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LES FONTAINES DANSANTES DE BATUMI – LA FONTAINE FRANCAISE – ფრანგული შადრევანი

   *****

GEORGIE
République autonome d’Adjarie
აჭარის ავტონომიური რესპუბლიკა
Acharis Avtonomiuri Respublika 
Les fontaines dansantes de Batumi A LA DECOUVERTE DE BATUMI
BATUMIბათუმი

Les fontaines dansantes de Batumi A LA DECOUVERTE DE BATUMI
Géorgie
საქართველო

 

PHOTO JACKY LAVAUZELLE

Les fontaines dansantes de Batumi A LA DECOUVERTE DE BATUMI

A LA DECOUVERTE DE
BATUMI
ბათუმი

LES FONTAINES DANSANTES DE BATUMI
LA « FONTAINE FRANCAISE »
ფრანგული შადრევანი

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Les fontaines dansantes de Batumi, dite La fontaine française, ფრანგული შადრევანი (Pranguli Shadrevani)- a été installée sur le lac Ardagani sur le boulevard Batumi ბათუმის ბულვარი Batumi Bulvardi (le grand boulevard qui longe toute la côte de Batumi à partir du Port de Batumi sur plusieurs kilomètres, en 2009.
Un éclairage coloré et lumineux, une représentation tridimensionnelle de la danse au laser, sur fond de compositions célèbres, offre un spectacle spectaculaire au laser et au spectacle nocturne.
La nuit tombée, le grand Boulevard Batumi change d’aspect au niveau des fontaines et de la verticalité des tours plus grandes les unes que les autres. Le rythme change. La côte devient moins agressive et la performance laisse place à la magie de la nuit musicale. Il est difficile de ne pas penser à ces mots de Maupassant sur la nuit, même si l’on entend ni les alouettes ni le hibou :
« J’aime la nuit avec passion. Je l’aime comme on aime son pays ou sa maîtresse, d’un amour instinctif, profond, invincible. Je l’aime avec tous mes sens, avec mes yeux qui la voient, avec mon odorat qui la respire, avec mes oreilles qui en écoutent le silence, avec toute ma chair que les ténèbres caressent. Les alouettes chantent dans le soleil, dans l’air bleu, dans l’air chaud, dans l’air léger des matinées claires. Le hibou fuit dans la nuit, tache noire qui passe à travers l’espace noir, et, réjoui, grisé par la noire immensité, il pousse son cri vibrant et sinistre. » (Guy de Maupassant – La Nuit – Clair de lune, Paris P. Ollendorff, 1905)

****

« La nuit tranquillement laissant ses tièdes voiles
Confondre des objets les contours indécis,
De moments en moments, dans les cieux obscurcis,
Faisait étinceler de brillantes étoiles.

L’œil les allait chercher, et dans l’azur bruni
Apercevait bientôt leurs nombreuses phalanges ; –
Parfois, il croyait voir la main sûre des anges
Allumer les flambeaux de l’espace infini.

Dans leur scintillement, les astres semblaient craindre
De montrer à la nuit leur fragile lueur,
Car elles vacillaient, et changeaient leur couleur,
Comme un feu, quand le vent menace de l’éteindre. »

Jules Verne
Poèmes
La Nuit

« Le contour des objets tremble. Le jour recule.
Les horizons sont plus prochains au crépuscule,
Et la colline semble un navire qui va…
Voici l’heure féerique où tout ce qu’on rêva
D’étrange reparaît tout à coup dans les choses :
L’arbre noueux se tord en de bizarres poses ;
Un frisson court. Les bruits ressemblent à des voix ;
L’horreur sacrée emplit les plaines & les bois ;
Les vagues déités sortent de la matière ;
On voit passer l’esprit dans la vague & la pierre ;
La nuit cyclopéenne, oh ! terrible moment !
Pâle, rouvre son œil au fond du firmament. »

Jean Aicard
La Nuit
Le Parnasse contemporain
Recueil de vers nouveaux
Slatkine Reprints
1971, II. 1869-1871

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Les fontaines dansantes de Batumi A LA DECOUVERTE DE BATUMI
BATUMIბათუმი

Les fontaines dansantes de Batumi A LA DECOUVERTE DE BATUMI

TRADUCTION ISLANDAIS JACKY LAVAUZELLE Þýðingar verka

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Traduction ISLANDAIS Jacky Lavauzelle
ARTGITATO
Þýðingar verka
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Traductions Artgitato Français Portugais Latin Tchèque Allemand Espagnol

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TRADUCTION ISLANDAIS

Þýðingar verka

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Jónas Hallgrimsson

Ferðalok – Fin de voyage

**

Grímur Thomsen

Lands-lag – Chant du Pays

**

Bjarni Vigfússon Thorarensen 

Vestanvindurinn – Vent d’Ouest

**************

LA LANGUE ISLANDAISE
DANS LE VOYAGE AU CENTRE DE LA TERRE

En parlant ainsi, mon oncle ouvrait et fermait successivement le vieux bouquin. Je ne pouvais faire moins que de l’interroger sur son contenu, bien que cela ne m’intéressât aucunement.

« Et quel est donc le titre de ce merveilleux volume ? demandai-je avec un empressement trop enthousiaste pour n’être pas feint.

— Cet ouvrage ! répondit mon oncle en s’animant, c’est l’Heims-Kringla de Snorre Turleson, le fameux auteur islandais du douzième siècle ! C’est la Chronique des princes norvégiens qui régnèrent en Islande !

— Vraiment ! m’écriai-je de mon mieux, et, sans doute, c’est une traduction en langue allemande ?

— Bon ! riposta vivement le professeur, une traduction ! Et qu’en ferais-je de ta traduction ! Qui se soucie de ta traduction ! Ceci est l’ouvrage original en langue islandaise, ce magnifique idiome, riche et simple à la fois, qui autorise les combinaisons grammaticales les plus variées et de nombreuses modifications de mots !

— Comme l’allemand, insinuai-je avec assez de bonheur.

— Oui, répondit mon oncle en haussant les épaules, sans compter que la langue islandaise admet les trois genres comme le grec et décline les noms propres comme le latin !

— Ah ! fis-je un peu ébranlé dans mon indifférence, et les caractères de ce livre sont-ils beaux ?

— Des caractères ! Qui te parle de caractères, malheureux Axel ? Il s’agit bien de caractères ! Ah ! tu prends cela pour un imprimé ! Mais, ignorant, c’est un manuscrit, et un manuscrit runique !…

— Runique ?

