Les fontaines dansantes de Batumi, dite La fontaine française, ფრანგული შადრევანი (Pranguli Shadrevani)- a été installée sur le lac Ardagani sur le boulevard Batumi ბათუმის ბულვარი Batumi Bulvardi (le grand boulevard qui longe toute la côte de Batumi à partir du Port de Batumi sur plusieurs kilomètres, en 2009.
Un éclairage coloré et lumineux, une représentation tridimensionnelle de la danse au laser, sur fond de compositions célèbres, offre un spectacle spectaculaire au laser et au spectacle nocturne.
La nuit tombée, le grand Boulevard Batumi change d’aspect au niveau des fontaines et de la verticalité des tours plus grandes les unes que les autres. Le rythme change. La côte devient moins agressive et la performance laisse place à la magie de la nuit musicale. Il est difficile de ne pas penser à ces mots de Maupassant sur la nuit, même si l’on entend ni les alouettes ni le hibou :
« J’aime la nuit avec passion. Je l’aime comme on aime son pays ou sa maîtresse, d’un amour instinctif, profond, invincible. Je l’aime avec tous mes sens, avec mes yeux qui la voient, avec mon odorat qui la respire, avec mes oreilles qui en écoutent le silence, avec toute ma chair que les ténèbres caressent. Les alouettes chantent dans le soleil, dans l’air bleu, dans l’air chaud, dans l’air léger des matinées claires. Le hibou fuit dans la nuit, tache noire qui passe à travers l’espace noir, et, réjoui, grisé par la noire immensité, il pousse son cri vibrant et sinistre. » (Guy de Maupassant – La Nuit – Clair de lune, Paris P. Ollendorff, 1905)
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« La nuit tranquillement laissant ses tièdes voiles Confondre des objets les contours indécis, De moments en moments, dans les cieux obscurcis, Faisait étinceler de brillantes étoiles.
L’œil les allait chercher, et dans l’azur bruni Apercevait bientôt leurs nombreuses phalanges ; – Parfois, il croyait voir la main sûre des anges Allumer les flambeaux de l’espace infini.
Dans leur scintillement, les astres semblaient craindre De montrer à la nuit leur fragile lueur, Car elles vacillaient, et changeaient leur couleur, Comme un feu, quand le vent menace de l’éteindre. »
Jules Verne
Poèmes
La Nuit
« Le contour des objets tremble. Le jour recule. Les horizons sont plus prochains au crépuscule, Et la colline semble un navire qui va… Voici l’heure féerique où tout ce qu’on rêva D’étrange reparaît tout à coup dans les choses : L’arbre noueux se tord en de bizarres poses ; Un frisson court. Les bruits ressemblent à des voix ; L’horreur sacrée emplit les plaines & les bois ; Les vagues déités sortent de la matière ; On voit passer l’esprit dans la vague & la pierre ; La nuit cyclopéenne, oh ! terrible moment ! Pâle, rouvre son œil au fond du firmament. »
Jean Aicard
La Nuit
Le Parnasse contemporain
Recueil de vers nouveaux
Slatkine Reprints
1971, II. 1869-1871
LA LANGUE ISLANDAISE
DANS LE VOYAGE AU CENTRE DE LA TERRE
En parlant ainsi, mon oncle ouvrait et fermait successivement le vieux bouquin. Je ne pouvais faire moins que de l’interroger sur son contenu, bien que cela ne m’intéressât aucunement.
« Et quel est donc le titre de ce merveilleux volume ? demandai-je avec un empressement trop enthousiaste pour n’être pas feint.
— Cet ouvrage ! répondit mon oncle en s’animant, c’est l’Heims-Kringla de Snorre Turleson, le fameux auteur islandais du douzième siècle ! C’est la Chronique des princes norvégiens qui régnèrent en Islande !
— Vraiment ! m’écriai-je de mon mieux, et, sans doute, c’est une traduction en langue allemande ?
— Bon ! riposta vivement le professeur, une traduction ! Et qu’en ferais-je de ta traduction ! Qui se soucie de ta traduction ! Ceci est l’ouvrage original en langue islandaise, ce magnifique idiome, riche et simple à la fois, qui autorise les combinaisons grammaticales les plus variées et de nombreuses modifications de mots !
— Comme l’allemand, insinuai-je avec assez de bonheur.
— Oui, répondit mon oncle en haussant les épaules, sans compter que la langue islandaise admet les trois genres comme le grec et décline les noms propres comme le latin !
