Si j’étais demeuré immobile dans la caverne là dove Apollo diventò profeta,
où Apollon est devenu prophète, Fiorenza avria forse oggi il suo poeta,
Florence aurait aujourd’hui son poète, non pur Verona et Mantoa et Arunca;
Comme Vérone, Mantoue et Sessa Aurunca ;
**
ma perché ’l mio terren piú non s’ingiunca
mais ma terre ne reçoit plus de l’humor di quel sasso, altro pianeta
les bienfaits du Parnasse, une autre destin conven ch’i’ segua, et del mio campo mieta
je vais suivre et que l’on récolte de mon champ lappole et stecchi co la falce adunca.
buissons et maquis avec une faux crochue.
**
**
L’oliva è secca, et è rivolta altrove
L’olive est sèche et ailleurs dérivée l’acqua che di Parnaso si deriva,
l’eau qui vient du Parnasse, per cui in alcun tempo ella fioriva.
qui jadis l’avait fait prospérer.
**
Cosí sventura over colpa mi priva
Ainsi le malheur et la culpabilité me prive d’ogni buon fructo, se l’etterno Giove
de tout bon fruit, si l’éternel Jupiter, de la sua gratia sopra me non piove.
au-dessus de moi, ne m’arrose de sa bienveillance.
That thou art blam’d shall not be thy defect,
Peu importe que tu sois blâmé, For slander’s mark was ever yet the fair;
Car la beauté attire toujours la calomnie ; The ornament of beauty is suspect,
L’ornement de la beauté est suspect, A crow that flies in heaven’s sweetest air.
Comme un corbeau dans un ciel si pur.
*
So thou be good, slander doth but approve
Alors sois vertueux, la calomnie ne fait que confirmer Thy worth the greater being woo’d of time;
Ton mérite que le temps bonifie ; For canker vice the sweetest buds doth love,
Comme le chancre préfère le plus doux bourgeon, And thou present’st a pure unstained prime.
Ton printemps se présente ainsi pur et sans tache.
*
*
Thou hast passed by the ambush of young days
Tu as passé les embuscades de la jeunesse Either not assail’d, or victor being charg’d;
Sans être assailli, en restant victorieux ; Yet this thy praise cannot be so thy praise,
Mais ta louange ne peut être totalement tienne,
*
To tie up envy, evermore enlarg’d,
Pour lier l’envie, qui toujours s’accroît, If some suspect of ill mask’d not thy show,
Si un voile maléfique ne te recouvrait pas, Then thou alone kingdoms of hearts shouldst owe.
Alors tu gouvernerais seul aux royaumes des cœurs.
*
*****
L’ENIGME DES SONNETS DE SHAKESPEARE
Les sonnets de Shakespeare sont encore aujourd’hui une énigme pour les historiens et pour les critiques. La dédicace mystérieuse qui les accompagnait dans la première édition, le désordre involontaire ou préconçu dans lequel ils parurent, l’obscurité de certains passages ont donné lieu à mille interprétations diverses. Les uns ont déclaré que ces sonnets étaient uniquement adressés à une femme ; les autres, qu’ils étaient adressés uniquement à un homme ; ceux-ci en ont attribué l’inspiration à un personnage bizarre qui n’aurait été ni homme, ni femme, ou plutôt qui aurait été l’un et l’autre ; ceux-là y ont vu autant de petits poëmes séparés, adressés à diverses personnes ; d’autres enfin, et ce sont les plus nombreux, ont soutenu qu’ils étaient dédiés à des créatures imaginaires, n’ayant jamais existé que dans le cerveau du poëte. Déroutée par tant de contradictions, la postérité, si curieuse pourtant de tout ce qui porte le nom de Shakespeare, a fini par perdre patience : ne pouvant résoudre l’énigme, elle a donné sa langue aux chiens et jeté par dépit ce livre impertinent qu’elle ne comprenait pas. C’est ainsi que les sonnets qui, au temps d’Élisabeth, étaient plus celèbres que les drames même de Shakespeare, sont aujourd’hui tombés dans un oubli complet. Un écrivain distingué de l’Angleterre nous disait dernièrement qu’il n’y avait peut-être pas cent de ses compatriotes qui les eussent lus en entier…
Nous l’avouons, en lisant ces admirables poésies où le plus grand poëte du moyen âge a, suivant l’expression de Wordsworth, donné la clef de son cœur, nous nous sommes indigné de cet oubli de la postérité, et nous aurions cru manquer à un devoir si nous n’avions pas au moins essayé de réparer ce qui nous semblait presque une ingratitude. D’ailleurs, nous nous sentions attiré vers cette œuvre étrange par le mystère même qui avait rebuté tant d’autres.