— Oui ! Vas-tu me demander maintenant de t’expliquer ce mot ?

— Je m’en garderai bien, » répliquai-je avec l’accent d’un homme blessé dans son amour-propre.

Mais mon oncle continua de plus belle et m’instruisit, malgré moi, de choses que je ne tenais guère à savoir.

« Les runes, reprit-il, étaient des caractères d’écriture usités autrefois en Islande, et, suivant la tradition, ils furent inventés par Odin lui-même ! Mais regarde donc, admire donc, impie, ces types qui sont sortis de l’imagination d’un dieu ! »

Ma foi, faute de réplique, j’allais me prosterner, genre de réponse qui doit plaire aux dieux comme aux rois, car elle a l’avantage de ne jamais les embarrasser, quand un incident vint détourner le cours de la conversation.

Ce fut l’apparition d’un parchemin crasseux qui glissa du bouquin et tomba à terre. Mon oncle se précipita sur ce brimborion avec une avidité facile à comprendre. Un vieux document, enfermé peut-être depuis un temps immémorial dans un vieux livre, ne pouvait manquer d’avoir un haut prix à ses yeux.

« Qu’est-ce que cela ? » s’écria-t-il.

Et, en même temps, il déployait soigneusement sur sa table un morceau de parchemin long de cinq pouces, large de trois, et sur lequel s’allongeaient, en lignes transversales, des caractères de grimoire.

En voici le fac-similé exact. Je tiens à faire connaître ces signes bizarres, car ils amenèrent le professeur Lidenbrock et son neveu à entreprendre la plus étrange expédition du dix-neuvième siècle :

Jules verne cryptogramme.png

Le professeur considéra pendant quelques instants cette série de caractères ; puis il dit en relevant ses lunettes :

« C’est du runique ; ces types sont absolument identiques à ceux du manuscrit de Snorre Turleson ! Mais… qu’est-ce que cela peut signifier ? »

Comme le runique me paraissait être une invention de savants pour mystifier le pauvre monde, je ne fus pas fâché de voir que mon oncle n’y comprenait rien. Du moins cela me sembla ainsi au mouvement de ses doigts qui commençaient à s’agiter terriblement.

« C’est pourtant du vieil islandais ! » murmurait-il entre ses dents.

Jules Verne
Voyage au centre de la Terre
Hetzel
1867
pp. 5-11

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Traduction Islandais

LES LUSIADES II Chant 2 – OS LUSIADAS – Canto Segundo

LES LUSIADES II Luis de Camoes Oeuvres obras ArtgitatoOS LUSIADAS II Canto Segundo
LES LUSIADES II CHANT 2
LITTERATURE PORTUGAISE

literatura português

Luis de Camões
[1525-1580]
Tradução – Traduction
resumo
texto bilingue

Luis de Camoes Les Lusiades

OS LUSIADAS – Les Lusiades 

A Epopeia Portuguesa

 

Obra Poética

(1556)

LES LUSIADES II

CHANT II
Canto Segundo

Traduction Jacky Lavauzelle

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Les Lusiades II Luis de Camoes Artgitato
LES LUSIADES II

Les Lusiades II-1
Já neste tempo o lúcido Planeta,
 Au moment où la lucide Planète 
Que as horas vai do dia distinguindo,
 Sur qui se distinguent les heures de la journée,

*

Les Lusiades II-2

Dentre eles um, que traz encomendado
Parmi eux, celui qui portait
O mortífero engano, assim dizia:
 L’engin mortifère, dit :

*

II-3

« E porque está em extremo desejoso
« Et parce qu’il est extrêmement désireux
  De te ver, como cousa nomeada,
 De te voir, comme cette chose ainsi nommée,

*

II-4

« E se buscando vás mercadoria
Et si tu cherches des marchandises 
Que produze o aurífero Levante,
 Que produit l’Orient de l’or,

*

II-5

Ao mensageiro o Capitão responde
Le capitaine au messager répond
 As palavras do Rei agradecendo:
 Remerciant les paroles de son Roi :

*

II-6

Pergunta-lhe depois, se estão na terra
 Vasco lui demande alors s’il y a sur terre
Cristãos, como o piloto lhe dizia;
 Des chrétiens, comme le pilote l’avait dit;

*

II-7

E de alguns que trazia condenados
Et certains de l’équipage ,des condamnés
Por culpas e por feitos vergonhosos,
Pour fautes et faits humiliants,

*

II-8

E por estes ao Rei presentes manda,
Et ceux-ci portent au Roi des cadeaux,
Por que a boa vontade, que mostrava,
 Pour qu’ils montrent leur bonne volonté,

*

II-9

E depois que ao Rei apresentaram,
Et après qu’au Roi ils présentèrent,
Co’o recado, os presentes que traziam,
 Le message de Gama et les cadeaux qu’ils apportaient,

*

II-10

Mas aquele que sempre a mocidade
Mais celui qui garde toujours la jeunesse,
 Tem no rosto perpétua, e foi nascido
 Qui a le visage perpétuellement jeune, et qui est né

*

II-11

Ali tinha em retrato afigurada
 Il y avait un portrait figurant
Do alto e Santo Espírito a pintura:
 En peinture le Saint-Esprit :

*

II-12

Aqui os dous companheiros conduzidos
 Ils conduisent alors les deux compagnons
Onde com este engano Baco estava,
 Là où se tenait Bacchus,

*

II-13

Aqui foram de noite agasalhados,
 Là, ils furent logés pour la nuit
Com todo o bom e honesto tratamento,
 Bien et honnêtement traités,

*

II-14

Tornam da terra os Mouros co’o recado
 De la terre, les Maures repartent avec une missive
Do Rei, para que entrassem, e consigo
 Du Roi, pour que la flotte débarque, et avec eux

*

II-15

Dizem-lhe os que mandou, que em terra
 Ils leur disent que sur terre ils ont vu
Sacras aras e sacerdote sinto; viram
Des lieux sacrés et un prêtre ; 

*

II-16

Com isto o nobre Gama recebia
 Après cela, le noble Gama reçoit
   Alegremente os Mouros que subiam;
Volontiers les Maures qui montaient dans le navire ;

*

II-17

Na terra, cautamente aparelhavam
Sur la terre, les Maures sortaient prudemment
Armas e munições que, como vissem
 Les armes et les munitions, et attendaient

*

II-18

As âncoras tenaces vão levando
 Les solides ancres sont levées
 
 Com a náutica grita costumada;
Avec les cris coutumiers des marins ;