— Ah ! fis-je un peu ébranlé dans mon indifférence, et les caractères de ce livre sont-ils beaux ?
— Des caractères ! Qui te parle de caractères, malheureux Axel ? Il s’agit bien de caractères ! Ah ! tu prends cela pour un imprimé ! Mais, ignorant, c’est un manuscrit, et un manuscrit runique !…
— Runique ?
— Oui ! Vas-tu me demander maintenant de t’expliquer ce mot ?
— Je m’en garderai bien, » répliquai-je avec l’accent d’un homme blessé dans son amour-propre.
Mais mon oncle continua de plus belle et m’instruisit, malgré moi, de choses que je ne tenais guère à savoir.
« Les runes, reprit-il, étaient des caractères d’écriture usités autrefois en Islande, et, suivant la tradition, ils furent inventés par Odin lui-même ! Mais regarde donc, admire donc, impie, ces types qui sont sortis de l’imagination d’un dieu ! »
Ma foi, faute de réplique, j’allais me prosterner, genre de réponse qui doit plaire aux dieux comme aux rois, car elle a l’avantage de ne jamais les embarrasser, quand un incident vint détourner le cours de la conversation.
Ce fut l’apparition d’un parchemin crasseux qui glissa du bouquin et tomba à terre. Mon oncle se précipita sur ce brimborion avec une avidité facile à comprendre. Un vieux document, enfermé peut-être depuis un temps immémorial dans un vieux livre, ne pouvait manquer d’avoir un haut prix à ses yeux.
« Qu’est-ce que cela ? » s’écria-t-il.
Et, en même temps, il déployait soigneusement sur sa table un morceau de parchemin long de cinq pouces, large de trois, et sur lequel s’allongeaient, en lignes transversales, des caractères de grimoire.
En voici le fac-similé exact. Je tiens à faire connaître ces signes bizarres, car ils amenèrent le professeur Lidenbrock et son neveu à entreprendre la plus étrange expédition du dix-neuvième siècle :
Le professeur considéra pendant quelques instants cette série de caractères ; puis il dit en relevant ses lunettes :
« C’est du runique ; ces types sont absolument identiques à ceux du manuscrit de Snorre Turleson ! Mais… qu’est-ce que cela peut signifier ? »
Comme le runique me paraissait être une invention de savants pour mystifier le pauvre monde, je ne fus pas fâché de voir que mon oncle n’y comprenait rien. Du moins cela me sembla ainsi au mouvement de ses doigts qui commençaient à s’agiter terriblement.
« C’est pourtant du vieil islandais ! » murmurait-il entre ses dents.
Jules Verne Voyage au centre de la Terre Hetzel 1867 pp. 5-11
luis de camoes literaturaportuguês os lusiadas
les Lusiades chant 2
LES LUISADES II
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LES LUSIADES
dans les
ENFANTS DU CAPITAINE GRANT
de Jules Verne
…
Ceci dit, Paganel fouilla dans ses nombreuses poches ; après quelques minutes de recherches, il en tira un volume en fort mauvais état, et le présenta d’un air assuré. Le major prit le livre et le regarda : « Eh bien, quel est cet ouvrage ? demanda-t-il. —Ce sont les Lusiades, répondit Paganel, une admirable épopée, qui… — Les Lusiades ! s’écria Glenarvan. — Oui, mon ami, les Lusiades du grand Camoëns, ni plus ni moins ! — Camoëns, répéta Glenarvan, mais, malheureux ami, Camoëns est un Portugais ! C’est le portugais que vous apprenez depuis six semaines ! — Camoëns ! Lusiades ! portugais !… » Paganel ne put pas en dire davantage. Ses yeux se troublèrent sous ses lunettes, tandis qu’un éclat de rire homérique éclatait à ses oreilles, car tous ses compagnons étaient là qui l’entouraient. Le Patagon ne sourcillait pas ; il attendait patiemment l’explication d’un incident absolument incompréhensible pour lui.
… Jules Verne LES ENFANTS DU CAPITAINE GRANT Chapitre XV Hetzel, 1868 pp. 106-114
Luis de Camões
dans la Première Encyclopédie
LE VIRGILE DES PORTUGAIS
Terminons cet article intéressant de Lisbonne par dire un mot d’Abarbanel, de Govea, de Lobo, & sur-tout du Camoens, dont cette ville est la patrie.