À force de relire ces poëmes, en apparence décousus, nous finîmes par y retrouver les traces de je ne sais quelle unité perdue. Il nous sembla que les sonnets avaient été jetés pêle-mêle dans l’édition de 1609, comme ces cartes des jeux de patience dont les enfants s’amusent à remettre en ordre les fragments. Nous fîmes comme les enfants : nous nous mîmes patiemment à rapprocher, dans ces poésies, les morceaux en apparence les plus éloignés, et nous réunîmes ensemble tous ceux que le sens adaptait les uns aux autres. Tel sonnet, par exemple, marqué le xxie dans l’édition de 1609 et dans toutes les éditions modernes, nous parut faire suite à un autre marqué le cxxxe ; tel autre qui, dans ces mêmes éditions, n’avait aucun sens après le xxxiie sonnet, devenait parfaitement intelligible après le cxlive. Nous n’avons pas hésité à faire presque partout ces transpositions nécessaires. Ainsi restitués à leur unité logique et rationnelle, les sonnets, tout en conservant chacun son charme lyrique intrinsèque, auront pour le lecteur un intérêt nouveau, l’intérêt dramatique.
Les sonnets de Shakespeare contiennent en effet tout un drame. Exposition, complications, péripéties, dénoûment, rien ne manque à ce drame intime où figurent trois personnages : le poëte, sa maîtresse et son ami. Là le poëte paraît, non sous le nom que le genre humain lui donne, mais sous celui qu’il recevait dans la vie privée : ce n’est plus William Shakespeare, c’est Will que nous voyons. Ce n`est plus ]’auteur dramatique qui parle, c’est l’ami, c’est l’amant. Ce n’est plus l’homme public, c’est l’homme. Quant aux deux autres personnages, ils restent anonymes. Comment s’appelle cette femme, cette brune aux yeux noirs que Shakespeare honore de son amour ? Comment s’appelle ce jeune homme qu’il glorifie de son amitié ? L’auteur n’a pas voulu dire leurs noms…
Introduction au William Shakespeare de François-Victor Hugo
William Shakespeare
Introduction
Traduction par François-Victor Hugo
Œuvres complètes de Shakespeare, Pagnerre, 1872, 15
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SHAKESPEARE SONNET
SONNET 70 ou SONNET 89 SONNET LXXXIX
Those parts of thee that the world’s eye doth view
Des parties de toi que les yeux du monde voient Want nothing that the thought of hearts can mend;
Je ne vois rien que la pensée des coeurs puisse réparer ; All tongues— the voice of souls— give thee that due,
Toutes les langues – ces voix des âmes – font le même constat, Uttering bare truth, even so as foes commend.
Annoncent cette vérité nue, même de la part de tes adversaires.
*
Thy outward thus with outward praise is crown’d;
Ton apparence est couronnée par tant de louanges ; But those same tongues, that give thee so thine own,
Mais ces mêmes langues, qui te louent si bien, In other accents do this praise confound
Dans d’autres accents font entendre ces éloges By seeing farther than the eye hath shown.
En voyant plus loin que ce que l’œil ne voit.
*
*
They look into the beauty of thy mind,
Ils regardent la beauté de ton âme, And that in guess they measure by thy deeds;
Par ce qu’ils peuvent juger de tes actes; Then— churls— their thoughts, although their eyes were kind,
Puis, leurs pensées, malgré la bienveillance des regards,
*
To thy fair flower add the rank smell of weeds:
A ta belle fleur, mêlent des effluves de mauvaises herbes : But why thy odour matcheth not thy show,
Ton odeur ne correspond pas à ton aspect, The soil is this, that thou dost common grow.
Le sol qui l’a fait croître est si commun.
*
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L’ENIGME DES SONNETS DE SHAKESPEARE
Les sonnets de Shakespeare sont encore aujourd’hui une énigme pour les historiens et pour les critiques. La dédicace mystérieuse qui les accompagnait dans la première édition, le désordre involontaire ou préconçu dans lequel ils parurent, l’obscurité de certains passages ont donné lieu à mille interprétations diverses. Les uns ont déclaré que ces sonnets étaient uniquement adressés à une femme ; les autres, qu’ils étaient adressés uniquement à un homme ; ceux-ci en ont attribué l’inspiration à un personnage bizarre qui n’aurait été ni homme, ni femme, ou plutôt qui aurait été l’un et l’autre ; ceux-là y ont vu autant de petits poëmes séparés, adressés à diverses personnes ; d’autres enfin, et ce sont les plus nombreux, ont soutenu qu’ils étaient dédiés à des créatures imaginaires, n’ayant jamais existé que dans le cerveau du poëte. Déroutée par tant de contradictions, la postérité, si curieuse pourtant de tout ce qui porte le nom de Shakespeare, a fini par perdre patience : ne pouvant résoudre l’énigme, elle a donné sa langue aux chiens et jeté par dépit ce livre impertinent qu’elle ne comprenait pas. C’est ainsi que les sonnets qui, au temps d’Élisabeth, étaient plus celèbres que les drames même de Shakespeare, sont aujourd’hui tombés dans un oubli complet. Un écrivain distingué de l’Angleterre nous disait dernièrement qu’il n’y avait peut-être pas cent de ses compatriotes qui les eussent lus en entier…
Nous l’avouons, en lisant ces admirables poésies où le plus grand poëte du moyen âge a, suivant l’expression de Wordsworth, donné la clef de son cœur, nous nous sommes indigné de cet oubli de la postérité, et nous aurions cru manquer à un devoir si nous n’avions pas au moins essayé de réparer ce qui nous semblait presque une ingratitude. D’ailleurs, nous nous sentions attiré vers cette œuvre étrange par le mystère même qui avait rebuté tant d’autres.