Luis de Camoes Les Lusiades II-18 Naissance de Vénus par Sandro Botticelli 1485

*

II-19

Convoca as alvas filhas de Nereu,
Elle convoque les blanches filles de Nérée,
  Com toda a mais cerúlea companhia,
Avec tout ce qui peuple l’azur,

*

II-20

Já na água erguendo vão, com grande pressa,
 Déjà sur la mer, ils arrivent impétueux,
Com as argênteas caudas branca escuma;
 La queue argentée fouettant la blanche écume ;

*

II-21

Nos ombros de um Tritão, com gesto aceso,
Sur les épaules d’un triton, avec des gestes terrifiants,
Vai a linda Dione furiosa;
Passe la belle Dioné furieuse ;

*

II-22

Põe-se a Deusa com outras em direito
 La Déesse avec d’autres se placent devant
Da proa capitaina, e ali fechando
 La proue principale, et lui ferment

*

II-23

Quais para a cova as próvidas formigas,
 Comme des fourmis prévoyantes,
 Levando o peso grande acomodado,
 Qui portent de grands poids,

*

II-24

Torna para detrás a nau forçada,
Le navire est contraint de reculer,
Apesar dos que leva, que gritando
Malgré les cris et les manœuvres

*

II-25

A celeuma medonha se alevanta
 Un bruit sinistre jaillit
No rudo marinheiro que trabalha;
 Des rudes marins qui s’activent ;

*

II-26

Ei-los subitamente se lançavam
Ici, ils se jettent tout à coup
A seus batéis velozes que traziam;
  Vers les bateaux rapides qu’ils ont apportés ;

*

II-27

Assim como em selvática alagoa
Comme nous apercevons dans la forêt
 As rãs, no tempo antigo Lícia gente,
Les grenouilles, dans un temps jadis les Lyciens,

*

II-28

Assim fogem os Mouros; e o piloto,
Ainsi s’enfuient les Maures; et le pilote,
  Que ao perigo grande as naus guiara,
Qui avait conduit les navires vers ce grand danger,

*

II-29

Vendo o Gama, atentado, a estranheza
 Gama, attentif,  se rendant compte de l’étrangeté
Dos Mouros, não cuidada, e juntamente
 Des Maures, de ce comportement inattendu, et aussi

*

II-30

« Ó caso grande, estranho e não cuidado,
« O grand moment, étrange et incroyable,
Ó milagre claríssimo e evidente,
O clair et magnifique miracle,

*

II-31

« Bem nos mostra a divina Providência
« Eh bien la Providence divine nous montre
Destes portos a pouca segurança;
Ces ports de peu de sécurité ;

*

II-32

« E se te move tanto a piedade
« Et si tu ressens tant de compassion
Desta mísera gente peregrina,
Pour ce malheureux peuple pèlerin,

*

II-33

Ouviu-lhe essas palavras piedosas
Elle entendit ces paroles pieuses
A formosa Dione*, e comovida,
La juste Dioné, et en fut émue,

*

II-34

E como ia afrontada do caminho,
Et comme elle se remettait de la route,
Tão formosa no gesto se mostrava,
Elle irradiait d’une telle splendeur

*

II-35

E por mais namorar o soberano
Et afin de plaire au souverain
 Padre, de quem foi sempre amada e eriça,
Père, qui l’a toujours aimée et hérissée,

*

II-36

Os crespos fios d’ouro se esparziam
 Tant ses cheveux d’or se répandaient
Pelo colo, que a neve escurecia;
 Sur son cou que la neige en semblait obscurcie ;

*

II-37

C’um delgado sendal as partes cobre,
D’un voile léger, elle couvre ses parties
 De quem vergonha é natural reparo,
Dont la pudeur est un rempart naturel,

*

II-38

E mostrando no angélico semblante
 Elle montre sur son visage angélique
Co’o riso uma tristeza misturada,
 Un sourire triste,

*

II-39

« Sempre eu cuidei, ó Padre poderoso,
«Chaque fois que j’étais préoccupée, ô puissant Père,
Que, para as cousas que eu do peito amasse,
 Pour les choses que j’avais sur le cœur,

*

II-40

« Este povo que é meu, por quem derramo
«Ce peuple qui est mon peuple, pour qui je verse
As lágrimas que em vão caídas vejo,
Des larmes et sont, je vois, en vain répandues,

*

II-41

« Mas moura enfim nas mãos das brutas gentes,
« Mais qu’il meure enfin dans les mains de ces brutes,
Que pois eu fui… » E nisto, de mimosa,
Parce que j’étais … « Et là, à cet instant,

*

II-42

E destas brandas mostras comovido,
Et à ces douces démonstrations,
  Que moveram de um tigre o peito duro,
Qui auraient agité la dure poitrine d’un tigre,

*

II-43

E co’o seu apertando o rosto amado,
Et comme il posait le visage aimé contre le sien,
Que os soluços e lágrimas aumenta,
Les sanglots et les larmes augmentaient,

*

II-44

« Formosa filha minha, não temais
« Ma belle fille, ne craignez 
   Perigo algum nos vossos Lusitanos,
 Aucun danger pour vos Lusitaniens,

**

II-45

« Que se o facundo Ulisses escapou
« Que, si l’éloquent Ulysse échappa
  De ser na Ogígia ilha eterno escravo,
Dans l’île de Calypso [Ogygie] à l’éternel esclavage,

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**

II-46

« Fortalezas, cidades e altos muros,
« Forteresses, villes et hauts murs,
  Por eles vereis, filha, edificados;
 Vous verrez, ma fille, leurs édifices ;

**

II-47

« Vereis este, que agora pressuroso
« Vous verrez celui qui, maintenant avec impatience,
Por tantos medos o Indo vai buscando,
Parmi tant de périls, recherche l’Indus,

**

II-48

« Vereis a terra, que a água lhe tolhia,
«Vous allez voir des terres du Mozambique, où l’eau est refusée,
Que inda há-de ser um porto mui decente,
 Offrant un port sûr,

**

II-49

« E vereis o mar Roxo, tão famoso,
« Et vous verrez la mer Rouge, si célèbre,
Tornar-se-lhe amarelo, de enfiado;
Devenir jaune, à leur venue ;
afonso-de-albuquerque
Alfonso de Albuquerque

**

II-50

« Vereis a inexpugnábil Dio forte,
« Vous verrez l’inexpugnable fort de l’île de Diu,
Que dous cercos terá, dos vossos sendo.
 Tenir deux sièges, par les vôtres tenu.
forte-diu

