-Fouqué.
Doch will er nicht mehr mit Kritik sich befassen,
Mais ne souhaitant plus participer aux critiques,
Die hat er jetzt gänzlich überlassen
Qu’il a abandonnées, il les a laissées
Der theuren Großmutter Hekate.
A sa chère grand-mère Hécate.
Er lobte mein juristisches Streben,
Il m’a loué mes poursuites dans les études juridiques,
Hat früher sich auch damit abgegeben.
Auxquelles il s’était intéressé jadis.
Er sagte meine Freundschaft sey
Il me dit combien mon amitié
Ihm nicht zu theuer, und nickte dabei,
Lui était chère, me saluant de la tête,
Und frug: ob wir uns früher nicht
Et me demanda : « ne nous sommes-nous pas rencontrés
Schon einmal gesehn bei’m span’schen Gesandten?
Déjà chez l’ambassadeur d’Espagne ? »
Und als ich recht besah sein Gesicht,
Et quand je regardai minutieusement son visage,
Fand ich in ihm einen alten Bekannten.
Je reconnus une vieille connaissance.


 

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Heinrich Heine Gedichte Friedrich de La Motte-FouquéFriedrich de La Motte-Fouqué
Friedrich Heinrich Karl de la Motte
1777-1843
Écrivain Romantique Allemand
En uniforme de hussard
vers 1815

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HEINRICH HEINE POEMES
HEINRICH HEINE GEDICHTE
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UNE HISTOIRE DE SOUFFRANCE

Les Mains & La Beauté musicale de Heine

Mais ce qui m’intéressait plus encore que les discours de Heine, c’était sa personne, car ses pensées m’étaient connues depuis longtemps, tandis que je voyais sa personne pour la première fois et que j’étais à peu près sûr que cette fois serait l’unique. Aussi, tandis qu’il parlait, le regardai-je encore plus que je ne l’écoutai. Une phrase des Reisebilder me resta presque constamment en mémoire pendant cette visite : « Les hommes malades sont véritablement toujours plus distingués que ceux en bonne santé. Car il n’y a que le malade qui soit un homme ; ses membres racontent une histoire de souffrance, ils en sont spiritualisés. » C’est à propos de l’air maladif des Italiens qu’il a écrit cette phrase, et elle s’appliquait exactement au spectacle qu’il offrait lui-même. Je ne sais jusqu’à quel point Heine avait été l’Apollon que Gautier nous a dit qu’il fut alors qu’il se proclamait hellénisant et qu’il poursuivait de ses sarcasmes les pâles sectateurs du nazarénisme : ce qu’il y a de certain, c’est qu’il n’en restait plus rien alors. Cela ne veut pas dire que la maladie l’avait enlaidi, car le visage était encore d’une singulière beauté ; seulement cette beauté était exquise plutôt que souveraine, délicate plutôt que noble, musicale en quelque sorte plutôt que plastique. La terrible névrose avait vengé le nazarénisme outragé en effaçant toute trace de l’hellénisant et en faisant reparaître seuls les traits de la race à laquelle il appartenait et où domina toujours le spiritualisme exclusif contre lequel son éloquente impiété s’était si souvent élevée. Et cet aspect physique était en parfait rapport avec le retour au judaïsme, dont les Aveux d’un poète avaient récemment entretenu le public. D’âme comme de corps, Heine n’était plus qu’un Juif, et, étendu sur son lit de souffrance, il me parut véritablement comme un arrière-cousin de ce Jésus si blasphémé naguère, mais dont il ne songeait plus à renier la parenté. Ce qui était plus remarquable encore que les traits chez Heine, c’étaient les mains, des mains transparentes, lumineuses, d’une élégance ultra-féminine, des mains tout grâce et tout esprit, visiblement faites pour être l’instrument du tact le plus subtil et pour apprécier voluptueusement les sinuosités onduleuses des belles réalités terrestres ; aussi m’expliquèrent-elles la préférence qu’il a souvent avouée pour la sculpture sur la peinture. C’étaient des mains d’une rareté si exceptionnelle qu’il n’y a de merveilles comparables que dans les contes de fées et qu’elles auraient mérité d’être citées comme le pied de Cendrillon, ou l’oreille qu’on peut supposer à cette princesse, d’une ouïe si fine qu’elle entendait l’herbe pousser. Enfin, un dernier caractère plus extraordinaire encore s’il est possible, c’était l’air de jeunesse dont ce moribond était comme enveloppé, malgré ses cinquante-six ans et les ravages de huit années de la plus cruelle maladie. C’est la première fois que j’ai ressenti fortement l’impression qu’une jeunesse impérissable est le privilège des natures dont la poésie est exclusivement l’essence. Depuis, le cours de la vie nous a permis de la vérifier plusieurs fois et nous ne l’avons jamais trouvée menteuse.

Émile Montégut
Esquisses littéraires – Henri Heine
Revue des Deux Mondes
Troisième période
Tome 63
1884

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