À force de relire ces poëmes, en apparence décousus, nous finîmes par y retrouver les traces de je ne sais quelle unité perdue. Il nous sembla que les sonnets avaient été jetés pêle-mêle dans l’édition de 1609, comme ces cartes des jeux de patience dont les enfants s’amusent à remettre en ordre les fragments. Nous fîmes comme les enfants : nous nous mîmes patiemment à rapprocher, dans ces poésies, les morceaux en apparence les plus éloignés, et nous réunîmes ensemble tous ceux que le sens adaptait les uns aux autres. Tel sonnet, par exemple, marqué le xxie dans l’édition de 1609 et dans toutes les éditions modernes, nous parut faire suite à un autre marqué le cxxxe ; tel autre qui, dans ces mêmes éditions, n’avait aucun sens après le xxxiie sonnet, devenait parfaitement intelligible après le cxlive. Nous n’avons pas hésité à faire presque partout ces transpositions nécessaires. Ainsi restitués à leur unité logique et rationnelle, les sonnets, tout en conservant chacun son charme lyrique intrinsèque, auront pour le lecteur un intérêt nouveau, l’intérêt dramatique.
Les sonnets de Shakespeare contiennent en effet tout un drame. Exposition, complications, péripéties, dénoûment, rien ne manque à ce drame intime où figurent trois personnages : le poëte, sa maîtresse et son ami. Là le poëte paraît, non sous le nom que le genre humain lui donne, mais sous celui qu’il recevait dans la vie privée : ce n’est plus William Shakespeare, c’est Will que nous voyons. Ce n`est plus ]’auteur dramatique qui parle, c’est l’ami, c’est l’amant. Ce n’est plus l’homme public, c’est l’homme. Quant aux deux autres personnages, ils restent anonymes. Comment s’appelle cette femme, cette brune aux yeux noirs que Shakespeare honore de son amour ? Comment s’appelle ce jeune homme qu’il glorifie de son amitié ? L’auteur n’a pas voulu dire leurs noms…
Introduction au William Shakespeare de François-Victor Hugo
William Shakespeare
Introduction
Traduction par François-Victor Hugo
Œuvres complètes de Shakespeare, Pagnerre, 1872, 15
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SHAKESPEARE SONNET
SONNET 69 ou SONNET 86 SONNET LXXXVI
Thus is his cheek the map of days outworn,
Ainsi sa joue est devenue la carte des jours passés, When beauty lived and died as flowers do now,
Quand la beauté vivait, mourait, telle une fleur, Before these bastard signs of fair were born,
Avant que l’on ne porte ces bâtards insignes, Or durst inhabit on a living brow;
Qui s’affichaient sur le front des vivants ;
*
Before the golden tresses of the dead,
Avant les cheveux d’or des morts, en effet, The right of sepulchres, were shorn away,
Dans la règle des sépulcres, étaient coupés, To live a second life on second head;
Pour qu’ils vivent une seconde vie sur une seconde tête ; Ere beauty’s dead fleece made another gay:
La toison d’une beauté morte pour une autre beauté :
*
*
In him those holy antique hours are seen,
On voit en lui les heures antiques et sacrées, Without all ornament, itself and true,
Sans nul ornement, que d’être soi-même et vrai, Making no summer of another’s green,
Ne cherchant pas l’été d’un verdoyant ailleurs.
*
Robbing no old to dress his beauty new;
Ne dérobant pas le passé pour habiller sa beauté nouvelle ; And him as for a map doth Nature store,
Et lui, comme une toile, la Nature le garde, To show false Art what beauty was of yore.
Montrant au faux Art ce qu’était la beauté d’antan.
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L’ENIGME DES SONNETS DE SHAKESPEARE
Les sonnets de Shakespeare sont encore aujourd’hui une énigme pour les historiens et pour les critiques. La dédicace mystérieuse qui les accompagnait dans la première édition, le désordre involontaire ou préconçu dans lequel ils parurent, l’obscurité de certains passages ont donné lieu à mille interprétations diverses. Les uns ont déclaré que ces sonnets étaient uniquement adressés à une femme ; les autres, qu’ils étaient adressés uniquement à un homme ; ceux-ci en ont attribué l’inspiration à un personnage bizarre qui n’aurait été ni homme, ni femme, ou plutôt qui aurait été l’un et l’autre ; ceux-là y ont vu autant de petits poëmes séparés, adressés à diverses personnes ; d’autres enfin, et ce sont les plus nombreux, ont soutenu qu’ils étaient dédiés à des créatures imaginaires, n’ayant jamais existé que dans le cerveau du poëte. Déroutée par tant de contradictions, la postérité, si curieuse pourtant de tout ce qui porte le nom de Shakespeare, a fini par perdre patience : ne pouvant résoudre l’énigme, elle a donné sa langue aux chiens et jeté par dépit ce livre impertinent qu’elle ne comprenait pas. C’est ainsi que les sonnets qui, au temps d’Élisabeth, étaient plus celèbres que les drames même de Shakespeare, sont aujourd’hui tombés dans un oubli complet. Un écrivain distingué de l’Angleterre nous disait dernièrement qu’il n’y avait peut-être pas cent de ses compatriotes qui les eussent lus en entier…
Nous l’avouons, en lisant ces admirables poésies où le plus grand poëte du moyen âge a, suivant l’expression de Wordsworth, donné la clef de son cœur, nous nous sommes indigné de cet oubli de la postérité, et nous aurions cru manquer à un devoir si nous n’avions pas au moins essayé de réparer ce qui nous semblait presque une ingratitude. D’ailleurs, nous nous sentions attiré vers cette œuvre étrange par le mystère même qui avait rebuté tant d’autres.