**

II-51

« Goa vereis aos Mouros ser tomada,
« Goa se verra prise aux Maures,
A qual virá depois a ser senhora
 Qui deviendra alors la dame

les-lusiades-camoes-os-lusiadas-artgitato-vue-vista-de-goa-em-1509-in-braun-e-hogenberg-1600

**

II-52

« Vereis a fortaleza sustentar-se
« Vous verrez résister la forteresse
De Cananor, com pouca força e gente;
De Cannanore, avec peu de force et de gens ;

os-lusiadas-les-lusiades-ii-52-artgitato-canonor-georg-braun-e-frans-hogenberg-civitates-orbis-terrarum

**

II-53

« Nunca com Marte instructo e furioso,
« Jamais avec Mars furieux,
  Se viu ferver Leucate, quando Augusto
Nous n’avons vu Leucate bouillir quand Auguste

os-lusiadas-ii-53-les-lusiades-artgitato-luis-de-camoes-peigne-greco-scythe-en-or-kourgane-de-soloha

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II-54

Como vereis o mar fervendo aceso
Comme vous verrez la mer bouillante tomber
Co’os incêndios dos vossos pelejando,
 Sur les incendies de vos combattants,

**

II-55

« De modo, filha minha, que de jeito
«Alors, ma fille, de cette façon
Amostrarão esforço mais que humano,
 
  Ils montreront des efforts surhumains,

**

II-56

Como isto disse, manda o consagrado
Après ces propos, Jupiter envoie Mercure, sacré
Filho de Maia à Terra, por que tenha
Fils de Maia, sur Terre, pour donner

os-lusiadas-les-lusiades-luis-de-camoes-artgitato-mercurius-mercure-hendrick-goltzius-1597

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II-57

Já pelo ar o Cileneu voava,
Déjà par les airs, Mercure, le Dieu du Mont Cyllène s’envolait,
Com as asas nos pés à Terra desce,
Avec des ailes sur ses pieds, il descend sur terre,
os-lusiadas-ii-57-les-lusiades-57-luis-de-camoes-artgitato-mercurius-mercure-hendrick-goltzius-1597

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II-58

Consigo a Fama leva, por que diga
Avec l’aide de la Renommée, pour dire
Do Lusitano o preço grande e raro,
Du Lusitanien la grande et rare qualité,

**

II-59

Dali para Mombaça logo parte,
Mercure, de là, part en hâte à Mombasa,
Aonde as naus estavam temerosas,
Où attendaient les terribles navires,

os-lusiadas-ii-59-les-lusiades-59-luis-de-camoes-artgitato-mercurius-mercure-hendrick-goltzius-1597

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II-60

 Meio caminho a noite tinha andado,
A mi-chemin de la nuit,
E as estrelas no céu co’a luz alhea
 Les planètes dans le ciel projetaient leur lumière
os-lusiadas-ii-60-les-lusiades-60-luis-de-camoes-artgitato-mercurius-mercure-hendrick-goltzius-1597

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II-61

Quando Mercúrio em sonhos lhe aparece,
Lorsque Mercure dans ses rêves apparaît,
Dizendo: « Fuge, fuge, Lusitano,
 Il lui dit : « Fuis, fuis, Lusitanien,

os-lusiadas-ii-61-les-lusiades-61-luis-de-camoes-artgitato-mercurius-mercure-hendrick-goltzius-1597

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II-62

« Não tens aqui senão aparelhado
« Tu ne trouveras rien ici, sinon
  O hospício que o cru Diomedes dava,
 L’hospitalité que Diomède donna,
os-lusiadas-ii-62-les-lusiades-ii-62-luis-de-camoes-artgitato-mercurius-mercure-hendrick-goltzius-1597

**

II-63

« Vai-te ao longo da costa discorrendo,
«Va le long de la côte,
  « E outra terra acharás de mais verdade,
 Une autre terre tu trouveras, plus vraie,

os-lusiadas-ii-63-les-lusiades-ii-63-luis-de-camoes-artgitato-mercurius-mercure-hendrick-goltzius-1597

**

II-64

Isto Mercúrio disse, e o sono leva
 Aussi ceci étant dit, Mercure enlève le sommeil 
Ao Capitão, que com mui grande espanto
 Au Capitaine, qui, frappé d’une très grande stupéfaction

**

II-65

« Dai velas, disse, dai ao largo vento,
« Donne les voiles, ajouta-t-il, donne-les au vent généreux,
Que o Céu nos favorece e Deus o manda;
 Car le Ciel nous favorise et Dieu le demande ;

**

II-66

Neste tempo, que as âncoras levavam,
A ce moment, pendant qu’ils levèrent l’ancre,
Na sombra escura os Mouros escondidos
Dans la sombre obscurité, les Maures cachés,

**

II-67

Mas já as agudas proas apartando
Mais déjà les proues pointues fendaient
Iam as vias húmidas de argento;
Les routes mouillées argentées ;

**

II-68

Tinha uma volta dado o Sol ardente
Il avait accompli son tour, le Soleil ardent
E n’outra começava, quando viram
Et en commençait un autre, quand ils virent

**

II-69

Não é o outro que fica tão manhoso;
L’autre n’en est pas moins sournois ;
Mas nas mãos vai cair do Lusitano,
Mais il tombe dans les mains des Lusitaniens,

**

II-70

E como o Gama muito desejasse
Et comme Gama attendait ardemment
Piloto para a Índia que buscava,
 Un pilote pour cette Inde qu’il recherchait,

**

II-71

Louvam do Rei os Mouros a bondade,
Les Maures louent de ce Roi sa bonté,
Condição liberal, sincero peito,
Sa grande ouverture, la sincérité de ses actes,

**

II-72

Era no tempo alegre, quando entrava
Nous étions au cœur du riant printemps
No roubador de Europa a luz Febeia,
Où le ravisseur d’Europe, Jupiter, rencontre la lumière de Phébus,
Capra almatea la chèvre amalthée Le Bernin Bernini Galerie Borghese Galleria Borghese artgitato 3

**

II-73

Quando chegava a frota àquela parte,
Lorsque la flotte atteint cette partie,
Onde o Reino Melinde já se via,
Où l’on voyait le Royaume de Malindi*,

**

II-74

Enche-se toda a praia Melindana
Sur toute la plage de Malindi s’agglutine
Da gente que vem ver a leda armada,
La foule venue observer la flotte armée,

