Miguel Hernández (30 octobre 1910 Orihuela, province d’Alicante – 28 mars 1942 Alicante) (Orihuela, 30 de octubre de 1910-Alicante, 28 de marzo de 1942)
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El rayo que no cesa (1934-1935)
******* LE COUTEAU CARNIVORE Un carnívoro cuchillo ************* TRADUCTION JACKY LAVAUZELLE
Juan Gris – Compotier et nappe à carreaux (1917) Musée Guggenheim
Un carnívoro cuchillo Un couteau carnivore, de ala dulce y homicida aile douce et homicide, sostiene un vuelo y un brillo soutient son vol et son éclat alrededor de mi vida. autour de ma vie …
Manuel Machado Ruiz (Sevilla, 29 de agosto de 1874-Madrid, 19 de enero de 1947) (Séville, 29 août 1874-Madrid, 19 janvier 1947)
Juan Gris – Portrait de Germaine Raynal (1912)
***** EL QUERER LA VOLONTÉ
********* TRADUCTION JACKY LAVAUZELLE **********
En tu boca roja y fresca Ta bouche rouge et fraîche, beso, y mi sed no se apaga, Je l’embrasse mais ma soif ne part pas, que en cada beso quisiera dans chaque baiser je voudrais beber entera tu alma. pouvoir boire ton âme toute entière…
El lobo blanco del invierno Le loup blanc de l’hiver, el lobo blanco viene, le loup blanc vient, con los feroces ojos inyectados avec ses yeux féroces injectés en sangre helada, fijos y crueles. de sang glacé, fixe et cruel…
Yo soy como las gentes que a mi tierra vinieron Je suis comme ceux qui vinrent sur ma terre —soy de la raza mora, vieja amiga del Sol—, -Je suis de race maure, vieille amie du soleil-, que todo lo ganaron y todo lo perdieron. qui gagnèrent tout, pour tout perdre ensuite…
Manuel Machado Ruiz (Sevilla, 29 de agosto de 1874-Madrid, 19 de enero de 1947) (Séville, 29 août 1874-Madrid, 19 janvier 1947) ************************
¡Jardín sin jardinero! Jardin sans jardinier! ¡Viejo jardín, Vieux jardin,
viejo jardín sin alma, vieux jardin sans âme, jardín muerto! Tus árboles jardin mort ! Tes arbres no agita el viento. En el estanque, el agua ne s’agitent plus dans le vent. Dans l’étang, l’eau yace podrida. ¡Ni una onda! El pájaro s’est putréfiée. Plus une vague ! L’oiseau…
Hasta que el pueblo las canta, Jusqu’à ce que les gens ne les chantent, las coplas, coplas no son, aucun de nos coplas n’existe, y cuando las canta el pueblo, et dès que les gens les chantent, ya nadie sabe el autor. l’auteur aussitôt ils oublient…
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LA COPLA DANS LA FEMME ET LE PANTIN ROMAN DE Pierre Louÿs
La Femme et le Pantin : roman espagnol Apparition d’une petite moricaude dans un paysage polaire Librairie Charpentier et Fasquelle (p. 55-72)
(EXTRAIT)
Tout le wagon savait déjà qu’elle était élève au couvent de San José d’Avila, qu’elle se rendait à Madrid, qu’elle allait retrouver sa mère, qu’elle n’avait pas de novio et qu’on l’appelait Concha Perez.
Sa voix était singulièrement pénétrante. Elle chantait sans bouger, les mains sous le châle, presque étendue, les yeux fermés ; mais les chansons qu’elle chantait là, j’imagine qu’elle ne les avait pas apprises chez les sœurs. Elle choisissait bien, parmi ces coplas de quatre vers où le peuple met toute sa passion. Je l’entends encore chanter avec une caresse dans la voix :
Dime, niña, si me quieres; Por Dios, descubre tu pecho…
ou :
Tes matelas sont des jasmins, Tes draps des roses blanches, Des lis tes oreillers, Et toi, une rose qui te couches.
Je ne vous dis que les moins vives.
Mais soudain, comme si elle avait senti le ridicule d’adresser de pareilles hyperboles à cette sauvagesse, elle changea de ton son répertoire et n’accompagna plus la danse que par des chansons ironiques comme celle-ci, dont je me souviens :
Petite aux vingt novios (Et avec moi vingt et un), Si tous sont comme je suis Tu resteras toute seule.
La gitane ne sut d’abord si elle devait rire ou se fâcher. Les rieurs étaient pour l’adversaire et il était visible que cette fille d’Égypte ne comptait pas au nombre de ses qualités l’esprit de repartie qui remplace, dans nos sociétés modernes, les arguments du poing fermé.
Elle se tut en serrant les dents. La petite, complètement rassurée désormais sur les conséquences de son escarmouche, redoubla d’audace et de gaieté.