À force de relire ces poëmes, en apparence décousus, nous finîmes par y retrouver les traces de je ne sais quelle unité perdue. Il nous sembla que les sonnets avaient été jetés pêle-mêle dans l’édition de 1609, comme ces cartes des jeux de patience dont les enfants s’amusent à remettre en ordre les fragments. Nous fîmes comme les enfants : nous nous mîmes patiemment à rapprocher, dans ces poésies, les morceaux en apparence les plus éloignés, et nous réunîmes ensemble tous ceux que le sens adaptait les uns aux autres. Tel sonnet, par exemple, marqué le xxie dans l’édition de 1609 et dans toutes les éditions modernes, nous parut faire suite à un autre marqué le cxxxe ; tel autre qui, dans ces mêmes éditions, n’avait aucun sens après le xxxiie sonnet, devenait parfaitement intelligible après le cxlive. Nous n’avons pas hésité à faire presque partout ces transpositions nécessaires. Ainsi restitués à leur unité logique et rationnelle, les sonnets, tout en conservant chacun son charme lyrique intrinsèque, auront pour le lecteur un intérêt nouveau, l’intérêt dramatique.
Les sonnets de Shakespeare contiennent en effet tout un drame. Exposition, complications, péripéties, dénoûment, rien ne manque à ce drame intime où figurent trois personnages : le poëte, sa maîtresse et son ami. Là le poëte paraît, non sous le nom que le genre humain lui donne, mais sous celui qu’il recevait dans la vie privée : ce n’est plus William Shakespeare, c’est Will que nous voyons. Ce n`est plus ]’auteur dramatique qui parle, c’est l’ami, c’est l’amant. Ce n’est plus l’homme public, c’est l’homme. Quant aux deux autres personnages, ils restent anonymes. Comment s’appelle cette femme, cette brune aux yeux noirs que Shakespeare honore de son amour ? Comment s’appelle ce jeune homme qu’il glorifie de son amitié ? L’auteur n’a pas voulu dire leurs noms…
Introduction au William Shakespeare de François-Victor Hugo
William Shakespeare
Introduction
Traduction par François-Victor Hugo
Œuvres complètes de Shakespeare, Pagnerre, 1872, 15
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SHAKESPEARE SONNET
SONNET 68 ou SONNET 88 SONNET LXXXVIII
Ah! wherefore with infection should he live,
Ah! pourquoi vivre dans cette insanité, And with his presence grace impiety,
Et par sa présence apporter tant de grâce à tant d’impiété, That sin by him advantage should achieve,
Qu’ainsi de nombreux avantages pareraient le péché, And lace itself with his society?
Qu’il s’en glorifierait en se montrant à ses côtés ?
*
Why should false painting imitate his cheek,
Pourquoi le fard imiterait-il sa joue, And steel dead seeming of his living hue?
Et le terne métal sa vive couleur ? Why should poor beauty indirectly seek
Pourquoi la pauvre beauté devrait-elle rechercher Roses of shadow, since his rose is true?
Les ombres de rose, quand elle possède la véritable rose ?
*
*
Why should he live, now Nature bankrupt is,
Pourquoi vivre dans cette Nature en faillite Beggar’d of blood to blush through lively veins?
Manquant de sang pour rougir ses veines vives ? For she hath no exchequer now but his,
Car il n’y a d’autre trésor que le sien,
*
And proud of many, lives upon his gains.
Et si fier, elle vit de ce capital. O! him she stores, to show what wealth she had
Elle le garde, montrant la richesse qu’elle avait In days long since, before these last so bad.
Les jours passés, avant que tout ne se détériore.
*
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L’ENIGME DES SONNETS DE SHAKESPEARE
Les sonnets de Shakespeare sont encore aujourd’hui une énigme pour les historiens et pour les critiques. La dédicace mystérieuse qui les accompagnait dans la première édition, le désordre involontaire ou préconçu dans lequel ils parurent, l’obscurité de certains passages ont donné lieu à mille interprétations diverses. Les uns ont déclaré que ces sonnets étaient uniquement adressés à une femme ; les autres, qu’ils étaient adressés uniquement à un homme ; ceux-ci en ont attribué l’inspiration à un personnage bizarre qui n’aurait été ni homme, ni femme, ou plutôt qui aurait été l’un et l’autre ; ceux-là y ont vu autant de petits poëmes séparés, adressés à diverses personnes ; d’autres enfin, et ce sont les plus nombreux, ont soutenu qu’ils étaient dédiés à des créatures imaginaires, n’ayant jamais existé que dans le cerveau du poëte. Déroutée par tant de contradictions, la postérité, si curieuse pourtant de tout ce qui porte le nom de Shakespeare, a fini par perdre patience : ne pouvant résoudre l’énigme, elle a donné sa langue aux chiens et jeté par dépit ce livre impertinent qu’elle ne comprenait pas. C’est ainsi que les sonnets qui, au temps d’Élisabeth, étaient plus celèbres que les drames même de Shakespeare, sont aujourd’hui tombés dans un oubli complet. Un écrivain distingué de l’Angleterre nous disait dernièrement qu’il n’y avait peut-être pas cent de ses compatriotes qui les eussent lus en entier…
Nous l’avouons, en lisant ces admirables poésies où le plus grand poëte du moyen âge a, suivant l’expression de Wordsworth, donné la clef de son cœur, nous nous sommes indigné de cet oubli de la postérité, et nous aurions cru manquer à un devoir si nous n’avions pas au moins essayé de réparer ce qui nous semblait presque une ingratitude. D’ailleurs, nous nous sentions attiré vers cette œuvre étrange par le mystère même qui avait rebuté tant d’autres.