**

II-75

O Rei, que já sabia da nobreza
Le roi, qui connaissait la noblesse
Que tanto os Portugueses engrandece,
Qui accompagne les Portugais

**

II-76

São oferecimentos verdadeiros,
Ce sont des offrandes véritables,
E palavras sinceras, não dobradas,
Que ces mots sincères, non déguisés,

**

II-77

Recebe o Capitão alegremente
Le capitaine reçoit allégrement
O mensageiro ledo e seu recado;
Le pacifique messager ;

**

II-78

Manda mais um, na prática elegante,
Il envoie aussi un émissaire aux pratiques diplomatiques,
Que co’o Rei nobre as pazes concertasse,
Pour finaliser la paix avec ce noble Roi,

**

II-79

« Sublime Rei, a quem do Olimpo puro
« Sublime Roi, la pure Olympe
Foi da suma Justiça concedido
A accordé la Justice

**

II-80

« Não somos roubadores, que passando
« Nous ne sommes pas des voleurs, qui, passant
Pelas fracas cidades descuidadas,
Devant des faibles villes désarmées,

**

II-81

« Que geração tão dura há hi de gente,
« Quel genre sont ces gens durs
Que bárbaro costume e usança feia,
Quelle coutume et quel usage barbares,

**

Les Luisades

II-82

« Mas tu, e quem mui certo confiamos
« Mais toi, en qui de la confiance
Achar-se mais verdade, ó Rei benigno,
Plus forte encore avons trouvé, ô sage Roi,

luis-vaz-de-camoes-os-lusiadas-les-lusiades-artgitato-ulysse-a-la-cour-dalcinoos-francesco-hayez-1813-1815

**

II-83

« E não cuides, ó Rei, que não saísse
« Et n’aie crainte, ô Roi, que s’il n’est pas sorti
O nosso Capitão esclarecido
Notre Capitaine éclairé

**

II-84

« E porque é, de vassalos o exercício,
« Et il en est ainsi, des agissements des vassaux
  Que os membros tem regidos da cabeça,
 Aux membres qui régissent la tête ;

**

II-85

Assim dizia; e todos juntamente,
Ainsi parla-t-il ; et tous ensemble,
  Uns com outros em prática falando,
 Les uns comme les autres acquiesçaient,

**

II-86

E com risonha vista e ledo aspeito,
Et avec un visage ouvert et souriant,
Responde ao embaixador, que tanto estima:
 Le Roi répondit à l’ambassadeur tant estimé :

**

Les Luisades II-87

« De não sair em terra toda a gente,
«De ne pas voir à terre tout le monde,
Por observar a usada preminência,
 Afin d’observer les usages de préséance,

**

II-88

« Porém, como a luz crástina chegada
« Aussi, dès que la lumière de demain illuminera
Ao mundo for, em minhas almadias
Le monde, dans mes barques

**

II-89

Isto disse; e nas águas se escondia
Ainsi parla-t-il ; et dans les eaux rôdait
O filho de Latona; e o mensageiro
Le fils de Latone; et le messager

**

II-90

Não faltam ali os raios de artifício,
Il ne manquait pas de feux d’artifice,
 Os trêmulos cometas imitando;
Leurs traces imitaient les comètes ;

**

Les Luisades II-91

Respondem-lhe da terra juntamente,
Ils leur répondent de la terre,
Co’o raio volteando, com zunido;
Par des rayons de feu, avec ronronnement;

**

II-92

Mas já o Céu inquieto revolvendo,
Mais déjà le ciel sans repos était là de nouveau,
As gentes incitava a seu trabalho,
Incitant les gens à reprendre leur travail,

**

II-93

Viam-se em derredor ferver as praias
 Tout autour on voyait sur les plages d’enthousiastes
Da gente, que a ver só concorre leda;
 Personnes, qui venaient pour admirer le spectacle ;

**

II-94

Um batel grande e largo, que toldado
Un grand et large bateau, voilé
  Vinha de sedas de diversas cores,
 De soies de différentes couleurs,

**

Les Luisades II-95

Cabaia de Damasco rico e dino,
Il est vêtu d’une riche jebba de Damas
 Da Tíria cor, entre eles estimada,
De la couleur de Tyr,  estimée par chez eux,

**

II-96

Com um redondo emparo alto de seda,
Avec une toile  circulaire de soie,
Numa alta e dourada hástia enxerido,
Sur une longue tige fixée,

**

II-97

Não menos guarnecido o Lusitano
Non moins magnifique, le Lusitanien
Nos seus batéis, da frota se partia
Sur ses navires, quitte la flotte

**

II-98

De botões douro as mangas vêm tomadas,
Des boutons dorés qui retiennent les manches,
 Onde o Sol reluzindo a vista cega;
Le soleil se plaît à aveugler les yeux ;

**

Les Luisades II-99

Nos de sua companhia se mostrava
Dans sa compagnie s’exposaient
Da tinta, que dá o múrice excelente,
Les teintes que donne l’excellent murex,

**

II-100

Sonorosas trombetas incitavam
Ces bruyantes trompettes incitaient
 Os ânimos alegres, ressoando;
A la bonne humeur, par leurs vibrations ;

**

II-101

Já no batel entrou do Capitão
Dans le bateau du Capitaine Gama est entré
  O Rei, que nos seus braços o levava;
Le Roi, qui, dans ses bras, le serra ;

**

LES LUISADES

II-102

E com grandes palavras lhe oferece
Et avec de grandes paroles, le Roi offre à Gama
Tudo o que de seus Reinos lhe cumprisse,
Tout ce qui, dans son Royaume, peut lui servir,

**

II-103

E como por toda África se soa,
Et comme, dans toute l’Afrique, circulent
 Lhe diz, os grandes feitos que fizeram,
Les grandes choses qu’ils ont faites,

**

II-104

« Ó tu, que só tiveste piedade,
« O toi, le seul qui a eu pitié,
Rei benigno, da gente Lusitana,
Roi magnanime, du peuple Lusitanien,

**

II-105

« Tu só, de todos quantos queima Apolo,
« Toi seul, sur tout ce qui est sous le feu d’Apollon,
Nos recebes em paz, cio mar profundo;
Nous reçois en paix, nous qui venons de la mer profonde ;

**

Les Luisades II-106

Isto dizendo, os barcos vão remando
Pendant le discours, les bateaux pagayaient
Para a frota, que o Mouro ver deseja;
Vers la flotte, que les Maures voulaient voir ;