…
Mais le célebre Camoens a fait un honneur immortel à sa patrie, par son poëme épique de la Luziade. On connoît sa vie & ses malheurs. Né à Lisbonne en 1524 ou environ, il prit le parti des armes, & perdit un œil dans un combat contre les Maures. Il passa aux Indes en 1553, déplut au viceroi par ses discours, & fut exilé. Il partit de Goa, & se réfugia dans un coin de terre déserte, sur les frontieres de la Chine. C’est là qu’il composa son poëme ; le sujet est la découverte d’un nouveau pays, dont il avoit été témoin lui-même. Si l’on n’approuve pas l’érudition déplacée qu’il prodigue dans ce poëme vis-à-vis des Sauvages ; si l’on condamne le mélange qu’il y fait des fables du paganisme, avec les vérités du Christianisme, du-moins ne peut-on s’empêcher d’admirer la fécondité de son imagination, la richesse de ses descriptions, la variété & le coloris de ses images.
On dit qu’il pensa perdre ce fruit de son génie en allant à Macao ; son vaisseau fit naufrage pendant le cours de la navigation ; alors le Camoens, à l’imitation de César, eut la présence d’esprit de conserver son manuscrit, en le tenant d’une main au-dessus de l’eau, tandis qu’il nageoit de l’autre. De retour à Lisbonne en 1569, il y passa dix ans malheureux, & finit sa vie dans un hôpital en 1579. Tel a été le sort du Virgile des Portugais. (D. J.)
Jaucourt
L’Encyclopédie
Première Edition de 1751
Tome 9, pp. 572-573
******************
SONNET de Sainte-Beuve
IMITÉ DE WORDSWORTH
Ne ris point des sonnets, ô Critique moqueur !
Par amour autrefois en fit le grand Shakespeare ;
C’est sur ce luth heureux que Pétrarque soupire,
Et que le Tasse aux fers soulage un peu son cœur ;
Camoens de son exil abrège la longueur,
Car il chante en sonnets l’amour et son empire ;
Dante aime cette fleur de myrte, et la respire,
Et la mêle au cyprès qui ceint son front vainqueur ;
Spenser, s’en revenant de l’île des féeries,
Exhale en longs sonnets ses tristesses chéries ;
Milton, chantant les siens, ranimait son regard :
Moi, je veux rajeunir le doux sonnet en France ;
Du Bellay, le premier, l’apporta de Florence,
Et l’on en sait plus d’un de notre vieux Ronsard.
Charles Augustin Sainte-Beuve Vie, Poésies et Pensées de Joseph Delorme Poésies de Sainte-Beuve Michel Lévy frères, 1863 p. 136
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LES LUSIADES
dans les
ENFANTS DU CAPITAINE GRANT
de Jules Verne
…
Ceci dit, Paganel fouilla dans ses nombreuses poches ; après quelques minutes de recherches, il en tira un volume en fort mauvais état, et le présenta d’un air assuré. Le major prit le livre et le regarda :
« Eh bien, quel est cet ouvrage ? demanda-t-il.
—Ce sont les Lusiades, répondit Paganel, une admirable épopée, qui…
— Les Lusiades ! s’écria Glenarvan.
— Oui, mon ami, les Lusiades du grand Camoëns, ni plus ni moins !
— Camoëns, répéta Glenarvan, mais, malheureux ami, Camoëns est un Portugais ! C’est le portugais que vous apprenez depuis six semaines !
— Camoëns ! Lusiades ! portugais !… »
Paganel ne put pas en dire davantage. Ses yeux se troublèrent sous ses lunettes, tandis qu’un éclat de rire homérique éclatait à ses oreilles, car tous ses compagnons étaient là qui l’entouraient.
Le Patagon ne sourcillait pas ; il attendait patiemment l’explication d’un incident absolument incompréhensible pour lui.
… Jules Verne LES ENFANTS DU CAPITAINE GRANT Chapitre XV Hetzel, 1868 pp. 106-114
Luis de Camões
dans la Première Encyclopédie
LE VIRGILE DES PORTUGAIS
Terminons cet article intéressant de Lisbonne par dire un mot d’Abarbanel, de Govea, de Lobo, & sur-tout du Camoens, dont cette ville est la patrie.