À force de relire ces poëmes, en apparence décousus, nous finîmes par y retrouver les traces de je ne sais quelle unité perdue. Il nous sembla que les sonnets avaient été jetés pêle-mêle dans l’édition de 1609, comme ces cartes des jeux de patience dont les enfants s’amusent à remettre en ordre les fragments. Nous fîmes comme les enfants : nous nous mîmes patiemment à rapprocher, dans ces poésies, les morceaux en apparence les plus éloignés, et nous réunîmes ensemble tous ceux que le sens adaptait les uns aux autres. Tel sonnet, par exemple, marqué le xxie dans l’édition de 1609 et dans toutes les éditions modernes, nous parut faire suite à un autre marqué le cxxxe ; tel autre qui, dans ces mêmes éditions, n’avait aucun sens après le xxxiie sonnet, devenait parfaitement intelligible après le cxlive. Nous n’avons pas hésité à faire presque partout ces transpositions nécessaires. Ainsi restitués à leur unité logique et rationnelle, les sonnets, tout en conservant chacun son charme lyrique intrinsèque, auront pour le lecteur un intérêt nouveau, l’intérêt dramatique.
Les sonnets de Shakespeare contiennent en effet tout un drame. Exposition, complications, péripéties, dénoûment, rien ne manque à ce drame intime où figurent trois personnages : le poëte, sa maîtresse et son ami. Là le poëte paraît, non sous le nom que le genre humain lui donne, mais sous celui qu’il recevait dans la vie privée : ce n’est plus William Shakespeare, c’est Will que nous voyons. Ce n`est plus ]’auteur dramatique qui parle, c’est l’ami, c’est l’amant. Ce n’est plus l’homme public, c’est l’homme. Quant aux deux autres personnages, ils restent anonymes. Comment s’appelle cette femme, cette brune aux yeux noirs que Shakespeare honore de son amour ? Comment s’appelle ce jeune homme qu’il glorifie de son amitié ? L’auteur n’a pas voulu dire leurs noms…
Introduction au William Shakespeare de François-Victor Hugo
William Shakespeare
Introduction
Traduction par François-Victor Hugo
Œuvres complètes de Shakespeare, Pagnerre, 1872, 15
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SHAKESPEARE SONNET
SONNET 67 ou SONNET 87 SONNET LXXXVII
Tired with all these, for restful death I cry,
Fatigué de tout ça, j’implore une mort paisible, As to behold desert a beggar born,
Observant comme le mérite naît dans la mendicité, And needy nothing trimm’d in jollity,
Comme le néant dans la joie se trouve travesti, And purest faith unhappily forsworn,
Et la foi la plus pure, se trouve malheureusement abandonnée,
*
And gilded honour shamefully misplac’d,
Et l’honneur doré honteusement égaré, And maiden virtue rudely strumpeted,
Et la jeune fille férocement brutalisée, And right perfection wrongfully disgrac’d,
Et la perfection du droit injustement bafouée, And strength by limping sway disabled
Et la force paralysée par un pouvoir diminué
*
*
And art made tongue-tied by authority,
Et la liberté de l’art contrainte par l’autorité, And folly—doctor-like—controlling skill,
Et la folie – comme un docteur – qui maîtrise le savoir, And simple truth miscall’d simplicity,
Et la simple vérité simplifiée à sa seule simplicité,
*
And captive good attending captain ill:
Et le bien captif d’un mal devenu son maître : Tir’d with all these, from these would I be gone,
Fatigué de tout ça, je voudrais partir, Save that, to die, I leave my love alone.
Sauf que, en mourant, je laisserais seul mon amour.