**

II-107

Mas depois de ser tudo já notado
Mais après avoir tous déjà observé
Do generoso Mouro, que pasmava
Le généreux Maure qui, éberlué,

**

II-108

Em práticas o Mouro diferentes
Le Maure, de sujets différents,
  Se deleitava, perguntando agora
Se délectait, en le questionnant tantôt

**

Les Lusiades II-109

« Mas antes, valeroso Capitão,
« Mais avant, valeureux Capitaine,
Nos conta, lhe dizia, diligente,
Conte-nous, lui demanda t-il diligemment,

**

II-110

« E assim também nos conta dos rodeios
« Et aussi conte-nous tes pérégrinations
Longos, em que te traz o mar irado,
Si longues, sur la mer déchaînée,

**

II-111

« E não menos co’o tempo se parece
«Et avec le temps qui passe
O desejo de ouvir-te o que contares;
J’ai le désir d’entendre ton message ;

**

Les Lusiades II-112

« Cometeram soberbos os Gigantes,
« Remplis de superbe, les Géants
Com guerra vã, o Olimpo claro e puro;
Firent une vaine guerre à la claire et pure Olympe ;

**

II-113

« Queimou o sagrado templo de Diana,
« A Éphèse, il a brûlé le temple sacré de Diane,
Do subtil Tesifónio fabricado,
Construit par le subtil Ctésiphon,

**************

Les Lusiades II Luis de Camoes Artgitato

Photo Jacky Lavauzelle Portugal

LES LUSIADES II

*********************
Traduction Jacky Lavauzelle
ARTGITATO
*********************

luis de camoes literatura português os lusiadas
les Lusiades chant 2
LES LUISADES II

***********

LES LUSIADES
dans les
ENFANTS DU CAPITAINE GRANT
de Jules Verne


Ceci dit, Paganel fouilla dans ses nombreuses poches ; après quelques minutes de recherches, il en tira un volume en fort mauvais état, et le présenta d’un air assuré. Le major prit le livre et le regarda :
« Eh bien, quel est cet ouvrage ? demanda-t-il.
Ce sont les Lusiades, répondit Paganel, une admirable épopée, qui…
— Les Lusiades ! s’écria Glenarvan.
— Oui, mon ami, les Lusiades du grand Camoëns, ni plus ni moins !
— Camoëns, répéta Glenarvan, mais, malheureux ami, Camoëns est un Portugais ! C’est le portugais que vous apprenez depuis six semaines !
— Camoëns ! Lusiades ! portugais !… »
Paganel ne put pas en dire davantage. Ses yeux se troublèrent sous ses lunettes, tandis qu’un éclat de rire homérique éclatait à ses oreilles, car tous ses compagnons étaient là qui l’entouraient.
Le Patagon ne sourcillait pas ; il attendait patiemment l’explication d’un incident absolument incompréhensible pour lui.

Jules Verne
LES ENFANTS DU CAPITAINE GRANT
Chapitre XV
Hetzel, 1868
pp. 106-114

*****************

Les Lusiades II

Luis de Camões : Vie & Œuvre – Poèmes – Les Lusiades – Os Lusiadas – Traduction Jacky Lavauzelle


LITTERATURE PORTUGAISE

literatura português

Luis de Camões
[1525-1580]
Tradução – Traduction Jacky Lavauzelle
texto bilingue

Luis de Camoes Les Lusiades

Œuvre de

Luis de Camões
Obras de Luis de Camões

 Luis de Camoes Oeuvres obras Artgitato
Photo
Jacky Lavauzelle
Tableau de Luis de Camoes par François Gérard

********
Poèmes

*

Amor é fogo que arde sem se ver
LAmour, ce feu qui ardemment nous brûle sans aucune flamme

******

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LES SONNETS DE LUIS DE CAMÕES
os sonetos de Luís de Camões

sonnet-ix-luis-de-camoes-soneto-ix-artgitato

**********

OS LUSIADAS
1556

A Epopeia Portuguesa


LES LUSIADES

CHANT I
Canto Primeiro
106 Versets

*

CHANT II
Canto Segundo

113 Versets

*

CHANT III
Canto Terceiro

VERSET 1 à VERSET 94

*

CHANT III
Canto Terceiro

VERSET 95 à VERSET 143

Traduction Jacky Lavauzelle

**

CHANT IV
CANTO IV

VERSET 1 A VERSET 104

**

CHANT V
CANTO V

VERSET 1 A VERSET 100

**

CHANT VI
Canto Sexto

VERSET 1 à VERSET 99

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Sur Luis de Camões

**********

LA VIE DE LUIS DE CAMÕES
par CHARLES MAGNIN
en 1832

La REVUE DES DEUX MONDES

La Vie de Luis de Camoes par CHARLES MAGNIN Artgitato1832

************

À Camoëns
Poème d’Achille Millien

Tout peuple a ses grands jours que burine l’Histoire,
Soit qu’après la bataille il fête la victoire,

Achille Millien par Paul Adolphe Rajon Artgitato Oeuvres et Poèmes

***********

Luis de Camões
dans la Première Encyclopédie
LE VIRGILE DES PORTUGAIS

Terminons cet article intéressant de Lisbonne par dire un mot d’Abarbanel, de Govea, de Lobo, & sur-tout du Camoens, dont cette ville est la patrie.

Mais le célebre Camoens a fait un honneur immortel à sa patrie, par son poëme épique de la Luziade. On connoît sa vie & ses malheurs. Né à Lisbonne en 1524 ou environ, il prit le parti des armes, & perdit un œil dans un combat contre les Maures. Il passa aux Indes en 1553, déplut au viceroi par ses discours, & fut exilé. Il partit de Goa, & se réfugia dans un coin de terre déserte, sur les frontieres de la Chine. C’est là qu’il composa son poëme ; le sujet est la découverte d’un nouveau pays, dont il avoit été témoin lui-même. Si l’on n’approuve pas l’érudition déplacée qu’il prodigue dans ce poëme vis-à-vis des Sauvages ; si l’on condamne le mélange qu’il y fait des fables du paganisme, avec les vérités du Christianisme, du-moins ne peut-on s’empêcher d’admirer la fécondité de son imagination, la richesse de ses descriptions, la variété & le coloris de ses images.

On dit qu’il pensa perdre ce fruit de son génie en allant à Macao ; son vaisseau fit naufrage pendant le cours de la navigation ; alors le Camoens, à l’imitation de César, eut la présence d’esprit de conserver son manuscrit, en le tenant d’une main au-dessus de l’eau, tandis qu’il nageoit de l’autre. De retour à Lisbonne en 1569, il y passa dix ans malheureux, & finit sa vie dans un hôpital en 1579. Tel a été le sort du Virgile des Portugais. (D. J.)