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Mais le célebre Camoens a fait un honneur immortel à sa patrie, par son poëme épique de la Luziade. On connoît sa vie & ses malheurs. Né à Lisbonne en 1524 ou environ, il prit le parti des armes, & perdit un œil dans un combat contre les Maures. Il passa aux Indes en 1553, déplut au viceroi par ses discours, & fut exilé. Il partit de Goa, & se réfugia dans un coin de terre déserte, sur les frontieres de la Chine. C’est là qu’il composa son poëme ; le sujet est la découverte d’un nouveau pays, dont il avoit été témoin lui-même. Si l’on n’approuve pas l’érudition déplacée qu’il prodigue dans ce poëme vis-à-vis des Sauvages ; si l’on condamne le mélange qu’il y fait des fables du paganisme, avec les vérités du Christianisme, du-moins ne peut-on s’empêcher d’admirer la fécondité de son imagination, la richesse de ses descriptions, la variété & le coloris de ses images.
On dit qu’il pensa perdre ce fruit de son génie en allant à Macao ; son vaisseau fit naufrage pendant le cours de la navigation ; alors le Camoens, à l’imitation de César, eut la présence d’esprit de conserver son manuscrit, en le tenant d’une main au-dessus de l’eau, tandis qu’il nageoit de l’autre. De retour à Lisbonne en 1569, il y passa dix ans malheureux, & finit sa vie dans un hôpital en 1579. Tel a été le sort du Virgile des Portugais. (D. J.)
Jaucourt
L’Encyclopédie
Première Edition de 1751
Tome 9, pp. 572-573
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SONNET de Sainte-Beuve
IMITÉ DE WORDSWORTH
Ne ris point des sonnets, ô Critique moqueur !
Par amour autrefois en fit le grand Shakespeare ;
C’est sur ce luth heureux que Pétrarque soupire,
Et que le Tasse aux fers soulage un peu son cœur ;
Camoens de son exil abrège la longueur,
Car il chante en sonnets l’amour et son empire ;
Dante aime cette fleur de myrte, et la respire,
Et la mêle au cyprès qui ceint son front vainqueur ;
Spenser, s’en revenant de l’île des féeries,
Exhale en longs sonnets ses tristesses chéries ;
Milton, chantant les siens, ranimait son regard :
Moi, je veux rajeunir le doux sonnet en France ;
Du Bellay, le premier, l’apporta de Florence,
Et l’on en sait plus d’un de notre vieux Ronsard.
Charles Augustin Sainte-Beuve Vie, Poésies et Pensées de Joseph Delorme Poésies de Sainte-Beuve Michel Lévy frères, 1863 p. 136
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LES LUSIADES
dans les
ENFANTS DU CAPITAINE GRANT
de Jules Verne
…
Ceci dit, Paganel fouilla dans ses nombreuses poches ; après quelques minutes de recherches, il en tira un volume en fort mauvais état, et le présenta d’un air assuré. Le major prit le livre et le regarda : « Eh bien, quel est cet ouvrage ? demanda-t-il. —Ce sont les Lusiades, répondit Paganel, une admirable épopée, qui… — Les Lusiades ! s’écria Glenarvan. — Oui, mon ami, les Lusiades du grand Camoëns, ni plus ni moins ! — Camoëns, répéta Glenarvan, mais, malheureux ami, Camoëns est un Portugais ! C’est le portugais que vous apprenez depuis six semaines ! — Camoëns ! Lusiades ! portugais !… » Paganel ne put pas en dire davantage. Ses yeux se troublèrent sous ses lunettes, tandis qu’un éclat de rire homérique éclatait à ses oreilles, car tous ses compagnons étaient là qui l’entouraient. Le Patagon ne sourcillait pas ; il attendait patiemment l’explication d’un incident absolument incompréhensible pour lui.
… Jules Verne LES ENFANTS DU CAPITAINE GRANT Chapitre XV Hetzel, 1868 pp. 106-114
Le Paradis des chats est une allégorie de la liberté. Le Loup et le Chien de la Fontaine, version chat. Version aménagée. Le « Dogue aussi puissant que beau » est le « chat d’Angora » et le « Loup (qui) n’avait que les os et la peau, Tant les chiens faisaient bonne garde » est ce chat de gouttière qui « me mordit cruellement le cou », mais qui reste son ami. Mais à l’inverse de la fable, ce n’est pas le loup qui «aborde humblement » le chien de garde, mais le chat qui se jette dans cette rue étrange et dangereuse, « mes pattes glissaient sur le pavé gras. Je me souviens avec amertume de ma triple couverture et de mon coussin de plume. »
LA RUE N’EST PAS A NOUS
Il découvre que la rue n’est pas la liberté qu’il attendait. «Mais la rue n’est donc pas à nous ? On ne mange pas, et l’on est mangé ! »
En 1970, Walt Disney sort les Aristochats. L’histoire se déroule en 1910 à Paris. La belle Duchesse, une chatte persane blanche aux grands yeux bleus, et ses trois chatons, qui s’évadent lors du kidnapping du majordome, rencontrent Thomas O’Malley, un séduisant et distingué chat de gouttière. Puis, Duchesse rencontrera les amis d’O’Malley, Scat Cat et son groupe. Toute la famille retrouvera Madame Bonnefamille dans la bonne humeur du groupe de Scat Cat.