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L’ENIGME DES SONNETS DE SHAKESPEARE
Les sonnets de Shakespeare sont encore aujourd’hui une énigme pour les historiens et pour les critiques. La dédicace mystérieuse qui les accompagnait dans la première édition, le désordre involontaire ou préconçu dans lequel ils parurent, l’obscurité de certains passages ont donné lieu à mille interprétations diverses. Les uns ont déclaré que ces sonnets étaient uniquement adressés à une femme ; les autres, qu’ils étaient adressés uniquement à un homme ; ceux-ci en ont attribué l’inspiration à un personnage bizarre qui n’aurait été ni homme, ni femme, ou plutôt qui aurait été l’un et l’autre ; ceux-là y ont vu autant de petits poëmes séparés, adressés à diverses personnes ; d’autres enfin, et ce sont les plus nombreux, ont soutenu qu’ils étaient dédiés à des créatures imaginaires, n’ayant jamais existé que dans le cerveau du poëte. Déroutée par tant de contradictions, la postérité, si curieuse pourtant de tout ce qui porte le nom de Shakespeare, a fini par perdre patience : ne pouvant résoudre l’énigme, elle a donné sa langue aux chiens et jeté par dépit ce livre impertinent qu’elle ne comprenait pas. C’est ainsi que les sonnets qui, au temps d’Élisabeth, étaient plus celèbres que les drames même de Shakespeare, sont aujourd’hui tombés dans un oubli complet. Un écrivain distingué de l’Angleterre nous disait dernièrement qu’il n’y avait peut-être pas cent de ses compatriotes qui les eussent lus en entier…
Nous l’avouons, en lisant ces admirables poésies où le plus grand poëte du moyen âge a, suivant l’expression de Wordsworth, donné la clef de son cœur, nous nous sommes indigné de cet oubli de la postérité, et nous aurions cru manquer à un devoir si nous n’avions pas au moins essayé de réparer ce qui nous semblait presque une ingratitude. D’ailleurs, nous nous sentions attiré vers cette œuvre étrange par le mystère même qui avait rebuté tant d’autres.
À force de relire ces poëmes, en apparence décousus, nous finîmes par y retrouver les traces de je ne sais quelle unité perdue. Il nous sembla que les sonnets avaient été jetés pêle-mêle dans l’édition de 1609, comme ces cartes des jeux de patience dont les enfants s’amusent à remettre en ordre les fragments. Nous fîmes comme les enfants : nous nous mîmes patiemment à rapprocher, dans ces poésies, les morceaux en apparence les plus éloignés, et nous réunîmes ensemble tous ceux que le sens adaptait les uns aux autres. Tel sonnet, par exemple, marqué le xxie dans l’édition de 1609 et dans toutes les éditions modernes, nous parut faire suite à un autre marqué le cxxxe ; tel autre qui, dans ces mêmes éditions, n’avait aucun sens après le xxxiie sonnet, devenait parfaitement intelligible après le cxlive. Nous n’avons pas hésité à faire presque partout ces transpositions nécessaires. Ainsi restitués à leur unité logique et rationnelle, les sonnets, tout en conservant chacun son charme lyrique intrinsèque, auront pour le lecteur un intérêt nouveau, l’intérêt dramatique.
Les sonnets de Shakespeare contiennent en effet tout un drame. Exposition, complications, péripéties, dénoûment, rien ne manque à ce drame intime où figurent trois personnages : le poëte, sa maîtresse et son ami. Là le poëte paraît, non sous le nom que le genre humain lui donne, mais sous celui qu’il recevait dans la vie privée : ce n’est plus William Shakespeare, c’est Will que nous voyons. Ce n`est plus ]’auteur dramatique qui parle, c’est l’ami, c’est l’amant. Ce n’est plus l’homme public, c’est l’homme. Quant aux deux autres personnages, ils restent anonymes. Comment s’appelle cette femme, cette brune aux yeux noirs que Shakespeare honore de son amour ? Comment s’appelle ce jeune homme qu’il glorifie de son amitié ? L’auteur n’a pas voulu dire leurs noms…
Introduction au William Shakespeare de François-Victor Hugo
William Shakespeare
Introduction
Traduction par François-Victor Hugo
Œuvres complètes de Shakespeare, Pagnerre, 1872, 15
ბიძინა გიორგის ავალიშვილი
Bidzina George AVALISHVILI
დ. 30 აგვისტო, 1922, თბილისი — გ. 2002
30 août 1922 – 2002
ბიძინა გიორგის ავალიშვილი – Bidzina George AVALISHVILI buste d’Akaki Shanidze – Université d’Etat de Tbilissi – Jardinბიძინა გიორგის ავალიშვილი – Bidzina George AVALISHVILI buste du linguiste აკაკი შანიძე AKAKI SHANIDZE – Université d’Etat de Tbilissi – Jardin
***
კარლო ბაკურაძე
Karlo BAKURADZE
კარლო ნიკოლოზის ძე ბაკურაძე
დ. 14 იანვარი, 1927,თბილისი
Né le 14 janvier 1927 à Tbilissi
Buste par Karlo Bakuradze de გიორგი ჩუბინაშვილი GIORGI CHUBINASHVILI Historien de l’art – Université d’Etat de Tbilissi – Jardin
***
მერაბ ბერძენიშვილი
MERAB BERDJENISHVILI
დ. 10 ივნისი, 1929, თბილისი — გ. 17 სექტემბერი, 2016, სტამბოლი, თურქეთი
Né le 10 juin 1929 Tbilissi – 17 septembre 2016 Istanbul (Turquie)
კარლო გრიგოლია – KARLO GRIGOLLA – ჭაბუკის პორტრეტი – Chabukis Portreti PORTRAIT DE JEUNE GARCON – YOUTH’S PORTRAIT – 1971Georgian National Museum D. Shevernadze National Gallery საქართველოს ეროვნული მუზეუმი დ. შევარდნაძის ეროვნული გალერეა –
****
მარინა ივანიშვილი
MARINA IVANISHVILI
Née en 1952
მარინა ივანიშვილი – MARINA IVANISHVILI- ტორსი – TORSE -TORSO – 1987 – D. Shevernadze National Gallery – საქართველოს ეროვნული მუზეუმი
მიქატაძე დიმიტრი (ჯუნა)
Dimitri MIKATADZE
1932–2005
Monument Ioane Petritsi იოანე პეტრიწის მონუმენტი Philosohe Géorgien du XIIe siècle – Statue érigée en 1995 sur la Rue Nikoloz Baratashvili à Tbilissi ნიკოლოზ ბარათაშვილის ქუჩა.