Jaucourt
L’Encyclopédie
Première Edition de 1751
Tome 9, pp. 572-573

******************

SONNET de Sainte-Beuve

IMITÉ DE WORDSWORTH

Ne ris point des sonnets, ô Critique moqueur !
Par amour autrefois en fit le grand Shakespeare ;
C’est sur ce luth heureux que Pétrarque soupire,
Et que le Tasse aux fers soulage un peu son cœur ;

Camoens de son exil abrège la longueur,
Car il chante en sonnets l’amour et son empire ;
Dante aime cette fleur de myrte, et la respire,
Et la mêle au cyprès qui ceint son front vainqueur ;

Spenser, s’en revenant de l’île des féeries,
Exhale en longs sonnets ses tristesses chéries ;
Milton, chantant les siens, ranimait son regard :

Moi, je veux rajeunir le doux sonnet en France ;
Du Bellay, le premier, l’apporta de Florence,
Et l’on en sait plus d’un de notre vieux Ronsard.

Charles Augustin Sainte-Beuve
Vie, Poésies et Pensées de Joseph Delorme
Poésies de Sainte-Beuve
 Michel Lévy frères, 1863
p. 136

**************

LES LUSIADES
dans les
ENFANTS DU CAPITAINE GRANT
de Jules Verne


Ceci dit, Paganel fouilla dans ses nombreuses poches ; après quelques minutes de recherches, il en tira un volume en fort mauvais état, et le présenta d’un air assuré. Le major prit le livre et le regarda :
« Eh bien, quel est cet ouvrage ? demanda-t-il.
—Ce sont les Lusiades, répondit Paganel, une admirable épopée, qui…
— Les Lusiades ! s’écria Glenarvan.
— Oui, mon ami, les Lusiades du grand Camoëns, ni plus ni moins !
— Camoëns, répéta Glenarvan, mais, malheureux ami, Camoëns est un Portugais ! C’est le portugais que vous apprenez depuis six semaines !
— Camoëns ! Lusiades ! portugais !… »
Paganel ne put pas en dire davantage. Ses yeux se troublèrent sous ses lunettes, tandis qu’un éclat de rire homérique éclatait à ses oreilles, car tous ses compagnons étaient là qui l’entouraient.
Le Patagon ne sourcillait pas ; il attendait patiemment l’explication d’un incident absolument incompréhensible pour lui.

Jules Verne
LES ENFANTS DU CAPITAINE GRANT
Chapitre XV
Hetzel, 1868
pp. 106-114

******************************************

Vie & Œuvre
de
Luis de Camões

 

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Sur Luis de Camões

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LA VIE DE LUIS DE CAMÕES
par CHARLES MAGNIN
en 1832

La REVUE DES DEUX MONDES

La Vie de Luis de Camoes par CHARLES MAGNIN Artgitato1832

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À Camoëns
Poème d’Achille Millien

Tout peuple a ses grands jours que burine l’Histoire,
Soit qu’après la bataille il fête la victoire,

Achille Millien par Paul Adolphe Rajon Artgitato Oeuvres et Poèmes

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Luis de Camões
dans la Première Encyclopédie
LE VIRGILE DES PORTUGAIS

Terminons cet article intéressant de Lisbonne par dire un mot d’Abarbanel, de Govea, de Lobo, & sur-tout du Camoens, dont cette ville est la patrie.

Mais le célebre Camoens a fait un honneur immortel à sa patrie, par son poëme épique de la Luziade. On connoît sa vie & ses malheurs. Né à Lisbonne en 1524 ou environ, il prit le parti des armes, & perdit un œil dans un combat contre les Maures. Il passa aux Indes en 1553, déplut au viceroi par ses discours, & fut exilé. Il partit de Goa, & se réfugia dans un coin de terre déserte, sur les frontieres de la Chine. C’est là qu’il composa son poëme ; le sujet est la découverte d’un nouveau pays, dont il avoit été témoin lui-même. Si l’on n’approuve pas l’érudition déplacée qu’il prodigue dans ce poëme vis-à-vis des Sauvages ; si l’on condamne le mélange qu’il y fait des fables du paganisme, avec les vérités du Christianisme, du-moins ne peut-on s’empêcher d’admirer la fécondité de son imagination, la richesse de ses descriptions, la variété & le coloris de ses images.

On dit qu’il pensa perdre ce fruit de son génie en allant à Macao ; son vaisseau fit naufrage pendant le cours de la navigation ; alors le Camoens, à l’imitation de César, eut la présence d’esprit de conserver son manuscrit, en le tenant d’une main au-dessus de l’eau, tandis qu’il nageoit de l’autre. De retour à Lisbonne en 1569, il y passa dix ans malheureux, & finit sa vie dans un hôpital en 1579. Tel a été le sort du Virgile des Portugais. (D. J.)

Jaucourt
L’Encyclopédie
Première Edition de 1751
Tome 9, pp. 572-573

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SONNET de Sainte-Beuve

IMITÉ DE WORDSWORTH

Ne ris point des sonnets, ô Critique moqueur !
Par amour autrefois en fit le grand Shakespeare ;
C’est sur ce luth heureux que Pétrarque soupire,
Et que le Tasse aux fers soulage un peu son cœur ;

Camoens de son exil abrège la longueur,
Car il chante en sonnets l’amour et son empire ;
Dante aime cette fleur de myrte, et la respire,
Et la mêle au cyprès qui ceint son front vainqueur ;

Spenser, s’en revenant de l’île des féeries,
Exhale en longs sonnets ses tristesses chéries ;
Milton, chantant les siens, ranimait son regard :

Moi, je veux rajeunir le doux sonnet en France ;
Du Bellay, le premier, l’apporta de Florence,
Et l’on en sait plus d’un de notre vieux Ronsard.