JE M’ENNUYAIS A ÊTRE HEUREUX
Walt Disney s’est bien inspiré du Paradis des chats d’Emile Zola. Il s’agit d’un jeune male angora qui s’ennuie dans son domicile parisien bourgeois. « Au milieu des douceurs, je n’avais qu’un désir, qu’un rêve, me glisser par la fenêtre entr’ouverte et me sauver sur les toits. Les caresses me semblaient fades, la mollesse de mon lit me donnait des nausées, j’étais gras à m’en écœurer moi-même. Et je m’ennuyais tout le long de la journée à être heureux. » Une sorte d’O’Malley avant le trottoir. Il est le plus heureux des chats dans la maison.
Comme disait Michel Audiard : « Quand je réveille mon chat, il a l’air reconnaissant de celui à qui l’on donne l’occasion de se rendormir. «
UN CHAT SUR UN NUAGE
Le chat rêve du monde, de l’extérieur, de l’aventure. Bref, le chat rêve du toit. « Il faut vous dire qu’en allongeant le cou, j’avais vu de la fenêtre le toit d’en face. Quatre chats, ce jour-là, s’y battaient, le poil hérissé, la queue haute, se roulant sur les ardoises bleues, au grand soleil, avec des jurements de joie. Jamais je n’avais contemplé un spectacle si extraordinaire. »
Et ce que chat veut, il l’obtient. Ce sont des fantômes, des esprits. « Je crois que les chats sont des esprits venus sur terre. Un chat, j’en suis convaincu, pourrait marcher sur un nuage. » (Jules Verne)
DES SALONS AUX GOUTTIERES NATALES
Et quand le toit s’offre à lui et à ses pattes, c’est un réel bonheur : « Que les toits étaient beaux ! De larges gouttières les bordaient, exhalant des senteurs délicieuses. Je suivis voluptueusement ces gouttières, enfonçaient dans une boue fine, qui avait une tiédeur infinies. Il me semblait que je marchais sur du velours. Et il faisait une bonne chaleur qui fondait ma graisse. »
« J’aime dans le chat ce caractère indépendant et presque ingrat qui le fait ne s’attacher à personne, et cette indifférence avec laquelle il passe des salons à ses gouttières natales. » (François-René de Chateaubriand)
JE REGRETTAI MA PRISON
Arrive le malheur raconté au début. Le souvenir de la maison chaude et tranquille. « C’est alors que je compris que le mou frais était excellent. » La dureté de la rue. «Pendant près de dix heures je reçus la pluie, je grelottai de tous mes membres. Maudite rue, maudite liberté, et comme je regrettai ma prison ! »
« La notion de liberté n’est pas une notion, c’est une nostalgie de la mémoire. » (Paul Paré)
UNE CORRECTION RECUE DANS UNE JOIE PROFONDE
Dans la fable, le loup est affolé de la condition du chien. Il est gras. Mais, dit-il : « attaché? dit le Loup : vous ne courez donc pas. – Où vous voulez ? – Pas toujours ; mais qu’importe ? – Il importe si bien, que de tous vos repas, Je ne veux en aucune sorte. » Le chat d’Angora, lui, ne cherche qu’à retrouver sa place dans sa prison dorée. Et ce, malgré les coups, «quand je rentrai, votre tante prit le martinet, et m’administra une correction que je reçu avec une joie profonde. Je goûtai largement la volupté d’avoir chaud et d’être battu. Pendant qu’elle me frappait, je songeais avec délices à la viande qu’elle allait me donner ensuite. »
« Comme quiconque les a un tant soit peu fréquentés le sait bien, les chats font preuve d’une patience infinie envers les limites de l’esprit humain. » Cleveland Amory