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ავთანდილ მონასელიძე
Avtandil MONASELIDZE
né en 1947
დ. 28 მაისი 1876, ქუთაისი — გ. 10 მარტი, 1951, თბილისი
28 mai 1876 Koutaïssi – 10 mars 1951 Tbilissi
Sculpture du chimisite პეტრე გრიგოლის ძე მელიქიშვილი PIERRE MELIKISHVILI par იაკობ ნიკოლაძე Iakob NIKOLADZE Université d’Etat de Tbilissi – Jardin
***
გიორგი ოჩიაური
Giorgi OCHIAURI
დ. 10 იანვარი, 1927, შუაფხო, დუშეთის რაიონი — გ. 18 ოქტომბერი, 2017
10 janvier 1927 Shuapkho – 18 octobre 2017
გიორგი ოჩიაური – Giorgi OCHIAURI buste de გიორგი წერეთელი Giorgi TSERETELI dans les Jardins de l’université d’Etat de Tbilissiგიორგი ოჩიაური Giorgi OCHIAURI – Buste du psychologue et philosophe Géorgien დიმიტრი უზნაძე DIMITRI UZNADZE – Université d’Etat de Tbilissi – Jardin
გიორგი ოჩიაური Giorgi OCHIAURI – Buste du philologue et critique littéraire კეკელიძე კორნელი Korneli Kekelidze – Université d’Etat de Tbilissi – Jardin
SHOTA RUSTAVELI
შოთა რუსთაველი
vers 1172 – vers 1216
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TBILISSI
MONUMENT SHOTA RUSTAVELI
ბრინჯაო
BRONZE
1965
SCULPTEUR მოქანდაკე
mokandake
Merab Berdzenishvili
მერაბ ბერძენიშვილი
დ. 10 ივნისი, 1929, თბილისი — გ. 17 სექტემბერი, 2016, სტამბოლი, თურქეთი
Né le 10 juin 1929 Tbilissi – 17 septembre 2016 Istanbul (Turquie)
Plaque sous le monument Shota Rustaveli de Tbilissi
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Extrait de
Le Chevalier à la peau de panthèreვეფხისტყაოსანი
de Shota Rustaveli
(Fin XIIe – Début XIIIe siècle)
De Mihály Zichy, Shota Rustavéli présente son poème à la reine Tamar, vers 1880
1
რომელმან შექმნა სამყარო ძალითა მით ძლიერითა,
romelman shekmna samq’aro dzalita mit dzlierita,
Celui qui a créé le monde avec le pouvoir de la volonté, ზეგარდმო არსნი სულითა ყვნა ზეცით მონაბერითა,
zegardmo arsni sulita q’vna zetsit monaberita,
Qui a répandu la sagesse l’Esprit céleste, ჩვენ, კაცთა, მოგვცა ქვეყანა, გვაქვს უთვალავი ფერითა,
chven, k’atsta, mogvtsa kveq’ana, gvakvs utvalavi perita,
Donna aux humains un monde aux innombrables couleurs, მისგან არს ყოვლი ხელმწიფე სახითა მის მიერითა.
misgan ars q’ovli khelmts’ipe sakhita mis mierita.
Il est celui qui détient le pouvoir suprême sur toute autre autorité.
2
ჰე, ღმერთო ერთო, შენ შეჰქმენ სახე ყოვლისა ტანისა,
he, ghmerto erto, shen shehkmen sakhe q’ovlisa t’anisa,
Ô, mon Dieu, toi qui as créé à ton image toutes choses, შენ დამიფარე, ძლევა მეც დათრგუნვად მე სატანისა,
shen damipare, dzleva mets datrgunvad me sat’anisa,
protège-moi en éloignant Satan მომეც მიჯნურთა სურვილი, სიკვდიდმდე გასატანისა,
momets mijnurta survili, sik’vdidmde gasat’anisa,
Inonde-moi de cet amour qui perdure au-delà de la mort, ცოდვათა შესუბუქება, მუნ თანა წასატანისა.
tsodvata shesubukeba, mun tana ts’asat’anisa.
et absous mes péchés, en te conduisant près de moi.
3
ვის ჰშვენის, – ლომსა, – ხმარება შუბისა, ფარ-შიმშერისა,
vis hshvenis, – lomsa, – khmareba shubisa, par-shimsherisa,
Guerriers porteurs de lance, lion rugissant, soleil levant, – მეფისა მზის თამარისა, ღაწვ-ბადახშ, თმა-გიშერისა, –
– mepisa mzis tamarisa, ghats’v-badakhsh, tma-gisherisa, –
-gardiens de la reine Tamar aux longs cheveux éclatants, – მას, არა ვიცი, შევჰკადრო შესხმა ხოტბისა, შე, რისა?
mas, ara vitsi, shevhk’adro sheskhma khot’bisa, she, risa?