Charles Augustin Sainte-Beuve
Vie, Poésies et Pensées de Joseph Delorme
Poésies de Sainte-Beuve
 Michel Lévy frères, 1863
p. 136

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LES LUSIADES
dans les
ENFANTS DU CAPITAINE GRANT
de Jules Verne


Ceci dit, Paganel fouilla dans ses nombreuses poches ; après quelques minutes de recherches, il en tira un volume en fort mauvais état, et le présenta d’un air assuré. Le major prit le livre et le regarda :
« Eh bien, quel est cet ouvrage ? demanda-t-il.
Ce sont les Lusiades, répondit Paganel, une admirable épopée, qui…
— Les Lusiades ! s’écria Glenarvan.
— Oui, mon ami, les Lusiades du grand Camoëns, ni plus ni moins !
— Camoëns, répéta Glenarvan, mais, malheureux ami, Camoëns est un Portugais ! C’est le portugais que vous apprenez depuis six semaines !
— Camoëns ! Lusiades ! portugais !… »
Paganel ne put pas en dire davantage. Ses yeux se troublèrent sous ses lunettes, tandis qu’un éclat de rire homérique éclatait à ses oreilles, car tous ses compagnons étaient là qui l’entouraient.
Le Patagon ne sourcillait pas ; il attendait patiemment l’explication d’un incident absolument incompréhensible pour lui.

Jules Verne
LES ENFANTS DU CAPITAINE GRANT
Chapitre XV
Hetzel, 1868
pp. 106-114

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Vie & Œuvre de Luis de Camões

 

Emile ZOLA – LE PARADIS DES CHATS : MAUDITE LIBERTE !

Emile ZOLA
Le Paradis des chats

Emile Zola Le Paradis des chats Jean-Baptiste_Siméon_Chardin_La Raie 1728

MAUDITE LIBERTE !

Le Paradis des chats est une allégorie de la liberté. Le Loup et le Chien de la Fontaine, version chat. Version aménagée. Le « Dogue aussi puissant que beau » est le « chat d’Angora » et le « Loup (qui) n’avait que les os et la peau,  Tant les chiens faisaient bonne garde » est ce chat de gouttière qui « me mordit cruellement le cou », mais qui reste son ami. Mais à l’inverse de la fable, ce n’est pas le loup qui «aborde humblement » le chien de garde, mais le chat qui se jette dans cette rue étrange et dangereuse, « mes pattes glissaient sur le pavé gras. Je me souviens avec amertume de ma triple couverture et de mon coussin de plume. »

LA RUE N’EST PAS A NOUS
Il découvre que la rue n’est pas la liberté qu’il attendait. «Mais la rue n’est donc pas à nous ? On ne mange pas, et l’on est mangé ! »

En 1970, Walt Disney sort les Aristochats. L’histoire se déroule en 1910 à Paris. La belle Duchesse, une chatte persane blanche aux grands yeux bleus, et ses trois chatons, qui s’évadent lors du kidnapping du majordome, rencontrent Thomas O’Malley, un séduisant et distingué chat de gouttière. Puis, Duchesse rencontrera les amis d’O’Malley, Scat Cat et son groupe. Toute la famille retrouvera Madame Bonnefamille dans la bonne humeur du groupe de Scat Cat.

JE M’ENNUYAIS A ÊTRE HEUREUX
Walt Disney s’est bien inspiré du Paradis des chats d’Emile Zola. Il s’agit d’un jeune male angora qui s’ennuie dans son domicile parisien bourgeois. « Au milieu des douceurs, je n’avais qu’un désir, qu’un rêve, me glisser par la fenêtre entr’ouverte et me sauver sur les toits. Les caresses me semblaient fades, la mollesse de mon lit me donnait des nausées, j’étais gras à m’en écœurer moi-même. Et je m’ennuyais tout le long de la journée à être heureux. » Une sorte d’O’Malley avant le trottoir. Il est le plus heureux des chats dans la maison.

Comme disait Michel Audiard : « Quand je réveille mon chat, il a l’air reconnaissant de celui à qui l’on donne l’occasion de se rendormir. « 

 UN CHAT SUR UN NUAGE
Le chat rêve du monde, de l’extérieur, de l’aventure. Bref, le chat rêve du toit. « Il faut vous dire qu’en allongeant le cou, j’avais vu de la fenêtre le toit d’en face. Quatre chats, ce jour-là, s’y battaient, le poil hérissé, la queue haute, se roulant sur les ardoises bleues, au grand soleil, avec des jurements de joie. Jamais je n’avais contemplé un spectacle si extraordinaire. »

Et ce que chat veut, il l’obtient. Ce sont des fantômes, des esprits. « Je crois que les chats sont des esprits venus sur terre. Un chat, j’en suis convaincu, pourrait marcher sur un nuage. »  (Jules Verne)

DES SALONS AUX GOUTTIERES NATALES
Et quand le toit s’offre à lui et à ses pattes, c’est un réel bonheur : « Que les toits étaient beaux ! De larges gouttières les bordaient, exhalant des senteurs délicieuses. Je suivis voluptueusement ces gouttières, enfonçaient dans une boue fine, qui avait une tiédeur infinies. Il me semblait que je marchais sur du velours. Et il faisait une bonne chaleur qui fondait ma graisse. »

« J’aime dans le chat ce caractère indépendant et presque ingrat qui le fait ne s’attacher à personne, et cette indifférence avec laquelle il passe des salons à ses gouttières natales.  »  (François-René de Chateaubriand)

JE REGRETTAI MA PRISON
Arrive le malheur raconté au début. Le souvenir de la maison chaude et tranquille. « C’est alors que je compris que le mou frais était excellent. » La dureté de la rue. «Pendant près de dix heures je reçus la pluie, je grelottai de tous mes membres. Maudite rue, maudite liberté, et comme je regrettai ma prison ! »

« La notion de liberté n’est pas une notion, c’est une nostalgie de la mémoire. » (Paul Paré)

 UNE CORRECTION RECUE DANS UNE JOIE PROFONDE
Dans la fable, le loup est affolé de la condition du chien. Il est gras. Mais, dit-il : « attaché? dit le Loup : vous ne courez donc pas. –  Où vous voulez ? – Pas toujours ; mais qu’importe ?  – Il importe si bien, que de tous vos repas,  Je ne veux en aucune sorte. » Le chat d’Angora, lui, ne cherche qu’à retrouver sa place dans sa prison dorée. Et ce, malgré les coups, «quand je rentrai, votre tante prit le martinet, et m’administra une correction que je reçu avec une joie profonde. Je goûtai largement la volupté d’avoir chaud et d’être battu. Pendant qu’elle me frappait, je songeais avec délices à la viande qu’elle allait me donner ensuite. »

 « Comme quiconque les a un tant soit peu fréquentés le sait bien, les chats font preuve d’une patience infinie envers les limites de l’esprit humain.  »  Cleveland Amory 

Jacky Lavauzelle