Comment être digne de toi et porter ton message ? მისთა მჭვრეტელთა ყანდისა მირთმა ხამს მართ, მი, შერისა.
mista mch’vret’elta q’andisa mirtma khams mart, mi, sherisa.
La plus grande joie vient d’une si douce voie.
4
თამარს ვაქებდეთ მეფესა სისხლისა ცრემლ-დათხეული,
tamars vakebdet mepesa siskhlisa tsreml-datkheuli,
La grande Tamar règne aussi sur mes larmes, ვთქვენი ქებანი ვისნი მე არ-ავად გამორჩეული.
vtkveni kebani visni me ar-avad gamorcheuli.
Même si je ne suis pas le meilleur, je veux lui rendre hommage. მელნად ვიხმარე გიშრის ტბა და კალმად მე ნა რხეული,
melnad vikhmare gishris t’ba da k’almad me na rkheuli,
Mon encrier est ce doux lac doux et que ma plume ვინცა ისმინოს, დაესვას ლახვარი გულსა ხეული.
vintsa isminos, daesvas lakhvari gulsa kheuli.
soit cette lance qui touche en plein cœur.
5
მიბრძანეს მათად საქებრად თქმა ლექსებისა ტკბილისა,
mibrdzanes matad sakebrad tkma leksebisa t’k’bilisa,
On me demande des poèmes en son honneur, ქება წარბთა და წამწამთა, თმათა და ბაგე-კბილისა,
keba ts’arbta da ts’amts’amta, tmata da bage-k’bilisa,
de louer ses paupières et ses cils, ses cheveux et sa bouche, ბროლ-ბადახშისა თლილისა, მის მიჯრით მიწყობილისა.
brol-badakhshisa tlilisa, mis mijrit mits’q’obilisa.
La splendeur de ses dents et l’éclat de son sourire. გასტეხს ქვასაცა მაგარსა გრდემლი ტყვიისა ლბილისა.
gast’ekhs kvasatsa magarsa grdemli t’q’viisa lbilisa.
Une tige flexible peut briser bien des pierres.
6
აწ ენა მინდა გამოთქმად, გული და ხელოვანება, –
ats’ ena minda gamotkmad, guli da khelovaneba, –
Je veux exprimer la langue, le cœur et l’art, – ძალი მომეც და შეწევნა შენგნით მაქვს, მივსცე გონება;
dzali momets da shets’evna shengnit makvs, mivstse goneba;
Donne-moi de Ta force et insuffle-moi Ton esprit; მით შევეწივნეთ ტარიელს, ტურფადცა უნდა ხსენება,
mit shevets’ivnet t’ariels, t’urpadtsa unda khseneba,
Louons le beauté de Tariel par les cieux et les océans, მათ სამთა გმირთა მნათობთა სჭირს ერთმანერთის მონება.
mat samta gmirta mnatobta sch’irs ertmanertis moneba.
Les trois seigneurs à l’amitié éternelle.
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თბილისის ქანდაკებები
Sculptures Tbilissi
MONUMENT SHOTA RUSTAVELI
შოთა რუსთაველი
TBILISSI
PHOTO JACKY LAVAUZELLE
SHOTA RUSTAVELI
შოთა რუსთაველი
vers 1172 – vers 1216
ვარ მოწყენილი, ვით ზამთარში ნაზი ბეღურა,
var mots’q’enili, vit zamtarshi nazi beghura,
Je suis triste, comme le doux moineau d’hiver, ვით შემოდგომის ღამეებში თეთრი ვერსალი,
vit shemodgomis ghameebshi tetri versali,
dans la nuit d’automne, comme dans un Versailles blanc, შენ სილამაზეს ჩემი ტრფობა ესაფეხურა.
shen silamazes chemi t’rpoba esapekhura.
Mon amour regarde le reflet de ta beauté. ვარ მოწყენილი ვით ზამთარში ნაზი ბეღურა.
var mots’q’enili vit zamtarshi nazi beghura.
Je suis triste, comme le doux moineau d’hiver, მე განშორების ცივი თოვლი დიდხანს მეხურა.
me ganshorebis tsivi tovli didkhans mekhura.
enseveli par la neige glaciale de notre séparation. ვტიროდი ხარბათ _ მარტოობით ნაალერსალი.
vt’irodi kharbat _ mart’oobit naalersali.
J’ai crié fort, j’ai crié solitaire. ვარ მოწყენილი, ვით ზამთარში ნაზი ბეღურა,
var mots’q’enili, vit zamtarshi nazi beghura,
Je suis triste, comme le doux moineau d’hiver, ვით შემოდგომს ღამეებში თეთრი ვერსალი.
vit shemodgoms ghameebshi tetri versali.
Comme un blanc Versailles dans une nuit d’automne.
საქართველოს აღმოჩენა
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POEME GEORGIEN DE VALERIAN GAPRINDASHVILI
ვალერიან გაფრინდაშვილი
LITTERATURE GEORGIENNE ქართული ლიტერატურა
POESIE GEORGIENNE
ქართული პოეზია